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279. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

Ma fille doit être pour moi ce qu’une dame de la cour est pour un ministre d’État, la clef de toute la bande808. » Quant à M.  […] Si Berkeley en rencontre une, la suppression de la matière, c’est isolément, sans portée publique, par un coup d’État théologique, en homme pieux qui veut ruiner par la base l’immoralité et le matérialisme. […] L’acharnement des partis dans l’État comme dans la foi est une preuve de zèle ; la tranquillité constante n’est que l’indifférence générale, et s’ils se battent aux élections, c’est qu’ils prennent intérêt aux élections. […] L’Église et l’État sont dans nos esprits deux idées inséparables. » Nous asseyons notre établissement sur le sentiment du droit, et le sentiment du droit sur le respect de Dieu. […] Nous estimons que si un réformateur « porte la main sur les fautes de l’État, ce doit être comme sur les blessures d’un père, avec une vénération pieuse et une sollicitude tremblante… Par votre facilité désordonnée à changer l’État aussi souvent, aussi profondément, en autant de manières qu’il y a de caprices et de modes flottantes, la continuité et la chaîne entière de la communauté seront rompues.

280. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

On le revêtit d’un vêtement composé de plusieurs pièces, pour signifier les diverses fonctions ou magistratures qu’il avait exercées, comme poète, comme philosophe, comme historien, comme homme d’État. […] Voyons maintenant comment cette littérature morale et politique, résumée dans Confucius, a constitué le gouvernement, les lois et les mœurs de l’Asie, après sa mort, et quels sont les fruits que la raison d’un seul homme d’État a produits sur la civilisation de quelques milliards d’hommes, ses semblables. […] Le Chou-king a persuadé à la Chine, il y a plus de trente-cinq siècles, que l’agriculture est la source la plus pure, la plus abondante et la plus intarissable de la richesse et de la splendeur de l’État. […] Son crime est des plus énormes et d’une conséquence extrême dans un État. […] Les trente-deux livres suivants sont comme le tableau et le précis philosophique des lois fondamentales de l’État, des principes invariables du gouvernement et des règles générales de l’administration et de la justice.

281. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

Ainsi son objet ne pouvait être de ramener les peuples nombreux, ni les grands États, à leur première simplicité, mais seulement d’arrêter, s’il était possible, le progrès de ceux dont la petitesse et la situation les ont préservés d’une marche aussi rapide vers la perfection de la société, et vers la détérioration de l’espèce. […] Mais, toujours Genevois dans l’âme, il gardera de son origine une indéracinable sympathie pour les petits États, où la vie nationale se réduit aux proportions de la vie municipale. […] La dissolution des groupes naturels ou artificiels qui, contenant l’individu et se contenant les uns les autres, sont enfin contenus dans l’État, est le triomphe de l’individualisme, et du même coup, replaçant l’individu dans la situation hypothétique d’où sort le Contrat social, ne lui laisse d’autre ressource que le despotisme de tous sur chacun, le socialisme d’État. […] Car, en premier lieu, le don absolu que les citoyens font d’eux-mêmes à l’État semble être incompatible avec la forte constitution de la vie morale intérieure ; jamais la conscience de Wolmar ou de Julie ne saura donner à la volonté générale, à la loi, un droit absolu de lui prescrire et de la régler : les dogmes de la religion civile ou l’oppriment, s’ils parlent autrement qu’elle, ou n’existent pas, s’ils parlent comme elle. En second lieu, la famille restaurée sur la vérité par les belles âmes de Julie et de Wolmar l’orme un groupe qui s’interpose entre l’État et l’individu, et la doctrine du Contrat ne subsiste plus dans sa pureté.

282. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Il ne cédait pas à une tempête de sédition ; il restait lui-même, et ce que la constitution de l’État l’obligeait d’être, car la loi salique n’était plus qu’un vieux texte invoqué par le pédantisme des Parlements. […] Lorsqu’on arrivera aux détails personnels de l’histoire, Charles IX, Catherine de Médicis et le cardinal de Lorraine prendront chacun leur part dans ce conseil suprême qui précéda une exécution impossible à empêcher, et dont la Haine a fait plus tard un guet-apens ; mais les hommes qui ont le sentiment des nécessités politiques ne s’abaisseront jamais à reprocher à ces trois têtes, jusqu’à présent maudites, d’avoir voulu transformer un coup de peuple en coup d’État. […] Seulement il aurait fallu que la pensée de l’homme d’État dominât la pensée de l’artiste, et c’est au contraire la pensée de l’artiste qui domine, dans Audin, celle de l’homme d’État. […] Elle ressemble à son cœur, qu’il ne portait pas dans la tête, où les hommes d’État, a dit l’un d’eux, doivent mettre leur cœur. […] À l’époque de Luther, Rome ne commit-elle pas en cœur humain et en pratique politique la même faute qu’en France les États généraux et la Constituante ont recommencée sur un autre terrain, quand elle se prêta, pour avoir la paix, à des concessions, non sur le dogme, mais sur quelques points de discipline ecclésiastique ?

283. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

L’imitation de l’Angleterre a mal servi nos hommes d’État. […] Une des gravures du premier volume nous montre le vieil homme d’État à Friedrichsruhe à la date du 28 juin 1897. […] Beyens nous raconte ses visites aux princes des divers États ainsi fédérés permettent de le croire. […] Les hommes d’État les mieux renseignés n’ont aucune idée exacte sur la valeur des forces en présence. […] Quand il s’écroula, naquit la France, et avec elle l’idée du Royaume, d’un État modéré, — insistons sur ce mot, — se suffisant dans ses frontières, respectueux des États limitrophes et ne permettant pas dans notre continent la formation d’un État tentaculaire, qui recommencerait à son profit et par l’oppression des plus faibles, cet imperium Romanum dont la dure création put être bienfaisante dans le chaos des antiques barbaries.

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