Quoique cet Auteur ait déshonoré sa plume par le mensonge & par les personnalités, depuis les dernieres éditions de notre Ouvrage ; quoique, par un raffinement de vanité, il nous ait fait un reproche d’avoir loué ses Ecrits : nous croyons devoir répéter le jugement que nous en avions d’abord porté, en nous réservant d’ajouter ensuite les observations que les égaremens dans lesquels il est tombé depuis, exigent de notre impartialité. […] Nous pouvons lui pardonner encore, sans qu’il nous en coute le moindre effort, d’assurer, avec sa modestie & sa bonne foi reconnues, que nous n’avons composé notre Livre que d’après ses Mémoires littéraires, que nous avons, ajoute-t-il, presque toujours pillés dans ce que nous avons dit d’un peu raisonnable, parce que ceux qui connoissent l’un & l’autre Ouvrage savent combien les jugemens en sont différens.
Avec quelque génie, ajoute-t-il, que cet écrivain soit né pour réussir dans tout ce qu’il embrasse, tout lui fait ombrage. […] Il ne se contenta pas de faire imprimer un Avis au public, où il attestoit qu’il n’étoit pas sorti de sa maison le jour marqué dans la relation ; il voulut encore, pour se venger de ses ennemis, retoucher la Dunciade & y ajouter de nouveaux traits.
Or, ajoute l’auteur anglois, un pareil caractere déplairoit bientôt, si les poëtes françois le donnoient souvent à leurs amoureux. […] Un autre inconvenient, ajoute l’anglois, qui vient de la mauvaise mode de mettre de l’amour par tout ; c’est que les poëtes françois font amoureux à leur mode des princes âgez et des heros qui, dans tous les tems, ont eu une reputation de fermeté qui nous les répresente d’un caractere bien opposé à celui qu’ils leur prêtent.
Cela signifie, en propres termes, qu’on trouve d’abord des images quand on a du talent ou du génie, ce qui est, je crois, faire la part assez belle à la spontanéité et à l’inspiration. « On les découvre, déclarons-nous ensuite, par inspiration ou à tête reposée », autrement dit par l’effort, la réflexion et le travail ajoutés au talent naturel. […] Est-ce vraiment là de la serrurerie, du charronnage, du Manuel Rorel ; et peut-on dire, comme ajoute M.
Mais si vous ajoutez que ledit coquebin est un roi, et un roi de ce pays gaulois qu’on appelle la France, la France, qui ne craint pas que le ciel lui-même tombe sur sa lance ! […] Tout bien considéré, je ne le lui reprocherai point ; car, s’il n’a pas vu tout le comique de l’histoire, il a ajouté à son histoire un autre genre de comique, qui, pour le coup, est bien à lui, car c’est le sien !