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779. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Certes, un chef germain du IIe siècle était plus capable d’envahir l’empire qu’un patricien de Rome n’était capable de le défendre ; mais le Romain érudit et fin, curieux et désabusé, tel que nous connaissons l’empereur Hadrien, par exemple, le César amateur de Tibur, représentait un plus riche trésor d’acquisition humaine. […] Le XIXe siècle obscur et révolutionnaire est dans notre sang, qui nous interdit cette immobilité intérieure, cette indifférence olympienne, vantée et pratiquée par les Epicuriens de la Grèce et de Rome. […] Albe va entreprendre la guerre contre Rome. […] Il a vu et compris, malgré ses préjugés contre le catholicisme ultramontain, les raisons profondes qui font de Rome un unique asile de prière et de piété. […] La Grèce et Rome, l’Italie de la Renaissance, la France des trois derniers siècles et l’Angleterre de tous les âges, dans combien de milieux et de moments divers l’auteur de l’Intelligence n’a-t-il pas considéré ce phénomène de la formation de l’œuvre d’art ?

780. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

Je marquai ma limite et mon holà lors de sa publication des Affaires de Rome. […] Le tribun breton fut très sensible à l’abandon du critique normand, dont les premières hostilités éclatèrent, je crois, contre les Affaires de Rome. — « Je l’ai rencontré depuis, disait-il, dans le quartier de l’Odéon ; il a d’abord balbutié je ne sais quoi ; puis, tout interloqué, il a baissé la tête. […] Dès le premier jour où il arrive dans une maison, il se lance dans un sujet, il parle (fort bien) pendant une heure, sur l’Italie, sur Rome, sur les cathédrales. […] Rome a pour ma ruine une hydre trop fertile ; Une tête coupée en fait renaître mille ; Et le sang répandu de mille conjurés Rend mes jours plus maudits et non plus assurés.

781. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Si Jésus n’est pas le Messie promis par les prophètes, ce n’est plus pour lui préparer les voies que Rome a conquis, pacifié, et unifié le monde ; — et la philosophie de l’histoire s’évanouit, pour ainsi parler, avec la divinité du Christ. […] Il faut bien que ce fût du côté de Bossuet, puisque la cour de Rome, qui ne lui pardonnait pas la Déclaration du clergé de France, finit pourtant par lui donner raison. […] De même qu’autrefois Louis XIV avait cru compenser la Déclaration des libertés de l’Église gallicane par la révocation de l’édit de Nantes, Fénelon cherchait un moyen de rétablir en cour de Rome la pureté de son orthodoxie. […] Comment maintenant — à dater de la bulle, et des prétentions ouvertement déclarées de la cour de Rome — la question, de morale ou de théologique, se changea promptement en politique, c’est ce que plusieurs historiens ont déjà raconté : M.  […] Albert Le Roy dans son livre sur la France et Rome de 1700 à 1715.

782. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

La puissance de son imagination, la magie de son style donnaient à l’histoire de la vieille Rome la réalité de l’histoire contemporaine. […] Voici ce qu’il disait de Rome dans une lettre du 25 mars 1850 : « Je suis de retour à Rome pour la deuxième fois. […] Rome est la ville du monde où l’on est le plus à l’aise pour philosopher. […] Rome est comme les grandes œuvres de l’esprit humain ; l’impression qu’elle produit est très complexe. […] Seule, la grande noblesse de Rome, à l’exception de quatre familles, est papaline.

783. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Enfin, sous le règne d’un prince dont le premier acte politique avait été de faire reconnaître par l’Espagne la préséance de l’ambassadeur français sur l’ambassadeur espagnol à Rome, l’imitation, étrangère disparut. […] Il y avait vingt ans que Rome et le monde romain jouissaient d’une paix profonde, quand il imagina d’écrire à Auguste la belle épître où il le fait juge d’une question de poésie et d’histoire littéraire240. […] Chemin faisant, Horace décrit la manie de faire des vers qui sévissait alors à Rome, comme au temps de Boileau, à Paris, la « fureur de rimer. » 241.

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