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256. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Lesage n’aimait pas Voltaire, C’est, je crois, que l’esprit de Voltaire a déjà un peu « de brillant », bien peu, à la vérité, pas assez pour qu’il cesse d’être naturel, assez pour qu’il manque de bonhomie. […] Ne croyez pas que Voltaire et Rousseau suffisent, même en y joignant Alfred de Musset. […] Elles sont de Voltaire qui en gratifia J. […] Quel débordement d’humanité dans l’ironie de Voltaire ! […] comme Voltaire voulait écrire au bas de chaque page de Racine : beau !

257. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

Les lettres pourtant avaient place dans son ambition ; il sentait qu’il était né sous cette double étoile de Montesquieu et de Voltaire qu’il appelle tous deux « les créateurs de l’esprit de leur siècle ». Il fit à dix-neuf ans un pèlerinage aux Délices pour voir Voltaire. Il avait fait précéder sa visite de quelques vers légers, et Voltaire lui répondait par une lettre toute de grâce, d’intérêt, et même de conseils : Aux Délices, 5 avril (1755). […] Vous me parlez, monsieur, de faire un petit voyage sur les bords de mon lac ; je vous en défie… À de nouveaux vers que M. de Meilhan lui envoya une autre fois, Voltaire répondait, en 1761, par une lettre moitié vers, moitié prose : J’ai lu tes vers brillants et ceux de ta Bergère, Ouvrages de l’esprit, embellis par l’amour.

258. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

Certes, ce sentiment exprimé par un jeune homme de vingt-deux ans, cette leçon donnée aux esprits forts (appelés ici par politesse des âmes fortes), en présence de la philosophie du siècle, à deux pas de Voltaire et pendant la vogue de l’abbé Raynal, annonce, encore mieux que Le Jeune d’Olban et que les Élégies, combien Ramond appartient d’avance à un mouvement réparateur et à une inspiration digne des régions sereines où se passeront les plus belles heures de sa vie83. […] Ramond, à Ferney, rendit visite à Voltaire, qui, dès qu’il entra, lui cria de son fauteuil : « Vous voyez, monsieur, un vieillard qui a quatre-vingt-trois ans et quatre-vingt-trois maladies. » Ramond ayant remarqué sur les rayons de la bibliothèque les in-folio des Pères, avec de petits papiers qui en notaient les passagesv : « Ah ! […] — « Oui, monsieur, répondit Voltaire, oui, je les ai lus et ils me le payeront !  […] Bodmer ressemblait physiquement à Voltaire : Cette ressemblance, dit Ramond, me parut frappante, et j’appris qu’elle semblait telle à tous ceux qui avaient vu l’un et l’autre.

259. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

Mais enfin, dans une Relation de la mort de Voltaire, adressée à l’impératrice Catherine par son ambassadeur à Paris, le prince Bariatinsky (juin 1778), et qui a été publiée pour la première fois dans le Journal des Débats du 30 janvier 1809, on lit : « Dès que le bruit de sa maladie et le danger de son état se répandirent dans Paris, la haine sacerdotale qui ne pardonne point se déploya dans toute son activité. […] Il le leur promit… » Elles ne s’en tinrent pas là, et quand elles surent que le neveu de Voltaire, l’abbé Mignot, faisait transporter le corps de son oncle pour être enterré dans son abbaye de Scellières, vite les deux grandes dames, ces deux bonnes Âmes acharnées au bien, relancèrent le cadavre ; elles écrivirent à l’évêque de Troyes pour l’engager à s’opposer à l’inhumation en qualité d’évêque diocésain ; « mais heureusement pour l’honneur de l’évêque, ces lettres arrivèrent trop tard, et Voltaire fut enterré. » (Vie de Voltaire, par Condorcet.) — C’est ainsi que.Mme de Gisors, cette sainte veuve, crut devoir justifier son renom de mère de l’Église.

260. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

Dans la seconde partie de son roman, l’auteur essayera d’attribuer la conduite légère de sa Louise à la philosophie du siècle, à cet esprit de débauche, autorisé par Louis XV, soufflé par Voltaire, propagé par tant d’autres. […] Laissons pour cette fois Voltaire, et, comme seule moralité à tirer de tout ceci, disons simplement : Jeunes filles, ne faites pas comme elle ! […] « C’était un honnête homme, qui n’avait d’autre défaut que celui d’être roi », écrivait le grand Frédéric à Voltaire au moment de la mort de Louis XV. En parlant ainsi, Frédéric était clément et généreux ; il faisait de plus la leçon à Voltaire qui se montrait sans pitié pour ce roi mort qu’il avait autrefois flatté.

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