Des Houlières, brave et habile officier, qui suivit le prince de Condé dans la Fronde et chez les Espagnols, elle passa ses premières années de mariage, solitaire, retirée chez ses parents. […] Ravenel (Annuaire historique, pour l’année 1840, publié par la Société de l’histoire de France) ; jusqu’alors on l’avait crue née plus tôt, vers 1634. Il résulte des registres de l’état civil qu’elle a été baptisée le 2 janvier 1638, à Saint-Germain-l’Auxerrois ; elle était probablement née la veille, ou au plus tôt, le dernier jour de l’année 1637. […] Il paraît qu’elle ne rejoignit son mari dans les Pays-Bas que plusieurs années après. […] Celle de Racine fut promise et annoncée pour le premier jour de l’année 1677 ; celle de Pradon fut jouée quelques jours après à l’hôtel de Guénégaud.
Depuis Andromaque, qui parut en 1667, jusqu’à Phèdre, dont le triomphe est de 1677, dix années s’écoulèrent ; on sait comment Racine les remplit. […] La vie de retraite, de ménage et d’étude, qu’il mena pendant les douze années de sa maturité la plus entière, semblerait confirmer notre conjecture. Corneille aussi essaya pendant quelques années de renoncer au théâtre ; mais, quoique déjà sur le déclin, il n’y put tenir, et rentra bientôt dans l’arène. […] Il est à regretter qu’il n’ait pas poussé plus loin cette espèce de composition religieuse, et que, dans les huit dernières années qui suivirent Athalie, il n’ait pas fini par jeter avec originalité quelques-uns des sentiments personnels, tendres, passionnés, fervents, que recelait son cœur. […] Il mourut en 1699 dans sa soixantième année, vénéré et pleuré de tous, comblé de gloire, mais laissant, il faut le dire, une postérité littéraire peu virile, et bien intentionnée plutôt que capable : ce furent les Rollin, les d’Olivet en critique, les Duché et les Campistron au théâtre, les Jean-Baptiste et les Racine fils dans l’ode et dans le poëme.
Tel il fut pendant des années, avant que le grand orage vînt l’arracher à ses pensées habituelles et le lancer dans l’arène politique. […] Il eut quelques-unes de ces années toutes consacrées à l’étude, à l’amitié, aux voyages, à la poésie. La « dure nécessité » pourtant, comme il l’appelle, le rengagea dans une carrière : il fut attaché à la diplomatie et passa jusqu’à trois années à Londres, trois années d’ennui, de souffrance et de contrainte. […] Il fait voir d’abord, au lendemain d’une révolution et d’un changement si universel, la politique s’emparant de tous les esprits, chacun prétendant concourir à la chose publique autrement que par une « docilité raisonnée », chacun voulant à son tour « porter le drapeau », et une foule de nouveaux venus taxant de tiédeur ceux qui, depuis de longues années, imbus et nourris d’idées de liberté, se sont trouvés prêts d’avance à ce qui arrive, et qui demeurent modérés et fermes. […] Il faut se rappeler que ces soldats, après s’être révoltés à Nancy deux années auparavant et avoir pillé la caisse du régiment, avaient été, au nombre de quarante ou cinquante, condamnés aux galères d’après les lois de la justice fédérale en vigueur parmi les troupes suisses.
Les années, ces degrés qui croulent à mesure qu’on les monte, étaient les marches du mystique escalier qui conduit à Dieu. […] À dater de cette époque, elle mit son âme en état d’approcher tous les huit jours de la communion, et même plus souvent dans les dernières années de sa vie, lorsque sa santé ébranlée lui permettait d’aller à son église, assez distante de celle du Cayla. […] Il nous a dit l’influence de Muse qu’eut Eugénie sur ses premières années, leur mutuelle « éducation dans les bois », et ces contemplations infinies, qui ont donné un délicieux parfum de bucolique à tout ce qu’ils ont jamais écrit tous les deux. […] Ni la longue absence, ni les années, ni le monde, ces trois morts sous des aspects différents, ne purent l’effacer. […] Androgyne de mère et de sœur, Mlle Eugénie de Guérin, les années venues, resta l’une et l’autre, comme à l’époque où, mignonne fillette, elle avait la charmante majesté maternelle des quelques années de plus que le frère qu’elle appelait son enfant.
Aspirant au 47e d’artillerie, il va mourir à dix-huit ans pour la France et il écrit sur son carnet de route, à la date du 1er janvier 1916 : Aujourd’hui commence la nouvelle année : ce sera l’année de la victoire. […] Sans doute, si Dieu me prête vie, l’année qui marquera le plus dans mon existence. […] Sans doute, je me suis demandé ce matin : Que sera-t-il de moi lorsqu’une nouvelle année viendra remplacer celle-ci ? […] Il est prêt maintenant, il va quitter le pays de Jeanne d’Arc, le quitter en septembre, quand l’année lorraine prend sa plus profonde douceur, et, dans le même mois, le jeune héros accomplira son destin. […] Il y a une quinzaine d’années, dans un entretien inoubliable, le fameux Stanley m’avait raconté, à ma grande stupeur, qu’en Afrique, s’il était indécis, angoissé, en péril, il ouvrait sa Bible, y trouvait un conseil. « Bon, m’étais-je dit, c’est un Anglo-Saxon. » Mais tout de même la différence de nationalité ne fournissait pas une explication totale.