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419. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Rentré en France après la Terreur, il y porta dans la société renouvelée un homme nouveau ; l’austérité chrétienne de sa vie n’enlevait rien à l’émotion de son cœur et à la séduction de sa personne. […] Que la France ne rendît pas responsable le fils irréprochable du duc d’Orléans du vote de son père, je le concevais ; mais que la France fît de ce malheur un titre au trône, c’était trop criant pour mon cœur. […] L’opinion publique, à Naples et dans le reste du royaume, se prononçait hautement pour que Joachim se déclarât indépendant de la France ; le peuple voulait la paix à tout prix. […] “Vous êtes Français, Sire, lui répondit-elle, c’est à la France qu’il faut être fidèle.” […] Les lettres confidentielles, si neuves, si intimes, si historiques, de M. de Chateaubriand à madame Récamier, sont l’envers de ces brochures et de ces discours dont il agitait la France et l’Europe.

420. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Il est bien vrai qu’un lien d’étroite affinité est déjà formé pour une grande partie de la famille humaine ; l’Écosse et l’Amérique, toutes reculées qu’elles sont, reçoivent les pulsations du cœur ; et le cœur, c’est la France. […] C’est que nul n’a su mieux que lui reproduire, avec une parfaite originalité, l’effet de cette poésie Shakespearienne dont l’Allemagne et la France sont aujourd’hui plus enthousiastes que l’Angleterre elle-même. […] À quoi tient ce reflet de Christianisme, cette auréole de foi religieuse qui brille sur les œuvres des deux grands poètes de la France ? […] C’est peut-être parce que la France avait produit la Philosophie du Dix-Huitième Siècle et la Révolution qui est cette Philosophie en action, que les deux poètes qui ont le plus directement exprimé l’état d’anarchie et de désolation où mène cette Philosophie, sans cependant lui rompre en visière, sans la nier ni la combattre, sont un Anglais et un Allemand ; tandis que la France a produit, depuis trente ans, une nombreuse couronne de penseurs et de poètes qui se sont rattachés au Christianisme. […] Cette remarque s’applique également à l’autre grand poète dont la France est fière.

421. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Depuis six cents ans, la France ne s’est pas moins reconnue à ces hauts faits d’armes qu’à la simplicité, à la probité historique du narrateur. […] Joinville ne voulut pas prendre part à une expédition qu’il jugeait funeste à la France. […] La France n’était qu’un vaste champ clos, où se donnaient, tour à tour, des batailles sanglantes et des tournois. […] Il était trop tard pour lui et, trop tôt pour la France. […] En Angleterre, Richard III ; Louis XI, en France ; les Médicis à Florence, et le secrétaire de la république, Machiavel à Rome, Alexandre VI et les Borgia.

422. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Et pourquoi n’y aurait-il pas là des titres au rare honneur d’un début sur la première scène littéraire de France ? […] Le 15 décembre, il parut dans la Gazette de France une attaque qui méritait d’être remarquée parmi toutes les attaques lancées, chaque soir et chaque matin, contre notre pièce. La Gazette de France commençait par souligner ce qu’elle appelait « l’admiration du Moniteur officiel et du Constitutionnel » pour notre pièce. […] Je ne tiens pas compte toutefois d’un Étienne Marcel, drame en cinq actes et en vers, commis en rhétorique par mon frère, et d’un indigeste travail sur les « Châteaux de la France au moyen âge », présenté par moi à la Société d’histoire de France pour avoir l’honneur d’être admis parmi ses membres. […] Nous nous plongions cependant en un drame de la Révolution vers laquelle nous nous sentions attirés depuis des années, et dans laquelle le siège de Verdun donnait l’épisode héroïque de la défense de la France contre l’étranger.

423. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

À l’époque où ces hommes sont venus, la France épuisée, vaincue, conquise, hélas ! […] Les maîtres de postes ont réclamé de solides compensations lorsqu’on commença enfin à établir des chemins de fer en France. […] La France est à Rome, à Athènes et à Constantinople ! […] En France même, voyez quel est le poète dramatique qui est le plus et le mieux resté : c’est Molière ! […] La France a failli faire cette folie sublime ; les choses en auraient-elles été plus mal ?

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