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653. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

Mais si on lui refuse d’être le père de tant d’ouvrages du même genre qui l’ont suivi, au moins faut-il reconnaître qu’il fut le premier-né de cette famille si nombreuse, et qu’il a précédé de bien des années tous ses frères et sœurs. […] Le soleil, dans son cours, le gouverne ; sa vie dépend de ses rayons ; suivant le mois de l’année et le temps qu’il fait, il erre en furieux dans le ciel ou dans l’enfer. […] Apprenant l’allemand, il y a quelques années, je fus frappé de la clarté de style de ce Werther qui m’avait si fort touché dans ma jeunesse. […] Faust ne parut pas précisément cette année ; mais Goethe le composait presque la même temps que Werther. Il avait publié l’année précédente Gœtz de Berlichingen.

654. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

L’un et l’autre ont un même désir de se planter puissamment dans le sol et d’élever, d’année en année, un ombrage sous lequel de plus humbles s’abriteront.‌ […] Pour « reconstruire l’ordre français et hâter la renaissance nationale », Henri Lagrange, dès sa quinzième année, s’était battu au premier rang des camelots du roi. […] Il y avait en lui la paix surhumaine de s’être consacré exclusivement au Devoir tracé pour toute la vie, soit qu’elle fût remplie durant de longues années par le vaste labeur de la renaissance nationale et de la reconstruction de l’ordre français, soit qu’il dût tomber bientôt pour cette victoire qui était la condition nécessaire de nos espérances et, actuellement, la seule tâche qui importât. […] Ses amis m’ont donné à lire les brouillons d’un roman où dans les premiers mois de l’année 1914 il avait commencé à peindre les désirs, les passions, les croyances de ses amis et les siennes propres. […] Ils avaient souffert, à leur insu peut-être, d’aspirer si haut, d’obéir à des impulsions si nobles, et de passer leurs années d’adolescence en des luttes avec la police.

655. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

Ces années de son décanat furent le moment le plus glorieux de la vie de Gui Patin. […] Il eut, dans les quatorze dernières années de sa vie, une relation illustre et qui est faite pour honorer encore aujourd’hui son nom. […] C’est au même M. de Lamoignon que, bien des années auparavant, en mai 1645, Gui Patin, se trouvant à Bâville, dit ce mot singulier et si souvent cité, que « s’il eût été dans le Sénat lorsqu’on tua Jules César, il lui aurait donné le vingt-quatrième coup de poignard ». […] Il a vu Spon en 1642, et, des années après, il pourrait, s’il était peintre, tracer son portrait tel qu’il était alors : « Je pense si souvent à vous que je vous vois à toute heure. » Dans les interruptions de la Fronde, il attend les lettres de Spon aussi impatiemment que les créanciers du roi d’Espagne attendent les galions. […] Une grande douleur des dernières années de Gui Patin, ce fut l’aventure fâcheuse et l’exil de son second fils Charles, de celui qu’il aimait le plus tendrement, et qui dut s’expatrier en 1668 sous le coup d’une accusation vague et grave.

656. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

Il y a quelques années, on eût été assez embarrassé de répondre ; et, à voir les contradictions à son sujet, les enchevêtrements inextricables de la légende et de l’histoire, il y avait tel savant espagnol qui en était venu à un scepticisme complet sur la vie et sur l’existence même du glorieux personnage. […] Trois publications originales, faites depuis une vingtaine d’années, ont directement aidé à ce résultat : — la Chronique rimée (Cronica rimada), trouvée dans les manuscrits de la Bibliothèque du roi, et publiée en Allemagne par M.  […] Sa veuve Chimène essaya de se maintenir dans Valence et y réussit pendant deux années encore : après quoi, désespérant de s’y défendre, et au bout d’un siège soutenu durant sept mois, les chrétiens quittèrent la belle cité en la brûlant (mai 1102). […] En les livrant aux Juifs, on leur fait jurer qu’ils n’y regarderont pas de toute l’année. […] Elle et ses filles et ses dames, servez-les cette année.

657. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Ainsi, en ces deux années, à force de parler pour, contre et sur, on avait tant fait de tous les côtés qu’on avait rendu Pascal problématique ; restait à savoir si on pourrait le remettre sur pied. […] Et puis il faut voir que le mouvement se préparait depuis quelques années : le petit nombre de libraires qui appartiennent à ce qu’on a droit encore d’appeler la librairie savante ont remarqué à quel point les amateurs se sont mis à rechercher les éditions originales de nos auteurs, ces éditions premières incomplètes à quelques égards, mais qui livrent le texte à sa source et rendent l’écrivain dans sa juste physionomie. […] Nous savons un autre travail considérable sur les Lettres de madame de Maintenon commencé depuis plusieurs années par un de ses nobles héritiers, M. le duc de Noailles. […] On leur propose de s’occuper des papiers de Pascal mort depuis quelques années, et d’en tirer quelque chose d’utile, d’édifiant, de digne d’être offert à l’Église d’alors et aux fidèles, un volume enfin qui puisse être montré aux amis et aux ennemis. […] Il était mort depuis peu d’années, laissant un nom immense dû aux Provinciales et à ses problèmes.

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