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540. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

Il n’aimait pas les affaires. […] Il avait cinquante ans et davantage ; je n’en avais que dix-neuf ; mais la disproportion de nos âges ne me faisait point de peur ; bien loin de cela, je le cherchais comme on cherche une maîtresse, et les moments que je passais auprès de lui ne me duraient guère plus qu’ils ne me durent auprès de vous (c’est à une dame que Patru adresse ce récit) ; il m’aimait comme un père aime son fils. […] Cet ensemble d’anecdotes sur la jeunesse de Patru nous le montre bien, dans la vérité primitive de son caractère, aimable, je le répète, liant et séduisant, un garçon d’esprit et de plaisir, honnête homme au milieu de ses distractions gauloises, désintéressé, déjà mal à l’aise et se méfiant de la fortune, ne se sentant pas assez de force pour la maîtriser et pour épouser courageusement la femme qu’il aime, du moment qu’elle devient veuve et qu’elle est libre. […] J’aime la gloire, à la vérité, mais je l’aime d’amitié et non pas d’amour ; et je préfère le cœur d’Amarante à toutes les langues de la renommée. […] Adieu ; nous nous aimions à la bavette, aimons-nous toujours.

541. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Sa fille n’aimait pas ces sortes de lectures. […] Il me permet de vous aimer, Alphonse, j’en suis sûre. […] N’a-t-il pas aimé vingt ans sans fruit ? […] Séché, Talma n’aimait pas le rôle de Saül. […] Barrucand aime l’Algérie.

542. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Je ne puis me consoler d’être si loin de toi ; mais prends bien garde, mon cher enfant, d’aimer ton papa comme s’il était à côté de toi. Quand même tu ne me connais pas, je ne suis pas moins dans ce monde, et je ne t’aime pas moins que si tu ne m’avais jamais quitté. […] Si tu m’aimes, si tu aimes ta mère et tes sœurs, il faut que tu aimes ta table : l’un ne peut pas aller sans l’autre. Je puis attacher ta fortune à la mienne si tu aimes le travail, autrement tout est perdu. […] La science, de sa nature, aime à paraître ; car nous sommes tous orgueilleux.

543. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

Boissonade, qui devait, plus tard, éditer Parny et Bertin, qui était galant d’inclination et qui aimait fort les érotiques, avait pris d’emblée du goût, on le conçoit, pour Aristénète : c’était un gibier à son usage. Lorsque l’esprit est entièrement libre et qu’on le laisse se diriger la bride sur le cou du côté qu’il veut, il choisit naturellement ce qu’il aime. […] Il aimait moins le latin que le grec, mais il le savait en perfection, bien qu’il l’écrivît d’une manière trop raffinée et tout artificielle. […] Il aimait les fleurs en tout. […] Boissonade aime ainsi à mettre à la suite tous les passages plus ou moins analogues qu’il a remarqués et distingués à la loupe dans ses lectures : c’est un enfileur de perles. — A quoi cela sert-il ?

544. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

Mme de Schomberg aimait dans La Rochefoucauld « des phrases et des manières qui sont plutôt d’un homme de cour que d’un auteur ». […] Elle aime les livres : elle est passionnée de comprendre et de penser. […] Elle se mêla aussi directement aux affaires où les princes qu’elle avait élevés, ceux qu’elle aimait, avaient intérêt : de là son rôle dans celles d’Espagne. […] Pour le détail, elle ramène tout au rôle futur de la femme : il faut qu’elle soit à la hauteur de tous les devoirs, et il faut qu’elle aime tous les devoirs. […] En somme, son œuvre à Saint-Cyr est excellente, et ses Lettres nous l’y font estimer, aimer même.

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