En 1770, Rastel, protestant, ayant ouvert une école publique à Saint-Affrique, est poursuivi à la demande de l’évêque et des agents du clergé ; on ferme son école et on le met en prison. — Quand un corps a gardé dans sa main les cordons de sa bourse, il obtient bien des complaisances ; elles sont l’équivalent de l’argent qu’il accorde. […] Même en 1789, le clergé dans ses cahiers, tout en consentant à tolérer les non-catholiques, trouve l’édit de 1788 trop libéral ; il veut qu’on les exclue des charges de judicature, qu’on ne leur accorde jamais l’exercice public de leur culte, et qu’on interdise les mariages mixtes ; bien plus, il demande la censure préalable de tous les ouvrages de librairie, un comité ecclésiastique pour les dénoncer, et des peines infamantes contre les auteurs de livres irreligieux ; enfin, il réclame pour lui-même la direction des écoles publiques et la surveillance des écoles privées Rien d’étrange dans cette intolérance et dans cet égoïsme. […] De plus, autour de lui, nombre de gens experts, vieux conseillers de famille, rompus aux affaires et dévoués au domaine, bonnes têtes et barbes grises, lui font respectueusement des remontrances quand il dépense trop ; souvent ils l’engagent dans des œuvres utiles, routes, canaux, hôtels d’invalides, écoles militaires, instituts de science, ateliers de charité, limitation de la mainmorte, tolérance des hérétiques, recul des vœux monastiques jusqu’à vingt et un ans, assemblées provinciales, et autres établissements ou réformes par lesquels un domaine féodal se transforme en un domaine moderne.
» …… Byron dans tous ses ouvrages et dans toute sa vie, Goethe dans Werther et Faust, Schiller dans les drames de sa jeunesse et dans ses poésies, Chateaubriand dans René, Benjamin Constant dans Adolphe, Senancourc dans Oberman d, Sainte-Beuve dans Joseph Delorme, une innombrable foule d’écrivains anglais et allemands, et toute cette littérature de verve délirante, d’audacieuse impiété et d’affreux désespoir, qui remplit aujourd’hui nos romans, nos drames et tous nos livres, voilà l’école ou plutôt la famille de poètes que nous appelons Byronienne : poésie inspirée par le sentiment vif et profond de la réalité actuelle, c’est-à-dire de l’état d’anarchie, de doute et de désordre où l’esprit humain est aujourd’hui plongé par suite de la destruction de l’ancien ordre social et religieux (l’ordre théologique-féodal), et de la proclamation de principes nouveaux qui doivent engendrer une société nouvelle. En face de cette école, fille directe de la philosophie du Dix-Huitième Siècle, est venue se placer une autre famille poétique. dont Lamartine et Hugo sont les représentants et les chefs en France ; école qui, au fond, est aussi sceptique, aussi incrédule, aussi dépourvue de religion que l’école Byronienne, mais qui, adoptant le monde du passé, ciel, terre et enfer, comme un datum, une convention, un axiome poétique, a pu paraître aussi religieuse que la poésie de Byron paraissait impie, s’est faite ange par opposition à l’autre qu’elle a traitée de démon, et cependant a fait route de conserve avec elle pendant plus de quinze ans, à tel point que l’on a vu les mêmes poètes passer alternativement de l’une à l’autre, sans même se rendre compte de leurs variations, tantôt incrédules et sataniques comme Byron, tantôt chrétiens résignés comme l’auteur de l’Imitation. » Quand nous écrivions cela, une femme de génie n’avait pas encore ajouté toute une galerie nouvelle à la galerie de Byron. […] Mécontent du présent et ne pouvant se reposer dans aucune croyance, Goethe se retourne d’abord vers le passé, et il ébauche un modèle de ces créations gothiques que Walter Scott et son école reprendront longtemps après et traiteront avec tant de calme et de froide patience.
La floraison qu’elle fournit, en dépit de tout, depuis le début de la période mistralienne, permet de pressentir, peut-être, l’intérêt qu’il y aurait, au nom de l’intelligence, à servir cette langue chez elle, à l’exalter justement, à la sauver, au lieu de la laisser qualifier officiellement de « patois », de l’opprimer, de l’humilier sous les règlements primaires et, sous prétexte d’unité française, de la traiter dans ses écoles populaires (alors qu’on lui ouvre timidement par ailleurs les portes de l’enseignement secondaire), à peu près comme les Boches, naguère, dans les écoles de Pologne, traitaient précisément le polonais. […] L’avenir maintiendra-t-il la renommée de Verlaine, de Rimbaud, de Mallarmé, de Baudelaire même ; ou ceux-ci seront-ils aussi effacés que Mellin de Saint-Gelais, qui faillit entraver la gloire naissante de Ronsard, que Maurice Scève, chef de l’École lyonnaise, où brillèrent Héroet et Louise Labé, que du Bartas, qui se vit mettre au-dessus du grand Vendômois, ou que Gilles Durant de La Bergerie, délicieux traducteur de la Pancharis, et collaborateur de la Ménippée ? […] Car elles sont plus sensuelles que sensibles, selon la signification que le romantisme a prêtée à ce terme, et ce serait peut-être pourquoi Maurras, par exemple, a été aussi sévère pour cette école, ou plutôt, pratiquement, pour ses aboutissements contemporains. […] Et toutes nos académies et toutes nos écoles ne feront jamais chanter l’olivier des Alpilles ou les roseaux de la Durance autrement qu’en provençal.
Ce fut une école de mœurs presque autant qu’une école de langage. […] Témoin Rabelais, à la tête duquel il en monte des fumées témoin la puérile adoration des formes de la poésie antique, dans Ronsard et son école. […] La Fantaisie, beau mot grec francisé par l’école de Ronsard, caractérise le tour d’esprit imité des Grecs ; Montaigne et l’école qui s’inspire du tour d’esprit latin le remplacent par la Raison, la sagesse, le sapere d’Horace140, l’unique secret de l’art d’écrire, lequel ne fait qu’un avec l’art de conduire sa vie.
» jette Hébrard, — et comme on cherche à voir dans le blanc de ses yeux, s’il est sérieux ou s’il blague, — le directeur du Temps improvise une théorie, éloquemment paradoxale, dans laquelle il proclame que le café, est une sorte d’école normale d’humanité très parfaite, où l’on arrive de suite au ferraillement et au corps à corps, sans les salamalecs et les exordes de la porte. […] Il se rappelle aussi quand tout petit, il allait à une école de petites filles, où il était le seul garçon. […] Puis le piocheur qu’il était devenu, se préparait à l’École normale, quand quelqu’un le menait aux Italiens : soirée, depuis laquelle Virgile, l’École normale, tout était à vau-l’eau : il était enveloppé de musique et ne pensait qu’à cela. « Et voyez la providence des apparents malheurs de la vie, ajoutait Lavoix, si je n’avais pas échoué à l’École normale, M.