Racine, Despréaux, La Fontaine, tous les amis de Furetiere, profitèrent de cet intervalle de temps pour aller le voir, du consentement de leur compagnie, & tâcher de le ramener. […] Racine avoit prévu ce foible succès.
Sur le devant du théâtre, Bossuet, Boileau, Racine, tout le chœur des grands écrivains, jouaient la pièce officielle et majestueuse. […] Il faut admirer ce que nous avons et ce qui nous manque ; il faut faire autrement que nos ancêtres et louer ce que nos ancêtres ont fait. — Entrez dans Notre-Dame ; au bout d’une demi-heure, lorsque dans l’ombre des piliers énormes vous avez contemplé l’essor passionné des frêles colonnettes, l’enchevêtrement douloureux des figures bizarres et le rayonnement divin des rosaces épanouies, vous comprenez l’extase mystique de la foule maladive qui, agenouillée aux sons des orgues, apercevait là-bas, dans une lumière d’or, le sourire angélique de la Vierge et les mains étendues du Christ. — Un quart d’heure plus tard, au musée de la Renaissance, une statue de Michel-Ange vous montrera, par la fierté de sa structure héroïque, par l’élan effréné de ses bras tordus, par la montagne des muscles soulevés sur son épaule, les superbes passions, la grandeur tragique, le déchaînement des crimes et le paganisme sublime du xvie siècle. — Ouvrez maintenant un volume de Racine ou cette Princesse de Clèves, et vous y verrez la noblesse, la mesure, la délicatesse charmante, la simplicité et la perfection du style, qu’une littérature naissante pouvait seule avoir, et que la vie de salon, les mœurs de cour, et les sentiments aristocratiques pouvaient seuls produire. — Ni l’extase du moyen âge, ni le paganisme ardent du xvie siècle, ni la délicatesse et la langue de Louis XIV ne peuvent renaître.
La pathologie d’un Bossuet ou d’un Racine a peu à voir avec leurs sermons ou leurs tragédies : mais la pathologie de Jean-Jacques, c’est presque tout Jean-Jacques. […] Les manuscrits de Racine, de Hugo, de Leconte de Lisle, de Hérédia sont admirables. […] — Je ne parle point de Corneille, de Racine, de Molière, ni même de Regnard.
Quoique le style, pour avoir une véritable valeur, doive naître de la pensée même, et que le style de Racine appliqué aux comédies de Molière, comme le voulait un bel esprit de nos jours, soit une des idées les plus saugrenues qui se puissent concevoir, un esprit sérieux peut se demander ce que fût devenu, dans les mains d’un poète du xviie siècle partagé entre la foi et le découragement, le sujet traité par M. de Lamartine. […] Ni Aristote, ni Corneille, ni Racine, ni Molière, ni Goethe, ni Schiller, n’ont entrevu la nature intime du drame, de la comédie et de la tragédie.
Seulement, si vous admirez Racine plus que Shakespeare et Calderón, c’est une opinion que vous ferez bien de garder pour vous : la tolérance n’est pas la vertu des néophytes. […] Racine seul paraît classique aux délicats qui, au fond, n’aiment guère les mâles poètes et le vigoureux prosateur que nous venons de citer. […] Les professeurs de rhétorique restaient atterrés devant l’audace de Racine, qui avait désigné les chiens par leur nom dans le Songe d’Athalie, — molosses eût été mieux !