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1441. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baudelaire, Charles (1821-1867) »

Tu les ornas de ton orgueil, toi, le hanté De vice et de terreur, d’amour et de prière, Et les vêtis soudain d’une telle lumière, Qu’elles furent la Vie et ton Éternité.

1442. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

C’est la gravité solennelle d’un paysage de Poussin, avec plus de lumière.

1443. (1890) L’avenir de la science « Préface »

La lumière, la moralité et l’art seront toujours représentés dans l’humanité par un magistère, par une minorité, gardant la tradition du vrai, du bien et du beau.

1444. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Premières tentatives sur Jérusalem. »

Le peuple qui marchait dans l’ombre a vu une grande lumière ; le soleil s’est levé pour ceux qui étaient assis dans les ténèbres. » La renommée de la ville natale de Jésus était particulièrement mauvaise.

1445. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

La biographie d’un auteur éclaire d’abord d’une lumière nouvelle sa structure psychologique.

1446. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

Les choses de la matière, pour parler avec Molière, agissent souvent Sur les productions d’esprit et de lumière, et l’historien n’a pas le droit de dédaigner, comme faisaient les Femmes Savantes, la partie animale si intimement liée à la partie spirituelle.

1447. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre III : Sentiments et Volonté »

Le blanc nous plaît parce qu’il rappelle le jour et la lumière ; le noir nous déplaît parce qu’il éveille l’idée de ténèbres.

1448. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Le rapprochement encore nouveau des esprits divisés pendant quarante années par les guerres civiles, semblait solliciter l’épanchement d’affections longtemps contenues ; le progrès des richesses que les discordes intestines n’avaient point empêché10, le progrès des lumières, les changements des esprits, des imaginations, des âmes tout entières, changements inséparables de toute révolution, donnaient une vive curiosité de se considérer sous de nouveaux aspects, inspiraient le pressentiment d’un nouveau genre de communications, de nouveaux points de contact, d’un développement inconnu de cet instinct social qui semble appartenir au Français plus qu’à toute autre nation.

1449. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Tant d’éclairs m’éblouissent ; je cherche une lumière douce qui soulage mes faibles yeux.

1450. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — IV »

Afin de mettre encore en lumière le rôle prépondérant de l’utilité humaine en tant qu’elle confère la puissance aux vérités propres à constituer le réel, il convient de faire remarquer que ces vérités ne survivent pas à leur utilité.

1451. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

Lorsqu’une question qui intéresse l’Europe, c’est-à-dire l’humanité entière, est obscure, si peu de lumière qu’on ait, on doit l’apporter.

1452. (1904) La foi nouvelle du poète et sa doctrine. L’intégralisme (manifeste de la Revue bleue) pp. 83-87

L’idéal humain recule toujours, recule dans l’infini, mais dans l’infini, aujourd’hui, nous pouvons jeter beaucoup plus de lumières !

1453. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre IV. Suite du parallèle de la Bible et d’Homère. — Exemples. »

Par là nous espérons (du moins aussi loin que s’étendent nos lumières) avoir fait connaître aux lecteurs quelques-unes des innombrables beautés des livres saints : heureux si nous avons réussi à leur faire admirer cette grande et sublime pierre qui porte l’Église de Jésus-Christ !

1454. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Police générale d’une Université et police, particulière d’un collège. » pp. 521-532

Je ne demande à un maître que de bonnes mœurs qu’on exige de tout citoyen, que les lumières que l’enseignement de son école suppose, et qu’un peu de patience qu’il aura, s’il veut bien se rappeler qu’il fut autrefois ignorant.

1455. (1912) L’art de lire « Chapitre II. Les livres d’idées »

Et éclairés par quelle lumière ?

1456. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

Faisons-nous difficulté de profiter des lumières qui le soir éclairent nos rues, par haine ou par mépris de ceux qui les allument ?

1457. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IX »

C’était pourtant la meilleure façon de bien montrer que l’antithèse était le procédé instinctif de Pascal, sa méthode d’esprit, sa façon habituelle de penser. « Mais, dit-on, le vrai Pascal émet une telle lumière que l’antithèse y est noyée, invisible. » Oui et non.

1458. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Rien ne peut faire que le diamant ne contînt de la lumière avant d’entrer dans le creuset mortel ; rien ne peut faire non plus que les idées qui ont cessé d’être à notre usage n’aient longtemps éclairé le monde.

1459. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Introduction. Du bas-bleuisme contemporain »

La Métaphysique doit précéder l’Histoire, et nous devrons, avant de regarder les bas-bleus du xixe  siècle et leurs œuvres, dire à quels principes, à quelle lumière nous allumions notre flambeau.

1460. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le capitaine d’Arpentigny »

Ainsi la lumière s’accroît dans la crypte à mesure qu’une lampe de plus est allumée sous ses voûtes.

1461. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Goethe »

Enfin, elles éclairent comme d’une lumière intérieure ce type de Werther qui fut Goethe, et marquent bien l’endroit où le marbre du type expire et devient la chair même de l’auteur.

1462. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IX. L’abbé Mitraud »

Mais cet état des multitudes dans l’univers donne-t-il le droit d’affirmer à un penseur rigoureux que l’idéal social existe réellement sur la terre, en dehors de cette société, qu’on nous passe le mot : crépusculaire, créée par le christianisme entre les ténèbres de l’ancien monde et la lumière du Jour Divin ?

1463. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Le père Augustin Theiner »

Il y a plus, et, selon nous, l’histoire ne l’a pas assez signalé : s’il y avait des esprits capables de comprendre les causes politiques de la Révolution française, s’il y avait des hommes qui, par l’étendue de leurs lumières, la flexibilité pratique de leur génie et leur sentiment de la réalité politique, ressemblassent peu aux chefs aveugles et sourds d’une société mourant de corruption et de métaphysique, c’étaient assurément les hommes de la société de Jésus.

1464. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

Il est monotone parce que la masse d’images qu’il remue a été déjà remuée cent fois au xvie et au xixe  siècle, et, quoique le kaléidoscope, à force de tourner, amène parfois de nouvelles combinaisons de lumière, il n’en est pas moins vrai que ce sont les mêmes nuances et les mêmes couleurs qu’on y voit toujours.

1465. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Marie Desylles » pp. 323-339

Elles m’apprennent, en effet, le secret de la vie et du malheur de Réa Delcroix, « veuve… d’un mari vivant », dit-elle quelque part, et la minceur de l’âme, tout à la fois violente et tremblante, du très pauvre homme qu’elle a aimé, et qui, transfiguré par l’amour, est placé par elle dans une gloire de lumière, — aveuglement cruel, puisqu’elle éclaire sa médiocrité… Hélas !

1466. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

« Ce n’est que par intervalles et rarement, dit-il, que Dieu lance le tonnerre ; mais c’est tous les jours, et sur le monde entier, qu’il verse sa lumière.

1467. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre II. De la métaphysique poétique » pp. 108-124

Observent-ils les effets étonnants de l’aimant mis en contact avec le fer ; ils ne manquent pas, même dans ce siècle de lumières, de décider que l’aimant a pour le fer une sympathie mystérieuse, et ils font ainsi de toute la nature un vaste corps animé, qui a ses sentiments et ses passions.

1468. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VII. »

Cette comparaison des prospérités coupables et passagères avec les nuées dont le ciel est obscurci, cette tempête du printemps qui les dissipe, et, au prix de quelques maux, rend la sérénité au ciel et une lumière féconde à la terre ; ce sont là des images dont la plus belle invention lyrique aimerait à se parer.

1469. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

La prodigieuse variété des guerres impériales fournit des réponses à tous les problèmes ; et les paroles de l’Empereur répandent de la lumière. […] Mais voici qu’une vive lumière se jette sur ces demi-teintes, éclaire la pénombre dangereuse et dissipe les nuées troubles ; il fait jour. […] C’est la lune qui reçoit sa lumière du soleil et qui vient sur la terre la réfléchir dans un bourbier !  […] … » Oui, sur beaucoup de points, il avait apporté une lumière d’évidence, écarté des nuées épaisses de mensonge, posé de claires vérités… « N’est-ce pas ? […] Ses touches ont la teinte et la lumière.

1470. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Miss Wurton se coupe, s’embarrasse dans ses réponses… La lumière se fait dans l’esprit de Paula. […] Nous finissons par recourir aux lumières d’un marchand de vin et nous nous engageons dans une ruelle escarpée et tortueuse, sobrement éclairée. […] C’est le lion clignant ses yeux éblouis par la lumière qui sort de la robe de Daniel, — ou le monstre grommelant sous les petits pieds lumineux de sainte Marguerite… Tout à coup, il voit le portefeuille par terre. […] Il promène sous la lumière du ciel une tête de foudroyé. […] Beaucoup d’entre elles sont enserrées de costumes vaguement masculins, qui les font paraître d’autant plus crûment femmes et mettent d’autant mieux en lumière et en relief les parties excessives de leur structure.

1471. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Déterminer ce qui appartient à la lumière, c’est la tâche du goût, et Béranger a su l’accomplir. […] Le poète ne pleure pas seulement la fuite de sa jeunesse, il pleure surtout la maîtresse qu’il a perdue, qui répandait sur toute sa vie la lumière et la joie. […] La colère a déchiré le bandeau qui lui cachait la lumière. […] Isaac, malgré sa jeunesse, a trop de bon sens et de lumières pour voir dans Bonaparte l’ennemi des noirs. […] Nous sommes maintenant en pleine lumière.

1472. (1865) Introduction à l’étude de la médecine expérimentale

S’il fallait donner une comparaison qui exprimât mon sentiment sur la science de la vie, je dirais que c’est un salon superbe tout resplendissant de lumière, dans lequel on ne peut parvenir qu’en passant par une longue et affreuse cuisine. […] Mais si le sentiment doit être éclairé par les lumières de la raison, la raison à son tour doit être guidée par l’expérience. […] C’est un guide, une lumière, mais non une autorité absolue. […] Dans les végétaux, les phénomènes de la vie sont également liés pour leurs manifestations aux conditions de chaleur, d’humidité et de lumière du milieu ambiant. […] Nous ignorons l’essence du feu, de l’électricité, de la lumière, et cependant nous en réglons les phénomènes à notre profit.

1473. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

C’est l’hôte d’un monde ancien et fantastique, qui de loin en loin vient visiter notre vie lasse et désenchantée, traverse notre ombre d’un rayon de lumière et remonte au ciel avec la poésie. […] Il est vrai que l’art, répandant sa lumière sur des caractères et des situations de choix, leur communique un éclat et un relief que la réalité n’a point ; mais enfin, le pouvoir d’observer avec exactitude est devenu la faculté comique par excellence, et l’imagination n’a plus qu’un emploi subalterne. […] Par là, nous rentrons soudainement dans le passé, et nous voyons à la fois, sous la vive et piquante lumière du contraste, le grave discours d’Auguste et son burlesque travestissement.

1474. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

A-t-on jamais vu une seule nation (excepté les Abdéritains, peuple fou qui voulait rire) mettre sa jeunesse dans son sénat, demander leurs lumières à ceux qui n’ont rien appris, et leur expérience à ceux qui n’ont pas encore vécu ! […] Tu ne saurais pas aujourd’hui que les plus belles philosophies n’ont que des jours d’explosion et des années de fumée, fumée à travers laquelle on ne reconnaît plus rien que des décombres ; que les peuples, comme des banqueroutiers de la vérité, ne tiennent jamais ce qu’ils promettent ; que les princes les meilleurs ne recueillent que l’assassinat, comme Henri IV, ou le martyre, comme Louis XVI ; que les réformateurs les plus bienfaisants ont pour ennemis les utopistes les plus absurdes ; que les gouvernements héréditaires subissent les dérisions de la nature, qui ne sanctionne pas toujours l’hérédité du génie ou des vertus ; que les gouvernements parlementaires subissent la domination de l’intrigue, la fascination du talent, l’aristocratie de l’avocat, qui prête sa voix à toutes les causes pourvu que l’on applaudisse, et qui est aux assemblées ce que la caste militaire est aux despotes, pourvu qu’ils les payent en grades et en gloire ; que les gouvernements absolus font porter à tous la responsabilité des fautes d’une seule tête ; que les gouvernements à trois pouvoirs sont souvent la lutte de trois factions organisées qui consument le temps des peuples en vaines querelles, qui n’ont d’autre mérite que d’empêcher les grands maux, mais d’empêcher aussi les grandes améliorations, et qui finissent par des Gracques ou par des Césars, ces héritiers naturels des anarchies ou des servitudes ; que les républiques sont la convocation du peuple entier au jour d’écroulement de toute chose pour tout soutenir, le tocsin du salut commun dans l’incendie des révolutions qui menace de consumer l’édifice social ; mais que si ces républiques sauvent tout, elles ne fondent rien, à moins d’une lumière qui n’éclaire pas souvent le fond des masses, d’une capacité qui manque encore au peuple, et d’une vertu publique qui manque plus encore aux classes gouvernementales. […] Je me souviens des scènes, des accents, des physionomies, des gestes, qui jetaient presque tous les jours une lumière véritablement sinistre sur les fissures volcaniques de ces âmes de feu dissimulées sous des visages stoïques.

1475. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

C’est pour cela que j’appelle de mes vœux un grand penseur, ou plusieurs, qui, comme la plupart de ceux que je viens d’étudier, se posent toujours en même temps le problème moral et le problème politique et s’efforcent sans cesse d’éclaircir l’un aux lumières de l’autre. […] Les jugements de Stendhal sur les mœurs de son temps, à travers bien des contradictions dont nous ne relèverons que celles qui donnent une lumière nouvelle à connaître son tour d’esprit, dérivent presque tous des principes précédents, en même temps que de son humeur chagrine et contredisante. […] Le malheur, c’est que l’auteur a trop mis tout d’abord Fabrice en pleine lumière comme le personnage principal, et que nous avons quelque peine à ramener sur la duchesse l’intérêt que nous voudrions que Fabrice excitât et qu’il n’excite presque jamais. […] La vérité est pour moi une lumière que je crains d’éteindre en l’agitant. […] Ils évoluent sous, nos yeux ; ils se modifient ; ils prennent un trait, puis un autre, qui se corrige ou s’atténue par un troisième ; ils avancent sous nos regards ; ils sortent de l’ombre, de la pénombre, du jour encore voilé, viennent éclater en pleine lumière, puis rentrent dans une demi-obscurité, selon que tel point de leur biographie échappe encore aux recherches ; puis reparaissent en plein éclat, et enfin s’arrêtent en une certaine attitude qui est celle où, jusqu’à nouvelles découvertes, il est raisonnable de les voir et de les connaître.

1476. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Il écrit à Dennis, qui l’avait loué : « Les belles qualités que vous me prêtez ne sont pas plus à moi que la lumière de la lune ne peut être dite lui appartenir, puisqu’elle ne brille que par la clarté réfléchie de son frère755. » Il écrit à sa cousine, en manière de narration divertissante, ces détails sur une grosse femme avec qui il a voyagé : « Son poids faisait que les chevaux cheminaient très-péniblement ; mais, pour leur donner le temps de souffler, elle nous arrêtait souvent, et alléguait quelque nécessité de la nature, et nous disait que nous sommes tous chair et sang756. » Il paraît qu’alors ces jolies choses égayaient les dames. […] Les vigoureuses périodes, les antithèses réfléchies oppriment ici ces aimables fantômes ; les phrases classiques les accablent dans leurs plis trop serrés : on ne les voit plus ; pour les retrouver, on se retourne vers leur premier père ; on quitte la lumière trop crue d’un âge savant et viril ; on ne les suit bien que dans leur premier style, dans l’aurore de la pensée crédule, sous la vapeur qui joue autour de leurs formes vagues, avec toutes les rougeurs et tous les sourires du matin. […] Et comme là-haut, —  ces feux roulants ne découvrent que la voûte céleste — sans nous éclairer ici-bas ; tel le rayon vacillant de la raison — nous fut prêté, non pour assurer notre route incertaine, —  mais pour nous guider là-haut vers un jour meilleur. —  Et comme ces cierges de la nuit disparaissent — quand l’éclatant seigneur du jour gravit notre hémisphère, —  ainsi pâlit la raison quand la religion se montre ; —  ainsi la raison meurt et s’évanouit dans la lumière surnaturelle789. […] —  Ton trône est une obscurité dans l’abîme de lumière, —  un flamboiement de gloire qui interdit le regard. —  Oh !

1477. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

À côté de cette barbarie, une société charmante, pleine d’esprit, de lumières et de grâce. […] Nous consentîmes donc à servir le gouvernement de l’empereur Napoléon III dans ce qu’il avait de bon, c’est-à-dire en tant qu’il touchait aux intérêts éternels de la science, de l’éducation publique, du progrès des lumières, à ces devoirs sociaux enfin qui ne chôment jamais. […] Oves non habentes pastorem, telle était la France : un feu sans flamme ni lumière ; un cœur sans chaleur ; un peuple sans prophètes sachant dire ce qu’il sent ; une planète morte, parcourant son orbite d’un mouvement machinal. […] nous avions cru qu’en faisant balbutier quelques mots de raison à l’être informe que la lumière intérieure n’éclaire pas, nous en faisions un homme.

1478. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Lorsque au contraire c’est le savant, l’ingénieux qui vient soumettre le grossier et l’ignorant, alors l’équilibre dans le contingent que chacun apporte à la formation de la langue nouvelle, est rompu ; les lumières l’emportent sur le chiffre numérique des individus ; et ceux qui ont le plus d’idées donnent incomparablement le plus de mots. […] Où parut la première lumière de l’esprit moderne ? […] Gerbert descendit dans une avenue souterraine éclairée de mille lampes, et parcourut de vastes salles éblouissantes de lumière et remplies de statues d’or et de marbre, avec des diadèmes enrichis de diamants. […] si tu touchais d’un rayon de sa lumière les yeux d’un aveugle, il retournerait clairvoyant à sa demeure. […] Quand le jour finit, ce palais peut le remplacer, et ramener la lumière au commencement de la nuit.

1479. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Il ne les cherche pas, elles viennent d’elles-mêmes ; elles se pressent en lui, elles couvrent les raisonnements, elles offusquent de leur éclat la pure lumière de la logique. […] Auprès de ce génie, on est comme au bord d’un gouffre ; l’eau tournoyante s’y précipite, engloutissant les objets qu’elle rencontre, et ne les rend à la lumière que transformés et tordus. […] IV Sur ce fond commun se détache un peuple de figures vivantes et distinctes, éclairées d’une lumière intense, avec un relief saisissant. […] lumière d’un instant ! […] On voit passer dans une lumière vaporeuse le couple gracieux que la chanson des deux pages promène autour des blés verts, parmi les bourdonnements des insectes folâtres, au plus beau jour du printemps en fleur.

1480. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

Il expérimentait avec des plaques qu’il fallait exposer assez longtemps à la lumière. […] Il se trouve plutôt alors que l’une des séries s’affaiblit, tandis que l’autre surgit dans la lumière de la conscience sans qu’on puisse trouver un lien entre les deux. […] Surtout, l’observation de M. de Curel met en pleine lumière le rôle de la déviation. […] Mais son côté inquiétant et comme scandaleux est aussi mis par elle en pleine lumière. […] Vogel, La Photographie et la chimie de la lumière.

1481. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

Il lui semble, en un mot, voir jusque dans cette docilité son orgueil qui se transforme, s’il faut ainsi dire, en Ange de lumière, pour avoir de quoi vivre. […] On se rappelle cette paresse et cette langueur, qu’il nous peint interrompue tout d’un coup chez elle par des réveils de lumière.

1482. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Il est aussi un grand diocèse, messieurs, celui-là sans circonscription fixe, qui s’étend par toute la France, par tout le monde, qui a ses ramifications et ses enclaves jusque dans les diocèses de messeigneurs les prélats ; qui gagne et s’augmente sans cesse, insensiblement et peu à peu, plutôt encore que par violence et avec éclat ; qui comprend dans sa largeur et sa latitude des esprits émancipés à divers degrés, mais tous d’accord sur ce point qu’il est besoin avant tout d’être affranchi d’une autorité absolue et d’une soumission aveugle ; un diocèse immense (ou, si vous aimez mieux, une province indéterminée, illimitée) ; qui compte par milliers des déistes, des spiritualistes et disciples de la religion dite naturelle, des panthéistes, des positivistes, des réalistes, … des sceptiques et chercheurs de toute sorte, des adeptes du sens commun et des sectateurs de la science pure : ce diocèse (ce lieu que vous nommerez comme vous le voulez), il est partout, il vient de se déclarer assez manifestement au cœur de l’Autriche elle-même par des actes d’émancipation et de justice, et je conseillerais à tous ceux qui aiment les comparaisons et qui ne fuient pas la lumière, de lire le discours prononcé par le savant médecin et professeur Rokitansky dans la Chambre des seigneurs de Vienne, le 30 mars dernier, sur le sujet même qui nous occupe, la séparation de la science et de l’Église. […] … mais vous ne nous montrez pas la lumière… (On rit.)

1483. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Quand on prend la vie de la sorte, un philosophe avec toutes ses idées est aussi nécessaire dans un salon qu’un lustre avec toutes ses lumières. […] Rivarol521, sceptique lui-même, déclare qu’aux approches de la Révolution « les lumières du clergé égalaient celles des philosophes ». — « Le corps qui a le moins de préjugés, dit Mercier522, qui le croirait ?

1484. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

En paraissant à la lumière, et avant de pouvoir exercer ses organes, il s’approprie par sa bouche et par ses deux mains les mamelles, ces sources de vie, périssant à l’instant si on le dépossède de ce lait qui lui appartient, car il a été filtré pour lui dans les veines de la femme. […] Il s’approprie, en ouvrant les yeux, la lumière, sans laquelle ses mains et ses pieds deviennent inutiles à sa subsistance et à ses mouvements, et il languit dépossédé de sa part au jour.

1485. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Dans cette solitude, si opiniâtrement défendue contre tout le monde, contre sa gloire même, qui attirait tous les yeux du côté d’où partaient des lumières si nouvelles, il conçut et mit à fin l’ouvrage étonnant qu’il appela d’abord l’Histoire de son esprit 21. […] Tous les deux se prennent pour sujet de leurs méditations ; mais tandis que Descartes se cherche et s’étudie dans la partie de nous-mêmes qui dépend le moins des circonstances extérieures, et qui porte en elle-même la lumière par laquelle nous la connaissons, la raison, Montaigne se regarde dans toutes les manifestations de sa nature physique et morale, et dans sa raison ni plus ni moins curieusement que dans son humeur.

1486. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

J’avais vécu jusque-là dans un hypogée, éclairé de lampes fumeuses ; maintenant, le soleil et la lumière allaient m’être montrés. […] Mes vieux prêtres de Bretagne savaient bien mieux les mathématiques et le latin que mes nouveaux maîtres, mais ils vivaient dans des catacombes sans lumière et sans air.

1487. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

Il fallait ses lumières transcendantes de martyr et d’ascète pour découvrir ce qui échappait si complètement à ceux qui dirigeaient ma conscience avec tant de droiture, du reste, et de bonté. […] Esprit faible, prétentieux et fat, incapable de penser et de réfléchir par lui-même, d’ailleurs ignorant et sans connaissances d’aucune sorte sur aucun sujet, il oppose, à son malheureux père, des foules de difficultés contre la morale, la religion, et le christianisme en particulier, comme s’il avait le droit d’avoir une opinion sur des matières dont l’étude demande tant de lumières et consume tant d’années.

1488. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

Par ses haines ou ses jalousies, il serait, s’il n’était pas mort, devenu millionnaire quelque jour, mais ce qui donne argent et renommée ne donne pas au livre lumière, ne le tire pas, ce livre, de l’inanité, du vide et des ténèbres, quand il y est. […] Mais, encore une fois, si elle n’augmente pas les mérites classés et reconnus de l’homme d’idée dans Proudhon, elle le montre, lui, sous un jour intime qui lui sied et dans la lumière duquel on n’était guères accoutumé à le regarder, ce grand coupable d’honnête homme !

1489. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

Nous n’avons en ce volume que Rodrigue Borgia, mais nous avons aussi le grand seigneur, l’officier, l’homme marié, le cardinal, le prêtre et le légat que fut Borgia avant de monter à la papauté ; et ce Borgia-là est tellement tiré au clair par l’historien et mis dans un jour si lucide, sa vie est tellement dardée de pointes de lumière, cette vie qui dura soixante ans avant son élection et entre laquelle et nous se sont glissés ou étalés tant de mensonges, que le pape qui sort de ce Borgia on est déjà sûr, avant qu il en soit sorti, de son innocence, et que la preuve qu’on voulait faire on la fait toute, seulement avec sa moitié ! […] Le faire entendre, c’était tout simple, mais il trouve plus ingénieux, et vraiment cela l’est, mais cela l’est trop, de le montrer à Lantenac, ce tocsin, qui sonne à vingt endroits différents dans le paysage, par l’agitation de la corde de la cloche, se détachant, grêle, sur la lumière, dans la cage à jour des clochers, et cela à des distances où il est encore plus difficile de voir que d’entendre !

1490. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

Mais je crains que cette essence très subtile ne soit de celles qui se décomposent à la lumière. […] Il suffit alors, pour la rendre comique, de mettre en pleine lumière l’automatisme de celui qui la prononce.

1491. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

Lamennais, pour ceux qui l’ont le mieux connu, reste une énigme ; on s’explique difficilement qu’une si haute et si puissante intelligence, à côté de si vives lumières et de si profondes pénétrations, ait eu de telles éclipses, de tels aheurtements presque absurdes.

1492. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

L’inintelligible s’y donne pour la lumière même.

1493. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

Cet état de société plus élémentaire et dès longtemps aboli dans notre Occident, reparaissant aux yeux de l’observateur à l’état actuel et pratique, lui commentait d’une manière vivante, lui expliquait le passé, comme en géologie on s’explique mieux les couches, partout ailleurs ensevelies, en les retrouvant à la surface et non encore recouvertes, telles qu’elles parurent autrefois dans leur règne et à leur véritable époque, en pleine lumière et sous le soleil.

1494. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  second article  » pp. 342-358

On y suit par toute l’Iliade Homère à la trace et comme par des sillons de lumière.

1495. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Rodolphe Topffer »

Il y a un vrai charme à ce parler du bon vieillard, chez qui la candeur est toujours éclairée par la charité et par les lumières de l’Évangile.

1496. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur le sénatus-consulte »

Je ne suis pas jurisconsulte ; je suis un peu étonné, tout le premier, d’avoir à discuter un texte de loi ; je suis prêt à déférer à toutes les lumières des personnages plus compétents ; mais quand j’ai lu le texte du sénatus-consulte, seul, livré à mon seul bon sens et sans le commentaire de personne, j’ai bondi à voir en tête et en vedette d’un acte libéral ces mots désobligeants pour tout le monde, y compris les ministres eux-mêmes (car il n’est pas agréable de s’entendre dire en face qu’on dépend) : « Les ministres ne dépendent que de l’empereur. » Eh !

1497. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre III. De la vanité. »

L’envie, qui cherche à s’honorer du nom de défiance, détruit l’émulation, éloigne les lumières, ne peut supporter la réunion du pouvoir et de la vertu, cherche à les diviser pour les opposer l’un à l’autre, et crée la puissance du crime, comme la seule qui dégrade celui qui la possède ; mais quand de longs malheurs ont abattu les passions, quand on a tellement besoin de lois, qu’on ne considère plus les hommes que sous le rapport du pouvoir légal qui leur est confié, il est possible que la vanité, alors qu’elle est l’esprit général d’une nation, serve au maintien des institutions libres.

1498. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre I. Origine des privilèges. »

Cependant ils consolent les hommes ; la bonté, la piété, le pardon coulent de leurs lèvres en suavités ineffables ; les yeux levés au ciel, ils voient Dieu et, sans effort, comme en un songe, ils montent dans la lumière pour s’asseoir à sa droite.

1499. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre II. L’homme »

L’illusion le prend, sa raison s’en va, les choses se transfigurent, une lumière divine se répand sur le monde, le vieux moqueur atteint l’accent, le ravissement de Platon et de Virgile.

1500. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

Mais il a encore une qualité plus précieuse : c’est de juger, en somme, de la peinture en peintre, de s’intéresser à la lumière, à la couleur, de jouir de leurs combinaisons délicates ou puissantes.

1501. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre II. La critique »

Enfin, en regrettant de n’avoir pas de mémoires où Poe, Dickens, Balzac, Hugo, « bien interrogés », auraient livré le secret de leur mécanisme mental, Taine a indiqué aux psychologues un curieux sujet d’études que quelques-uns ont récemment abordé862 mais il a donné à nos romanciers une fâcheuse idée de leur importance, il les a provoqués à des examens, des étalages de leur moi, qui n’apportent guère de lumières à la science, sinon peut-être sur la vanité du type « littérateur ».

1502. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « III. Quelques mots sur l’explication de textes »

Dans une étude récente sur la Vie morale selon les Essais de Montaigne (Revue des Deux Mondes, 1er-15 février 1924), j’ai essayé de distinguer nettement la pensée de Montaigne, telle qu’elle peut apparaître quand on l’étudie historiquement selon les règles d’une exacte critique, et l’interprétation qu’une conscience d’aujourd’hui, se plaçant dans une attitude analogue à celle de Montaigne, mais développant sans embarras ou dépassant selon les besoins et selon les lumières du temps présent les indications des Essais, pourrait en tirer pour l’usage présent de la vie.

1503. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VIII. Jésus à Capharnahum. »

L’horizon est éblouissant de lumière.

1504. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XV. Commencement de la légende de Jésus  Idée qu’il a lui-même de son rôle surnaturel. »

., XIII, 10) ; les fils de ce monde (Marc, III, 17 ; Luc, XVI, 8 ; XX, 34) ; les fils de la lumière (Luc, XVI, 8 ; Jean, XII, 36) ; les fils de la résurrection (Luc, XX, 36) ; les fils du royaume (Matth., VIII, 12 ; XIII, 38) ; les fils de l’époux (Matth., IX, 15 ; Marc, II, 19 ; Luc, V, 34) ; les fils de la Géhenne (Matth., XXIII, 15) ; les fils de la paix (Luc, X, 6), etc.

1505. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVII. Forme définitive des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Les élus entreront dans un séjour délicieux, qui leur a été préparé depuis le commencement du monde 775 ; là ils s’assoiront, vêtus de lumière, à un festin présidé par Abraham 776, les patriarches et les prophètes.

1506. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XV, l’Orestie. — les Choéphores. »

. — « Ô douce lumière de mes yeux, toi qui as quatre parts dans mon cœur !

1507. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Les Confidences, par M. de Lamartine. (1 vol. in-8º.) » pp. 20-34

Tantôt on retrouve en elle ce sourire intérieur de la vie, cette tendresse intarissable de l’âme et du regard, et surtout ce rayon de lumière si serein de raison, si imbibé de sensibilité, qui ruisselait comme une caresse éternelle de son œil un peu profond et un peu voilé, comme si elle n’eût pas voulu laisser jaillir toute la clarté et tout l’amour qu’elle avait dans ses beaux yeux.

1508. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Il a un milieu à tenir, pour contenter à la fois les spectateurs ou les lecteurs qui n’aiment point à voir heurter les idées reçues, & les poëtes eux-mêmes, auxquels il faut laisser ces grands traits, ces coups de force & de lumière, cette heureuse hardiesse, par laquelle seule il passe à la postérité.

1509. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre VI : Règles relatives à l’administration de la preuve »

., il faudrait connaître quelles en sont les origines, quels sont les éléments simples dont ces institutions sont composées et, sur ces points, l’histoire comparée des grandes sociétés européennes ne saurait nous apporter de grandes lumières.

1510. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXVI. La sœur Emmerich »

Seulement, parce qu’il a fait son métier de prêtre, désintéressé de gloire humaine, et profond d’intention religieuse, est-ce une raison pour que nous, les critiques mondains, nous soyons dispensés de faire le nôtre, en ne portant pas la lumière sur ce qui est beau de la beauté humaine… et littéraire, la plus nette, la plus pathétique, la plus impérieusement incontestable, et cela indépendamment du sujet sur lequel s’est produite cette beauté inouïe et de l’explication surnaturelle qu’il faut en donner ?

1511. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Jules Janin » pp. 137-154

il me plaît tant, cet homme de lettres et d’esprit, et d’esprit français, que j’ai essayé de replacer aujourd’hui dans la lumière de son mérite, qui est immense et qui est charmant, et dont la nature est de passer, — de n’être pas plus immortel que les fleurs qui passent, — il me plaît tant que j’arrête ici mon chapitre !

1512. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

À côté de ces éclaircies, où le rayon se joue sous la plume dans la goutte de lumière qu’elle vient de verser, vous avez aussi des pages graves et fortes dans lesquelles l’historien remonte au niveau de son propre esprit et de son talent éprouvé.

1513. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XV. M. Dargaud » pp. 323-339

La beauté et la laideur morale tiennent une telle place dans les hommes, même les plus éclatants par le génie et par la gloire, que toutes ces figures qui passent rayonnantes, ténébreuses ou indécises, dans cette étendue du xvie  siècle, lequel semble plus grand par l’effet de tout ce qu’il contient dans sa longueur encombrée, paraissent, sous la main de ce grand connaisseur en beauté morale, avoir des lumières ou des ombres de plus !

1514. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

Il y a bien là-bas dans la brume, rangés autour de son trône, une île qui s’appelle l’Angleterre, une vaste contrée qui s’appelle l’Allemagne, de petits lopins de terre comme la Suisse, la Belgique, la Hollande, le Danemark, des territoires entassés au centre de l’Europe, par-delà les mers une informe agglomération humaine, les États-Unis d’Amérique, plus loin une terre sauvage nommée Australie, d’autres contrées encore : mais quelque soit leur vie, leur originalité, leur valeur, leur population, leur avenir, leur richesse, ce ne sont là, après tout, que des pays vulgaires, sans gloire, sans tradition, sans lumière, sans culture.

1515. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

Ses gestes étaient rares, son ton doux et mesuré, et, pendant que ses yeux s’éclairaient de la lumière de l’intelligence, sa bouche, demi-souriante et parfois moqueuse, ajoutait les séductions de la grâce à l’ascendant de la vérité.

1516. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

Quelle lumière cette lanterne sale du pauvre poète peut-elle jeter sur la bonne chanson et sur sagesse ?

1517. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XX. De Libanius, et de tous les autres orateurs qui ont fait l’éloge de Julien. Jugement sur ce prince. »

qu’il fut beaucoup plus philosophe dans son gouvernement, et sa conduite que dans ses idées ; que son imagination fut extrême, et que cette imagination égara souvent ses lumières ; qu’ayant renoncé à croire une révélation générale et unique, il cherchait à chaque instant une foule de petites révélations de détail ; que, fixé sur la morale par ses principes, il avait, sur tout le reste, l’inquiétude d’un homme qui manque d’un point d’appui ; qu’il porta, sans y penser, dans le paganisme même, une teinte de l’austérité chrétienne où il avait été élevé ; qu’il fut chrétien par les mœurs, platonicien par les idées, superstitieux par l’imagination, païen par le culte, grand sur le trône et à la tête des armées, faible et petit dans ses temples et dans ses mystères ; qu’il eut, en un mot, le courage d’agir, de penser, de gouverner et de combattre, mais qu’il lui manqua le courage d’ignorer ; que, malgré ses défauts, car il en eut plusieurs, les païens durent l’admirer, les chrétiens durent le plaindre ; et que, dans tout pays où la religion, cette grande base de la société et de la paix publique, sera affermie ; ses talents et ses vertus se trouvant séparés de ses erreurs, les peuples et les gens de guerre feront des vœux pour avoir à leur tête un prince qui lui ressemble.

1518. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

L’Église est le grand miroir humain de la lumière divine ; c’est dans ce miroir que les rois doivent incessamment la regarder. […] Oui, cela est quelque chose ; c’est une lumière, une grande clarté jetée sur une question. […] — Cela est vrai, parce qu’il serait immoral et désolant que cela fût faux : « Dans quel découragement l’esprit ne tomberait-il point s’il cessait d’espérer que chaque jour ajoute à la masse des lumières ? […] Les idées générales de la Littérature étaient donc, sinon maîtresses d’erreur, du moins lumières douteuses. […] Ils ont, — et c’est ce que Mme de Staël a vu pleinement et mis admirablement en lumière, — ils ont été démocrates radicaux du premier coup.

1519. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

il y a dans les poésies de Baudelaire des souvenirs enchantés de ces pays de lumière, qu’il avait vus dans leur doux éclat, sous le charme de sa jeunesse. […] Mais le bon Gautier répandait sur toutes choses une lumière égale. […] Est-ce avec de telles paroles et d’un cœur aussi dur que l’on congédie le poète de la lumière et de la joie, le doux rossignol des Muses. […] Seuls ceux-là vivent qui, dans la béatitude éternelle, boivent la lumière et goûtent la joie angélique de posséder Dieu. […] La lumière de la vie éternelle brille à mes yeux !

1520. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Mais il avait trop de confiance, de naïve confiance, dans les lumières de ce disciple de choix pour soupçonner que, si la spiritualité de Mme Guyon allait à des excès, Fénelon ne s’empressât pas de la réduire entre de justes bornes. […] C’est la nouveauté de ce genre et l’originalité de ce répertoire que je voudrais mettre ou, plus correctement, remettre en lumière. […] Je vous la demande au nom de plusieurs personnes qui m’aiment, qui connaissent mon ouvrage, qui vous ont marqué combien elles vous honoraient, et dont vous prisez la probité, le goût, l’esprit, les lumières et les connaissances. […] Je conviens que la critique est amère et peut-être injuste ; mais comment un homme qui a de l’esprit et des lumières, et qui depuis bien des années ne cesse de parler avec le public de principes de gouvernement et de législation, veut-il que je me charge de réformer cette injustice ? […] Mais, prenant la question telle quelle, peut-on dire que Galiani en ait éclairé d’une lumière nouvelle un seul côté ?

1521. (1876) Romanciers contemporains

Comme la phrase se déroule avec ampleur et harmonie, restant toujours dans la grande voie, évitant les sentiers détournés, et tout illuminée par une vive lumière ! […] Comme cet héritier direct, et qui n’a jamais d’ailleurs renié son origine, a promptement séparé l’ivraie du bon grain et a porté la plus vive lumière jusque dans les recoins les plus obscurs ! […] Du milieu de son foyer, tantôt on voit ruisseler des flots de lumière pareils à la lave ardente qui s’échappe des entrailles d’un volcan, ou au métal liquéfié qui coule de la fournaise d’une forge. […] Mais parfois leur lumière se répand à la surface du ciel avec une telle puissance et une telle intensité, qu’elle efface la clarté des planètes et même celle du soleil. […] Comment va-t-il soulever les voiles épais qui nous cachent la lumière ?

1522. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

Vers la fin du siècle, un concours subit de circonstances extraordinaires l’étale tout d’un coup à la lumière et le dresse à une hauteur que nul âge n’avait connue. […] Enfin le voilà, le précieux paquet ; on l’ouvre, on veut entendre la multitude de voix bruyantes qu’il apporte de Londres et de l’univers. « Maintenant ranimez le feu, fermez bien les volets, laissez tomber les rideaux, roulez le sofa, et, pendant que l’urne bouillante et sifflante élève sa colonne de vapeur, souhaitons la bienvenue au soir pacifique qui entre1193. » Et le voilà qui conte son journal, politique, nouvelles, tout jusqu’aux annonces, non pas en simple réaliste, comme tant d’écrivains aujourd’hui, mais en poëte, c’est-à-dire en homme qui découvre une beauté et une harmonie dans les charbons d’un feu qui pétille ou dans le va-et-vient des doigts qui courent sur une tapisserie ; car c’est là l’étrange distinction du poëte : les objets non-seulement rejaillissent de son esprit plus puissants et plus précis qu’ils n’étaient en eux-mêmes et avant d’y entrer, mais encore, une fois conçus par lui, ils s’épurent, ils s’ennoblissent, ils se colorent, comme les vapeurs grossières qui, transfigurées par la distance et la lumière, se changent en nuages satinés, frangés de pourpre et d’or. […] La lune fera bien là-bas entre les tourelles ; voilà une cuirasse heureusement placée, le jet de lumière qu’elle renvoie est agréable à voir sur les vieilles tentures ; si l’on tirait de la garde-robe les habits féodaux pour inviter les convives à une mascarade ? […] Lorsqu’une forme d’esprit arrive à la lumière, elle y arrive de toutes parts ; il n’y a point de parti où elle n’apparaisse, ni d’instincts qu’elle ne renouvelle.

1523. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Je prouverai que le nombre et la force sont des signes moins trompeurs que vos faibles lumières, des guides plus sûrs que l’intelligence. […] Rien n’est plus propre à nous confondre, à nous rendre prudents et modestes, que de songer que non seulement Tannhaüser, mais le Barbier lui-même, ce chef-d’œuvre étincelant d’esprit, éclatant de gaieté et de lumière, rencontra d’abord la plus vive hostilité. […] On appelle cela, en langage magnifique, « l’obscur travail de l’Inconscient », et on oppose la sûreté de sa marche franchement aveugle aux hésitations, aux tâtonnements, aux erreurs de notre petite lumière incertaine. […] Ces gens (les critiques), ajoute-t-il, laissent échapper les plus belles occasions de nous convaincre qu’ils ont de la capacité et des lumières, qu’ils savent juger, trouver bon ce qui est bon et meilleur ce qui est meilleur. […] Je conçois à la rigueur un style qui, sans images vives et neuves, serait encore assez beau, parce que les images sont une lumière coloriée, plutôt agréable que nécessaire, la lumière blanche pouvant presque toujours suffire ; je ne conçois pas de bon style sans harmonie.

1524. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

après l’assassinat d’Agrippine, n’y avait-il plus de bien à faire pour un homme éclairé, ferme, juste, chargé d’un détail immense d’affaires, et capable, par son autorité, ses lumières, son courage, sa bienfaisance, de porter des secours, d’accorder des grâces, de réparer des malheurs, d’arrêter ou de prévenir des vexations, d’empêcher des déprédations, d’éloigner les ineptes, d’élever aux places les hommes distingués par leurs connaissances et leurs vertus ? […] Anicet investit la maison, les portes en sont brisées ; on se saisit des esclaves qui se présentent, on pénètre à l’appartement de l’impératrice : il y avait peu de monde, la terreur de l’irruption en avait écarté le concours ; il était éclairé d’une faible lumière. […] XV, cap. xxxvii), il se couvre la tête d’un voile nuptial ; les aruspices sont appelés ; la dot est stipulée, le lit préparé ; les torches de l’hymen sont allumées : il se marie à Pithagoras, un des infâmes acteurs de la fête, et se soumet, à la clarté des lumières, à ce que la nuit couvre de ses ombres dans l’union légitime des deux sexes164. […] « Agrippine se promettait une grande part dans l’administration de l’Empire ; il fallait donc que cette princesse, qui ne manquait pas de lumières et qui connaissait les hommes, comptât déjà beaucoup sur la souplesse philosophique du personnage. […] Or celui-ci dit expressément qu’Agrippine ne sollicita le rappel d’exil et la préture pour Sénèque qu’afin de se rendre agréable au peuple et de rompre la continuité de ses forfaits par une action louable, ne malis tantum facinoribus innotesceret, en approchant de son fils un instituteur célèbre par ses lumières et par ses vertus.

1525. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Et, depuis ses premiers Sermons jusqu’à sa Politique tirée des paroles de l’Écriture sainte, s’il est une idée qui reparaisse dans tous ses ouvrages ; qui en éclaire l’intention pour en recevoir à son tour une lumière nouvelle ; et qu’il excelle à ramener où et quand on l’attendait le moins, c’est l’idée de la Providence. […] Si cette idée se retrouve partout dans l’Histoire des variations ; si c’est elle peut-être qui en fait l’âme diffuse ; si Bossuet n’y perd pas une occasion de la remettre en lumière, ne pourrons-nous donc pas dire avec raison qu’il se montre toujours, là, comme ailleurs, le philosophe ou le théologien de la Providence et le ministre, pour ainsi parler, des vues de son Dieu sur le monde ? […] De, tous les écrivains de son temps, on en trouverait donc malaisément un autre dont l’œuvre éclaire d’une lumière plus vive toute une période assez mal connue de l’histoire des idées au xviie  siècle. […] Autre progrès, autre transformation, plus intérieure, et de plus de portée : les classes se mélangent, les conditions s’égalisent, et les « lumières » se répandent. […] Siècle de grands talents bien plus que de lumières !

1526. (1901) Figures et caractères

La lumière se fit en lui. […] Une même lumière peut l’éclairer, mais la flamme en vacille à tous les gestes d’une main violente et à tous les vents d’une âme passionnée. […] Il se réchauffa à la lumière même qu’il y portait. […] Un noble prestige l’environne et c’est dans une lumière glorieuse que nous voyons se détacher en silhouettes historiques ses hautes flottes aux vergues pavoisées. […] C’est ainsi que je vois s’orner cette tranquille chambre spirituelle ; chaque page tournée ajoute un bibelot à la mémoire, une tenture au silence, une lumière à la solitude.

1527. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Dans son œuvre maîtresse, Napoléon et Alexandre, tout en s’appliquant à mettre en plein relief les figures principales et à concentrer la lumière sur de si grands acteurs, il s’est continûment soucié d’évoquer autour d’eux le tableau concret d’une époque aperçue dans sa complexité. […] Dans ce général qui se glorifiait d’appartenir à l’Institut et qui se déclarait l’ennemi de la superstition, les métaphysiciens crurent reconnaître un des leurs ; les idéologues s’imaginèrent qu’il travaillait pour eux ; ils se persuadèrent qu’il créerait à leur usage un gouvernement selon leurs vœux, ami de la philosophie et des lumières. […] Vous en agissez trop libéralement avec le poète en lui faisant honneur de vos propres lumières… » Mais la réponse, en effet, serait trop aisée. […] Celle-ci procède par grands partis pris d’ombre et de lumière. L’ombre est pour lui le mal, et la lumière est le bien.

1528. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

Un jour, vers la fin du mois d’avril, Fritz Kobus s’était levé de grand matin, pour ouvrir ses fenêtres sur la place des Acacias, puis il s’était recouché dans son lit bien chaud, la couverture autour des épaules, le duvet sur les jambes, et regardait la lumière rouge à travers ses paupières, en bâillant avec une véritable satisfaction. […] « C’est cela, se disait-il à voix basse : le grand Frédéric Schoûltz du côté des fenêtres, le dos à la lumière, le percepteur Christian Hâan en face de lui, Iôsef de ce côté, et moi de celui-ci ; ce sera bien… c’est bien comme cela. […] Au petit jour, quand le coq lançait son cri dans la vallée encore toute grise, et qu’au loin, bien loin, les échos du Bichelberg lui répondaient dans le silence ; quand Mopsel se retournait dans sa niche, après avoir lancé deux ou trois aboiements ; quand la haute grive faisait entendre sa première note dans les bois sonores ; puis, quand tout se taisait de nouveau quelques secondes, et que les feuilles se mettaient à frissonner sans que l’on ait jamais su pourquoi, et comme pour saluer, elles aussi, le père de la lumière et de la vie, et qu’une sorte de pâleur s’étendait dans le ciel, alors Kobus s’éveillait ; il avait entendu ces choses avant d’ouvrir les yeux et regardait.

1529. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

C’était celui que j’aimais le mieux ; mais il y avait cependant toujours une certaine amertume dans ses affections, une certaine demi-ombre sur son âme ; c’était un homme nocturne, si l’on peut parler ainsi ; nous étions des hommes de lumière. […] Cependant il y a une lumière qui vient de l’esprit et une lumière qui vient de la conscience.

1530. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Troisième partie. Dictionnaire » pp. 243-306

. — Les Mains d’ombre et de Lumière, librair. artist. […] — La Lumière Natale, poésies, Le Beffroi, 1905, in-18 Jésus. — Poèmes, Le Beffroi, in-4º, 1906. […] Œuvres. — Terres de Lumière, (impressions de voyage), Ollendorff, in-18, 1904. — Claire Maret, roman, Ollendorff, in-18, 1905.

1531. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Quand on fait des sacrifices, on est un homme d’un jugement profond ; on s’attache à la scène générale qui en devient tout autrement énergique, naturelle, grande, imposante et forte. » « Une chose qu’on ne remarque pas, c’est qu’on papillote à l’esprit par la multiplicité des incidents aussi cruellement qu’aux yeux par la mauvaise distribution des lumières. » Je m’arrête à ces citations. […] C’est sur cette idée, ou cet objet qu’il faut ramener toute l’intensité de lumière, c’est le point culminant qui doit arrêter l’attention. […] Et c’est à cette fin qu’elle a décrété la juste répartition des lumières.

1532. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Dans les premières pages de son étude, le comte Tolstoï se délecte à mettre en pleine lumière l’incohérence des théories en présence. […] Schopenhauer, dans sa théorie de l’art, a jeté sur ce point la lumière la plus vive et formulé des vues qui me semblent avoir définitivement épuisé la matière. […] La richesse en couleurs, en atténuations d’ombres, en secrets de lumière mourante, gâte tellement l’auditeur, qu’ensuite, tous les autres musiciens lui paraissent trop robustes. » Ici, le paradoxe touche vraiment à l’aberration. […] Ce badinage plutôt lourd, voilà sans doute ce que Nietzsche entendait, en 1888, par la gaya scienza, les pieds légers, la plaisanterie, le feu, la grâce, la grande logique, la danse des étoiles, l’insolente spiritualité, le frisson de lumière du Sud, dont il parle avec une affectation si parfaitement germanique ! […] Cet esprit mène la toute dernière guerre de réaction contre l’esprit de lumière qui, du siècle dernier, a soufflé sur celui-ci, comme aussi contre la pensée ultra-nationale de la rêverie subversive française et contre la sécheresse anglo-américaine au regard de la transformation de l’État et de la société.

1533. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

S’il se fût arrêté à ce dernier parti, je suis sûr qu’il eut rencontré la clarté, et que toute la pièce eût été inondée d’une lumière pure et abondante. […] On dirait qu’ils ont honte de montrer ce qu’ils savent, et qu’ils craignent de ne pas retrouver l’occasion de mettre leur science en lumière. […] La lecture des Feuilles d’automne est féconde en leçons, et projette une vive lumière sur toutes les œuvres de l’auteur. […] Si la loi est mauvaise, c’est la loi qu’il faut attaquer et non la magistrature, qui ne l’a pas faite, et qui l’applique selon la mesure de ses lumières. […] C’est donc à lui, à lui seul, qu’elle s’adresse en toute occasion : elle trouve dans le vocabulaire des mots qui traduisent tous les caprices de la lumière, toutes les formes des corps, toutes les nuances, tous les rayons, toutes les ombres.

1534. (1875) Revue des deux mondes : articles pp. 326-349

Ces êtres ne manifestent les propriétés vitales, souvent très actives, dont ils sont doués que sous l’influence de l’humidité, de la lumière, de la chaleur extérieure, et dès qu’une ou plusieurs de ces conditions viennent à manquer, la manifestation vitale cesse, parce que les phénomènes physico-chimiques qui lui sont parallèles s’arrêtent. […] Dans les végétaux, les phénomènes de la vie sont également liés quant à leurs manifestations aux conditions de chaleur, d’humidité et de lumière du milieu ambiant, et c’est ce qui constitue l’influence des saisons, que tout le monde connaît. […] Nous ignorons l’essence du feu, de l’électricité, de la lumière, et cependant nous en réglons les phénomènes à notre profit. […] La raison ou le raisonnement développe ensuite l’idée et déduit ses conséquences logiques ; mais si le sentiment doit être éclairé par les lumières de la raison, la raison à son tour doit être guidée par l’expérience, qui seule lui permet de conclure. […] Nier ces choses ne serait pas les supprimer, ce serait fermer les yeux et croire que la lumière n’existe pas.

1535. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Il ne songe seulement pas à son style : le mot, chez lui, c’est la pensée ; la couleur, c’est la lumière ; le seul effet qu’il recherche et qu’il obtient toujours, c’est la vérité. […] Cette courte période de gouvernement représentatif laisse une glorieuse trace de lumière et de raison sur le royaume de Naples.

1536. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

. — La lumière s’obscurcit, et déjà le corbeau dirige son vol vers la forêt qu’il habite. […] Donnez-nous de la lumière, holà !

1537. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

Peu à peu la nuit s’épaissit, le ciel est voilé, des lumières brillent à toutes les fenêtres. […] Nous nous trouvons dans un état de transition ; nous nous efforçons de pénétrer plus avant dans la lumière, mais nous sommes retenus par une foule de feuilletonnistes, d’organistes et de maîtres de chapelle qui ne savent, que trop bien, que leur règne cessera dès que nous nous serons émancipés.

1538. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

Eh bien non, je n’admets pas que le génie de Wagner, pas plus que celui d’un autre, ne puisse se révéler que dans un petit coin de la terre et à quelques douzaines d’initiés : le génie est le génie, la lumière est la lumière, une étoile se voit de partout ; c’est une question de hauteur, Shakespeare, Goethe, Molière, Dante, Corneille, Raphaël, Racine, Homère, Virgile, Weber, Schiller, Beethoven, Mozart, sont beaux sous toutes les latitudes, dans tous les musées, tous les théâtres, toutes les bibliothèques ; inutile de voyager pour les admirer.

1539. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Introduction »

L’ensemble des connaissances humaines ressemble ainsi à un grand fleuve coulant à pleins bords, sous un ciel resplendissant de lumière, mais dont on ignore la source et l’embouchure, qui naît et meurt dans les nuages. […] La psychologie a des faits à classer comme la physique ou la botanique : elle sépare ceux qui diffèrent, réunit ceux qui se ressemblent, et forme ainsi des groupes ; à chaque groupe elle attribue un nom, qui, comme les termes chaleur, magnétisme, lumière, désignent les causes inconnues de phénomènes connus.

1540. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XII : Distribution géographique (suite) »

Mais deux faits que j’ai observés jettent quelque lumière sur cette question, et, sans nul doute, il en reste nombre d’autres à découvrir. […] Wallace jetteront bientôt de grandes lumières sur l’histoire naturelle de cette région.

1541. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

La vérité est que, si une perception rappelle un souvenir, c’est afin que les circonstances qui ont précédé, accompagné et suivi la situation passée jettent quelque lumière sur la situation actuelle et montrent par où en sortir. […] À l’intérieur de chacune de ces régions notre attention individuelle se dirigera sans doute à sa fantaisie, mais elle viendra simplement alors se superposer à la première, comme le choix que l’œil individuel fait de tel ou tel objet pour le regarder se superpose à celui que l’oeil humain a fait, une fois pour toutes, d’une certaine région déterminée du spectre pour y voir de la lumière.

1542. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

Mais nous avons suivi en réalité la méthode inverse : c’est du haut vers le bas que nous avons dirigé la lumière. […] Ce que le drame va chercher et amène à la pleine lumière, c’est une réalité profonde qui nous est voilée, souvent dans notre intérêt même, par les nécessités de la vie.

1543. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Et à Duclos lui-même Voltaire, quelque temps après, écrivait : « Il est triste que les gens de lettres soient désunis ; c’est diviser des rayons de lumière pour qu’ils aient moins de force. » Mais Duclos n’était pas homme à obéir à un mot d’ordre : voilà son honneur et son coin de probité comme écrivain et homme public.

1544. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

M. de Humboldt lui-même, qui a dit en son Cosmos : « Buffon, écrivain grave et élevé, embrassant à la fois le monde planétaire et l’organisme animal, les phénomènes de la lumière et ceux du magnétisme, a été dans ses expériences physiques plus au fond des choses que ne le soupçonnaient ses contemporains » ; M. de Humboldt, en parlant ainsi, avait oublié l’hommage éclairé rendu à Buffon par Vicq d’Azyr, et que le sien propre ne fait que confirmer par des raisons scientifiques nouvelles61.

1545. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Appendice » pp. 453-463

Quand ce sont les pouvoirs publics, quand c’est l’État qui prend à cet égard l’initiative, cela s’appelle protection, et cette protection favorisée d’heureuses rencontres et entourée de hautes lumières, a pris, à de certaines époques, un caractère d’immortelle grandeur.

1546. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Souvenirs et correspondance tirés des papiers de Mme Récamier » pp. 303-319

J’aime jusqu’à ces cierges dont la lumière étouffée laissait échapper une fumée blanche, image d’une vie subitement éteinte.

1547. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

Son dix-septième volume, qui est peut-être le plus beau de tous, et qui est certainement le plus émouvant, le plus poignant d’intérêt pour tout cœur français, comprend les événements des deux derniers mois de 1813 et des quatre premiers de 1814 : il ne reste plus à l’auteur, pour clore entièrement son œuvre, qu’à écrire l’histoire des Cent-Jours, cette histoire pénible, où d’autres, avides de désastres, se sont jetés avant lui, où lui il n’arrive qu’à regret et comme par nécessité, et où, venant le dernier, il saura apporter, sur des points encore controversés, des lumières, à quelques égards nouvelles et peut-être décisives.

1548. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

M. de Tocqueville s’isola un peu trop, même dans l’opposition ; il eut jusqu’en 1848 un rôle des plus honorables, mais peu efficace, peu étendu, un de ces rôles d’Ariste ou de Cléante au théâtre, et qui, le faisant estimer dans les deux camps, ne lui procura dans aucun une action proportionnée à ses lumières et en rapport avec l’énergie de ses sentiments.

1549. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — I » pp. 146-160

Chevrier vient de publier et qui sont tirées des papiers de famille, achèveront de le dessiner heureusement et de l’entourer d’une lumière morale complète.

1550. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

Il y a un certain progrès de civilisation, un certain résultat de lumières (vous avez beau rire) qui a filtré jusqu’à lui, et qui me le fait très-bien supporter quelque temps, à travers ses ridicules.

1551. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Campagnes de la Révolution Française. Dans les Pyrénées-Orientales (1793-1795) »

Il avait trop de lumières pour donner tout à fait tort à la France dans la lutte qui s’engageait.

1552. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

Les disciples qui imitent le genre et le goût de leur modèle en écrivant sont très-curieux à suivre et des plus propres, à leur tour, à jeter sur lui de la lumière.

1553. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

On peut dire que, pour lui, la lumière qui illumine l’esprit ne s’est pas éteinte un instant.

1554. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

Tout au haut de l’Acropole, dans le bois de cyprès, les chevaux d’Eschmoûn, sentant venir la lumière, posaient leurs sabots sur le parapet de marbre et hennissaient du côté du soleil. » Puis, après l’aube, l’aurore, Carthage s’éveille ; « Tout s’agitait dans une rougeur épandue, car le Dieu, comme se déchirant, versait à pleins rayons sur Carthage la pluie d’or de ses veines.

1555. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

cet homme, jeune encore d’air et d’années, est assis devant vous, de côté, près d’une fenêtre ; le soleil se couche ; un rayon glisse et l’effleure, et alors, sur cette tête si riche et si fière de sa brune parure, vous voyez tout à coup se dessiner, avec une précision désespérante, quelques mèches qu’on ne soupçonnait pas et qui ont beau être mêlées artistement aux autres plus naturelles : une couleur rougeâtre, sous cette lumière rasante, les a trahies.

1556. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis de Belloy »

Le père interroge les suivantes ; on lui répond : « C’est la sœur de Chrysis. » Ce fut un trait de lumière.

1557. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. »

M. de Talleyrand, qui était tout aussi supérieur par les lumières, ne le fût pas toujours autant par le caractère.

1558. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

Singulier mélange, en effet, que cet abbé de Pradt, instruit de tant de choses et qui croyait s’entendre à toutes ; homme d’Église qui l’était si peu, qui savait à fond la théologie, et qui avait à apprendre son catéchisme ; publiciste fécond, fertile en idées, en vues politiques d’avenir, ayant par moments des airs de prophète ; écrivain né des circonstances, romantique et pittoresque s’il en fut ; le roi des brochuriers, toujours le nez au vent, à l’affût de l’à-propos dans les deux mondes, le premier à fulminer contre tout congrès de la vieille Europe ou à préconiser les jeunes républiques à la Bolivar ; alliant bien des feux follets à de vraies lumières ; d’un talent qui n’allait jamais jusqu’au livre, mais qui avait partout des pages ; habile à rendre le jeu des scènes dans les tragi-comédies historiques où il avait assisté, à reproduire l’accent et la physionomie des acteurs, les entretiens rapides, originaux, à saisir au vol les paroles animées sans les amortir, à en trouver lui-même, à créer des alliances de mots qui couraient désormais le monde et qui ne se perdaient plus ; et avec cela oublieux, inconséquent, disparate, et semblant par moments sans mémoire ; sans tact certainement et sans goût ; orateur de salon, jaseur infatigable, abusant de sa verve jusqu’à l’ennui ; s’emparant des gens et ne les lâchant plus, les endoctrinant sur ce qu’ils savaient le mieux ; homme à entreprendre Ouvrard sur les finances, Jomini sur la stratégie, tenant tout un soir, chez Mme de Staël, le duc de Wellington sur la tactique militaire et la lui enseignant ; dérogeant à tout instant à sa dignité, à son caractère ecclésiastique, avec lequel la plupart de ses défauts ou, si l’on aime mieux, de ses qualités se trouvaient dans un désaccord criant ; un vrai Mirabeau-Scapin, pour parler comme lui, un archevêque Turpin et Turlupin.

1559. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

Nulle verdure aux forêts de chênes, nul velours sur les prés ne vient adoucir l’éclat de la lumière.

1560. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite.) »

Elles font, Monseigneur, aussi bien que les précédentes, dont j’ai trouvé les duplicata dans celle du 26, l’éloge de votre zèle, de l’étendue de vos lumières et de votre application au service de Sa Majesté.

1561. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Note »

D’ailleurs le malheur devrait à la longue influer bien plus sur mon humeur que sur mes opinions : or, j’aime extrêmement la gaieté de l’intimité, et je rirais comme un autre, quoique je sente le poids de cette main de fer qui reste appuyée sur moi : mais je pense que c’est dans ce qu’on appelle (bien ou mal) mélancolie que nous trouverons les lumières désormais utiles. 

1562. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. BRIZEUX (Les Ternaires, livre lyrique.) » pp. 256-275

Et la rouge Sabine et l’Italie entière Éblouiront mes yeux avides de lumière.

1563. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

Je jouis de sentir à tout mon être des racines si profondes dans les temps écoulés et d’avoir tant vécu déjà avant de voir la lumière.

1564. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

C’est, au juste, la sensation d’un intrus éclairage de gaz ou de luciline en un tableau de diffuse lumière Edison.

1565. (1890) L’avenir de la science « XII »

On a suivi longtemps une voie en apparence inféconde, puis on l’a abandonnée de désespoir, quand tout à coup apparaît une lumière inattendue ; sur deux ou trois points à la fois, la découverte éclate, et ce qui, auparavant, n’avait paru qu’un fait isolé et sans portée devient, dans une combinaison nouvelle, la base de toute une théorie.

1566. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre II. L’analyse interne d’une œuvre littéraire » pp. 32-46

Aime-t-il les contrastes violents, les effets de lumière éclatants ?

1567. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre XI. Quelques philosophes »

Le soleil de la connaissance dissipe les brumes des « mystères artificiels », mais sa lumière élargit à l’infini « l’océan du mystère réel ».

1568. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Poésies nouvelles de M. Alfred de Musset. (Bibliothèque Charpentier, 1850.) » pp. 294-310

En est-il donc moins vrai que la lumière existe, Et faut-il l’oublier du moment qu’il fait nuit ?

1569. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

Quand on pense qu’un siècle dit de lumières, et de la plus raffinée civilisation, aboutit à des actes publics de cette barbarie, on se prend à douter de la nature humaine et à s’épouvanter de la bête féroce, aussi bête que féroce en effet, qu’elle contient toujours en elle-même et qui ne demande qu’à sortir.

1570. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

Nous avons vu de nos jours un homme de vertu pratique, d’intégrité et de foi, un archevêque de Paris comme l’était Retz, sincèrement ému des malheurs et des erreurs du peuple et de la dissension civile, aller droit avec simplicité au danger, ouvrir les bras et donner sa vie pour le bien de tous : et Retz, retiré vers la fin des troubles dans son cloître Notre-Dame, retranché à l’ombre des tours de sa cathédrale, et abrité, comme il disait, sous le chapeau, hésitait, avec toutes ses lumières et ses générosités mondaines, à faire un acte public qui hâtât l’issue et mît fin à la souffrance universelle.

1571. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre troisième. L’idée-force du moi et son influence »

Elle aura le sentiment que, quand elle se concentre, elle accroît ses forces, l’intensité et la clarté de sa vision, comme l’œil, en s’adaptant et en concentrant ses mouvements, voit la clarté grandir et l’objet cherché apparaître distinct dans la lumière.

1572. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre I : Rapports de cette science avec l’histoire »

Il y a des lois d’action et de réaction, des lois d’oscillation et de progrès, qui sont dignes du plus haut intérêt, et ainsi l’histoire de la philosophie jette une grande lumière sur les lois mêmes de l’esprit humain.

1573. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre douzième. »

L’auteur sait ce qu’il a voulu dire, et n’est pas obligé de s’en rapporter aux lumières d’un prince âgé de huit ans.

1574. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

Il n’est pas de moment plus captivant pour l’historien et le penseur que ces années d’étincelante polémique et de propagande au grand jour, où la reconnaissance du genre humain saluait avec une ferveur enthousiaste ceux qui faisaient ainsi resplendir la France sur l’univers, Montesquieu, cette clarté, Rousseau, cet orage, Diderot, cette flamme, Voltaire, cette lumière !

1575. (1759) Observations sur l’art de traduire en général, et sur cet essai de traduction en particulier

Détestant la lumière, ils ont, dit le poète, jeté la vie loin d’eux.

1576. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Seconde partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère de la littérature et des arts » pp. 326-349

La langue française qui, seule, entre toutes les autres n’est pas fondée sur les propres origines du peuple qui la parle, attendait peut-être l’âge actuel, l’âge où, inondée de tant de lumières, elle pourrait donner à l’homme, en même temps qu’une métaphysique élevée et pénétrante, la poésie de la raison et du sentiment.

1577. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIX. Mme Louise Colet »

je ne me fie pas à ces récits qui, s’ils étaient vrais, ne prouveraient que l’épouvantable anarchie des intelligences et la nuit qui a remplacé, dans la conscience humaine, l’impérieuse lumière de la fierté et des devoirs !

1578. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre III. Contre-épreuve fournie par l’examen de la littérature italienne » pp. 155-182

, I. 6), et il crée une œuvre sans égale au monde : l’ascension de la conscience des ténèbres à la lumière.

1579. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Ces diverses doctrines ont brillé tour à tour dans cette vive imagination, comme autant de lumières dans une lanterne magique, un peu confondues, un peu altérées, un peu transformées.

1580. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIII. Des éloges ou panégyriques adressés à Louis XIV. Jugement sur ce prince. »

Si maintenant on le compare aux rois célèbres de notre nation, on trouvera qu’il fut loin de cet esprit vaste et puissant de Charlemagne : mais l’un déploya de grandes vues chez un peuple barbare ; l’autre seconda les lumières et les vues d’un peuple instruit.

1581. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVIII et dernier. Du genre actuel des éloges parmi nous ; si l’éloquence leur convient, et quel genre d’éloquence. »

Si donc, en célébrant les grands hommes, vous voulez être mis au rang des orateurs, il faut avoir parcouru une surface étendue de connaissances ; il faut avoir étudié et dans les livres et dans votre propre pensée, quelles sont les fonctions d’un général, d’un législateur, d’un ministre, d’un prince ; quelles sont les qualités qui constituent ou un grand philosophe ou un grand poète ; quels sont les intérêts et la situation politique des peuples ; le caractère ou les lumières des siècles ; l’état des arts, des sciences, des lois, du gouvernement ; leur objet et leurs principes ; les révolutions qu’ils ont éprouvées dans chaque pays ; les pas qui ont été faits dans chaque carrière ; les idées ou opposées ou semblables de plusieurs grands hommes ; ce qui n’est que système, et ce qui a été confirmé par l’expérience et le succès ; enfin tout ce qui manque à la perfection de ces grands objets, qui embrassent le plan et le système universel de la société.

1582. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIV. »

Mais il faut auparavant jeter quelques regards en dehors de sa terre natale et de ses grandes colonies, par-delà cet horizon couronné d’une si éclatante lumière, qui commençait à Syracuse et que fermaient les Cyclades, la côte d’Asie et la terre d’Égypte.

1583. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Il fallait que Voltaire fût sorcier et qu’il eût le diable au corps, pour faire admirer à Paris, au centre des lumières, cet amas de folies burlesques, plus comiques que tragiques. […] Ce n’est donc pas Voltaire qui vaut mieux que Racine ; ce sont les tragédies de Racine qui sont inférieures à celles de Voltaire, parce que du temps de Racine, l’art n’était pas assez bien connu, parce que depuis ce grand homme les lumières ont fait un progrès étonnant. […] Faut-il être étonné que, dans ces derniers temps, on ait essayé de porter la lumière sur les défauts de Voltaire, et d’examiner avec quelque sévérité le plan et le style de ses tragédies ? […] Toutes ces comparaisons entre les grands hommes de différents pays et de différents siècles, toutes ces décisions hardies annoncent plus de présomption que de lumières, et sont plus nuisibles qu’utiles au progrès de l’art. […] N’avons-nous pas été nous-mêmes infectés de ce malheureux préjugé, à la fin du siècle qu’on appelle le siècle de la philosophie et des lumières ?

1584. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Si haut qu’il soit monté il ne croit jamais avoir touché la cime suprême, il continue de gravir le sol qui se dérobe ; il ne redoute ni la sueur qui ruisselle sur ses tempes, ni la lumière pourprée qui éblouit sa prunelle ; il continue sa route aventureuse et obstinée, il arrive enfin ; mais à quelles conditions ? […] Elle sera belle, enviable, ardemment poursuivie par ceux qui la verront, curieuse de tous les yeux fixés sur elle, empressée à répondre sans peser les questions qui lui sont adressées ; elle s’élancera vers la nouveauté comme l’insecte vers la lumière. […] L’illustre bibliophile, se défiant de ses propres lumières, consulte Mason, poète érudit et familiarisé avec les monuments littéraires anglo-saxons et anglo-normands. […] Mais le dépit même jette une lumière nouvelle sur la vraie situation de son cœur. […] Et quand le poignard de Gennaro est levé sur Lucrèce, pourquoi puériliser l’horreur, pourquoi prolonger mesquinement l’effroi d’une pareille scène, en jetant dans les ténèbres quelques lueurs trompeuses, au lieu d’éclairer la nuit d’une lumière éclatante et soudaine, mais complète, irrévocable ?

1585. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Quand, pour quelque médianoche, Façonné comme une brioche, On sort le pain, Quand, sur les poutres enfumées, Chantent les croûtes parfumées Et les grillons, Que ce trou chaud souffle la vie, Ils ont leur âme si ravie Sous leurs haillons, Ils se ressentent si bien vivre, Les pauvres Jésus pleins de givre, Qu’ils sont là, tous, Collant leurs petits museaux roses Aux grillages, grognant des choses Entre les trous, Tout bêtes, faisant leurs prières, Et repliés vers ces lumières Du ciel rouvert, Si fort qu’ils crèvent leur culotte Et que leur chemise tremblote Au vent d’hiver. […] Une illustre mémoire, une étincelante personnalité se sont, sur les planches et par le livre, manifestées en pleine lumière de la rampe et de la publicité. […] En voilà assez, j’espère, pour montrer toute l’inanité d’une critique qui n’a pour guide qu’un enthousiasme irréfléchi, et pour flambeau que la lumière trouble si souvent de ce qu’on nomme assez improprement l’instinct poétique. […] (Et vous vous en souvenez, dès le début du mouvement dans le plus révolutionnaire manifeste qu’il ait jamais écrit, le chef éclatant, le déjà glorieux porte-drapeau des nouvelles doctrines avait parlé en toute conviction bien arrêtée, en pleine lumière, du « divin » Racine, à une époque où le mot « divin », énervé, galvaudé, devenu banal de nos jours, avait toute sa force glorificatrice !)

1586. (1883) Le roman naturaliste

Voici d’abord un procédé de peintre : « Le soleil, passant sous l’Arc de Triomphe, allongeait à hauteur d’homme une lumière roussâtre qui faisait étinceler les moyeux des roues, les poignées des portières, le bout des timons, les anneaux des sellettes… » Vous vous tromperiez singulièrement de ne voir là qu’une énumération de parties, selon la formule de l’abbé Delille. Mais c’est un rayon de lumière dont on suit le trajet tout le long des objets qu’il rencontre, en n’indiquant de ces objets eux-mêmes que les portions que la lumière « accroche », et fait comme émerger de la lumière diffuse ou de la masse d’ombre dans laquelle les autres ou se noient ou s’enfoncent. […] « Tout à coup, comme l’enfant roulait vers les genoux de sa mère, tout mouillé par la neige, ses yeux furent frappés d’un brillant rayon de lumière sur le terrain blanc, et, avec cette faculté de transition propre à l’enfance, il fut immédiatement absorbé par la contemplation de cet objet scintillant qui paraissait venir à sa rencontre, sans jamais y arriver. […] Seulement le peintre n’imite peut-être que le dehors, ou tout au plus le reflet du dedans sur le dehors ; le romancier, lui, pénètre dans le for intérieur et ramène à la lumière ce qu’il y a de plus intime, de plus obscur, de plus secret en nous. […] C’est la nuit, qu’« échappée des draps » dans un accès de somnambulisme, la Faustin, « en chemise », au milieu de la chambre, sous la « lumière spectrale » d’un rayon de lune, déclame la tirade d’Hermione : Où suis-je ?

1587. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Eugène Rigal sur Alexandre Hardy et le Théâtre français au commencement du xviie  siècle 1 est de faire une lumière nouvelle sur l’un des moments les plus intéressants de cette évolution. […] Grâce à cette promptitude et à cette sûreté de coup d’œil, grâce à cette prestesse et à cette souplesse, grâce à cet art de mettre leur vrai prix aux choses et d’y proportionner son effort, les Provinciales sont venues faire tout à coup la lumière dans la question la plus obscure et la plus importante qui s’agitât alors au sein du christianisme. […] En réalité, on se plaint qu’il ait fait la lumière et qu’il soit venu dire : « Non ! […] Car ce que sans doute on ne saurait admettre, c’est qu’en ce siècle — « de grands talents bien plus que de lumières », ainsi qu’un jour Voltaire l’appellera, mais qui n’en est pas moins le siècle des Bossuet et des Bourdaloue, des Molière et des Racine — les idées de Descartes soient tombées dans l’indifférence. […] Sorel ; tout y est au même plan, s’y éclaire de la même lumière ; ce n’est pas seulement l’unité qu’on y regrette, c’est encore la suite, c’est surtout l’ordre et la clarté.

1588. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Et cette lumière de sérénité, en douceurs exquises, s’avivait aux rides compliquées qui irradiaient du coin de l’œil, mordoré et délicatement encastré en l’arcade sourcilière, — tandis que, par la double dépression musculaire soulignant expressivement l’os malaire, elle dévalait en la barbe courtement taillée en pointe çà et là argentée, se perdait au sourire discret sous la moustache mousseuse. […] Là était le point inquiétant de ce masque singulier, très visiblement asymétrique  alors que les muscles semblaient comme attirer en torsion violente la rondeur nue et la lumière de la partie supérieure de la voûte crânienne d’une apparence compacte, lourdement osseuse. […] Visiblement vexé, il se rattrape sur Auguste Marcade qui, ignorant, prétend-il, de toute matière littéraire, s’en remettait aux lumières de ceux qui l’allaient voir. […] Son départ ne mettait qu’en plus vraie lumière les Henri de Régnier, Vielé-Griffin, Gustave Kahn, Stuart Merrill, Edouard Dujardin, etc. […] »  le voici replacé en évident réminiscence, en ces trois vers d’un pur délire : « Alors, m’éveillerai-je à la ferveur première, Droit et seul, sous un flot antique de lumière, Lys !

1589. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

XIII Aimé Martin, après avoir relevé la fortune de cette jeune femme par l’édition des Œuvres de Bernardin de Saint-Pierre, dans laquelle la veuve l’aidait, composa en vers et en prose, procédé littéraire fort usité alors, des Lettres sur la mythologie, qui eurent un double succès ; se livra à des travaux importants sur l’éducation des mères de famille, source de toute lumière dans le cœur ; puis, à des éditions de nos grands écrivains, qu’il connaissait mieux que personne ; enfin, il étudia Molière, et le commenta en six volumes ; c’était la résurrection du classique, genre fort méprisé de la jeunesse de cette époque. […] Tous les faux systèmes tombèrent devant lui ; il ne déplaça pas l’intérêt de sa vie en nous formulant, comme on le fait aujourd’hui, un génie naissant sur un grand homme consommé arrivant du ciel ici-bas, avec un arsenal d’idées préconçues, comme si rien n’eût existé avant lui, et apportant comme un soleil de l’art une lumière incréée jusque-là à la terre. […] Il n’y eut pas été un moment qu’il envoya demander à sa femme un oreiller rempli d’une drogue qu’elle lui avait promis pour dormir. « Tout ce qui n’entre point dans le corps, dit-il, je l’éprouve volontiers ; mais les remèdes qu’il faut prendre me font peur ; il ne faut rien pour me faire perdre ce qui me reste de vie. » Un instant après, il lui prit une toux extrêmement forte, et après avoir craché il demanda de la lumière. « Voici, dit-il, du changement. » Baron, ayant vu le sang qu’il venait de rendre, s’écria avec frayeur

1590. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

C’est le chef des voiles du roi ; — c’est le chef de la maison de lumière, le chef de l’équipement des jeunes soldats ; — c’est le chef des conseils du roi et le commandant des portes ; — c’est le « chef du secret pour proférer les paroles du roi » ; — c’est « les yeux du roi dans toutes les demeures » (sans doute le ministre de la police) ; — c’est « le chef des mystères du ciel, de la terre et des enfers, l’écrivain de la vérité dans la demeure de la justice » ; — c’est l’intendant des constructions du roi ; — c’est le chef de la grande écurie ; — c’est le basilicogrammate de la table du roi (le sommelier) ; — c’est le chef du gynécée royal ; — c’est « le scribe de l’oreille du roi » ; — c’est le flabellifère à la gauche du roi ; — c’est le porte-chasse-mouche à la droite du roi ; — c’est « le favorisé du roi et le cher à son cœur » ; — c’est le compagnon des jambes royales du seigneur des deux Pays. […] Il me semblait, d’après la belle imagination de Carlyle, avoir été jeté de par l’espace et le temps, dans une de ces étoiles lointaines, lointaines, lointaines, où arrivait seulement aujourd’hui la lumière qui éclairait le passage de la mer Rouge sous Ramsès II, et sa vision en retard de milliers d’années. […] Et toute ma distraction est dans ma chambre aux volets fermés, et où les tapisseries sont comme serrées dans l’ombre, d’étudier la lumière sur le seul panneau où filtre un peu de jour.

1591. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

Ainsi que je l’ai toujours fait dans les questions embarrassantes, cherchons la lumière dans ce que nous savons de nos espèces domestiques. […] Nous verrons alors que cette théorie jette quelque lumière sur les affinités des êtres disparus, qui, bien qu’appartenant généralement aux mêmes ordres, familles ou genres que ceux qui vivent actuellement, sont cependant souvent en quelque degré intermédiaires entre des groupes existants. […] — Je dois examiner ici diverses objections qu’on a faites à mes théories, d’autant plus que les questions précédentes en recevront encore quelque lumière.

1592. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Quand on est poëte, quand la lumière se joue dans l’atmosphère sereine de l’esprit ou en colore à son gré les transparentes vapeurs, il n’est que mieux d’attendre pour peindre, de laisser la distance se faire, les rayons et les ombres s’incliner, les horizons se dorer et s’amollir. […] Il serait chimérique de prétendre ressaisir et désigner, au sein d’un talent aussi complexe et aussi mobile, le reflet et le croisement de tous les rayons étrangers qui y rencontraient, y éveillaient une lumière vive et mille jets naturels.

1593. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre premier. Les caractères généraux et les idées générales. » pp. 249-295

. — Bien plus, beaucoup de nos corps chimiques, l’hydrogène, le fer, le sodium, d’autres encore, se rencontrent dans le soleil, à trente-cinq millions de lieues de notre terre, au-delà encore dans des étoiles si éloignées qu’il faut plusieurs années à leur lumière pour arriver jusqu’à nous, ou que leur distance échappe à toutes nos mesures. — À cette distance prodigieuse, les astres restent pesants comme notre terre ; on s’en est assuré par les mouvements des étoiles doubles. Leur lumière se comporte comme celle des corps que nous brûlons ; on s’en est assuré par l’étude des raies du spectre. — Enfin, d’après les lois de la conservation de la force, aucun savant ne doute que le mouvement n’ait toujours existé et ne doive exister toujours. — Ainsi, de même qu’il y a des caractères communs dont la présence continue relie entre eux les divers moments de l’individu, de même il y a des caractères communs dont la présence multipliée et répétée relie entre eux les divers individus de la classe.

1594. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

« J’ai reçu, dit-il, la vie et la lumière dans le Nouveau-Monde. […] En effet j’entrevis une lumière vers laquelle je me dirigeai.

1595. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Les doutes que peut laisser une métaphysique sévère, la morale les résout, et sa lumière éclaire à la fois et la religion et la politique. […] Mais ce chaos, si la nature humaine subsiste avec ses instincts et avec ses forces, n’est que le prélude d’une transformation prochaine et l’aurore d’une lumière nouvelle.

1596. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

Imprimée pour la première fois au complet vers la fin du xvie  siècle (1583), il a fallu, au xviie , toute l’érudition et tout l’appareil de Du Cange pour mettre cette Histoire de Villehardouin en pleine lumière (1657) ; encore n’était-elle censée, depuis, abordable que pour les savants et pour ceux que n’effrayent pas les in-folio.

1597. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — I. » pp. 279-295

Vicq d’Azyr fut le grand promoteur d’une Société ou Académie de médecine sans préjugés, vraiment moderne d’esprit et de méthode, ouverte même aux plus récentes lumières, et prête à répondre aux consultations du gouvernement sur tous les objets et toutes les questions qui intéressent la santé publique.

1598. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

Ampère, au milieu des diversités si riches de sa curieuse intelligence, revenait souvent à Dante avec une prédilection, ingénieuse toujours, et toujours munie de lumières nouvelles.

1599. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Livet, qui s’est attaché dès son début à étudier, à remettre en lumière et en honneur la littérature et la poésie du règne de Louis XIII, cette poésie que ne continue guère Malherbe et que balaiera Boileau.

1600. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

Changez la lumière, faites que le rayon tombe où il faut, que l’ombre se retire et se dégrade, en un mot regardez Villars au soleil, le même homme va paraître tout différent.

1601. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Vivre par la pensée dans d’autres temps et s’y oublier à volonté, tandis que l’on continue dans l’heure présente de jouir insensiblement et par tous les sens de l’air, de la lumière, de la pureté du ciel, de la limpidité des eaux, de la majesté des horizons, de tous les bienfaits naturels qui sont encore la plus vraie jouissance pour des êtres vivants, que faut-il de plus à l’homme qui est sorti de l’âge des passions et en qui elles n’ont point laissé la lie de leur philtre empoisonneur ?

1602. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

Ce père de Marolles, le plus beau gendarme qui se pût voir, s’étonnait, bien des années après, de mourir dans son lit ; il en était presque humilié : « Comment, disait-il, ce n’est pas les armes à la main qu’il faut quitter la lumière ! 

1603. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Il aura du moins réussi à faire valoir en Buffon et à mettre de plus en plus en lumière l’honnête homme, l’homme de cœur, de sagesse et de sens.

1604. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Il le manqua (indépendamment même des grands événements qui vinrent à la traverse) par l’éducation qu’il reçut et qu’il se donna, par son esprit novateur, ses lumières trop libérales, par ses goûts et ses vues de philosophie, de littérature et de poésie qui le promenaient en tous sens, et qui faisaient de lui un patricien bernois par trop infidèle à l’esprit du vieux sénat cantonal.

1605. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance diplomatique du comte Joseph de Maistre, recueillie et publiée par M. Albert Blanc » pp. 67-83

Seul, sans mission réelle, jeté avec ce titre de ministre à l’extrême Nord par une royauté qui s’est réfugiée à Cagliari et qui se soucie très peu de lui, n’en recevant ni instructions ni directions, et à peine quelque traitement, n’ayant pas toujours de quoi prendre une voiture, n’ayant pas même de quoi payer un secrétaire, il a su par la noblesse de son attitude, par sa dignité naturelle, par sa probité parfaite, par l’éclat et les lumières de sa parole sitôt qu’il se montre, se faire estimer, considérer au plus haut point, pénétrer dans l’intimité des premiers personnages de l’empire, y compris l’empereur lui-même qui le goûte, qui l’écoute, qui lui demande des mémoires et des notes, et qui certainement a dû penser un moment à se l’acquérir.

1606. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir a l’histoire de mon temps. Par M. Guizot »

Savant plein d’autorité et de lumières, le plus pratique des théoriciens, se rabattant volontiers en tout du côté de l’histoire, il était très propre à ne verser dans aucun sens.

1607. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

Ajoutez à sa beauté ce trait distinctif qu’elle ne dit pas, d’être une brune aux yeux bleus, ou si ses yeux étaient noirs comme ses sourcils étaient bruns, de les avoir bigarrés du moins et susceptibles de teintes bleues sous les reflets et le jeu de la lumière.

1608. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les Saints Évangiles, traduction par Le Maistre de Saci. Paris, Imprimerie Impériale, 1862 »

etc. » Sans doute il y a bien des obscurités mêlées aux douces lumières qui sortent de ces paroles.

1609. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Sa brusque et sèche intolérance m’en a rappelé d’autres du même genre, dont j’ai été quelquefois témoin en effet dans le monde de ce temps-ci, dans le même monde que voyait Sibylle ; mais les femmes qui s’y abandonnent ne brillent, en général, ni par la supériorité de l’intelligence, ni par les lumières : ce sont pour l’ordinaire de petits génies qui s’imaginent se grandir en se raidissant.

1610. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

faut-il que celles que l’on a le plus admirées et plaintes, le plus exaltées et célébrées, nous fassent faute à quelques années de là, nous donnent le regret, la confusion et presque le remords de nos espérances, et que cette misérable vie qui, passé une certaine heure, se compose pour nous d’une suite d’affronts secrets et d’échecs individuels, ne puisse s’achever sans que nous ayons vu coucher l’un après l’autre tous nos soleils, s’abîmer dans l’Océan toutes nos constellations, pâlir au fond du cœur toutes nos lumières ?

1611. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc »

Les Grecs, dans leur architecture, comptaient avec la lumière, la transparence de l’air, avec les sites environnants ; ils apportaient une étude toute particulière dans l’arrangement des angles de leurs édifices, se détachant en silhouette sur le ciel ou sur le fond bleuâtre des montagnes.

1612. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

Je trouve dans un livre récent, mélange de lumière et d’ombre, cette page charmante sur Cervantes qui y est classé parmi les premiers génies ; « L’Idéal est chez Cervantes comme chez Dante ; mais traité d’impossible, et raillé.

1613. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

A cette époque, il fut appelé au Conseil d’État nouvellement réorganisé, et dans le sein duquel ses lumières et sa compétence lui conférèrent aussitôt une autorité incontestée, dès qu’il s’agissait d’apprécier nos affaires extérieures.

1614. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Depuis que la critique est née et a grandi, qu’elle envahit tout, qu’elle renchérit sur tout, elle n’aime guère les œuvres de poésie entourées d’une parfaite lumière et définitives ; elle n’en a que faire.

1615. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Jean-Baptiste Rousseau »

Or, sans faire d’hypothèse gratuite, sans demander aux hommes plus que leur siècle ne comporte, on conçoit, ce me semble, dans cette atmosphère de souvenirs et d’affections, une âme tendre, chaste, austère, effrayée de la contagion croissante et du débordement philosophique, fidèle au culte de la monarchie de Louis XIV, assez éclairée pour dégager la religion du jansénisme, et cette âme, alarmée, avant l’orage, de pressentiments douloureux, et gémissant avec une douceur triste ; quelque chose en un mot comme Louis Racine, d’aussi honnête, et de plus fort en talent et en lumières.

1616. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Conclusion. »

Mais il y a un si grand foyer de lumières dans ce pays, le gouvernement républicain, par sa nature même, est à la longue tellement soumis à la véritable opinion publique, que les premières conséquences doivent éclairer sur le principe, et qu’on ne persiste pas, dans ce qui ruine, avec l’aveuglement dont plusieurs cabinets monarchiques ont donné l’exemple pendant cette guerre.

1617. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

Ils démêlent tout à la lumière artificielle des bougies ; ils se troublent et s’éblouissent à la clarté naturelle du grand jour.

1618. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre 2. La littérature militante »

Ce parti, qui n’avait ni les armes ni le nombre, avait les lumières et le talent : il lutta par sa parole et par toute sorte d’écrits, s’efforça de gagner le sentiment national, de l’obliger à prendre conscience de soi-même et de ses pressants intérêts.

1619. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre III. Trois ouvriers du classicisme »

Le préjugé de l’autorité fait moins échec à la raison chez les simples ignorants, qui jugent par la lumière naturelle.

1620. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

Il a, plus que personne, remis en lumière et en honneur le xviie  siècle et le naturalisme classique.

1621. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

En outre, s’il saisit dans une œuvre quelque côté qui n’ait pas encore été aperçu ou signalé, il le met si violemment en lumière, il oublie si bien tout le reste que sa découverte prend tout de suite je ne sais quel air d’élégante impertinence et semble un défi à la sécurité des bonnes gens qui croient ce qu’on leur a dit et qui n’inventent rien.

1622. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

Actuellement, j’ai l’impression que la lumière et l’ombre s’y font à peu près équilibre.

1623. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

Du commencement, je croyais cet homme-là un fripon ; mais, ma foi, il faut lui remettre l’honneur sur la tête, et demeurer d’accord qu’il a de grandes lumières… Ah !

1624. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

Ils veulent tous absolument que Dante soit la partie animale, ou les sens ; Virgile, la philosophie morale, ou la simple raison ; et Béatrix, la lumière révélée, ou la théologie.

1625. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

Heureusement, nous avons vu briller un peu de lumière à votre fenêtre, et nous avons pensé que vous nous remettriez dans notre chemin. » L’homme avait les mains à la pâte ; il dégagea ses mains avec cette attention prudente d’un pauvre diable qui ne veut pas perdre un seul grain de ce blé noir qui lui a coûté tant de sueurs ; même il retenait son souffle pour ne pas faire envoler un brin de farine.

1626. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Je n’avais pas de lumière ; mais, dans les grands jours, je souffrais moins de cette privation.

1627. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

Or, il y a un royaume des sons comme il y en a un de la couleur et de la lumière ; et ce royaume magnifique où s’élèvent et planent les Haendel et les Pergolèse, comme dans l’autre on voit nager et se jouer les Titien et les Rubens, Franklin n’est pas disposé à y entrer : lui, qui a inventé ou perfectionné l’harmonica, il en est resté par principes à la musique élémentaire.

1628. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

D’excellents poètes ont vécu de mon temps, il y en a eu de meilleurs encore avant moi, et il n’en manquera pas de plus grands parmi ceux qui nous succéderont ; mais que, dans la difficile question de la lumière, je sois le seul de mon siècle qui sache la vérité, voilà ce qui cause ma joie et me donne la conscience de ma supériorité sur un grand nombre de mes semblables. » Ce n’est pas à dire pourtant que Gœthe lut sans valeur au point de vue scientifique.

1629. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre I. Le Bovarysme de l’individu et des collectivités »

À la suite de Flaubert, dont la vision éclaire d’une lumière si vive ce pouvoir de métamorphose, on n’avait considéré tout d’abord de ce pouvoir que les conséquences pernicieuses.

1630. (1889) Méthode évolutive-instrumentiste d’une poésie rationnelle

Et ils sont cela, ces poètes d’imagination qui sonne creux, ces philosophes prisonniers de l’atavisme et posant en principe leur caprice, ces scientifiques puérils et contents : quand la lumière aveuglante a surgi des nues mauvaises déchirées par les génies Lamarck et Darwin !

1631. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Th. Dostoïewski »

Dans ces décors éclairés, semble-t-il, d’une lumière, grise ou rousse, de bruine ou d’orage, errent de troubles personnages, un juge d’instruction déduisant de sinueux et vrillants interrogatoires au cours d’un va-et-vient de bêles en cage, de louches ivrognes, des sadiques au sourire aigu, une petite fille fuyante et frêle, un vieillard dont les yeux, tout ouverts, sont morts et braqués sur l’invisible, l’insidieux et triste et réjoui bourgeois dont tout l’être lugubrement impudent est l’indice de crimes demeurés ensevelis.

1632. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « J. K. Huysmans » pp. 186-212

Il dira de l’or d’une étole, qu’il est « assombri et quasi sauré » ; il dira encore : « des hommes soûls turbulaient » ; des fleurs lui apparaîtront « taillées dans la plèvre transparente d’un bœuf » ; il pourra écrire cette phrase : « Attisé comme par de furieux ringards, le soleil s’ouvrit en gueule de four, dardant une lumière presque blanche… grillant les arbres secs, rissolant les gazons jaunis ; une température de fonderie en chauffe pesa sur le logis ».

1633. (1912) L’art de lire « Chapitre IV. Les pièces de théâtre »

Mes yeux sont éblouis du jour que je revoi ; Évidemment une main s’élève pour protéger les yeux que la lumière du soleil blesse et meurtrit.

1634. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

Lisez son Premier-Né, Le Jour de l’An en famille, les Vieux souvenirs, Les Petites Bottes, — qui rappellent, mais en vieux et en usé, le frais soulier de la Gudule dans Notre-Dame de Paris, — les Bébés et papas et la Première culotte, et voyez si dans tout cela l’enfant n’est pas toujours ajusté, toujours compris de la même manière, aimé pour le plaisir et la peine qu’il donne, — car il y a aussi l’épicurisme de la douleur, — et si la moitié du sentiment paternel, celle que Dieu élargit en la doublant du sentiment de son être, n’est pas restée, pure lumière, étouffée sous le boisseau de la chair !

1635. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VII : Théorie de la raison par M. Cousin »

Ces traductions, à demi grammaticales, à demi logiques, sont la seule lumière en philosophie ; les maîtres du dix-huitième siècle nous les enseignent ; il faut les faire et comprendre parfaitement son idée, avant d’expliquer comment elle peut se former.

1636. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

La rue n’avait pour lui que la lumière et le bruit d’un rêve. […] — Pas content, moucié Moronval, quand Mâdou laisser lumière… Puis il rapprocha sa couchette de celle de Jack. […] Devant nous la lumière S’éteignait, et la mer au loin, les monts boisés Se taisaient sous les cieux au couchant embrasés. […] … Si différents, nous arrivons cependant ensemble du travail nécessiteux et de la froide obscurité à ce doux banquet de lumière… Prends un cœur et fraternisons. […] Le vent de la nuit agitait la flamme des torches, souvent nous étions plongés dans une profonde obscurité, puis tout à coup des coins du tableau se trouvaient inondés de lumière.

1637. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

II La lutte entre le bien et le mal ne date pas d’hier, en littérature comme en toutes choses : on retrouve cet éternel combat, qui est la vie même de l’humanité, dans les diverses phases de l’histoire comme dans les replis du cœur, dans les créations de la poésie comme dans les œuvres de Dieu, dans les plus grossiers symbolismes des théogonies païennes comme dans les plus limpides lumières de la religion révélée. […] La paternité, chez lui, est un instinct, si bien dépourvu de toute idée morale, de toute lumière intelligente, que Goriot, pourvu que ses filles vinssent le voir, leur permettrait tous les désordres et probablement tous les crimes. […] Et vers Dieu par la main il conduira ce frère ; Et, quand ils seront près des degrés de lumière         Par nous seuls aperçus, Tous deux seront si beaux, que Dieu dont l’œil flamboie Ne pourra distinguer, père ébloui de joie,         Bélial de Jésus !!! […] Tandis que, dans les pays d’États, elle était sans cesse en contact et en communauté d’intérêts et d’affaires avec la classe supérieure et la classe populaire, elle ne possédait plus ailleurs d’autre usage de ses lumières, d’autre avantage de sa position ou d’autre satisfaction de vanité, que la faculté d’obtenir des places : ces places, qui se multipliaient à l’infini et qu’elle demandait à l’administration centrale, faisaient d’elle un nouveau rouage de cette machine, et achevaient de la séparer de son centre véritable d’action et d’influence. […] Albert de Broglie, cette figure si compliquée, si confuse, enveloppée dans le chaos de lumière et d’ombre qui marqua son passage en ce monde, altérée tour à tour par le ressentiment des historiens païens, par la ferveur des légendaires, la flatterie des contemporains et les dénigrements de l’irréligion moderne, sera désormais aussi bien connue, aussi vivante, aussi réelle, que celle de personnages plus récents, — ou plus anciens ; car remarquez que nous connaissons mieux l’antiquité, séparée de nous par un abîme, que cette époque intermédiaire, transitoire, où commence le Bas-Empire, et où nous retrouverions pourtant nos premiers papiers de famille, nos premiers titres de noblesse religieuse et intellectuelle, politique et sociale.

1638. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

… La lumière du cœur, qui ne se couche point… Ô mort, geôlière aux verrous de fer, brute sourde, qui t’a donné ces cachots éternels ? […] L’enfance à la campagne, dans les jardins et dans les champs, parmi les calmes et lents travaux, sous la lumière naturelle, dur contraste avec la ville et ses folies ! […] Nous avons fait beaucoup de chemin : nous ne sommes point au bout de la voie obscure et qui mène à la lumière. […] Ils éveillent une pensée de sécurité un peu tardive et une image de voiles qui, dans la lumière du soir, regagnent leur abri. […] Il se confessera, il récitera dans le confessionnal de l’abbé Duregard le Confiteor : il aura soin qu’Yvonne le sache et, sur le visage d’Yvonne, il guettera, comme une lueur de soleil sur un mur, la vive lumière du bonheur.

1639. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

Un autre procédé pour reconnaître si une matière sucrée existe dans un liquide consiste à examiner l’action de ce liquide sur la lumière polarisée. […] Biot a bien voulu constater, au moyen de son appareil, la présence du principe sucré dans le foie, et sa propriété de dévier à droite la lumière polarisée. […] Nous avons obtenu toujours le même résultat, c’est-à-dire déviation de la lumière polarisée à droite. […] Car, comme nous l’avons déjà dit, le sucre, à l’état normal, n’est pas expulsé au dehors, il reste dans le sang pour y remplir certains usages dont nous vous parlerons bientôt, et sur lesquels nous avons à vous annoncer des faits entièrement nouveaux qui sont de nature, je crois, à jeter une vive lumière sur les phénomènes chimiques qui se passent dans l’organisme, dans leurs rapports avec les actes purement vitaux. […] Mais, Messieurs, comment tout ce que nous venons de dire peut-il s’appliquer aux usages du sucre dans la fonction du foie, et comment cela pourrait-il nous fournir quelques lumières relativement à la théorie du diabète ?

1640. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Il était neuf heures ; la pièce était assez mal éclairée dans la lutte produite par la lumière décroissante du jour et la lumière des bougies. […] Il en était de verts encore ; il en était de jaunes, il en était de rouges et ceux-ci, dominant peu à peu, éclatant sous la terne lumière, l’exaltaient. […] Un irrésistible rayon fit étinceler les feuillages moroses, mêlant la lumière à la tempête, La formidable architecture resplendit. […] Sous cette lumière qui tombe d’en haut, le modelé des visages semble plus âpre. […] Le vent ayant éteint ma lumière, je le tire au hasard, je le manque, mais je blesse à la jambe celui qui le portait.

1641. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Le vaste « hall » était divisé en deux parties : l’atelier proprement dit, où le large châssis versait la lumière ; et, plus sombre, un retrait encombré de papiers et de livres. […] Les effets de lumière dans les tableaux de Gherardo delle Notti me plaisent énormément. […] Sous cette banale auréole, l’enfant divin illumine tous les entourants et semble lui même être fait de lumière. […] Quoi qu’il en soit, je vous assure que je ne mentais pas et que me trouvant toute seule en face d’une situation inextricable, d’une résolution folle à prendre, j’ai prié Dieu et j’ai songé à vous, m’imaginant que vous seriez l’être fantastique qui, au lieu de me prendre pour une « des femmes du monde qui, etc. », comprendrait l’âme en peine venant à lui chercher la lumière… Vous me faites parfaitement sentir la distance qu’il y a entre ce que nous imaginons et ce qui est. […] Peindre des marins au bord de la mer en plein air où la lumière est difficile, ou des gamins au coin d’une rue à l’endroit même où on les voit, est-ce suivre un système ?

1642. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Le doux éclat de ce soleil naissant Flatte bien plus mes yeux que ces flots de lumière Qu’au plus haut point de sa carrière Verse son char éblouissant. […] Sa description de l’été, par exemple, et de la Canicule, a bien de l’énergie et de la vérité ; elle se couronne par ces beaux vers : Tout est morne, brûlant, tranquille ; et la lumière Est seule en mouvement dans la nature entière.

1643. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

De temps en temps, peut-être, elle le contemple, curieusement, avec une certaine admiration, comme une belle planète solitaire qui brille au haut du firmament, sans communiquer sa lumière au monde ; et puis, elle s’affermit singulièrement dans son indifférence, en voyant un second, un troisième, un quatrième idéal s’élever des points divers de l’horizon, avec la prétention de resplendir seul au zénith. […] Mais, prenez garde ; il y a des esprits que l’érudition surcharge, que la métaphysique embrouille, et qui voient mal les choses à force de lumière.

1644. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre premier. La perception extérieure et les idées dont se compose l’idée de corps » pp. 69-122

Que nous soyons endormis ou éveillés, le feu s’éteint et met fin à une possibilité particulière de chaleur et de lumière. […] À propos de cette sensation surgissent les images de plusieurs sensations distinctes et liées entre elles, celle des sensations exactement semblables de contact, de résistance et de froid que j’éprouverais si je répétais la même épreuve, celle des sensations à peu près semblables de contact, de résistance et de froid que j’éprouverais si je portais la main au-delà de l’endroit touché, celle des sensations musculaires de locomotion pendant lesquelles ces sensations tactiles me seraient données et au terme desquelles elles ne me seraient plus données, celle des sensations de couleur et de forme visuelles qui naîtraient en moi, s’il y avait de la lumière et si mes yeux étaient ouverts, etc.

1645. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

À la mort de son père chéri, Mozart écrivit à sa sœur une lettre touchante où nous avons remarqué le passage suivant : « Comme la mort, lorsqu’on y réfléchit, paraît être le vrai but de la vie… Je me suis tellement familiarisé avec cette idée, que je ne me couche jamais sans penser que peut-être je ne verrai plus la douce et amère lumière du jour ! […] J’appuie mes deux coudes sur le bord de la loge, et je contemple la salle déserte, dont l’architecture, magiquement éclairée par mes deux lumières, se projette bizarrement en reflets merveilleux.

1646. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Qui peut, après Jean-Jacques Rousseau et Chateaubriand, essayer de décrire cette oasis de lumière, d’ombre, de prairies en pente, de châtaigniers en groupes, de chaumières éparses, de lacs encaissés et dormants dans le demi-jour, sous l’abri majestueux des montagnes dentelées de sapins et de neige ? […] De grands beaux yeux bleus pleins de lumière, encadrés dans des sourcils encore noirs, un nez carré, des joues fermes, une bouche large et façonnée à plaisir par la nature pour l’éloquence, un menton solide, relevé, presque provoquant, une expression hardie, un demi-sourire moitié de bienveillance, moitié de sarcasme, complétaient cette figure.

1647. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIe entretien. Cicéron » pp. 81-159

Je les ai nommés d’avance à plusieurs de nos premiers citoyens, et j’avais annoncé l’heure où ils se présenteraient…………… « Peux-tu, Catilina, jouir en paix de la lumière qui nous éclaire, de l’air que nous respirons, lorsque tu sais qu’il n’est personne ici qui ignore que, la veille des calendes de janvier, le dernier jour du consulat de Lépidus et de Tullus, tu te trouvas sur la place des Comices, armé d’un poignard ? […] J’ai donc résolu d’aller me réfugier dans votre maison d’Épire, non pas à cause de l’agrément du séjour, bien indifférent au malheureux qui fuit même la lumière du jour, mais pour être, dans ce port que vous m’offrez, plus prompt à repartir pour ma patrie, si jamais elle m’était rouverte, pour y recueillir ma misérable existence dans une solitude qui me la fera supporter plus tolérablement, ou, ce qui vaudrait mieux encore, qui m’aidera à dépouiller plus courageusement la vie.

1648. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

« Son intelligence, si constamment exercée, avait encore développé ce front naturellement vaste, qui recevait tant de lumières ! […] « Ces yeux interrogeaient et répondaient sans le secours de la parole, voyaient les idées, les sentiments, et lançaient des jets qui semblaient sortir d’un foyer intérieur et renvoyer au jour la lumière au lieu de la recevoir.

1649. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Le souper fini, le feu fut complètement éteint, et l’on plaça une petite lumière de pommes de pin dans une calebasse qu’on avait creusée. […] Je trouvai tout parfaitement tranquille ; et par degrés, dirigeant la lumière de la lanterne sur les côtés de l’excavation béante au-dessus de nous, j’aperçus les hirondelles collées les unes contre les autres et couvrant toute la surface interne.

1650. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

L’œuvre préservée de Lamartine, ou celle de Victor Hugo, tiendra peut-être dans un florilège pas plus gros que le volume qui contient tout ce qu’a écrit Malherbe ; tandis que des écrivains comme Gérard de Nerval, Maurice de Guérin ou Barbey d’Aurevilly viendront en pleine lumière et au premier rang. […] Comment espérer, dans ces conditions, quelques lumières, d’un procès institué devant un jury incompétent ?

1651. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

Il gardait le souvenir d’une grande lumière qui avait brillé sur l’antiquité, et qu’il savait renfermée dans ses livres. […] C’est donc par son érudition même, où percent des lumières admirables, que le Roman de la Rose serait un poème original, et c’est par où on le trouve décrépit qu’il me paraîtrait neuf.

1652. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

Le commencement du troisième acte est une des plus puissantes scènes musicales qu’on ait connues, l’expression mélancolique, navrée, de la nature y atteint une précision exquise, infinie ; et plus loin, l’effusion joyeuse de la prairie tient autant à la lumière qu’aux vivifiantes sonorités de l’orchestre pendant cette merveilleuse scène ; le départ d’Amfortas, du cygne, l’arrivée des deux jeunes écuyers, celle de Kundry sont également à étudier minutieusement. […] Timbre. — Les accents de timbre sont les moins variés ; cependant ils jouent un grand rôle par le caractère mystérieux, à la fois vivant et impassible qu’ils donnent à toute la phrase : les accents coïncident avec eux de hauteur et d’intensité, ce qui contribue à donner à la mélodie la puissance et la grandeur de sa plasticité. — Dans les notes faiblement accentuées, les bois et les cordes produisent une sonorité diffuse et assez peu définie, tandis que dans les parties accentuées, à la 3e et à la 4e mesure, il y a une coïncidence de sonorités pures qui leur donne un éclat comparable à celui d’une lumière pleine et forte.

1653. (1909) De la poésie scientifique

(Les passions ont avec les sons un lien puissant et secret, a écrit Jean-Jacques Rousseau  « La pensée, qui tient à la lumière, s’exprime par la parole, qui tient au son », a dit incidemment Balzac.) […] Avant de dire quelle sanction humaine ressort de ces principes, nous remarquerons en passant qu’ils peuvent mettre un terme à la vieille et longue querelle occidentale entre le Matérialisme et le Spiritualisme, avatar de l’antique antagonisme du Mal et du Bien, de la Nuit et de la Lumière, double direction de l’esprit humain partie de l’Inde depuis la méditation de Vyasa, et l’emprise générale de Kapila qui tient la pensée évolutionniste moderne   En notre pensée les deux termes s’unissent et l’antinomie se résout : car le spiritualisme, c’est-à-dire pour moi, le plus de conscience prise du Tout, sort perpétuellement de la Matière évoluante.

1654. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

Aussitôt son regard m’arrive comme un jet de lumière électrique. […] Cet homme, qui a bu tant de lumière, a horreur de Paris, au mois de septembre.

1655. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

C’est ainsi que ce soir, au lieu d’être à la première de la reprise de Claudie, dans la loge de Porel, prévenu que les Daudet n’y sont pas, je reste chez moi à rêvasser et à me réjouir, les yeux, sous la lumière de la pleine lune, de la légèreté de la grille de fer qu’on vient de poser au fond de mon jardin… Et regardant cela, je pensais avec tristesse au bourgeois imbécile, ou à la cocotte infecte, qui aura bientôt cette petite demeure de poète et d’artiste. […] Et enfin, sortant de là, désireux de se coucher, Scholl n’entendait-il pas l’enragée noctambule, une main tendue vers le lointain, s’écrier : « Est-ce que tout là-bas, je ne vois pas encore une petite lumière ? 

1656. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

esprit de vie et de lumière, Qui, reposant ta force au centre de la Terre, Sous ta céleste chaîne y restes prisonnier ! […] Le soleil le sait bien, qu’il n’est sous sa lumière Qu’une immortalité, celle de la matière.

1657. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Le petit duc de Bourgogne, tout nu, mais avec le cordon bleu, suspendu dans les airs au centre de la toile, environné de lumière, présente la couronne éternelle à son père. […] Il n’y a ni grouppes déterminés ni repos marqués, ni clair-obscur, ni magie de lumière, ni intelligence d’ombres, ni teintes, ni demies-teintes, ni perspective, ni plans.

1658. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

Mézeray est modeste sur les erreurs ; il reconnaît qu’il a dû en commettre beaucoup : « Et vraiment il n’est pas au pouvoir d’un homme mortel de faire une course de douze siècles sans broncher. » De son style il déclare qu’il ne dira rien ; mais on voit qu’il y tient et qu’à ce début il l’a soigné : « C’est à vous, dit-il aux lecteurs désintéressés, à prononcer si j’ai écrit d’une belle manière, si j’ai découvert quelques lumières qui n’eussent pas encore été démontrées ; là où j’ai touché au but, et là où je m’en suis éloigné. » Il nous rappelle ce que nous ne devons jamais oublier quand nous nous reportons à la première époque où parurent ces ouvrages une fois en vogue, et dès longtemps vieillis : c’est que, si la matière était déjà vieille alors et semblait telle, la forme qu’il lui donnait à son heure la rendait toute nouvelle.

1659. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Niel n’a pas voulu traiter encore les questions délicates d’art et d’école que cet ordre de dessins soulève : il n’a fait que les indiquer dans son avant-propos, réservant ce sujet pour une époque plus avancée de sa publication, lorsque les pièces seront rassemblées en grand nombre et qu’il en ressortira plus de lumière.

1660. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Devant ces jeunes débauchés en qui fermentait déjà l’esprit du xviiie  siècle, il pose en principe que « la source de toute incrédulité est le dérèglement du cœur » ; que « le grand effort du dérèglement est de conduire au désir de l’incrédulité » ; que c’est l’intérêt qu’ont les passions à ne point arriver à un avenir où la lumière et la condamnation les attendent, qui incline et oblige les esprits à ne pas y croire.

1661. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

Il a dit encore de lui-même dans une ballade, qu’au bruit du vin qu’il entend verser de la bouteille, qu’au fumet des viandes appétissantes qu’il voit servir sur les tables, son esprit se renouvelle, et qu’il se renouvelle encore à voir chaque fleur en sa saison, et les chambres éblouissantes de lumières pendant les longues veilles, comme aussi à trouver bon lit après la fatigue, sans oublier la friande collation arrosée de clairet, que l’on fait pour mieux dormir.

1662. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Fénelon lui-même a été, comme son élève, une espérance ; il a pu paraître en politique une de ces lumières un peu flottantes que le souffle de l’opinion fait vaciller d’un côté ou d’un autre, selon qu’on aime à s’en emparer et à s’en décorer.

1663. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

La grande lumière ne m’éclaire pas, elle m’éblouit : mes yeux ne sont pas accoutumés à tant de clartés.

1664. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

Ses récits proprement dits, même aux endroits qu’il entend le mieux, tels que les combats et batailles, manquent souvent de la lumière et de l’exposition indispensable.

1665. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — I. » pp. 409-426

Marcotte, son digne et incomparable ami de tous les temps, il lui exprimait, d’une manière un peu voilée, mais avec insistance, les regrets de l’homme du Nord, de l’homme plus intérieur et spiritualiste qui se sent jusqu’à un certain point exilé dans ce pays de la lumière et des sensations heureuses.

1666. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

Quel paysage riant de fraîcheur, tout égayé de reflets et traversé de lumière !

1667. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

Une telle lettre suffirait à faire la gloire du Plutarque d’Amyot, dont elle a toute la fraîcheur et les grâces souriantes, et elle y joint, comme écrite en mer par une douce brise, un reflet de la lumière et de la sérénité des flots.

1668. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

L’abbaye de Saint-Victor, comme presque toutes les fondations et observances religieuses, était peu à peu tombée dans un complet relâchement et ne présentait plus même une ombre de ce qu'elle avait pu être au Moyen Âge, au temps de ses grandes lumières, Hugues et Richard de Saint-Victor.

1669. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

Depuis vingt-sept ans déjà que j’ai publié un choix des poésies de Ronsard (1828) joint à un Tableau historique de son école, dans lequel j’essayais de remettre en lumière et en honneur un côté du moins de son entreprise, je me suis en général abstenu d’en parler.

1670. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

Voiture, en homme d’esprit (et il avait bien autrement d’esprit proprement dit que Balzac, qui avait principalement du talent), ne songea point à lutter avec lui : il laissa ce provincial superbe et solennel croire qu’il régnait de sa maison d’Angoulême sur l’empire des lettres ; il lui rendit même hommage : quant à lui, il ne se piqua que de bien vivre, de vivre le plus agréablement, de conquérir la faveur des plus grands et des plus belles, et, tout en s’amusant à tous les étages, de s’épanouir par son côté précieux au centre de la vraie urbanité dans la plus douce lumière.

1671. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Pendant que je la lisais, je me rappelais bien souvent cette autre correspondance récemment publiée, si étonnante, si curieuse, si pleine de lumière historique et de vérité, entre deux autres frères, couronnés tous deux, le roi Joseph et l’empereur Napoléon ; et, sans prétendre instituer de comparaison entre des situations et des caractères trop dissemblables, je me bornais à constater et à ressentir les différences : — différence jusque dans la précision et la netteté même, poussées ici, dans la correspondance impériale, jusqu’à la ligne la plus brève et la plus parfaite simplicité ; différence de ton, de sonoréité et d’éclat, comme si les choses se passaient dans un air plus sec et plus limpide ; un théâtre plus large, une sphère plus ample, des horizons mieux éclairés ; une politique plus à fond, plus à nu, plus austère, et sans le moindre mélange de passe-temps et de digression philosophique ; l’art de combattre, l’art de gouverner, se montrant tout en action et dans le mécanisme de leurs ressorts ; l’irréfragable leçon, la leçon de maître donnée là même où l’on échoue ; une nature humaine aussi, percée à jour de plus haut, plus profondément sondée et secouée ; les plaintes de celui qui se croit injustement accusé et sacrifié, pénétrantes d’accent, et d’une expression noble et persuasive ; les vues du génie, promptes, rapides, coupantes comme l’acier, ailées comme la foudre, et laissant après elles un sillon inextinguible54.

1672. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

Ses lumières et son expérience, jointes à sa correspondance, peuvent le mettre en état de juger si on est effectivement dans l’intention d’abandonner le roi de Prusse à toute la rigueur de sa mauvaise destinée, en cas qu’il soit sans ressource, et si on veut détruire absolument une balance qu’on a jugée longtemps nécessaire.

1673. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

Je n’osai pas coucher seule dans ma chambre ; je fis veiller ma femme de chambre avec moi toute la nuit, avec beaucoup de lumières et en priant.

1674. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Chaque jour même je jetterais du rez-de-chaussée des pierres à ceux qui occupent les étages supérieurs de la maison ; et, comme ils tiennent à leurs vitres, sans faire cas de la lumière, il est à croire qu’ils videraient sur moi leurs cassolettes, pour se débarrasser d’un voisin incommode. » L’image est des plus gaies ; elle est bien de l’esprit espiègle et taquin que nous connaissons.

1675. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

À côté des maîtres, ses confrères et ses amis, à côté des lumières de l’Université, desquelles toutefois il se distingue, que voit-il au premier rang ?

1676. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. Suite et fin. » pp. 73-95

L’auteur s’est refusé là un beau contraste et une lumière.

1677. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Études de politique et de philosophie religieuse, par M. Adolphe Guéroult. »

elle a atteint l’âge de majorité et de raison ; elle trouve désormais tous ses stimulants et ses motifs d’agir en elle-même ; les lumières circulent, chacun a droit de parler et d’être écouté ; la somme totale de tous les avis, la résultante de toutes les contradictions est, en fin de compte, la vérité même !

1678. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

J’ai connu des fils de ces hommes excessifs et violents, qui étaient, eux, adoucis, modérés, tolérants, réconciliés avec les idées et les lumières de leur époque.

1679. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vie de Jésus, par M. Ernest Renan »

Le paysage de la contrée de Génésareth en particulier, tel qu’il nous le décrit, riant, verdoyant, non épais, non feuillu ni trop païen, mais sobre encore, ouvert de partout à la lumière, à l’innocence, et d’une variété clair-semée, y fait le fond de ces prédications bienfaisantes.

1680. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

Toutefois il a vu des plaies, il les a sondées, il a cru découvrir des dangers pour l’avenir et, à certains égards, des principes de décadence, si l’on n’y avisait et si l’on n’y portait remède ; et non seulement en bon citoyen il pousse un cri d’alarme, non seulement il avertit, mais en savant, en homme pratique, muni de toutes les lumières de son temps et de tous les matériaux particuliers qu’il a rassemblés, au fait de tous les ingrédients et les mobiles sociaux, sachant tous les rouages et tous les ressorts, il propose des moyens précis de se corriger et de s’arrêter à temps.

1681. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. (Suite et fin.) »

Assujettir le corps aux exercices qui fortifient aussi l’âme, ne point le dépouiller de ses vêtements en présence des astres du jour ou de la nuit, n’y jamais introduire d’aliments impurs, le tenir toujours exempt de toute souillure, surtout ne pécher « ni par pensée, ni par parole, ni par action » ; pratiquer le repentir après la chute ; élever ses enfants ; ressembler, en un mot, à son bon Génie ou Fervers, type et représentation idéale de chacun, telle est la prière que le Persan adresse à Ormuz, « qui est toute pureté et toute lumière, esprit universel et source de toute vie. » Toujours, chez M. 

1682. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. (Suite) »

Le nouveau biographe met très bien en lumière le côté diplomatique assez neuf et nous explique comment la tentative de négociation qui, sous les auspices du maréchal, se fit cette année à Dresde par le duc de Richelieu, même en n’aboutissant pas dans le présent, prépara les voies et déblaya le terrain pour l’avenir.

1683. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Observations sur l’orthographe française, par M. Ambroise »

C’est un fait reconnu et que les philologues et critiques qui se sont occupés de l’histoire de la langue et qui ont étudié la naissance de la Romane, d’où la nôtre est dérivée, ont mis de plus en plus en lumière.

1684. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet »

Il nous représente bien en sa personne tout ce qu’il y avait de lumières, de raisonnables idées de réformes, de sages vues administratives et pratiques, de vœux philosophiques honorables et de justes pressentiments politiques, dans les hommes de la seconde moitié du xviiie  siècle.

1685. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Sir Henry Bulwer, homme d’État et étranger, moins choqué que nous de certains côtés qui ont laissé de tristes empreintes dans nos souvenirs et dans notre histoire, a jugé utile et intéressant, après étude, de dégager tout ce qu’il y avait de lumières et de bon esprit politique dans le personnage qui est resté plus généralement célèbre par ses bons mots et par ses roueries ; « L’idée que j’avais, dit-il, c’était de montrer le côté sérieux et sensé du caractère de cet homme du XVIIIe siècle, sans faire du tort à son esprit ou trop louer son honnêteté. » Il a complètement réussi à ce qu’il voulait, et son Essai, à cet égard, bien que manquant un peu de précision et ne fouillant pas assez les coins obscurs, est un service historique : il y aura profit pour tous les esprits réfléchis à le lire.

1686. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Affaires de Rome »

Si, au contraire, ceci est la fin, et que le monde soit condamné, au lieu de rassembler ces débris, ces ossements des peuples, et de les ranimer, l’Église passera dessus et s’élèvera au séjour qui lui est promis, en chantant l’hymne de l’Éternité ; » — ou bien quand, à la fin des Progrès de la Révolution, en 1829, il écrivait : « Vient le temps où il sera dit à ceux qui sont dans les ténèbres : Voyez la lumière ! 

1687. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

On se rappelle la joie fière, le rayonnement orgueilleux de Colomba emmenant et comme reconquérant son frère ; on le comparerait au délire, aux transports éperdus d’Électre reconnaissant le sien : « O chère lumière !

1688. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre II. Du goût, de l’urbanité des mœurs, et de leur influence littéraire et politique » pp. 414-442

Rien n’est plus contraire aux progrès de la littérature, à ces progrès qui servent si efficacement à la propagation des lumières philosophiques, et par conséquent au maintien de la liberté.

1689. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre II. Des idées générales et de la substitution simple » pp. 33-54

En effet, les expériences que nous faisons et les images qui nous reviennent ne sont pas de pures connaissances ; elles nous affectent autant qu’elles nous instruisent ; elles sont un ébranlement en même temps qu’une lumière.

1690. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

Il pousse plus avant dans la voie indiquée par La Bruyère : il recule les réalités intérieures et intelligibles, et il amène en pleine lumière les réalités sensibles.

1691. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

C’est le paysage le plus stérile, le plus hostile à l’homme, le plus désolé, le plus lugubre sous la lumière aveuglante ; les sables fauves, sans limites ; tachés d’affreux villages nègres comme de plaques de lèpre, ou de marécages pleins de poisons qui saignent horriblement au coucher du soleil.

1692. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

Et, jamais, la monstrueuse agglomération des villes, dévorant l’espace et les jardins, noyant la lumière de ses fumées accrues, tuant l’azur et les rêves, n’avait à ce point assombri les cerveaux de brouillards et peuplé les yeux de visions sinistres.

1693. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

Ses mots sont lumière, clair-obscur, sous-bois avec des chaleurs32… René Ghil voyait tout cela dans l’Après-midi d’un faune, mais René Ghil sera le premier tout à l’heure à dénoncer d’abord le divorce qu’il y a entre l’écriture et la parole de Mallarmé et ensuite l’originalité contestable de son point de vue.

1694. (1890) L’avenir de la science « V »

C’est notre gloire à nous d’en appeler toujours à la lumière ; c’est notre gloire qu’on ne puisse nous comprendre sans une haute culture, et que notre force soit en raison directe de la civilisation.

1695. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

Si j’ai pu ouvrir des échappées par où passent quelques rais de lumière, que d’autres y plongent plus avant et y découvrent des vérités que j’ai réussi seulement à faire entrevoir.

1696. (1886) De la littérature comparée

Les différences sont si profondes, le revirement est si complet, que les trécentistes et leurs successeurs ont vraiment pu avoir l’illusion qu’ils tiraient le monde de l’obscurité et lui donnaient la lumière.

1697. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

Cependant quelques âmes blondes, et plus que toutes Jésus, semblent dans le brouillard des sourires de lumière.

1698. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

C’est ainsi qu’un guide en Suisse, pour l’ascension du Righi ou de toute autre montagne, vous conduit au meilleur endroit, un peu avant l’aurore, s’y place à côté de vous : et l’on voit tout à coup le soleil se lever à l’horizon et sa vive lumière elle-même développer par degrés l’immense paysage, dont le guide alors vous indique les hauts sommets et vous dénombre tous les noms.

1699. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

Sans refuser enfin à son style toute espèce de qualité littéraire, il est impossible de n’y pas sentir des longueurs et des pesanteurs de phrases, des portions qui y sont comme opaques, et qui empêchent d’y pénétrer la lumière et l’agrément.

1700. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Pline le Naturaliste. Histoire naturelle, traduite par M. E. Littré. » pp. 44-62

C’est le cas de se former une idée juste du personnage célèbre qui nous est ainsi montré en pleine lumière.

1701. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Elle a soutenu cette marche et ces lumières avec grâce et modestie.

1702. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Son esprit sensé, livré à lui-même, s’émancipait aux lumières de l’expérience ; il jugea la femme habile et artificieuse qui avait été mêlée si avant aux malheurs de sa maison.

1703. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

L’image d’un livre leur donne le frisson : parce qu’on a abusé des lumières, ils extermineraient tous ceux qu’ils supposent éclairés ; parce que des scélérats et des aveugles ont rendu la liberté horrible, ils voudraient gouverner le monde à coups de sabre et de bâton.

1704. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre III. Zoïle aussi éternel qu’Homère »

Ces hommes ne disaient pas un mot, et n’avaient pas de lumière.

1705. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

Au nombre de ces biens chaque jour répandus sur un plus grand nombre d’individus, il faut mettre au premier rang le développement de l’intelligence, la diffusion des lumières.

1706. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

On a voulu, pour suppléer aux mœurs de cette dernière classe, y faire pénétrer les lumières, c’est-à-dire renforcer encore le principe intelligent aux dépens mêmes, s’il le faut, du principe moral : voilà tout juste où nous en sommes.

1707. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

Critiques, tous deux, de sentiment et de sensation ; compréhensifs bien plus qu’exclusifs d’intelligence et de doctrine ; portant sur les choses de ce monde un regard curieux, ouvert et bienveillant ; ayant la même philosophie sans métaphysique, la même opinion politique, les mêmes goûts pour les lumières modernes et la même foi (un peu éblouie, selon moi) dans le progrès des sociétés, ils ne diffèrent guère que par la destinée, qui fait de ces charmants coups quelquefois : — c’est que Macaulay est monté plus haut dans son pays que Philarète Chasles dans le sien.

1708. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

Comme un phare coloré et commode qui tour à tour reçoit cinq ou six lumières et en transmet au loin la splendeur, M. 

1709. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIV : De la méthode (Suite) »

Elle vient d’un fait général semblable aux autres, loi génératrice d’où les autres se déduisent, de même que de la loi de l’attraction dérivent tous les phénomènes de la pesanteur, de même que de la loi des ondulations dérivent tous les phénomènes de la lumière, de même que de l’existence du type dérivent toutes les fonctions de l’animal, de même que de la faculté maîtresse d’un peuple dérivent toutes les parties de ses institutions et tous les événements de son histoire.

1710. (1927) André Gide pp. 8-126

Il le devine, il le pressent, et il met ainsi en lumière, sans le savoir, la filiation qui à certains égards relie Nietzsche à nos Jeune-France de 1830 et à leurs successeurs immédiats. […] « D’ordinaire, dit Taine, leur cristallin quoique opaque laisse déjà passer un peu de lumière ; l’aveugle de Cheselden distinguait au moins trois couleurs : le blanc, le noir et l’écarlate3 ». […] André Gide avait au moins une notion de la lumière, puisqu’elle imaginait le chant des oiseaux comme un de ses effets, ainsi que la chaleur qui caressait ses joues, et puisqu’il lui paraissait tout naturel que l’air chaud se mît à chanter, de même que l’eau bout près du feu.

1711. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre V. La philosophie. Stuart Mill. »

Sur ce point, la méthode de concordance ne nous fournit aucune lumière. […] Une lumière jeune se posait sur les dentelures des murailles, sur les festons des arcades, sur le feuillage éclatant des lierres. […] Les architectures de tous les âges mêlaient leurs ogives et leurs trèfles, leurs statues et leurs colonnes ; le temps avait fondu leurs teintes ; le soleil les unissait dans sa lumière, et la vieille cité semblait un écrin où tous les siècles et tous les génies avaient pris soin tour à tour d’apporter et de ciseler leur joyau.

1712. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

La tête de Diderot étant donnée, cette belle tête de Houdon avec ces yeux qui boivent la lumière et ce grand front qui la renvoie, expliquez-vous si vous pouvez les niaiseries, les sottises, disons le mot ! […] Tête de feu plus que de lumière, il avait, jointes à ses passions, les passions d’une époque enflammée de haine contre toute spiritualité, et, de tout cela, mêlé, confus et bouillonnant dans la cuve fumante de son cerveau, il ne devait guères sortir cette chose équilibrée, combinée, organisée, calme et redoutable qu’on nomme une philosophie. […] Son négateur disparut dans sa lumière.

1713. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

Sur ce point, la méthode de concordance ne nous fournit aucune lumière. […] Une lumière jeune se posait sur les dentelures des murailles, sur les festons des arcades, sur le feuillage éclatant des lierres. […] Les architectures de tous les âges mêlaient leurs ogives et leurs trèfles, leurs statues et leurs colonnes ; le temps avait fondu leurs teintes ; le soleil les unissait dans sa lumière, et la vieille cité semblait un écrin où tous les siècles et tous les génies avaient pris soin tour à tour d’apporter et de ciseler leur joyau.

1714. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Et puis, tous, tant que nous sommes, nous avons une si misérable peur de la lumière !  […] Les scènes se déroulent dans la lumière blême, en dialogues interminables comme cette pluie qui bat les vitres. […] Ce sont choses délicates qui se passent dans le fond le plus mystérieux de l’être, qui fuient la lumière, qui sont d’autant plus malaisées à définir qu’il s’y mêle, à la terreur de l’âme, une angoisse qui n’est pas purement morale, une sorte de terreur physique, obscure et vague, imparfaitement expliquée pour celle même qui l’éprouve… Cela peut sans doute être démêlé et décrit, mais non point par elle. […] Il consiste à présenter l’œuvre, à discuter sous un certain angle, mettant en lumière certaines parties, laissant les autres dans l’ombre. […] La petite intrigue qui met tout cela en lumière est ingénieuse et simple.

1715. (1887) George Sand

Quand on nous a demandé de rassembler nos souvenirs sur cet auteur et de les faire revivre dans ce temps si étrangement dédaigneux et si vite oublieux, on est allé au-devant d’un secret désir que nous avions de faire appel, un jour ou l’autre, à nos impressions d’autrefois, de les ranimer par une nouvelle lecture, de les produire à la lumière en les rectifiant et les tempérant par l’expérience acquise et la comparaison. […] Enfin, nous nous reposerons avec elle de toutes les agitations et de toutes les haines ; la douce lumière, un peu voilée, de la campagne natale finira par éclipser l’éclat fiévreux du réformateur, le rêve enflammé du poète humanitaire. […] Leroux n’eût répandu les lumières troublées de sa psychologie sur cette œuvre nouvelle. […] Une lumière supérieure avait pénétré à travers le trouble et le tumulte de son cœur qui, jusqu’alors, n’avait eu que des instincts facilement égarés. […] Même dans ses plus grandes hardiesses de pensée, Lélia resta Lélia, et jamais une équivoque ni une plaisanterie cynique n’alourdit ou n’effleura son aile, amie du grand vol et de la lumière.

1716. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

Il se rompit à écrire correctement tant en français qu’en latin, et, en acquérant une égale facilité à s’exprimer en diverses langues, il perdit moins une originalité d’expression pour laquelle il semblait peu fait, qu’il n’acquit l’élégance, la lumière et la clarté qui deviendront ses mérites habituels.

1717. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

Mais l’esprit de routine est si difficile à vaincre, que Petitot, dans sa collection, d’ailleurs estimable, des mémoires relatifs à l’histoire de France, entreprise vers 1819, n’osa se décider à mettre le bon texte de Joinville, qui était en lumière depuis 1761.

1718. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

Tous ceux qui sont allés à Rome dans les années où il était consul à Civitavecchia ont pu connaître Beyle, et la plupart ont eu à profiter de ses indications et de ses lumières ; ce narquois et ce railleur armé d’ironie était le plus obligeant des hommes.

1719. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

Ce n’est plus au coin du feu l’hiver, c’est l’été, dans son cabinet de verdure, dans son cadre de jasmin et de chèvrefeuille tant de fois décrit, dans sa serre où on le voit assis avec des myrtes pour persienne, qu’il va désormais composer des vers, sérieux toujours, mais frais, animés et éclairés d’une lumière imprévue.

1720. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

Douée de la plus heureuse intelligence, d’un esprit plein de lumière et de saillies, d’une mémoire merveilleuse, de bons et droits sentiments, d’une belle âme faite pour la vertu, jolie dans sa jeunesse avant que le mal l’eût détruite, et ornée de grâces naturelles, elle fut pourtant dès l’enfance une des personnes les plus malheureuses, les plus cruellement maltraitées qui se puissent voir dans aucune classe de la société (je n’excepte pas la plus inférieure), et elle eut de tout temps une existence souffrante et tourmentée, avec bien peu de doux moments.

1721. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

Je vous laissai dans ma dernière lettre plus de jour et de lumière ; je tirai un peu le rideau ; mais, puisque cette ouverture ne vous satisfait pas encore, que votre amitié va plus loin, qu’elle me poursuit toujours, et qu’il m’est permis de voir dans un soin aussi constant le fond de votre cœur pour moi, j’aurais tort de vous rien cacher.

1722. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

C’est le plus sûr moyen de nous soustraire à leur domination en profitant de leurs lumières.

1723. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

Le soleil qui s’est retiré, il y a peu d’instants, a laissé derrière lui assez de lumière pour tempérer quelque temps les noires ombres et adoucir en quelque sorte la chute de la nuit.

1724. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Pour qui vit dans notre monde, il est bon d’être homme du monde, de ne s’attacher nulle part et à aucun ; sinon, l’on court risque de rester seul, quelle que soit la réputation acquise, petite lumière attachée au chapeau, mais qui ne suffit pas pour rallier les amis.

1725. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

Il voudrait faire mentir ceux qui disent « que les Français commencent tout et n’achèvent jamais rien. » Il voudrait les désabuser de ce faux point d’honneur qui, dans les sièges, quand il est tout préoccupé, par ses inventions savantes, de ménager la vie des hommes, leur fait prodiguer la leur, sans utilité, sans aucune raison et par pure bravade ; « Mais ceci, disait-il, est un péché originel dont les Français ne se corrigeront jamais, si Dieu, qui est tout-puissant, n’en réforme toute l’espèce. » Hormis ce pur et irréprochable Vauban, tous ceux qui figurent dans cette histoire, y paraissent avec leurs qualités et leurs défauts ou avec leurs vices : Condé, avec ses réveils d’ardeur, ses lumières d’esprit, mais aussi avec des lenteurs imprévues, des indécisions de volonté (premier signe d’affaiblissement), et avec ses obséquiosités de courtisan envers le maître et même envers les ministres ; Turenne, avec son expérience, sa prudence moins accrue qu’enhardie en vieillissant, et son habileté consommée, mais avec ses sécheresses d’humeur et ses obscurités de discours ; Luxembourg, avec ses talents, ses ardeurs à la Condé, sa verve railleuse, mais avec sa corruption flagrante et son absence de tout scrupule ; Louvois, avec sa dureté et sa hauteur qui font comme partie de son génie et qui sont des instruments de sa capacité même, avec plus de modération toutefois et d’empire sur ses passions qu’on ne s’attendait à lui en trouver.

1726. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

Les différences de cette fin si digne, si caractérisée, mais si spéciale, si exclusive et si ensevelie, du grand empereur du xvie  siècle, les contrastes qu’elle offre avec les destinées de cet autre empereur exposé plus encore que relégué à Sainte-Hélène, y achevant de vivre et s’y dévorant dans les loisirs forcés d’une retraite où les mortifications, certes, ne manquaient pas, mais qui s’éclaire des rayons d’une civilisation supérieure et des lumières d’un génie universel, sont assez sensibles sans que j’y insiste.

1727. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

Malgré ce léger défaut d’action et de composition qui ne s’aperçoit qu’en y repensant et à l’analyse, l’effet de lumière est si vrai, si large, si bien rendu, si pleinement harmonieux ; la bonté, l’intelligence et les vertus domestiques peintes sur toutes ces figures sont si parfaites et si parlantes, que l’œuvre attache, réjouit l’œil, tranquillise le cœur et fait rêver l’esprit.

1728. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

Bourdaloue et Massillon sont dès longtemps en pleine lumière.

1729. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Œuvres complètes de Molière »

 » Mais ces anciens papiers sont relégués, entassés dans des greniers, dans des arrière-chambres où l’on n’a pas pénétré depuis des années ; il faut ouvrir et desceller des placards remplis et regorgeant de dossiers, morts dès longtemps à la lumière ; pour trouver un seul acte, il faut étaler, dépouiller tout cela, il faut tout parcourir ; car la pièce qu’on cherche, si elle s’y trouve, sera enfouie, comme il arrive souvent, dans la dernière liasse, et cette liasse sera peut-être elle-même tombée au plus profond recoin de l’armoire où elle gît et où elle resterait à jamais, si l’on n’y plongeait de toute la longueur du bras.

1730. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

Parfois il se déguise en Ange de lumière.

1731. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

Il est passé, le temps des amours légères et des espérances, et aussi des crayons légers ; parmi ceux qui me reviennent à l’esprit en ce moment, il en est un plus agréable encore et plus riant que tous les autres : c’est, dans un album des Mélodies de Mme Gavarni, l’un des dessins intitulé Chanson et le jeune adolescent qui la personnifie ; grâce, gaieté, fraîcheur, lumière, tout ce qui rit à la vie est dans ce dessin-là.

1732. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Réservons ce beau sujet bien fait pour tenter tout peintre moraliste qui ne craint pas d’entremêler dans une figure les lumières et les ombres.

1733. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

Je ne marche en ceci que d’accord avec tous les vrais moralistes : « La durée de nos passions, a dit le plus grand, ne dépend pas plus de nous que la durée de notre vie. » Ce même moraliste (La Rochefoucauld) a dit encore : « Il y a dans le cœur humain une génération perpétuelle de passions, en sorte que la ruine de l’une est toujours l’établissement d’une autre… On pourrait dire que les vices nous attendent dans le cours de la vie, comme des hôtes chez lesquels il faut successivement loger. » Or ceci me devient une lumière, et je la propose humblement au comte Herman, afin de mieux assurer son bonheur et de fortifier sa constance ; car, comme tous les Almavivas convertis, il me paraît de sa nature un peu fragile.

1734. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

Son livre, dans sa composition, a l’avantage de mettre surtout en lumière les parties les plus difficiles et les plus ardues, les hautes époques antérieures de la littérature anglaise : la Renaissance y est admirablement traitée.

1735. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

« Je suis un peu embarrassée », dit Mme Roland lorsqu’elle en vient à cette histoire, « de ce que j’ai à raconter ici ; car je veux que mon écrit soit chaste, puisque ma personne n’a pas cessé de l’être, et pourtant ce que je dois dire ne l’est pas trop. » Et en finissant ce récit, de tout point fort circonstancié, elle ajoute : « L’impression de ce qui s’était passé demeura si forte chez moi que, même dans l’âge des lumières et de la raison, je ne me le rappelais qu’avec peine ; que je n’en ai jamais ouvert la bouche à une intime amie qui eut toute ma confiance ; que je l’ai constamment tu à mon mari, à qui je ne cèle pas grand’chose, et qu’il m’a fallu faire dans ce moment même autant d’efforts pour l’écrire que Rousseau en fit pour consigner l’histoire de son ruban volé, avec laquelle la mienne n’a pourtant pas de comparaison. » Je sais bien d’autres histoires des Confessions avec lesquelles celle-ci a plus de ressemblance qu’avec le ruban volé, et ce sont les plus laides ; il suffit, je ne les indiquerai pas avec plus de précision.

1736. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Formé par la double lecture de Plutarque et de Jean-Jacques, admirant également Montesquieu et Mably et les mettant sur la même ligne, Buzot a tous les nobles préjugés, toutes les lumières incomplètes de son époque : il est, lui aussi, de Rome et de Sparte plutôt qu’un législateur moderne ; mais de près, dans la familiarité sérieuse, il pouvait avoir un certain charme contenu et voilé, et Mme Roland le subit.

1737. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Quelque chose me serrait à la gorge comme un étau. » Leur premier mouvement est de se jeter à genoux et d’invoquer les lumières du Ciel.

1738. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

Comme le navire à la mer qui ne laisse de trace de son sillage que par les résidus de l’office surnageant à la surface des eaux, de même la caravane ne marque souvent son passage sur les sables que par les crottins de ses chameaux. » En lisant cette description du Sahara, je me dis que si d’autres, tels que les Fromentin, les Théophile Gautier, en eussent mieux reproduit l’éclat, la couleur, la lumière, M. 

1739. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

Le grand siècle du goût, qui allait finir, n’avait pas été précisément le siècle de la philosophie, de la science et des lumières : il s’agissait, l’heure venue, de les introduire.

1740. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

Convient-il de rejeter ces lumières imprévues comme vaines et trompeuses, et parce qu’il s’y est mêlé un excès de chaleur et d’ardeur, des teintes forcées et quelques lueurs fantastiques, de considérer le tout comme non avenu ?

1741. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

Y mettre la lumière, si je pouvais, mais surtout l’attirer… J’ai jeté des hypothèses ; n’est-ce pas permis, d’autant qu’ayant pris exprès un titre de fantaisie, je ne me donne pas comme historien ?

1742. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. »

D’ailleurs les rédacteurs de ses statuts avaient conçu à ce sujet, pour ne rien dire de plus, une étrange idée : non seulement ils voulaient (ce qui était raisonnable) marier, pour ainsi dire, chaque art mécanique à la science dont cet art peut tirer des lumières, comme l’horlogerie à l’astronomie, la fabrique des lunettes à l’optique ; mais ils prétendaient encore, qu’on nous passe cette expression, accoler chacun de ces arts à la partie des belles-lettres qu’ils s’imaginaient y avoir plus de rapport : par exemple, disaient-ils, le brodeur à l’historien, le teinturier au poëte, et ainsi des autres.

1743. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

des échantillons de tous ces beaux marbres qu’il a vus, des plans, des fac-simile de toutes ces belles cathédrales qu’il voulait surpasser, et il forme un cabinet de dessins parfaits, de reliefs d’ivoire, ou encore un cabinet de minéralogie, d’où il résulte aussi toutes sortes de lumières.

1744. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

Il parle de chaumière, et on le prendrait pour un pasteur quand il dit en beaux vers à son initiateur chéri : C’est toi qui fus pour moi cet ange de lumière Qui se laisse tomber du haut du firmament, Et qui, sur le palais comme sur la chaumière, Se repose indifféremment.

1745. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

Lorsqu’il parut en lumière pour la première fois, non pas moins de vingt-cinq ans après sa mort (redoutable épreuve !)

1746. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

Il y avait entre les cercles doctrinaires studieux, raisonneurs, bien nobles alors assurément, mais surtout fructueux, et les cercles purement aristocratiques et frivoles, il y avait un intervalle fort marqué, un divorce obstiné et complet ; d’un côté les lumières, les idées modernes, de l’autre le charme ancien, séparés par des prétentions et une morgue réciproque.

1747. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

Après un certain temps, tout d’un coup la domestique entra, sans qu’on l’eût appelée, apportant un flambeau : mais la brusque lumière éclaira d’abord le front blanc de Christel renversé en arrière, et ses yeux calmes à jamais endormis.

1748. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

C’est que l’adjectif monstrueux a jeté un rayon de lumière sur le participe accroupis, et l’on saisit immédiatement la comparaison de ces canons aux monstres que les Égyptiens et les Assyriens plaçaient aux portes de leurs palais.

1749. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Sur ces deux points, les idées de Diderot ont été fort attaquées : on ne met pas en général assez en lumière les vérités qu’elles contiennent.

1750. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. L’Histoire »

L’Histoire de la Révolution d’Angleterre 827, l’Histoire de la Civilisation en Europe, l’Histoire de la Civilisation en France, ces grandes œuvres froides et fortes, sont la démonstration, impartiale et scientifique eu apparence, systématique et passionnée au fond, de ces deux vérités : qu’une royauté même légitime n’a pas de droits contre les représentants de la nation ; et que le gouvernement doit appartenir aux classes moyennes qui ont la richesse et les lumières, qui, par intérêt et par capacité, assureront la prospérité du corps social.

1751. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre III. La poésie : V. Hugo et le Parnasse »

Il voit moins les couleurs que les reliefs ; il est sensible surtout aux oppositions de l’ombre et de la lumière, qui lui fournissent l’antithèse fondamentale de sa poésie.

1752. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

Du bateau où il croque des paysages, pendant que ses beaux enfants « pétris d’amour et de lumière » s’ébattent sur la rive, il tend ses mains de christ aux jeunes générations… Avec tout cela, je crois bien qu’il lui arrive de dire des sottises  des sottises de rapin échauffé, d’artiste à grande barbe et à grands gestes.

1753. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XI. L’antinomie sociologique » pp. 223-252

Il y a l’idéologie solidariste qui consiste à voiler l’antagonisme foncier qui fait de chaque individu l’ennemi de tous les autres, pour déployer à nos yeux la solidarité qui les relie ; solidarité réelle assurément, mais qui n’est qu’un des côtés du tableau : côté qu’on se plaît à mettre seul en lumière, en laissant l’autre côté dans une ombre prudente.

1754. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IV. Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus. »

Mais la Galilée a créé à l’état d’imagination populaire le plus sublime idéal ; car derrière son idylle s’agite le sort de l’humanité, et la lumière qui éclaire son tableau est le soleil du royaume de Dieu.

1755. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

Le soir, on éteignait la lumière de bonne heure par économie, et le pauvre écolier devenait ce qu’il pouvait, heureux lorsque la lune favorisait par un éclat plus vif la prolongation de sa veillée.

1756. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

Ne fais pas de mal à une fourmi qui traîne un grain de blé, car elle a une vie, et la douce vie est un bien… C’est cet esprit de sagesse, d’élévation, de justice et de douceur qui circule à travers l’immense poème de Ferdousi, et qu’on y respire dans les intervalles où pénètre la lumière.

1757. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

On n’aurait pas su tout ce qu’elle était ni tout ce qu’elle valait comme esprit, comme droiture et lumière de jugement, si elle n’avait pas tout tiré d’elle-même.

1758. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Le Chateaubriand romanesque et amoureux. » pp. 143-162

Ce sentiment instinctif et universel qui fait que pour tout mortel, même malheureux, la vie peut se dire douce et chère, qui fait aimer, regretter à tous les êtres, une fois nés, la douce lumière du jour, il l’appelle une manie.

1759. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

Le roi n’était pas seulement l’homme le plus aimable de son royaume ; si l’on excepte le Milord Maréchal, il était le seul : « Il est presque la seule personne de son royaume, dit d’Alembert, avec qui on puisse converser, du moins de ce genre de conversation qu’on ne connaît guère qu’en France, et qui est devenu nécessaire quand on le connaît une fois. » D’Alembert ne tarit pas sur l’affabilité, la gaieté du roi, les lumières qu’il porte en tout sujet, sa bonne administration, son application au bien des peuples, la justice et la justesse qui se marquent en tous ses jugements.

1760. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

Ses cheveux sont châtains et de la plus grande beauté ; ses sourcils bruns ; ses yeux bruns et très beaux ; les reflets de la lumière y font paraître des nuances bleues, et son teint a le plus grand éclat, La fierté est le vrai caractère de sa physionomie.

1761. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Un jour, ou plutôt une nuit, comme les bougies s’étaient plusieurs fois renouvelées et qu’elle sonnait pour en demander d’autres, le valet de chambre qui était à son service, familier comme les anciens domestiques, alla à la fenêtre, ouvrit brusquement les volets, et le soleil du matin entrant : « Vous voulez des lumières, dit-il, en voilà ! 

1762. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

Laissez-le en jouir à souhait et sans dessein ; il nous en rendra ensuite avec pureté et lumière quelque fragment de tableau.

1763. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

Cet œil gris pétille d’une larme ; son vers est bien alors ce vers de la saine satire, et quelle épure aux rayons du bon sens ; car le bon sens chez lui arrive, à force de chaleur, au rayonnement et à la lumière.

1764. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

Après la mort de Luynes, Richelieu n’entre pas encore au ministère ; les ministres qui sont en cour le redoutent, lui sachant tant de lumières et de force de jugement ; ils retardent le plus qu’ils peuvent le moment où le roi prendra de lui quelque connaissance particulière, de peur de le voir aussitôt à la tête des affaires : « J’ai eu ce malheur, dit-il, que ceux qui ont pu beaucoup dans l’État m’en ont toujours voulu, non pour aucun mal que je leur eusse fait, mais pour le bien qu’on croyait être en moi. » Ils ont beau faire, ils ont beau s’opposer à la destinée et s’enfoncer chaque jour dans leurs dilapidations et dans leurs fautes, le moment approche, il est venu, Richelieu désormais est inévitable.

1765. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — II. (Fin.) » pp. 476-495

Il ne se trompe que sur un point, sur la qualité de poète qu’il s’attribue ; mais il y a dans ce premier étonnement d’être devenu capitaine quelque chose d’imprévu et de piquant, et qui jette de la lumière sur le procédé de formation et sur la nature intérieure de Frédéric.

1766. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

Dimanche 2 novembre Cette lumière implacablement blanche de la lune, dans ces premières nuits de novembre, dans cette nuit du jour des Morts, est vraiment spectrale.

1767. (1897) Préface sur le vers libre (Premiers poèmes) pp. 3-38

Mais généralement, dans la vérité, il n’en est pas ainsi : iº Parce que l’oreille des poètes, après avoir été très sensible, lors de leur période de formation, de débrouillement, et pendant l’aurore de la production où tout se colore d’une lumière propre si belle à nous-mêmes qu’elle en paraît nouvelle, s’habitue à un certain nombre de cadences et que le sens auditif du plus subtil s’endort, s’amortit, un peu comme celui d’un auditeur de bonne musique, qui ne sait plus se réjouir que de cadences connues ; 2° Que, pendant que ces poètes restent techniquement stationnaires, une génération nouvelle se lève, parmi laquelle plusieurs poètes sentent confusément la nécessité d’une révolution et qu’un au moins la ressent précisément et l’ose.

1768. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

C’est que c’est un véritable voyage que celui que l’on fait pour parvenir à la villa d’Augier et, la nuit, les routes qui y conduisent, complètement dépourvues de lumière, sont presque impraticables !

1769. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une préface abandonnée » pp. 31-76

En ce glorieux siècle de lumière, nous voyons si clair dans le sens des mots que personne n’y voit de la même façon.

1770. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

Le couperet tombé, il n’y eut plus à la place de l’État qu’une horrible fantasmagorie d’hommes rouges qui s’agitaient sur un fond livide et décomposé, jusqu’au moment où un homme vint apporter l’Ordre en apportant la lumière et dire à son tour, ou du moins, s’il ne le dit pas, écrire sur toutes les marges de l’Histoire que l’État, c’était lui, car il l’avait refait !

1771. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Ernest Renan »

— le sens réel des Livres Saints, que l’Église éclaire de la lumière fixe de son flambeau tout à l’heure depuis dix-neuf siècles !

1772. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iii »

Ce prêtre soldat cloué sur la croix et sur la terre de France, c’est un fait en pleine lumière et qui nous transporte ex umbris et imaginibus in veritatem 3.‌

1773. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Des tableaux éclatants et monotones ; une façon de décrire qui ne ramasse que les tons et les traits généraux, mais qui les met en pleine lumière, avec une insistance, une surabondance, une magnificence hyperboliques. […] Sully-Prudhomme, en trois quatrains, songe à la plus lointaine, qu’on ne voit pas encore, dont la lumière voyage et n’arrivera qu’aux derniers de notre race ; il les supplie de dire à cette étoile qu’il l’a aimée ; et il donne à la pièce ce titre qui en fait un symbole : l’Idéal. […] L’auteur de Païenne éprouve avec une rare violence l’ivresse des formes, de la lumière et des couleurs. […] Jamais, chez eux, de ces curiosités d’analyse, de ces efforts pour exprimer tels effets rares de lumière et de couleur. […] Presque tous les personnages s’enlaidissent ou s’assombrissent rien qu’en passant de l’atmosphère artificielle des vieux contes gaulois à la lumière crue du monde réel.

1774. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Mais tel est le pouvoir d’une idée générale, qu’aussitôt qu’on la pousse à ses dernières applications, elle n’en devient pas plus vraie, quand elle est fausse, mais de toutes parts les questions se lèvent, en quelque sorte, et voici que des aspects de la nature et de la vérité, jusqu’alors enveloppés d’ombre, ou même inaperçus, s’éclairent brusquement d’une lumière nouvelle. […] Et j’en suis bien heureux, si c’est un nouvel exemple et une preuve nouvelle pour moi, que l’histoire, assurément, s’éclaire beaucoup de la lumière du passé, mais bien plus encore peut-être des clartés que projettent en tout temps sur elle les leçons du présent. […] Mais quand Lamennais s’en prenait aux excès de la « raison individuelle », quand il attaquait en elle sa confiance en elle-même, dans l’infaillibilité de ses lumières, dans la souveraineté de ses jugements, c’est là qu’il avait raison, et c’est là qu’il triomphait ! […] Pour mettre un feu stérile en ton œil hébété Pour mendier ton rire ou ta pitié grossière Déchire qui voudra la robe de lumière De la pudeur divine et de la volupté. […] On ne saurait plus habilement opposer Schleicher à Steinthal ou Max Müller à Lazarus Geiger, ni mieux mettre, au besoin, leurs propres contradictions en lumière ; et de cette rencontre ou de ce choc d’opinions adverses, on ne saurait plus adroitement faire sortir soi-même des conclusions plus probables.

1775. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Ce fut pour lui une nouvelle lumière. […] Ceci est contraire à la vie, à la beauté et à la lumière. […] Par contre, il met en avant en pleine lumière les qualités qui servent à adoucir l’existence de ceux qui souffrent. […] Il a remis en lumière toute une face du monde antique, peut-être la plus définitive, la face de granit. […] C’était cet éclat mat, cette énigmatique lumière de voie lactée qui brillait autour de cette culture.

1776. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

C’est là à la fois comme une leçon donnée à notre ingratitude officielle et comme un hommage rendu à cet impérissable génie français, fait de clarté et de vigueur, hardi, joyeux et sain, éternel comme la lumière. […] La lumière arrive là à travers trois fenêtres excessivement larges et dont la maçonnerie est intacte. […] après tant de malheurs subis, d’expériences si douloureuses, lorsqu’il est prouvé que la France n’a dû sa défaite qu’à son ignorance et que le maître d’école allemand a gagné la bataille de Wœrth comme il avait gagné celle de Sadowa, toute une foule de gens ameutés s’obstinent à refuser à notre pays ce savoir qui lui manque, ce besoin de lumière et de science qui le laverait de ses erreurs ? […] Son imagination n’a pas cet imprévu, cet inouï, cette éblouissante lumière ; le microcosme qu’il étudie est plus borné que celui de cet infini Shakespeare. […] Au reste, et encore un coup, Molière est le représentant le plus élevé de l’esprit français, avec ses étroitesses, mais ses honnêtetés, avec sa haine du précieux, du boursouflé, de l’obscur, et sa soif de clarté, son avidité de lumière.

1777. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Certains chapitres, cités parmi les plus brillants, sont de pures reproductions de paysages, d’intérieurs ou de scènes pittoresques, auxquelles ne manquent ni les jeux d’ombre et de lumière, ni la vivacité du coloris, ni souvent même la notation des voix et des sonorités indéfinissables qui émanent des foules ou des choses. […] Or, selon un historien moderne, des causes à peu près identiques présidèrent au développement et à la formation du génie hindou, si bien que, entre l’écrivain du xixe  siècle et les mystiques d’il y a trois mille ans, un rapprochement semble presque fatal par une sorte de communauté d’origine : « L’immense mer, dit Edgar Quinet à propos des anciens patriarches védiques, l’immense mer s’étend, pour la première fois, sous le regard de l’homme ; il boit avidement des yeux l’espace sans bornes ; et à la révélation par la lumière sur les hauts lieux s’ajoute, près des golfes, la révélation de l’infini par l’Océan. […] Armuré de topaze et casqué d’émeraude, Comme une idole antique immobile en ses nœuds Tel, baigné de lumière, il rêve, dédaigneux Et splendide, et dardant sa prunelle qui rôde. […] …………………………………………………… …………………………………………………… Je n’aurais pas senti le poids des ans funèbres ; Ni sombre, ni joyeux, ni vainqueur, ni vaincu, J’aurais passé par la lumière et les ténèbres, Aveugle comme un Dieu ; je n’aurais pas vécu 245. […] Quand l’auteur laisse parler son inspiration franche et libre, sans essayer de pasticher ses prédécesseurs, ou bien il écrit les Ballades joyeuses et les Odes funambulesques, ou bien il cisèle ses poésies néo-helléniques et ses courtes nouvelles pseudo-modernes, plus riches de couleur et de lumière que de philosophie et d’observation.

1778. (1924) Critiques et romanciers

Le service de la France nous serait déjà commandé par notre haine des ténèbres : c’est le service de la lumière. […] Il y a le soleil, l’air, la lumière, la musique, l’amitié et la toilette !  […] L’auteur l’a dédié à sa mère morte ; et voici quelques lignes de cette dédicace, où le chagrin, la tendresse et l’intelligente rêverie composent une poignante parabole de vérité : « Ce livre, commence près de toi, dans la joie, dans la lumière, s’achève encore près de toi ; mais la joie s’est évanouie et la lumière est cachée. […] Non loin de ce réduit, le paysage est le plus beau du monde, la Corne d’Or et les collines de Scutari, les merveilles de la lumière qui joue avec l’air et l’eau. […] Pierre Mille a vu les beaux lataniers du Bouéni, forêt splendide et parée de lumière chaude.

1779. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Il le devine, il le pressent, et il met ainsi en lumière, sans le savoir, la filiation qui à certains égards relie Nietzsche à nos Jeune-France de 1830 et à leurs successeurs immédiats. […] Quant à Kalléméra, elle symbolise la lumière sereine, menacée par le dieu du soleil, dont les ardeurs excessives menacent de tout gâter et d’amener l’orage. […] L’auteur de Pour l’enfant parle de l’au-delà avec l’horreur physique d’un Grec amoureux de la lumière. […] Aimez au gré des jours… Tout, l’ombre, la chanson, le parfum, la lumière Noue et dénoue l’amour. […] Sur les faits extérieurs, la concordance est complète et met en pleine lumière l’immutabilité caractéristique de ce monachisme oriental.

1780. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

de cette lumière que j’ai trouvée tout à coup dans mon cœur, qui semblait luire exprès pour éclairer le tien. […] De l’esprit, des talents, des lumières, rien ne vous réconcilierait avec un homme de cette trempe ; il faut voir en un homme, pour le pouvoir estimer, que quelque chose lui paraît être bien, quelque chose être mal ; il faut voir en lui une moralité quelconque. » Ainsi parle à la jeune baronne de Berghen cet aimable et sceptique abbé de La Tour, qui trouve peu sur pour son repos de passer un hiver entier à Altendorf, près de Constance.

1781. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Il fallait pour cet échange mutuel entre tout le monde et quelques-uns et pour ce second travail de la dissémination des lumières la lente action de deux siècles, une langue à l’usage de tous, non plus latine ni pédantesque, l’influence paisible et bienfaisante des chefs-d’œuvre, un frottement prolongé de société, et la coopération gracieuse d’un sexe que les Saumoise de tout temps n’ont apprécié que trop peu ; en un mot il fallait, après Scaliger, que vinssent Mme de La Fayette et Voltaire. […] Ayant recommencé à parler de cette grande roue des siècles qui fait paraître, mourir et renaître chacun à son tour sur le théâtre du monde, « si tant est que la terre ne tourne, dit-il (car il n’a garde d’en être tout à fait aussi sûr que Copernic et Galilée), au moins faut-il avouer que non-seulement les cieux, mais toutes choses, se virent et tournent à l’environ d’icelle. » Et citant Velleius Paterculus, lequel est avec Sénèque un vrai penseur moderne entre les anciens, il en vient à admirer la conjonction merveilleuse qui se fait à de certains moments, et la conspiration active de tous les esprits inventeurs et producteurs éclatant à la fois ; mais cela ne dure que peu ; la lumière, si pleine tout à l’heure, ne tarde pas à pâlir, l’éclipse recommence, l’éternel conflit de la civilisation et de la barbarie se perpétue : c’est toujours Castor et Pollux qui reparaissent sur la terre l’un après l’autre, ou plutôt c’est Atrée et Thyeste qui régnent successivement en frères peu amis.

1782. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Sans amis, sans époux, sans larmes, je m’en vais             Là-bas, dans la contrée Où mes yeux du soleil ne verront plus jamais             La lumière sacrée. […] Dans les tragédies françaises, souvent tes personnages les plus élevés et les meilleurs, vus de près et à ta lumière, ne sont, à la lettre, que de mauvais imbéciles, qui ont tout au plus assez d’esprit pour se justifier par des sophismes .

1783. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

… Car, ou dans le tronc, ou dans le rameau, l’oiseau vient s’abriter et construire son nid, et la bête féroce choisit sa tanière ; la nature les guide et leur offre les eaux pures, douces, rafraîchissantes, le pré, la colline, la montagne ; respirant l’air salubre et vital, le ciel libre et la lumière qui les enveloppe, les réchauffe, les ravive… « Ah ! […] L’air natal, l’évaporation de ses chimères à la lumière splendide de ce ciel, le sentiment de la sécurité dans ce port de sa vie, l’admiration de la jeunesse chevaleresque de Naples, les soins attentifs des religieux, fiers d’un hôte si illustre, dissipèrent en peu de jours, comme à son premier voyage, la mélancolie du poète.

1784. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

« La pluie tombait toujours tristement ; le ciel gris et la terre grise s’étendaient sans fin ; une sorte de lumière terne, un pâle soleil, tout mouillé, s’abaissait derrière de grands moulins qui ne tournaient pas. […] De là lui viennent des consolations intérieures d’autant plus belles, qu’il en ignore la source et la raison véritables ; de là aussi des révélations soudaines du Vrai, du Beau, du Juste ; de là une lumière qui va devant lui.

1785. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

J’eus bientôt sa réponse : “Mon cher fils, me disait-il, l’amour que je te porte est si grand qu’il me semble avoir perdu la lumière depuis que je ne te vois plus, et que je ne puis te donner mes instructions ordinaires ; mais mon honneur, qui est ce que j’ai de plus cher au monde, m’empêche de me rendre auprès de toi.” […] Je vis alors que cet ange m’avait dit la vérité ; et ayant jeté les yeux sur des morceaux de brique que j’aiguisai en les frottant l’un contre l’autre, et avec un peu de rouille que je tirai des ferrures de ma porte avec les dents, et dont je fis une espèce d’encre, j’écrivis sur le bord d’une des pages de ma Bible, au moment où la lumière m’apparut, le dialogue suivant entre mon corps et mon âme : Le Corps.

1786. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Elle l’a redemandée, non pas de cette voix banale et prévue à l’avance qui s’élève dans la salle, en même temps que tombe le lustre, comme si le lustre voulait jeter sa lumière blafarde sur ces faux enthousiastes, mais elle a été redemandée nettement, d’une voix unanime, comme jamais je n’ai entendu redemander personne. […] Or, le triomphe se peut-il rencontrer dans cette critique baveuse, inquiète, malsaine, impotente, semblable à ces lourds nuages qui se posent sur la lumière du soleil sans un moment d’éclaircie ?

1787. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

Le front large et bossué, l’œil bleu et à fleur de front, le nez gros et arqué, les pommettes relevées, les joues lourdes, les lèvres épaisses, le menton à fossette, le visage rond plutôt qu’ovale ; le cou bref, mais relié par de beaux muscles à la naissance de la poitrine ; les épaules massives, la taille carrée, les jambes courtes ; la stature pesante en apparence, mais souple au fond, tant il y avait de ressort physique et moral pour l’alléger ; mais ce front était si pensif, ces yeux si transparents et si pénétrants à la fois, le nez si aspirant le souffle de l’enthousiasme par ses narines émues, les joues si modelées de creux et de saillies par la pensée ou par les sentiments qui y palpitaient sans cesse, la bouche si fine et si affectueuse, le sourire bon, l’ironie douce et la tendresse compatissante s’y confondaient tellement pour plaisanter et pour aimer sur les mêmes lèvres ; le menton si téméraire, si sarcastique, si défiant et si gracieux tout ensemble en se relevant contre la sottise ; de si belles ombres tombées de ses cheveux, et de si belles lumières écoulées de ses yeux flottaient sur cette physionomie pendant qu’elle s’animait de sa parole ; l’accent de cette parole elle-même, tantôt grave et vibrante comme le temps, tantôt sereine et impassible comme la postérité, tantôt mélancolique et cassée comme la vieillesse, tantôt badine et à double note comme le vent léger de la vie qui se joue le soir sur les cordes insouciantes de l’âme ! […] Un second corridor noir s’offrait à vous ; vous le suiviez ; un jour de reflet vous indiquait au fond du corridor la lumière répercutée d’une pièce éclairée par le soleil.

1788. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

Le ver, avant pris garde à son intention, le harangua ainsi très éloquemment : « Si vous admiriez ma lampe, lui dit-il, autant que moi votre art, ô ménestrel, vous auriez horreur de me faire du mal autant que moi d’attenter à votre chanson ; car c’est la même puissance divine qui nous a appris, vous à chanter et moi à briller, afin que vous avec votre musique, moi avec ma lumière, nous puissions embellir et réjouir la nuit. » Le chanteur entendit cette courte harangue, et, gazouillant son approbation, il le laissa, comme le dit mon histoire, et il alla trouver un souper quelque part ailleurs.

1789. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

On y cherche une date, qu’on y trouve, et on y trouve de plus une idée, un fait, un trait : en un mot, il ne se peut de table des matières en histoire dressée avec plus d’esprit et d’agrément, ni avec plus de lumières.

1790. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Parlant de cette patrie excellente de Voiture : « Il n’est rien, disait-il, qui sente mieux le sel attique ou l’urbanité romaine. » Girac allait plus loin, il voyait dans quelques-unes des lettres de Voiture un caractère moral assez marqué pour qu’on pût se représenter une image de l’âme de l’auteur, de ses mœurs, de son esprit plaisant et doux, de son agréable liberté de parole ; il citait comme exemple quelques-unes des lettres adressées à M. d’Avaux, et celle entre autres où il parlait de la duchesse de Longueville faisant diversion et lumière au milieu des graves envoyés germaniques au congrès de Munster.

1791. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

C’est elle qui a écrit pourtant : « Je ne regrette point Pascal ; ses lumières étaient aussi étendues que sa société était triste : c’était de l’absinthe qu’il répandait dans ses communications, et je trouve que la religion et la vraie philosophie, qui apprécient tout, donnent, sinon de la gaieté, du moins de la sérénité. » La sérénité, quoi qu’elle en dise, n’est point précisément ce qui nous paraît dominer dans la religion de Mme de Créqui.

1792. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

Biot se plaisait à citer, comme le plus fidèle et le plus vivant résumé de la théorie de la lumière, ces beaux vers de l’épître à Mme du Châtelet Sur la philosophie de Newton : Il déploie à mes yeux par une main savante De l’astre des saisons la robe étincelante ; L’émeraude, l’azur, le pourpre, le rubis, Sont l’immortel tissu dont brillent ses habits.

1793. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

Un sourd qui aurait par moments la perception des sons, un aveugle qui aurait le sentiment subit et instantané de la lumière, ne pourraient croire qu’ils se donnent à eux-mêmes de telles perceptions : ils attribueraient ces effets singuliers, et hors de leur mode d’existence accoutumé, à quelque cause mystérieuse… Et il en vient à conclure qu’il faut se mettre, s’il se peut, dans un rapport régulier avec cette grande cause, y disposer toute sa personne et son organisation elle-même par certains moyens : Les anciens philosophes, comme les premiers chrétiens et les hommes qui ont mené une vie vraiment sainte, ont plus ou moins connu et pratiqué ces moyens.

1794. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Quelqu’un qui n’a ni à craindre l’oubli ni à redouter la lumière, et sur qui l’on vient de publier de nouveaux et authentiques témoignages, c’est l’illustre Charlotte Corday.

1795. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

Ce Shakspeare par lequel prophétise la nature, et dont un critique souverain a dit qu’il nous conduit à travers le monde tel qu’il est, bien et mal, lumière et ténèbres, grandeurs et abîmes, tous aspects différents et nécessaires : « Mais nous, hommes raffinés et sans expérience, nous nous écrions, à chaque sauterelle que nous rencontrons : Elle va nous dévorer ! 

1796. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Ce cas est tout à fait celui de la femme distinguée dont le livre de MM. de Goncourt m’a rafraîchi le souvenir, et que depuis longtemps je désirais remettre en lumière, sans me croire suffisamment instruit à son sujet.

1797. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite.) »

Votre esprit par ses lumières, votre cœur par sa droiture, ne devaient-ils pas vous garantir des soupçons odieux que vous avez conçus ?

1798. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

Les traits de son visage, trop arrondis et trop obtus aussi, ne conservaient aucune ligne pure de beauté idéale ; mais ses yeux avaient une lumière, ses cheveux cendrés une teinte, sa bouche un accueil, toute sa physionomie une intelligence et une grâce d’expression qui faisaient souvenir, si elles ne faisaient plus admirer.

1799. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Ce côté de Catinat général consultant, a été mis en pleine lumière depuis la publication de Mémoires militaires sur la guerre de la Succession (années 1707, 1708, 1709).

1800. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

Soit qu’il fût ou non de bonne foi dans l’ouverture qu’il me faisait, je n’eus garde de la repousser, et je lui dis : « Monsieur, j’ai une telle opinion de vos lumières, que je ne balance pas à croire ce que vous me dites, et je suis très impatient d’attendre ce que vous allez y ajouter. » — « Ce que j’ai à ajouter est fort simple, me dit M. de Mirabeau.

1801. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

A peine a-t-il fait un pas dans la cléricature qu’il ne se sent aucun attrait à poursuivre, il exprime sous forme mystique et symbolique des fautes dont il s’accuse, et dont il est permis à chacun de soupçonner la nature : « (La Chesnaie, 1810)… Je crois que le Seigneur m’éclaire malgré ma profonde indignité ; je crois reconnaître au fond de mon âme quelques faibles rayons de cette lumière qui annonce sa présence et prépare à la goûter.

1802. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Ses lumières qui étaient grandes le laissaient froid.

1803. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

Jouffroy, n’ayant pas appris que ces questions existent, n’a pas grand mérite à les nier ; mais vous qui, ayant songé à tout et peut-être goûté à des choses immondes comme font les chimistes, avez déclaré que la chair humaine est mauvaise et malsaine, et vous êtes décidé à vivre d’aliments choisis, apparemment vous avez le discernement, c’est-à-dire, dans le sens moral, la lumière et la force.

1804. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

En attendant, jalouse d’entamer du moins ce qui est possible immédiatement, la critique n’a qu’à s’appliquer de plus près et avec plus de rigueur à ce qui est, pour en tirer enseignement et lumière.

1805. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

Dussent mes lettres être vues un jour de tout le monde, je ne veux point dérober à la lumière les seuls monuments de ma faiblesse, de mes sentiments. » Allons, puisqu’on nous le permet et qu’on nous y invite même, pénétrons dans l’intérieur virginal où il lui plaît de nous guider.

1806. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

Rien de rembranesque comme l’aspect de ce lieu qui servait aussi de grange et de pressoir : des bœufs qui ruminaient leur pitance, des ânes qui secouaient l’oreille, des agneaux qui tétaient leur mère, des chèvres qui traînaient la mamelle, des pâtres qui retournaient la litière à la fourche ; et, quand un trait de lumière enfilait l’ombre des piliers et des voûtes, on apercevait confusément des fenils bourrés de fourrage, des chariots chargés de « gerbes, des cuves regorgeant de raisins, et une lanterne éteinte pendant à une corde.

1807. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

Et c’est aussi une idée grande et belle d’avoir fait de l’innocent un juge et un justicier, d’avoir fait briller dans ce cerveau trouble une seule lumière, la conscience, qui apparaît alors comme quelque chose de primordial, d’inexpliqué, de divin.

1808. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

Il se dit que l’égalité des droits, récemment achevée par le suffrage universel, comportant pour tous plus de devoirs, réclamait aussi pour tous plus de lumières.

1809. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

Quand sur l’immense scène au ciel ouverte, Iphigénie sacrifiée pleurait la douce lumière du Soleil, Athènes, comme elle, était pénétrée de reconnaissance envers l’astre qui la favorisait.

1810. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

Quand sur l’immense scène au ciel ouverte Iphigénie sacrifiée pleurait la douce lumière du Soleil, Athènes, comme elle, était pénétrée de reconnaissance envers l’astre qui la favorisait.

1811. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome IXe. » pp. 138-158

Thiers, en possession de documents uniques, a porté une lumière d’évidence qu’on ne soupçonnait pas auparavant et qui est définitive.

1812. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

On a publié dernièrement à Édimbourg une Vie de Hume qui met en parfaite lumière cet épisode de la vie de Rousseau.

1813. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Ce sont des lettres confidentielles qui se sont trouvées produites tout à coup en lumière, et qui ont trahi tous les secrets et les artifices ingénieux de la sollicitude paternelle.

1814. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

Respectons, honorons donc la libéralité naturelle et raisonnée de Mme Geoffrin ; mais reconnaissons toutefois qu’il manque à toute cette bonté et à cette bienfaisance une certaine flamme céleste, comme il manque à tout cet esprit et à cet art social du xviiie  siècle une fleur d’imagination et de poésie, un fond de lumière également céleste.

1815. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

Saint-Simon pourtant, dans son ensemble, n’était point un homme tout à fait supérieur, en ce sens qu’avec des portions et des facultés supérieures de l’esprit, avec des dons singuliers, il n’a point su gouverner, distribuer le tout, et donner à ses points de vue la proportion et l’harmonie qui remettent à leur place les vanités ou les préjugés, et qui laissent régner les lumières.

1816. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

On se rappelle involontairement ce magnifique début des Pensées : Que l’homme contemple donc la nature entière dans sa haute et pleine majesté ; qu’il éloigne sa vue des objets bas qui l’environnent ; qu’il regarde cette éclatante lumière mise comme une lampe éternelle pour éclairer l’univers ; que la terre lui paraisse comme un point au prix du vaste tour que cet astre décrit… Au lieu de ces expressions amples et véritablement augustes, Fontenelle, en parlant de l’ordonnance céleste, n’emploie volontiers que des images et des comparaisons rapetissantes.

1817. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

On dit que le soir, faute d’avoir de quoi acheter une lumière, il lisait à la lueur des charbons embrasés : on a raconté la même chose du jeune Drouot, lisant, enfant, près du four de son père.

1818. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Dans ce péril commun, Conduisez-nous, bel Ange de lumière : Vous conduirez deux aveugles pour un.

1819. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

L’intérêt qui nous aveugle nous surprend et nous trahit dans les occasions qui nous regardent ; il nous fait agir avec plus de sentiment que de lumières, et il arrive même assez souvent qu’on a honte de ses faiblesses ; mais on ne le peut apercevoir que par la sage réflexion que chacun se doit à soi-même, et après que l’occasion de mieux faire est passée.

1820. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

Les troubles civils, qui mêlent toutes les conditions, et qui mettent le savoir-faire et l’industrie de quelques-uns en lumière, l’aidèrent fort à se produire.

1821. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — II. (Fin.) » pp. 63-82

Il disait un jour à Suard jeune et à d’autres qui l’écoutaient : « Je suis fini, moi ; j’ai brûlé toutes mes cartouches ; toutes mes bougies sont éteintes. » — Il écrivait vers le même temps cette pensée d’une mélancolie haute et sereine : J’avais conçu le dessein de donner plus d’étendue et de profondeur à quelques endroits de mon Esprit, j’en suis devenu incapable ; mes lectures m’ont affaibli les yeux, et il me semble que ce qui me reste encore de lumière n’est que l’aurore du jour où ils se fermeront pour jamais.

1822. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre VI. Le beau serviteur du vrai »

Apportez de la lumière, vous qui en avez.

1823. (1868) Curiosités esthétiques « VI. De l’essence du rire » pp. 359-387

Tout cela s’opère avec de gros éclats de rire, pleins d’un vaste contentement ; puis ils sautent les uns par-dessus les autres, et leur agilité et leur aptitude étant bien dûment constatées, suit un éblouissant bouquet de coups de pied, de coups de poing et de soufflets qui font le tapage et la lumière d’une artillerie ; mais tout cela est sans rancune.

1824. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’inter-nationalisme »

La vie intérieure, isolée de l’en dehors, se flétrit, comme la plante privée de lumière et d’air ; de même que la vie extérieure, sans son nécessaire aliment interne, n’a pas plus de fécondité que la tige dont la sève n’alimenterait plus les vaisseaux.‌

1825. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Je vois les curieux changements, silencieux, de la lumière et de l’ombre. […] « La lumière tombait en plein sur le visage de Mary, tandis qu’elle l’écoutait, les yeux fixés sur lui. […] Il vit la plus belle femme de l’empire et la plus mystérieuse, l’impératrice Faustine, assise auprès d’un brasier dont la lumière rougissait ses doigts effilés ; à ses côtés étaient son fils Commode et le vieux précepteur Fronton. […] Pleines d’erreurs de détail, elles sont, dans l’ensemble, d’une vérité saisissante : vérité naturellement toute relative, car aucun historien n’a jamais si hautement affirmé, ni mis si fortement en lumière, l’impossibilité d’une histoire restituant le passé tel qu’il a été. […] Lumière de ma vie, crépuscule consolateur, — je t’en supplie, n’oublie pas le sentiment qui m’a inspiré ces vers, — et laisse-moi ton amour, encore que toute joie m’ait fuie à jamais !

1826. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Il a magnifiquement accompli sa journée : mais le soleil, une fois couché, ne s’est pas réveillé le lendemain pour distribuer l’ordre et la lumière dans les éléments multiples et les diverses parties de son œuvre. […] Nous irons chercher notre inspiration, non dans le mot d’ordre de telle ou telle coterie, mais uniquement dans les lumières de la conscience et de la raison loyalement interrogées. […] Ayons recours aux lumières de M.  […] Le drame s’engage, l’intrigue, s’emmêle, la pantomime se trémousse, les lazzis éclatent, le poignard s’aiguise dans l’ombre, l’éventail joue aux lumières ; et le public est tout étonné de trouver dans cette comédie de la ligne et de la couleur l’intérêt qu’il cherchait tout à l’heure derrière la rampe.

1827. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

L’art lui-même et les faits sociaux peuvent fournir d’utiles lumières et compléter les révélations de la plume. […] Plusieurs documents viennent jeter de la lumière sur cette légion d’inconnus qui appartiennent tous à la jeunesse. […] Il confessait que les connaissances matérielles ne suffisent point à notre esprit et qu’après les avoir épuisées, il éprouvait un grand vide et se trouvait invinciblement poussé à chercher des lumières surnaturelles. » Il ne se pouvait donc empêcher de tourner un regard de regret vers le joug qu’il avait brisé. […] Si l’homme, par ses seules ressources, est incapable de conquérir ce bien inestimable, il le peut rencontrer dans l’ensemble des lumières répandues sur la surface du globe. […] Mais un ouvrage plus éclatant vient jeter une pleine lumière sur ce qu’était Mme Sand en 1833.

1828. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Ce que Molière a mis admirablement en lumière c’est la méchanceté de l’homme à bonnes fortunes, qu’elle soit cause ou qu’elle soit effet et que ce soif la méchanceté qui ait inspiré au méchant le besoin de conquérir  cœurs pour les torturer ou que Ce soit l’habitude des bonnes fortunes, qui ait donné au séducteur une certaine dureté constatée mille ibis. […] Brunetière a raison, après quelques autres, mais qui l’avaient mis moins que lui en pleine lumière, quand il dit que le personnage ridicule de Tartuffe, ce n’est pas Tartuffe, c’est Orgon, et que par conséquent c’est sur Orgon que Molière appelle la risée. […] Les tirades de Martine au dernier acte des Femmes savantes ne sont pas du tout une thèse ; elles ne sont que gaietés de fin de pièce et aussi moyen de mettre une fois de plus en vive lumière la faiblesse de Chrysale qui applaudit aux propos de Martine et qui, l’instant d’après, va obéir une fois de plus à sa femme. […] Je vois bien que vous voulez dire que la Cour ne se connaît pas à ces choses ; et c’est le refuge ordinaire de vous autres, Messieurs les auteurs, dans le mauvais succès de vos ouvrages, que d’accuser l’injustice du siècle et le peu de lumière des courtisans. […] Non à propos d’Orgon, ce qui est regrettable, mais à propos d’Arnolphe, à propos de Monsieur Jourdain, Molière nous donne des lumières sur cette ignorance et sur ce statisme de la bourgeoisie parisienne au xviie  siècle.

1829. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

. —  Je le comprends, mais je veux que toute cette assemblée entende. » Poitrine ouverte, en pleine lumière, elle veut un duel public, et provoque l’avocat : « Me voici au blanc, tirez sur moi, je vous dirai si vous touchez près. » Elle le raille sur son jargon, l’insulte, avec une ironie mordante. « Sûrement, messeigneurs, cet avocat a avalé quelque ordonnance ou quelque formule d’apothicaire, et maintenant les gros mots indigestes lui reviennent au bec, comme les pierres que nous donnons aux faucons en manière de médicaments. […] C’est cet instinct, un antique instinct germanique, que ces grands peintres de l’instinct mettent tous ici en lumière : Penthéa, Dorothea, chez Ford et Greene ; Isabelle et la duchesse de Malfi, chez Webster ; Bianca, Ordella, Aréthusa, Juliane, Euphrasie, Amoret, d’autres encore, chez Beaumont et Fletcher ; il y en a vingt qui, parmi les plus dures épreuves et les plus fortes tentations, manifestent cette admirable puissance d’abandon et de dévouement85. […] Philaster dit en parlant d’Euphrasie qu’il prend pour un page, et qui s’est déguisée ainsi pour obtenir d’être à son service102 : « Je l’ai rencontré pour la première fois assis au bord d’une fontaine, —  il y puisait un peu d’eau pour étancher sa soif, —  et la lui rendait en larmes. —  Une guirlande était auprès de lui faite par ses mains, —  de maintes fleurs diverses, nourries sur la rive, —  arrangées en ordre mystique, tellement que la rareté m’en charma. —  Mais quand il tournait ses yeux tendres vers elles, il pleurait — comme s’il eût voulu les faire revivre. —  Voyant sur son visage cette charmante innocence, —  je demandai au cher pauvret toute son histoire. —  Il me dit que ses parents, de bons parents étaient morts, —  le laissant à la merci des champs, —  qui lui donnaient des racines, des fontaines cristallines qui ne lui refusaient pas leurs eaux, —  et du doux soleil qui lui accordait encore sa lumière. —  Puis il prit la guirlande et me montra ce que chaque fleur, dans l’usage des gens de campagne, signifie, —  et comment toutes, rangées de la sorte, exprimaient sa peine. —  Je le pris, et j’ai gagné ainsi le plus fidèle, —  le plus aimant, le plus gentil enfant qu’un maître ait jamais eu. » L’idylle naît d’elle-même parmi ces fleurs humaines ; le drame suspend son cours pour s’attarder devant la suavité angélique de leurs tendresses et de leurs pudeurs.

1830. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre III. De la signification de la vie. L’ordre de la nature et la forme de l’intelligence. »

Kant l’a mis en pleine lumière. […] Notre soleil rayonne de la chaleur et de la lumière au-delà de la planète la plus lointaine, et d’autre part notre système solaire tout entier se meut dans une direction définie, comme s’il y était attiré. […] Sur notre personnalité, sur notre liberté, sur la place que nous occupons dans l’ensemble de la nature, sur notre origine et peut-être aussi sur notre destinée, elle projette une lumière vacillante et faible, mais qui n’en perce pas moins l’obscurité de la nuit où nous laisse l’intelligence.

1831. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Le Médecin charitable de Guybert, publié en français, et qui se composait d’une suite de petits traités simples et d’indications à l’usage de tous, commença de porter la lumière dans le labyrinthe et l’économie dans le laboratoire.

1832. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

En 89, et plus récemment, en des années rapprochées de nous, on a remis en lumière ce traité toujours dans le même but, et pour en faire un brûlot et un brandon.

1833. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Ceux-ci, en effet, gens économes par nature, sont payés pour croire qu’on court après l’esprit quand on en a plus qu’eux : « Messieurs, lisez-moi, semblent-ils dire ; vous verrez un homme qui pense simplement, raisonnablement, qui va son grand chemin, qui ne pétille point : et voilà le bon esprit. » Selon Marivaux plaidant dans sa propre cause, « il y a un certain degré d’esprit et de lumières au-delà duquel vous n’êtes plus senti ; c’est même un désavantage qu’une si grande finesse de vue, car ce que vous en avez de plus que les autres se répand toujours sur tout ce que vous faites, embarrasse leur intelligence » ; on vous accuse d’être obscur par trop de subtilité ; et il conclut avec découragement, et en ayant l’air de consentir, par égard pour les lecteurs vulgaires, à ne plus être sagace qu’à demi : « Peignez la nature à un certain point, mais abstenez-vous de la saisir dans ce qu’elle a de trop caché ; sinon vous paraîtrez aller plus loin qu’elle, ou la manquer. » Tels étaient les ingénieux sophismes que le désir de se justifier suggérait à Marivaux, et sur lesquels il revient en vingt endroits.

1834. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

Au fond, il est adversaire et rival du christianisme constitué et établi dans l’Église ; il a tout bas son ordre trouvé, sa religion à lui, son règne de Dieu qui doit en partie réparer le monde et réintégrer l’homme dans un état de presque divine félicité, lui rendre même des facultés tout à fait merveilleuses et des lumières présentement surnaturelles.

1835. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

du seul archevêque de Bordeaux, mon oncle, lequel était un petit esprit, taquin et triste, grand économe, homme à vues bourgeoises, aimant sa maison avec orgueil, mais sans générosité, plein de lui et vide des autres, dur et sec, haïssable, et échappant seulement à la haine publique par son économie ; mais mon père et mes aïeux ont toujours passé dans leur temps pour gens francs, nobles, courageux et dignes de l’ancienne Rome, surtout de nulle intrigue à la Cour ; aimant la vie de province, ce qui est la vraie vie de la province ; riches ou pauvres, et cependant s’y faisant d’abord distinguer par les lumières de leur esprit et la bonté de leur cœur.

1836. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Qu’ils sont rares les auteurs comme Horace et Montaigne, qui gagnent à être sans cesse relus, compris, entourés d’une pleine et pénétrante lumière, et pour qui semble fait le mot excellent de Vauvenargues : « La netteté est le vernis des maîtres ! 

1837. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

L’ironie chatouille les coins de la bouche et perle, comme une touche de lumière, sur la lèvre qu’elle entrouvre.

1838. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Vernet lorsque je ne trouverai plus dans ses œuvres les qualités qui le distinguent, et que je ne comprends pas qu’on puisse lui disputer ; mais tant que je verrai cette verve, cette adresse et cette vigueur, je ne chercherai pas les ombres de ces précieux rayons de lumière. » Touches heureuses de critique, qui sentent le poète, qui consolent et qui vengent du pédant10 !

1839. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Ce qui s’organise n’est autre chose que l’ordre dans le despotisme, pour le rendre plus également pesant et de manière à ce que rien ne puisse s’en affranchir ; et les lumières que le Pacha va soi-disant chercher au milieu de nos institutions philanthropiques ne sont que des armes qu’il aiguise et, pour ainsi dire, qu’un rasoir qu’il fait repasser pour tondre plus près. » Que dites-vous de ce rasoir ?

1840. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Ces personnages historiques célèbres et tout entiers en lumière que vous prétendez faire agir et parler à votre guise, ces Charles-Quint, ces Louis XIV, ces Richelieu en pied et debout, nous savons comment ils parlaient et surtout comment ils ne parlaient pas.

1841. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

Ce manuscrit, dès lors accessible à tous, permit et provoqua de nouvelles études, et un savant allemand, Jacobs, qui s’était dès longtemps appliqué à entourer l’Anthologie de Céphalas, telle que Brunck l’avait publiée, de toutes les lumières de l’érudition et du goût, put lui-même en donner une édition plus exacte et définitive, en 1813.

1842. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Toute œuvre étrangère, en passant par la France, par la forme et par l’expression française, se clarifie à la fois et se solidifie, de même qu’en philosophie une pensée n’est sûre d’avoir atteint toute sa netteté et sa lumière, que lorsqu’elle a été exprimée en français.

1843. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Voltaire a trop de rapidité et d’à-propos pour s’astreindre à un modèle ; il passe outre et sert hardiment, et sous toutes les formes, les lumières, les idées et les passions de son temps.

1844. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

Lorsque l'enfant rit, le ciel rit : tout est sérénité, lumière, joie.

1845. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

Auguste Colbert, dès vingt-trois ans, était en pleine lumière, et il y resta ; il ne cessa de combattre sur une scène en vue, sous l’œil de César, en soldat de la grande armée, et sa mort sur le champ de bataille illustrait à jamais aux yeux de la patrie.

1846. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Comme on m’accordait en cette partie plus d’expérience et de lumières qu’aux députés étrangers à cette administration, on ne fut pas étonné des compliments de Barnave ; mais je compris ce qu’ils signifiaient, et je me prêtai volontiers à l’explication qu’il cherchait : il eut l’air, après la séance, de traiter particulièrement avec moi la même question, et nous restâmes seuls au comité.

1847. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

Chaque ligne de Mme de Staël est une lumière qui pénètre mon ignorance d’admiration et toujours d’attendrissement.

1848. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Ne l’oublions pas : un régime nouveau s’était déclaré, un nouveau climat (pour ainsi dire) avait lui et s’était coloré d’une lumière et de reflets venus d’au-delà des monts : on était dans la période de la Renaissance.

1849. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

Avant que la lumière et l’harmonie pussent se faire en eux, bien des orages gros d’éclairs, bien des nuées tumultueuses et grondantes balayèrent leur face, et s’abattirent dans l’insomnie sur leur sourcil visionnaire, comme dit Wordsworth en parlant du front des poëtes.

1850. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

Mais que pour cette fois ce soit une belle âme, Tendre et douce à l’amour, et légère à guider, Qui de jeunes baisers rafraîchisse ma flamme, Me couvre de son aile et me sache garder ; Qui des rayons de feu que lance ma paupière Réfléchisse en ses pleurs la tremblante clarté, Et, sans orage au ciel, sans trop vive lumière, Se lève sur le soir de mon rapide été !

1851. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

Les petites causes seules n’enfantent pas sans doute les grands événements, elles n’en amassent pas la matière ; mais elles servent souvent à y mettre le feu, comme la lumière au canon : faute de quoi le gros canon pourrait rester éternellement chargé, sans partir.

1852. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

Sera-ce du moins par une certaine forme d’art, par une certaine lumière vive et juste d’expression qu’il se fera jour et resplendira à travers l’analyse ?

1853. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Magnin est écrivain, qu’il en a les qualités, le goût, un peu l’entraînement ; il aime à étudier, à connaître, mais pour écrire, pour déduire ce qu’il sait, pour le mettre en belle et juste lumière.

1854. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

Il est vrai que, si l’on n’y prend pas garde, la multiplicité des lumières va y refaire jusqu’à un certain point l’effet de l’obscurité primitive.

1855. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

La lumière brille à tous les points de l’horizon à la fois.

1856. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

En 1500 paraissent à Paris les Adages d’Érasme ; c’est toute la lumière de l’antiquité qui se répand à flots sur le monde : dans ce petit livre est ramassée la quintessence de la sagesse ancienne, la fleur de la raison d’Athènes et de Rome, tout ce que la pensée humaine suivant sa droite et naturelle voie peut trouver de meilleur et de plus substantiel, avec cette forme exquise et simple qui s’était perdue depuis tant de siècles.

1857. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Son style est exactement à la mesure de son intelligence, un style analytique, précis, limpide, qui résout ou fond toutes les difficultés, tout en lumière avec très peu de chaleur, merveilleusement adapté à l’expression des idées, c’est-à-dire de la nature dépouillée de ses formes concrètes et rendue intelligible par l’abstraction.

1858. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

Ce n’a pas été toujours pour son bien : mais le mal, en somme, n’est pas grave, et son œuvre met suffisamment en lumière son originalité.

1859. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Jeanne est serrée dans son châle noir et Henri porte un crêpe à son chapeau de paille ; mais ils sont tous deux brillants de jeunesse et ils se sourient doucement l’un à l’autre, ils sourient à la terre qui les porte, à l’air qui les baigne, à la lumière que chacun d’eux voit briller dans les yeux de l’autre.

1860. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

Au lieu de s’étendre avec une curiosité tranquille sur le détail de nos misères, il s’était borné à éclairer d’une lumière terrible les principaux objets de notre confiance, ce que l’on pourrait appeler les garanties des sociétés, la justice, la loi, la vertu.

1861. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Paterne Berrichon, projetant des rais de lumière crue sur cette vie aventureuse, la dépouillait de son mystère.

1862. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

bienvenu soit celui qui ne demande qu’à augmenter la famille des fils de la lumière !

1863. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

» Ainsi tout autour de la peine de mort s’épanouit une abondante floraison d’œuvres littéraires, qui, si elles n’ont pas encore réussi à la faire disparaître, l’ont du moins réduite à se défendre, à se cacher, à reculer devant la lumière du jour et le regard de la conscience humaine.

1864. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

Une ignorante avait « les lumières éloignées ».

1865. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

On dirait de grands bas-reliefs étalés sur une même surface, sans outres gradations que celles de l’ombre ou de la lumière qui les frappent.

1866. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

Ravissant et merveilleux prodige emprunté aux extases de la mysticité chrétienne et coloré d’un phénomène de lumière par le grand peintre des teintes magiques.

1867. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

Cela tient de l’illuminisme, mais qui dit illuminisme ne dit pas lumière.

1868. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

C’est bien, c’est ingénieux, c’est profond, mais c’est un peu dense ; il y manque du jour et de la lumière, quelques éclaircies par-ci par-là.

1869. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

C’est à nous qui existons, qui sommes maintenant en possession de cette terre, à y faire la loi à notre tour. » Mais, comme on n’est jamais en pleine possession de cette terre, et qu’il n’y a jamais table rase complète, il faut chasser ceux qui tardent trop à nous céder la place et qui nous gênent : c’est l’œuvre qu’entreprend Camille dans son journal et à laquelle il ne cesse de se dévouer cyniquement, en décriant tout ce qui a vertu, lumières et modération dans l’Assemblée constituante, et en démolissant jour par jour cette Assemblée dans l’ensemble de ses travaux comme dans chacun de ses membres influents.

1870. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

Instruit, mais sans vraies lumières, il ne devait jamais dépasser, en fait d’idées, l’horizon exact où on l’avait encadré dès sa naissance.

1871. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Mon seul beau jour a dû finir,     Finir dès son aurore ; Mais pour moi ce doux souvenir     Est du bonheur encore : En fermant les yeux je revois     L’enclos plein de lumière, La haie en fleur, le petit bois,     La ferme et la fermière !

1872. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

Quand j’ai parlé de Mirabeau il y a quelques semaines, j’ai annoncé, en finissant, qu’une publication se préparait qui devait jeter la plus vive lumière sur le Mirabeau historique et définitif et sur son rôle durant la Révolution.

1873. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

Tous ces jugements, ébauchés par lui dès 1772 et 1777, tout à fait neufs alors et originaux, développés depuis et mis en complète lumière dans les dernières éditions de l’Essai sur l’éloquence de la chaire, font loi et règlent désormais cette matière littéraire et sacrée.

1874. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

Déjà j’étais rendu à la foi, je voyais une lumière nouvelle, mais elle m’épouvantait et me consternait en me montrant un abîme, celui de quarante années d’égarement.

1875. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

Marmont, par son esprit, par ses lumières, par cette rapidité d’impressions dont il était susceptible, s’y laissa gagner plus qu’il n’eût convenu à un homme qui n’eût voulu rester que dans sa ligne de soldat.

1876. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

L’Université, ce corps singulier composé de tant de fondations et de collèges distincts, et où le peuple latin se divisait par nations et par tribus, cette confédération aussi compliquée au sein de Paris que pouvait l’être la Confédération helvétique, avait alors un grand travail à faire sur elle-même pour se mettre en accord avec la société française et avec les lumières qui s’y répandaient de toutes parts.

1877. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

Mais comment peindrai-je la nuit qui succéda à cette belle soirée, lorsqu’après le crépuscule la lune, brillant seule dans le ciel, versait les flots de sa lumière argentée sur la vaste enceinte des neiges et des rochers qui entouraient notre cabane ?

1878. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre premier. Existence de la volonté »

Le courant nerveux est certainement ondulatoire : deux courants nerveux (comme deux sources de lumière ou de son) peuvent donc ou se renforcer ou amener une interférence et se neutraliser.

1879. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

Quelquefois néanmoins, on serait tenté de croire que l’agent vital est presque indépendant des actions physico-chimiques, lorsqu’on le voit supporter avec tant de flexibilité les plus grands écarts dans les conditions du milieu extérieur où il est plongé, — l’extrême froid ou l’extrême chaud, l’humidité ou la sécheresse, la lumière ou la nuit, la présence ou l’absence, ou du moins l’extrême inégalité de l’électricité atmosphérique.

1880. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

Sa conscience lui a porté bonheur, et ses principes religieux, cette lampe éternellement allumée au fond de nos âmes, ont donné à sa pensée la lumière et la flamme que naturellement elle n’avait pas.

1881. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

L’un d’eux, qui a trait au choléra, représente une place publique inondée, criblée de lumière et de chaleur.

1882. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Il faut avoir lu Meschinot, Molli net et Guillaume Crétin (je ne dis pas Le Maire de Belges) pour savoir quelle lumière nouvelle a dû être Marot dans ce temps-là. […] À quel propos lui départirait le soleil sa lumière ? […] Il voit mieux encore, dans une lumière plus vive, dans un ramassé plus énergique, les figures humaines. […] Pourtant [c’est pourquoi] l’œuvre du Saint-Esprit en cet endroit est nécessaire, ou plutôt il n’y a que sa seule vertu qui règne ici. » — Mais la vérité de Dieu devrait être éclatante comme la lumière du jour ! […] Le succès fut grand et du premier coup, malgré les protestations des poètes de l’ancienne école, Ronsard fut salué comme une lumière nouvelle.

1883. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Chuquet y apporte de nouvelles lumières et très précises. […] Gustave Le Bon l’a fait avec adresse, avec force même, et ses idées sont mises par lui, quoique en raccourci, dans le plein jour et en lumière très favorable. […] Le Bon a très bien jeté cela en lumière pour ce qui est de Rome. […] Le Bon, avec un véritable talent et sans aucune prétention au talent, mais avec un véritable talent, qui est fait de clarté, de fermeté et de sûreté de style, d’exposition tranquille et froide, d’ordonnance simple et juste, met en très belle et très pure lumière. […] Tout ce qu’elle a dit d’Octave Gréard est très juste, a été très bien vu et observé avec finesse ; mais, encore, une lumière moins uniforme donnerait mieux la sensation de la vie.

1884. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Pour en bien juger, il convient de se remettre à la perspective du temps et de baisser un peu la lumière de la rampe ; dans ce jour modéré et qui permet de mieux écouter chaque vers, l’ouvrage devient très-agréable à entendre. […] Mais Piron ignorant, paresseux, nullement philosophe, n’entendait rien aux lumières de Voltaire et à cette universalité de goûts, d’études et de curiosités agréables ou sérieuses, qui font sa gloire : « Mon cher ami », écrivait Voltaire à Cideville (février 1737), « il faut donner à son âme toutes les formes possibles.

1885. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

« L’intelligence, poursuit-il, étant faite pour donner à l’homme la connaissance, elle aime la connaissance pour elle-même d’abord, car rien n’est plus délicieux pour l’esprit que la lumière, et elle l’aime ensuite pour ses conséquences pratiques ; c’est pourquoi l’intelligence exerce ses sens, invente les arts comme des sens nouveaux qu’elle donne à l’homme et donne assez d’évidence et de force à la philosophie pour produire enfin la vertu, cette chose excellente qui met l’ordre dans la vie !  […] Virgile n’a pas de plus fortes images que ce livre à propos des sceptiques, qui nient la lumière de l’esprit suffisante pour déterminer le bien ou le mal, le vice ou la vertu.

1886. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Ce perfectionnement, ce point suprême au-delà duquel l’esprit humain est condamné à déchoir, c’est Racine qui l’atteignit ; Racine, un de ces génies accomplis de la famille des Virgile, des Raphaël, des Mozart, non moins étonnants pour s’être gardés de tous les défauts que pour avoir réuni toutes les qualités ; lumières douces et pénétrantes, qui éclairent les plus ignorants comme les plus versés dans la science des choses humaines, et qui n’éblouissent personne ; esprits harmonieux, chez qui nulle qualité n’est poussée jusqu’à son défaut, mais qui possèdent une qualité supérieure et charmante par laquelle ils sont les premiers parmi les hommes de génie, la sensibilité. […] Est-ce parce que rien n’est plus difficile que d’exprimer ce qu’il y a d’ardeur et de délicatesse dans l’âme d’une femme, de finesse et de lumière sur son visage, de suavité dans ses formes, et qu’il faut, pour y réussir, joindre à la raison et à l’imagination la plus rare sorte d’intelligence, celle du cœur ?

1887. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

Aussi bien une manière de voir est déjà par elle-même une théorie : les uns sont attirés presque uniquement par la lumière, les autres considèrent l’ombre dont elle est partout suivie ; leurs conceptions de la vie et du monde en sont éclairées ou assombries d’autant. […] Je voudrais avoir des ailes, une une carapace, écorce, souffler de la fumée, porter une trompe, tordre mon corps, me diviser partout, être en tout, m’émaner avec les odeurs, me développer comme les plantes, couler comme l’eau, vibrer comme le son, briller comme la lumière, me blottir sous toutes les formes, pénétrer chaque atome, descendre jusqu’au fond de la nature, — être la matière ! 

1888. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Il n’y a pas de cas de conscience pour les âmes simples ; au contraire, pour des esprits fins et instruits, la vie ne présente guère que des cas de conscience ; rarement la loi morale prononce de ces brèves sentences dont l’évidence s’impose et qui brillent dans l’âme comme des éclairs ; presque toujours elle inspire une discussion calme, méthodique ; elle est comme la lumière douce et constante d’un soleil surnaturel. […] De fait, il retourne auprès de son ami et tombe sur un verset de Saint Paul appelant à renoncer à la chair : « A l’instant, en effet, avec les derniers mots de cette pensée, ce fut comme une lumière de sécurité déversée dans mon cœur, et toutes les ténèbres de l’hésitation se dissipèrent » (p. 69)] 171.

1889. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre III. De l’organisation des états de conscience. La liberté »

Mais le dynamisme ne cherche pas tant à établir entre les notions l’ordre le plus commode qu’à en retrouver la filiation réelle : souvent, en effet, la prétendue notion simple — celle que le mécaniste tient pour primitive — a été obtenue par la fusion de plusieurs notions plus riches qui en paraissent dériver, et qui se sont neutralisées l’une l’autre dans cette fusion même, comme une obscurité naît de l’interférence de deux lumières. […] Les hypothèses relatives à la constitution de l’éther luminifère, qu’Auguste Comte traitait déjà assez dédaigneusement 30, ne paraissent guère compatibles avec la régularité constatée du mouvement des planètes 31, ni surtout avec le phénomène de la division de la lumière 32.

1890. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

je parlerai… » Et il raconte l’anecdote de l’étranger qu’il conduit à travers les appartements du palais et qui, arrivé dans le cabinet du roi, dit : « Je ne vois point le lit du roi. »  — « Monsieur, lui répondis-je, nous ne savons ce que c’est que le lit du roi  ; mais si vous voulez voir celui du mari de la reine, passons dans l’appartement de Ferdinande… » Il loue la religion du roi, il le loue de faire disparaître l’ignorance : l’enthousiasme, alors de rigueur, pour l’agriculture, pour les lumières, circule au milieu de ce culte de la religion conservé. […] Le panégyriste s’étend un peu sur les anecdotes d’enfance, puerilia  : un jour, on trouva l’enfant occupé à souffler de toutes ses forces le feu dans une chambre sans lumière : « Je travaille, dit-il, pour faire revenir mon nègre », il appelait ainsi son ombre. — Eugène fut un enfant préservé. […] Leurs suites morales et politiques sont l’affaire du Souverain ; la nôtre est de les suivre paisiblement et de ne jamais déclamer contre elles. »  — Et sur la pureté de mœurs d’Eugène dans sa vie de garnison : « Pour lui le mauvais exemple était nul, ou changeait de nature ; il n’avait d’autre effet que de le porter à la vertu, par un mouvement plus rapide, composé de l’attrait du bien et de l’action répulsive du mal sur cette âme pure comme la lumière. » Au moment où la Révolution éclate, on dirait que l’auteur lui emprunte son plus mauvais style pour la peindre : « Un épouvantable volcan s’était ouvert à Paris : bientôt son cratère eut pour dimension le diamètre de la France, et les terres voisines commencèrent à trembler.

1891. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

A la vérité, la foi philosophique pas plus que la foi religieuse, ne doit devenir un obstacle à la libre recherche ; mais la libre recherche ne doit pas imposer à l’homme une absolue indifférence sur ce qui l’intéresse le plus au monde, et l’empêcher de tourner en croyances les vérités sur lesquelles la science n’apporte qu’une lumière incomplète. […] Déjà l’on voit deux philosophies de caractère très-différent se dessiner l’une en face de l’autre et renouveler, comme on l’a vu à toutes les époques, l’éternelle opposition de l’empirisme et de l’idéalisme : d’une part, une philosophie circonspecte à l’excès, ennemie de toute spéculation métaphysique, n’admettant que les faits constatés, avec leurs rapports, c’est-à-dire leurs lois ; de l’autre, une philosophie idéaliste, ne pouvant consentir à trouver dans les phénomènes les derniers éléments de l’être et de la vie, pénétrant au-delà pour y découvrir la cause, la substance, l’infini, — l’une tout imprégnée de l’esprit des sciences positives, n’admettant que ce qui est démontré et vérifié, l’autre inspirée des hardiesses de l’esprit allemand, mais tempérée par les lumières et la mesure de l’esprit français, — l’une enfin à la recherche du positif, l’autre à la poursuite de l’idéal. […] Il ne peut en être ainsi de la philosophie : elle ne parle pas au nom d’une vérité absolue une fois trouvée ; elle cherche, elle tâtonne, elle propose, elle n’impose rien : elle doit donc se développer progressivement, et, comme toutes les sciences, ajouter sans cesse de nouvelles lumières à celles qu’elle possède déjà : elle se perd en s’immobilisant.

1892. (1864) Études sur Shakespeare

Or, l’homme supérieur a cette puissance qu’il sait faire luire à d’autres yeux la lumière qui illumine les siens ; les camarades de Shakespeare comprirent bientôt sans doute quels succès nouveaux il leur pouvait procurer en remaniant ces ouvrages informes dont se composait le capital de leur théâtre ; et quelques touches brillantes jetées sur un fond qui ne lui appartenait pas, quelques scènes touchantes ou terribles intercalées dans une action dont il n’avait pas réglé la marche, l’art de tirer parti d’un plan qu’il n’avait pas conçu, tels furent, selon toute apparence, ses premiers travaux et les premiers présages de sa gloire. […] Mais Shakespeare en a fait le Songe d’une nuit d’été ; au milieu de cette fade intrigue interviendront Oberon et son peuple de fées et d’esprits qui vivent de fleurs, courent sur la pointe des herbes, dansent dans les rayons de la lune, se jouent avec la lumière du matin, et s’enfuient à la suite de la nuit, mêlés aux douteuses lueurs de l’aurore. […] Hamlet seul présente ce spectacle confus d’un esprit formé par les lumières de la société, aux prises avec une situation contraire à ses lois ; et il a besoin d’une apparition surnaturelle pour se déterminer à agir, d’un événement fortuit pour accomplir son projet. […] Il faut que les progrès du goût, des lumières de la société et de l’homme, servent, non à diminuer ou à troubler nos jouissances, mais à les rendre dignes de nous-mêmes, et capables de répondre aux besoins nouveaux que nous avons contractés.

1893. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Hugo, de ces mots dominateurs qui commandent une page entière ; il lui manque le trait de lumière qui traverse les toiles de Rembrandt ; s’il est brillant, il l’est à la façon de ces appareils électriques dont on fit, l’année dernière, un si triste essai sur nos places publiques, — et qui nous éblouissaient, ce qui est le contraire d’éclairer. […] Le premier est joie, épanouissement, lumière ; le second semble, tout entier, remords, accablements, ténèbres. […] Mais, pour toute habileté, je t’offrirai mes larmes ; c’est tout ce que je puis… Ne me fais pas mourir avant le temps, car il est doux de voir la lumière ; ne me force pas à visiter la région souterraine. […] rien n’est plus doux que de voir la lumière !  […] Dans la nuit de notre intelligence elle fera glisser un petit filet de lumière, mais nous n’aurons jamais l’éblouissement de la vérité dans son plein.

1894. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Je considère chaque chose sous tous les profils, et je tourne à l’entour, une lumière à la main. » De cette faculté souveraine, le poète, asservi par le métier, va faire son outil de délivrance. […] Elle est une prière, obscure, qui s’ignore elle-même, qui n’a pas trouvé sa formule, le Notre Père lumineux et consolateur, mais le besoin de cette lumière et de cette consolation, c’est une piété déjà et c’est une noblesse. […] Et puis le politicien n’a pas effacé le poète, et il faut remercier son portraitiste d’avoir su évoquer l’un et l’autre dans une si forte lumière. […] Une lumière de féerie, dorée et bleue dans le rose, baigne l’île enchantée qui profile, là-bas, ses lignes indécises. […] Les circonstances sont quelquefois si dures que l’on voit l’arbre se dévier, le feuillage s’amaigrir du côté où ne vient pas le soleil, la cime se tourner vers la lumière, se déformer le tronc, et l’on se redit l’inutile « si fata sinant… » du tendre Virgile.

1895. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

La lumière se change aussi en amour quand elle pénètre dans nos cœurs. […] Nous faisons le voyage en compagnie de quelques planètes dont les unes se perdent pour nous dans la lumière du soleil, comme Vénus et Mercure et les autres dans la nuit de l’espace, comme Uranus et Neptune. […] Il demandait pardon à Dieu, cependant il poussait l’enquête, anxieux de connaître la vérité, impatient de lumière. […] Et la fille du poète était si merveilleusement douée qu’elle écrivit, n’ayant pas vingt ans, un livre parfaitement beau dont le style resplendit d’une pure lumière. […] Tout jeune, j’élevais mon esprit vers la lumière éthérée ; et non seulement je désirais fixer sur elle mes regards pendant le jour, mais la nuit même, par un ciel serein et pur, je quittais tout pour aller admirer les beautés célestes.

1896. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Rappellerons-nous ici, depuis eux, quelques-uns des hommes qui précisément remirent chez nous, vers 1830, ce moyen âge en lumière et le gothique en honneur ? […] Il n’est pas vrai que l’homme, après avoir passé près de mille ans, dans les ténèbres, à se chercher comme à tâtons sans réussir à se retrouver, n’ait enfin revu la lumière du jour qu’avec le lever de cette grande aurore de la renaissance italienne. […] Elle a permis encore à la critique d’éclairer d’une vive lumière quelques-unes de ces questions d’origines, si obscures et par là si tentantes ; et, notamment, il s’est trouvé qu’en traçant l’histoire du développement de nos Mystères on avait ébauché l’histoire du développement du drame grec. […] « Dieu lui inspira une infinité de pensées admirables sur les miracles, qui, lui donnant de nouvelles lumières sur la religion, lui redoublèrent l’amour et le respect qu’il avait toujours pour elle. […] Et c’est pourquoi j’aurais aimé que mes adversaires m’eussent montré quelques traits de mon incompétence, qu’ils m’eussent réduit à confesser la profondeur de mon ignorance, qu’ils m’eussent fait luire enfin, dans les ténèbres de mon aveuglement, un rayon de la pure lumière qui les éclaire.

1897. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Leurs fréquents entretiens sous le Portique, au Lycée, dans les places et promenades publiques, la quantité d’établissements ouverts aux rhéteurs, les cours successifs de tant de maîtres glorieux de l’affluence de leurs disciples, les disputes curieuses des sophistes de toutes les écoles rivales, la foule des élèves qui devenaient bientôt les concurrents, les critiques et les juges de leurs doctes maîtres, enfin un concours d’opinions formées dans la multitude qui les écoutait, tout secondait les efforts et hâtait les progrès des savants et des artistes qu’éclairait cet immense écoulement de lumières. […] Si je mets la lumière en pleine évidence, je suis certain d’offusquer leurs yeux, et n’ai même quelque conviction d’avoir bien fait que quand ils me déchirent le plus. […] Molière lui seul eût pu débrouiller un tel chaos d’extravagances mêlées de crimes, et le percer de ses lumières philosophiques ; mais si son zèle courageux eut prétendu tirer de là de principales physionomies, on l’eût puni de le tenter. […] « Vous me paraissiez bien petits et bien méchants de là-haut ; mais c’est bien pis à qui vous voit de près. » Non content de les draper si hardiment, il blesse en passant quelques poètes, et quelques magistrats coureurs de nuit ; car lorsqu’on lui demande quels voyageurs il a rencontrés dans sa route aérienne, il répond n’avoir vu que deux ou trois beaux esprits s’égarant à chercher des dithyrambes et le poème d’Ion à Chio, puis quelques astres nocturnes qui revenaient de souper, précédés de la lumière des falots. […] Recueillez les réflexions de Cailhava, dont les judicieuses remarques ont jeté quelque lumière sur l’art de la comédie.

1898. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

De même que le soleil avec ses puissants rayons fait sur-le-champ disparaître toute autre étoile, ainsi ma vue te paraît maintenant moins belle, parce qu’une lumière plus éclatante m’efface. […] Il a très bien saisi et mis très habilement en lumière le mélange de fourberie et de sincérité, d’enthousiasme et de bouffonnerie dont se compose le caractère de Cromwell. […] Or, jusqu’à présent la puissance de Winfried n’avait pas encore été mise en pleine lumière. […] Ce n’est pas que les lumières lui manquent : sa vie est assurément une des vies les plus studieuses, son esprit un des plus savants de ce temps-ci ; mais il y a, dans la nature même de ses travaux, quelque chose qui contraste singulièrement avec le sujet nouveau qu’il a choisi. […] Romulus, Numa, Ancus Martius, Tullus Hostilius, les Tarquins, le premier Brutus, s’évanouissent comme des ombres : nous attendons la lumière qui doit nous montrer, au lieu de ces figures menteuses, des acteurs vivants, des personnages réels ; mais la lumière ne vient pas, et la nuit s’épaissit autour de nous.

1899. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

Il continue : Outre les ornements qui sont à ma cheminée, il y a au milieu de ma bibliothèque une grande poutre qui passe par le milieu de la largeur, de bout en bout, sur laquelle il y a douze tableaux d’hommes illustres d’un côté, et autant de l’autre, y ayant assez le lumière par les croisées opposées ; si bien que je suis, Dieu merci, en belle et bonne compagnie avec belle clarté.

1900. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

De même que, dans ce passage qu’on n’a pas oublié, il a énergiquement rendu cette puissance d’organisation fatale qui semblait faite pour engendrer les tyrannies multiples, pour perpétuer l’hydre aux mille têtes et éterniser le chaos, de même ici il rend avec une précision inaccoutumée un idéal d’ordre, d’unité, de lumière, dont il avait sous les yeux l’exemplaire vivant ; en un mot, c’est le tableau de 1802, le contraire de 1792 ; c’est le monde jeune, renaissant merveilleusement après la ruine : Une commission est formée, dit-il, pour la composition d’un Code criminel, une autre pour un Code de commerce.

1901. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

 » On eut donc alors l’autre ville par excellence, celle dans la lumière de laquelle Cicéron voulait qu’on vécût toujours, pour être plus sûr de ne se rouiller jamais, la Rome de Catulle et d’Horace, jusqu’à celle de Pline le Jeune.

1902. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

En fait, les grands projets dits de Propriété littéraire, soumis à des Commissions ou à des Chambres, le projet de 1825, celui de 1844 devant la Chambre des députés et celle des pairs, la question reprise à fond par ordre de l’Empereur, et soumise en 1864 à une Commission présidée par M. le comte Walewski, n’ont pu aboutir et se traduire en loi, malgré les lumières et les talents combinés, qui, certes, n’y ont pas fait faute.

1903. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

En profitant de ce qu’apporte l’exigeante sagacité d’un Ribbeck, n’abjurons pas le goût des Fénelon et des Fontanes, le sentiment rapide qui est une lumière.

1904. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres mêlées de Saint-Évremond »

Cette fois-ci il le dit en vers et dans un sonnet dont voici la fin : Un mélange incertain d’esprit et de matière Nous fait vivre avec trop ou trop peu de lumière Pour savoir justement et nos biens et nos maux.

1905. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Rien donc ne saurait valoir ni devancer pour l’instruction de la postérité les lumières de ce dépouillement posthume, et telle n’a jamais été notre prétention, relativement aux contemporains dont nous anticipons l’histoire.

1906. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Il a fallu que j’arrivasse à trente ans, que mes observations se soient mûries et condensées, qu’un jet de lumière les ait même encore éclairées, pour que je pusse comprendre toute la portée des phénomènes dont j’ai été le témoin ignorant. » Il fallut peut-être à M. de Balzac, pour éveiller et ressusciter cet ancien Lambert enseveli en lui, qu’un éclair lui vînt, tombé du front d’Hébal, ce noble frère de la même famille.

1907. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

Ce qui nous y frappe surtout, c’est l’esprit de lumière et de charité chrétienne infinie, qui fait que, pour des catholiques même, bien des choses y restant absentes, aucune peut-être n’est expressément contraire ni à repousser.

1908. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Sue n’a pas voulu les remplacer, pour ainsi dire, dans la lumière qui seule les complète, ni entrer dans cet esprit général et régnant qui a été comme la longue ivresse et l’enchantement propre de l’époque de Louis XIV ; il y fallait entrer pourtant à quelque degré, sinon pour le partager, du moins pour le juger, et pour y voir personnes et choses dans leur vraie proportion.

1909. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

faut-il purger d’une erreur si grossière Un esprit si perçant et si plein de lumière ?

1910. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

Composé de tant de lumières, qu’il daigne réfléchir, qu’il ose résister à la faute qu’on lui propose.

1911. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

Au dix-septième siècle, on les appelle « les honnêtes gens », et c’est à eux désormais que s’adresse l’écrivain, même le plus abstrait. « L’honnête homme, dit Descartes, n’a pas besoin d’avoir lu tous les livres ni d’avoir appris soigneusement tout ce qu’on enseigne dans les écoles » ; et il intitule son dernier traité « Recherche de la vérité selon les lumières naturelles qui, à elles seules et sans le secours de la religion et de la philosophie, déterminent les opinions que doit avoir un honnête homme sur toutes les choses qui doivent faire l’objet de ses pensées349 ».

1912. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIIe entretien. Poésie sacrée. David, berger et roi » pp. 225-279

Fils du prophète, il déteste en secret les prophètes de lumière, et il cherche à leur opposer les devins, prophètes de ténèbres.

1913. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

Par conséquent, si l’on n’en sent pas soi-même la beauté, il ne faut pas les condamner pour cela, mais douter de soi-même et de ses lumières.

1914. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Celui-là a aimé la lumière, les eaux, les fleurs, les ombrages ; il a noté quelque part, sans ombre de libertinage, les blancheurs de « la chair lisse ».

1915. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre III. Montaigne »

Et l’un des caractères éminents qu’il offre, c’est celui par lequel la littérature classique apparaît surtout comme une des plus pures formes de l’esprit français : c’est cet ensemble de qualités sociables, cette vive lumière d’universelle intelligibilité, qui fait des Essais un livre humain, et non pas seulement français.

1916. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

Il y a en lui un philosophe, et les philosophes ne s’y sont pas trompés, en contribuant à former sa légende462 : il aime la paix, la bonne administration, les lumières.

1917. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

Les ouvriers du progrès seront les grands hommes, par qui les lumières et le bien-être se répandent ; et les grands siècles de l’esprit humain seront ceux où les circonstances serviront les grands hommes, c’est-à-dire où ils auront l’autorité pour eux, et non contre eux, quand les despotes seront de grands hommes, serviteurs ou protecteurs de la raison.

1918. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Il faut donc qu’il choisisse parmi les circonstances qui s’offrent à lui de toutes parts, qu’il en retranche le plus grand nombre, qu’il en atténue d’autres et qu’il mette en pleine lumière celles qui importent le plus à la conclusion où il tend de toutes ses forces ».

1919. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

L’abbé Jourfier, qui n’a que des vertus humaines, est placé par sa profession dans des circonstances telles qu’il s’aperçoit que ces vertus vont contre les fondements mêmes de la foi, car elles impliquent toutes la confiance aux lumières naturelles et, plus ou moins, l’orgueil de l’esprit (superbia mentis).

1920. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

Les quelques lumières qui jaillissent parfois du choc de ces deux tendances, c’est peut-être cela l’idéal de la critique littéraire… Henry Duvernois Le renouveau de la critique française est indéniable.

1921. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

À toute la nature, en passant, elle verse sa lumière.

1922. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIV, l’Orestie. — Agamemnon. »

Ce n’est plus qu’une jeune fille mourante qui regrette ingénument la lumière.

1923. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

Une lumière tamisée et bleuâtre descend et glisse sur tous les objets.

1924. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre VI. Le Bovarysme essentiel de l’humanité »

Ce que l’on se propose de mettre ici en lumière, c’est la déviation subie par l’instinct métaphysique à mesure qu’il s’exerce avec plus de force et de perfection.

1925. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

Au milieu du désordre des houppes, des pots de cold-cream, des cartons à serrer les fausses nattes, dans la lumière fumeuse et sentant la mauvaise huile de deux quinquets de cuivre à globes de lampe, assise sur un tabouret de piano, recouvert de maroquin gris perle, Lia, qui a l’air d’un petit séraphin gothique de maître primitif, et dont le corps grêle est perdu dans les grands plis d’une robe de chambre brune, aux compliments qu’on lui fait sur le talent qu’elle a su déployer, aux reproches qu’on lui adresse d’avoir été trop vite, Lia, la tête soulevée au-dessus de l’affaissement de tout son corps, répète d’un air à la fois hébété et tendre : « Ah !

1926. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

IV, § 8] ; l’un appelle l’autre, et leur réunion a un sens ; si cette camaraderie est de bon aloi, le réveil d’une suite de mots destinée à exprimer le jugement nouveau apporte à celui-ci le concours de jugements anciens, médités, examinés, approuvés autrefois par la réflexion, et il s’éclaire de leur lumière.

1927. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VI. De la politique poétique » pp. 186-220

Nous avons observé dans la table chronologique que cette époque est pour l’histoire grecque celle de la plus grande lumière, comme pour l’histoire romaine l’époque de la seconde guerre punique ; c’est alors que Tite-Live déclare qu’il écrit l’histoire avec plus de certitude ; et pourtant il n’hésite point d’avouer qu’il ignore les trois circonstances historiques les plus importantes.

1928. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

C’est déjà la pleine lumière de ce bel âge de la Grèce qui commence à Eschyle et que couronne Platon, âge où le sublime, soit de la passion, soit même de la réflexion, a toujours la forme et l’accent de la poésie.

1929. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Le révérend père Escobar, jésuite, était encore, à cette époque, bien éloigné de voir la lumière ; et, dans les siècles héroïques, on n’avait pas l’idée de ces raffinements. […] Le noble et généreux Boileau, aussi bon ami que grand poète, se distingua dans cette occasion par son zèle et par ses lumières. […] Chaque tragédie que l’on fait est un nouveau trait de lumière sur le mérite de Racine : cet homme écrase l’art en l’élevant trop haut, et l’habitude de voir ses chefs-d’œuvre est la mort de toutes les nouveautés. […] Cette décision ne fait honneur ni aux lumières du littérateur britannique, ni l’université d’Édimbourg où il a prêché de pareilles erreurs. […] Cette fatuité misérable est toujours en raison inverse de la sagesse et des lumières du siècle qui s’arroge une pareille supériorité.

1930. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Et comme nous espérons retrouver, sur ces planches étroites, sous cette lumière artificielle, à travers cette traduction d’un lettré consciencieux, quelque chose de tout cela, nous l’y retrouvons en effet. […] Et ils ne soupçonnaient pas non plus qu’en nous mesurant la lumière dans leurs Œdipes perfectionnés, de façon que nous ne pussions devancer le fils de Laïus dans son enquête, ils violaient une des règles essentielles de l’art dramatique. […] par quelle progression d’inquiétudes, de lumières douteuses pour lui seul, et à travers quels étonnements, quelles révoltes et quelles colères, arrivera-t-il à la solution de ce problème qui l’attire et l’épouvante ? […] Un rideau s’entr’ouvre, laissant voir l’autel resplendissant de lumières et deux femmes masquées, toutes deux vêtues de blanc. […] Deux petits chevaux, tout trébuchants et aveuglés par la lumière de la rampe, amènent deux canons en papier.

1931. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

On sent très bien qu’il y a là une vive lumière jetée par Corneille sur Corneille lui-même, et qu’en effet, il y a chez Corneille un goût de l’extraordinaire qui tend évidemment vers l’invraisemblable, et dont, tout compte fait, il se fait à lui-même un mérite plutôt qu’une erreur. […] Il faut le mettre en relief et en pleine lumière. […] Mais la lumière ? […] Après L’Éducation, qui mit son nom en vive lumière et qui, vraiment, n’est pas mauvaise, vint Le Mari à bonnes fortunes, en 1824, qui fit beaucoup de plaisir. […] Il était de manières parfaites, et l’on ne s’étonne pas que parmi cinq ou six opuscules ou essais, que l’on tire pour nous des revues ou journaux du temps et que l’on remet en lumière, il y en ait un sur le savoir-vivre.

1932. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Vous avez mis dans votre style les jeux de la lumière, les frissons du plein air, la coloration et la vie du monde extérieur ; vous y avez mis aussi les secousses intérieures, les émotions subtiles, les troubles secrets du monde moral ; et désireux de retenir dans votre phrase, un peu de ce qui luit ou de ce qui vibre, de ce qui aime ou de ce qui souffre, vous avez demandé à la richesse et à la diversité des formes, l’art d’exprimer fidèlement la multiplicité infinie de la nature. […] Mardi 1er octobre L’eau, cette matière de miroir liquide, je ne me rassasie jamais de la regarder, et je passe de longs moments, devant cette cascade de Jean-d’Heurs, où, le courant morne de la rivière fait tout à coup une rampe de lumière, et où, la mousse verdâtre des rochers se couronne d’un bouillonnement d’argent, d’où jaillissent en forme de tridents de cristal, ces ruissellements de perle et diamant, se déversant en bas dans la grande nappe d’eau tranquille, d’eau bleuâtre, sur laquelle viennent mourir, en éclatant, les bulles du grand bouillonnement.

1933. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

Mais il voulait une égalité de droit qui donne à chacun la faculté de s’élever par le travail et la vertu au niveau relatif de ses forces, une assistance paternelle et fraternelle des gouvernements et des citoyens aux classes les plus déshéritées de lumières et de fortune ; une Providence de tous pour tous, exprimée et administrée par un gouvernement de la misère publique, sans faiblesse pour la paresse, sans indulgence pour le vice, mais sans insensibilité pour le vrai malheur. […] Son regard reprit en me voyant toute sa lumière intérieure, et sa bouche même un doux sourire. — « C’est un adieu », me dit-il en me tendant sa grosse main et en serrant fortement la mienne. — « Oui », lui dis-je, « mais ce n’est pas un long adieu : je reviendrai plusieurs fois à Paris dans le cours de l’automne ; en attendant, ne m’écrivez pas, mais faites-moi souvent donner de vos nouvelles par M. 

1934. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

« Je crois avoir prouvé la possibilité, — écrivait Condorcet, il y a tout juste cent ans, — de rendre la justesse d’esprit une qualité presque universelle ; … de faire en sorte que l’état habituel de l’homme, dans unpeuple entier, soit d’être conduit par la vérité soumis dans sa conduite aux règles de la morale… se nourrissant de sentiments doux et purs. » Et il ajoutait : « Tel est le point où doivent infailliblement le conduire les travaux du génie et le progrès des lumières 5. » Me dira-t-on que Condorcet n’était après tout qu’un encyclopédiste ? […] Qui ne voit que si l’Écriture est assez claire de soi pour toute intelligence, elle ne contiendrait rien qui surpassât les lumières de l’homme, auquel cas nous n’avions pas besoin d’un Dieu pour nous la « révéler ? 

1935. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Nul mieux que vous ne possède l’art de lutter, par le nombre et la profusion des images, avec la peinture la plus franche et la plus vive ; vous avez pour chacune de vos pensées des traits et des nuances qui feraient envie aux héritiers du Titien et de Paul Véronèse ; quand il vous plaît de nous montrer les lignes d’un paysage ou l’armure d’un guerrier, le pinceau n’a plus rien à faire : pour achever son œuvre, il n’a qu’à mettre sur la toile les masses de lumière et d’ombres que vous avez choisies comme les meilleures. » Suivent trois pages d’éloges. […] Vous rappelez-vous, mon ami, avoir vu passer dans la demi-teinte projetée sur eux par les œuvres voisines, ces idéales et merveilleuses créations qui, comme les anges de Martinn, portent leur lumière en eux-mêmes : lampes d’albâtre que l’âme fait resplendissante à travers le corps.

1936. (1911) Nos directions

elle n’était point développée, mais diffusée comme une lumière épandue ; on ne comprit pas. — Mais puisqu’il n’y avait rien à comprendre ! […] nulle crainte qu’il s’égare : la lumière le suit. […] Mais de la gauche tu frappes les hommes avec une lumière éclatante, Et la sueur brille sur leurs fronts etc… …………………………………………………………………………………… Les hommes d’argent, aux yeux de sourds aboient et agitent les mains. […] Georges Duhamel, auteur de la Lumière, deux œuvres curieuses représentées aux samedis de l’Odéon ; celui de M.  […] Le poète Auguste Dorchain (1857-1930) a connu le succès dès son premier recueil (La Jeunesse pensive, 1881) et fut récompensé par l’Académie française pour Vers la lumière (1894).

1937. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

. — Idéologues, savants et philologues Le rôle des idéologues, — auxquels pendant longtemps on n’a pas attribué dans l’histoire plus d’importance qu’on n’en croyait devoir donner à « la queue de l’Encyclopédie », — a été récemment remis en lumière par M.  […] Du style de Joseph de Maistre ; — et qu’à certains égards il est de la famille du style de Bossuet ; — ce qui s’explique, si tous les deux, parmi toutes les vérités de la religion, — se sont attachés particulièrement à l’idée de la Providence. — D’une autre ressemblance entre Bossuet et J. de Maistre ; — qui consiste en ceci que leur vrai caractère, — qui fut la douceur, — a différé du caractère de leur style ; — dans le même sens, et pour ainsi parler, de la même quantité. — Mais comme ils sont d’ailleurs séparés l’un de l’autre par un siècle ; — et que ce siècle est celui de l’Encyclopédie ; — Joseph de Maistre a des « lumières » que Bossuet n’avait point ; — et aussi des défauts. […] Tous les trois ils ont concouru à développer la curiosité des choses étrangères : — Guizot, par ses traductions de Shakespeare et de Gibbon ; — et par des Histoires dont l’Angleterre est toujours l’âme invisible et présente ; — Villemain, par le plus célèbre de ses Cours, le Cours de littérature française au xviiie  siècle ; — où les écrivains et surtout les orateurs politiques anglais tiennent autant de place que nos écrivains nationaux ; — et Cousin, par ses « adaptations » des philosophies de Reid ou de Dugald-Stewart, et des métaphysiques de Schelling et d’Hegel. — Tous les trois ils ont fait de la critique générale ; — ou plutôt de l’« éclectisme » ; — Villemain en littérature, et avec plus d’esprit ; — Cousin en philosophie, et avec plus de fougue, — et Guizot en histoire, et avec plus de raideur ; — mais sans avoir, à vrai dire, ni Guizot de méthode personnelle ; — ni Cousin de philosophie originale, — ni Villemain de doctrine d’art ; — et en ne s’aidant que des lumières de leur « libéralisme ». — Que si d’ailleurs, avant Villemain, la critique littéraire ne procédait guère que de l’humeur individuelle du critique ; — avant Cousin, la « philosophie » que du besoin qu’on en croyait avoir pour combattre ou pour consolider quelque chose ; — et l’histoire, avant Guizot, que du désir de trouver dans le passé des arguments pour le présent ; — tous les trois ont fait faire un grand pas à la critique générale en la fondant sur des principes plus ou moins contestables ; — mais envisagés du moins comme scientifiques. — Et tous les trois enfin, par leur manière de traiter l’histoire, la philosophie et la critique littéraire, — ils ont montré la solidarité qui liait les parties d’une même civilisation : — Guizot en enveloppant l’histoire, la littérature et la philosophie dans sa généralisation historique ; — Cousin en montrant le rapport de la philosophie de Condillac avec l’esprit général du xviiie  siècle ; — et Villemain en mêlant l’histoire et la littérature. […] 2º La Rénovation de l’Histoire ; — et qu’il n’y a rien d’excessif à la rattacher au nom d’Augustin Thierry ; — sur l’esprit duquel il convient d’observer avant tout, que, ni son passage par l’École normale supérieure, de fondation toute récente alors ; — ni sa collaboration avec Saint-Simon ; — et aux journaux libéraux de l’époque, 1820, — tels que le Courrier français, — n’ont exercé de grande influence. — Mais ce sont Chateaubriand d’abord ; — et ensuite Walter Scott qui lui ont révélé sa vraie vocation ; — qui a été : 1º d’introduire dans l’histoire le sentiment de la diversité des époques ; — toutes ou presque toutes confondues jusqu’alors sous l’uniformité d’un même coloris ; — 2º d’introduire dans l’histoire, avec la doctrine de l’irréductibilité des races, une espèce de fatalisme physiologique ; — mais aussi un ferment ou un levain de poésie ; — si, comme nous l’avons vu en partant de l’épopée du Moyen Âge, — toute épopée se définit par un conflit de races ; — et 3º de faire voir enfin de quelle lumière — la préoccupation active du présent éclairait les obscurités du passé ; — et leur donnait leur véritable sens. […] Cependant les événements de 1870-71 éclatent ; — et ils sont pour Taine un trait de lumière. — Il publie ses Notes sur l’Angleterre, 1872 ; — et il conçoit le plan du grand ouvrage — dont le premier volume ; L’Ancien Régime, 1875, — est peut-être son chef-d’œuvre. — Les études qu’il entreprend sur la Révolution — lui font connaître alors une espèce d’hommes qu’il avait peu pratiquée jusqu’alors. — Il se demande, avec une angoisse qui l’honore, — s’il est bien vrai « qu’un palais soit beau même quand il brûle, ou surtout quand il brûle » ; — et quand nous rencontrons un « crocodile » parmi nous, — si nous n’avons qu’à le décrire et qu’à l’admirer ?

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