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1352. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Il faut, avant tout, qu’il entretienne en lui-même, cette humeur joyeuse qui doit être sa plus chère muse et sa première inspiration31, bien qu’il soit de grand air et de bon ton de lui préférer je ne sais quelle bile mélancolique, et de considérer l’auteur comique non comme le favori des Grâces, mais comme un moraliste chagrin. […] La sensualité prend souvent cet air de bonhomie. […] On venait voir la petite comédie, et pour le plaisir de rire de bon cœur pendant quelques instants, on avalait d’un trait l’ennui du grand poème didactico-psychologico-dramatique, que l’on récite encore aujourd’hui tout d’une haleine, sans intermèdes, sans baisser la toile, sans marquer la séparation des actes que par un air d’orchestre interrompu, sans laisser aux spectateurs le temps de sortir pour prendre l’air un peu, acheter L’Entr’acte ou Le Vert-Vert et s’égayer au moins de ces bêtises. […] Toutefois, bien d’autres en avaient fait autant avant lui, et je ne vois pas ce qui, dans ce genre, devrait l’ériger en créateur unique et entièrement original… Nous allons examiner brièvement si Molière a vraiment réussi à perfectionner les pièces qu’il a imitées, en tout ou en partie, de Plaute et de Térence… Plusieurs des sujets de Molière ont tout l’air d’être empruntés d’ailleurs, et je suis convaincu qu’il serait possible d’en découvrir la source si l’on parcourait les antiquités littéraires de la farce ; c’est ce qu’atteste formellement le savant Tiraboschi : Molière, dit-il, a tellement tiré parti des comiques italiens, que si on lui reprenait tout ce qu’il en a emprunté, les volumes de ses Œuvres ne seraient pas en si grand nombre… Notre Hans Sachs avait mis en œuvre avec assez de gaieté l’idée de la scène du Malade Imaginaire, où l’on met l’amour de la femme à l’épreuve en supposant la mort du mari… Dans les farces mêmes que Molière a véritablement inventées, il ne laisse pas de s’approprier des formes comiques imaginées chez les étrangers, etc.

1353. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

Elle hait ces prescriptions orgueilleuses qui vont à mesurer à chacun l’air, l’espace, la nourriture, à imposer une forme ou un tarif aux habits, à affubler l’homme de l’éternelle livrée d’une condition immuable. […] La vérité même y a je ne sais quoi de personnel à l’écrivain qui lui donne le même air qu’à l’erreur. […] Sans cesse mêlés parmi les mortels, on les attendait comme des hôtes, et l’on croyait quelquefois saluer un dieu dans l’étranger qu’un visage noble, un air de majesté distinguaient des autres hommes. […] En mêlant ces vérités aux vues de la sagesse antique, en faisant parler Mentor comme l’Evangile, Fénelon a donné à la plus belle morale l’air d’un anachronisme par l’incompétence du personnage qui l’enseigne.

1354. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Le soleil, qui s’est décidé à luire, éclaire des visages où toutes les lignes remontent en l’air, en ces courbes, par lesquelles on représente dans les têtes d’expression, la béatitude. […] Un grand clerc de l’étude, un jour, à déjeuner, nous dit d’un air superbe : — Moi, j’entre dans le roulage… oui dans le roulage ! […] Dans ces murs, pas de meubles, mais des dévalements de fruits jusqu’au milieu des chambres, et là dedans seulement, deux lits et deux superbes femelles de la campagne, sautées à bas des draps, la gorge à l’air, et prêtes à mordre les gendarmes. […] Le travail, ici, en levant, de temps en temps, le nez en l’air, me semble du travail en un lieu enchanté, et j’ai peine à quitter ces choses pour les rues de Paris.

1355. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Poésies d’André Chénier »

Les noms des amies chantées par André Chénier dans ses Élégies sont maintenant connus, du moins presque tous : il n’était pas de ceux qui se choisissent des « maîtresses poétiques », et qui font des élégies en l’air.

1356. (1874) Premiers lundis. Tome I « Ferdinand Denis »

Si la beauté confie à la colombe messagère le secret qu’elle n’oserait révéler à ses austères gardiens, il ajoute : « Prête à voir l’oiseau charmant s’élever dans les airs, en emportant les vœux de sa tendresse, elle voudrait le retenir, comme on retient un aveu qui va s’échapper. » S’il parle des bouquets mystérieux qui racontent et les tendres inquiétudes et les douces espérances d’une jeune captive : « Messager, dit-il, plus discret que notre écriture, maintenant si connue, son parfum est déjà un langage, ses couleurs sont une idée. » L’ouvrage dont nous venons de rendre compte est suivi d’une espèce de nouvelle historique sur la vie du Camoëns.

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