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2115. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Ses aventures, en traversant les Alpes de Padoue à Lyon, sont écrites à la façon de Gil Blas. […] Il l’écrivit aussitôt au duc, qui était à Pise, et il en mit dans sa lettre plus encore qu’on ne lui en avait raconté. […] Lui et la duchesse me firent l’accueil le plus gracieux ; et, quoique le majordome lui eût écrit tout ce qui s’était passé, ils en voulurent apprendre tous les détails de ma propre bouche. […] Il m’écrivit là-dessus une lettre que le duc souscrivit. […] Semblable à ces grands musiciens qui écrivent en notes leurs plus magnifiques accents funèbres pour être chantés à leur propre convoi, il dormit sous le marbre qu’il s’était lui-même préparé.

2116. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Des maîtres dans l’art d’écrire, nous passons aux badigeonneurs du carrefour ! […] — Et le voilà, appartenant à qui veut l’écrire, ce livre de morale, d’histoire, et de philosophie où se doit rencontrer, à la longue, le poème universel du genre humain ! […] Il faut vivre avant tout ; en vivant on se complète, en vivant on se démontre soi-même à soi-même ; en vivant, on apprend à vivre d’abord, à écrire ensuite ; en vivant on devient S.  […] J’étais d’avis que l’on écrivît cette parole de Roscius sur la tombe de mademoiselle Mars. […] Avec beaucoup moins d’années que cela, le joyeux Picard a écrit une comédie intitulée : L’Acte de naissance.

2117. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

On dirait que c’est pour lui qu’il écrit plus que pour le public. […] Racine, dit-on, voulait écrire une Alceste. […] Ce cahier irremplaçable, écrit de la main de Théa, Tesman l’a ramassé dans la rue. […] Il l’aime, « comme nous aimons, nous autres artistes » (j’ai envie d’écrire « artisses » ). […] — Je n’avais pas de quoi manger. — Il fallait m’écrire. — Je vous ai écrit ; vous m’avez répondu : « Je la connais, celle-là. » François n’y tient plus ; le cœur du père se fond tout à coup dans la poitrine du manufacturier.

2118. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

Il avait déjà écrit quelques contes ou nouvelles (Contes d’un Planteur de choux) ; il s’était essayé dans la presse de province, et il aspirait à faire des articles critiques plus en vue. […] Mignet sur Charles-Quint, il dira : « Si l’on me demandait quel est, parmi les ouvrages de l’esprit, celui que je préfère à tous les autres, je répondrais hardiment : Un bon livre écrit en l’honneur d’un grand roi . » Singulière préférence à ériger ainsi en article de foi littéraire ! […] C’est une remarque que d’autres que moi ont faite depuis longtemps : comment se peut-il que ces gens du monde qui se piquent des politesses, ces gentilshommes qui se flattent de sortir de bon lieu, dès qu’ils se mettent à écrire et qu’ils font de la critique ou de la politique, enveniment si aisément leur plume et en viennent, dès les premiers mots, à dire des choses auxquelles les écrivains bourgeois ne descendent qu’à la dernière extrémité ? […] Si j’imitais pourtant M. de Pontmartin, qui tranche dans le vif quand il s’agit de nos admirations et de nos amours, je dirais hardiment qu’il a, en littérature, des opinions de position encore plus que de conviction : quand il écrit à la Revue des Deux Mondes, par exemple, ce n’est plus le même homme que quand il écrit dans l’Union ou dans le Correspondant.

2119. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

Il y a une ou plusieurs épigraphes à chaque pièce : en lisant les poëtes dont les écrits ont eu la vogue dans ces dernières années, Mme Valmore s’en est affectée et teinte peut-être à son insu ; la blonde et grise fauvette a été prise au miroir, et les fleurs du nid, comme elle le dit quelque part, ont lustré son plumage ardé par le soleil. […] En réalité, je n’ai jamais pu me repentir de ce mot, dit une fois pour toutes, sur cet auteur qui n’avait que des boutades sans talent, sans style, et qui était surtout poëte par la vanité. — Mais il a eu du piquant dans ses Fables, dira-t-on. — Oui, peut-être, comme le chardon a des piquants. — Si j’avais à écrire un article sur lui, je ne pourrais m’empêcher de le commencer en ces termes : « Il faut avoir quelque esprit pour être parfaitement sot : Töpffer l’a dit et Viennet l’a prouvé. » Vers la fin sa vie, il me disait en me parlant des poëtes : « Je n’en reconnais que huit avant moi. — Et lesquels ?  […] Tel maréchal-académicien lui écrivait le lendemain de la séance : « Mon cher Viennet, j’ai hier usé mes deux mains à vous applaudir. » A la bonne heure ! […] « Je fus forcée de les écrire pour me délivrer de ce frappement fiévreux, et l’on me dit que c’était une élégie (le Pressentiment). […] Alibert, qui soignait ma santé devenue fort frêle, me conseilla d’écrire, comme un moyen de guérison, n’en connaissant pas d’autre. — J’ai essayé sans avoir rien lu ni rien appris, ce qui me causait une fatigue pénible pour trouver des mots à mes pensées. — Voilà sans doute la cause de l’embarras et de l’obscurité qu’on me reproche, mais que je ne pourrais pas corriger moi-même.

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