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444. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — II »

En effet, tout progrès nouveau est une révélation de Dieu à l’homme, une ascension de l’homme à Dieu ; le savant qui invente y est soumis comme l’artiste le plus sentimental ; il y a, dans toute conception nouvelle du génie, une sorte d’influence électrique, irrésistible, indéfinissable, un acte de foi de nous à Dieu, une volonté de Dieu en nous. […] Eux aussi ont parlé de l’activité de l’homme, mais ce n’a jamais été que de l’activité de la substance esprit, et à cette égard ils se sont montres, comme toujours, sous l’influence de la conception chrétienne, qui confond la volonté avec l’acte. […] Pour nous, l’acte se rapporte toujours au rapport que le moi établit, entre lui et l’extérieur ; par conséquent, lorsque nous parlons d’activité, c’est de l’action matérielle de l’homme sur l’univers et de sa puissance motrice qu’il est question.

445. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Même s’il semble logique de montrer d’abord l’inconscient à l’œuvre dans les actes les plus élémentaires de la vie quotidienne normale, cela devient une erreur de méthode si l’on ne peut pas le révéler avec autant d’évidence dans ces actes que dans les actes pathologiques, si son intervention y est plus contestable et si en fait ce n’est pas d’abord dans ces actes qu’il a été décelé. […] Est-ce que ce n’est pas presque toujours a posteriori et au moment seulement où nous l’accomplissons que nous nous rendons compte du long travail psychique et de toute la chaîne de sentiments latents qui nous a conduits vers un acte ? […] La psychologie de Proust tend à méconnaître trop complètement la ligne de nos actes, et comme l’a très fortement marqué M. Desjardins, notre conduite, qui est, au moins en partie le produit de notre volonté, au profit de tout ce qui a entouré ces actes en nous, de tout ce qui les a accompagnés, sans les déterminer. […] Mais je ne peux m’empêcher de reconnaître qu’il touche à quelque chose d’important quand il signale le fait que, chez Proust, les actes des personnages et même les événements sont décrits non dans leur enchaînement, mais si j’ose dire dans leur gonflement.

446. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Ce petit acte contenait, en effet, douze fragments inédits ou peu connus, attribués à Molière avec une certaine vraisemblance. […] Il avait achevé les trois premiers actes de sa comédie. […] (Voir le fac simile autographié de l’acte découvert par Beffara, dans l’édition des Grands écrivains français de M.  […] Il y a, au troisième acte, une querelle entre M.  […] Élomire hypocondre, acte IV, scènei.

447. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

Nous répéterons avec Setchenoff : « Pas de pensée sans expression », c’est-à-dire la pensée est une parole ou un acte à l’état naissant, c’est-à-dire un commencement d’activité musculaire. […] L’acte d’attention peut-il augmenter l’activité vasculaire des ganglions sensoriels et y faire naître des sensations subjectives ? […] C’est l’acte réflexe, type de l’activité nerveuse. […] Mais, dans l’un et l’autre cas, la conscience ne connaît directement que deux choses : le départ et l’arrivée ; le « Je veux » et l’acte produit ou empêché. […] On commence par des actes d’une extrême simplicité.

448. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Une seule chose nous choque un peu, Mme Daudet, Porel et moi, c’est au quatrième acte, quand la mère fait la confession à sa fille : qu’elle, — aussi bien que toutes les autres femmes : — a été trompée par son austère mari, et qu’un moment, avant l’explication complète, la fille a la pensée que sa mère a été coupable… Une complication de scène, qui jette de l’antipathique sur la fille. […] Mardi 18 janvier Ce matin, Bourde du Temps, vient causer avec moi, pour faire un article sur ma pièce future de Germinie Lacerteux, sur sa construction par tableaux shakespeariens, sur mes idées relatives à l’acte, — l’acte qui claquemure, pour moi, le théâtre dans les vieilles formes, et l’empêche de se rapprocher du livre. […] Mercredi 19 janvier Avoir en portefeuille La Patrie en danger, cette pièce, la première pièce vraiment documentée historiquement sur la Révolution, cette pièce dont le premier acte est une mise en scène si révélatrice du dix-huitième siècle, cette pièce dont le cinquième acte, par le tragique de la vie des prisons d’alors, est plus dramatique que les tableaux les plus dramatiques de Shakespeare, — et l’avoir en portefeuille cette pièce, au su de tous les directeurs, en quête d’une pièce pour l’anniversaire de 1789, sans qu’aucun songe à vous la demander, c’est vraiment pas de chance ! […] Au premier acte, tout le rôle de Mme Portal ne porte pas, et je sens le trac de Mme Daudet, qui est devant moi, dans le travail nerveux de son dos. Mais le public est empoigné au second acte, et le succès va grandissant, et tourne au triomphe à la fin de la pièce.

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