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593. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Léon XIII et le Vatican »

Il publiait, en 1873, les Notes sur l’Italie et sur Rome, et, la même année, un volume intitulé : Préface au Conclave, qui marquèrent avec éclat cette compétence… Aujourd’hui, l’auteur de la Préface au Conclave nous donne une préface encore, la préface à ce pontificat nouveau qui se prépare en silence et sur lequel sont attachés anxieusement les regards du monde. […] À voir le portrait mis en frontispice du volume de Teste, Léon XIII semble porter ses années comme sa tiare, et même cette tiare, alourdie de ce qu’on lui a ôté, doit à son front peser davantage… Il a la maigreur nerveuse des hommes qui sont faits pour résister au temps comme à autre chose. […] Malheureusement, Grégoire XVI, qui l’accorda, mourut la même année (1846), et Pie IX fit attendre dix ans la pourpre donnée par son prédécesseur. […] Violée en Italie par l’ambition de la maison de Savoie, indifférente aux souverains de l’Europe qui, comme leurs peuples, ne croient plus en elle ; méprisée et haïe, comme une ruine du passé, par tous ceux qui ont l’orgueilleuse suffisance de se donner pour l’avenir ; telle la papauté qui échéait à Léon XIII, à cet homme dont on sentit tout à coup la main, quand il l’eut prise dans sa main… La biographie de Teste, qui fourmille de détails et d’anecdotes impossibles à faire tenir dans ce chapitre, nous montre, dès les premiers instants de son pontificat, Léon XIII serrant tous les freins relâchés dans les dernières années de l’administration de Pie IX et rappelant tout le monde au devoir, — à toutes les hauteurs de hiérarchie et de fonction.

594. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Si au bout de ces vingt années de conversation, je ne suis pas parvenu à connaître Moréas, comment M.  […] Toujours mécontent de son style, il passait des années à se raturer. […] Il vous eût parfaitement salué pendant des années sans vous adresser la parole. […] Nous n’avons pas fait autre chose pendant les quinze années qui ont précédé la guerre. […] D’un bout de l’année à l’autre, la matinée est pour moi une chose sacrée, intangible.

595. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

Oui, oui, soyons justes, il y a du mal, mais il y a du bien dans la vie, et l’on peut dire de l’existence ce que j’ai dit moi-même de notre patrie il y a peu d’années : La France a de beaux moments et de vilaines années. — Ni à sa patrie, ni à Dieu, ni aux hommes, il ne faut nier les beaux moments ! […] À chanceler sans équilibre et à balbutier sans parole pendant les premières années, qu’on appelle heureuses parce qu’elles sont celles où l’homme a le moins conscience de son être, et qu’elles ressemblent, en effet, le plus au néant ; à grandir pendant quelques autres années, et à recevoir, par transmission de ses parents, une certaine dose d’idées reçues, les unes sagesse, les autres sottises, dont se compose, pour l’homme, la pensée de sa tribu, ce qu’on appelle la civilisation, s’il est civilisé, ou la barbarie, s’il ne l’est pas : la différence n’est pas très sensible à qui contemple de très haut et des sommets de la vérité éternelle ces deux conditions de l’espèce humaine. […] Demandez-le au soldat qui consume les plus belles années de sa jeunesse à passer la même arme de son bras droit à son bras gauche, à mesurer son pas en cadence sur le pas d’un autre automate pensant, à tuer sans haine, à être tué sans que la gloire même sache son nom, ou à traîner ses membres mutilés sur un champ de bataille pour une ration de pain trempée de son sang ! […] Soyez jeune, soyez dans la force de l’âge, soyez dans le déclin de vos années, vous n’avez pas une chance de plus ou de moins pour être oublié par la mort. […] N’avez-vous pas remarqué que toutes les idées fausses, tous les rêves incohérents, toutes les utopies absurdes en politique, en constitutions sociales de ces trente dernières années, sont sorties de la tête d’un de ces hommes sédentaires, concentrés dans la contemplation exclusive d’une profession ou d’une occupation unique, manquant d’air dans la poitrine, de mouvement dans les pieds, d’espace dans les yeux, d’universalité dans le point de vue !

596. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

Chaque année tend à remplir les lacunes qui existent dans les populations successives de cette période, et à montrer que le nombre proportionnel des espèces qui s’éteignent est graduel, comme celui des espèces qui naissent. […] Le cas échéant par exemple où nos Pigeons-Paons seraient tous détruits, il se pourrait que des amateurs, en s’efforçant pendant de longues années de les reproduire, réussissent à la fin à refaire une race à peine reconnaissable de la race actuelle. […] Cependant, lorsqu’on dit que les faunes marines ont changé simultanément à la surface du monde entier, il ne faut pas supposer qu’on veuille parler du même millier, ou cent-millier d’années, ou même que cette expression ait en aucune façon un sens chronologique précis. […] Nous devons seulement trouver à intervalles très longs, si on les mesure au nombre des années, mais relativement assez courts au point de vue géologique, des formes étroitement alliées, ou, comme les ont nommées quelques auteurs, des espèces représentatives. […] Clift a montré, il y a quelques années, que les mammifères fossiles des cavernes australiennes étaient étroitement alliés aux Marsupiaux de ce continent.

597. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

Elle sonnera pendant de longues années ; bien des hommes l’entendront retentir à leurs oreilles, pleurer avec les affligés et s’unir aux prières des fidèles. […] Sa voix sera une voix suprême, comme cette des planètes, qui, dans leur marche, louent le Créateur et règlent le cours de l’année. […] Pendant ces délicieuses années, Bettina, après sept ans de culte, finit par se marier au comte d’Arnim, gentilhomme d’une illustre maison de la Prusse et poète d’un nom déjà distingué dans son pays. […] N’avais-je pas tout ce que j’avais uniquement désiré depuis plusieurs années ? […] On déclame beaucoup en France depuis quelques années contre la centralisation.

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