Le mot même, à ce qu’il semble, lui était étranger. […] Il y eut une Wertherite générale, dont les pays étrangers essayèrent en vain de se préserver. […] Je ne suis pas en état de te dire moi-même d’où je viens, qui m’a envoyé ; j’ai échoué ici de mes régions étrangères, et j’y suis retenu par les liens de l’amitié. […] Le poète, incliné à la mélancolie, s’excite à mille tourments sur cet étranger dont la seule présence lui est une torture. […] Ils s’ouvrirent l’un à l’autre aussi complètement que peuvent s’ouvrir deux âmes étrangères, dont chacune est grande à sa manière, riche de trésors qu’elle pourrait détenir.
Ce genre de fureur nous est aujourd’hui bien moins étranger que l’excès du zèle religieux ; il est aussi bien plus redoutable pour nous, bien plus terrible dans ses effets, puisqu’il ébranle la société tout entière jusque dans ses fondements. […] Corneille peut avoir tort d’avoir prêté à César cet enthousiasme chevaleresque, très étranger aux mœurs romaines ; mais il n’y a rien de ridicule dans ces transports de nos anciens chevaliers, qui faisaient des prodiges de valeur pour mériter un regard de leur dame. […] On vante, par exemple, comme un mérite exclusif, la vérité de ses caractères : c’est un préjugé reçu, que Corneille est un fidèle observateur des mœurs étrangères, et prête à chacun de ses personnages le langage de son pays, tandis que Racine fait des Français de tous ses héros. […] Les trois quarts du Commentaire sont employés à ridiculiser, à parodier les formes surannées du style qui ne peuvent échapper à aucun lecteur, et dont on ne peut accuser que la barbarie du siècle : Voltaire nous répète sans cesse que son exactitude à relever ces fautes de langage n’a pour objet que l’instruction des étrangers ; mais, pour apprendre la grammaire française aux étrangers, il ne fallait pas ennuyer et fatiguer les Français par cet amas insipide de vétilles grammaticales ; il ne fallait pas l’égayer de facéties encore plus fastidieuses ; il fallait avoir moins de complaisance pour les étrangers, et plus de respect pour un poète qui est l’honneur de la nation. […] Aujourd’hui les spectateurs de ces grands bouleversements, de ces terribles catastrophes qui ont changé la face de l’empire français, ne se regardent plus comme étrangers au gouvernement, et conçoivent qu’il y a de plus grands malheurs dans le monde que celui de n’être pas aimé de sa maîtresse.
La façon dont Verlaine accueillit le nouveau venu fut d’une parfaite bonhomie : c’était la bienveillance affectueuse avec laquelle on caresse un chien étranger. […] Mais vous avez habité l’étranger, Monsieur, et, passez-moi la flatterie, à notre grand profit. […] — Mais oui, étranger. […] Et les étrangères que l’on rencontre sur cette côte ! Si nous parlions un peu des étrangères ?
Il sied dire l’immense et tentaculaire Hugo à qui rien n’a été étranger, et le Lamartine des Fragments du livre primitif. […] Déjà elle a pénétré la pensée à l’étranger. […] Evidemment, L’instrumentation ne lui était pas étrangère, et par la suite il l’exagérait en un sens prosodique en voulant aller impossiblement à des valeurs prévues de demi-tons, de quart de tons et à la gamme ! […] Mais, vous avez plusieurs étrangers parmi vous, si ce sont de vrais noms : Verhaeren, Stuart Merrill, Knopff ? […] Et encore, prétend-il qu’il va enrichir la langue, lui rendre verdeur et originalité, la délivrer d’imitations étrangères !
« Un jour qu’il montrait à un étranger son jardin de Beauregard, et que cet étranger se récriait sur la beauté et la richesse de sa vue : “Venez, lui dit-il, dans cette allée, et je vous montrerai quelque chose de plus curieux.” […] Et encore : « Venons à présent à vos plaintes sur les amitiés liées avec les étrangers. […] Tout est étranger en ce monde, car tous s’en vont avec la mort. Les étrangers ont cela de commode qu’ils partagent en deux le regret. […] En 1773, une troupe de comédiens français qui courait l’étranger vint donner des représentations à Naples.