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20. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre IV. De la délimitation, et de la fixation des images. Perception et matière. Âme et corps. »

Aussi ne faut-il pas s’étonner si les mêmes penseurs qui considèrent tout mouvement particulier comme relatif traitent de la totalité des mouvements comme d’un absolu. […] Il faudra alors ériger la diversité de lieu en différence absolue, et distinguer des positions absolues dans un espace absolu. […] Nous ne pouvons donc nous empêcher ni de tenir tout heu pour relatif, ni de croire à un mouvement absolu. […] Aussi les physiciens qui cherchent le principe du mouvement absolu dans la force ainsi définie sont-ils ramenés, par la logique de leur système, à l’hypothèse d’un espace absolu qu’ils voulaient éviter d’abord 100. […] Entre la lumière et l’obscurité, entre des couleurs, entre des nuances, la différence est absolue.

21. (1884) Cours de philosophie fait au Lycée de Sens en 1883-1884

Or, dans le premier, quel est l’absolu ? […] L’étude de l’absolu en serait exclue. […] L’absolu ne peut donc être pensé. […] C’est la folie ou manie absolue. […] Le scepticisme absolu est aussi illogique que le dogmatisme absolu.

22. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre II. Le cerveau chez les animaux »

Lorsque l’on pèse des cerveaux pour y chercher une indication sur l’intelligence respective des animaux, doit-on se contenter du poids absolu des cerveaux comparés ? […] Ce n’est donc pas le poids absolu du cerveau qu’il faut considérer, mais le poids relatif à la masse du corps. […] Quoi qu’il en soit, la méthode du poids relatif, comme celle du poids absolu, donne également des résultats très-équivoques, et même les faits exceptionnels et contraires sont encore plus nombreux que pour le poids absolu, car d’après cette mesure l’homme serait inférieur à plusieurs espèces de singes (le saïmiri, le saï, le ouistiti), et surtout à beaucoup d’oiseaux, et en particulier au moineau, à la mésange, au serin9. […] Je ne connais point de sujet plus compliqué, de question plus difficile. » Le poids du cerveau soit absolu, soit relatif, étant un symptôme si difficile à déterminer et d’une signification si douteuse, on a proposé un autre critérium pour mesurer l’intelligence par son appareil organique On a dit qu’il fallait moins considérer le poids que la forme et le type. […] Ce n’est donc encore là un fait auquel on puisse attribuer une valeur décisive et absolue.

23. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre IV. De la pluralité des temps »

Évidemment non ; nous sommes dans l’hypothèse de la Relativité et il n’y a plus de mouvement absolu. […] Maintenant, plus de mouvement absolu, et par conséquent plus de repos absolu : des deux systèmes, qui sont en état de déplacement réciproque, chacun sera immobilisé tour à tour par le décret qui l’érigera en système de référence. […] La plus ancienne, celle du système privilégié en état de repos absolu, aboutirait bien à poser des Temps multiples et réels. […] La première exprime quelque chose du système lui-même ; elle est absolue. […] Du point de vue que nous appelions celui de la relativité unilatérale, il y a un Temps absolu et une heure absolue, le Temps et l’heure de l’observateur situé dans le système privilégié S.

24. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

Toute constitution serait par elle immédiatement abrogée ; car elle serait souveraine absolue. […] Les défenseurs du droit absolu, comme les juristes, et du fait aveugle, comme Calliclès, ont tort les uns et les autres. […] Au point de vue de l’individu, la liberté, l’égalité absolues semblent de droit naturel. […] Je dis dans leur mesure ; car l’égalité absolue est aussi impossible dans l’humanité que le serait l’égalité absolue des espèces dans le règne animal. […] Il est si commode pourtant de se reposer sur l’absolu, d’embrasser de toute son âme une petite formule étroite et finie !

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