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743. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iii »

Mais je vais à l’âme du pauvre homme moyen. […] Ô mon Dieu, recevez mon âme. […] Mon âme est prête à l’accueillir, elle sera ma délivrance… Si je sors de la guerre, avec quelle ardeur je me livrerai à l’apostolat des âmes…. […] On connaît les prières de la recommandation de l’âme. […] Elle convie en des appels enthousiastes tout le ciel à venir faire cortège à l’âme qui va monter.

744. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre X : M. Jouffroy psychologue »

Si la philosophie de l’âme est antique en Angleterre, si la littérature y a choisi pour objet l’histoire du cœur, la cause en est dans le caractère réfléchi et concentré de la nation. […] Il y a donc dans la science de l’âme un objet et un instrument comme dans la science des corps. […] La science de l’âme, comme la science des corps, est donc capable de progrès. […] » Autant vaudrait dire, avec les écrivains lyriques, que l’âme monte aux deux, chevauche les nuages, pénètre au sein des rochers, se fond dans la nature. […] — Nous pensons exactement le contraire, et nous ne croyons pas que l’âme soit distincte des idées, sensations et résolutions que nous remarquons en nous.

745. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baudelaire, Charles (1821-1867) »

Ton regard clair toucha leurs pauvres yeux fermés Et rénova leur âme en ces closes ténèbres. […] L’âme du vieux […] Dors, oublieux : l’Éternité n’est pas assez Pour reposer ton cœur et ton âme lassés De ce chemin de croix que tu semas de ronces. […] Dirai-je le haut silence de tes méditations, Les soleils de septembre réchauffant ta pauvre âme, La merveille des parfums emplissant ta narine Et de vagues musiques gonflant ta poitrine Comme le vent les plis glorieux des oriflammes ? Célébrerai-je en des cadences indécises, En des strophes flottantes, en des rythmes berceurs, Ta grande âme, ô Poète !

746. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Évolution de la critique »

Elle suppose chez celui qui l’exerce, de la lecture, de la mémoire, un esprit ouvert aux impressions artistiques, des penchants décidés mais ordinaires, une certaine modération d’âme qui rend ses appréciations conformes à celles du public et qui fait qu’il les adopte. […] Taine explique que sa méthode est une sorte de dialectique qui consiste à remonter de l’œuvre littéraire à l’homme physique qui l’a produite, de cet homme physique à l’homme intérieur, à son âme ; puis aux causes même de cette constitution psychologique. […] Après avoir paraphrasé ses beautés, retracé sans appréciation et sans restriction le plaisir ou l’émotion qu’elle peut procurer, il l’envisage comme un moyen de connaître l’âme de son auteur, puis l’âme de ceux dont cet homme a été le contemporain et le compatriote. Il déduit d’une littérature quelque chose de plus profond même que l’histoire, la connaissance des états d’âmes intimes et successifs de tout un peuple : c’est par là que son œuvre inaugure et fait date. […] Elle n’a pas pour objet d’envisager l’œuvre d’art dans son essence, son but, son évolution, en elle-même ; mais uniquement au point de vue des relations qui unissent ses particularités à certaines particularités psychologiques et sociales, comme révélatrice de certaines âmes ; l’esthopsychologie est la science de l’œuvre d’art en tant que signe.

747. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Indiana (1832) »

»  Indiana n’est pas un chef-d’œuvre ; il y a dans le livre un endroit, après la mort de Noun, après la découverte fatale qui traverse l’âme d’Indiana, après cette matinée de délire où elle arrive jusque dans la chambre de Raymon qui la repousse, — il y a là un point, une ligne de démarcation où la partie vraie, sentie, observée, du roman se termine ; le reste, qui semble d’invention presque pure, renferme encore de beaux développements, de grandes et poétiques scènes ; mais la fantaisie s’efforce de continuer la réalité, l’imagination s’est chargée de couronner l’aventure. […] Indiana est une créole de l’île Bourbon, une créole triste et pâle, qui a du sang espagnol dans les veines ; une Indienne malade du mal d’Europe, menue, frêle et fluette (gracilis) ; âme souffrante, étiolée, avide d’un amour qu’elle attend et qu’elle n’espère plus ; organisation débile, défaillante par elle-même, peu sensuelle, tout éthérée, toute soumise à l’âme, et capable, quand il le faudra, des plus robustes épreuves. […] Nous consentirions volontiers à cette créature refoulée, contrainte, silencieuse, qui cache les débris d’une âme trop sensible sous un vermillon de santé bienheureuse, la délicatesse des sentiments sous une gaucherie épaisse ; qui a tout fait pour s’égoïser et qui ne l’a pu qu’en apparence ; qui épie, devine, sait tout et n’en laisse rien voir, mais veille à chaque minute sur l’objet de son dévouement avec l’instinct d’un animal domestique. […] La vanité, le caprice, les sens, le besoin de succès et de plaisir à tout prix, deviennent en ces sortes d’âmes des passions moins nobles, mais non moins acharnées, qui gravent aussi leurs rides au front et en arrachent les cheveux.

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