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335. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Dans ce vaste plan, où Bossuet néglige les détails pittoresques et la chronologie contentieuse, il passe en revue toutes les affaires de l’univers. […] Ce sont les qualités de composition, de méthode, de proportion, de plan, vérités d’art indépendantes des applications qu’on en fait ; ce sont tant de vues profondes sur le cœur humain, sur les passions, sur les affaires, inépuisable matière des disputes des hommes. […] Ma passion pour sa gloire ne va pas jusqu’à nier ce qu’il y eut de trop pressant dans ses démarches à la cour de Rome, où il n’était que trop bien servi par son neveu, homme opiniâtre, faisant bien plus les affaires de l’influence temporelle de son oncle que celles de sa foi. […] « M. l’archevêque de Cambrai, écrit-il, s’est mieux tiré d’affaire qu’il n’y était entré. […] On sait le dénoûment de cette affaire.

336. (1925) Dissociations

La belle affaire ! […] Dix, vingt, trente mille affaires ne lui font pas peur. […] L’affaire suivante ! […] Mais cela est affaire de subtilité. […] Puis ce n’est pas leur affaire.

337. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

Dorénavant pour les premiers personnages du royaume, hommes et femmes, ecclésiastiques et laïques, la grande affaire, le principal emploi de la vie, le vrai travail, sera d’être à toute heure, en tout lieu, sous les yeux du roi, à portée de sa parole ou de son regard. « Qui considérera, dit La Bruyère, que le visage du prince fait toute la félicité du courtisan, qu’il s’occupe et se remplit toute sa vie de le voir et d’en être vu, comprendra un peu comment voir Dieu fait toute la gloire et toute la félicité des saints. » Il y eut alors des prodiges d’assiduité et d’assujettissement volontaire. […] On a compté que telle année Louis XV ne coucha que cinquante-deux nuits à Versailles, et l’ambassadeur d’Autriche dit très bien que « son genre de vie ne lui laisse pas une heure dans la journée à s’occuper des affaires sérieuses »  Quant à Louis XVI, on a vu qu’il dégage quelques heures dans la matinée ; mais la machine est montée et l’entraîne. […] Véritablement cela ressemble au carnaval italien ; rien n’y manque, ni les masques, ni la comédie de société : on joue, on rit, on danse, on dîne, on écoute de la musique, on se costume, on fait des parties champêtres, on dit des galanteries et des médisances. « La chanson nouvelle190, dit une femme de chambre instruite et sérieuse, le bon mot du jour, les petites anecdotes scandaleuses formaient les seuls entretiens du cercle intime de la reine. » — Pour le roi, qui est un peu lourd et qui a besoin d’exercice corporel, la chasse est sa grande affaire. […] Midi ou une heure sonne avant que cette toilette soit achevée, et le secrétaire, qui sans doute sait par expérience l’impossibilité de rendre un compte détaillé des affaires, a un petit bordereau qu’il remet entre les mains de son maître pour l’instruire de ce qu’il doit dire à l’assemblée des fermiers. » — Oisiveté, désordre, dettes, cérémonial, ton et façons de protecteur, tout cela semble une parodie du vrai monde ; c’est que nous sommes au dernier étage de l’aristocratie. […] M. le duc de Duras a eu jusqu’à 200 000 livres par an pour celle de Madrid, outre cela 100 000 écus de gratification, 50 000 livres pour affaires secrètes, et on lui a prêté 400 000 ou 500 000 livres de meubles ou effets dont il a gardé la moitié203. » — Les dépenses et les traitements des ministres sont pareils.

338. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres mêlées de Saint-Évremond »

Mêlés aux plaisirs, aux affaires, aux intrigues de leur temps, ils ont vécu de la vie la plus remplie, la plus animée et agitée, ils y ont développé et aiguisé leur esprit, leur goût ; et, lorsque ensuite ils ont pris la plume, leur langage y a gagné. […] Et qu’est-ce donc qu’on pourrait se confier aujourd’hui, hormis les affaires d’intérêt privé ou de sentiment ? […] Elle a fait des passions très-violentes, et tout ce qu’il y a eu de courtisans galants et aimables, trente ans durant, ont eu des affaires avec elle. […] Elle n’a jamais eu d’affaires qu’avec des gens considérables ou par leur naissance ou par leur mérite.

339. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Un jour, au printemps de 1827, autant qu’il m’en souvient, Victor Hugo aperçut dans le jardin du Luxembourg M. de Chateaubriand, alors retiré des affaires. […] Alors, suivant sa locution expressive, il tient son affaire et se rendort. […] Le poëte mettra ensuite autant de temps qu’il voudra à la confection extérieure, à la rime, à la lime, peu importe ; il y mettrait deux mois ou deux ans, que ce serait aussi vif que le premier jour : car, encore une fois, comme il le dit, il tient son affaire. […] Outre ces deux principales affaires, Béranger en eut encore deux autres dans l’intervalle : l’une en mars 1822, à propos de la publication des pièces du premier procès, il fut acquitté ; et plus tard une légère chicane pour contrefaçon, qui n’eut pas de suite.

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