. — Grève d’amour (1898). […] Elles disent le cruel amour.
L’imagination ne fonctionne et n’organise les images en un tout vivant que sous l’influence d’un sentiment dominateur, d’une inclination, d’un amour. […] Le génie est une puissance d’aimer qui, comme tout amour véritable, tend énergiquement à la fécondité et à la création de la vie. […] Parmi celles-ci, les plus importantes ont été : l’amour de la science, une patience sans limites pour réfléchir sur un sujet quelconque, l’ingéniosité à réunir les faits et à les observer, une moyenne d’invention aussi bien que de sens commun. […] L’« amour de la science » dont il se pique se résolvait ainsi dans un goût passionné pour les objets de la science, dans l’amour des êtres vivants, dans la sympathie universelle. […] Guyau a dit ailleurs, dans la piècede vers intitulée l’Art et le Monde : Je me sens pris d’amour pour tout ce que je vois, L’art, c’est de la tendresse.
Elle se peut définir en deux mois : l’amour délicat de la femme et la pieuse terreur de la beauté. — L’alcôve de Phryné ne le tente pas, et c’est Galatée qu’il poursuit volontiers sous les saules. […] Paul Bourget et à qui on pardonne tout, même d’avoir fait souffrir un poète : Édel, je vois en toi, Danoise aux yeux si doux, Cette amante qu’en rêve on adore à genoux, Devant qui le désir reste muet et grave, Tant du plus chaste amour on craint de la meurtrir, Et qui semble une fleur exotique et suave Qu’on n’ose point toucher, de peur de la flétrir.
Il chante l’amour, il chante le vin, certes, mais sans ivrognerie, sans gaudriole. […] Ses amours ont à la fois le parfum rustique et la marque parisienne.
Si les jeunes hommes de la génération de Bénédict lisaient et savaient Voltaire, il n’aurait pas manqué de se redire à lui-même, en voyant danser à ce bal de mai Mlle de Raimbault, ces vers noblement voluptueux qui eussent rassemblé pour lui comme de flottants souvenirs : L’étranger admirait dans votre auguste cour Cent filles de héros conduites par l’Amour, Ces belles Montbazons, ces Châtillons brillantes, Ces piquantes Bouillons, ces Nemours si touchantes, Dansant avec Louis sous des berceaux de fleurs. […] Parmi les trois, Bénédict, comme on le croira sans peine, choisit précisément celle qui est impossible, la fiancée de M. de Lansac, Valentine ; ou plutôt il ne choisit pas : l’amour, qui n’est pas un choix, mais un don et un destin, l’amour entre eux deux se déclare. […] Nulle femme, capable d’amour, et qui s’est engagée autant que Valentine vient de le faire avec Bénédict, ne se démentira ainsi du soir au matin : le prétexte du remords n’est pas bon dans un bon roman qui doit ressembler à la vie.