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23. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Une monarchie en décadence, déboires de la cour d’Espagne sous le règne de Charles II, Par le marquis de Villars »

C’est sur ces entrefaites que le marquis de Villars, nommé ambassadeur de France, fit son entrée publique à Madrid, le 9 août 1679. […] On la prévint aussi tant qu’on put contre l’ambassadeur de France, M. de Villars, pour qu’elle se méfiât de ses conseils. […] On avait en France depuis plus de soixante ans des reines espagnoles et, avec cela, presque toujours la guerre avec l’Espagne. […] Mme de La Fayette, dans ses Mémoires de la Cour de France, affirme sans hésiter qu’elle mourut également par le poison. […] La passion que Charles II avait pour elle, et dont il garda l’impression profonde, pouvait seule contrebalancer son aversion pour la France.

24. (1882) Qu’est-ce qu’une nation ? « I »

Mais un empire, douze fois grand comme la France actuelle, ne saurait former un État dans l’acception moderne. […] France devint très légitimement le nom d’un pays où il n’était entré qu’une imperceptible minorité de Francs. Au Xe siècle, dans les premières chansons de geste, qui sont un miroir si parfait de l’esprit du temps, tous les habitants de la France sont des Français. […] C’est la gloire de la France d’avoir, par la Révolution française, proclamé qu’une nation existe par elle-même. […] Comment la France persiste-t-elle à être une nation, quand le principe qui l’a créée a disparu ?

25. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVIII. Pourquoi la nation française était-elle la nation de l’Europe qui avait le plus de grâce, de goût et de gaieté » pp. 366-378

Examinons quels avantages d’ambition on trouvait en France à se distinguer par le charme de la grâce et de la gaieté, et nous saurons pourquoi ce pays offrait de l’une et de l’autre tant de parfaits modèles. […] Ce n’était donc qu’en France où l’autorité des rois s’étant consolidée par le consentement tacite de la noblesse, le monarque avait un pouvoir sans bornes par le fait, et néanmoins incertain par le droit. Cette situation l’obligeait à ménager ses courtisans même, comme faisant partie de ce corps de vainqueurs, qui tout à la fois lui cédait et lui garantissait la France, leur conquête. […] Non seulement la grâce et le goût servaient en France aux intérêts les plus grands, mais l’une et l’autre préservaient du malheur le plus redouté, du ridicule. […] On ne verra plus rien de pareil en France avec un gouvernement d’une autre nature, de quelque manière qu’il soit combiné ; et il sera bien prouvé alors que ce qu’on appelait l’esprit français, la grâce française, n’était que l’effet immédiat et nécessaire des institutions et des mœurs monarchiques, telles qu’elles existaient en France depuis plusieurs siècles.

26. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le comte de Fersen et la cour de France »

Le comte de Fersen et la cour de France Le Comte de Fersen et la Cour de France. […] II Et ceci dépasse de beaucoup la personnalité du comte de Fersen, si touchante qu’elle soit, et il en est peu d’aussi touchantes… Venu de Suède en France et grand seigneur dans son pays, ami de Gustave III, de ce seul Roi de battement de cœur royal qu’il y eût alors en Europe, le comte Jean-Axel de Fersen, officier supérieur en Suède, le devint en France, croyant servir la Suède encore en servant la France, tant la France et la Suède, de temps immémorial, étaient unies. […] Or, en France, dans le parti même qui aurait dû donner l’exemple de l’ordre et de la cohésion, personne ne s’entendait avec personne. […] Au dehors, comme au dedans, la France recueillait ce qu’elle avait semé. […] Le xviiie  siècle, c’est la France !

27. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

En France, le point de vue s’est évidemment agrandi. […] C’est tout autre chose en France. […] — Deux nations seulement : la France et l’Allemagne. […] L’Allemagne est le cœur, la France est la tête. […] L’Allemagne sent, la France pense.

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