Comme instruments de gouvernement, il ne vent plus employer que ses parents, puissante aristocratie de princes du sang, assez égoïstes, et des gens de loi ou d’administration anoblis (milites regis ), serviteurs complaisants du pouvoir absolu. […] Appliquée au commandement militaire, en particulier, l’élection est une sorte de contradiction, la négation même du commandement, puisque, dans les choses militaires, le commandement est absolu ; or l’élu ne commande jamais absolument à son électeur. […] Le peuple proprement dit et les paysans, aujourd’hui maîtres absolus de la maison, y sont en réalité des intrus, des frelons impatronisés dans une ruche qu’ils n’ont pas construite. […] Quant à nous, trop habitués à voir les différents cotés des choses pour croire à des solutions absolues, nous admettrions aussi qu’un très honnête citoyen parlât ainsi qu’il suit : « La politique ne discute pas les solutions imaginaires. […] De ce que la liberté de discussion, dans les universités allemandes, est absolue.
Mer et aimer rimaient du temps de Ronsard, ils ne riment plus ; mère et amer riment parfaitement et de [la] façon la plus riche — car, et surtout à la fin des mots (ceci est absolu), il n’y a plus de muettes en français. […] Je ne le crois, à moins qu’il ne donne la mesure absolue d’un grand talent… D’ailleurs, le talent personnel est tout ; l’application frigide des lois, rien : c’est ainsi qu’il est plus difficile de faire des vers libres et sans règles que des poèmes rimés à formes fixes. […] Voulant l’impartialité la plus absolue pour guide, tant que nous rechercherons et donnerons l’opinion des Poètes — nous réservant, d’ailleurs, de les discuter plus tard — nous publierons prochainement avec plaisir la lettre de M. […] … ……………………………………… Et vous dites que la « Poésie populaire », salubre évocatrice du Beau absolu, vous dites que la Poésie populaire est morte ! […] Je suis pour qu’on laisse liberté absolue au poète.
Tout gouvernement est absolu, et, du moment où l’on peut lui résister sous prétexte d’erreur ou d’injustice, il n’existe plus. […] Bossuet est fulminé ici pour avoir protesté avec l’autorité temporelle des rois contre cette infaillibilité absolue des papes. […] Il ne veut comprendre que les deux points extrêmes de l’autorité et de l’obéissance, le pouvoir absolu, l’obéissance sans réplique. […] Prophétisez donc, ô hommes présomptueux, qui osez prendre votre sagesse pour celle de Dieu ; mais, si vous voulez prophétiser à coup sûr, annoncez au monde de demain le monde à peu près semblable au monde de la veille, changeant de siècle plutôt que de sort, flottant dans les mêmes oscillations entre l’erreur et la vérité, cherchant sans cesse et ne trouvant jamais l’absolu que dans ses désirs, figure qui passe, comme dit l’Écriture, mais qui passe, hélas !
Et ne croyez pas que ce dernier mot soit une épigramme ; car tout aussitôt, dans une page très belle et pleine d’onction, tout en réservant son principe de foi, il va rendre hommage à ce trait d’ingénue et d’absolue soumission qui est obtenue plus facilement par la religion catholique et qui procède du dogme établi de l’autorité même ; il y reconnaît un vrai signe de l’esprit religieux sincère : Et en effet, dit-il, être chrétien, être vrai disciple de Jésus-Christ, c’est bien moins, à l’en croire lui-même, admettre ou ne pas admettre telle doctrine théologique, entendre dans tel ou tel sens un dogme ou un passage, que ce n’est assujettir son âme tout entière, ignorante ou docte, intelligente ou simple, à la parole d’en haut, pas toujours comprise, mais toujours révérée. […] Près de mourir, Töpffer reviendra sur cette idée d’assujettissement, d’acquiescement intime et volontaire qui était le trait essentiel de sa foi : « Qui dispute, doute ; qui acquiesce, croit… Je crois et je me confie, deux choses qui peuvent être des sentiments vagues, sans cesser d’être des sentiments forts et indestructibles. » Dès le temps où il visitait la Grande-Chartreuse, Töpffer, voyant ce renoncement absolu qui imprime le respect et une sorte de terreur, s’était posé dans toute sa précision le problème qui est fait pour troubler une âme préoccupée des destinées futures : le chartreux, le trappiste, en effet, le disciple de saint Bruno ou de Rancé vit chaque jour en vue de sa tombe, tandis que d’autres, la plupart, ne vivent jamais qu’en vue de la vie et comme s’ils ne devaient jamais mourir : Destinée étrange que celle de l’homme !
Après une de ces exhortations de l’ambassadeur en faveur de la paix, Bentivoglio ajoute : « Sur le visage et dans les paroles du président Jeannin, on croyait voir respirer la majesté et la présence du roi de France lui-même. » Le président Jeannin s’attache à montrer aux États-Généraux qu’une longue trêve équivaut à la paix et vaut même mieux à certains égards, en ce qu’elle ne permet point de s’endormir ; qu’il suffit que cette trêve soit conclue envers eux à d’honorables conditions, c’est-à-dire comme avec des États libres sur lesquels le roi d’Espagne et les archiducs ne prétendent rien ; que si l’on sait bien profiter de cette trêve en restant unis, en payant ses dettes et en réformant le gouvernement, elle pourra se continuer en paix absolue. […] On voit par une réponse énergique de lui au maréchal de Bouillon (juin 1615) que, malgré son âge, il ne faiblissait pas devant les grands redevenus factieux, et qu’il leur disait assez haut leurs vérités : « La médisance contre ceux qui sont employés au maniement des affaires publiques, écrivait-il à M. de Bouillon, est un doux et agréable poison qui se coule aisément en nos esprits, et, quand ils en sont une fois infectés, il est malaisé que la vérité pour les défendre y soit reçue. » Il y donne la clef de sa conduite, qui dut consister souvent, en ces temps de trouble et de faiblesse, à tolérer, à souffrir un moindre mal pour en empêcher un pire : Le commandement n’est pas toujours absolu pendant les minorités.