Non contens de me reprocher des fautes d’écrivain, ils ont encore voulu sonder mon coeur ; et ils ont cherché à me convaincre d’une présomption que je trouverois plus ridicule qu’ils ne s’efforcent de la rendre odieuse. […] Ces écrivains, tout excellents qu’ils sont, n’auroient pû nous éclairer sur leurs propres beautez, ils sentoient et ne raisonnoient gueres : mais d’où vient le silence de ceux qui l’auroient pû ? […] Celles qui sont échapées le plus souvent aux bons écrivains ont bien-tôt passé en privileges pour leurs ucceseurs, d’abord sous le nom de licence, et ensuite comme élegance même. […] Les autres partent d’écrivains plus instruits et plus ingénieux, mais qui malheureusement n’ont pas pour objet la raison ni la vérité. […] Et puisqu’il y a des écrivains qui, aux vers près, peuvent leur en procurer le plaisir, ne voilà-t’il pas des auteurs et des lecteurs faits les uns pour les autres ?
Nous n’avons jamais dit que le fils d’un écrivain, d’un poète célèbre, s’il a lui-même du mérite et du talent, ne pût légitimement hériter et profiler de la part d’honneur et de faveur acquise par un illustre père ; et il est surtout très bien à lui de soutenir le nom en sachant varier le mérite.
Du reste, nul effet d’érotisme ou de névromanie dans tout cela ; mais l’effusion bien franche d’un écrivain dont la santé physique exubère et qui, à chacune de ses pages, découvre son tempérament.
Pour moi, je ne vois aucun des écrivains nouveaux qui ait ainsi exprimé l’ennui de vivre.
Ménage sur-tout fut offensé de la liberté, ou, pour mieux dire, de la justice avec laquelle il s’étoit expliqué à son sujet ; mais les Lecteurs furent du parti de Baillet, & seront toujours de celui de quiconque, sans humeur & sans partialité, fera connoître les défauts de chaque Ecrivain, sans lui rien dérober de la gloire qu’il mérite pour ce qu’il a composé de bon.