/ 1703
1188. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Pour qu’un raisonnement soit littéraire, il faut qu’il ne s’adresse point à tel intérêt ou à telle faction, mais à l’esprit pur, qu’il soit fondé sur des vérités universelles, qu’il s’appuie sur la justice absolue, qu’il puisse toucher toutes les raisons humaines ; autrement, étant local, il n’est qu’utile : il n’y a de beau que ce qui est général. […] L’homme qui l’emploie se contient au plus fort de la tempête intérieure ; il est trop fier pour offrir sa passion en spectacle ; il ne prend point le public pour confident ; il entend être seul dans son âme ; il aurait honte de se livrer ; il veut et sait garder l’absolue possession de soi. […] Bien plus, quand je serais sûr que l’attorney général va donner ordre qu’on me poursuive à l’instant même, je confesse encore que dans l’état présent de nos affaires soit intérieures, soit extérieures, je ne vois pas la nécessité absolue d’extirper chez nous la religion chrétienne.

1189. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

» Et Sainte-Beuve s’étonne des séides qu’il a trouvés, surtout chez les femmes, déclarant qu’il manquait absolument de nuque, d’organe à passion, et que dans la douleur de son impuissance auprès de Mme Dorval, il se roulait sur le parquet, et si désespérément, que le portier de la maison l’entendait de sa loge… Puis de Gustave Planche, il passe à Michelet dont il déclare le talent uniquement fait de grossissement des petites choses, et le contrepied absolu du bon sens, ne lui accordant qu’une originalité laborieuse et venant de la causerie de Quinet. […] Au fond, notre indépendance absolue de tout ce qui est officiel, consacré, académiquement reconnu, renverse les habitudes d’esprit, les religions, les superstitions de respect de Sainte-Beuve, et nous lui apparaissons comme de singuliers pistolets, comme des contempteurs un peu effrayants. […] Et cependant, si je venais à l’aimer tout à fait, je comprends, à la rigueur avec elle, un amour sans la possession corporelle, mais avec la possession absolue de tout ce qui me charme en elle, de tout ce qu’elle a d’immatériel, — une possession de son cœur, de sa tête, de son imagination.

1190. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Je ne dis point que ce soit là un devoir absolu ; je dis que, pour une conscience un peu difficile, c’est le plus sûr. […] Il faut, de plus, admettre la philosophie particulière de Rémonin et la vieille théorie romantique du droit absolu de la passion (niée ailleurs par M.  […] Bref, il est très difficile, en telle matière et avec les moyens bornés dont dispose le théâtre, d’atteindre à la clarté absolue. […] Mais l’auteur veut que l’ignominie de Mirelet soit complète, absolue. […] Elle sourit délicieusement, avec malice, avec tranquillité, dans la joie et la certitude absolue d’être aimée.

1191. (1884) La légende du Parnasse contemporain

J’ai voulu me réserver la possibilité d’affirmer d’une façon absolue qu’aucun changement n’a été apporté au texte de mes conférences. […] En un clin d’œil mes pieds sont emboîtés en deux infâmes machines de fer, vissées par dessous le lit de camp, et me voilà sur le dos, dans l’impossibilité absolue de faire un mouvement. […] Grave, disons-nous, se propose (nanti de brevets préalables) d’offrir, incessamment, à nos grandes industries manufacturières et même aux petits négociants, le secours d’une Publicité absolue. […] Je suis de ceux qui ne croient pas à la vérité absolue dans l’art ; et je t’affirme que tu n’existes pas. […] Le vrai absolu, je te le répète, n’existe pas dans l’œuvre humain.

1192. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

On y découvre, avec de bonnes idées et les meilleurs instincts, une innocente tendance à prendre le relatif pour l’absolu. […] Darlu me le refusa de la façon la plus absolue ; je lui représentai respectueusement que, si un chêne pousse, c’est qu’il veut pousser et que, s’il ne le voulait pas, personne ne pourrait l’y contraindre M.  […] Ce maître enseignait que rien, n’est absolu, qu’on nomme bon ce qui est agréable et mauvais ce qui déplaît. […] Il lui a fallu, pour se développer, une époque d’absolue liberté intellectuelle. […] L’un y voulait gagner la vie éternelle, l’autre le néant absolu.

/ 1703