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482. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

Le mouvement imprimé à l’esprit européen par Voltaire, J. […] Il eut la place que Denys de Sicile offrit à Platon, que Frédéric donna à Voltaire, mais sans la tyrannie de Denys et sans l’inconstance de Frédéric. […] La révolution française secouait déjà le monde de ses pressentiments ; Goethe, au fond plus philosophe et aussi incrédule aux théories populaires du christianisme que Voltaire, dominait du haut d’une indifférence superbe les querelles religieuses et politiques du temps. […] Goethe, en cela, participait beaucoup du génie de Machiavel, de Bacon, de Voltaire, de M. de Talleyrand, hommes très supérieurs en intelligence, très inférieurs en conscience, mais professant tout haut ou tout bas, à l’égard des formes sociales, la politique du mépris ; politique selon nous coupable, parce qu’elle désespère, mais politique bien explicable par le spectacle des impuissances éternelles des sages à améliorer la condition des insensés.

483. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

XXVIII Voltaire, dont le bon sens d’acier se révoltait comme le nôtre contre les inconséquences de l’utopie dans Platon et dans J. […] Rousseau son disciple, non en crime, mais en niaiseries sociales, Voltaire osait dire de Platon et de J. […] Ne voit-on pas, dans plusieurs passages du premier Montesquieu, comme dans tant de pages de Voltaire, combien le législateur méprisait le sophiste ? […] Libre, sauvage et indomptée dans ses forêts de la Gaule, sacerdotale sous ses druides, chevaleresque sous ses Francs, féodale sous ses chefs militaires, municipale sous ses communes, monarchique sous ses rois, représentative sous ses états généraux, conquérante sous ses princes ambitieux, artistique sous ses Valois, fanatique sous ses ligueurs, anarchique dans ses dissensions religieuses, unitaire sous ses Richelieu et sous ses Louis XIV, agricole sous ses Sully, industrielle sous ses Colbert, lettrée sous ses Corneille et ses Racine, théocratique sous ses Bossuet, philosophe et incrédule sous ses Voltaire, réformatrice et révolutionnaire sous ses Fénelon et ses J.

484. (1913) La Fontaine « IV. Les contes »

Mais l’admiration est un sentiment, d’abord, qui s’épuise vite, a dit Voltaire, et qui, ensuite, peut devenir un peu monotone. […] Vous savez que cela a été imité ensuite dans un poème dont je ne veux pas dire le nom et que, par conséquent, vous reconnaîtrez tout de suite, dans un long poème de Voltaire. Tous les commencements des chants de ce poème sont des prologues, et quelquefois assez jolis, assez gracieux, prologues où Voltaire parle en son nom.

485. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

Il est très-capable de réussir dans un pareil ouvrage, et de nous donner une belle histoire revêtue de tous les agréments de la diction. » Puis, le comparant à Voltaire qui est en train de composer son Siècle de Louis XIV, et qu’il nous représente comme un jeune homme maigre, qui paraît attaqué de consomption , l’honnête Jordan souhaite à l’un plus de santé et à l’autre plus d’aisance. La correspondance de Voltaire nous montre en effet que Prevost, dans un de ces moments de gêne auxquels il était si sujet (juin 1740), prit sur lui de recourir à l’opulent poète, non sans lui faire, comme critique, des offres de service en retour.

486. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

Les idées de Diderot Encyclopédie à part, Diderot n’est guère moins considérable dans le xviiie  siècle que Voltaire et Rousseau. Avant Rousseau, et quand Voltaire était encore tout ligotté de préjugés, de vanités, d’ambitions mondaines, Diderot s’était franchement déclaré l’homme de la nature.

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