La fille de Caton, qui jusqu’alors avait réprimé les expressions de sa douleur, en voyant ce tableau, ne put contenir l’excès de son émotion. […] Le stoïcien Brutus, dont la farouche vertu n’avait rien épargné, laissant voir un sentiment si tendre dans ces moments qui précèdent et ses derniers efforts et ses derniers jours, surprend le cœur par une émotion inattendue ; l’action terrible et la funeste destinée de ce dernier des Romains, entourent son image d’idées sombres qui jettent sur Porcie l’intérêt le plus douloureux24. […] La folie causée par le malheur, ce cruel tableau de la nature physique, troublée par les souffrances de l’âme, ce puissant moyen d’émotion, dont Shakespeare a tiré le premier des scènes si déchirantes, les Romains n’y auraient vu que la dégradation de l’homme.
Vous avez connu les troubles de la sensualité la plus curieuse et la plus savante — et les émotions de la sympathie la plus pure et de la plus chaste pitié… Ainsi vous goûtez dans ces livres le charme limpide des poèmes ingénus et le charme pervers des extrêmes recherches de l’esthétique contemporaine ce qui est au commencement des littératures et ce qui est à la fin. […] Et je n’ai rien à dire de ces deux récits sinon que le pittoresque en est merveilleux, l’émotion pénétrante et la simplicité absolue. […] je suis si peu un critique que, lorsqu’un écrivain me prend, je suis vraiment à lui tout entier ; et, comme un autre me prendra peut-être tout autant, et au point d’effacer presque en moi les impressions antérieures, comme d’ailleurs ces diverses impressions ne sont jamais de même sorte, je ne saurais les comparer ni assurer que celle-ci est supérieure à celle-là « Mais nous ne tenons point à connaître les émotions que vous donnent les livres ; c’est sur leur valeur que nous désirons être édifiés. » Peut-être ; mais la plus belle fille du monde… Et d’ailleurs, je suis ici d’autant plus incapable de m’élever au-dessus du sentir, que Pierre Loti est, je pense, la plus délicate machine à sensations que j’aie jamais rencontrée.
Dans son Histoire de la Restauration, M. de Lamartine revient aux premières scènes de sa jeunesse, et, bien qu’il y revienne avec un complet dégagement de vues, il saura en ressaisir suffisamment les émotions et le ton : il les embellira même peut-être ; mais, qu’il se montre plus ou moins indulgent ou sévère, il ne saurait ici être dangereux. […] Lainé, soulevé de son siège de président par l’émotion de l’honnête homme, parut à la tribune… » D’autres fois pourtant, l’éloquent historien de seconde main est moins heureux, et, voulant citer d’après M. […] Ici, en épanchant les trésors de sa palette sur ces premières scènes de la Restauration, il est sans inconvénient et dans l’ordre des émotions permises.
La lecture est pour lui un plaisir passif, pour mieux parler un plaisir uni, sans accidents, sans montées et sans descentes, sans grandes émotions, sans transports d’admiration et sans irritations vives, sans émotions, pour tout dire d’un mot. […] Celui-ci atteint les points culminants de sa faculté d’émotion en recevant ; celui-là, en donnant ; en sorte qu’un antagonisme entre ces deux prédispositions est non seulement naturel, mais encore désirable.
Étant donnés le climat, les aliments, le type héréditaire, l’espèce de gouvernement et de religion, l’aspect du sol et du ciel, on sait que cet amas de causes produit des gens d’imagination, ayant le don d’inventer et de contempler avec émotion de beaux systèmes de formes, de sons ou de couleurs. […] La férocité des visages, l’abus de la laideur méchante et vulgaire, la violente et universelle horreur pour le bonheur et la beauté, l’intensité de l’émotion, la lugubre rêverie, l’invention fantastique d’apparitions et de monstres, le déchaînement des fantômes de l’Apocalypse et du moyen âge à travers un cerveau malade ; par-dessus tout une précision de traits, une vigueur de dessin, une surabondance de détails, un fini qui accable ; le génie consciencieux, spiritualiste, visionnaire et mélancolique d’un Allemand de la Renaissance : voilà une partie du groupe moral qui entoure le fait physique et le produit. […] Dorénavant, quand il en rencontre une, il éprouve et aperçoit l’émotion qu’elle signifie, comme le chimiste connaît, par les différentes teintes de son papier de tournesol, qu’une dissolution est neutre, alcaline ou acide.