Seulement, voyez la bergerie éternelle !
non, le jour où vous avez dit une parole qui doit être la leçon éternelle des rois, ne peut être un jour perdu.
Elle avait pu oublier un moment qu’il lui restait encore des devoirs à accomplir sur la terre ; croire, sous l’impression d’un inexplicable sentiment d’angoisse et de lassitude, que le repos éternel lui était dû et devenait son seul refuge ; elle demanda pardon avec des sanglota de ce désespoir injuste. […] Peu à peu, en entrant, il distinguait, au-dessous des peintures représentant des danses antiques et des portraits de la Camargo ou de Noverre, comme un fouillis de jupes de gaz, d’épaules blanches, de jambes roses, avec ces éternelles notes sombres des habits noirs tachetant çà et là, ces couleurs claires, comme de larges pâtés d’encre sur des toilettes de bal. […] Est-ce enfin bon, utile au bonheur de l’humanité, de dire au gourmet qui mange une pêche, à la jeune fille qui respire une fleur, aux amoureux qui parlent d’amour éternel, aux déshérités de cette vie qui croient à une autre existence : — ce fruit, cette fleur, ne sont qu’un composé d’hydrogène, d’oxygène, de carbone, etc. ; ne croyez pas aux serments, vous vous mentez tous deux ! […] Elles la laissaient la tête contre le mur de sa chambre, que sa tranquille démence avait adopté, et elles allaient et venaient dans cette maison où il n’y avait que deux choses éternelles, Mme de Ferjol qui priait et Agathe qui pleurait, chacune dans son coin… Ce jour-là, elles la retrouvèrent comme elles l’avaient laissée, — à la même place, — la tête contre son mur, les yeux tout grands ouverts, quoiqu’elle fût morte, et Taine partiel cette pauvre âme qui n’était presque plus une âme ! […] Ceux de nous qui espèrent vivre dans l’avenir n’ont donc pas seulement à intéresser le public collectif ; ils ont aussi à gagner le public individuel, le lecteur solitaire, qui ne se laisse pas influencer par son voisin, qui ne cause pas avec sa voisine, qui vous regarde en face, qui vous demande à huis clos les vérités éternelles qu’il sent sûrement ou vaguement en lui, et dont il veut trouver en vous la connaissance et l’expression.
La pensée humaine est un heureux petit accident des hasards de ses fécondations, un accident local, passager, imprévu, condamné à disparaître avec la terre, et à recommencer, peut-être ici ou ailleurs, pareil ou différent, avec les nouvelles combinaisons, des éternels recommencements. […] La pensée éclose et développée par un miracle nerveux des cellules de notre tête, tout impuissante, ignorante et confuse qu’elle est et qu’elle demeurera toujours, fait de nous tous, les intellectuels, d’éternels et misérables exilés sur cette terre. […] Dans Notre cœur il s’agit de cette éternelle méprise qui accompagne généralement l’amour, et qui veut que celui qui aime s’entête à exiger de celui qui est aimé tout ce que sa nature ne peut pas donner. […] Dans quelles conditions fut conçu cet éternel chef-d’œuvre, M. […] La Bruyère lui-même aura beau dire que le style de Molière n’est qu’un jargon, le style de Molière restera un éternel exemple et le style de La Bruyère aussi.
Dans l’allée d’éternelle paix, sur les dalles de marbre verdies à l’ombre, où l’on voudrait marcher lentement, la tête basse, il faut passer aujourd’hui avec cette précipitation enfiévrée qui donne à toutes les choses, revues ainsi, je ne sais quel air d’inexistence. […] C’était le rajeunissement certain de l’éternelle nature, de l’éternelle humanité, le renouveau promis à qui espère et travaille, l’arbre qui jette une nouvelle tige puissante, quand on en a coupé la branche pourrie, dont la sève empoisonnée jaunissait les feuilles. » Et de fait, la France d’aujourd’hui est à tous les points de vue autre que celle d’il y a vingt ans ; si nous avons oublié trop de choses, nous en avons appris d’autres ; nos armements peuvent, dit-on, et nous l’espérons, être redoutables pour nos agresseurs et nous en faire maintenant respecter ; voilà qui est bien ; espérons donc, comme le dit M. […] Luscignole, devenue oiselle, vit quelques heures dans ce rêve, jusqu’au moment où Alas Schemp, toujours cherchant des rossignols, entend cette voix merveilleuse, se glisse près de Luscignole, l’emporte et lui crève les yeux pour la faire chanter pour lui dans une nuit éternelle. […] Chacune pareille à toutes et toutes pareilles à la vivante misère, elles vont, sans rires, sans paroles, sans gestes, d’une marche égale de soldats, passives, résignées enfin à la discipline de l’éternel labeur et du désespoir. […] Le jugement dernier, à supposer que l’Éternel y fasse une place à l’interrogatoire des témoins, sera un tissu d’iniquités.