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1227. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

On la lit, on l’écoute, on l’applaudit, mais on ne la croit pas ; et il en résulte pour elle un défaut absolu d’influence et d’action, tant sur les jugements du public que sur les tendances littéraires. […] Il y eut dans le romantisme deux éléments contraires qui devaient nécessairement se combattre, et dont l’un devait détruire l’autre : monarchique et catholique par son point de départ, il était révolutionnaire par son action et son but. […] Voici quelques détails de ces tableaux, dont on ne peut, et pour cause, citer que les traits les plus indifférents : — Madame de Mortsauf : « Le souffle de son âme se déployait dans les replis des syllabes, comme le son se divise sous les clefs d’une flûte ; il expirait onduleusement à l’oreille, d’où il précipitait l’action du sang. […] Sans doute l’action divine avait pu seule susciter, dans les siècles de persécutions, ces légions de martyrs, de saints et de confesseurs dont le miraculeux courage lassait les bourreaux, épuisait les supplices, peuplait les déserts et les catacombes. […] Passionnés pour l’ordre et l’unité, ils comprennent tout ce qu’il y a là de moyens d’action et de discipline ; ils sont frappés de ce modèle d’organisation, de hiérarchie et d’obéissance, des ressorts harmonieux et puissants de ce gouvernement intérieur agissant sur les consciences pour mieux conduire la vie.

1228. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Le président Jeannin, dès son arrivée à La Haye, vit juste et exerça une action, qui est très sensible quand on lit la suite des dépêches, sur les principaux personnages de qui la solution dépendait, sur Henri IV tout le premier, sur Barneveld, sur le prince Maurice lui-même. […] Sully, lui écrivant dans les derniers mois, n’avait pu s’empêcher de le louer : J’ai toujours fort estimé la vivacité de votre esprit et la solidité de votre jugement, lui disait ce témoin difficile, mais ces dernières actions m’en donnent meilleure opinion que jamais, ayant su vous débarrasser de tant de diversités et opinions différentes qui tombent d’heure à autre dans l’esprit de toutes les parties avec lesquelles vous avez à traiter ; car non seulement il faut concilier deux ou trois partis fort éloignés de désirs et intentions les uns des autres, mais il semble que vous ayez à faire autant de traités qu’il y a de personnes d’autorité de tous bords, y ayant autant d’opinions que de têtes.

1229. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

De geste et de ton, il tient d’un Moïse ; il y mêle dans la parole des actions du Prophète-Roi, des mouvements d’un pathétique ardent et sublime ; il est la voix éloquente par excellence, la plus simple, la plus forte, la plus brusque, la plus familière, la plus soudainement tonnante. […] Il cite un peu plus loin le témoignage de l’abbé Ledieu, qui rapporte « que le regard de Bossuet était doux et perçant ; que sa voix paraissait toujours sortir d’une âme passionnée ; que ses gestes dans l’action oratoire étaient modestes, tranquilles et naturels ».

1230. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

Au moment le plus critique de l’expédition, et lorsqu’il s’agit de savoir si après des mois d’attente au fond du Portugal devant les lignes inexpugnables de Torrès-Vedras, sans secours reçus, on passera ou non le Tage, et à quel parti on s’arrêtera, il y a un déjeuner chez le général Loison à Golgao, où, dans une sorte de conseil de guerre amical, on a en présence et en action la physionomie, le caractère et les idées des principaux chefs consultés par Masséna : c’est un récit des plus piquants, et qu’il n’eût tenu qu’à l’historien de rendre plus piquant encore ; mais M.  […] Les vicissitudes et les haltes sanglantes de la retraite sont rendues vivantes par la curiosité et le soin de l’historien à expliquer les détails des moindres actions militaires.

1231. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

Maintenant, tout cela dit, et les torts de trahison et d’indiscrétion étant dès longtemps épuisés, on sait gré involontairement à Bussy (à cette distance) de nous montrer en action tout ce beau monde, nobles gentilshommes et grandes dames, de nous les produire dans un naturel et une originalité de désordre qui fait réfléchir sur le degré de civilisation et d’honnêteté aux différents âges, et qui peut servir à remettre à la raison l’enthousiasme des historiens à tête montée et des faiseurs d’oraisons funèbres. […] Courtisan tout prêt, s’il le faut, à ramper devant Louis XIV pourvu qu’on l’emploie, il trouve moyen, au début du glorieux règne, et par une scandaleuse sottise, de se faire traiter comme un libelliste dont on brise la plume, lui dont l’épée est avide de l’action et impatiente du fourreau.

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