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397. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Hugo lui-même, nous le savons, aimait à « éplucher » ainsi Corneille et surtout Racine, — Racine, dont il a presque aussi mal parlé que M.  […] Débarrassés de ce que la vulgarité de la vie étroite mêle à la passion, si l’on peut ainsi dire, de néant qui la ravale, les héros des romans de Feuillet, ne vivant que de leur passion et que pour leur passion, comme ceux de Racine, deviennent ainsi l’incarnation même de ce qu’ils représentent. […] La solidarité qui lie les générations des hommes ne nous permet jamais d’échapper entièrement à l’influence de ceux qui nous ont précédés ; et à cet égard, on ne s’expliquerait pas plus Leconte de Lisle sans Hugo, que Racine autrefois sans Corneille, ou Malherbe encore sans Ronsard. […] Paul Bourget lui-même à la lignée de ses vrais maîtres, Stendhal et Balzac, Sainte-Beuve et Laclos, Marivaux et Racine. […] Ainsi pourrait-on dire que les Araminte et les Silvia de Marivaux ont quelque chose de plus « distingué » que les Elmire, que les Arsinoé de Molière, et les femmes de Racine quelque chose de plus féminin que les amazones de Corneille.

398. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Musset me reste cher parce qu’il est éminemment français, et par là je veux dire qu’il portait en lui les meilleures traditions de notre race, qu’il en avait le sens profond, qu’il s’était nourri de la pensée de nos maîtres bien à nous, depuis Mathurin Régnier, Molière, Racine, La Fontaine, jusqu’à André Chénier et Beaumarchais, et qu’il avait puisé en eux cette clarté admirable, cette ironie mordante devant la sottise prétentieuse, cette élégance primesautière et cette fière allure d’indépendance, qui ont toujours été l’apanage de notre vieille terre des Gaules, et qui, nous le voulons croire, resteront l’orgueil de la France contemporaine. […] Et alors, vous direz peut-être avec moi que, dans notre littérature, le nom de Leconte de Lisle est le premier qui se doive balbutier à côté de celui du divin Racine. » Pierre de Querlon. […] Racine ne nie pas Corneille, et Schiller fut parfois plus grand que Goethe. […] Il est des heures, par exemple, que je passe avec Racine, d’autres où je feuillette Lamartine et Musset, il est des moments où j’ouvre un Ronsard, il en est aussi où me plaisent Rodenbach, Samain et Verlaine et nombreux sont les instants que je consacre à nos grands poètes d’oc disparus, Jasmin, Aubanel et Félix Gras. […] Cependant au cours d’une enquête sur la lecture dans les milieux paysans, j’ai pu me rendre compte qu’il avait pénétré là où Racine, Corneille et Molière étaient encore inconnus.

399. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Ainsi, toute jeune et toute charmante qu’elle est, elle parle naturellement la langue du Palais, comme les Plaideurs de Racine. […] Et c’est ce que fait aussi Euripide dans le rôle d’Iphigénie, plus près de la nature que ce même personnage dans la tragédie de Racine. […] Attila parut en 1667, la même année que l’Andromaque de Racine : Corneille baissait, Racine montait. Mais, si Corneille ne lui eût frayé les voies, Racine se fût-il élevé si haut ? […] Certes, Corneille et Racine ont su encore, tout en étant gênés par tant d’entraves, produire des œuvres admirables.

400. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Lemaître répugne à ce que la même couleur lui serve encore pour parvenir à Racine et à Chateaubriand.) […] Aussi pourrait-on dire sans paradoxe qu’un grand écrivain, un Virgile, un Racine, un Chateaubriand, un Flaubert, peint avec les ressources de son oreille plutôt qu’avec ses ressources visuelles. […] Cet éreintement de Molière a été pris moins tragiquement que tel autre, à l’occasion duquel on vit Racine défendu comme s’il eût été Jeanne d’Arc. […] Il est de bonne souche, son aïeul est le célèbre Garin, son père le non moins célèbre Gérard : les classiques sont les descendants de Corneille et de Racine ! […] Dirons-nous donc que Racine en écrivant Athalie pensait à Grégoire VII et prévoyait M. 

401. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. Tissot. Poésies érotiques avec une traduction des Baisers de Jean Second. »

la chaste langue de Racine n’avait jamais prêté des sons plus purs à une sensualité plus exquise.

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