Pierre Quillard Leconte de Lisle se serait plu aux tierces rimes ironiques et féroces de la Justice du mandarin, aux paysages et aux animaux étudiés et décrits en traits sobres et durs, et aux belles strophes où la pensée métaphysique se laisse apercevoir seulement sous un voile d’images éclatantes.
Il s’agit des ravages de la peste : Tout meurt dans le bercail, dans les champs tout périt ; L’agneau tombe en suçant le lait qui le nourrit ; La génisse languit dans un verd pâturage ; Le chien, si caressant, expire dans la rage ; Et d’une horrible toux les accès violens Etouffent l’animal qui se nourrit de glands. […] La faim, aux animaux, ne faisoit point la guerre ; Le bled, pour se donner, sans peine ouvrant la terre, N’attendoit pas qu’un bœuf, pressé par l’aiguillon, Traçât, d’un pas tardif, un pénible sillon ; La Vigne offroit par tout des grappes toujours pleines, Et des ruisseaux de lait serpentoient dans les plaines.
Si nous n’avions pas blâmé toute comparaison entre l’homme et les animaux, nous pourrions dire que l’homme en naissant ne sait rien de ce qu’il doit savoir, même pour se conserver ; que les animaux, au contraire, savent tout, qu’ils n’ont besoin de rien apprendre.
« Dans le bois sacré près de l’Hélicon, dit-il, après les statues des Muses, après celles d’Apollon et de Mercure, de Thamyris aveugle, la main sur une lyre brisée, on voyait une statue d’Orphée, ayant près de lui debout Télète, comme symbole de l’initiation aux mystères, et entouré d’animaux en marbre et en bronze, attentifs à ses chants55. » D’après ces monuments, Pausanias, sans croire qu’Orphée ait été le fils de la Muse Calliope, ni qu’il soit descendu vivant aux enfers pour redemander sa femme, suppose du moins qu’il avait surpassé dans l’art des vers tous ses devanciers, et qu’il avait acquis un grand pouvoir par la science des mystères divins et des expiations, des maladies et des remèdes qui détournent la colère des dieux. […] « Tout dort cependant », avait dit le poëte grec, « et les cimes et les gorges des monts, et les promontoires et a les ravins, et les plantes et les reptiles que nourrit le sein noir de la terre, et les animaux féroces des montagnes, et la race des abeilles, et les monstres dans les profondeurs de la mer azurée.
C’est surtout chez les animaux que l’instinct est visible. La vie animale n’est qu’une suite d’instincts. […] L’animal ne mange que par instinct, non pour vivre. […] Les animaux qui ne présentent pas la variété demandée sont éliminés. […] Nulle pierre n’est animal ».