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419. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Passé ces glorieuses époques qu’enfante un concours de circonstances, ménagées souvent durant des siècles, l’intérêt général et social se dissémine, se retire de plus en plus des œuvres distinguées de poésie, que multiplient pourtant l’éducation, l’exemple, le caprice des imaginations précoces et surexcitées. […] M. de Vigny n’a pas été seulement, dans Stello et dans Chatterton, le plus fin, le plus délié, le plus émouvant monographe et peintre de cette incurable maladie de l’artiste aux époques comme la nôtre, il a été et il est poëte. […] A cette époque il se maria, et désespérant de voir une guerre, n’ayant pu même assister à l’expédition d’Espagne que du haut des Pyrénées qu’il ne franchit pas, capitaine d’infanterie, comme Vauvenargues, et aussi étranger que lui à toute faveur, il se retira du service actif ; un an après, il donnait définitivement sa démission. […] Le poëte des époques encombrées, tel que nous l’avons décrit en commençant, n’a jamais eu plus pathétique avocat, apologiste plus fervent et mieux engagé dans la cause29. […] J’aime la grandeur de votre tableau d’un autre Britannicus et d’une autre Athalie : cependant, c’est avoir eu du génie que les avoir faits à cette époque tels qu’ils sont : Shakspeare seul aurait pu les faire tout à coup tels que vous les esquissez, et si Athalie ne fut pas comprise alors, que fût-il arrivé à une poésie plus grande ? 

420. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

A cette époque de renaissance pour la société et pour les lettres, l’ordre des études et des âges n’était pas très-bien observé ; il y avait dans tous les genres une émancipation rapide, une confusion assez aimable et non sans profit pour les essors généreux. […] Déjà, sous la fin du Directoire, on avait vu la littérature d’alors, celle qui datait de l’an iii, en train de se modifier par Lemercier, par Benjamin Constant, par Mme de Staël, qui y appartenait à cette époque. […] Eh bien, lui, ayant déjà assez avant l’empreinte de l’époque antérieure, il ne s’y est pas immobilisé ; mais, prenant la chose dramatique au point juste où elle était, il l’a poussée du premier jour à l’innovation dans une mesure habile, heureuse, applaudie. […] Lebrun, dans Marie Stuart, satisfaisait les novateurs judicieux par des qualités de langage qu’à cette époque le style élégant de M. […] Alfieri a fait une Marie Stuart, mais qui n’est pas de l’époque de l’échafaud. — Un anonyme, stimulé par le succès de M.

421. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

Quatre époques importantes font la manière et le sujet des quatre volumes que l’on publie, et dans lesquels tous les genres de poésie sont représentés, excepté la poésie dramatique. […] Chaque esprit a, pour ainsi dire, son climat natal ; le mien était plutôt celui des époques civilisées, cultivées, dans le sens classique et de la Renaissance. […] Combien de fois en France la plus grande poésie, à une époque donnée, a-t-elle ainsi passé avec armes et bagages, et à la rime près, du côté de la prose ! […] Grâce à ces qualités complexes et naturelles, Régnier nous représente l’un des moments, une époque de notre poésie. […] Mais quand il n’est pas soutenu par ce jet immédiat, dès qu’il compose, il faiblit ; le style fait défaut ; dans l’épopée et dans la tragédie, il s’est contenté de ce qui suffisait à son temps, c’est-à-dire à la moins poétique des époques.

422. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Un des meilleurs artistes en vers de notre époque, M.  […] A l’époque même où il acceptait le suffrage universel, M.  […] Vers la même époque, Pise était atteinte dans la source même de la vie, par la capture de seize mille de ses jeunes gens. […] Il était cet écho, quand, ensuite, il célébrait Napoléon, à l’époque du renouveau de ferveur bonapartiste qui suivit 1830. […] La plupart des poètes ressemblent à ces oiseaux qui ne chantent qu’à l’époque de l’amour.

423. (1886) Le roman russe pp. -351

Il en aura été ainsi pour notre époque. […] Le nom de Derjavine domine cette époque et éclipse tous les autres. […] Épreuve inévitable, qui attend tout écrivain aux époques de transition, — autant dire à toutes les époques, — sous la forme d’un cruel sacrifice. […] Ainsi de la nation ; pour qui n’eût vu que la surface, —  et qui voyait autre chose en Russie à cette époque ? […] Tourguénef en saisit plusieurs ; parcourons rapidement la galerie, en feuilletant les romans écrits à cette époque.

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