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152. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre V : M. Cousin historien et biographe »

C’était la mendicité à main armée, la guerre entreprise contre l’intérêt public, le vol pratiqué contre l’État par les défenseurs naturels de l’État. […] il n’y a pas de quoi fouetter un laquais. » « L’État, c’est moi », dit plus tard Louis XIV. « L’État, c’est nous », pensait la noblesse. […] Aucune classe aujourd’hui ne regarde l’État comme son domaine propre ; c’est une gloire pour la raison et c’est un progrès de la justice de l’avoir restitué à son légitime propriétaire, à la nation.

153. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LVI » pp. 215-217

Ces hautes puissances se comportent comme de gros États en guerre : ce qui est le plus à désirer pour les faibles, c’est qu’aucune décidément ne l’emporte ! […] L'amendement du 1er article, qui enlève la rédaction du programme du baccalauréat à la seule Université et y joint le contrôle du Conseil d’État, a passé (hier 4) à la Chambre des pairs.

154. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

D’autre part, en France, sous les derniers Valois, la décadence était complète ; les vices avaient gangrené le chef, et tous les membres de l’État se ressentaient d’une corruption honteuse et si profondes. […] Poirson distingue de la ligue espagnole, et dont Villeroy était le principal représentant et l’homme d’État, se montrait assez disposée à s’accommoder de Henri IV s’il abjurait. […] Mais en toutes les autres choses, aux affaires de la justice, aux affaires des finances, aux négociations étrangères, aux dépêches, à la police de l’État, reconnaissant bien que ce n’est pas là où en ce temps il s’applique tout, il croit entièrement ceux des siens qu’il voit s’y être occupés et y avoir bien pensé… Henri IV ne sera pas toujours ainsi ; mais à cette heure il laisse encore beaucoup faire et s’en remet de bien des choses d’État à ses serviteurs, notamment à du Plessis ; il est capitaine avant tout et ne se pique d’honneur que dans cette partie. […] Noblesse généreuse et brave, bien française, et qui a su accepter depuis et pratiquer l’égalité sur tous les champs de bataille ; mais si quelques descendants de cet ordre, qui était le préféré du prince dans l’État, pouvaient, dans des considérations rétrospectives, regretter la forme intérieure de monarchie qui parut possible un moment sous Henri IV, ils ne feraient qu’obéir à des instincts ou à des intérêts particuliers de race : les fils du peuple, les enfants du tiers état, arrivés à la vraie égalité, et qui n’ont pas perdu pour attendre, n’ont rien à y voir ; ce sont vœux et utopies en arrière38. […] [1re éd.] et tous les membres de l’État se ressentaient d’une corruption si honteuse et si profonde.

155. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

Le baron de Monnier, attaché au duc de Bassano dans ses divers ministères et son chef de cabinet à la secrétairerie d’État, puis au département des relations extérieures, chargé de l’administration civile de la Lituanie à Wilna en 1812, était bien celui qui avait mérité l’entière confiance du général, et qui lui transmettait des indications si justes sur l’intérieur de l’état-major impérial et sur les dispositions même de l’Empereur à son égard. […] Les États modernes sont assez enclins d’eux-mêmes à graviter vers la centralisation, sans qu’on les y pousse. […] Selon l’opinion de Jomini, quoique Napoléon, à partir de 1806, eût commis de grandes fautes militaires, « sa chute néanmoins avait été plutôt le résultat de ses fautes politiques et de ses erreurs comme homme d’État. » En passant condamnation sur le cadre, disons vite que dans un genre faux Jomini a montré un talent véritable, même parfois un talent d’écrivain. […] C’est ainsi que dans son pays natal, où Jomini était loin d’avoir toujours été prophète, le conseil d’État du canton de Vaud décida à son tour que le portrait de son illustre concitoyen serait placé au musée de Lausanne ; et ce portrait s’y voit aujourd’hui, de la main de l’excellent et généreux peintre Gleyre. […] Ce fut dans ce but qu’il rédigea son Tableau analytique des principales Combinaisons de la Guerre et de leurs rapports avec la Politique des États, qui est devenu dans les éditions suivantes le Précis de l’Art de la Guerre (2 vol.), un résumé condensé de tous les principes posés et démontrés dans ses divers ouvrages.

156. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

Il l’a comme sauvé au milieu des orages politiques de la vie active, à travers les luttes les plus vives qui aient mis un homme d’État en contradiction apparente avec son passé, tant il a laissé à tous, même à ses adversaires, le sentiment de sa droiture, de son haut désintéressement et de sa parfaite sincérité d’homme de bien ! […] En un mot, s’il n’était pas un homme d’État, j’oserais dire qu’il a en lui tout ce qu’il faut pour être, en toute matière, un excellent et consciencieux critique. […] Il entra vers 1809 comme auditeur au Conseil d’État, et bientôt, comme la plupart des jeunes auditeurs, il devint intendant et administrateur en pays conquis, en Hongrie, en Croatie, dans les Provinces illyriennes. […] Sur la question posée en ces termes : « Le maréchal a-t-il commis un attentat à la sûreté de l’État ?  […] — Le roi d’Espagne, rentrant dans ses États après cinq ans d’exil, s’empare du pouvoir absolu et soumet au joug le plus humiliant le peuple qui a délivré l’Europe ; il fait bien ; nulle voix, parmi les souverains, ne s’élève pour le contredire ; il reçoit même, de toutes parts, des félicitations et des éloges !

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