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1396. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Je m’étais senti tout d’abord attiré, je l’avoue, vers ce charmant volume par son élégance typographique, chose assez rare de nos jours pour qu’on en sache gré à un éditeur lorsqu’elle se présente. […] La tendance à la perfection est trop rare de nos jours pour qu’on ne l’encourage pas partout où elle se manifeste. […] La place que les femmes doivent occuper parmi nous est encore vide, et elle est assez belle pour que celles-ci doivent chercher à s’en rendre dignes. […] Je cite à dessein ces deux pays si opposés pour qu’on ne m’objecte pas la différence de race et de climat. […] Victor Hugo sont trop exceptionnels pour qu’on puisse tirer quelque conclusion de leur existence.

1397. (1923) Nouvelles études et autres figures

Un ou deux suffisent pour que notre âme se révèle. […] Il suffit de le feuilleter pour que ces marques d’une précipitation fâcheuse vous sautent aux yeux. […] Il n’avait pas besoin de le signer pour qu’on sût qu’il en était l’auteur. […] Mais un parricide n’a pas besoin d’être un prince ou un roi pour que le sang de sa victime retombe sur lui ; et il nous importe peu que Hugo pense au Deux Décembre, si nous, nous n’y pensons pas. […] Mais tel qu’il est dans sa marche inflexible, souvent éclatant, toujours solide, je crois en avoir assez dit pour qu’on le lise, qu’on y réfléchisse et qu’on en tire les conclusions qui s’imposent.

1398. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Pour mettre le type plus en relief, Alphonse Daudet a fait de son héros un puissant, d’abord député, puis ministre ; on étudie beaucoup les ministres en ce moment, et Monsieur le Ministre, de Jules Claretie, dédié justement à l’auteur de Roumestan, en est la preuve ; pour que l’opposition fût plus sensible, le romancier a marié son héros à une fille du Nord, nature en dedans, profonde, d’humeur posée. […] dans le premier moment, moi aussi, j’ai eu grand chagrin, une belle envie de sauter par la fenêtre… Mais j’ai pensé à mon enfant, à mon pauvre petit André qui naissait à la vie, qui depuis a grandi, qui est mort en aimant, en respectant tous les siens… Toi de même tu pardonneras pour que ton enfant ait l’heureuse tranquillité que vous a faite mon courage, pour qu’il ne soit pas un de ces demi-orphelins que les parents se partagent, qu’ils élèvent dans la haine et le mépris l’un de l’autre… Tu songeras aussi que ton père et la mère ont déjà bien souffert et que d’autres désespoirs les menacent… » Elle s’arrêta, oppressée. […] Cardinal… Je vais chercher d’ici à demain une combinaison pour que Pauline puisse venir ici le jour de ma fête… J’y penserai cette nuit… C’est dans mes veilles de la nuit que je trouve le mieux les choses. […] Ludovic Halévy, c’est que par ce temps où les gouvernements, pour sortir d’embarras, jettent du prêtre à manger au bas populaire, pour qu’il ne s’occupe pas trop de leurs agissements, l’auteur a osé nous montrer un curé brave homme ; il a négligé, suivant la mode prescrite pour les lecteurs de caboulots, de nous le montrer ivre, courtisant ses pénitentes, vivant en concubinage avec sa bonne et enterrant régulièrement, tous les six mois, un fœtus dans le fond de son jardin. […] La gloire de Delacroix, comme peintre, est trop grande pour qu’on ait à la discuter aujourd’hui ; c’est l’homme qu’il faut connaître dans l’intimité ; les lettres qu’on va lire et qui ont été réunies avec soin, pour être publiées chez Quantin, donneront une juste idée de la finesse de l’esprit, de la supériorité de l’intelligence et de la vaillance du cœur d’Eugène Delacroix.

1399. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Un gros bagage n’est pas nécessaire pour aller loin, c’est quelquefois même un embarras, et je pense qu’il suffira à M. de Maupassant de montrer un volume de ses nouvelles pour que la postérité ne lui soit pas trop difficile. […] Mais quel concours de circonstances heureuses, favorables, providentielles, pour que l’un de ces hommes soit révélé aux autres et leur donne l’abondante et féconde moisson dont son cerveau est plein ! […] Ferdinand Fabre est trop connu pour que je puisse penser faire une surprise à mes lecteurs de ces pages empreintes de l’amour de la simplicité littéraire et des beautés de la nature. […] Les ruines du Forum, celles de l’Acropole, de Thèbes, ne disent-elles pas assez ce qu’étaient Rome, la Grèce et l’Égypte pour qu’on les devine et qu’on les reconstitue, sans qu’il soit nécessaire de connaître les autres merveilleux restes que le temps nous a conservés ? […] Fidèle à nos habitudes, je ne me contenterai pas de discuter sur les intentions du romancier, mais je choisirai un passage de son livre pour que le lecteur puisse apprécier lui-même et juger en connaissance de cause.

1400. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Ma mémoire n’est pas assez précise pour que je puisse raconter ce qu’il me dit ce jour-là en le distinguant de ce qu’il me dit un autre jour ; mais je me souviens des moindres paroles qu’il a prononcées dans les entretiens que j’ai eus avec lui. […] La petite scène se passe, je crois, dans les environs de Cannes, dans une de ces quelques stations où les médecins envoient les malades pour qu’ils y guérissent ou pour qu’ils y restent ; c’est le récit d’une promenade en voiture dans ces chemins montants qui vous montrent, entre des rochers, des coins de mer bleue ou des bois d’oliviers : « Rien ne frappe l’esprit comme la répétition des petites choses ; et rentrer dans le tournoyant ravin en zigzag et déboucher sur l’infini bleu de ciel et d’eau, créait probablement à la longue, dans mon esprit, une de ces obsessions dont le malaise touche au vertige. […] Mais ce n’est pas une raison, parce que la maison s’écroule, pour que le locataire tombe en ruines ; il déménage, voilà tout !  […] Causeries de Bianchon Le succès des Causeries de Bianchon est trop notoire pour que j’aie à en rendre compte ; mais ce que je tiens à établir, c’est que ce qui pourrait y paraître paradoxal ou fantaisiste n’est jamais que la constatation de maux ou de remèdes véritables. […] Bien qu’il fût d’une sauté délicate, sujet, dit-il, à des divagations d’esprit, à des bourdonnements dans le cerveau, son père, pour qu’il ne perdit pas un seul instant qui pût être employé utilement à son instruction, le faisait coucher à côté de lui et, avant de le laisser s’endormir, lui faisait réciter ses leçons.

1401. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Si, d’une part, sa vie avait été trop unie pour que les petits accidents qui y survinrent valussent la peine d’être racontés sans les impressions qu’il en avait reçues, d’autre part son extrême timidité, sa réserve, une pudeur louable lui interdisaient de livrer sans voiles à la foule les secrets de son cœur. […] La mission du poète est trop haute et trop universelle pour qu’il la poursuive à l’aise, en la circonscrivant dans le terre-à-terre borné d’un parti ; même en servant les mêmes dieux, autre est l’œuvre de la politique, autre celle de la poésie. […] Cela me trouble l’idylle de la vie allemande bien plus que les émeutes polonaises, trop curieuses cependant quand elles sont décrites dans un tableau, dédié au duc de Saxe-Cobourg-Gotha, pour que nous n’en disions pas tout à l’heure un mot. […] Je ferai tout ce qu’il faudra pour que vous soyez content de moi. […] Veitel Itzig — nous le rappelons — s’est arrangé pour qu’en ce moment même l’hypothèque déposée dans le comptoir d’Ehrenthal fût soustraite par Hippus.

1402. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

C’est ainsi qu’après Marius, Sylla, Antoine et les proscriptions sanguinaires des triumvirs dans l’île du Reno, auprès de Modène, Rome livra jusqu’à Cicéron au poignard des délateurs, et qu’Horace, Virgile, Ovide, Tibulle et une foule d’autres hommes de génie se hâtèrent autour du trône d’Auguste, pour qu’il n’y eût point de vide dans la gloire romaine, point d’interrègne dans la famille de Romulus. […] Bientôt il lui sembla qu’une pure harmonie Sortait de chaque flamme à l’autre flamme unie : Tel est le choc plaintif et le son vague et clair Des cristaux suspendus au passage de l’air, Pour que, dans son palais, la jeune Italienne S’endorme en écoutant la harpe éolienne. […] Si elle paraît belle à tous, on se hâte de calquer sa forme et de prendre sa mesure ; les rhéteurs notent ses dimensions pour qu’à l’avenir on en taille de semblables.

1403. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Il leur fallait, pour que leur imagination fût heureuse, ressusciter les sites merveilleux de la Fable. […] Ils ont voulu la perfection de la forme, l’absolu, poursuivant les répétitions de mots jusqu’à cent lignes de distance, déclarant la guerre aux lettres elles-mêmes, pour qu’elles ne reviennent pas trop souvent dans une page… » Telle est l’opinion du Poète, et vous ne vous étonnerez plus désormais s’il s’attache moins à la menue grâce des détails qu’à son plan d’ensemble, à la construction architectonique de l’ouvrage. […] Mais un paysan ouvrant un sillon de labour dans l’aurore, un semeur, le bras levé vers le ciel, un pâtre dressé sur la lande immense et nue, un cavalier domptant un étalon libre, ont, en soi, assez de beauté, assez de vie, pour que nous essayions de les fixer sans les déformer, sans les exagérer encore.

1404. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

Dans la société antique, l’individu était placé si bas, que, pour qu’il fût frappé, il fallait que l’adversité descendît jusque dans sa famille. […] Il y a trop de nature et trop d’originalité dans la tragédie grecque, pour qu’il n’y ait pas quelquefois de la comédie. […] Cela est faux. — Il n’y a aucune raison pour qu’il n’exige pas ensuite qu’on substitue le soleil à cette rampe, des arbres réels, des maisons réelles à ces menteuses coulisses.

1405. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

Notre pouvoir de reproduction intérieure est illimité ; il suffit pour qu’un son soit reproduit qu’il ait été remarqué lorsqu’il a frappé nos oreilles, et qu’ensuite il soit rappelé conformément aux lois du souvenir134. […] Plus le psychologue persévère dans cette méthode, plus il use de la parole intérieure et moins il est près de la connaître, car elle s’habitue, pour ainsi dire, à son rôle ; elle ne peut devenir objet que par le souvenir, et, pour que le souvenir ait lieu, il faut que la réflexion dialectique fasse silence, c’est-à-dire qu’elle s’arrête, et, avec elle, le discours intérieur qui la traduit ; car l’invention et la reproduction ne peuvent coexister ; toute phrase intérieure nouvelle plonge dans un oubli presque toujours définitif la phrase intérieure qui la précédait dans la conscience. […] Taine, « pour qu’une image soit reconnue comme intérieure, il faut qu’elle subisse le contre-poids d’une sensation ; ce contrepoids manquant, elle paraîtra extérieure » (De l’intelligence, I, II, I, 4) ; or ce « réducteur » fait défaut à la parole intérieure au moins dans la méditation ; elle paraît alors intérieure eu dépit de l’absence de tout son matériel.

1406. (1900) La culture des idées

Il faudrait donc interroger tous les hommes, c’est-à-dire l’entité humaine, ou du moins des groupes d’hommes assez nombreux pour que le cynisme des uns y compense l’hypocrisie des autres. […] Il lui convient assez souvent pour que l’homme soit confirmé dans sa croyance. […] Démolir vingt réputations, surtout si elles ont été conquises bravement et loyalement, c’est là pour un jeune écrivain un bonheur trop rare pour qu’une telle tentative ne comporte pas des risques graves, et vous savez que je suis inflexible sur la question des risques. […] Si vos goûts vous portent vers les femmes, ne faites pas étalage d’une inclination trop commune pour qu’elle puisse jamais attirer sur vous l’attention du monde. […] Nous ôterons des baleines au corsage pour que le profil soit plus pur de la poitrine plus libre, mais non afin de favoriser les mains grossières.

1407. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

Pour que son effigie répondît entièrement à l’idée que nous nous faisons de la sainte bergère, il me semble qu’il faudrait façonner quelque figure franchement irréelle et hiératique, imiter, avec le plus de sincérité possible, les bons imaginiers du moyen âge. […] Il me faut, pour que je sois content ou seulement pour que je comprenne, des mélodies très claires, des harmonies peu compliquées et un rythme loyalement marqué. […] » Ne pourrait-on pas s’arranger pour que les politesses et les égards fussent répartis avec une inégalité moins choquante ? […] Il est nécessaire que nous le sachions pour que notre amour soit efficace, pour qu’il soit autre chose qu’une pitié inerte et une indulgence détachée… Ce qu’il faut croire, c’est apparemment ce que vous croyez.

1408. (1921) Esquisses critiques. Première série

* *    * On est obligé de s’étonner en constatant qu’un écrivain du goût et de l’intelligence de M. de Régnier a pu se dégager d’une influence comme celle de Mallarmé pour en accepter une comme celle de Heredia, car ces deux écrivains sont de tailles trop inégales pour qu’on puisse songer à les mettre en comparaison ni en parallèle. […] Or il va de soi que lorsque l’on sous-entend, il faut pour que l’on soit entendu que l’auditeur y mette du sien, et quand ce qu’il entend alors est très plaisant, comment ne se féliciterait-il pas d’y avoir réussi ? […] Ses livres les plus âpres et les plus rudes ont suffisamment d’attraits pour que leur lecture soit un divertissement. […] Que faudrait-il donc pour que le succès de ce rare auteur coïncidât avec sa juste valeur ? […] Montfort qui mit à son service cette énergie d’impulsion que nous avons signalée, la défense devient campagne, puis ligue : un mouvement se crée, et si la renaissance de cet enseignement tient à des causes trop complexes pour qu’on puisse l’attribuer à l’effort d’un seul homme, du moins a-t-il pour sa part l’honneur d’y avoir contribué.

1409. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Mon mouvement avoit excité une rumeur. » Or, quand on est sujet à ces mouvements-là, non seulement à l’audience et dans une occasion extraordinaire, mais encore dans l’habitude de la vie et même en écrivant, il y a chance non pour qu’on se trompe peut-être sur l’intention mauvaise de l’adversaire, mais au moins pour qu’on outrepasse quelquefois le ton et qu’on sorte de la mesure.

1410. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Il aurait suffi que la Banque de France fût autorisée à avancer un million à la maison Récamier, avance en garantie de laquelle on donnerait de très bonnes valeurs, pour que les affaires suivissent leur cours heureux et régulier ; mais, si ce prêt d’un million n’était pas autorisé par le gouvernement, le lundi suivant, quarante-huit heures après le moment où M.  […] L’opinion publique, à Naples et dans le reste du royaume, se prononçait hautement pour que Joachim se déclarât indépendant de la France ; le peuple voulait la paix à tout prix.

1411. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

XVIII Le livre finit par une éloquente invocation aux Médicis pour qu’ils délivrent l’Italie des barbares. C’était alors, comme aujourd’hui, l’exhortation habituelle de tous les orateurs, hommes d’État, poètes, tels que Dante, Pétrarque, Machiavel, tant qu’ils étaient satisfaits des républiques, des papautés et des princes qu’ils servaient en Italie ; le lendemain du jour où ils étaient méconnus ou exilés par ces États ou par ces princes, ils invoquaient l’empereur d’Allemagne pour qu’il vînt remettre la selle et le mors à la cavale indomptée de l’Italie, selon le fameux tercet du Dante ; ou bien ils allaient, comme Pétrarque, jusqu’en Allemagne implorer le secours armé des barbares pour la cause de Naples, de Rome ou de Florence ; litanie de la servitude qui demande plutôt le changement de maître que la liberté.

1412. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

Il y avait trop d’ignorance dans ce Jean Valjean pour que, même après tant de ce malheur, il n’y restât pas beaucoup de vague. […] Sans qu’il fût besoin d’aucune explication désormais, toute cette foule, comme par une sorte de révélation électrique, comprit tout de suite et d’un seul coup d’œil cette simple et magnifique histoire d’un homme qui se livrait pour qu’un autre homme ne fût pas condamné à sa place.

1413. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

Dix-huit millions d’étoiles, actuellement visibles, étoiles qui chacune sont un soleil et entraînent avec elles des systèmes de planètes et de mondes, en marquent les bords, quelques-unes à de telles distances qu’il faut des milliards de siècles pour que leur lumière parvienne seulement à la terre. […] Là passent les vaisseaux et se meuvent les monstres que tu as créés, ô Dieu, pour qu’ils s’y jouassent librement”.

1414. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

VIII Ceux des Pères de la foi qui nous accompagnaient avaient divisé la course en deux journées de marche pour qu’elle ne dépassât pas nos forces. […] Mme Lard s’occupait trop de moi pour que je ne m’occupasse point d’elle.

1415. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

Un crime en commande un autre ; Banquo doit périr pour que le forfait de lady Macbeth soit utile. […] Dans les anciens temps, avant que des lois humaines eussent purgé de crimes les sociétés adoucies, oui vraiment, et même depuis, il s’est commis des meurtres trop terribles pour que l’oreille en supporte le récit ; et l’on a vu des temps où, lorsqu’un homme avait la cervelle enlevée, il mourait, et tout finissait là.

1416. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Le sens de cette confusion universelle, dans laquelle il vivait, était trop obscur pour qu’il fût tenté de le chercher et comment se serait-il ému de toutes ces destructions de la guerre, dont personne, ni peuple, ni noble, ni roi, n’était excepté ? […] Indiquer les causes des événements et les motifs des actions entre ces causes distinguer les véritables de celles qui n’ont été qu’apparentes ; entre ces motifs, discerner ceux qui ont déterminé les actions de ceux qui n’ont servi que de prétextes ; descendre dans le fond de l’homme et découvrir la pensée secrète sous le rôle enfin, par une réserve admirable, quand les événements ont été trop grands ou trop soudains pour que l’historien les puisse expliquer par des raisons humaines, y voir des effets de la sagesse et de la justice de Dieu voilà, ce semble une première ébauche de l’histoire assez belle si ce n’est pas encore l’histoire elle-même, c’est seulement parce qu’il y manque une dernière et suprême convenance, une langue mûre pour les choses de l’art.

1417. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Ce n’est donc pas trop de l’évidence même pour le mettre en paix là-dessus ; il y a trop de danger dans la chute pour qu’il s’appuie sur un bâton qui pourrait se rompre. […] Une autre fois, il affectera de ne pas comprendre, pour que l’explication soit plus catégorique.

1418. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Je n’aime pas moins les décisions que prit successivement l’Académie, pour que le sentiment commun prévalût toujours sur le sentiment particulier, et ne l’opprimât point, et j’admire la juste mesure qu’elle sut garder entre les droits de l’esprit français et ceux de l’écrivain. […] Le correctif le plus naturel du purisme était d’appliquer l’esprit de choix, dont le purisme n’est que l’exagération, à des ouvrages d’un fond assez attachant pour que le lecteur y fût plus occupé des choses que des mots.

1419. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

Elle se retire donc dans une grande solitude pour que Parsifal ne sache rien du monde et de la chevalerie. […] Pour que le Théâtre de Fête de Bayreuth fût un vrai Théâtre-Modèle, il faudrait apporter des modifications, des perfections au système d’éclairage, et supprimer, avant tout, la lumière de la rampe ; car, la lumière peut venir de tous côtés, excepté, à de très rares exceptions près, de la terre.

1420. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Introduction. Le problème des idées-forces comme fondamental en psychologie. »

Pour que la conscience, en effet, ne soit pas réduite dans l’univers au rôle de zéro, deux choses sont nécessaires. […] Il faut donc que, quelque part, à quelque moment, quelque fonction interne soit évidente par elle-même et s’aperçoive en s’exerçant, pour que la réflexion ultérieure devienne possible.

1421. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

Ce Poëte, dit un auteur moderne, a d’assez grandes qualités, pour qu’on puisse convenir de ses défauts. […] Mais la pudeur est trop allarmée par la plus grande partie de leurs productions, pour que nous les fassions connoitre.

1422. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

qui sait s’il ne faut pas que plusieurs efforts concourent en même temps à l’agrandir ; si cet état violent n’est pas indispensable pour que les grandes combinaisons s’opèrent ?

1423. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

Tamizey de Larroque, un des érudits qui se sont occupés avec le plus de zèle de ces illustres enfants de la Gascogne, insiste pour qu’on écrive Monluc sans t : c’est ainsi, remarque-t-il, que le maréchal et l’évêque, et tous les membres de leur famille, ont constamment signé.

1424. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

Vous voyez, lui dis-je en lui donnant la main pour rentrer dans le salon, que vous disposez de toute mon existence ; que vous ai-je fait pour que vous trouviez du plaisir à la tourmenter ?

1425. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

Veuillot, pour un tel acte accompli dans le secret de la conscience, n’a besoin d’aucun garant, et il a donné, ce me semble, assez de gages publics et fait assez de sacrifices à sa cause pour que personne ne mette en doute sa sincérité quand il dit : Je crois.

1426. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Lettres de Madame de Sévigné »

Monmerqué, le plus instruit et le plus aimable des amateurs, le plus riche en documents, en pièces de toutes sortes, si au fait des sources et si porté à les indiquer, n’avait pas en lui l’esprit de critique et d’exacte méthode qui mène à terme et pousse à la perfection un travail de ce genre ; il fallait qu’un philologue de profession et à la fois ouvert à toutes les belles-lettres, un homme qui a fait ses preuves dans l’érudition antique la plus délicate et la plus ardue, et qui sait, à l’occasion, en sortir, apportât dans cette étude moderne les habitudes de la critique véritable et classique, pour que toutes les garanties, celles de la fidélité et du goût, se rencontrassent réunies : j’ai nommé M. 

1427. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

Mais non, les hommes de talent s’attaquent entre eux ; Platen tourmente Heine, et Heine Platen ; chacun cherche à se rendre odieux aux autres, et pourtant le monde est assez grand, assez vaste pour que chacun, puisse vivre et travailler en paix, et chacun a déjà dans son propre talent un ennemi qui l’inquiète assez55 ».

1428. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, par M. J. Zeller. Et, à ce propos, du discours sur l’histoire universelle. (suite.) »

Il fallait bien, en effet, tout cela, tout ce sacrifice, toutes ces vertus, toutes ces croyances, pour que des pauvres et des souffrants trouvassent en eux la force d’entreprendre une telle œuvre que celle de sauver, de tirer des duretés et des cruautés, d’affranchir de l’esclavage, de régénérer enfin le monde, et pour faire faire à la masse de l’humanité un si grand pas que celui qui l’éleva de la morale du paganisme à la morale chrétienne.

1429. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires du comte Beugnot »

Ces Mémoires sont trop spirituels pour qu’on ne tienne pas à en dire son mot après tant d’autres critiques qui en ont bien parlé.

1430. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite.) »

En revanche, on lit dans ce même Journal de Luynes, vers ces mêmes années, qu’un jour le roi étant allé voir le château d’Anet, appartenant à la duchesse du Maine, au défaut de la duchesse qui ne s’y trouvait pas, les princes ses fils, le prince de Dombes et le comte d’Eu lui en firent les honneurs : « M. le comte de Clermont y était aussi ; il s’éloigna dans le moment que le roi se mit à table, pour que M. le prince de Dombes pût présenter la serviette à Sa Majesté. » Ainsi il voulut bien, dans ce cas d’exception, céder l’insigne honneur de présenter la serviette, prérogative à laquelle il tenait beaucoup sans doute, mais à laquelle certainement les mêmes personnes, qui devaient bientôt s’opposer à ses désirs académiques comme à une dérogation, attachaient un souverain prix.

1431. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

On finit par apprendre qu’ayant reçu des menaces de mort réitérées, M. de Talleyrand avait craint que le Clergé ne le fît assassiner ce jour-là, et qu’il avait écrit cette lettre, mais en donnant des ordres pour qu’elle ne fût remise que dans la soirée, ayant l’intention de la reprendre s’il vivait encore avant la fin du jour, ce que son trouble lui aura fait oublier. » (Mémorial de Gouverneur-Morris, tome I, p. 308.)

1432. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

Il faut qu’il y ait beaucoup de science dans la contexture de Bérénice pour qu’une action aussi simple puisse suffire à cinq actes, et qu’on ne s’aperçoive du peu d’incidents qu’à la réflexion.

1433. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Léonard »

C’est un âge en tout assez fâcheux pour le poëte entré dans la postérité (s’il n’est pas décidément du petit nombre des seuls grands et des immortels) que de devenir assez ancien déjà pour être hors de mode et paraître suranné d’élégance, et de n’être pas assez vieux toutefois pour qu’on l’aille rechercher à titre de curiosité antique ou de rareté refleurie.

1434. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre IV. De l’amour. »

Peut-être, pour qu’il ne fut pas trop supérieur au nôtre, ont-ils déjà reçu tout le bonheur que nous espérons dans l’autre vie ; peut-être que pour eux il n’est pas d’immortalité.

1435. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Préface » pp. 1-22

Très probablement, la nouvelle loi mécanique sur la conservation de la force est une dérivée peu distante de cette loi suprême ; car elle pose que tout effet engendre son équivalent, c’est-à-dire un autre effet capable de reproduire le premier sans addition ni perte, que la chute d’un poids engendre son équivalent, c’est-à-dire la quantité de chaleur nécessaire et suffisante pour faire remonter le poids jusqu’à la hauteur d’où il est tombé, que la quantité de chaleur dépensée pour élever un poids engendre son équivalent, c’est-à-dire l’ascension du poids jusqu’à la hauteur qu’il lui faut atteindre et qu’il lui suffit d’atteindre pour que sa chute régénère la quantité de chaleur dépensée.

1436. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

Paris absout des milliers d’érudits et justifie leur existence, et qu’il faut que d’innombrables chartistes préparent l’histoire pour qu’un seul puisse l’écrire.

1437. (1900) L’état actuel de la critique littéraire française (article de La Nouvelle Revue) pp. 349-362

Quel droit divin a été donné à cet homme pour que, commençant son office le samedi dans une feuille, les gens s’en remettent, dès le dimanche, à son opinion, alors que s’il leur conseillait un plat ils hésiteraient, et demanderaient d’abord si ce monsieur a leur tempérament gastrique ? 

1438. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

Il y a au contraire des chances pour qu’un ouvrage connu, au grand jour, ne modifie point un état d’âme courant, à cause des interprétations diverses et contradictoires qu’elle produit.

1439. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre II. L’analyse interne d’une œuvre littéraire » pp. 32-46

Mais il n’est pas chimérique de rêver que le tableau des sentiments exprimés par une œuvre puisse être assez complet, assez nuancé, pour que leur importance relative et même leur intensité ressorte par leur simple rapprochement.

1440. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

Je pourrais multiplier ces exemples ; mais n’en est-ce point assez pour qu’il soit bien avéré qu’une série de mouvements s’opposant directement l’un à l’autre constitue la marche normale de l’évolution littéraire.

1441. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

De tels réservoirs de hautes pensées sont nécessaires pour que l’habitude ne s’en perde point absolument, et que la pratique n’use pas tout l’homme.

1442. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

Il y eut un ordre du roi pour qu’elle ne fut point mise dans une nouvelle édition que Despréaux se disposoit à donner en 1710, & dont il y avoit même déjà quelques feuilles d’imprimées.

1443. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

Bersot : « Notre langue est bien française… elle mérite bien qu’on la recommande à ceux qui la parlent pour qu’ils l’aiment, la respectent et en soient fiers devant l’étranger… Elle est ce que l’écrivain la fait, ou plutôt elle est ce qu’il est, s’empreint de son génie et de sa passion ; elle est à la fois langue de Racine et de Corneille, de La Rochefoucauld et de La Fontaine, de Voltaire, de Rousseau, de Sévigné, de Fénelon, de Pascal, de Bossuet, ne résistant qu’à ceux qui risquent d’altérer sa clarté ou qui prétendent forcer son incomparable justesse.

1444. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Essai, sur, les études en Russie » pp. 419-428

On n’y apprend que les règles de l’arithmétique ; mais suffisamment pour qu’un enfant, au sortir de ces écoles, sache tous les calculs nécessaires dans le courant de la vie, et soit même en état d’apprendre les calculs plus compliqués des marchands et négociants.

1445. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

lisez seulement dix lignes de ces deux écrivains à qui on ne peut comparer personne, et vous avez, dans ces dix lignes, entiers et visibles, ces deux esprits, véritables et charmants phénomènes qui sont une gracieuseté du bon Dieu faite à l’intelligence humaine, et qui n’ont, littérairement, ni ancêtres ni postérité, apparemment pour que les hommes ne pussent pas compter sur un tel bonheur tous les jours !

1446. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Les deux cathédrales »

Et pour qu’à l’avenir, une nouvelle tentation d’en sortir ne vienne interrompre votre solitaire songerie, retenez cette vérité : Aux heures de lutte, aux « jours tumultueux et fiévreux », la nature intime de chaque homme apparaît sous son véritable jour.

1447. (1936) Réflexions sur la littérature « 6. Cristallisations » pp. 60-71

Delacroix a écrit un livre fort intelligent, mais la richesse psychologique de Stendhal est telle qu’arrivé à la fin de ce livre on le voudrait au moins doublé pour qu’il répondît à son titre.

1448. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVI. »

Après Horace, en effet, à peine verrons-nous briller quelque lueur du génie lyrique sous la forme païenne ; et il faudra le renouvellement, d’abord de la croyance, puis des races humaines, pour que, de siècle en siècle, se ranime la poésie.

1449. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Ne nous y trompons pas : c’est pour qu’on le lui hospitalise. […] Mais il jouirait d’exister sur une terre vierge, dans des rapports, suffisamment vagues avec des êtres d’une douceur assez inerte pour que ne fussent jamais brusqués le voluptueux laisser-aller et la stabilité fragile de son âme : « C’était un sauvage des bords de l’Orénoque, dit une voix amie, Mme de Staël, qui se fût trouvé heureux de passer ses jours à regarder couler l’eau6 » Qui l’en empêchait ? […] Il vendit sa montre pour qu’il signifier qu’il planait par-dessus le temps. […] C’est un abruti, d’un abrutissement, j’en conviens, qu’on a peine à se représenter, nécessaire cependant pour que la mécanique du Contrat social n’ait il redouter de lui aucun soubresaut naturel ou volontaire. […]   Mais le gémissement d’Obermann est trop morne pour que ce qu’il nous livre ne soit pas le fond, l’irrémédiable.

1450. (1864) Le roman contemporain

La part d’invention de l’auteur restait assez grande pour que sa renommée y trouvât son compte. […] Est-elle donc toujours séparée de l’expérience pour qu’il faille choisir entre les deux, par l’impossibilité de les rencontrer unies ? […] Le mal est depuis trop longtemps en possession de cette âme pour que le bien triomphe du premier coup.

1451. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Persuadée qu’on n’agit que sur les opinions mixtes, Mme de Staël se montre surtout préoccupée dans cet écrit de convaincre les Français de sa ligne, les anciens royalistes constitutionnels, et de les rallier franchement à l’ordre de choses établi, pour qu’ils y influent et le tempèrent sans essayer de l’entraver : « Il est bien différent, leur dit-elle, de s’être opposé à une expérience aussi nouvelle que l’était celle de la république en France, alors qu’il y avait tant de chances contre son succès, tant de malheurs à supporter pour l’obtenir ; ou de vouloir, par une présomption d’un autre genre, faire couler autant de sang qu’on en a déjà versé, pour revenir au seul gouvernement qu’on juge possible, la monarchie. » De telles conclusions, on le sent, durent paraître trop républicaines à beaucoup de ceux à qui elles s’adressaient ; elles durent aussi le sembler trop peu aux purs conventionnels et aux républicains par conviction. […] L’année 1806 lui sembla trop longue pour que son imagination tînt à un pareil supplice, et elle arriva à Paris un soir, n’amenant ou ne prévenant qu’un très-petit nombre d’amis. […] Ces dernières s’imprimaient quelquefois à Paris, pour qu’on pût ensuite apprendre plus commodément les rôles ; l’intérêt qu’on mettait à ces envois était vif, et quand on avisait à de graves corrections dans l’intervalle, vite on expédiait un courrier, et, en certaines circonstances, un second pour rattraper ou modifier la correction déjà en route. […] Sismondi en a trop dit dans ses lettres, publiées depuis, pour qu’on ne perce pas les masques plus qu’on n’aurait voulu.

1452. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

Et suit un éloge de la monarchie en une de ces images qui vont devenir familières à l’écrivain et qui saisissent la pensée comme les yeux : « La monarchie est réellement, s’il est permis de s’exprimer ainsi, une aristocratie tournante qui élève successivement toutes les familles de l’État ; tous les honneurs, tous les emplois sont placés au bout d’une espèce de lice où tout le monde a droit de courir ; c’est assez pour que personne n’ait droit de se plaindre. […] Je fais toujours la même réponse : du temps de la canaillocratie, je pouvais, à mes risques et périls, dire leurs vérités à ces inconcevables souverains ; mais, aujourd’hui, ceux qui se trompent sont de trop bonne maison pour qu’on puisse se permettre de leur dire la vérité. […] Il vint en effet ; et comme je lui disais qu’il n’aurait pas dû venir ce jour-là, car il paraissait très-fatigué d’avoir monté notre escalier, il me répondit, en baissant la voix pour que sa fille qui l’accompagnait ne l’entendît pas : J’ai voulu venir aujourd’hui, car je ne pourrai plus revenir, et cela avec un sourire si calme et si naturel que l’on aurait cru qu’il s’agissait d’un petit secret qui aurait pu causer quelque contrariété. […] Et pour que l’on comprenne mieux dans quel sens analogue à celui de M. de Maistre, voici ce qu’après un préambule sur ses principes spiritualistes et sur la liberté morale, Saint-Martin disait à son ami : « Supposant donc… toutes ces bases établies et toutes ces vérités reconnues entre nous deux, je reviens, après cette légère excursion, me réunir à toi, te parler comme à un croyant, te faire, dans ton langage, ma profession de foi sur la Révolution française, et t’exposer pourquoi je pense que la Providence s’en mêle, soit directement, soit indirectement, et par conséquent pourquoi je ne doute pas que cette Révolution n’atteigne à son terme, puisqu’il ne convient pas que la Providence soit déçue et qu’elle recule. » « En considérant la Révolution française dès son origine, et au moment où a commencé son explosion, je ne trouve rien à quoi je puisse mieux la comparer qu’à une image abrégée du Jugement dernier, où les trompettes expriment les sons imposants qu’une voix supérieure leur fait prononcer, où toutes les puissances de la terre et des cieux sont ébranlées, et où les justes et les méchants reçoivent dans un instant leur récompense ; car, indépendamment des crises par lesquelles la nature physique sembla prophétiser d’avance cette Révolution, n’avons-nous pas vu, lorsqu’elle a éclaté, toutes les grandeurs et tous les ordres de l’État fuir rapidement, pressés par la seule terreur, et sans qu’il y eût d’autre force qu’une main invisible qui les poursuivît ?

1453. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

Elle était trop belle, cette cité intérieure, pour qu’il voulût en sortir ; elle était trop solide pour qu’on pût la détruire. […] Ils l’enfoncent en eux par des méditations, ils la nourrissent de raisonnements, ils y attachent le réseau de toutes leurs doctrines et de toutes leurs expériences, en sorte que lorsqu’une tentation les assaille, ce n’est pas un principe isolé qu’elle attaque, c’est l’écheveau entier de leurs croyances qu’elle rencontre, écheveau infiniment ramifié et trop tenace pour qu’une séduction sensible puisse l’arracher. […] Avec quel ordre industrieux, pour éviter la confusion des goûts, pour ne pas les mal assortir, pour qu’une saveur suive une saveur relevée par le plus heureux contraste ? 

1454. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Il fallait un Louis XIV pour que la France pût s’enorgueillir d’un Molière. […] La frayeur portait la plupart à voter pour qu’on sollicitât la révocation de la défense. […] C’en était assez pour qu’il ne fût pas plus ménagé par Molière que par Guy Patin. […] Mais l’intention de l’auteur est trop manifeste pour qu’on ne sente pas au premier examen que cette accusation est sans fondement. […] Molière n’avait rien négligé non plus pour que l’exécution scénique fût également irréprochable.

1455. (1865) Introduction à l’étude de la médecine expérimentale

Il faut nécessairement, pour que cette fibre musculaire se contracte, qu’il y ait un changement produit en elle par son entrée en relation avec une excitation qui lui est extérieure, et qui peut provenir soit du sang, soit d’un nerf. […] La première condition pour instituer une expérience, c’est que les circonstances en soient assez bien connues et assez exactement déterminées pour qu’on puisse toujours s’y replacer et reproduire à volonté les mêmes phénomènes. […] En effet, l’anatomie physiologique opératoire n’est pas encore fondée ; l’anatomie comparée des zoologistes est trop superficielle et trop vague pour que le physiologiste y puisse trouver les connaissances topographiques précises dont il a besoin ; l’anatomie des animaux domestiques est faite par les vétérinaires à un point de vue trop spécial et trop restreint pour être d’une grande utilité à l’expérimentateur. […] Cela suppose que les deux animaux comparés sont assez semblables pour que la différence que l’on constate sur eux, à la suite de l’expérience, ne puisse pas être attribuée à une différence tenant à leur organisme même. […] Une pareille statistique eût été ridicule, car il y a une raison pour que les racines soient insensibles et une autre raison pour qu’elles soient sensibles ; c’est cette raison qu’il fallait déterminer, je l’ai cherchée et je l’ai trouvée ; de sorte qu’on peut dire maintenant : les racines rachidiennes antérieures sont toujours sensibles dans des conditions données, et toujours insensibles dans d’autres conditions également déterminées.

1456. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Ces féconds chefs-d’œuvre nous procureront une trop ample matière de dissertations pour qu’il ne soit pas superflu de consulter Apollonius, Silius, Claudien, Stace, moins remarquables par leurs beautés que par les défauts qui les placent dans un rang subalterne ; et puisqu’il est vrai que la haute prétention de l’épopée l’expose à ce rigoureux axiome, « Il n’est point de degré du médiocre au pire. […] Le poète de qui les fortes pensées avaient accru la vigueur des scènes du sublime Corneille, rachetait assez ses fautes pour que le juge suprême ne le condamnât pas entièrement. […] Mais ni notre siècle, ni un événement si récent, ni un ouvrage si court, ne permettent guères ces peintures, devenues les lieux communs de la poésie. » Sans doute, elles sont devenues des lieux communs aujourd’hui, parce qu’elles sont si belles qu’on les a perpétuellement copiées ; mais ce ne sont pas les fables tant de fois imitées qu’il devait employer ; il s’agissait d’en imaginer de rivales, assez belles pour qu’elles devinssent aussi des lieux communs dans deux mille ans. […] Elle se fonde sur les époques assez reculées pour que les traditions romanesques se mêlent aux rapports historiques, et que le vrai s’y confonde avec le fabuleux. […] Boileau recommande, non que les héros soient parfaits, mais que l’héroïsme se fasse sentir jusqu’en leurs défauts : ce n’est pas assez que leurs faits excitent la surprise, s’ils ne sont dignes d’être ouïs : les crimes de famille des fils d’Œdipe déshonorent l’épopée ; et les crimes d’état de César ou d’Alexandre n’empêchent pas les vertus de leur caractère d’éclater assez pour qu’il rapproche ces personnages de Louis XIV, qu’il veut flatter : il ne considère ici que l’espèce de grandeur qui relevait leurs actions à l’égal de celles du roi dont il a loué la jeunesse, et ne les envisage pas de leur côté blâmable et vicieux qu’il a su condamner par un arrêt de la raison dans sa satire sur le véritable honneur.

1457. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Ce sont là deux raisons pour qu’il soit sans pitié. […] Elle ne vaut pas assez pour qu’on la mette au-dessus de tout. […] C’est assez déjà pour qu’on puisse juger du mérite de l’œuvre. […] Octave Feuillet compose en maître pour qu’on le mésestime. […] Au reste il y a quelque raison pour que cette version soit bonne.

1458. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Mais, pour que la joie soit complète, il faut qu’une réflexion suive cette minute sensible, que notre esprit s’agrandisse de ce que l’auteur ne nous dit pas et qu’il vient de confier à nos nerfs. […] La lance magique, c’est quelquefois cette petite plume de fer que manie un artiste assez puissant pour que l’art ne l’absorbe point, pour qu’il sacrifie son attitude orgueilleuse d’intellectuel au bien commun. […] Du premier l’œuvre est trop connue pour qu’il soit nécessaire d’y insister. […] Elle est la grande génératrice de bienfaits ; mais, pour qu’elle les dispense, il faut l’aimer. […] Pour que la dure vie soit moins dure, il faut qu’on se rapproche, qu’on se serre les coudes, qu’on recueille les éclopés et les victimes, qu’on ne méprise plus l’infériorité physique.

1459. (1896) Études et portraits littéraires

Non pour le plaisir et par caprice d’artiste, mais pour qu’elle éblouisse et qu’elle porte coup. […] Quelques quartiers manquèrent seulement au pamphlétaire de l’histoire de France pour qu’il lui pardonnât certains méfaits. […] Et, pour qu’au premier coup d’œil nous reconnaissions les siens, Loti nous donne leur signalement. […] Il y avait parlé, — assez pour que, dans ces colloques de salles de rédaction, Chateaubriand fut frappé de son éloquence. […] C’est la maladie du siècle, assez grave pour que charlatans et médecins s’en occupent.

1460. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Ils lui demandèrent l’exercice libre de leur religion dans toute l’étendue de la Chine : ils sollicitèrent un règlement pour qu’ils ne fussent point inquiétés dans leur ministère par les mandarins ni par les gouverneurs. […] Elle fit de nouvelles remontrances à François I, pour qu’il défendît le chant des pseaumes ; & Marot fit contr’elle de nouveaux vers, pour qu’elle cessât de le persécuter. […] Le cardinal, après l’avoir écouté, fit aussitôt écrire en cette ville, pour qu’on y examinât ces manuscrits. […] Lorsqu’on eut bien ri & qu’il fut question de s’en aller, on présenta fort poliment à Charpentier une feuille de papier, pour qu’il donnât l’approbation si desirée. […] Comme ils croient qu’en mourant, l’ame ne fait que changer de corps, aussitôt qu’un d’eux est mort, ils le posent sur un lit de parade, & lui mettent un miroir devant les yeux, pour qu’il y contemple sa nouvelle figure.

1461. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Je prends cette négligence pour du mépris ; je voudrais des marques d’amitié, pour croire que l’on en a pour moi, et que l’on eût plus de justesse dans sa conduite pour que j’eusse l’esprit tranquille. […] Je prends cette négligence pour du mépris ; je voudrais des marques d’amitié, pour croire que l’on en a pour moi, et que l’on eût plus de justesse dans sa conduite, pour que j’eusse l’esprit tranquille. […] Célimène semble le pressentir ; mais, éblouie par les adorations de ses amants, cet avenir lui semble trop éloigné pour qu’elle puisse le croire redoutable.

1462. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

L’âme de deuil en deuil, l’homme de rive en rive     Roule à l’éternité… Dès qu’il possède un bien, le sort le lui retire ; Rien ne lui fut donné dans ses rapides jours, Pour qu’il s’en puisse faire une demeure, et dire : C’est ici ma maison, mon champ et mes amours ! […] Nous sommes trop près des romantiques pour ne pas nous répandre en protestations contre leurs défauts, d’autant plus grands à nos yeux que nous craignons presque d’y tomber encore ; notre esprit est en réaction trop directe avec le leur pour que nous puissions clairement démêler le vrai du factice dans l’art romantique, pas plus d’ailleurs que nous ne saurions apprécier dans une exacte mesure les exagérations de l’art contemporain. Ce qu’on pourrait appeler le dogmatisme optimiste de Victor Hugo est en opposition trop marquée avec le dogmatisme pessimiste de nos poètes pour qu’une conciliation puisse s’opérer dans la plupart des esprits : on ne veut ni comprendre, ni jeter de pont entre l’uneet l’autre rive d’un même courant, entre deux conceptions différentes de l’esprit humain au sujet du monde.

1463. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

Je devais toucher, en passant, à ce problème d’esthétique ; il importait de constater que la vision dramatique, à elle seule, ne suffit pas pour qu’on fasse œuvre d’art. […] Le spectacle est trop rare pour qu’on en sourie. — À remarquer dans Le Cid la beauté lyrique des adieux de Chimène et Rodrigue, et le succès (qui dure encore par tradition) de ce morceau épique : « Nous partîmes cinq cents. » Qu’on reprenne chacune de ces tragédies, avec leurs ténébreuses conspirations, leurs amours surhumaines, leurs grands coups d’épée, leurs exemples d’inflexible volonté et l’on comprendra à la fois l’enthousiasme des contemporains et la réaction souvent injuste de ceux qui, trompés par la forme, cherchent chez Corneille ce qu’il ne pouvait donner. […] Remarquons dès à présent que la primauté intellectuelle de la France, indiscutable pendant les deux premières ères, nous apparaît beaucoup moins nette au cours de la troisième ; pour diverses raisons : cette époque est trop près de nous pour que nous puissions en voir l’essentiel ; la science des faits les plus minimes nous cache le mouvement des idées ; enfin, le développement d’autres nationalités (et surtout de la nation allemande) a créé une littérature européenne où la France ne règne plus en maîtresse absolue ; mais son rôle au xxe  siècle n’en demeure pas moins très particulier, même là où elle ne fait que reprendre des méthodes ou des idées allemandes. — On peut dire de la France qu’elle n’est pas mystique, ni passionnée, ni artiste par intuition ; elle n’est pas créatrice, mais elle est l’éducatrice ; logique, elle dégage des idées latentes ce qui est essentiel, et le met en lumière pour tous ; pratique, elle le réalise ; puis, éprise de justice et de vérité jusqu’au fanatisme, elle constate la première l’insuffisance des réalités présentes, et dans son généreux enthousiasme elle semble se déchirer elle-même, en formulant l’angoisse générale, comme elle avait trouvé hier la formule de l’ordre et de la discipline.

1464. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

Institué pour que la souveraineté et le patronage ne soient pas divisés, il ruine les nobles, depuis que la souveraineté et le patronage n’ont plus de matière propre. « En Bretagne65, dit Chateaubriand, les aînés nobles emportaient les deux tiers des biens, et les cadets se partageaient entre eux tous un tiers de l’héritage paternel. » Par suite, « les cadets des cadets arrivaient promptement au partage d’un pigeon, d’un lapin, d’une canardière et d’un chien de chasse. […] En cas de permission, il doit laisser dans sa clôture un large espace vide et uni pour que la chasse puisse passer à son aise.

1465. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

Il faut d’abord qu’un régime soit fortement enraciné, et cela depuis une certaine durée, pour qu’on puisse juger avec équité les fleurs et les fruits qu’il peut porter. […] Il ne fallut pas moins de cent ans après la Renaissance pour que l’esprit français se coulât sans effort dans le moule classique et sût dégager son originalité de la servile imitation des anciens.

1466. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Et quel mal avait-il fait pour que ce Dieu le condamnât à vivre ? […] pour que la fange vive, Ai-je troublé la paix de l’éternel sommeil ?

1467. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

D’autre part, pour que l’image soit une caricature, il faut qu’elle éveille par elle-même le sentiment de dérision ou d’aversion que l’artiste désire susciter, souvent à propos de gens qui ne sont ni ridicules, ni haïssables ; il faut donc que la représentation de ces gens qui doit être véridique, soit en même temps déformée, de telle sorte qu’elle force par elle-même à formuler le jugement que l’artiste entend suggérer. […] Il est donc évident, si l’on passe à un ordre de sentiments plus complexes, qu’un écrivain qui aura ressenti, pour quelque personnage de son imagination, une disposition particulière, n’en changera pas ; car il n’y aura aucune raison pour qu’elle cesse ou qu’elle se transforme tant que la conception du personnage restera la même, et, en soi, une disposition est un état d’âme un, peu susceptible de nuances ; tant que l’on déteste une personne c’est de la même façon, et tant qu’on en chérit une autre c’est de la même façon aussi.

1468. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

. — De l’abus qu’il y a dans cette perpétuelle recherche des « origines » ; — et qu’il ne suffit pas de quelques scènes d’un bon comique pour qu’on prononce le nom de Molière. […] La Ballade des dames du temps jadis] ; — une âpre éloquence de satirique ; — telle même que chez aucun de nos poètes on ne saisit mieux la parenté du lyrisme et de la satire ; — assez de virtuosité pour que personne en son temps ni depuis ne l’ait surpassé ou égalé dans la ballade ; — et puis, et enfin, de son œuvre entière sort un accent de détresse profonde qui nous remue nous-mêmes jusqu’aux entrailles.

1469. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

« Fantôme à barbe grise, dit-il, aux yeux gris terne, aux fines mains maigres…, qui marché sans marcher, qui s’avance sans qu’il y paraisse, et sans faire bruit, comme on glisse sur un tapis sourd… » À ce portrait des contes de Perrault, qui pourrait jamais reconnaître l’homme de la force positive, le ministre-roi et l’esprit ardent et intense qui put bien emporter dans la mort la plus haute moitié de ses pensées, mais qui en a laissé assez de réalisées sur la terre, pour qu’on ne puisse pas accuser son fier et vigoureux génie, de pâleur ou d’ambiguïté ? […] Il encouragea les ennemis du xviiie  siècle et attaqua le Philosophisme. » Et pour qu’on ne se méprenne pas sur son idée, M. 

1470. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

Edgar-Allan Poe, mort en 1849, à l’âge de Lord Byron, et à l’hôpital comme Gilbert, a senti sur son cœur le poids de ses désordres, plus douloureux peut-être que celui de ses malheurs, et ce poids affreux de misère et de fautes a dû faire, en quelque endroit de ses écrits, jaillir ces gouttes de sang, vermeil ou pâli, qui donne encore la plus belle couleur aux œuvres de l’homme et qui inspirait à Lord Bacon ce mot fortifiant et sublime : « Pour que les fleurs versent tous leurs parfums, il faut qu’elles soient écrasées. » II41 Le premier volume des Histoires extraordinaires par l’américain Edgar Poe, le conteur et le poète dont le nom commence d’imposer à l’Amérique un respect qu’elle ne connaît guères quand il s’agit uniquement de la beauté ou de la gloire de la pensée, vient de paraître. […] Mais le silence de sa notice sur l’éducation morale, nécessaire même au Génie pour qu’il soit vraiment le Génie, genre d’éducation qui manqua sans doute à Edgar Poe ; et, d’un autre côté, le peu de place que tiennent le cœur humain et ses sentiments dans l’ensemble des œuvres de ce singulier poète et de ce singulier conteur, renseignent suffisamment — n’est-il pas vrai ? 

1471. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

. — Il faut que la volonté soit une faculté bien belle et toujours bien fructueuse, pour qu’elle suffise à donner un cachet, un style quelquefois violent à des œuvres méritoires, mais d’un ordre secondaire, comme celles de M.  […] — Au vent qui soufflera demain nul ne tend l’oreille ; et pourtant l’héroïsme de la vie moderne nous entoure et nous presse. — Nos sentiments vrais nous étouffent assez pour que nous les connaissions. — Ce ne sont ni les sujets ni les couleurs qui manquent aux épopées.

1472. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

Mignet y a prononcé l’éloge de Jouffroy, mort il y a plus de dix ans, mais qui est encore assez présent par sa physionomie et par ses écrits au souvenir de ses amis et contemporains pour qu’on ait pu songer naturellement à le célébrer.

1473. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. (1853.) » pp. 413-430

Plus bas, en effet, la reproduction, le changement, le renouvellement nous entourent ; le sol actif et fécond se recouvre éternellement de parure ou de fruits, et Dieu semble approcher de nous sa main pour que nous y puisions le vivre de l’été et les provisions de l’hiver ; mais ici où cette main semble s’être retirée, c’est au plus profond du cœur que l’on ressent de neuves impressions d’abandon et de terreur, que l’on entrevoit comme à nu l’incomparable faiblesse de l’homme, sa prochaine et éternelle destruction si, pour un instant seulement, la divine bonté cessait de l’entourer de soins tendres et de secours infinis.

1474. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

Toutefois, et malgré les efforts de l’abbé Maury pour porter au rang des chefs-d’œuvre deux des sermons de Fénelon, ce dernier, en raison même de la multiplicité de ses dons, n’avait pas reçu avant tout celui de la puissance oratoire, de cette organisation manifeste, naturellement montée pour être sonore et retentissante, pour être hautement distributive à distance, et qu’il suffit ensuite de nourrir au-dedans de forte doctrine, d’étude et de saines pensées, pour que tout cela tourne en fleuve, en pluie, en tonnerre majestueux, ou en une vaste canalisation fécondante.

1475. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

Il a manqué à la réputation de M. de Meilhan quelques années de plus de durée pour être fixée et enregistrée dans l’opinion, et pour que l’auteur fût classé à son tour dans la série des moralistes, à la suite des hommes célèbres dont il a si bien déterminé le caractère et distingué les mérites aux premières pages de ses Considérations sur l’esprit et les mœurs (1787).

1476. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Une première ratification venue de l’Espagne avait paru trop défectueuse pour être admise par les États-Généraux ; une seconde, bien qu’incomplète encore, parut suffisante pour que les conférences s’engageassent sur la question de la paixb.

1477. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

Mais aux générations qui se succèdent il faut quelque chose de plus, pour qu’elles consentent à voir l’âge d’or dans le passé, sur la foi des vieillards ; il faut, selon Bailly, que la race ait été transplantée : On peuplait jadis plus qu’on ne fait aujourd’hui ; on vivait plus difficilement, parce que la terre était moins cultivée : de là la nécessité d’envoyer au loin des colonies, de chasser hors de l’habitation nationale des essaims nombreux, comme font encore de nos jours les abeilles.

1478. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

Feuillet de Conches de tirer de la précieuse correspondance qu’il possède assez d’extraits suivis pour qu’un second volume s’ajoute au premier.

1479. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Eugénie de Guérin, Reliquiae, publié par Jules Barbey d’Aurevilly et G.-S. Trébutien, Caen, imprimerie de Hardel, 1855, 1 vol. in-18, imprimé à petit nombre ; ne se vend pas. » pp. 331-247

Il a fait son René, son Werther, sans y mêler d’égoïsme et en se métamorphosant tout entier dans une personnification qui reste idéale, même dans ce qu’elle a de monstrueux : il n’a pris la coupe du Centaure que pour qu’elle pût le porter plus vite et plus loin.

1480. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

Si l’on ôte quelques passages où la simplicité est affectée et la sagacité raffinée, on croit entendre un des anciens jurisconsultes ; Montesquieu a leur calme solennel et leur brièveté grandiose ; et du même ton dont ils donnaient des lois aux peuples, il donne des lois aux événements… Suivant moi, pour que le livre sur Tite-Live fût entièrement vrai (car il l’est sur presque tous les points, et pleine justice est rendue d’ailleurs à l’historien), il eût suffi de laisser au sens du génie oratoire, du génie de l’éloquence déclaré dominant chez lui, la valeur d’un aperçu littéraire, sans lui attribuer la valeur d’une formule scientifique ; il eût suffi enfin de ne pas inscrire à la première ligne de cette étude, de n’y pas faire peser le nom et la méthode de Spinosa, de ne pas rapprocher des termes aussi étonnés d’être ensemble que Spinosa et Tite-Live.

1481. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

Sous l’empire de ces idées de bon sens, il se fit peu à peu, dans l’esprit exclusif de ses concitoyens, un assez grand changement pour qu’après lui, en 1738, on pût voir, dans la cité calviniste par excellence, s’élever une église, — non pas catholique (ne demandons pas l’impossible) —, mais une église luthérienne.

1482. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir a l’histoire de mon temps. Par M. Guizot »

Nous avons gagné assez de terrain pour qu’il puisse entrer au pouvoir : ce sera ma condition.

1483. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

Biot trouve de nobles paroles pour caractériser ce nouvel effort héroïque d’où sortirent l’École polytechnique dans sa première forme plus ouverte et plus libre que depuis, et surtout l’École normale d’alors qui dura peu, mais qui donna, dans cette résurrection des esprits, une impulsion puissante et décisive, — assez pour que sa destinée fût remplie : « On voulut qu’une vaste colonne de lumière sortit tout à coup du milieu de ce pays désolé, et s’élevât si haut, que son éclat immense pût couvrir la France entière et éclairer l’avenir… Ce peuple, qui avait vu et ressenti en peu d’années toutes les secousses de l’histoire, était devenu insensible aux impressions lentes et modérées ; il ne pouvait être reporté aux travaux des sciences que par une main de géant. » Ces géants civilisateurs et pacifiques qui remirent alors en peu de mois l’édifice entier sur ses bases, se nommaient Lagrange, Laplace, Monge, Berthollet… moment immortel !

1484. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

Il a fallu assez de temps pour que l’œuvre fût appréciée à son prix par les modernes ; mais le bon Amyot avait certainement le sentiment et l’instinct de ce qu’elle valait, lorsqu’il choisir exprès pour l’une des premières traductions du grec qu’il comptait donner au public.

1485. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

Le commun des malins, en bien des matières, se contente, comme Sancho, d’admettre un tiers ou un quart de la grosse absurdité, — assez encore pour qu’elle subsiste.

1486. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

Non pas pour être alors vainqueur De l’amour que j’ai, car mon cœur La verra toujours jeune et belle ; Mais pour que son doux entretien Me gardât vieux longtemps près d’elle, Et sans que le monde en dît rien.

1487. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

Mais le temps n’est pas venu évidemment pour qu’une œuvre définitive de ce genre ait pu surgir.

1488. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

l’Académie est un salon ; pour qu’il reste le premier de tous, à de certains jours, il faut qu’il n’y manque aucune des formes et des distinctions possibles du langage.

1489. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

Lorsque la littérature d’imagination a atteint dans une langue le plus haut degré de perfection dont elle est susceptible, il faut que le siècle suivant appartienne à la philosophie, pour que l’esprit humain ne cesse pas de faire des progrès.

1490. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre II. Rapports des fonctions des centres nerveux et des événements moraux » pp. 317-336

Règle générale, il suffit qu’un même fait nous soit connu par deux voies différentes pour que nous concevions à sa place deux faits différents.

1491. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

Il y en avait douze, chacune avec une cheminée, une bibliothèque, une table, du papier, des plumes, de l’encre sous la main, pour que l’homme multiple, résumé dans M. 

1492. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre III. Trois ouvriers du classicisme »

Ainsi le christianisme, pendant le xviie  siècle, utilisa les forces de cette doctrine dont le principe était capable de le ruiner, et par là retarda l’éclosion des dangereuses conséquences qu’elle recélait : il fallut que les affirmations dogmatiques de Descartes fussent ruinées pour que l’esprit de sa méthode manifestât son énergie destructive.

1493. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

Elle ne peut que les faire passer dans son esprit, y appliquer sa réflexion, les analyser, les définir, les noter : il faut, pour qu’elle les traduise, qu’elle eu ait fait des idées ; tout, pour elle, son cœur comme le reste, n’est que matière de connaissance.

1494. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

Notre étude doit demeurer sans conclusion : les faits sont trop près de nous et nous ignorons trop ce qui sera demain, pour qu’il nous soit permis d’arrêter en quelque sorte à ce jour le compte de la littérature.

1495. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Il faut qu’un homme soit bien aimable pour qu’on lui pardonne de n’être pas celui qu’on attendait.

1496. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

Ajoutez que son talent est en effet d’une composition assez riche pour que des esprits très divers y puissent trouver leur compte.

1497. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

) Serai-je assez malheureux pour que vous refusiez la proposition que je vous fais ?

1498. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

Le motif dont il appuyait ces maximes de haute charité était toujours le même : « … Pour que vous soyez les fils de votre Père céleste, qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants.

1499. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre I : Sensations et idées. »

D’abord, il est certain que les idées en constituent la partie fondamentale car nous ne nous en rappelons rien que par une idée, et pour qu’il y ait mémoire, il faut qu’il y ait idée.

1500. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « La Religieuse de Toulouse, par M. Jules Janin. (2 vol. in-8º.) » pp. 103-120

Mais, pour que M. 

1501. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

Janin a imité l’idylle avec bonheur, et, pour que ce passage de son roman soit plus remarqué, il ne lui manque que d’être moins mêlé aux autres imitations mythologiques et de fantaisie qui précèdent et qui suivent.

1502. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — III. (Suite et fin.) » pp. 47-63

Et avant tout, pour aborder sans hésitation une question délicate, et qui, soulevée un jour devant lui, fit rougir le front du noble guerrier, mais une question qui est trop chère à la calomnie pour qu’on la lui laisse, je dirai qu’à l’étranger, le maréchal Marmont, privé de ses traitements en France, vivait surtout de sa dotation d’origine et de fondation napoléonienne, datant de l’époque de ses grands services en Illyrie, dotation qui, par suite de la reprise des Provinces illyriennes, lui avait été légitimement garantie dans les traités de 1814, comme cela arriva à d’autres grands feudataires de l’Empire en ces provinces.

1503. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

Malgré ces coins d’humeur et ces instants irrités, Ducis était assez habituellement calme pour que sa figure de vieillard, en ces années, ait bien de l’expression antique, et que nous la trouvions de plus en plus noble et belle.

1504. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

L’amitié seule et la pensée de Mme de Choiseul l’animaient encore, et son dernier soin, dans ses derniers jours, fut pour elle et pour qu’on lui ménageât l’émotion que la nouvelle de son état devait lui causer.

1505. (1903) Zola pp. 3-31

Zola écrivait comme le Méridional parle, par besoin naturel et sans se préoccuper de ce qu’il aurait à mettre dans ses écritures pour qu’elles eussent de la solidité et parussent au moins contenir quelque chose.

1506. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

I La lecture des romans de Flaubert, faite du point de vue qui vient d’être indiqué, laisse peu de chose à dire sur le Bovarysme des individus, en tant qu’il donne naissance au relief comique des personnages6.Flaubert se complète ici par Molière : Le Bourgeois gentilhomme, Les Précieuses ridicules, Les Femmes savantes nous montrent autant de cas de Bovarysme dont la démonstration est trop aisée pour qu’on y insiste.

1507. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre I. Le Bovarysme de l’individu et des collectivités »

Mais pour que cette forme nouvelle ne demeure pas le privilège d’une seule intelligence, il faut qu’un grand nombre d’esprits aimantés vers le sommet où s’ouvre cette fleur nouvelle se haussent au-dessus d’eux-mêmes et se modifient jusqu’à réaliser en eux-mêmes les conditions de cette culture.

1508. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre I : Principe de la métaphysique spiritualiste »

Cousin qui a fait pour Biran ce qu’il a fait pour Schelling et Hegel, ce qu’il a fait pour Abélard, pour Plotin et pour Proclus, c’est-à-dire qui a mis en circulation son nom et ses œuvres, et qui lui a communiqué le premier quelque chose de cet éclat qu’il prêtait à tout ce qu’il touchait ; mais la fougue de cette imagination toujours en mouvement la transportait successivement sur trop de choses pour qu’aucune pensée eût le temps de mûrir silencieusement, ce qui est la condition du progrès scientifique.

1509. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « I »

Ce titre nous desservait trop pour qu’on n’affectât pas de le prendre à la lettre.

1510. (1887) La banqueroute du naturalisme

Dans la poésie, maintenant que l’on disposait d’un instrument plus souple, nous avions donc espéré que l’on voudrait imiter et serrer de plus près l’exact contour de la réalité ; nous avions cru qu’au théâtre, on pourrait se débarrasser des conventions inutiles, pour n’en respecter que les nécessaires, qui ne sont pas plus de deux ou trois ; et, dans le roman, nous avions cru que la vie contemporaine était assez complexe, assez curieuse à étudier pour que l’imitation en pût suffire à plus d’un chef-d’œuvre.

1511. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

La mort est la condition de la vie ; mais pour que la vie sorte de la mort, il faut que la mort n’ait pas été entière.

1512. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Pour que tu connaisses ceux qui te nourrissent et qu’alors tu sautes comme un chien sur ceux qu’ils te montreront du doigt. […] Tant mieux d’abord, parce qu’il y a des chances pour que votre public en soit enchanté, vous voyant ainsi dans le vrai jusqu’aux oreilles. […] Dans la réalité, il y aurait neuf chances sur dix pour que le comte de La Rivonnière fût un homme perdu, et qu’il glissât de la débauche encore élégante à la crapule sénile. […] Ces propos sont trop ridicules pour que je puisse croire qu’ils aient été réellement tenus. […] Mais si cela suffit pour qu’elle ne puisse supporter sa compagnie, elle n’est donc qu’une dinde vaniteuse et de sentiments étrangement bas.

1513. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Il a eu l’extraordinaire habileté de dire ce qu’il fallait pour qu’un compte rendu demeurât lisible après que l’ouvrage est oublié. […] Si un artiste publie un ouvrage parfait, il y a bien des chances pour que son esthétique soit bonne. […] Pour que la grâce soit complète, il y faut de la grandeur, ce qui n’est pas facile dans de si petits sujets. […] Et il fallait que ce sentiment fût bien vif chez lui pour que, devenu veuf en 1847, il crût devoir demander madame Récamier en mariage. […] Il s’est trop imposé pour qu’on n’ait pas envie de le récuser et, à voir ses excès on se prend à douter de lui.

1514. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Spenser est supérieur à son sujet, l’embrasse tout entier, l’accommode à son but, et c’est pour qu’il y imprime la marque propre de son âme et de son génie. […] L’Espérance essaya de parler ; mais le vin rendait ses efforts si faibles qu’elle se retira, espérant que le roi excuserait sa brièveté… La Foi quitta la cour dans un état chancelant… Toutes deux étaient malades et allèrent vomir dans la salle d’en bas… Pour la Victoire, après un lamentable bégaiement, on l’emmena comme une pauvre captive, et on la déposa, pour qu’elle fît un somme, sur les marches extérieures de l’antichambre. […] Et pour que la ressemblance soit complète, c’est par des figures poétiques, par des abréviations énigmatiques, presque par des vers sibyllins, qu’il les exprime : Idola specûs, Idola tribûs, Idola fori, Idola theatri, chacun se rappelle ces noms étranges qui désignent les quatre espèces d’illusions auxquelles l’homme est soumis356. […] Il veut « améliorer la condition humaine », « travailler au bien-être de l’homme », « doter la vie humaine de nouvelles inventions et de nouvelles ressources », « munir le genre humain de nouvelles puissances et de nouveaux instruments d’action. » Sa philosophie n’est elle-même qu’un instrument, organum, une sorte de machine ou de levier construit pour que l’esprit puisse soulever des poids, rompre des barrières, ouvrir des percées, exécuter des travaux qui jusqu’ici dépassaient sa force. […] La forme d’esprit, qui tout à l’heure était un levier, maintenant est un obstacle ; il faut qu’elle change pour que l’obstacle disparaisse.

1515. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Il ne se lasse point de retourner à ce lieu de pèlerinage, le « plus favorable pour que nous recevions, dans le recueillement, la pensée profonde de la Lorraine ». […] Maurice Barrès leur dit : « Comme autrefois l’humanité rejeta les dieux de l’hellénisme, vous croyez le moment venu pour que le Christ n’ait plus ni temples ni fidèles !  […] » Pour que l’enfant le comprenne, il lui suffit de lire jusqu’au bout. […] Il y a même beaucoup de chances pour que les plus distingués n’aient encore que des opinions flottantes ; le dogmatisme ne sied point aux années d’apprentissage, et ce ne serait plus la peine d’étudier si l’on avait la science infuse, avec des solutions définitives pour tous les problèmes. […] Nous devons souffrir, nous devons travailler, nous devons payer notre place au spectacle ; mais c’est pour voir, ou tout au moins pour que d’autres voient un jour70.

1516. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

» mais elle tente l’âme, la sollicite, l’implore, pour qu’elle se laisse ennoblir, toucher et attendrir. […] Le cimetière apparaît aussi très facilement à l’imagination : un terrain argileux, stérile, une pauvre lande où les fougères ont peine à pousser ; pas très loin de l’église et des habitations de l’homme, assez loin cependant pour que les fossoyeurs puissent s’y livrer à toute leur gaieté sans avoir à craindre les importuns et les passants. […] Tenons-nous-en donc à ces conclusions et à ces leçons générales ; la matière est encore assez vaste pour qu’il soit difficile de l’épuiser en quelques pages. […] Goethe accepte donc la réalité non seulement comme la matière indispensable à l’artiste pour que son œuvre ait un corps, mais comme le germe et le principe de toute beauté, de toute noblesse et de toute vertu. […] Nous avons accordé que, pour Goethe, cette question des sentiments était plus sujette à controverse, parce que son impersonnalité comme poète est trop grande pour qu’on puisse lui attribuer absolument le bénéfice des nobles sentiments exprimés par ses personnages.

1517. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

… Il faut vraiment que cette littérature nous revienne d’Allemagne, avec les commentaires d’un honnête philologue un peu ahuri, pour qu’elle puisse intéresser encore d’autres personnes que Bouvard et Pécuchet. […] Et comme il approchait du terme inévitable où l’on cesse, même dans les cénacles, d’être considéré comme un jeune auteur, les Quarante l’ont admis dans leur illustre compagnie, juste à temps pour qu’il pût tenir l’emploi de jeune académicien. […] Il a emballé dans les caisses des sacs de farine, des briques de thé, de l’orge grillée, de la graisse, tout ce qui est nécessaire pour que personne ne meure de faim. […] Rien ne sera épargné pour que les notes les plus brèves, les plus simples billets, écrits de la main du saint, soient confiés aux presses de Niérat, le meilleur imprimeur de la Savoie. […] La nuit de la Saint-Jean on allume des feux pour que les morts puissent se chauffer.

1518. (1897) Aspects pp. -215

MAÎTRE PHANTASM Démolir et démolir encore pour que l’homme sorte de la bête. […] Ils paient le grand Chef-Gras qui porte une amulette et de la soie rouge ; ils paient les machinistes sinistres et les gorilles de la cage suprême ; ils paient les taxes et les rapines et les coups de trique ; ils paient pour naître, pour boire, pour manger, pour dormir, pour mourir, pour massacrer et pour qu’on les massacre, pour qu’on les saoûle et qu’on les abrutisse. […] C’est pour que le bon plaisir des Gros-Ventres revête cette souquenille d’Arlequin : la Loi, c’est afin d’assurer une heureuse digestion au Propriétaire et au Financier que les fils de Dèmos ont jeté bas la féodalité guerrière et religieuse. […] Pour toi, tu ne crus pas inutile d’apprendre humblement, honnêtement ton métier ; jamais satisfait, tu ne cessas de solliciter les êtres et les choses pour qu’ils te livrassent le secret de leur rythme. […] — Pour qu’un cœur de héros dans ma poitrine naisse, Enfant tu me guidais vers les filas fleuris.

1519. (1888) Poètes et romanciers

C’est assez pour que le pauvre poète Moschus devienne un grillon, et le poète écrira, joyeux d’écrire une chose si neuve ; …… La chanson que fredonna          Moschus, grillon bucolique          De la cheminée Etna. […] À la suite, viennent les prêtres du rire, Scarron, Ésope, Cervantes, Molière, Rabelais que nul ne comprit ; Il berce Adam pour qu’il s’endorme, Et son éclat de rire énorme, Est un des gouffres de l’esprit. […] L’homme du côté noir de l’obscure barrière,                     Vit, rôdeur curieux ; Il suffit que son front se lève pour qu’il voie À travers la sinistre et morne claire-voie                     Cet œil mystérieux. […] Je suis peut-être, dans les temps modernes, le seul auteur qui, pour obtenir une réputation populaire, eût pu se passer de l’imprimerie. » Je note, en passant, le nom d’Aristophane ; il revient assez souvent sous la plume de Béranger, pour que l’on puisse supposer que c’est sous ce nom qu’il aimerait mieux être loué. […] La haine du monde est donc bien grande pour que Dieu lui cache ainsi un tombeau ?

1520. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Mais, au-dessus du Napoléon de l’histoire, il y a celui de la peinture et de la poésie ; celui qui est proprement un héros, un missionnaire de la Providence, créé « par un décret spécial » pour étonner le monde, le bouleverser et le refaire ; ses yeux ont la profondeur de l’avenir et rien d’humain ne bat dans sa poitrine de fer, pour qu’il aille imperturbablement à sa fin, qui se confond presque avec celle d’un monde, ou tout au moins d’une nation ou d’un siècle. […] « Il fallut du courage » aux actrices « pour qu’on leur permît d’avoir les cheveux épars, lorsqu’elles pleureraient sur les cendres de Pompée122 ». […] Pour nous, les restitutions romantiques ont trop charmé notre adolescence, elles fascinent trop encore notre imagination pour qu’il nous soit possible de n’y voir qu’un étrange bric-à-brac. […] et ceux qui ont vécu un peu en dehors du théâtre de la guerre pendant l’année 1870 n’y contrediront point : « Jamais on ne s’était tant amusé à Moscou que cette année-là. » Ces contrastes affligeants sont d’une vérité trop peu contestable pour qu’on reproche à Tolstoï de les avoir présentés. […] Plus ces hommes tiendront à la conservation de l’objet porté, plus ils prendront une manière précautionneuse de marcher, et chercheront le bon accord de leur pas ; mais il faut dans tous les cas et toujours cette dernière condition de l’accord, qui ferait plus que décupler la fatigue, si on n’y obéissait pas. » Ce texte est assez précis pour que la conclusion s’en dégage toute seule.

1521. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

Je ne fais que vous poser toutes ces questions, non pour vous les résoudre, non pour les discuter même en grand détail devant vous, mais pour vous avertir qu’elles sont posées, et pour que quelqu’un de vous, un jour peut-être, s’y applique et se fasse honneur à son tour dans ces études ingénieuses et sévères qui exigent, vous le voyez, la connaissance approfondie de la latinité, — de toutes les latinités. […] Au ix e siècle, les conciles de Tours (813), de Reims (813), et celui de Mayence (847), prescrivant aux évêques et prédicateurs de prêcher aux populations, de leur traduire les homélies dans la langue du pays, pour que tous pussent comprendre : Ut Episcopi sermones et homelius sanctorum Patrum, prout omnes intelligere possint, secundum preprietatel linguoe predicare studeant : quo facilius cuncti poscrint intelligere quoe dicuntur.

1522. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

Nous acceptâmes, avec les expressions d’une vive reconnaissance, l’obligeante proposition ; seulement nous insistâmes pour que rien ne fût dérangé à l’établissement nocturne dans le châlet intérieur, et nous ne consentîmes à accepter que le logement du fenil. […] C’est son adieu au monde ou c’est le chef-d’œuvre qu’il veut faire acclamer par l’univers, pour que l’excès de sa gloire lui mérite l’excès du bonheur dans la possession de ce qu’il aime.

1523. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

On porte l’infortuné vannier à la grotte des Fées, dans le vallon d’enfer, pour qu’il soit guéri par les sorcières. […] ” — Pour que l’âne se délicote, père, il faut que le pré soit rudement beau !

1524. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

frappez avec le marteau jusqu’à ce que l’enveloppe éclate ; pour que nous voyions notre cloche, il faut que le moule soit brisé en morceaux. […] Plus tard nous nous voyions tous les jours ; elle m’apprit à lire avec réflexion ; elle voulait aussi m’enseigner l’histoire, mais elle s’aperçut bientôt que j’étais beaucoup trop occupée du présent pour que le passé eût le pouvoir de m’enchaîner pendant longtemps.

1525. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

Il nous fit apercevoir autant de sinets pendants en bas des pages qu’il y en a ordinairement dans un livre d’église à demi couché sur le pupitre à gauche de l’autel. « Voilà vos limites, dit-il avec un sourire grave au professeur, à la comtesse Léna, à Thérésina et à moi ; vous ne les franchirez pas : mais, entre ces limites, vous pourrez vous promener à votre aise à travers les plus riants paysages, les plus merveilleuses aventures et les plus poétiques badinages qui soient jamais sortis de l’imagination d’une créature de Dieu. » Nous promîmes tous de respecter religieusement les sinets sacrés que le canonico avait certainement empruntés à un de ses vieux bréviaires, et nous prîmes séance dans les attitudes diverses du plaisir anticipé de la curiosité et du repos : le chanoine sur un grand fauteuil de chêne noir sculpté, adossé au fond de la grotte, et qu’on avait tiré autrefois de la chapelle pour préparer au bonhomme une sieste commode dans les jours de canicule ; le professeur sur une espèce de chaise de marbre formée par deux piédestaux de nymphes sculptés, dont les statues étaient depuis longtemps couchées à terre, toutes mutilées par leur chute et toutes vernies par l’écume verdâtre de l’eau courante ; la comtesse Léna à demi assise, à demi couchée sur un vieux divan de paille qu’on transportait en été du salon dans la grotte, les pieds sur le torse d’une des nymphes qui lui servait de tabouret, le coude posé sur le bras du canapé, la tête appuyée sur sa main ; sa fille Thérésina à côté d’elle, laissant incliner sa charmante joue d’enfant sur l’épaule demi-nue de sa mère ; moi couché aux pieds des deux femmes, à l’ouverture de la grotte, sur le gazon jauni par le soleil, le bras passé autour du cou de la seconde nymphe et le front élevé vers le professeur, pour que ni parole, ni physionomie, ni geste, n’échappassent à mon application. […] si j’avais été une Lucrèce Borgia ou une Éléonore d’Este, s’écria la comtesse Léna, j’aurais voulu donner à ces deux divins poètes la moitié de mon revenu pour que l’un me fît pleurer le matin et que l’autre me fît sourire le soir !

1526. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

La lecture, l’écriture, un peu de latin pour qu’elle pût suivre plus tard les études domestiques de son jeune frère, l’intelligence et le goût des livres classiques français qui étaient le fond de la bibliothèque de la vieille maison, quelques-uns des modernes, tels que Chateaubriand et Lamennais, qui venaient de revernir le catholicisme, enfin un petit nombre de livres tout à fait nouveaux, venus de Paris par des amis qui les prêtaient au Cayla : voilà l’éducation de mademoiselle de Guérin, éducation toute passée d’abord par l’âme du père, comme l’eau suspecte filtrée par le crible. […] « Demain je prierai pour que tu sois heureux, pour papa, pour Mimi, pour Éran, pour tous ceux que j’aime.

1527. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

Il y avait là trop de doux écueils pour que j’osasse les affronter. […] Toutes les précautions avaient été prises pour que l’arrestation et l’enlèvement eussent lieu sans résistance.

1528. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Je donnai des ordres formels pour que personne n’entrât dans la caverne, ni même n’en approchât, et pour qu’on ne détruisît aucun nid d’oiseau sur la plantation.

1529. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Rien n’est de trop pour que l’avertissement arrive aux plus sourds, et l’inquiétude aux plus tranquilles. […] Suffisait-il que Vauvenargues vécût quelques années de plus, pour que le dix-huitième siècle, ce temps des liaisons intéressées, et fragiles, où les amis ressemblent à des partisans enrôlés sous un chef, vît un exemple nouveau de ces amitiés littéraires dont la gloire aimable s’ajoute à toutes celles qui ont valu au dix-septième siècle son nom de grand ?

1530. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Soit : il n’y a plus de riches ; mais comment ferez-vous, tous les biens partagés, pour que les parts restent toujours égales ? […] Car qu’est-ce qu’un enfant qui ne sait s’il fait mal ou bien, qui ignore l’obéissance et ne cède qu’à la force ; que son précepteur ne mène pas à l’église ; qui commande sans tempérer le commandement par aucune parole respectueuse pour ceux que leur condition lui subordonne ; qui n’apprend pas à donner, par la plus touchante de toutes les manières de donner, par l’aumône ; de qui l’on éloigne les livres pour qu’il ne perde pas une heure de plaisir, et qu’il resserre, comme dit Rousseau, son existence en lui-même ; que sera-ce qu’un tel enfant, sinon la bête de l’espèce la plus dangereuse ?

1531. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

Gluck écrivait déjà : « La musique doit ajouter à la poésie ce que l’heureux accord de la lumière et des ombres, la vivacité des couleurs ajoutent à la correction et à la bonne tenue du dessin, en animant les figures sans en altérer les contours. » Seulement pour que l’accord et l’équilibre, difficiles à établir et faciles à déranger, se maintiennent, peut-être faut-il qu’il y ait fusion du poète et du musicien en une seule et même personne, et qu’en sus l’artiste doublement doué ait une égale maîtrise dans l’un et l’autre art. […] L’influence des deux arts l’un sur l’autre n’a donc pas été nulle, mais il sont trop différents pour qu’elle ait été considérable.

1532. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

Je les aime, mais pas du tout comme mes enfants… Ils sont là auprès de moi, ils sont dans mes branches : voilà tout… Je ne me fais pas l’effet d’être assez vieux pour qu’ils soient à moi. […] Alors on a jeté une serviette sur sa tête, pour qu’elle ne se voie pas, pendant que deux internes lui tenaient les bras, et lui parlaient… M. 

1533. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

Ce soir, au moment où, après le coucher des enfants, je causais avec la mère dans le salon, il a tout à coup jailli, au milieu de nous deux, dans sa chemise de nuit, disant à sa mère, avec une intonation d’un câlin inexprimable : « Viens un peu nous caresser dans notre lit, pour que nous nous endormions !  […] Mais pour faire ces romans tout unis, ces romans de science humaine, sans plus de gros drame, qu’il n’y en a dans la vie, il ne faut pas en pondre un, tous les ans… Savez-vous qu’il faut des années, des années de vie commune avec les gens qu’on veut peindre, pour que rien ne soit imaginé, qui ne corresponde à leur originalité propre… Oui, des romans comme cela, un romancier ne peut en fabriquer qu’une douzaine, dans sa longue vie, tandis qu’un de ces romans, qu’on fait avec le récit d’une aventure, amplifiée augmentée, chargée, dramatisée, on peut l’écrire en trois mois, ainsi que le fait Feuillet et beaucoup d’autres.

1534. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

Leurs noms sont assez estimés aujourd’hui pour qu’ils n’aient plus besoin de solliciter la jeunesse. […] Eekhoud, Hugues Rebell, Beaubourg, etc., c’est que nous considérons que leur réputation, venue au lendemain de l’enquête de Jules Huret, est déjà trop lointaine pour que nous considérions leurs talents comme représentatifs de l’esprit contemporain.

1535. (1903) La renaissance classique pp. -

Une nation, une race, des tempéraments et des individus ont été nécessaires pour qu’elle pût produire des œuvres viables. […] C’est là qu’il faut conduire les plus découragés de tes enfants pour qu’ils reprennent confiance en ton génie.

1536. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Pour que cette position de Gabrielle pût se maintenir ainsi pendant plus de quatre ans sans déchoir et en gagnant même chaque jour, il fallait qu’il y eût véritablement un interrègne conjugal.

1537. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

La vocation de la parole était désormais trop manifeste en lui pour qu’il songeât à y résister.

1538. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — I. » pp. 162-179

Au moment de partir, il écrivait naïvement à la maréchale de Schomberg ses raisons et ses excuses : Demeurer aux Incurables sans dévotion, lui disait-il, être à Paris sans voir le roi, porter une épée à mon côté sans aller à la guerre, passer ma vie avec des femmes sans être amoureux d’aucune, était une vie qui me rendait trop ridicule à mes yeux pour que je la pusse supporter plus longtemps.

1539. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — II. (Fin.) » pp. 495-513

Ce ne fut point tout à fait au lendemain de la publication de l’Iliade que la querelle éclata : il fallut quelque temps pour que les adversaires en vinssent à tirer parti de cette lecture dans le sens de leurs idées.

1540. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Fénelon ne croit donc pas tout ce qu’il rapporte, mais il juge de son devoir d’en informer le jeune prince, pour qu’il avise à conjurer ces faux bruits et à détruire ces préventions injurieuses de l’opinion, de laquelle, après tout, dépendent même les grands de la terre.

1541. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Sans doute il y avait des contradictions dans l’Essai, et ces contradictions pouvaient être une porte entrouverte pour que l’auteur remontât par là jusqu’à la lumière, comme cela est arrivé ; sans doute il se séparait, jusque dans son incrédulité, des encyclopédistes et des philosophes proprement dits, jaloux d’établir leur domination sur les esprits, puisqu’il leur disait : Vous renversez la religion de votre pays, vous plongez le peuple dans l’impiété, et vous ne proposez aucun autre palladium de la morale.

1542. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

Pour qu’il ne soit pas dit que je ne cherche chez lui que les leçons aux grands et aux puissants, dans ce même Sermon sur l’honneur, où il énumère et poursuit les différentes sortes de vanités, il n’oublie pas les hommes de lettres, les poètes, ceux aussi qui, à leur manière, se disputent le renom et l’empire : Ceux-là pensent être les plus raisonnables qui sont vains des dons de l’intelligence, les savants, les gens de littérature, les beaux esprits.

1543. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Mlle de Joyeuse était une trop grande dame pour que Maucroix pût prétendre même à se déclarer.

1544. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Il aime encore mieux le chercher que l’avoir trouvé ; il a besoin, pour le mieux doter, que ce peuple perdu soit tout à fait reculé et comme enseveli dans les profondeurs historiques antérieures au déluge : « Les Gaulois ne sont pas assez inconnus, dit-il quelque part, pour qu’on puisse leur accorder un savoir illimité. » Il a l’air, par moments, de vouloir donner à ce peuple anonyme le nom à demi fabuleux d’Atlantes ; puis, sur le point de se prononcer, il hésite, et il se décide plutôt à faire des Atlantes les conquérants qui auront détruit son peuple chéri.

1545. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

Sapey, dans un Essai sur la vie et les ouvrages de Guillaume du Vair, publié en 1847, a relevé ces imitations ou plutôt ces copies qu’a faites Charron de certaines pages de du Vair, et pour qu’on en pût mieux juger, il a rangé les unes et les autres sur deux colonnes parallèles, par exemple : du Vair Philosophie morale des Stoïques.

1546. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

Ces conseils ou ces vœux de d’Aubigné et des vrais amis de Henri pour que leur maître devînt un prince tout à fait à la hauteur de son mérite et de sa destinée, ne tardèrent point à se trouver justifiés et remplis.

1547. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

Les supérieurs en référèrent à l’archevêque de Paris, M. de Harlay, qui partagea leurs craintes et crut devoir proposer le cas à la Sorbonne : il fallut un avis en règle des docteurs pour que le père Gourdan obtint la permission de vivre à Saint-Victor d’une manière conforme aux constitutions primitives.

1548. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

Et quant à l’objection qu’on ne peut chanter dignement et prendre tout son essor quand on est occupé des soins vulgaires et des besoins de la vie, il n’a qu’une réponse à faire au triste Acanthe, il n’a, dit-il, à lui donner qu’un avis pour que les bienfaits du maître l’aillent chercher ; Le voici, cher Acanthe, en un seul mot : Excelle.

1549. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

Si vous pouviez préparer l’esprit des Français à s’expliquer envers vous des conditions de la paix, pour que l’on pût juger de leurs intentions et voir s’il y aurait quelque chose à faire avec eux ; si vous les priiez de vous confier leurs demandes, assurant de n’en point faire un mauvais usage, et leur répondant des bonnes dispositions dans lesquelles j’étais, peut-être verrait-on si ce traité est vrai, qu’on les suppose avoir fait avec les Autrichiens, et du moins pourrait-on juger par leurs propositions à quoi l’on peut s’attendre d’eux en cas de besoin.

1550. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

Un seul des juges crut devoir faire une objection et une réserve assez marquée sur un point, pour que l’habitude ne s’en perdît pas.

1551. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

On y voit tout ce qui a dû manquer à Channing pour qu’il ait été amené à avoir l’idée de son rôle populaire, tel qu’il le conçut, et pour y joindre, comme il l’a fait, la force et le moyen d’y réussir.

1552. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

Malgré cela, elle pourra bien, auprès de beaucoup de personnes, ne pas tant briller que sa cadette : mais d’autres sauront bien connaître son mérite. » Il faut, en vérité, qu’il y ait bien peu de chose dans une Correspondance pour qu’on en soit réduit à y relever un pareil trait comme saillant.

1553. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. Suite et fin. » pp. 73-95

Pour qu’un arbre pousse, il faut de la terre ; n’allez pas le planter en pleine montagne de Carrare.

1554. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Études de politique et de philosophie religieuse, par M. Adolphe Guéroult. »

Le plus profond de nos moralistes, celui qui nous connaissait le mieux, a dit de l’homme en général ce qui est si vrai du Français en particulier : « Nous avons plus de force que de volonté. » Souhaitons que celle-ci ne nous fasse pas faute trop longtemps en bien des cas ; et, pour qu’elle soit efficace, il n’est rien de tel qu’un homme, une volonté déterminante et souveraine à la tête d’une nation.

1555. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

Mais, mes chers amis, faites tout ce qui dépendra de vous pour que les impressions qu’il va recevoir ne lui nuisent point ; travaillez à nourrir sa sensibilité.

1556. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

Cette manière était noble sans être exagérée, et quoique ce prince fût naturellement timide, il avait assez travaillé sur son extérieur pour que sa contenance ordinaire fût ferme, sans la moindre apparence de morgue ; en public, son regard était assuré, peut-être un peu sévère, mais sans autre expression : en particulier, et surtout lorsqu’il adressait la parole à quelqu’un qu’il voulait bien traiter, ses yeux prenaient un singulier caractère de bienveillance, et il avait l’air de solliciter l’affection de ceux auxquels il parlait.

1557. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

Sa pensée va plus loin, mais il ne s’y livre point avec trop de promptitude, il ne s’y obstine pas : il sait que rien n’est sûr, qu’indépendamment de la rareté de ces débris qui peuvent sembler les témoins d’un des états du monde disparus, sa pensée à lui-même est un instrument bien imparfait, qu’il lui suffirait d’un sens de plus ou de moins, ou du moindre degré changé dans la perspicacité de l’un des cinq sens, pour que tout lui parût sous un jour tout autre.

1558. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

Rubichon pour y cantonner un roi de son choix : l’exemple de Milton qu’il allègue est à faire trembler ; on crève, dit-on, les yeux au rossignol pour qu’il chante mieux : il serait homme à vouloir son monarque aveugle pour le rendre plus réfléchi et plus perspicace.

1559. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Observations sur l’orthographe française, par M. Ambroise »

62 Remarquez bien qu’il ne s’agit pas, pour que cette introduction soit plausible et motivée, de considérer uniquement si un mot de formation relativement récente est bon ou mauvais, s’il présente un sens agréable ou non : il s’agit simplement de savoir s’il a cours et s’il est nécessaire, s’il peut être suppléé par un autre plus ancien, son parfait équivalent.

1560. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Recueillements poétiques (1839) »

Ces belles paroles que Dante, au chant xiii de son Paradis, met dans la bouche de saint Thomas, ne sortiront pas de notre mémoire et nous feront assez rentrer en nous-même : «… Que ceci te serve d’avertissement et te soit comme une semelle de plomb aux pieds, pour que tu n’ailles que bien lentement, et comme un homme déjà lassé, vers le oui ou vers le non des choses que tu n’as pas entendues du premier coup !

1561. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

Quant à la façon de La Fontaine, elle est trop connue et trop bien analysée ailleurs pour que j’essaye d’y revenir.

1562. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

Cicéron est le premier de la littérature latine, comme Homère le premier de la littérature grecque ; avec cette différence que, pour qu’il existât un philosophe comme Cicéron, il fallait que beaucoup de siècles éclairés l’eussent précédé, tandis que c’est à l’imagination seule du poète et au merveilleux des temps héroïques qu’il faut attribuer Homère.

1563. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre I. Composition de l’esprit révolutionnaire, premier élément, l’acquis scientifique. »

. — Conditions requises pour qu’elle soit fructueuse  Ces conditions manquent ou sont insuffisantes au dix-huitième siècle

1564. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

Pour que ses peintures soient comprises, il faut qu’il soutienne la particularité physique par la généralité morale.

1565. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre II. L’éloquence politique »

… » Et voici des clichés : « Vous rentrerez alors dans vos foyers et vos concitoyens diront en vous montrant : il était de l’armée d’Italie. » — « Il vous suffira de dire : j’étais à la bataille d’Austerlitz, pour que l’on réponde : Voilà un brave. » — « Vous pourrez dire avec orgueil : Et moi aussi je faisais partie de cette grande armée, qui », etc.

1566. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

Il me fait trop de plaisir, et un plaisir trop aigu et qui s’enfonce trop dans ma chair, pour que je sois en état de le juger.

1567. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

Dans Buffon, plus naturaliste que métaphysicien, plus de justice envers les animaux n’eût été que séant, car si en regard du matérialisme de son temps il a mis l’homme très haut, il ne l’a pas mis assez près de Dieu pour qu’il fût besoin de lui donner pour piédestal la nature animale dégradée.

1568. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

Notre histoire est assez fournie de troubles et de séditions pour qu’il y eût, toujours, dans les familles, des heures critiques à traverser.

1569. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

Pour que des sensations aient le caractère esthétique, il faut donc qu’elles ne soient pas la simple propriété de l’individu ; c’est ce qui fait que l’œil et l’oreille sont les sens esthétiques par excellence.

1570. (1886) De la littérature comparée

Pour que l’étude de la littérature comparée atteigne son but, il faut donc, je crois, l’élargir de plus en plus, la compléter par l’examen attentif des relations de la littérature et de l’art avec les conditions d’existence des nations, grouper les faits particuliers qu’elle présente autour d’un certain nombre de faits de plus en plus généraux.

1571. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

C’est Zola qu’il y attaque et la pensée de ce « Bacon de table d’hôte », de ce « Messie de la tinette et du torche-cul », de ce « Christophe Colomb du Lieu-Commun », est, en effet, assez faible pour qu’on puisse, sans injustice excessive, proclamer son néant.

1572. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

Il faut de plus qu’ils soient mal montés pour qu’ils n’aient point de regret de perdre leurs chevaux, ou mieux il faut qu’ils n’aient pas de chevaux du tout, pour n’être pas tentés de s’en servir.

1573. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

Il a suffi d’un simple changement à la surface pour qu’on les vît déborder.

1574. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Pline le Naturaliste. Histoire naturelle, traduite par M. E. Littré. » pp. 44-62

Ce qu’il rapporte de singulier, il est loin de l’admettre nécessairement ; sa foi n’y est pas engagée, il nous en prévient assez souvent pour qu’on se tienne pour averti là même où il ne prévient pas.

1575. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Je me flatte que mon âge n’est pas encore trop avancé, ni ma réputation assez ternie, pour qu’avec le temps je n’y puisse parvenir.

1576. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

À toutes les qualités qui sont nécessaires à l’orateur, Droz demande que son caractère unisse encore la sensibilité : « Beaucoup de force d’âme au premier coup d’œil, dit-il, paraît l’exclure : mais l’élévation est le point qui les unit. » L’élévation d’âme n’est pas tout encore, si l’orateur n’y joint réellement la vertu ; Droz y insiste, et non point par des lieux communs de morale, mais par des observations pratiques incontestables : « Croyez qu’il n’est chez aucun peuple assez d’immoralité, dit-il, pour que la réputation de celui qui parle soit indifférente à ceux qui l’écoutent. » Lorsque plus tard, historien de la Révolution, il aura à parler de Mirabeau, dont il appréciait si bien la grandeur, combien il aura occasion de vérifier ce côté d’autorité morale si nécessaire, par où il a manqué !

1577. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Pour que l’un et l’autre portraits fussent vrais et réellement ressemblants, on pourrait sans doute en garder bien des traits, et il suffirait presque toujours de réduire ; mais c’est cette réduction précisément dont M. de Lamartine s’est bien gardé, et qui est contraire à sa présente manière, dont le procédé est de tout amplifier, de tout pousser à l’excès et à l’effet.

1578. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

Il suffit que le soldat se trouve en présence d’armées royalistes à combattre, pour qu’il perde toute velléité d’être royaliste lui-même.

1579. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

On y joue à quelques jeux : on y tire quelque loterie, et, pour qu’il soit dit que personne ne perdra, il est convenu que l’abbé Gerbet fera des vers pour le perdant, pour celui qui s’appelle, je crois, le nigaud.

1580. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre V. Le génie et la folie »

Et enfin, pour qu’aucun nuage ne reste sur sa pensée, l’auteur ajoute quelques pages plus loin : « La constitution de beaucoup d’hommes de génie est bien réellement la même que celle des idiots.

1581. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre II : Variations des espèces à l’état de nature »

D’autre part, si l’on considère chaque espèce comme le produit d’un acte spécial de création, il n’y a aucune apparence de raison pour qu’il se trouve un plus grand nombre de variétés en un groupe renfermant beaucoup d’espèces, qu’en un groupe qui en renferme peu.

1582. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

Voilà ce qu’il importe de connaître avant tout, pour que l’âme même du préraphaélisme apparaisse sous son véritable jour, c’est-à-dire comme, un art d’anti-réalité.

1583. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

Quelque effort que fasse un homme, il ne peut parcourir qu’un certain espace ; si les circonstances l’ont déposé à l’entrée de la carrière, il n’atteint que la première borne ; pour qu’il touche le terme, il faut que d’elles-mêmes elles l’aient porté jusqu’au milieu.

1584. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIV : De la méthode (Suite) »

De là suit une certaine forme du condyle, pour que les deux mâchoires s’engrènent en façon de ciseaux, un certain volume dans le muscle crotaphite, une certaine étendue dans la fosse qui le reçoit, une certaine convexité de l’arcade zygomatique sous laquelle il passe, et une foule de propriétés qu’un anatomiste prédit.

1585. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Nous avons bien assez de pénétrer en nous-mêmes, et d’analyser ce que nous voyons et ce que nous sentons, pour que nous tentions par surcroît, de pénétrer dans l’être intime des autres et de substituer nos yeux, nos nerfs, notre âme, aux yeux, aux nerfs, à l’âme des autres ? […] À quoi bon avoir remporté des succès et s’être vu porter dans des triomphes, si tout cela doit périr et s’il faut partir ainsi qu’un chien, et s’enfoncer dans la nuit de la terre, sans que les passants se découvrent et pour qu’ils se détournent rapidement afin de ne point saluer vos dépouilles ? […] Il fallait pour qu’il parlât des écrivains, que ceux-ci fussent morts depuis deux siècles ou qu’ils lui arrivassent vieillis de succès. […] Il me disait qu’un écrivain ne devrait accomplir qu’une œuvre unique, concentrer en elle toutes ses forces, y consacrer toute sa vie, trop courte déjà, trop embarrassée par les difficultés ambiantes, pour qu’il fût possible de suivre plusieurs rêves ensemble. […] Il n’y a pas d’indice pour qu’il change, de longtemps.

1586. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Or, ce qu’il a trouvé une fois, il y a beaucoup de chances pour qu’il ne le retrouve pas une seconde fois, s’il l’a laissé perdre. […] L’œuvre des primitifs est trop importante pour qu’il soit nécessaire d’y ajouter encore, par hypothèse. […] Pour que l’homme puisse manger un mouton, il lui a fallu d’abord inventer le feu, inventer les couteaux ; le loup n’a que ses griffes : nous sommes bien supérieurs aux loups ! […] Un hideux et sale appareil disparaît : cette machine peinte en rouge, pour que le sang n’y fasse point de taches, le panier de son, le fourgon, et ce champ des navets, sinistre cimetière des hommes sans tête ! […] Singulier état d’esprit, mais assez répandu pour qu’il ne soit pas ridicule d’en prendre quelque inquiétude.

1587. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Lorsque Kant faisait ses admirables ouvrages de critique, ce n’était pas pour que les philosophes ses successeurs recommençassent éternellement son œuvre de ruine ; c’était pour donner à la philosophie de nouvelles bases, plus modestes et plus sûres. […] Il faut bien des siècles pour que le bon goût s’épure. […] Je le veux bien ; mais, pour que la nation fût satisfaite, émue, transportée, il fallait que le fond en fût national.

1588. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Du reste, on n’y voit aucune apparence de fiction1024. » C’est là tout son talent, et de cette façon ses imperfections lui servent ; son manque d’art devient un art profond ; ses négligences, ses répétitions, ses longueurs, contribuent à l’illusion ; on ne peut pas supposer que tel détail, si petit, si plat, soit inventé ; un inventeur l’eût supprimé ; il est trop ennuyeux pour qu’on l’ait mis exprès ; l’art choisit, embellit, intéresse ; ce n’est donc point l’art qui a mis en monceau ce paquet d’accidents ternes et vulgaires, c’est la vérité. […] Ses parents obligés de l’enfermer à clef pour qu’elle ne coure pas dans ses bras ! […] J’aimerais mieux mettre mon bien dans la caisse d’amortissement, pour qu’on l’envoie en Hanovre et qu’on corrompe notre nation avec1077. » — Et comme Allworthy dit qu’il en a bien du chagrin. —  « Au diable votre chagrin !

1589. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

J’ai beaucoup connu cette seconde femme, si belle, si bonne, si aimante, qu’elle semblait une seconde jeunesse éclose sur le front encore vert d’un vieillard ; j’ai beaucoup connu et beaucoup aimé aussi l’ami et le disciple auquel il sembla, comme le Sauveur à saint Jean, léguer en mourant son âme et son génie avec sa femme, pour que rien ne restât sans protecteur après lui. […] Si Virginie souffrait, on en était averti par les cris de Paul ; mais cette aimable fille dissimulait aussitôt son mal, pour qu’il ne souffrît pas de sa douleur. […] Nous restâmes là jusqu’au petit point du jour ; mais il faisait trop peu de clarté au ciel pour qu’on pût distinguer aucun objet sur la mer, qui d’ailleurs était couverte de brume: nous n’entrevîmes au large qu’un nuage sombre, qu’on nous dit être l’île d’Ambre, située à un quart de lieue de la côte.

1590. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Humani generis mores tibi nosse volenti, Sufficit una domus… Le vers est de Juvénal, et sans doute Montaigne est encore assez nourri de latin, son livre est encore assez d’un « humaniste », ou même un peu d’un pédant, pour qu’on le soupçonne d’avoir emprunté l’aphorisme au satirique latin. […] Mais tout de même que la santé du corps, que l’on croit être un don de la nature, n’est à vrai dire que le résultat d’une hygiène, et, par conséquent, d’un « travail » approprié, il ne suffit pas non plus d’abandonner le corps social à lui-même pour qu’il trouve son point d’équilibre, et il faut que chacun de nous travaille de sa personne à le rétablir constamment. […] — Le Prologue du premier livre ; — deux vers de Théodore de Bèze : Qui sic nugatur, tractantem ut seria vincat, Seria quum faciet, die, rogo, quantus erit ; et quatre vers de Victor Hugo : Rabelais, que nul ne comprit ; Il berce Adam pour qu’il s’endorme Et son éclat de rire énorme Est un des gouffres de l’esprit ; — et du danger de voir dans le roman de Rabelais trop de mystère, et trop de profondeur.

1591. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Pour qu’un organisme puisse se maintenir, il doit être capable d’utiliser à son profit les forces naturelles et de se garantir contre les nocivités de tout genre. […] Donc, pour que l’association d’idées remplisse sa fonction dans l’activité cérébrale et se comporte en acquisition utile de l’organisme, une chose doit intervenir : l’attention. […] Il y a d’ailleurs dans le poème d’autres contradictions qui font voir que Rossetti n’a pas formé une seule de ses représentations assez nettement pour qu’elle exclue des représentations opposées, incompatibles avec elle. […] Ces thèses sont assez claires pour qu’on puisse s’engager dans leur discussion.

1592. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Que les hommes soient assez semblables entre eux pour que chacun trouve dans le marché d’une grande ville et dans les bazars ce qui est nécessaire à son existence, cela n’est pas douteux ; mais que dans le même pays deux hommes sentent absolument de la même façon tel vers de Virgile, rien n’est moins probable. […] Que l’on me fass’ vite un lit blanc Pour que je m’y couche dedans. […] Elle aimait son mari, mais il n’était pas assez aimable pour qu’elle ne pût aimer que lui. […] Son œuvre a duré quelques centaines d’années pendant lesquelles la vie a été sinon heureuse, du moins possible, et c’est assez pour que nous parlions avec respect de ce monde féodal qui s’est épanoui majestueusement comme le chêne royal de Vincennes. […] Il invoque une dernière fois les esprits de l’air, que son art tenait asservis, mais c’est pour qu’ils l’aident à regagner cette épouse qu’il a perdue par sa faute, dont en ce moment il guette la venue et qu’il vient surprendre comme un amant furtif.

1593. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Le 15 août 1797, il lui adresse, dans le Mémorial, une lettre trop piquante de verve et trop perçante de pronostic, pour qu’on ne la reproduise pas. […] Les miens auraient l’air trop intéressés dans ce moment pour qu’ils fussent dignes de vous et de moi. […] Il resta donc attaché au seul pouvoir qui fût possible alors, s’efforçant en toute occasion, et dans la mesure de ses paroles ou même de ses actes, de lui insinuer, à ce pouvoir trop ensanglanté d’une fois, mais non pas désespéré, la paix, l’adoucissement, de l’humaniser par les lettres, de le spiritualiser par l’infusion des doctrines sociales et religieuses : Graecia capta ferum victorem cepit… Quand on lit aujourd’hui cette suite de vers où se décharge et s’exhale son arrière-pensée, l’ode sur l’Assassinat du Duc d’Enghien, l’ode sur l’Enlèvement du Pape, on est frappé de tout ce qu’il dut par moments souffrir et contenir, pour que la surface officielle ne trahît rien au-delà de ce qui était permis. […] Il n’alla pas à Gand, c’eût été un parti trop violent, et qu’il n’avait pas pris d’abord : mais il voyagea en Normandie, revit les Andelys, la forêt de Navarre, regretta sa jeunesse, et ne revint que lorsque les Cent-Jours étaient trop avancés pour qu’on fît attention à lui.

1594. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Sa part n’était-elle pas assez belle pour qu’il dût s’en contenter ? […] Pour que Lazare fût un poème et non pas un recueil, il eût fallu que M.  […] La pensée de Kant a bien assez d’importance pour que M.  […] La réalité est aujourd’hui en possession d’une assez haute estime pour que la critique consente à la distinguer de la poésie. […] Mais le poète et le critique sont unis entre eux par une amitié trop étroite pour que la jalousie puisse les diviser ; car le critique, sans être pour le poète ce que le gui est pour le chêne, n’a cependant pas, à cette heure de dévouement et d’abnégation, une personnalité assez nette, assez tranchée, pour vivre par lui-même d’une vie indépendante et complète.

1595. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Voilà une objection grave, car si la vue naît au hasard, et perpétuellement, sous la forme d’organismes microscopiques, il n’y a aucune raison pour que cela soit toujours les mêmes, il n’y a aucune raison pour que le développement de celle vie rudimentaire ne prenne pas des formes inattendues. […] Bastian a essayé de répondre à cette objection dont il a bien senti l’importance et il dit tout le contraire de ce que je viens d’exprimer : « Il n’y a aucune raison pour qu’un organisme nouveau ne prenne pas une forme connue. » Cela ne paraîtra pas sérieux, car il faudrait au moins que, sur une partie des cas, ou trouvât, mêlées aux formes connues, des formes inconnues. […] Cet homme tendre n’est ni plus ni moins féroce que ses congénères ; ami des bêtes, sans doute, mais qui souffre fort bien que l’on châtre, pour qu’ils engraissent mieux, les fils du taureau et les fils du bélier. […] Un soir qu’il était assis au foyer et fort tranquille, quoique auprès de Mlle Gaussin, un célèbre financier vint dire à l’oreille de cette actrice, assez haut pour qu’Helvétius l’entendît : « Mademoiselle, vous serait-il agréable d’accepter six cents louis en échange de quelques complaisances ? […] Les femmes poussent l’hypocrisie assez loin pour que tous les enfants puissent dire de leur mère, avec conviction : « C’était une sainte. » Sachez bien que, partout où vous allez dans la vie, Tartufe est sous un tapis et Chérubin dans une armoire.

1596. (1887) George Sand

L’éclat des grandes œuvres de George Sand a été trop vif ; elles ont été célébrées ou discutées avec trop de feu, pour que les nouvelles n’eussent pas un peu à en souffrir. […] Ces choses sont graves, et il faudrait être misérablement gai pour en rire ; d’ailleurs ces idées philosophiques et sociales ont vécu dans une âme sincère, c’est assez pour que l’on n’en plaisante pas. […] On a aussi noté trop souvent une certaine tendance à l’emphase, pour que ce grief n’ait pas quelque motif. […] Le témoin de cette grande colère va en toute hâte prévenir George Sand pour qu’elle en conjure l’effet. […] mais pour des amis ou des clients politiques, menacés ou frappes après le coup d’État, de réclamer pour qu’on les laisse en France ou qu’on les rappelle de l’exil, et auprès de qui ?

1597. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

Il faut donc dans la qualité même le remède, le contraire du défaut, pour qu’il y ait tout le charme et que ce charme dure.

1598. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

Suard, ce portrait en charge, qui est d’ailleurs amusant : L’auteur de la grande et superbe Histoire de l’Empire romain avait à peine quatre pieds sept à huit pouces ; le tronc immense de son corps à gros ventre de Silène était posé sur cette espèce de jambes grêles qu’on appelle flûtes ; ses pieds assez en dedans pour que la pointe du droit pût embarrasser souvent la pointe du gauche, étaient assez longs et assez larges pour servir de socle à une statue de cinq pieds six pouces.

1599. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Suivre par la pensée leurs masses diverses dans tous ces mouvements compliqués que leur imprime le génie du chef ; calculer à chaque moment leur nombre sur chaque point ; distribuer avec précision le matériel dont on dispose, apprécier celui que peut fournir le pays ; tenir compte des distances, de l’état des routes, y proportionner ses moyens de transport, pour qu’à jour nommé chaque corps, la plus petite troupe, reçoive exactement ce qui lui est nécessaire : voilà une faible idée des devoirs de l’administrateur militaire.

1600. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

Le printemps le dissipait trop pour qu’il pût beaucoup s’y recueillir ; il aimait mieux en profiter avec l’abeille et avec l’oiseau : mais les soirs d’hiver, près de son intelligente et silencieuse amie, dans ce doux confort domestique qu’il a si bien exprimé, ayant là près de lui la bouilloire qui chante, et la tasse pleine de cette liqueur « qui égaye et qui n’enivre pas », il s’appliqua pour la première fois à traiter en vers d’assez longs sujets, tout sérieux d’abord et presque théologiques, qui montrent, à leur titre seul, le fond de ses pensées : Le Progrès de l’erreur, La Vérité, L’Espérance, etc.

1601. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

) Je ne donne ici que la moralité que tire Frédéric de ce démêlé avec Voltaire : quant à ses jugements sur l’homme, ils sont trop sévères, trop durs, pour qu’une plume française se complaise à les répéter.

1602. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — I » pp. 249-267

Le raisonneur prétend assigner des règles à la beauté du paysage : « pour qu’un paysage soit beau, il faut que toutes ses parties impriment une idée commune et concourent à produire une même sensation. » Il y a des paysages où, avec de grandes parties, l’impression totale est manquée ; il y en a où, avec les circonstances les plus vulgaires, les plus triviales, l’effet est produit.

1603. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

Elle s’en plaignit au grand-papa, c’est-à-dire au premier ministre, pour qu’on châtiât Fréron : de quoi Horace Walpole, dès qu’il le sut, se montra très contrarié : « Nous aimons tant la liberté de l’imprimerie, disait-il, que j’aimerais mieux en être maltraité que de la supprimer. » Fréron n’avait fait, d’ailleurs, que rapporter un ouvrage traduit de l’anglais, et il n’y avait de reproche à lui faire que d’avoir reproduit cette traduction : « Dans l’exacte justice, disait M. de Choiseul, c’est le censeur qui a tort et non pas Fréron ; ils seront cependant corrigés l’un et l’autre. » Mme de Choiseul avait été mise en mouvement pour cette affaire, mais elle sent vite qu’il faut se mêler le moins possible de toutes ces tracasseries où assez d’autres se complaisent : Ne nous fourrons pas, ma chère enfant, dans les querelles littéraires ; si nous nous en sommes mêlées, c’était pour en tirer notre ami, et non pour y entrer : elles ne sont bonnes qu’à déprécier les talents, mettre au jour les ridicules.

1604. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

Au reste, pour que quelqu’un, chaque jour avant de s’endormir, puisse dire avec la paix d’une bonne conscience : J’ai vécu, j’ai vécu !

1605. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Le roi qui dira au maréchal de Villars partant pour l’armée de Flandre en 1712 ces nobles paroles, en prévision d’un malheur suprême et de la perte d’une dernière bataille : « Je sais, monsieur le maréchal, que des armées aussi considérables ne sont jamais assez défaites pour que la plus grande partie de la mienne ne pût se retirer sur la Somme.

1606. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Histoire du roman dans l’Antiquité »

La narration d’Apulée reste tout agréable et vive ; sachons-lui-en gré, et de ce qu’il n’est pas l’inventeur, n’allons pas en profiter pour dire, comme ce critique moderne70, qu’on s’en aperçoit bien, et que cette fable est « trop délicate et trop gracieuse pour qu’on puisse l’attribuer à une plume aussi malhabile. » Singulière manière de remercier celui qui nous apporte un présent sur lequel on ne comptait pas !

1607. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

Aussi il a fallu, en ce qui est du célèbre dominicain, qu’on le tirât de son cadre, qu’on l’amenât, bon gré, mal gré, dans l’arène académique (c’est trop souvent une arène aujourd’hui), pour que je me permisse de mêler quelques restrictions de forme et de fond aux hommages que je me suis plu toujours à rendre à ses talents92.

1608. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Œuvres complètes de Molière »

Il y avait donc toutes sortes de raisons et de facilités pour que le jeune Poquelin allât dans cette loge ou au paradis, en compagnie de son grand-père ou du collègue de son père.

1609. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

Il fallait, pour que l’entreprise pût réussir, que le prince Eugène fût tout entier engagé et occupé autour de Landrecies, et l’originalité militaire de cette attaque sur Denain était de la faire non pas avec un détachement, mais avec le gros de l’armée française qui se déroberait de devant Eugène et lui masquerait sa marche pendant un temps suffisant.

1610. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

Ce qu’on sait de positif, c’est qu’aussitôt mort ses créanciers se saisirent de ses papiers et de ses cahiers : il fallut plaider et obtenir un arrêt pour que l’Académie rentrât en possession de son bien.

1611. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Pour moi, j’avais, lorsque je recommençai il y a près de trois ans ici 67 cette série d’études, un dessein que je n’ai exécuté que très-imparfaitement ; on n’accomplit jamais tous ses desseins ; le mien eût été de neutraliser le pays des Lettres, non pas de le rendre à jamais inviolable et sacré comme l’était le territoire de Delphes dans l’Antiquité, — ce serait trop demander à nos mœurs et à nos usages, —  mais de le rendre au moins plus hospitalier et plus ami, pour qu’on pût y être juste les uns envers les autres et que « les iniquités de la polémique » ne nous y suivissent pas.

1612. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

« Vous jugez bien, lui écrivait Louvois, que pour que le projet de Sa Majesté réussisse, il faut que les déserteurs de Mons soient effectivement payés des quinze livres qu’on leur promettra, qu’ils aient la liberté de se retirer chez eux, s’ils ne voulaient pas prendre parti.

1613. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

Et encore, à la date du 16 août : « Je sens bien l’impossibilité de rien entreprendre de cette campagne, vu notre faiblesse ; mais je vous réponds que j’apporterai tous mes soins pour que tout soit réparé de bonne heure, et que je puisse avoir la consolation de réjouir de bonne heure (au printemps prochain) les dames de Mons… » Ne demandons pas à la plume de Louis XV l’élégance ; il se rencontre ici du moins une petite vivacité.

1614. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

Elle a aujourd’hui de trop bons avocats d’office pour que je m’en mêle.

1615. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

MM. de Goncourt sont des spécialistes trop distingués pour qu’on essaye (ce qui serait d’ailleurs bien superflu) de les détourner un seul instant de leur ligne et de leur voie ; elle est la leur, ils se la sont faite, et ils ont certes droit de la tenir et de la garder : je ne voudrais, si j’avais à leur donner conseil, que les conseiller dans leur sens même et avec l’intelligence de leur direction.

1616. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

Cet art libre, ce procédé vivant, André Chénier l’a lui-même trop poétiquement exprimé en sa seconde Épître pour que nous ne posions pas ici cette réponse directe et triomphante à l’attaque qui n’en tient nul compte.

1617. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

Seulement il est besoin de s’entendre : elle ne rêvait pas sous ses longues avenues épaisses et sombres, dans le goût de Delphine ou comme l’amante d’Oswald ; cette rêverie-là n’était pas inventée encore9 ; il a fallu 93, pour que Mme de Staël écrivît son admirable livre de l’Influence des Passions sur le Bonheur.

1618. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

A la seconde fois, déjà sorti à demi, il revint sur ses pas, et insista pour qu’on voulût bien chercher encore.

1619. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre I. La tragédie de Jodelle à Corneille »

Le roi de Hongrit doit épouser la reine de Naples, et l’épousera au dénouement mais pour qu’il en vienne là, il faudra que tout le monde se déguise, le roi de Hongrie en simple gentilhomme, Alcandre, frère du roi, en marchand, son amante Rosélie en paysanne, la reine de Naples en pèlerine, un valet bouffon en Alcandre ; et il faudra encore deux fausses lettres pour brouiller la situation au milieu de la pièce.

1620. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Marivaux est trop près de Fontenelle, pour qu’on s’étonne de le voir prendre ce rôle : il le fait sans violence et sans âpreté, avec une grâce malicieuse, semant les hypothèses et les paradoxes de l’air d’un homme qui n’en soupçonne pas la portée.

1621. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

Voyez-le ensuite s’égayer, l’œil grivois et la lippe grasse, de ce « pseudonyme à deux places » et pousser du coude une camarade rosse, pour qu’elle appelle Victoria : « Sacrée omnibus. » Cette drôlerie grossière n’est pas sans amuser une minute.

1622. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

Il faudrait attendre quelques jours pour que les eaux, en se retirant, lui permissent de visiter de près les Pyramides.

1623. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

Cependant un cantonnier qui travaille là-bas, au haut de la route, ira avertir à la métairie pour qu’on ne soit pas inquiet du marmot.

1624. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

. — Elle avait recommandé que son chien Tonton fût envoyé à Walpole pour qu’il s’en chargeât après elle.

1625. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Le Chateaubriand romanesque et amoureux. » pp. 143-162

Quand on sut que M. de Chateaubriand écrivait ses Mémoires, une femme du monde, qu’il avait dans un temps beaucoup aimée ou désirée, lui écrivit un mot pour qu’il eût à venir la voir.

1626. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Son esprit droit et ferme prête partout à l’imagination son burin, pour que rien d’essentiel dans le dessin ne soit omis.

1627. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Nouveaux documents sur Montaigne, recueillis et publiés par M. le docteur Payen. (1850.) » pp. 76-96

En entrant en charge, Montaigne a bien soin de prévenir Messieurs de Bordeaux pour qu’ils ne s’attendent pas à trouver en lui plus qu’il n’y a en effet ; il s’expose à eux sans apprêt : « Je me déchiffrai fidèlement et consciencieusement, dit-il, tout tel que je me sens être ; sans mémoire, sans vigilance, sans expérience et sans vigueur ; sans haine aussi, sans ambition, sans avarice et sans violence. » Il serait bien fâché, tout en prenant en main les affaires de la ville, de les prendre si à cœur qu’il l’a vu faire autrefois à son digne père, lequel y perdit à la fin sa tranquillité et sa santé.

1628. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

Dans sa Lettre à Voltaire, La Harpe se plaignait d’avoir des ennemis : « Il est également triste et inconcevable, disait-il, d’être haï par une foule de personnes qu’on n’a jamais vues. » À quoi Voltaire répliquait : « Il y a eu de tout temps des Frérons dans la littérature ; mais on dit qu’il faut qu’il y ait des chenilles, pour que les rossignols les mangent afin de mieux chanter. » La recette était singulière.

1629. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

Elle y revient trop fréquemment ensuite et entre trop particulièrement dans le détail de ce qu’elle découvrit en lui, pour qu’on n’y voie pas de sa part une vérité plus forte que la flatterie.

1630. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

En jugeant un homme qui s’était formé seul à l’étude dans la vie des camps, Carrel, pour en donner la clef, n’avait qu’à s’interroger lui-même : mais, au milieu de tous les rapports d’originalité et d’indépendance qu’il pouvait se sentir avec Courier, il y avait un point sur lequel le désaccord était trop vif pour qu’il s’interdît de l’indiquer.

1631. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

Beaumarchais, si attaqué, si calomnié, n’eut jamais de haine ; si l’on excepte Bergasse, qu’il a personnifié dans Bégearss avec plus de mauvais goût encore que de rancune, il avait raison de dire et de répéter : J’ai reçu de la nature un esprit gai qui m’a souvent consolé de l’injustice des hommes… Je me délasse des affaires avec les belles-lettres, la belle musique et quelquefois les belles femmes… Je n’ai jamais couru la carrière de personne : nul homme ne m’a jamais trouvé barrant ses vues ; tous les goûts agréables se sont trop multipliés chez moi pour que j’aie eu jamais le temps ni le dessein de faire une méchanceté.

1632. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

Dans la Conversation chez la comtesse d’Albany, à Naples (2 mars 1812), il agite cette question de savoir s’il y a un art de la guerre, s’il y a besoin de l’apprendre pour y réussir, s’il ne suffit pas qu’il y ait une bataille pour qu’il y ait toujours un grand général, puisqu’il faut bien qu’il y ait un vainqueur ; et il met dans la bouche du peintre Fabre sa propre opinion toute défavorable aux guerriers, tout à l’avantage des artistes, gens de lettres et poètes.

1633. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

Mais ce Muselli, comme presque tous les savants d’Italie, a grand désir de tenir par quelque lien à l’Académie des inscriptions de France, et Barthélemy prie M. de Caylus de négocier auprès de l’Académie en faveur dudit Muselli pour une place de correspondant, en s’arrangeant toutefois pour qu’on lui renvoie, à lui Barthélemy, la conclusion de l’affaire : Je passerai à Vérone, dit-il ; s’il me cède la médaille, je lui donnerai quelques espérances ; s’il me la refuse, je lui ferai peur de mon opposition à ses désirs ; le tout fort poliment.

1634. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Elle le laissa donc et partit, pour qu’il pût accomplir en tout recueillement ces pieuses cérémonies dues aux morts.

1635. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — II. (Fin.) » pp. 476-495

Un jour, en attendant cette seconde bataille qui tarde et qui doit bientôt se livrer, Frédéric écrit à Jordan : « Envoyez-moi un Boileau, que vous achèterez en ville ; envoyez-moi encore les Lettres de Cicéron, depuis le tome III jusqu’à la fin de l’ouvrage, que vous achèterez de même ; il vous plaira de plus d’y joindre les Tusculanes, les Philippiques, et les Commentaires de César. » Cette bibliothèque de campagne, envoyée par Jordan, et qui ne quitta plus le roi, fut pillée avec tous ses bagages dans la seconde guerre de Silésie, à la bataille de Soor (30 septembre 1745) ; Frédéric alors écrivit à son autre ami et ancien précepteur Duhan, pour qu’il eût à lui racheter ces mêmes ouvrages et quelques autres.

1636. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre deuxième. Rapports du plaisir et de la douleur à la représentation et à l’appétition »

C’est, selon nous, qu’il faut un certain temps pour que la stimulation nerveuse se répande dans le cerveau et manifeste son harmonie ou son conflit avec l’équilibre vital.

1637. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre deuxième. La force d’association des idées »

D’abord, la contiguïté de fait dans l’espace et dans le temps est chose tout extérieure : il faut, pour qu’il y ait liaison d’idées, que la contiguïté devienne cérébrale et mentale.

1638. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

on ne pouvait pas lui reprocher, au grand écrivain, de nous tourmenter pour qu’on reprît ses chefs-d’œuvre.

1639. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

Aucun courant ne se dessine assez nettement pour qu’on puisse dire, actuellement, que c’est telle forme qui triomphe.

1640. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

Cela pourrait-il être une raison, parce que l’auteur des Jugements nouveaux nous a exprimé, à la tête de son livre, une franche sympathie d’idées et de sentiments littéraires, pour que la critique, qu’il a la bonté d’estimer, lui manque tout à coup, et qu’il soit privé de sa part d’examen sous le prétexte, de peu de courage, que notre éloge serait suspect de reconnaissance et notre blâme d’ingratitude ?

1641. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Je le récuse surtout parce que la peinture qu’il a faite, même si on admet qu’elle a été fidèle autrefois, date de trop loin déjà pour qu’on la puisse dire ressemblante aujourd’hui.

1642. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Il y a chance pour qu’au sortir de là il se produise quelque chose d’original et de nouveau. » Il y a les émigrés qui perdent leur pays et ceux qui en découvrent d’autres. […] Leur émigration dure assez pour qu’ils apprennent l’étranger, pas assez pour qu’ils oublient la France. […] Mais de 1825 à 1848, cette comparaison que nous faisons dans l’espace se fait dans le temps, et cette liberté est encore assez mesurée, parfois assez bridée pour qu’on ait besoin d’employer quelque art à s’en servir, quelque souplesse à en tourner les obstacles. […] Moins le son de la lyre, que la lyre même, qui nous est tendue pour que nous la touchions et caressions. […] Ce n’est pas seulement, ce n’est pas surtout parce qu’il n’a pas très bien réussi comme auteur dramatique : les vers d’Hernani et des Burgraves lui valent assez de circonstances atténuantes pour que nous n’insistions pas.

1643. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

C’est une suite de tableaux affreux… Je ne vous ai parlé ni de la mort du vieux chef supplicié par les Illinois, ni du vieil Adario étranglant son petit-fils pour qu’il ne soit pas esclave, ni d’Akantie, la maîtresse jalouse d’Ondouré, jetée par lui dans un marécage où pullulent les serpents venimeux, ni de tant d’autres horreurs. […] D’après madame de Rémusat (Mémoires), Napoléon disait : « Mon embarras n’est point d’acheter M. de Chateaubriand, mais de le payer ce qu’il s’estime. » Toutefois, l’empereur aurait payé ses dettes, pour qu’il consentît à se présenter à l’Académie. […] (J’accorde d’ailleurs que ce n’était pas une raison pour qu’on ne la fît pas.) […] Imperceptiblement il s’accommodera aux goûts et aux idées des générations nouvelles, et il s’arrangera pour qu’on croie qu’il les a devancées, alors que souvent il les suit. […] Mais il a su prendre, ou contre les atteintes de la vieillesse, ou pour que ces atteintes ne paraissent pas, une bien ingénieuse précaution.

1644. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Héros lui-même de ses chants, son génie eut une même réussite que sa bravoure éclatante : un sujet meilleur manquait à l’un, et une meilleure cause manquait à l’autre, pour que le poète et le conquérant pussent triompher avec plus de gloire. […] Tour à tour sa muse assiste aux assemblées des chefs, aux concerts des organes de l’harmonie céleste, et aux délibérations du sénat infernal que préside Satan ; mais il ne séjourne pas assez longtemps dans le même lieu pour que l’uniformité pèse dans ses récits. […] De trop grands exemples appuient les deux opinions, pour qu’on ait la liberté de choisir entre elles dans un art où les bons exemples de réussite ont produit les règles. […] Cet exemple est trop favorable au système philosophique par lequel je corroborai la puissance des préceptes de l’art d’écrire, pour que je néglige d’en appuyer mes maximes. […] Lié dès mon adolescence avec l’un et l’autre, il faut que la loi de la saine critique me paraisse bien impérieuse pour que j’aie un moment imposé silence aux souvenirs qui m’attachent à notre ingénieux et illustre Delille.

1645. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Le voici, cet homme doux et pâle, déjà suffisamment reculé dans le lointain, pour que les jeunes gens d’aujourd’hui, en cherchant ses traits effacés, puissent être exempts des passions diverses que son nom souleva dans l’âme de nos pères. […] jeté assez d’éclat sur nos défaites et suffisamment sauvé l’honneur du pays, pour que les conférenciers n’aient pas le droit de les injurier commodément du haut de leurs chaires doctrinales. […] Qu’est-ce que les professeurs ont donc fait à ce garçon, pour qu’il veuille ainsi allumer un brasier de haine et qu’il s’en donne chaud ? […] La gloire leur a coûté trop cher pour qu’on ne sache pas gré à nos maîtres actuels de ne nous en procurer que de la coloniale. […] Sans quitter tout à fait son air de détachement narquois et le ton d’habituelle ironie qui lui est trop familier et qui lui sied trop bien pour qu’il s’en déprenne, il discerne très nettement, dans le tohu-bohu des opinions, des passions et des querelles, la dictée du bon sens, la voix de la bonté, la protestation, vainement inécoutée, de la justice et du droit.

1646. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Ils ont simplifié l’intrigue, l’ont réduite à des bornes de temps et d’espace assez étroites pour que les faits y placés puissent être pleinement recréés. […] Pour qu’un littérateur puisse faire des mots nouveaux, et les faire compréhensibles, il faut que la grammaire et la langue soient rigoureusement fixées, et que les mots existants gardent un sens précis. […] La conception qu’il s’est faite de la poésie est trop haute, elle suppose un trop long effort pour que d’autres aient l’idée d’y consacrer leur vie, dans un temps où l’on ne se soucie plus guère de poésie, et où les efforts prolongés ne tentent plus personne. […] Ces variétés de la critique contemporaine sont trop connues pour que j’aie besoin de les énumérer. […] Mais seule Mme Barine a su les animer, les éclairer du dedans, comme il convient pour que nous les voyions avec leur vraie signification.

1647. (1932) Les idées politiques de la France

De sorte que la vraie gauche parlementaire commence à la limite exacte où, pour que l’électeur croie qu’on en est, il devient inutile de lui conter qu’on en est. […] Mais Hugo n’avait rien d’un chef politique, et l’Assemblée inexperte de 1849 était plutôt extrémiste (il faut une génération entière à un régime nouveau pour que s’y forme un véritable centre). […] vivement la fin de la guerre, pour qu’on la retrouve, la vraie vie militaire — ?!  […] Il faut aux chefs et aux congrès une prudence sans cesse éveillée pour que la situation du parti radical et du parti socialiste à une droite relative ne soit pas classée par le monde politique des militants comme une position de droite absolue, comme la droite tout court. […] Pour que l’homme puisse nager, dit Bergson, il faut que l’action et le risque brisent d’abord ce cercle : on n’apprend à nager que dans l’eau, et pour entrer dans l’eau il faut savoir nager.

1648. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Il faut, pour qu’il comprenne, que la seconde idée soit contiguë à la première, sinon il est dérouté et s’arrête ; il ne sait pas bondir irrégulièrement ; il ne va que pas à pas, par un chemin droit ; l’ordre lui est inné ; sans étude et de prime abord, il désarticule et décompose l’objet ou l’événement tout compliqué, tout embrouillé, quel qu’il soit, et pose une à une les pièces à la suite des autres, en file, suivant leurs liaisons naturelles. […] C’est donc une littérature française qui en ce moment s’établit au-delà de la Manche99, et les conquérants font effort pour qu’elle soit bien française, bien purgée de tout alliage saxon. […] Au contraire, pour ce qui est des actions usuelles et des objets sensibles, c’est le peuple, c’est le Saxon qui les dénomme ; ces noms vivants sont trop enfoncés et enracinés dans son expérience pour qu’il s’en déprenne, et toute la substance de la langue vient ainsi de lui.

1649. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Et, au dernier acte (seule trace d’inexpérience), par un goût immodéré de l’unité d’action, et pour que la pièce soit finie, bien finie, et ne puisse plus recommencer, il tue tous ses personnages, sans exception. […] Il affirme que Dieu a immolé des milliers de vies humaines et bouleversé tout un peuple pour qu’Henriette fût catholique. […] Il le fallait pour que Titus échappât à l’odieux. […] Oui, il a fort bien pu renoncer au théâtre par dégoût, parce qu’il en avait assez, et pour qu’on le laissât tranquille. […] C’est uniquement pour que Phèdre puisse passer par certains sentiments que Thésée ne paraît qu’une brute crédule.

1650. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Il institue une expérience et prend ses sûretés « pour que l’exemple domine, pour que le bien et l’idéal triomphent finalement24 ». […] Encore fallait-il trouver un moyen pour que le roman de mœurs « tînt la scène ». […] mon Dieu, élevez donc votre fils dans des principes d’honneur et de vertu, soyez donc constamment tendre et dévoué et saignez-vous aux quatre veines pour que tout, probité, honneur, avenir, aille misérablement s’engloutir aux pieds de la première femme qui passe. — Ah ! […] En tout cas, il n’y a qu’un Paris pour que ces choses y semblent ordinaires et que nul ne s’en étonne. […] Pour qu’un critique de la valeur de Weiss ait commis de telles méprises, il faut qu’il y ait mis quelque bonne volonté ; il faut que son jugement ait été altéré par quelque parti pris originel.

1651. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Je voudrais, en effet, pour que l’harmonie fût complète, enlever M.  […] Parmi ces oubliés ou ces dédaignés, dont on ne peut attribuer le peu de renommée qu’à la négligence des critiques, il en est un qu’il suffisait d’indiquer au public pour qu’il le fît célèbre. […] Tout le temps qu’on ne l’acceptera pas, il fera trop peur par son éclat (et par ses éclats, aurait-il dû ajouter), pour qu’on l’aime et qu’on vienne à lui. » M.  […] Mon département prospérera sous votre administration ; mais pour que celle de vos biens prospère aussi, faites choix d’un administrateur qui ait toujours vécu loin des bureaux ministériels. […] Et comme vous ne me l’avez point commandé, que je n’ai ni le devoir ni le désir d’agréer quand même à Votre Excellence, il y a des chances pour que, malgré ma profonde infériorité d’écrivain, j’évite l’insignifiance hors ligne qui distingue les rapports de MM. de Sacy, Th. 

1652. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

S’il possède les dons qui constituent tout grand caractère, il n’a nul besoin de se livrer à tant d’acrobaties pour que ce qu’il signe soit distingué. […] Pour qu’il y ait vers, il faut qu’il y ait rythme. […] Il tient trop à Baudelaire, trop à un certain décadisme dont il se réclame, pour qu’il ne soit une entrave à la renaissance poétique que je rêve. […] Et cet art, pour qu’il traduise la vie en ses plus extrêmes complications, nous le voulons aussi analytique que possible et aussi peu que possible abstrait. […] Il n’est pas mauvais, pour que le niveau s’en maintienne haut, qu’un peu d’ésotérisme l’entoure.

1653. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

À tout le moins ne voyons-nous pas de motif pour qu’elles n’eussent pas aussi bien agi dans le système du décor successif liées quelles étaient à l’état du théâtre, à l’esprit du temps, et surtout à cette loi qui ne veut pas que, dans aucun art, aucun genre ait jamais débuté par ses chefs-d’œuvre. […] Pour que la tragédie française atteignît sa perfection, il fallait qu’elle eût traversé plusieurs formes inférieures ou rudimentaires d’elle-même. […] Et entre d’Urfé et Le Sage, nous avons peut-être assez longuement dit comment se distribuaient les parties du sujet, pour qu’il ne fût, en terminant, que fastidieux d’y revenir encore. […] Quand, en effet, pendant près de trois siècles, deux peuples voisins se sont mêlés constamment l’un à l’autre, et que leurs littératures se sont tour à tour plus ou moins fidèlement imitées, il y a quelques chances pour que leurs rapports soient en quelque sorte fixés, et pour que tout ne soit pas faux ni vain dans l’idée qu’ils se font l’un de l’autre. […] Assurément, nous n’avons pas le droit de suspecter la sincérité de Descartes, et, en vingt endroits de ses Œuvres ou de sa Correspondance, il a trop énergiquement protesté de sa foi pour que nous osions la mettre en doute.

1654. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Mais dès que la nécessité comme l’universalité sont déjà dans un seul cas, ce seul cas suffit pour qu’on les en tire18. […] La philosophie a son point de départ dans la psychologie mais, pour qu’elle atteigne aussi son terme légitime, il faut qu’elle parvienne de l’homme aux choses mêmes. […] L’histoire ne raconte pas pour raconter, elle ne peint pas pour peindre, elle raconte et elle peint le passé pour qu’il soit la leçon vivante de l’avenir. […] Pour que deux faits diffèrent, il n’est pas nécessaire qu’ils soient sans relation entre eux. […] Au lieu d’élever des statues, avec le genre humain abusé, à Régulus, à d’Assas, à saint Vincent de Paul, la vraie philosophie les doit renvoyer aux Petites-Maisons, pour qu’un bon régime les guérisse de la générosité, de la charité, de la grandeur d’âme, et les ramène à l’état sain, à l’état normal, celui où l’homme ne pense qu’à soi, et ne connaît d’autre loi, d’autre principe d’action que son intérêt.

1655. (1813) Réflexions sur le suicide

Néanmoins Votre esprit transcendant n’est étranger à aucun sujet philosophique, et Vous voyez de trop haut pour que rien puisse Vous échapper. […] Il faut qu’il se mêle de l’irritation dans ce qu’on éprouve pour qu’on se livre à la colère contre le destin et qu’on veuille ou s’en affranchir ou s’en venger, comme d’un oppresseur.

1656. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

La politique qui avait établi la cour prescrivait le faste. « C’était lui plaire, que de s’y jeter en habits, en tables, en équipages, en bâtiments, en jeu ; c’étaient là des occasions pour qu’il parlât aux gens199. […] Voltaire, Entretiens entre A, B, C, 15r Entretien. « Un régiment n’est point le prix des services, c’est le prix de la somme que les parents d’un jeune homme ont déposée pour qu’il aille, trois mois de l’année, tenir table ouverte dans une ville de province. » 210.

1657. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Ils ont simplifié l’intrigue, l’ont réduite à des bornes de temps et d’espace assez étroites pour que les faits y placés puissent être pleinement recréés. […] Pour qu’un littérateur puisse faire des mots nouveaux, et les faire compréhensibles, il faut que la grammaire et la langue soient rigoureusement fixées, et que les mots existants gardent un sens précis.

1658. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre quatrième. L’idée du temps, sa genèse et son action »

Pour qu’Adam acquît le sentiment de la durée, il faudrait qu’il désirât, qu’il eût faim, qu’il fit un effort quelconque pour porter la pomme à sa bouche ; alors, et alors seulement, il créerait le temps en lui, le réaliserait et le sentirait en le réalisant. […] Penser, c’est établir des relations entre des termes qui, tous les cieux, doivent être présents à la fois pour que la comparaison soit possible.

1659. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

On n’aurait pas la clef de cette révolution ministérielle et le secret qui, dès le principe, est dans l’état moral de Bernis, si on ne lisait les lettres véritablement désespérées qu’il adressait coup sur coup à Mme de Pompadour pour qu’on lui donnât le successeur et le collaborateur désiré : en voici quelques passages : Je vous avertis, madame, et je vous prie d’avertir le roi que je ne puis plus lui répondre de mon travail.

1660. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Il passe ses instants de loisir à polir durant des années des épigrammes de toutes sortes qu’il emprunte à Martial, à Catulle ou à de moins dignes, à correspondre avec les académiciens en renom, avec son voisin Balzac, « l’incomparable ermite de la Charente », avec les illustres de Paris, Chapelain, Gomberville et autres : il leur prodigue les louanges pour qu’ils les lui rendent ; il cherche à se rattacher à ceux qui vivent, et à ce qu’on dise de lui le moins possible feu Maynard.

1661. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Ses officiers principaux l’entourent, et Joinville ne le quitte pas qu’il ne l’ait reconduit jusqu’à sa tente : « Pendant le chemin, je lui fis ôter son casque et lui donnai mon chapel de fer pour qu’il pût avoir le frais au visage. » C’est alors qu’aux nouvelles qu’on lui demandait de son fière le comte d’Artois, le roi dit qu’il en savait et qu’il était bien certain que son frère était en paradis.

1662. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

Elle la dédiait à Huet ; dans la préface, elle justifiait son père que quelques-uns blâmaient d’avoir appliqué sa fille à ces doctes études de critique, au lieu de l’avoir accoutumée à filer la laine à la maison ; elle répond à ces censeurs un peu rudement et dans le goût du xvie  siècle ; moyennant l’expression grecque ou latine dont elle se couvre, elle les appelle de pauvres têtes, elle les traite tout net de fous et d’imbéciles : « Ils auraient pu voir aisément, dit-elle, que mon père n’en a usé de la sorte que pour qu’il y eût quelqu’un qui pût leur faire honte de leur paresse et de leur lâcheté. » Mlle Le Fèvre, en parlant ainsi, n’était pas encore entrée dans la politesse du siècle ; elle n’y atteindra jamais entièrement.

1663. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

Il fut malade trois jours ; durant ce temps, je le nourris moi-même, je le tins séparé de ses compagnons pour qu’ils ne lui fissent point de mal (car les lièvres, comme plusieurs autres animaux sauvages, tourmentent l’individu de leur espèce, qu’ils voient malade), et, grâce à des soins constants et en le traitant avec des herbes variées, je lui rendis une parfaite santé.

1664. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Mais pour que cette idée de métempsychose de Montaigne à elle fût autre chose qu’un compliment de l’amitié, il aurait fallu à Mme de Créqui ce qu’elle n’avait, ni elle, ni aucune des femmes distinguées de ce grand monde et de cette société accomplie mais finissante, la fertilité, la fraîcheur de détail, l’imagination.

1665. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

écrivait-il à Thieriot en 1739 ; j’en suis très mortifié : il est dur d’être toujours un homme public. » Ce fut toute sa vie sa prétention d’avoir l’existence d’un écrivain gentilhomme, qui vit de son bien, s’amuse, joue la tragédie en société, s’égaie avec ses amis et se moque du monde : « Je suis bien fâché, écrivait-il de Ferney à d’Argental (1764), qu’on ait imprimé Ce qui plaît aux dames et L’Éducation des filles ; c’est faner de petites fleurs qui ne sont agréables que quand on ne les vend pas au marché. » Je me suis amusé moi-même à recueillir dans la correspondance nouvellement publiée bon nombre de préceptes de vie qui se rapportent à ce régime de gaieté, auquel il dérogea souvent, mais sur lequel aussi il revient trop habituellement pour que ce ne soit pas celui qu’il préfère : Ce monde est une guerre ; celui qui rit aux dépens des autres est victorieux.

1666. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

. — J’ai éprouvé aujourd’hui une situation trop douce, trop remarquable par sa rareté, pour que je l’oublie.

1667. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

[NdA] Frédéric lui-même rappelait Voltaire à l’ordre sur ce point, dans une lettre du 19 avril 1753, écrite dans le temps que s’imprimait cette réfutation où Voltaire, tout en se vengeant, n’était pas fâché de se donner comme le vengeur des rois : « Je n’ai point fait alliance avec vous pour que vous me défendiez, et je ne me soucie guère de ce que La Beaumelle s’est avisé de dire de moi ou de mon pays.

1668. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

Il suffisait que Marolles fît une chose pour qu’elle cessât bientôt d’être considérée.

1669. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

Je crois qu’il y a plus de chances pour qu’on s’égare aujourd’hui en croyant si bien savoir ces antiques et lointaines choses.

1670. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

Bans l’un de ces remaniements ministériels auxquels il s’amuse à huis clos, on lit cet article, d’une attention touchante : « M. d’Argenson le cadet serait exclu pour toujours de toutes ces places. » C’est ainsi que, comme le loup qui rôde autour de la bergerie, il sonde de tous côtés le ministère par ses conjectures ; il s’y fraye une place, n’importe laquelle ; et, dans les moments où il espère le moins, il se croit assez important et assez dangereux aux cabales pour qu’on cherche à se débarrasser de lui : « On m’éloignera sans doute par des ambassades, et je m’y attends. » Ce Journal, monument d’une personnalité toute crue et naïve, et toute pavoisée d’honnêteté à ses propres yeux, ce singulier et bruyant soliloque d’un ambitieux sans le savoir, qui s’exalte in petto et se préconise, d’un vertueux qui grille d’envie que le pouvoir lui arrive et qui l’attend d’heure en heure pour faire, bon gré mal gré, le bonheur des hommes, est curieux pour le moraliste, non moins qu’instructif pour l’historien.

1671. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Un autre témoin fort digne d’être écouté à son sujet, Dutens, un esprit sérieux et solide, le premier éditeur complet de Leibnitz, Anglais d’adoption et de jugement, qui avait visité les principales Cours d’Europe et qui avait en soi bien des termes de comparaison, a parlé de ce prince dans le même sens que le président Hénault : « M. le prince de Conti était l’un des plus aimables et des plus grands hommes de son siècle : il avait la taille parfaitement belle (il dérogeait par là notablement à la race des Conti, qui avait la bosse héréditaire), l’air noble et majestueux, les traits beaux et réguliers, la physionomie agréable et spirituelle, le regard fier ou doux, suivant l’occasion ; il parlait bien, avec une éloquence mâle et vive, s’exprimait sur tous les sujets avec beaucoup de chaleur et de force ; l’élévation de son âme, la fermeté de son caractère, son courage et sa capacité sont assez connus en Europe pour que je me dispense d’en parler ici.

1672. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite.) »

Que m’avez-vous fait pour que je sois fâchée ?

1673. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

Et quand les choses se sont ainsi passées d’une manière presque semblable, dans des circonstances analogues, c’est qu’il y avait raison, c’est qu’il y a excuse pour qu’il en soit ainsi.

1674. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

Tout d’abord Montaigne procéda avec ceux qui venaient de l’élire comme il avait fait avec les princes qui, durant ses séjours à Paris, l’avaient pris pour médiateur et négociateur : il ne se donna pas pour meilleur et plus grand qu’il n’était ; il les prévint de ses défauts et de ses manquements ; il fit toutes ses réserves pour qu’ils n’eussent ensuite aucun mécompte et ne se crussent pas en droit de se plaindre de l’objet de leur choix.

1675. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin (suite et fin.) »

il suffira d’une année et que Dominique ait atteint ses dix-sept ans, que Madeleine en ait dix-huit, pour que le rayon arrive, à elle d’abord et à sa beauté dans sa fleur première, à lui ensuite et à son cœur qu’un soudain regard vient éclairer.

1676. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Collé. »

Il aimait pourtant l’art en lui-même ; il avait de la conscience dans les bagatelles, il soignait extrêmement ses « chansons et autres breloques. » Mais voilà tout ; il ne songeait qu’à vivre, à rire, à s’amuser avec ses confrères du Caveau, et il fallut que Crébillon fils et d’autres amis clairvoyants l’avertissent qu’il pouvait mieux et plus pour qu’il s’avisât de s’élever jusqu’au genre de proverbes et de petites comédies où il a excellé.

1677. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

Il ne faut pas beaucoup tenter l’homme et le défier pour qu’il redevienne cruel et barbare.

1678. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

Une observation générale est à faire pour qu’il n’y ait pas de mécompte.

1679. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par. M. le Chevalier Alfred d’Arneth »

. — Pour que le lecteur français n’ignore rien des titres et des mérites du savant éditeur qui va acquérir une très-grande autorité dans le débat si vivement engagé sur l’authenticité des premières lettres de Marie-Antoinette, il est bon de savoir que M. 

1680. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

Raynal se laisse monter la tête par Diderot, au point de lui livrer son œuvre chérie, de l’aliéner comme une matière de librairie, comme un pur canevas, pour qu’il y insère des tirades d’un certain genre !

1681. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

Constatons seulement, et pour que les moins entraînés y réfléchissent, constatons la lutte éternelle, inégale, et que la société moderne, avec ses industries de toute sorte, n’a fait que rendre plus dure.

1682. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIe entretien. Sur la poésie »

Or, soit que les fils fussent moins tendus, soit qu’ils fussent d’une nature plus élastique et plus plaintive, soit que le vent soufflât plus doux et plus fort dans l’une des petites harpes que dans l’autre, nous trouvâmes que les esprits de l’air chantaient plus tristement et plus harmonieusement dans les cheveux blancs que dans les cheveux blonds d’enfant ; et, depuis ce jour, nous importunions souvent notre tante pour qu’elle laissât dépouiller par nos mains son beau front.

1683. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

Enfin, le travail des champs garde toujours une noblesse : il est si naturel, si nécessaire pour que l’humanité vive, qu’il en devient auguste ; c’est le travail antique, connu des patriarches et des rois.

1684. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Paul Bourget nous explique pourquoi l’héroïne du Deuxième Amour se refuse à une nouvelle expérience, ou de quel amour de pur adolescent Hubert Liauran aime Mme de Sauves, et comment, par un renversement délicieux des rôles, Thérèse le traite comme si c’était lui qui se donnait (Cruelle énigme), ou comment, dans Crime d’amour, la franchise et l’innocence d’Hélène Chazel tournent contre elle et ne font qu’irriter la défiance d’Armand de Querne, ou par quelle logique sentimentale Hélène en vient à se souiller pour se venger de l’homme qui ne l’a pas crue et pour qu’il la croie enfin… ; toutes ces pages — et combien d’autres   sont des exemplaires accomplis de psychologie vivante.

1685. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

Pour que cette théorie pût embrasser toutes les variétés du beau, il faudrait, nous l’avons dit, que l’évolution de l’art et par conséquent de l’humanité fût achevée ; ce serait un peu long d’attendre jusque-là.

1686. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XI, les Suppliantes. »

Pour que tu aies cette audace, certes il faut que ton esprit soit troublé. » — Durant toute l’entrevue, Pélasgos garde ce ton de l’homme de race noble parlant à un être de souche inférieure, d’un aristocrate de naissance remettant à sa place un sujet servile.

1687. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

C’est de l’idéal, mais un idéal dont la réalité offre trop d’exemples pour qu’on s’avise de le contester.

1688. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

Encore une fois, il faut que son péché soit bien grave pour que Jane refuse de l’absoudre.

1689. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome IXe. » pp. 138-158

Après l’admirable campagne d’Italie de 96, n’eut-on pas l’aventure d’Égypte, que j’appelle ainsi parce qu’il y avait bien des chances pour qu’il n’en revînt pas ?

1690. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

Grimm en fut charmé, et, bien qu’amoureux, il ne l’était pas assez pour que son sens critique en fût troublé : « En vérité, disait-il de cet ouvrage, il est charmant.

1691. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

En 1744, âgé de cinquante ans seulement, son ambition politique semblait déjà en partie usée ; sa santé était assez atteinte pour qu’il eût de préférence en vue la retraite.

1692. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

qu’a donc fait cette laitière, pour qu’on ne la puisse changer ? 

1693. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

Les amis des lettres doivent désirer que ces morceaux soient assez achevés pour que M. 

1694. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

Il semble souvent, en effet, qu’il ne manque chez lui qu’un rayon pour tout éclairer, et l’on dirait volontiers de l’athéisme de Diderot comme il disait de ces deux vues de Vernet, où le moment choisi de la chute du jour avait rembruni et obscurci tous les objets : « À demain, lorsque le soleil sera levé. » Avec tout cela, cependant, on ne fera jamais de Diderot un croyant sans le savoir, ni une manière de déiste selon le sens et l’esprit du mot ; une telle discussion serait ici, d’ailleurs, trop délicate et trop épineuse pour que je l’aborde de près ou de loin.

1695. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

Hors de là, il est dans le vrai et il a l’œil dans l’avenir : « La Nature, dit-il, a entre les mains une certaine pâte qui est toujours la même, qu’elle tourne et retourne sans cesse en mille façons, et dont elle forme les hommes, les animaux, les plantes. » Et il en conclut que, puisqu’elle n’a point brisé son moule, il n’y a aucune raison pour qu’il n’en sorte point d’illustres modernes aussi grands à leur manière que les anciens.

1696. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Saint-Évremond et Ninon. » pp. 170-191

Il ne faut ces jours-là qu’un prétexte et un accident pour que la société, la morale publique et générale, bravée dans ses principes, dans ses préjugés les plus respectables, se soulève à la fin et se livre à des représailles souvent brutales, mais en partie méritées.

1697. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Le duc de Lauzun. » pp. 287-308

Parlant de la guerre de Corse, où il voulait aller (1768) : « Une probabilité d’avoir des coups de fusil était trop précieuse, pour la négliger, dit-il ; je n’étais pas assez bien avec tous mes parents pour qu’ils craignissent de me faire tuer.

1698. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

ce que j’ai dérobé, je le rends, et je le rende avec usure ; à ma vigne, je n’ai pas de porte ; deux ronces en barrent le seuil ; lorsque des picoreurs, par les trouées, je vois le nez, au lieu de m’armer d’une gaule, je m’en retourne, je m’en vais pour qu’ils y puissent revenir.

1699. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — I. » pp. 471-493

C’est un républicain de naissance et d’affection, ne l’oublions pas, un vrai citoyen de Genève, que cet homme qui, par bon sens et par la force de la vérité, est obligé de déclarer à la France de 89 et de 92 qu’elle n’est pas faite pour la république, et qu’il faut trente ans encore d’éducation préliminaire pour que les Français s’accoutument à quelque pratique de la liberté ; c’est un républicain qui n’est royaliste que parce que l’évidence de la raison l’y oblige et qu’il ne peut écrire contre sa conscience.

1700. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

Enfin, en 1816, par la publication de son premier volume sur les troubadours, il prit date et position avant tout autre, avant Fauriel, avant Guillaume de Schlegel, qui auraient pu le devancer ; il planta son drapeau à temps pour que tout l’honneur lui revînt et suivît le labeur.

1701. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Général en chef de l’armée de Portugal, c’est lui qui, en 1812, introduira parmi ses troupes l’usage des moulins portatifs qui permettent au soldat de faire lui-même sa farine et son pain, moyen le plus sûr pour qu’il n’en manque jamais.

1702. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

Pourtant la déposition de la fille Grivault était trop nette, trop circonstanciée, trop naïve, pour qu’on en pût douter.

1703. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

mettez-en quatre pour qu’elle fasse plus de bruit et plus d’effet.

1704. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — II. (Fin.) » pp. 63-82

Les Romains, en effet, se prêtent merveilleusement à l’application de ce système si enchaîné : on dirait, en vérité, qu’ils sont venus au monde exprès pour que Montesquieu les considérât.

1705. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

Il nous montre avec ironie le roi que Luynes fait monter sur une table de billard pour qu’il puisse être vu plus aisément des compagnies de la ville et des ordres de l’État qui viennent le complimenter : « C’était, dit-il, comme un renouvellement de la coutume ancienne des Français qui portaient leurs rois, à leur avènement à la couronne, sur leurs pavois à l’entour du camp. » Il montre Luynes le plus dangereux ennemi du maréchal d’Ancre, parce qu’il l’était moins encore de sa personne que de sa fortune, et « qu’il lui portait une haine d’envie, qui est la plus maligne et là plus cruelle de toutes ».

1706. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

J’ai été très contente de lui ; il est doux, poli ; je le crois timide, car il me paraît avoir trop d’esprit pour que l’embarras qu’on remarque en lui ait une autre cause.

1707. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

Dans l’intervalle, il avait eu l’idée d’écrire sur les hommes et sur leurs caractères en société, et, quoiqu’il n’ait laissé sur ce sujet que des remarques éparses et des fragments de Pensées, il s’y est assez bien peint par un côté imprévu pour que j’y insiste ici.

1708. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

Et quelque désir que j’eusse d’épargner à Votre Majesté la douleur de cette nouvelle, s’il était possible qu’elle ne lui parvînt jamais, et ne troublât ainsi aucun instant le repos de son grand et sensible cœur, un devoir trop important et trop sacré y est attaché pour que je pusse cependant la lui cacher, Oui, Sire, il n’est que trop certain, après bien des soins inutiles pour prolonger mes jours, je me vois enfin sur le bord de la tombe.

1709. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre I. Shakespeare — Sa vie »

Vers la fin du siècle, il était assez riche pour que le 8 octobre 1598 un nommé Ryc-Quiney lui demandât un secours dans une lettre dont la suscription porte : à mon aimable ami et compatriote William Shakespeare.

1710. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre VI. Le beau serviteur du vrai »

Il reste autour de nous une quantité suffisante d’esclavage, de sophisme, de guerre et de mort pour que l’esprit de civilisation ne se dessaisisse d’aucune de ses forces.

1711. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

Je comprends que la tragédie classique, telle que je viens de la définir et de l’expliquer, ait beaucoup de peine à plaire aux hommes de notre temps : c’est que nous préférons en tout le sensible à l’intelligible ; pour que le cœur humain nous intéresse, il faut qu’il soit mêlé à des événements réels plus ou moins semblables à ceux que nous connaissons.

1712. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre I. »

Pour que ce sous-titre fût absolument légitime, il faudrait qu’au nombre des contes rassemblés ici figurent ceux de la Côte d’Ivoire et du Dahomey.

1713. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

Mme de Gasparin a marqué des signes d’un protestantisme trop ardent et trop déterminé les précédents écrits que nous avons d’elle pour qu’on ne suppose pas, dans une de ses publications, une intention de théologie au compte et au profit de son Église, et ici, qu’on le sache bien, cette intention n’existe pas.

1714. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

il fallait qu’il eût, comme on dit, la poésie bien furieusement chevillée dans l’âme, pour que l’effroyable philosophie à laquelle il s’est livré ne l’en ait pas arrachée ; car, de toutes les philosophies, il s’est donné à la plus aride, à la plus horrible, à la plus vaine !

1715. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

. — Et, parmi les critiques de fonction, qui, moi excepté, s’occupera de ce livre d’histoire religieuse, trop haut, diront-ils, du côté des chimères, pour que personne prenne la peine de s’élever jusque-là ?

1716. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

» Au moment de l’attaque même, le devoir vous impose suffisamment de travail pour que l’on ne puisse penser qu’aux ordres reçus et aux moyens de les exécuter pour le mieux.

1717. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre I. La demi-relativité »

., s’aperçoit que, pour qu’il y eût simultanéité réelle quand les horloges marquent la même heure, il faudrait que le zéro de l’horloge H₁′ fût reculé de équation que le zéro de l’horloge H₂′ fût reculé de équation , etc.

1718. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre III. “ Fantômes de vivants ” et “ recherche psychique ” »

La supputation des probabilités, à laquelle on fait appel, nous montrerait que c’est impossible, parce qu’une scène où des personnes déterminées prennent des attitudes déterminées est chose unique en son genre, parce que les lignes d’un visage humain sont déjà uniques en leur genre, et que par conséquent chaque personnage — à plus forte raison la scène qui les réunit — est décomposable en une infinité d’éléments indépendants pour nous les uns des autres : de sorte qu’il faudrait un nombre de coïncidences infini pour que le hasard fît de la scène de fantaisie la reproduction d’une scène réelle 7 : en d’autres termes, il est mathématiquement impossible qu’un tableau sorti de l’imagination du peintre dessine, tel qu’il a eu lieu, un incident de la bataille.

1719. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

Or, il faut le traduire ainsi pour qu’il puisse fonder votre morale.

1720. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Il a fallu le hasard d’un concours pour que Le Nouveau Monde 11 fût joué, — échouât ; — Les Corbeaux12, horrible souvenir pour les mémoires bourgeoises, honnêtes ! […] Que de temps il faudra, que de découvertes scientifiques, que de révolutions sociales, que d’évolutions artistiques et littéraires, pour que l’homme en vienne à concevoir l’invisible et formidable vie universelle où sa vie propre se perd comme l’unité dans l’infini ! […] Tout autre était la tristesse chrétienne qu’exige la Contrition, cette tristesse qui se moissonne en Joie, cette tristesse qui n’abaisse l’homme que pour le relever, qui ne lui fait toucher du pied le fond de son propre abîme que pour qu’il se hâte de remonter à la surface. […] C’est Lamartine qui lui rendit l’idéal et la vie, le souffle, l’harmonie, l’ampleur ; Il fit l’expansion qui était nécessaire pour que Baudelaire pût faire la concentration. […] C’est à lui pourtant qu’est promise la Fête suprême Mais sans doute il faudra bien des révolutions pour que le miracle entrevu se réalise, pour que puisse être conclu le radieux syllogisme esthétique dont Wagner a seulement posé les claires prémisses.

1721. (1894) Critique de combat

Il veut « une résignation vaillante au grand labeur commun. » Mais son respect devant la vie est tel qu’il la considère comme une force qui sait trop bien son chemin pour que personne ait besoin de l’aider à y marcher. […] C’est assez cependant pour que les privilégiés fassent la grimace et pour que le prince se décourage. […] C’est assez pour qu’on lui pardonne d’avoir négligé les autres. […] Il suffit de faire ressemblant pour qu’on aime l’homme et l’écrivain. […] Oui encore, dans le monde animal et végétal, les forts, sauf exception, dévorent les faibles ; est-ce un motif suffisant pour que l’humanité prenne modèle sur cette entremangerie ?

1722. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Pour que la littérature française achevât de réaliser son véritable caractère, plusieurs conditions étaient donc encore nécessaires au commencement du xviie  siècle ; et il fallait en premier lieu que l’opinion achevât de soumettre ou de refouler cet esprit d’individualisme, d’indiscipline et de licence qu’aussi bien, dans l’ordre politique lui-même, Henri IV n’avait pas entièrement comprimé ni réduit. […] L’Académie française n’a pas été créée pour autre chose que pour inféoder les destinées de la littérature à celles de la France même ; et pour qu’il ne fût pas dit qu’une force sociale aussi considérable qu’était déjà celle de l’esprit pût échapper entièrement à l’action du pouvoir central. […] Et pour qu’enfin à tous égards les dernières années du siècle en ramènent le commencement, après ou avec les débauchés et les précieux, ce sont maintenant les « libertins » qui rentrent à leur tour en ligne. […] [Les brochures relatives au passage de Molière dans telle ou telle ville de province, trop nombreuses pour qu’on puisse ici les énumérer, sont presque toutes visées dans ces cinq derniers ouvrages.] […] Les éditions particulières des Contes ou des Fables sont trop nombreuses pour qu’il nous soit possible d’en énumérer ici même les principales, et nous nous bornerons à signaler, pour la beauté de l’illustration, l’édition de 1735-1759, 4 vol. in-fº, pour les Fables, avec les figures d’Oudry ; — et l’édition des Contes dite des Fermiers Généraux, Amsterdam [Paris], 1 vol. in-8º, 1762, avec les figures d’Eisen.

1723. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Le mariage projeté n’a jamais eu lieu : ce n’était encore qu’un vain rêve, le souvenir d’Annie était trop profond au cœur du poète pour que rien d’autre que la mort pût l’en délivrer. […] L’Italie de ce temps était trop différente de l’Angleterre pour que sa description ne constituât pas un sujet nouveau, et un sujet où l’imagination d’un Anglais risquait bien de se trouver gênée. […] Mais il ne faut pas oublier que c’est là un premier jugement, et que la différence était trop grande entre les mœurs littéraires de Moscou et celles de Paris pour qu’un auteur russe pût passer des unes aux autres sans un peu de surprise. […] En Russie, il se faisait de la France mille rêves enchantés ; mais il lui suffisait de se retrouver à Paris pour qu’aussitôt toute son âme de Russe se rouvrit en lui. […] Pour que l’humanité soit heureuse, les lettrés doivent oublier la science, et les riches renoncer à leur fortune : à cela doit tendre la future éducation sociale.

1724. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

Pour que la grande rénovation humaine qui soulève au seizième siècle toute l’Europe pût s’achever et durer, il fallait que, rencontrant une autre race, elle développât une autre culture, et que d’une conception plus saine de là vie elle fît sortir une meilleure forme de civilisation. […] La nuit, on lui extraira une balle de la chair, ou des éclats enfoncés dans ses os ; il tendra sa bouche violemment fendue pour qu’on la lui recouse : tout cela pour un homme qu’il n’a jamais vu, ou par qui, s’il l’a vu, il n’a pas été remarqué, un homme qui l’enverra à la potence s’il essaye de fuir toutes ces misères372. » Voilà l’avantage de l’imagination complète sur la raison ordinaire. […] Puis bien d’autres signes : les cheveux gris, les dents gâtées, les yeux troubles, les articulations tremblantes, l’haleine courte, les membres roides, la peau ridée, la mémoire défaillante, l’appétit moindre ; même la faim et la soif de chaque journée crient pour que nous remplacions cette portion de notre substance que la mort a dévorée pendant la longue nuit, lorsque nous gisions dans son giron et que nous dormions dans son vestibule. […] Un mois après, réprimandé par une femme, tout d’un coup « à ce reproche je me tus, et baissant la tête, je souhaitai d’être de nouveau un petit enfant pour que mon père m’apprît à parler sans cette méchante habitude de jurer.

1725. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Cette révolution opérée, la langue de l’art moderne trouvée et fixée, — et c’est là incontestablement le meilleur titre de l’école romantique, — il s’agissait, pour qu’un monde nouveau fût découvert en littérature, non plus de traduire dans cette langue, par la bouche de héros fantastiques et imaginaires, nos doutes, nos défaillances et nos espérances dans l’avenir ; mais de peindre à l’aide de types façonnés à notre image, — à nous hommes du dix-neuvième siècle, — les douleurs et les misères du temps présent, les hontes et les splendeurs de la vie contemporaine. […] Champfleury, — autorise et justifie trop ouvertement notre réponse à ceux qui nous ont damné sans nous connaître, pour que nous résistions davantage à l’appel d’une tentation qui n’est peut-être que la sollicitation d’un devoir. […] C’est ici que la fable mythologique est d’une vérité terrible. — De quel miel inépuisable il faut savoir enduire ses tartines ou beurrer ses feuilles volantes pour qu’au Cerbère affamé le gâteau fasse oublier l’écrivain ! […] Le quatrième jour, l’auteur était décidé à retirer sa pièce, quand madame Toscan offrit de s’évanouir sur la scène, lorsque l’orage gronderait le plus fort la proposition fut acceptée avec enthousiasme, et l’on fit même une répétition extraordinaire pour que la généreuse victime s’exerçât à s’affaisser avec grâce entre les bras du jeune Larray, qui eut bien quelque peine à soutenir le fardeau.

1726. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Il me semble pourtant, — et la chose ne date pas de si loin pour que j’en aie perdu la mémoire, — que Berlioz chantait une autre gamme, le soir de la réouverture de l’Opéra. […] L’irritation du critique l’égare au point de lui faire commettre, — à lui, puriste et délicat, — des phrases aussi défectueuses que celles-ci : « Les natures ardentes, buvant à longs traits ces philtres grossiers, acceptent avec la même complaisance celui qui déprave leur raison que celui qui égare leur imagination et leur cœur. » Et plus loin, ce galimatias intolérable : « Cette manie des célébrités modernes, s’imaginent qu’il leur suffit d’être tombées dans un fossé, pour que ce fossé devienne le pensionnaire de leur génie et de leur gloire. » Quel style ! […] Paris regorge de musiciens profonds, savants, élégiaques et spirituels : il n’avait pas un seul compositeur bouffe : il en possède un aujourd’hui, et la denrée est assez rare, — puisque l’Italie n’en fournit plus, — pour qu’il doive sincèrement s’en réjouir. […] Raison de plus pour que M. 

1727. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Il creuse patiemment le sillon, pour que le vent n’emporte pas la semence ; mais il se fie au ciel pour l’épanouissement du grain et la richesse dorée de la moisson. […] Je suis très disposé à passer condamnation sur les amours libertins de François Ier ; mais entre Diane de Poitiers, la comtesse de Châteaubriant et la belle Ferronnière, il y a des distances assez précises pour qu’on ne les néglige pas. […] Hugo pour qu’il encadre ses drames dans les événements accomplis au siècle qu’il choisit, nous ne prétendons pas lui imposer l’histoire, et l’obliger à être complet dans le sens littéral et didactique du mot. […] Mais de sa conscience à la réalité de ce monde il y avait trop loin vraiment pour qu’il pût distinguer autre chose que les lignes flamboyantes du soleil couchant, la brume du crépuscule, ou tout au plus les bandes capricieuses qui découpent les collines comme la robe damassée d’une reine. […] Au contraire, en supposant à Jeanne Talbot assez de franchise et de hardiesse pour dire à Gilbert : « Je ne suis plus digne de votre amour ; je me suis donnée à un autre ; oubliez-moi, ou si vous n’espérez pas que je puisse être heureuse dans ce nouvel engagement, priez Dieu pour qu’il m’éclaire et me ramène à vous, priez-le pour qu’il nous réunisse dans une mutuelle et inaltérable affection » ; le pardon de Gilbert, inexplicable autrement, devient une chose toute simple.

1728. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Que t’ai-je fait pour que tu me chasses ? […] Victorien Sardou n’est pas à plaindre si, comme jadis La Fontaine, il vit « pour que cela l’amuse ». […] Ce que j’en dis est pour qu’on ne le confonde pas avec les auteurs immoraux. […] L’ancien ministre de l’Instruction publique est trop connu pour qu’on ait besoin d’indiquer la direction de son esprit. […] » Et il alla prendre par la main sa jeune femme, qui était plus parée et plus belle que les fleurs des bois ; et il l’amena au mendiant pour qu’il lui donnât un baiser.

1729. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Les femmes sensibles vous trouvaient intéressant, et, s’apitoyant sur votre fin prochaine, abrégeaient pour vous l’attente du bonheur pour qu’au moins vous fussiez heureux en cette vie. […] Mettez qu’ils soient de notre collaborateur, pour que notre modestie ne souffre pas trop, et vous serez dans le vrai. […] De noble naissance, portant un nom mélodieux comme un frémissement de lyre, d’une beauté séraphique que même vers les derniers temps de sa vie l’âge ni les souffrances n’avaient pu altérer, doué d’assez de fortune pour qu’aucune nécessité vulgaire ne le forçât aux misérables besognes du jour, il garda pure, calme, poétique, sa physionomie littéraire. […] N’en pouvant venir à bout, nous allâmes requérir Bouchardy, qui était alors noire voisin, pour qu’il nous guidât à travers ce labyrinthe, dont il devait connaître mieux que personne les détours. […] Il ne s’est pas écoulé un temps assez long pour que l’ancien idéal soit oublié et qu’on en ait trouvé un nouveau.

1730. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

Dans cette disposition où il se trouvait quelquefois de prier le ciel pour que les maux de fortune allassent encore plus loin, il était néanmoins obligé de convenir que la Convention, par certains de ses décrets (notamment par son décret final sur la contribution de guerre), lui laissait bien peu à désirer, et qu’elle agissait exactement comme si elle eût voulu combler ses intentions et ses souhaits d’un dépouillement absolu de chacun54.

1731. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

Il a sur notre nation et sur notre caractère des observations très originales, et s’il dit des vérités aux autres peuples, il nous en adresse assez à nous-mêmes les jours d’éloges, pour qu’on puisse tout citer sans faire de jaloux : On ne le croirait pas, dit-il, la nation française est, des nations de l’Europe, celle dont les peuples ont communément plus de jugement mêlé avec le plus d’esprit.

1732. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Si l’on avait à discuter, il y aurait à démontrer par les faits et par l’expérience que l’homme n’est pas si essentiellement raisonnable, que la société n’est pas une œuvre si naturelle, si facile, et où tout marche nécessairement de soi, qu’elle a été une création plus artificielle que ne l’imaginent des publicistes trop confiants, et que ce qui a été si pénible à construire et à élever n’est sans doute pas si simple à entretenir, tellement qu’il suffise de laisser faire et dire à tous les membres d’une nation tout ce qu’ils croient le mieux, pour que tout aille et tourne au mieux effectivement.

1733. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Son grand-père fut obligé de lui dire : « Tu l’auras quand je serai mort. » On rapporte cet autre mot très-probable du vieil empereur à la reine Éléonore : « Il me semble qu’il est très-turbulent ; ses manières et son humeur ne me plaisent guère ; je ne sais ce qu’il pourra devenir un jour. » Son gouverneur, don Garcia de Tolède, dans une lettre à l’empereur où il rend compte du régime et de l’éducation du prince, le montre en bonne santé à cet âge, « quoique n’ayant pas bonne couleur », peu avancé dans ses études, s’y livrant de mauvaise grâce ainsi qu’aux exercices du corps qui forment le cavalier et le gentilhomme, ne faisant rien en aucun genre que par l’appât d’une récompense, et en tout « très évaporé. » On insista beaucoup auprès de Charles-Quint, retiré à Yuste, pour qu’il y laissât venir quelque temps le jeune prince ; on espérait que l’autorité de l’aïeul aurait quelque influence sur lui pour le réformer et l’exciter.

1734. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Je n’irai pas chercher dans les œuvres en prose, dans les romans de Théophile Gautier, son autobiographie précise : il pourrait la récuser, et trop d’art s’y mêle à tout moment à la réalité pour qu’on ose se servir sans beaucoup de précaution de cette clef-là.

1735. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Il lui tend son épée pour qu’elle le frappe.

1736. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

Mais ce voile est trop léger pour que, moralement, on puisse se méprendre sur ses dispositions secrètes.

1737. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

(Rouen), bien près de toi, comme tu vois, chez de vieilles amies et parfaitement ignoré, bien doucement, bien choyé, tel qu’il faut qu’il soit pour que je n’aie point à m’inquiéter, mais dans un état moral si triste, si accablant, que je ne puis sortir d’ici que pour me rendre à ses côtés. » C’est en ce sens qu’elle entend les fers qu’il lui faudrait reprendre et dont elle ne ferait que changer, — les chaînes du devoir !

1738. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Si longtemps immobile près du dauphin, si mobile depuis chez le roi, dans les courses, les chasses, les secousses de voitures rapides, elle avait pu être blessée… » Suffit-il donc qu’une femme soit princesse pour qu’on se croie autorisé à parler d’elle en des termes aussi peu congrus et que rien d’ailleurs ne justifie ?

1739. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

Toute cette fin de la relation du capitaine Bernard est trop simple et trop touchante pour qu’on en veuille rien retrancher.

1740. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

Quoiqu’il n’y eût pas mis son nom, il ne défendait pas qu’on le devinât ; et comment ne pas le deviner tout d’abord quand il disait : « A les en croire, il suffirait désormais des caprices du Conseil aulique de Vienne ou du comité militaire de Paris pour qu’un injuste agresseur décidât de l’existence d’une nation de deux millions de braves, qui peut mettre plus de soldats sur pied que Frédéric le Grand n’en avait en montant sur le trône de Prusse.

1741. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

La renommée, un héritage opulent, un mariage conforme à ses goûts et où il devait rencontrer un dévouement de chaque jour, tout lui arriva presque à la fois ; sa vie depuis ce temps est trop connue, trop positive, pour que nous y insistions.

1742. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

assez fâcheusement et abondamment de s’y introduire ; mais on s’y laisse moins prendre qu’ailleurs ; on l’y sent tout aussitôt sous les déguisements et les emprunts qu’il tente ; on le rejette avec dégoût, ou plutôt il va naturellement au fond ; et, tandis que, sous l’écorce de la prose, bien des talents équivoques en qualité surnagent, tandis qu’ils atteignent à une contrefaçon assez difficile à démêler, et qu’avec le travail, l’instruction, l’imitation de ce qu’on lit, la répétition assez bien débitée de ce qu’on entend, avec tous ces mérites surchargés, on parvient souvent à une sorte de compilation de fond ou de style, décente, et qui fait fort honnëte contenance, en poésie la qualité fondamentale se dénote aussitôt, la substance des esprits s’y fait toucher dans le plus fin de l’étoffe ; aussi très-peu suffit pour qu’on ait rang, sinon parmi les grands, du moins entre les délicats, et qu’on soit, comme tel, distingué de la muse, de cette muse intérieure qui console : ce qui, j’en conviens, n’empêche pas d’être parfaitement ignoré du vulgaire, comme disent les poëtes, c’est-à-dire du public.

1743. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

De trop ingénieuses, de trop brillantes et à la fois bienveillantes critiques132 ont accueilli son récent volume pour que nous nous permettions d’y toucher en ce moment ; mais il ne dément en rien notre idée : persistance puissante, veine élargie ou plutôt grossie, et sans renouvellement.

1744. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

Joubert, pour qu’il demeurât à jamais gravé dans l’esprit : il suffît maintenant pour cela, en ouvrant son volume au hasard, d’avoir lu.

1745. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

Pourtant les dépêches écrites par M. de Ségur durant sa campagne d’Amérique avaient donné de sa prudence et de sa finesse d’observation une assez haute idée, pour qu’au retour M. de Vergennes songeât à le demander au maréchal son père, et à le lancer activement dans la carrière des négociations.

1746. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

Je les gardai longtemps avec les siennes comme deux reliques qui ne formaient qu’un seul être, et un jour que je me sentis près de mourir moi-même, je pris mon grand courage et je brûlai ces deux rouleaux, qui formaient deux volumes, pour que les deux cendres ne restassent pas après nous sur cette terre, mais que nous les retrouvassions au ciel où elles allaient avant nous.

1747. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

n’en revenait-il pas toujours, pour faire admirer un passage de la Genèse, à « la douceur majestueuse des paroles », et ne demandait-il pas seulement, pour que tous les esprits en reconnussent la beauté, « une bouche qui les sût prononcer », et « des oreilles qui les sussent entendre » ?

1748. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Il fallait que le pouvoir de l’Église fût détruit, pour qu’on pût rendre justice à la religion sans y croire.

1749. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

D’abord, il y a des chances pour que l’on soit heureusement doué et, par les qualités physiques et intellectuelles, au-dessus de l’ordinaire.

1750. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Il en est de l’Ode au comte du Luc et de quelques cantates du même auteur comme de ces chants d’un rythme brillant et facile qu’on fredonne involontairement ; notre âme n’y est pas tout entière, mais assez pour qu’elle ne soit pas à autre chose.

1751. (1887) Discours et conférences « Rapport sur les prix de vertu lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française »

« Quant à faire intervenir le sous-préfet ou le préfet en cette affaire, ajoute Mistral, c’est complètement inutile, attendu que ces messieurs sont trop souvent renouvelés et trop étrangers à notre vie pour qu’ils puissent se douter de ce qui se passe d’intime parmi nous. » Ce jour discret jeté sur ce qui se passe d’intime à Maillane vous a vivement touchés.

1752. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

Il n’a pas fallu moins qu’une révolution sociale, brisant la, prépondérance du monde, pour qu’une révolution du goût fit enfin renoncer à cette coutume de farder tout ce qui n’était pas réputé assez noble.

1753. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

Tels sont quelques-uns des traits que le protestantisme a donnés à la littérature éclose à son ombre, et si quelques-uns de ces signes particuliers tendent aujourd’hui à s’effacer, ils sont encore assez visibles pour qu’une observation attentive permette de constater à quel point un ensemble de croyances religieuses modèle les œuvres littéraires.

1754. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Lamoureux pour que la première représentation de Lohengrin, moyennant une convention financière, fût donnée au profit de la Société.

1755. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Elle lui rendait surtout, et utilement pour son talent d’artiste, les impressions et la fraîcheur du passé qu’il avait perdues dans sa vie un peu factice : « Mes souvenirs de jeunesse connaissent tout ce que tu me dis, lui écrivait-il ; cela me fait l’effet du lointain qu’on se rappelle tout à coup distinctement, quoiqu’on l’ait pendant longtemps oublié. » Il ne se prodigue pas pour elle, mais jamais il ne la rebute ; il lui donne la réplique tout juste assez pour qu’elle ne se décourage pas et qu’elle continue.

1756. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Et il en concluait qu’il ne faut jamais persécuter les vrais incrédules, les incrédules paisibles et sincères : attendez et ne regardez pas, il y a toute chance pour qu’il arrive un moment où, cet effort contre-nature venant à se relâcher, l’incrédule cessera de l’être.

1757. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame de La Vallière. » pp. 451-473

On peut conjecturer ce qu’elle devait moralement souffrir pour que la honte l’obligeât à une telle contrainte.

1758. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

Si elle tint quelque temps l’épée comme une guerrière, elle a beaucoup produit la plume à la main : non seulement elle a laissé des Mémoires intéressants et très véridiques, dont on a dit « qu’ils sont assez mal écrits pour que l’on puisse s’assurer qu’ils sont d’elle », mais on a encore de sa façon de petits romans, des portraits, des lettres.

1759. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

Lucas-Montigny m’a bien voulu confier, je trouve une traduction de l’Agricola de Tacite ; un petit Traité de l’inoculation, destiné à éclairer, à convaincre Sophie, pour qu’elle fît inoculer leur enfant ; un petit Abrégé de grammaire française, destiné aussi à cet enfant qu’ils avaient nommé Gabriel-Sophie.

1760. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

Mais j’ai voulu qu’il y en eût au moins une de cette sorte, pour que la collection ne fût pas toute riante et toute flatteuse.

1761. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Un peu plus loin, je lis cette autre pensée : Je connais quelques esprits métaphysiques auxquels je ne parlerai jamais des beautés de la nature ; ils ont franchi depuis longtemps les idées intermédiaires qui lient les sensations avec les pensées, et leur esprit s’occupe trop d’abstractions pour qu’on puisse leur faire partager les jouissances qui supposent toujours les rapports de l’âme avec des objets réels et extérieurs.

1762. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Mais, en le disant, j’insiste pour qu’à chaque nouveau départ ils ne soient jamais oubliés.

1763. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

Il fut besoin, pour qu’elle réussît, que l’auteur la mît en quatre actes, qu’il se mît en quatre, comme on disait, ou plus simplement qu’il ôtât, comme il le dit lui-même, une cinquième roue à son carrosse.

1764. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

Mais j’y ai été trop rarement pour qu’on ait pu, sans vouloir tromper Votre Éminence, appeler cela des assiduités.

1765. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

L’ouvrage ne fut remarqué que de quelques-uns : pour que les hommes fassent attention à un talent et à un génie, il faut qu’il leur apparaisse avec plénitude et surcroît, et qu’il leur en donne toujours un peu trop.

1766. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

C’était assez pour que les chefs de l’ordre, ceux même qui n’avaient nul grief personnel contre lui, se crussent dispensés à son égard, dans l’occasion, de tout procédé et de toute justice.

1767. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — II. (Fin.) » pp. 411-433

Je n’ai point à discuter le fond des choses : il suffit que la majorité des hommes en ces matières sente autrement que Volney pour que sa manière de voir, qui tend à s’imposer, soit fausse moralement.

1768. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre premier. Existence de la volonté »

Il faut, en conséquence, que nos membres aient d’abord été mis en mouvement par une simple diffusion spontanée et irréfléchie du courant nerveux, pour que nous puissions faire connaissance avec tel mode particulier de mouvement et, en nous représentant notre état général à ce moment, ainsi que nos sensations afférentes, reproduire volontairement la même motion.

1769. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

Il faut très longtemps pour que L’oeuvre ainsi tuée par une sorte d’envoûtement renaisse à la vie littéraire ; il faut que toute la littérature intermédiaire et imitatrice disparaisse dans l’oubli ; alors l’œuvre primitive, lavée et réhabilitée, s’offre à nouveau dans sa grâce première.

1770. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Il est de ces génies mal bridés exprès par Dieu pour qu’ils aillent farouches et à plein vol dans l’infini.

1771. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

Prométhée peut se dresser debout, quitte à soulever une montagne ; pour que Hamlet se redresse, il faut qu’il soulève sa pensée.

1772. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

La fibre musculaire a la propriété de se contracter ; toutefois, pour que cette fibre se contracte, il faut qu’elle y soit provoquée par quelque excitation qui lui vienne soit du sang, soit d’un nerf ; et, si rien ne change dans les conditions environnantes ou intérieures, elle restera en repos.

1773. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

Pindare fut certainement un grand poète ; plus à portée que nous d’en décider, toute l’antiquité l’a jugé tel, et elle s’y connaissait ; mais est-ce une raison pour que nous l’admirions comme des enfants jusque dans ses écarts même ?

1774. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

On a cru voir dans ces souvenirs (Recollections) une hostilité contre Byron ; et, de fait, si l’hostilité démontrée n’y est pas, la malveillance y est trop évidente ; pour qu’on puisse la contester.

1775. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « V. M. Amédée Thierry » pp. 111-139

Car, puisque les grandes questions étaient délaissées et qu’on voulait à tout prix les amusettes de la biographie, puisqu’on voulait regarder comment grimaçaient les flancs de cette Coupe de colère creusée assez profond par le Tout-puissant Potier pour que celle qu’il y versait couvrît et submergeât le monde, pourquoi l’auteur d’Attila n’a-t-il pas insisté sur ses vices ?

1776. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Philarète Chasles » pp. 147-177

mais d’une grandeur sinistre, — quelque chose de chauffé et de recuit au feu de l’enfer de sa haine du p…, comme il disait, le mot prêtre lui paraissant trop effrayant pour qu’il voulût jamais l’écrire.

1777. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

Il veut s’épanouir en toutes choses, pour que toutes choses s’épanouissent en lui.

1778. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

Élevez-le, pour qu’à sa hauteur ne puisse monter le bruit des pas de l’impiété « Élevez, élevez le royal étendard dont l’aspect précipita les dieux de l’ancien paganisme du haut de leur Olympe dans l’abîme.

1779. (1925) Comment on devient écrivain

Pour que le bruit éclate, il faut que le livre plaise, qu’il réponde à ce qu’attend le public.‌ […] Pour qu’un roman soit intéressant, il n’est pas absolument nécessaire que les personnages soient nombreux. […] C’est le résultat d’une application constante. » Les souvenirs personnels sont à la portée de tout le monde ; ce n’est pas une raison pour que tout le monde y excelle. […] Je ne recommanderai pas longuement la lecture de Jules Lemaître, Émile Faguet et Brunetière, encore trop proches de nous pour qu’on les ait oubliés. […] L’article ne souleva pos une protestation ; pas une rectification n’en détruisit l’heureux effet et, pour que la honte fût complète, trois mois après, je recevais l’ordre du Christ du Brésil !

1780. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

L’erreur de Lamotte consiste à vouloir mettre de la philosophie dans la tragédie et de l’orthodoxie dans les passions : « Le sujet, dit-il, tel qu’Œdipe nous l’a laissé, m’a toujours paru vicieux par cette fatalité tyrannique… Une pareille idée ne pourrait que jeter les hommes dans le désespoir ; et, loin qu’il fût raisonnable de leur insinuer cette erreur, il aurait fallu lui cacher à jamais une si triste vérité, si nous étions assez malheureux pour que c’en fût une. » Il est bien question au théâtre de vérité, de raison, de saine morale ; il n’est question que d’exciter les passions, et par cet objet même le théâtre est essentiellement vicieux, puisqu’au contraire toute bonne institution a pour but de réprimer les passions. […] Peu de chevaliers ont joué un assez grand rôle dans le monde pour qu’ils puissent être les héros d’une tragédie : Le Cid même n’est regardé que comme une tragi-comédie. […] Voltaire sentit le danger, et se hâta d’y remédier en habile homme qui savait conduire autre chose que des intrigues de tragédies ; il se fit écrire, par un de ses compères nommé La Lindelle, une lettre qu’on n’a pas négligé d’insérer dans ses œuvres ; le style en est assez déguisé pour qu’on n’y reconnaisse pas la plume de Voltaire. […] Et comment la blessure faite au héros, par un homme mourant, est-elle assez grave pour qu’il en coule des flots de sang ? […] Si la réforme n’est pas encore assez avancée pour que les vices soient honteux, du moins les vertus ne sont plus ridicules ; le bon sens a repris quelques-uns de ses droits : un mari peut aujourd’hui aimer sa femme, avoir pour elle des attentions et des égards, sans être pour cela perdu dans le monde, et réduit à quitter la cour et la ville pour se confiner dans un désert.

1781. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

une âme, une âme seule qui jettera un peu de sable humide de ses larmes sur ma poussière, et qui mettra en ordre ce que je laisserai ici-bas pour que nul ne dise : « Il m’a emporté en mourant quelque chose de ce qui était à moi » ; mais plutôt : « Il est mort pauvre, mais il n’a appauvri personne. » Quant à l’éternelle réunion de ces âmes chéries dans le sein du maître doux, clément et miséricordieux, je ne m’en inquiète pas, je m’y fie comme l’enfant se fie à sa mère, et ma confiance même est ma preuve d’immortalité. […] Qu’on ne lui parle pas de protecteurs, ils se ressemblent tous, plus ou moins : ils ne donnent que pour qu’on leur rende, ou, s’ils donnent gratuitement, c’est qu’il ne leur en coûte nulle peine ; leur indifférence n’irait pas jusque-là.

1782. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

Et à l’égard de ces hommes, c’était une ardeur si extravagante, si maladive, si démente, qu’elle — l’honnêteté en personne autrefois — nous volait, nous prenait des pièces de vingt francs sur des rouleaux de cent francs, pour que les amoureux qu’elle payait ne la quittassent pas. […] Parce qu’il donnait des pensions pour qu’on le chantât….

1783. (1925) La fin de l’art

Grève du pain J’ai une grande sympathie pour ces gens qui travaillent la nuit, pendant que je me repose, qui peinent pour que j’aie à mon réveil un tas de petites satisfactions quotidiennes, sans lesquelles ma vie serait gâtée, et quand je pense à eux, c’est toujours avec reconnaissance. […] Il y a là une contradiction qui nous est plus sensible que jamais entre la nature agitée du premier plan et la nature figée des lointains, pas assez lointains pour qu’il fût admissible d’y voir les choses légères dans une telle immobilité.

1784. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

Et maintenant, si nous passons au lourdaud de marié et à sa fiancée à la large face, pour obscurs et imparfaits qu’ils soient, ils ne s’en vont pas moins, comme nous, dans la vie et vers l’inconnu ; en faut-il davantage pour que nous leur soyons amis ? […] « Nous montrons le mécanisme de l’utile et du nuisible, nous dégageons le déterminisme des phénomènes humains et sociaux, pour qu’on puisse un jour dominer et diriger ces phénomènes73. » Le « circulus social » est identique au circulus vital ; dans la société comme dans le corps humain, il existe une solidarité qui lie les différents membres, les différents organes entre eux, de telle sorte que, si un organe se pourrit, beaucoup d’autres sont atteints, et une maladie très complexe se déclare.

1785. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Tour à tour et en même temps poète dramatique et lyrique, romancier, historien, voyageur, critique d’art, philosophe, naturaliste, musicien, botaniste, dessinateur, chimiste, ayant à peu près traversé toutes les catégories de l’esprit humain, Gœthe n’était pas, bien évidemment, venu comme cela d’une seule coulée, et son œuvre a trop de faces pour que nous ne soyons pas obligé de les disjoindre pour les juger… Or, le plus large et le plus beau de ces morceaux qui forment la mosaïque de Gœthe, celui que probablement il estimait le plus, — si son orgueil, surexcité par le bonheur insolent de toute sa vie, ne le faisait pas s’avaler tout entier dans ses moindres miettes, comme une hostie, — devait être certainement son théâtre, Nous prendrons donc son théâtre d’abord pour le juger. […] Il n’avait pas plus le génie du cœur que l’autre génie… Il y a dans son Voyage à Rome une aventure d’amour — vertueux — avec une jeune et ravissante Milanaise, qui peint trop bien Gœthe pour que je ne la raconte pas en cette étude sur sa nature intellectuelle et morale, c’est-à-dire sur la valeur absolue de cet homme si étrangement et si prodigieusement surfait.

1786. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

Elle élimine de sa substance tout ce qui n’est pas assez pur, assez résistant et souple, pour que Dieu l’utilise. […] C’est précisément pourquoi nous hésitons à classer les prophètes juifs parmi les mystiques de l’antiquité : Jahveh était un juge trop sévère, entre Israël et son Dieu il n’y avait pas assez d’intimité, pour que le judaïsme fût le mysticisme que nous définissons.

1787. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Mais comme il n’y a de combat dans ce monde que pour qu’il y ait un vainqueur et un vaincu, toutes les fois que le principe du sens commun ne peut pas vivre avec le principe contraire, il faut qu’il l’emporte. […] Son esprit en varie les tours à l’infini : offres de tout quitter, prière réitérée qu’on ne le ménage point, et qu’on se dispense avec lui des respects humains ; humbles instances pour qu’il y ait décision ; c’est trop peu : sommation qu’on en finisse avec lui, promesse de se taire, de s’aller cacher, de faire pénitence ; déclarations sans cesse répétées d’humilité et de petitesse : « Réglez-moi tout ce que vous voudrez ; j’aime autant me rétracter aujourd’hui que demain ; traitez-moi comme un petit écolier, etc. » Mais voyez le fond de toutes ces demandes de prompte décision : ce sont autant de défis portés à ses juges de rien décider, car il ajoute : « Qu’on me fasse voir clair ; qu’on précise, qu’on marque les termes » ; comme s’il n’avait pas d’avance mille échappatoires pour se dérober aux décisions ! […] De brûler Mme Guyon de sa propre main, et de se brûler lui-même ; ce qui fait dire à Bossuet : « Il n’y a rien à brûler ici. » On sourit de ces expressions, qui lui partent trop fréquemment pour que la sincérité n’en perde pas de son prix : Je le signerai, je l’eusse signé, je suis prêt à le signer de mon sang.

1788. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

Enfin, sans quelque puissance active, rien ne serait, car selon le mot de la scolastique, le néant ne peut rien produire ; mais, arrivée à ces dernières idées, qui sont le fond de toute raison humaine, et qui ne peuvent se ramener à d’autres, la métaphysique est désarmée, car il suffit que quelqu’un vienne dire : Je n’ai pas besoin de telles idées, pour qu’il soit impossible de lui prouver qu’il en a besoin. […] D’ailleurs, pour que l’appréciation fût entièrement équitable, il ne faudrait pas rester sur le terrain de la philosophie abstraite. […] L’idéaliste austère, réfugié dans l’enceinte de sa pensée, divinise cette pensée même, et croit que ce dieu est trop grand pour qu’aucune puissance, même la puissance absolue, atteigne jamais à cette grandeur !

1789. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

C’est Barrès qui insista pour que Bremond modifiât son plan et développât son projet avec une telle ampleur que son oeuvre, qui comprend déjà six volumes, rappelle par ses proportions, son mouvement, son autorité, le Port-Royal, de Sainte-Beuve. […] J’opine pour qu’il soit souterrain et pour qu’on mette un écriteau sur le bar de la Paix où sera écrit : Ici on parle français. » Je devine, se dit Xavier : le nouveau bar de la Paix, il se trouve 46, rue du Bac, d’où je sors. […] Au lycée de Châteauroux, il doit décider tout ce que tranche une conscience : « S’il fallait reculer la composition, ouvrir une fenêtre, si Tibulle vraiment l’emporte sur Properce. » Une vie large, une âme sans bornes… Simon les doit, affirme-t-il aussitôt, à ses fragiles professeurs : « Je leur devais, en voyant un bossu, de penser à Thersite, une vieille ridée à Hécube ; je connaissais trop de héros pour qu’il y eût pour moi autre chose que des beautés ou des laideurs héroïques.

1790. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Et qu’on ne dise pas que cette haine des Romains pour la philosophie n’était dirigée que contre la doctrine d’Épicure : le vieux Caton ne voulut-il pas renvoyer de Rome Carnéades, Diogène et Critolaüs, trois philosophes grecs députés au sénat, pour qu’ils n’eussent pas le temps d’infecter les esprits de leurs opinions ? […] Ces jeux fantastiques, ces courses des ombres au milieu des tourbillons et des orages, ressemblent trop au néant, pour que l’âme se repose et s’étende avec quelque charme dans un avenir aussi désert, où rien n’a de la consistance et de la réalité. […] Quelques traits de ce personnage avaient été indiqués dans les prophètes, mais d’une manière assez vague pour que l’auteur moderne, en le peignant, eut toute la liberté nécessaire à l’invention poétique. […] Le panégyriste de Descartes et de Marc-Aurèle est trop connu pour que vous n’accordiez pas encore quelque place à son souvenir ; et d’ailleurs la critique trouvera bien rarement un texte plus instructif et plus fécond. » Et il continuait : « Thomas eut des détracteurs, etc., etc. », comme ci-dessus.

1791. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Elle termine en disant, avec raison et d’une voix colère, que le peuple n’a pas d’argent pour faire des provisions, qu’il a besoin d’acheter, au jour le jour, et que toujours, toujours, les choses sont arrangées pour que le pauvre pâtisse, et que le riche soit épargné. […] Que fit-il, il alla à une ambulance, favorisée de blessés, et versa 3 000 francs, oui 3 000 francs, pour qu’on lui en cédât un. […] J’allais trouver Sainte-Beuve, pour qu’il me donnât une lettre de recommandation. […] Et toujours l’on attend, l’on interroge, l’on se fait dire par tous : Tout va bien, — ce « tout va bien » — que chaque cavalier est obligé de répéter, pour qu’on le laisse passer.

1792. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

          Où les rois sont assis, Pour que sa volupté, sa gaîté, sa débauche Devienne, on ne sait quoi de lugubre, où s’ébauche. […] Le nez de Cléopâtre, s’il eût été plus court, il n’y en avait pas moins vingt autres raisons pour qu’Octave vainquît au promontoire d’Actium, et que tout ce qu’il était, joint à tout ce qu’il représentait, triomphât de tout ce qu’était l’amant de l’Égyptienne. […] Pour que l’énormité de cette maxime d’État commence d’être comprise, il va falloir maintenant attendre près de cent ans, jusqu’à Voltaire ; et, aujourd’hui même, l’horreur en est-elle bien connue ? […] Pour qu’il apparût clairement que la religion était contradictoire à ce besoin de nouveauté qui se faisait jour partout alors, il avait suffi qu’on voulût lui soumettre ou lui annexer le domaine littéraire. […] Pour que le progrès soit possible, il faut que nous puissions compter, en quelque sorte, sur la nature, et que, de siècle en siècle, ses révolutions ou ses caprices n’anéantissent pas notre science en en métamorphosant, en en subtilisant, si je puis ainsi dire, ou en en détruisant l’objet.

1793. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

L’impression que laisse le tableau est trop compliquée pour qu’on puisse la résumer banalement ; aussi la foule réserve-t-elle son jugement sur les œuvres d’art, jusqu’à ce qu’elle soit arrivée devant de l’imagerie moins troublante. « C’est du papier peint !  […] — afin que je sois digne De voir passer en rêve un ange au vol de cygne, Pour que mon âme brûle avec les encensoirs ! […] Il semble presque que la langue ait créé ce mot justement sous cette forme pour que le poète put l’employer en cet instant précis. […]            Pour que tu cèdes à mes pleurs,         Ma main a dévidé des fils de sept couleurs. […] » dit Barrès soudain avec vivacité, comme si la question l’intéressait. « Est-ce que vraiment notre temps est assez peu spontané pour que nous ne possédions qu’une seule façon d’exprimer nos sentiments ?

1794. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Ce feu d’artifice, prodigieusement multiple et complexe, monte et se renouvelle incessamment par des myriades de fusées ; mais nous n’en apercevons que la cime… » Renan semble avoir prévu la peinture impressionniste lorsqu’il a dit : « De ce qu’une chose est éphémère, ce n’est pas une raison pour qu’elle soit vanité. […] Il faut que le mari s’amuse, sinon bruyamment, du moins assez haut pour qu’on le dise tout bas, et que la femme soit irréprochable de tenue, quitte à faire silencieusement tout ce que bon lui semblera. […] Cabariot. — Pour me faire voir, pour qu’on apprécie ce que je vaux, et puis surtout pour les mères, les mères calées. […] Rien de plus n’y est ajouté que l’adjectif possessif par lequel, avec des râles de fureur, on lui constitue la pleine et large disposition de la chose nommée, comme pour qu’elle l’emporte où elle voudra et qu’elle n’asseye plus jamais ça dans la maison. […] Ce livre est assez connu du public pour qu’il soit superflu d’en conter les péripéties et d’en faire ressortir le mérite.

1795. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Si je n’ai pas pour vous couronner les violettes et les bandelettes d’Alcibiade, je saurai du moins tresser ces verveines avec assez d’art pour qu’elles n’offusquent point votre grand front lumineux. […] Ensuite, elle grandit, prend assez d’éclat pour qu’il soit possible d’en entrevoir toutes les nuances, ses contours se distinguent avec précision de ce qui n’est pas elle. […] Dante fait comme vous, Marcel ; trouvant difficulté au sens de ces paroles, il s’adresse à Virgile pour qu’on les lui explique. […] Ensuite Béatrice ordonne à Mathilde (nous avons vu comment Virgile a disparu) de plonger Dante dans les eaux du Léthé pour qu’il y perde la mémoire de ses péchés, puis dans l’Eunoé, fleuve divin, où il retrouve le souvenir du bien qu’il a fait. […] Que s’est-il donc passé dans le mystère des eaux profondes pour qu’elles aient ainsi changé d’aspect et d’accent ?

1796. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

L’empereur, quelque ennemi qu’il fût des idéologues, ne pouvait s’empêcher de reconnaître en lui-même que, sans la poésie et l’art, un règne n’est pas complet, et il entretenait, à raison de six mille livres de rente, quelques auteurs tragiques pour que l’espèce ne s’en perdît pas. […] Son ambition, il n’en eut qu’une, c’était d’être de l’Académie  L’Académie aura ce chagrin, qu’il soit mort trop tôt pour qu’elle ait pu accomplir ce souhait tout, littéraire. […] comme il tendait à les briser pour qu’elles résonnassent plus fortement toutes les cordes de son âme et de son esprit ! […] Ceux qui se sacrifient à l’idéal sont assez rares pour que leurs orphelins soient sacrés. […] Lui aussi est « un jeune mort », et il n’a pas fallu beaucoup d’années pour qu’il allât rejoindre dans la tombe, de Villarceaux, Destroyes et les autres.

1797. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Ainsi se présente le quatorzième siècle de l’Italie, avec son éclat, sa belle langue, son harmonie, que le Dante lui-même avait imitée des troubadours provençaux, mais en les effaçant trop, pour qu’on les nomme après lui. […] Roland, abandonné, veut briser son épée, pour qu’elle ne tombe pas dans les mains des ennemis de la foi ; à chaque coup qu’il porte, il fait sauter des rocs énormes. […] Pour qu’un autre intérêt s’attache à ces productions, dans notre siècle d’analyse, il faudra tantôt y chercher le caractère et le progrès de la langue, tantôt l’esprit du temps, tantôt l’œuvre du talent, c’est-à-dire mettre quelque étude à distinguer ce qui était la pensée commune, et ce qui fut la pensée poétique d’un homme. […] Vos yeux doivent la regarder, pour que vous ne tombiez en orgueil ; car orgueil ne doit pas régner dans un chevalier ; il doit toujours tendre à la simplicité. — Tout cela est fort beau à entendre, dit le roi ; il ne me déplaît pas.”

1798. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

Et pour que rien ne manque à cet épisode assez piquant du cardinal, ajoutez qu’au moment où il s’en retourne à Poitiers, plusieurs de ses gens, de ceux de son hôtel, l’abandonnent et s’en viennent, alléchés par l’honneur du combat, se mettre en l’armée des Français, sous le châtelain d’Amposte ; ce dont le bon cardinal ne s’aperçoit point.

1799. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

S’il leur arrive quelque chose, soit maladie, soit affliction, il faut tout quitter pour demeurer auprès d’eux : et, en pareil cas, ils en sont quittes à votre égard pour des compliments, ou tout au plus pour une visite ; et vous sentez le peu d’intérêt qu’ils prennent à vous : il y a trop d’inégalité dans un tel commerce pour qu’il soit aimable.

1800. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

Il a trop bonne opinion de moi pour que je ne perde pas à me montrer.

1801. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

Lorsque, vainqueur et conquérant de Valence, il a fait hommage de sa terre au roi Alphonse comme à son seigneur et a obtenu de lui de laisser venir Chimène et ses deux filles qu’il n’a pas revues depuis cet adieu déchirant, le Cid va à leur rencontre ; il les reçoit avec honneur dans cette belle ville qu’il se flatte de leur avoir gagnée en héritage, et il les fait monter sur un endroit élevé pour qu’elles puissent embrasser du regard leur conquête ; mais un ennemi nouveau se présente ; le roi de Maroc vient de delà la mer, pour assiéger le conquérant à son tour.

1802. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Quelques jours auparavant, Arouet, trouvant cet officier à Versailles, avait dit, assez haut pour qu’il l’entendît, que c’était un malhonnête homme et un espion.

1803. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

Vous sentez bien que, pour que le Gouvernement français nous ait chargés de visiter les prisons d’Amérique, il faut que nous soyons des hommes de la première volée.

1804. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Seulement cette répétition qui, chez Homère faisant parler Hector, accentuait un sentiment héroïque et belliqueux, Virgile, qui n’oublie rien et qui ne fait rien comme un autre, Virgile, en s’en emparant, la transpose aussitôt sur le mode sensible et pathétique ; il la dépayse si je puis dire, pour qu’elle ne soit pas trop reconnaissable : voilà un des traits de son art ; le coup de clairon redoublé est devenu, grâce à lui, un écho de flûte plaintive ; il a soin de le reporter, ainsi adouci, et de le confondre dans son imitation du guerrier mort, gisant si loin de son berceau : cette imitation s’en relève et prend un tour original qui n’est plus de l’Homère : c’est du Virgile, et l’on a un admirable exemple de plus du genre de beauté poétique qui lui est propre et qui se désigne de son nom.

1805. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [IV] »

Était-ce une raison pour qu’à l’épreuve il ne sût point conduire une troupe au feu ?

1806. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

Dom Gervaise faillit tout perdre ; Saint-Simon nous a raconté les détails longtemps secrets et vraiment étranges qui amenèrent le nouvel abbé à une démission forcée ; il fut lui-même trop employé à la Cour dans cette affaire pour qu’on puisse douter des circonstances qu’il affirme et qu’il n’a aucun intérêt, ce semble, à surcharger.

1807. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Mais ce qu’il y a d’incomplet dans l’exposition de l’auteur, ce qu’il y aura toujours d’inconnu dans la science historique future, n’est pas un motif, on le sent, pour que l’adhésion individuelle demeure indéfiniment suspendue.

1808. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Il a fallu que j’arrivasse à trente ans, que mes observations se soient mûries et condensées, qu’un jet de lumière les ait même encore éclairées, pour que je pusse comprendre toute la portée des phénomènes dont j’ai été le témoin ignorant. » Il fallut peut-être à M. de Balzac, pour éveiller et ressusciter cet ancien Lambert enseveli en lui, qu’un éclair lui vînt, tombé du front d’Hébal, ce noble frère de la même famille.

1809. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

Voltaire est merveilleusement apprécié ; je remarquerai seulement et signalerai à l’auteur, pour qu’il le revoie peut-être, un certain paragraphe de la page xlii 21, qui offre beaucoup d’embarras et de pesanteur dans la diction : je ne voudrais pas qu’on pût dire que le malin a porté malheur, sur un point, à qui l’examine avec tant de conscience et avec une profondeur si sérieuse, éclairée du goût.

1810. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

On pourrait, sans trop de plaisanterie, soutenir que, pour que cette édition si conforme fût devenue possible et nécessaire, il fallait simplement une chose, c’est que Napoléon fût venu et qu’on eût dit de lui qu’il était le plus grand écrivain du siècle.

1811. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

Ce dernier point n’est vrai que de quelques-uns sans doute, mais l’est assez pour qu’on y voie un trait de caractère.

1812. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires sur la mort de Louis XV »

M. d’Aumont, plus verbeux que personne, faisait plus de phrases ; mais, plus timide et plus sot, il n’était d’aucun avis ; son fils290 était un peu plus décidé pour qu’on cachât absolument au roi la nature de son mal, et M. de Bouillon voulait qu’on ne lui laissât rien ignorer.

1813. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Discours préliminaire » pp. 25-70

L’espèce humaine se renouvelant toujours, un individu ne peut faire de vide que dans l’opinion ; et pour que cette opinion existe, il faut avoir un moyen de s’entendre à distance, de se réunir par des idées et des sentiments généralement approuvés.

1814. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre I »

Dans les correspondances manuscrites, je vois les syndics et maires de village estimer la quantité des subsistances locales, tant de boisseaux dans les greniers, tant de gerbes dans les granges, tant de bouches à nourrir, tant de jours jusqu’aux blés d’août, et conclure qu’il s’en faut de deux, trois, quatre mois pour que l’approvisionnement suffise. — Un pareil état des communications et de l’agriculture condamne un pays aux disettes périodiques, et j’ose dire qu’à côté de la petite vérole qui, sur huit morts, en cause une, on trouve alors une maladie endémique aussi régnante, aussi meurtrière, qui est la faim.

1815. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

Mais Boileau n’avait pas lui-même le tempérament assez lyrique, et notre langue était trop pauvre alors en poésie lyrique, pour qu’il arrivât à définir exactement l’essence du genre.

1816. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

Quelques farces, une dizaine peut-être, proviennent directement de fabliaux : mais trop de farces sont perdues, et trop de fabliaux, pour qu’on puisse conclure sur le rapport qui unit les deux genres.

1817. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

» Elle, au contraire, le persécute pour que ce poète ne fasse plus de vers.

1818. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Pour qu’un jeune homme se marie sans amour, 25 ou 50 000 livres de rente chez une veuve, 500 000 francs de dot chez une ingénue sont des arguments sans réplique ; et le devoir de rompre un amour coupable est impérieusement dicté par la nécessité de ne pas nuire à sa carrière : cela dispense de pitié, de délicatesse, et d’honneur.

1819. (1894) Propos de littérature « Chapitre V » pp. 111-140

Griffin, car elle se révèle trop franchement pour qu’on n’en ait point saisi depuis longtemps l’aspect.

1820. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

Elle ne lui dit pas ce qu’il aurait à faire de sa personne pour que ces vœux s’accomplissent, et pour mériter sa part dans le bien commun.

1821. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

En attendant, je me contente d’un récit qui m’en apprend assez sur les causes de la guerre pour que je ne confonde pas cette conquête manquée avec une guerre juste, et l’ambition du roi avec la querelle de la France ; qui des luttes intérieures de la Hollande fait ressortir cette triste vérité, que l’invasion même ne réconcilie pas les partis ; qui m’intéresse aux deux nations, à la Hollande par la justice et par le respect du faible, à la France par le patriotisme et l’amour de la gloire ; qui, parmi plusieurs portraits d’un dessin aussi juste que brillant, me laisse imprimées dans l’esprit les deux grandes figures royales du siècle, Louis XIV et Guillaume III, esquissées comme certains croquis de grands maîtres, dont le crayon ne laisse plus rien à faire au pinceau.

1822. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

Soyons César, Cyrus, Hamlet et s’il nous prend fantaisie d’être Don Juan, le passé est assez riche en héroïnes de tout genre, pour que nous puissions y cueillir des trophées à loisir.

1823. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Appendice »

Le bonheur n’est pas quelque chose d’assez saint pour qu’il ne faille l’accepter que d’une parfaite raison.

1824. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

Roland, trahi, surpris par une nuée de Sarrasins, s’obstine à ne pas sonner du cor, pour qu’on n’accuse de lâcheté ni lui, ni ses parents, ni la France.

1825. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Discours préliminaire, au lecteur citoyen. » pp. 55-106

Pour qu’on ne m’accuse point, comme on l’a déjà fait sans raison, d’outrager la mémoire de M.

1826. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIV, l’Orestie. — Agamemnon. »

Avant de la quitter, Clytemnestre lui jette cette menace ambiguë : — « Certes, cette femme est folle : pour qu’elle se plie au frein, il faudra qu’elle l’ait rougi d’une salive sanglante. » — C’est proposer une énigme au Sphinx : la devineresse qui lit dans les âmes sait déjà qu’elle est condamnée.

1827. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

Le jeune homme se risque à lui avouer son amour ; madame de Rohan insiste pour qu’elle se déclare.

1828. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

Saint-Just n’en désespère pas ; l’échafaud de Louis XVI est le premier moyen : La République, dit-il, ne se concilie point avec des faiblesses : faisons tout pour que la haine des rois passe dans le sang du peuple ; tous les yeux se tourneront alors vers la patrie.

1829. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

Pour que la science engendrât les conclusions certaines que l’opinion populaire lui attribue, il serait nécessaire que le déterminisme causal, dans lequel l’esprit humain a placé sa confiance, prît son point d’appui sur une cause première, que la nature même de l’esprit se refuse à concevoir et, qu’en fait, l’intelligence scientifique n’atteint jamais.

1830. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

« Il n’y a pas de pouvoir sur la terre, dit-il, qui puisse empêcher que l’égalité croissante des conditions ne porte l’esprit humain vers la recherche de l’utile, et ne dispose chaque citoyen à se resserrer en lui-même. » Il y a en effet bien des raisons, et trop longues à énumérer, pour qu’il en soit ainsi ; je ne sais cependant s’il faut dire : « La doctrine de l’intérêt bien entendu me semble la mieux appropriée aux besoins des hommes de notre temps.

1831. (1767) Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes

Plus une langue a de syllabes douces, et moins elle en a de sonores, plus il faut d’attention pour que la mélodie n’en soit pas trop molle, et pour ainsi dire trop efféminée.

1832. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

Cependant c’est un échantillon de la beauté universelle ; mais il faut, pour qu’il soit compris, que le critique, le spectateur opère en lui-même une transformation qui tient du mystère, et que, par un phénomène de la volonté agissant sur l’imagination, il apprenne de lui-même à participer au milieu qui a donné naissance à cette floraison insolite.

1833. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre III. De la nature du temps »

Or, rien ne nous empêche d’imaginer autant de consciences humaines qu’on voudra, disséminées de loin en loin à travers la totalité de l’univers, mais juste assez rapprochées les unes des autres pour que deux d’entre elles consécutives, prises au hasard, aient en commun la portion extrême du champ de leur expérience extérieure.

1834. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VI. De la politique poétique » pp. 186-220

La résistance de Sagunte, arrêtant pendant huit mois la même armée qui, après tant de pertes et de fatigues, faillit triompher de Rome elle-même dans son Capitole ; la résistance de Numance, qui fit trembler les vainqueurs de Carthage, et ne put être réduite que par la sagesse et l’héroïsme du triomphateur de l’Afrique, n’étaient-elles pas d’assez grandes leçons pour que cette nation généreuse unît toutes ses cités dans une même confédération, et fixât l’empire du monde sur les bords du Tage ?

1835. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XI. »

Et, pour que rien ne manque il la terreur de cette scène, c’est Clytemnestre elle-même qui introduit Cassandre à la fête lustrale préparée dans le palais d’Agamemnon, et bientôt ensanglantée par sa mort.

1836. (1886) Le roman russe pp. -351

En dehors de quelques esprits dégagés de préventions, un Ballanche par exemple, il a fallu du temps pour qu’on saisît la relation de l’effet à la cause ; aujourd’hui, ces vérités sont dans l’air, comme on dit ; leur évidence est telle qu’à y insister plus longuement, je craindrais d’être taxé d’ingénuité. […] Cette vue paraîtra peut-être un peu trop nouvelle au lecteur français pour qu’il l’accepte ; elle est familière au monde savant en Russie, où quelques philosophes se réclament directement de la doctrine du Bouddha et vantent avec fierté la pureté de leur sang aryen. […] La nature et l’histoire leur faisaient une condition trop médiocre, la face réelle des choses leur apparaissait trop chagrine ; leur imagination se réfugia dans ce monde de secours, ébauché au-dessus de l’autre par un jeu divin du Créateur, pour que l’homme y refasse sa vie libre et charmante, sur le modèle fantastique de ce qui aurait pu être. […] Il y avait une autre raison pour que la succession du romantisme s’ouvrît à bref délai. […] Pierre le Grand poussait ses sujets au dehors, pour qu’ils respirassent l’air d’Europe ; Nicolas retint les siens par force : les passeports, mis au prix exorbitant de cinq cents roubles, ne furent délivrés qu’avec les plus grandes difficultés.

1837. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Il suffit souvent d’une négligence de détail, telle par exemple que le mouvement intempestif d’un figurant au milieu d’une scène pathétique, pour détourner le cours de l’influx nerveux, que l’esprit emploie immédiatement à des coordinations tout à fait étrangères à l’œuvre représentée sous nos yeux, ou pour que cette force nerveuse se dissipe brusquement en se jetant sur les muscles du rire. […] Or, au théâtre, le tact ne peut pas s’exercer, et la distance est toujours assez grande pour que les sensations tactiles associées aux sensations optiques soient excessivement faibles, car ce ne sont que des réminiscences. […] Par conséquent, pour que notre illusion soit suffisante, le théâtre ne nous doit que des apparences. […] En se plaçant à ce point de vue, on s’aperçoit bien vite que l’art du costume tragique a encore un progrès nécessaire à faire pour que la réforme soit complète et que la mise en scène s’accorde avec les conceptions dramatiques. […] Quand la situation est de nature à faire éprouver au spectateur un sentiment quelconque, l’orchestre s’en empare, ajoute à la sensation éprouvée toute la puissance musicale, détermine dans l’être du spectateur un ébranlement nerveux, jette l’âme dans un trouble profond et la tient sous l’empire d’un sentiment assez intense pour qu’elle ne puisse se soulager que par les larmes du poids qui l’oppresse.

1838. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

Il s’arrête à ce moment, change de ton, regarde autour de lui, pour qu’on le comprenne :     Je pense Qu’il est bon que chacun s’accuse ainsi que moi Car on doit souhaiter, selon toute justice,     Que le plus coupable périsse. […] Pour que les moeurs puissent s’ennoblir, la pensée doit se développer ; ici l’esprit reste engourdi comme celui d’un cheval de labour, et pour les mêmes causes.

1839. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Nous n’aimons pas assez la liberté pour que le goût capricieux qu’elle nous inspire puisse nous relier énergiquement dans une exaltation commune et durable. […] Pour qu’un seul homme, toutefois, pût réaliser complètement un dessein aussi formidable, il fallait qu’il se fût assimilé tout d’abord l’histoire, la religion, la philosophie de chacune des races et des civilisations disparues ; qu’il se fit tour à tour, par un miracle d’intuition, une sorte de contemporain de chaque époque et qu’il y revécût exclusivement, au lieu d’y choisir des thèmes propres au développement des idées et des aspirations du temps où il vit en réalité.

1840. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

Bernheim a souvent opéré cette transformation en posant la main sur le front du dormeur et en disant : « Dormez tranquillement, ne nous éveillez pas. » Le contact, dit Lehmann, éveille à demi le dormeur, assez pour qu’il soit capable d’entendre ce qu’on lui dit : il reconnaît la voix du médecin et, étant accoutumé à obéir aux ordres provenant de cette source, il continue de dormir ; mais son attention est désormais dirigée vers l’hypnotiseur, de manière à être en rapport avec lui. […] De là nos psychologues se sont empressés de conclure : — Pour que l’objet présent cesse d’être vu par la personne normale, il faut qu’il soit reconnu par un autre personnage subconscient, comme étant l’objet qu’on a ordonné de ne pas voir ; c’est donc le personnage subconscient, développé par l’hypnotisme, qui, après le réveil, « prend pour lui la vue de cet objet » dont il a conservé le souvenir194. — Selon nous, il ne faut pas multiplier ainsi les êtres sans nécessité, et on ne doit s’écarter que le moins possible des explications ordinaires pour expliquer l’extraordinaire.

1841. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

Le zend ou l’assyrien n’ont pas été créés pour qu’on les enseignât dans une chaire du Collège de France ou de l’Université de Berlin ; l’érudition n’a pas son objet en elle-même ; et de même que les sciences juridiques ne sauraient se détacher d’une philosophie du droit, les sciences historiques ne sont qu’une curiosité vaine, si leurs moindres recherches ne tendent pas à la philosophie de l’histoire. […] Il a donc voulu revenir, à plusieurs fois, sur cette grande question, et on lit, dans la Lettre aux cardinaux français, du 3 mai 1892 : Nous l’avons expliqué, et nous tenons à le redire, pour que personne ne se méprenne sur notre enseignement.

1842. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

Si, enfin, nous regardons comme admirable l’ingénieux mécanisme au moyen duquel les fleurs des Orchis et de beaucoup d’autres plantes sont fécondées par l’intermédiaire des insectes, pouvons-nous considérer comme une combinaison ingénieuse et également parfaite, que nos Sapins élaborent chaque année des nuages de pollen inutile, pour que seulement quelques-uns de leurs granules soient emportés au hasard de la brise sur les ovules qu’ils fécondent ? […] Celle-ci a besoin d’être accumulée pour que sa présence soit dévoilée au moyen de nos instruments et c’est ainsi que nous nous sommes rendu compte du manque de chaleur des animaux dits à sang froid… » Quant aux autres cas de phosphorescence animale, il ajoute : « On sait que l’on aperçoit pendant la nuit sur la mer de grandes traînées lumineuses, et que ce fait, attribué autrefois à l’entre-choquement des vagues, à l’électricité, aux gaz phosphorés formés par la putréfaction des mollusques, paraît aujourd’hui dépendre de la présence d’un grand nombre d’animalcules microscopiques phosphorescents.

1843. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

J’inclinais à demeurer dans cet endroit, et à y passer le reste de la journée ; mais l’abbé m’assurant que la contrée était assez riche en pareils sites pour que nous pussions mettre un peu moins d’économie dans nos plaisirs, je me laissai conduire ailleurs, mais ce ne fut pas sans retourner la tête de temps en temps. […] Il observait, à cette occasion, que la plupart des jeunes élèves qui allaient à Rome copier d’après les anciens maîtres, y apprenaient l’art de faire de vieux tableaux : ils ne songeaient pas que, pour que leurs compositions gardassent au bout de cent ans la vigueur de celles qu’ils prenaient pour modèles, il fallait savoir apprécier l’effet d’un ou de deux siècles, et se précautionner contre l’action des causes qui détruisent.

1844. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Un cœur si noblement monarchique peut seul se surpasser lui-même. « Il était prêt à donner un avis positif, et il espérait que leurs seigneuries se joindraient à lui pour que le roi fît à l’instant envoyer la femme à la Tour, où elle serait jetée dans un cachot, sous une garde si stricte que nulle personne vivante ne pût être admise auprès d’elle, qu’aussitôt après on présenterait un acte au Parlement pour lui faire couper la tête, que non-seulement il y donnerait son consentement, mais qu’il serait le premier à le proposer. » Quelle vertu romaine ! […] Un domestique paraît à la fenêtre, l’arquebuse à la main ; à grand’peine, à la fin, il se laisse persuader qu’il doit avertir son maître : « Vas-y, Ralph, mais écoute ; appelle la nourrice pour qu’elle enferme miss Hoyden avant que la porte soit ouverte645. » Vous remarquez que dans cette maison on prend des précautions à l’endroit des filles. —  Sir Tunbelly arrive avec ses gens munis de fourches, de faux et de gourdins, d’un air peu aimable, et veut savoir le nom du visiteur : « car tant que je ne saurai pas votre nom, je ne vous demanderai pas d’entrer chez moi, et quand je saurai votre nom, il y a six à parier contre quatre que je ne vous le demanderai pas non plus646. » Il a l’air d’un chien de garde qui gronde et regarde les mollets d’un intrus. […] Il y a en lui un trop violent courant de vie animale pour qu’il puisse, sans danger, se lâcher du côté de la jouissance ; il lui faut une barrière de raisonnements moraux qui réprime ses débordements. Il y a en lui un trop fort courant d’attention et de volonté pour qu’il puisse s’employer à porter des bagatelles ; il lui faut quelque lourd travail utile qui dépense sa force.

1845. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Puis, quand j’ai cette certitude, c’est, à mesure que je me rapproche, au milieu, des sifflements d’obus, un examen de détail et une stupéfaction de ne trouver encore ni trou, ni écorniflure à mon immeuble, — dont, toutefois, on laisse la porte entrebâillée, pour que je n’aie pas trop longtemps à y attendre. […] Mes yeux aperçoivent des faces pâles dans des voitures d’ambulance : ce sont les blessés du pavillon de Flore, qu’on déménage à la hâte, pour que le Roi Guillaume puisse déjeuner aux Tuileries. […] Il demande qu’on laisse ouvertes toutes les portes de l’appartement, pour qu’à la première apparition de l’armée du Comité, des hommes puissent y prendre position. […] Avec mes timbres j’ai pu acheter une feuille de papier, qu’on m’a vendue quinze sous, et un crayon Cacheux d’un sou, payé vingt-deux sous… et avec cela j’ai exécuté mon premier portrait qui a eu un succès énorme, en sorte que j’en ai fabriqué soixante-sept à deux francs, — ce qui a fait de moi, de moi, c’est risible, une espèce de banquier pour tout le monde. » « Le dur, je te l’ai dit, a duré trois mois, trois mois où il y avait une telle vermine dans le trou où nous étions quatre cent trente, que nous étions obligés d’épouiller les vieux, pour qu’ils ne soient pas complètement mangés. » « Donc, au bout des trois mois, on nous a permis de nous promener sur le pont, on nous a donné de la viande, on nous a même donné du vin, et quoiqu’on ne nous en donnât qu’un décilitre, cela grisait tout le monde, ce qui était parfois embêtant, vu les quatre bouches de mitrailleuses, que nous avions à l’avant et à l’arrière, et qu’on avait la galanterie de nettoyer devant nous et de recharger tous les dimanches. » « Mes portraits faisaient rage.

1846. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Nous sommes assez oublieux décidément, et il a fallu bien des années pour que Molière ait, dans un angle et comme dans un coin de notre Paris, sa statue ou plutôt sa demi-statue, sa fontaine. […] Régnier, s’y missent corps et âme pour que Molière eût son monument8. […] Il fallait seulement, pour cela, et pour que la décision des comédiens fût valable, que les premiers gentilshommes de la chambre, MM. de Richelieu et de Duras, consentissent à valider la proposition faite par Lekain. […] Je prends cette négligence pour du mépris ; je voudrais des marques d’amitié, pour croire que l’on en a pour moi, et que l’on eût plus de justesse dans sa conduite, pour que j’eusse l’esprit tranquille.

1847. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

L’ange prit pitié du bon gros juge et du suppléant si vénérable et engagea leurs anges gardiens à plus énergiquement désormais intervenir dans leur for intérieur pour qu’à l’avenir ils missent plus de jugeotte dans leurs jugements et ne se laissassent plus monter le coup par les hésitations d’un plaignant trop gentil et la mauvaise foi d’un méchant croquant. […] L’Ange, sans plus hésiter, alla quérir le Diable pour qu’il emportât tout ce monde-là, la femme avec ! […] Mon Être s’y délie oubliant l’heure dure — Pour que du Bleu se mêle à ses verts familiers Et moire de reflets l’étang, le bois endure Que le ciel transparaisse entre les noirs piliers. […] Montaigut, il fallut tout cela pour que son œuvre et son nom eussent conquis droit de cité et lussent consacrés en France.

1848. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

  En un tel état des choses et des esprits, j’ai pensé que mon livre n’avait rien perdu de son opportunité, et que, s’il était de nature à faire quelque bien, le mal était toujours assez grand pour qu’il n’y eût pas anachronisme à combattre encore aujourd’hui la mauvaise littérature d’il y a dix ans. […] Il faut reconnaître que, depuis quarante ans, il a beaucoup perdu de sa popularité ; mais ses représentants, quoique plus rares, ont été cependant assez marquants pour qu’il ne soit pas permis de les passer sous silence. […] Tout à côté, voici un drame qui nous représente une jeune fille pure et candide, acceptant de l’homme qui l’aime une position qui l’assimile à une femme entretenue ; et ce même homme, plein de générosité et de délicatesse, faisant un pacte honteux avec un aventurier pour que cette femme soit livrée à sa discrétion144. […] … Il ne choisit pas, mais il jeta son amour dans sa vengeance pour qu’elle fut plus affreuse et plus complète. […] À la condition d’être violent, furieux, irrésistible, il a revêtu tous les mérites et toutes les grandeurs ; et il a suffi d’avoir beaucoup aimé, n’importe qui et n’importe comment, pour que toute souillure fut effacée : rassurant précepte, qui met dans l’excès de la passion même l’excuse et le rachat de la passion !

1849. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Songez, mon cher parrain, que j’ai mis tout ce qu’il était nécessaire de dire et de faire pour que l’acte marchât bien.

1850. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

Transfuge, comme en latin Transfuga, est quiconque quitte son parti pour suivre celui des ennemis. » Pour que ce mot s’établît de plain-pied et d’un si prompt accord, il fallait peut-être que l’idée de patrie elle-même fût bien établie, et encore mieux qu’elle ne l’était il y avait environ un siècle, du temps du connétable de Bourbon.

1851. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

On a vu de reste toutes ses douces superstitions légendaires et les crédulités qu’elle avait gardées du pays natal ; mais il est un point sur lequel elle ne fléchit pas ; si elle est catholique d’imagination, elle a, si je puis dire, le catholicisme individuel ; elle n’entend y faire intervenir personne ; elle est surtout pour qu’on respecte la paix des mourants, et elle écrit à sa nièce, fille d’Eugénie, de se bien garder d’alarmer sa mère à l’instant suprême : « (5 septembre 1850)… J’attends une lettre avec la plus grande anxiété, et votre silence me jette dans l’effroi.

1852. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

Prenez le cent-treizième sonnet de l’Olive, il est dur assurément, mais il est noble, élevé, et il faudrait peu de chose pour que l’essor se fît jour en plein ciel et se déployât : Si notre vie est moins qu’une journée En l’éternel, si l’an qui fait le tour Chasse nos jours sans espoir de retour, Si périssable est toute chose née, Que songes-tu, mon Âme emprisonnée ?

1853. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Necker, nous saisissons la dissidence à l’origine, le divorce à sa naissance ; mais les partis, ou du moins les familles politiques auxquelles ils se rattachent l’un et l’autre, se sont assez perpétuées ensuite, pour qu’on puisse en généraliser les caractères hors de leurs personnes.

1854. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Sans doute l’idée de morale le préoccupa outre mesure ; il y subordonna le reste, et en général, dans toute son esthétique, il méconnut les limites, les ressources propres et la circonscription des beaux-arts ; il concevait trop le drame en moraliste, la statuaire et la peinture en littérateur ; le style essentiel, l’exécution mystérieuse, la touche sacrée, ce je ne sais quoi d’accompli, d’achevé, qui est à la fois l’indispensable, ce sine qua non de confection dans chaque œuvre d’art pour qu’elle parvienne à l’adresse de la postérité, — sans doute ce coin précieux lui a échappé souvent ; il a tâtonné alentour, et n’y a pas toujours posé le doigt avec justesse ; Falconnet et Sedaine lui ont causé de ces éblouissements d’enthousiasme que nous ne pouvons lui passer que pour Térence, pour Richardson et pour Greuze : voilà les défauts.

1855. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

Mais, bien que, d’après la remarque de Fabre, La Bruyère ait dit que le choix des pensées est invention, il faut convenir que cette invention est trop facile et trop séduisante avec lui pour qu’on s’y livre sans réserve

1856. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

Ces lettres contiennent, au reste, assez d’indications indirectes pour qu’en s’y appliquant on ait le moyen peut-être d’en déterminer la source.

1857. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

Ces explications données comme excuse, et pour qu’on n’essaye pas de me mettre en contradiction avec moi-même, j’entre en matière.

1858. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

Aussi bien, l’embrasement est tardif dans la classe moyenne, et, pour qu’il s’y propage, il faut qu’au préalable, par une transformation graduelle, les matériaux réfractaires soient devenus combustibles  Un grand changement s’opère au dix-huitième siècle dans la condition du Tiers-état.

1859. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre II. Lois de la renaissance et de l’effacement des images » pp. 129-161

Un grand nombre d’entre elles s’effacent et ne reparaissent plus jusqu’à la fin de notre vie ; par exemple, avant-hier, j’ai fait une course dans Paris, et des soixante ou quatre-vingts figures nouvelles que j’ai bien vues, je ne puis en rappeler aucune ; il faudrait une circonstance extraordinaire, un accès de délire ou une excitation du haschich pour que, maintenant, elles aient chance de ressusciter en moi.

1860. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre II. De la rectification » pp. 33-65

Pour que la sensation contradictoire s’éveille et les nie, il faut que les images perdent leur exagération, cessent de provoquer des sensations, redeviennent de simples images ; en d’autres termes, il faut que les petites sonneries cessent de faire tinter la grosse cloche.

1861. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Il faut une émotion au peuple pour que son cœur et son imagination s’attachent à un homme nouveau.

1862. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

Seulement, pour que rien ne vienne nous distraire du fond, il faut que la forme ne contrarie pas l’idée que nous nous faisons de la réalité historique.

1863. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Il avait cessé de l’être récemment : pour qu’il le redevînt, il y avait plutôt à ranimer qu’à démontrer la foi.

1864. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

Il est d’ordre humain, et porte en lui-même assez de « nécessité » pour que nous soyons tranquilles sur la solution finale.

1865. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

Dans le plan d’études que Gargantua propose à son fils Pantagruel, il lui recommande « la langue hébraïque, pour les sainctes lettres. » Plus loin, il lui conseille de commencer les heures du jour « parvisiterlessainctes lettres premièrement, le Nouveau Testament en grec ; puis, en hébreu, le Vieux Testament. » A Thélème, il y a une bibliothèque hébraïque ; il est vrai que Rabelais la met, ainsi que la grecque, au rez-de-chaussée pour qu’on n’ait pas à chercher très-haut les livres sérieux.

1866. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Il a été plus sage qu’inventeur et même après ces perfectionnements, qui l’ont rendu digne d’une mention dans l’Art poétique, trop de choses restent à faire pour qu’on accorde plus que de l’estime à ce qu’il a fait.

1867. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

Que ce goût lui fût naturel, cela n’est pas douteux ; son humeur le portait vers les champs ; sa première profession même76, car il en eut une, le mettait trop souvent en présence de la nature pour qu’il n’apprît pas à l’aimer.

1868. (1890) L’avenir de la science « VIII » p. 200

Il ne sera que logiquement vrai, et pourra même n’être pas aussi vrai que les principes : car il se peut que la conséquence porte uniquement sur la part d’erreur ou de malentendu qui était dans les principes, mais suffisamment cachée pour que le principe fût acceptable.

1869. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Type sans dénomination préalable, pour qu’en émane la surprise, son geste résume vers soi nos rêves de sites ou de paradis, qu’engouffra l’antique scène avec une prétention vide à les contenir ou à les peindre.

1870. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 janvier 1886. »

Il était malade, car il consultait un médecin (IV, 352) ; il sentait la nécessité d’un repos intellectuel, car il écrit à un ami, qu’il a l’intention de « faire le paresseux » pendant un an, et il ajoute qu’il est convaincu, que pour qu’une œuvre dramatique soit vraiment forte et originale, il faut « qu’elle soit le résultat d’un pas en avant dans la vie, d’une nouvelle période dans le développement de l’artiste », et que « ceci ne peut être le cas tous les six mois ».

1871. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

Vous avez compris parce que je vous ai dit de la position des Patrons vis à vis de moi, que l’idée d’un gain pour les acteurs est exclus, qu’il faut même les considérer comme disposés à un sacrifice ; j’ai cependant arrangé les choses pour que, au cas d’un sacrifice impossible, il y eût possibilité de dédommagements ; et même grâce au dévouement de plusieurs artistes distingués, je suis en mesure d’empêcher qu’aucun des artistes n’ait à me refuser à cause de difficultés matérielles.

1872. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

Lassalle s’est constitué le chevalier épistolaire… Sigurd est d’ailleurs trop connu et trop admiré de tous les artistes pour que j’aie l’air de le découvrir en 1887, aux environs de l’équinoxe.

1873. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

La pensée seule, la réflexion solitaire console sans doute aussi ; mais cette méditation contemplative, chez un naturel ardent, exige une sorte de vertu pour qu’il ne tourne pas à l’aigreur et à l’envie quand il se mesure aux autres.

1874. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Ces calomnies sont réfutées par les pièces mêmes de la comptabilité officielle : elles le sont mieux encore par les Mémoires de Napoléon, qui reconnaît à la fois le faible de l’homme et son fonds d’intégrité ; il y est dit : « Il aimait l’argent, mais il était d’une probité sévère, ce qui plaisait fort à Napoléon ; c’était la qualité première qu’il estimait dans un homme public. » Il fut, en 1832, assez malade de la grippe pour que sa tête s’en ressentît.

1875. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1856 » pp. 121-159

Et son thème a été celui-ci à propos de ces lettres : « Quand on est bon, on paraît lâche ; il faut être méchant pour qu’on vous croie courageux ! 

1876. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1858 » pp. 225-262

Et sa confession faite, elle lui donnait sa bourse pour qu’il fît dire des prières à la première ville.

1877. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

mon Dieu, je me moque comme vous de ce mot naturalisme, et cependant, je le répéterai, parce qu’il faut un baptême aux choses, pour que le public les croie neuves… Voyez-vous, je fais deux parts dans ce que j’écris, il y a mes œuvres, avec lesquelles on me juge et avec lesquelles je désire être jugé, puis il y a mon feuilleton du Bien public, mes articles de Russie, ma correspondance de Marseille, qui ne me sont de rien, que je rejette, et qui ne sont que pour faire mousser mes livres.

1878. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre septième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie. »

Qu’un vers ait une bonne forme, cela n’est pas tout ; il faut absolument, pour qu’il ait parfum, couleur et saveur, qu’il contienne une idée, une image ou un sentiment.

1879. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

qu’il faut bien que la critique ait desséché votre cœur et corrompu votre esprit, pour que, dans ce lamentable spectacle d’hier soir, vous n’ayez vu en effet qu’une petite comédienne de seize à dix-sept ans, qui joue une comédie en vers, qui imite à s’y méprendre mademoiselle Mars ; une belle personne en sa fleur qui étale de son mieux sa main, son pied, son sourire, son doux regard, et qui circule lestement à travers les vieux hommes qui l’entourent.

1880. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

Il faudrait des acteurs très-exercés pour qu’un certain nombre d’entre eux, parlant et gesticulant tous en même temps, ne produisissent pas une confusion voisine du ridicule2.

1881. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

Comme ces Scythes aveugles condamnés à battre le lait des vainqueurs, elles ont assez battu le lait de la bonne doctrine pour qu’il se répande, par-dessus leurs mains insensées, en torrents féconds sur le monde.

1882. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Octave Feuillet »

Mais frapper des types comme des médailles, dans un roman, exige un burin suraigu et mordant, et Octave Feuillet n’a qu’une plume, au bec assez fin, mais qui n’appuie pas sur son papier… de soie, pour que ce qu’elle y trace ne puisse s’effacer.

1883. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

» Non, elle habitait une ville un peu grande de province, au bord d’un fleuve aussi, pour que l’horizon fût plus large et d’une lumière plus variable.

1884. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Pour que rien ne manque au spectacle, l’argot dans ce qu’il a de plus sot, de plus abject même, est mis de la partie.

1885. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXI. »

« Ô toi », disait-il en beaux vers223 à l’évêque de Lombez, « heureuse et belle âme espérée dans les cieux, qui marches revêtue et non appesantie de notre humanité, pour que les chemins te soient plus faciles, servante fidèle et bien-aimée de Dieu, voici que ta barque, déjà détournée de ce monde aveugle vers un meilleur port, reçoit le souffle d’un vent occidental, qui, par cette sombre vallée où nous pleurons nos fautes et celles d’autrui, la conduira dégagée des écueils antiques à cet Orient où elle aspire. » Rien de plus animé que ces images, dans la langue du poëte ; rien de plus guerrier que son espérance et son appel : « Tout homme », s’écrie-t-il, « entre la Garonne et les monts, entre le Rhône, le Rhin et les flots de la mer, suit le drapeau chrétien.

1886. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

» dis, et mêle son doux nom au vin pur, pour que je boive ce nom adoré. […] Type de l’artiste envieux, que Dante aurait placé dans son Purgatoire, parmi ces âmes qui rampent, dans des postures de cariatides, courbées sous d’énormes pierres. — Mais sa charge, à lui, aurait été un bas-relief de Buonarotti, pour qu’il fût écrasé deux fois, sous le poids du marbre et sous la beauté du chef-d’œuvre. — La lutte fut terrible entre Baccio et Benvenuto. […] Tout cela s’étoit passé fort secrètement, et je n’en avois aucune connaissance, lorsque je rcceus un billet non signé par lequel on m’avertissoit que, si la reyne avoit la complaisance de consentir à ce que ce moyne proposoit, pour que le roi eust des enfants, qu’elle seroit perdue, et que c’estoit un piège que le comte d’Oropesa lui tendoit. […] C’est ce qu’une expérience continuelle apprend à ceux qui sont initiés dans l’intérieur par la faveur ou par les affaires, et à ceux du dehors assez en confiance avec ces initiés pour qu’ils leur parlent librement. […] La mère jure de tailler à son fils un gilet rouge dans la chemise sanglante de son père, pour qu’il porte, jusqu’à ce qu’il l’ait vengé, les couleurs du meurtre.

1887. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Il parlait de même en l’Avant-dire qu’il me demanda d’écrire pour la première édition de mon Traité du verbe, en 86 : « A quoi bon la merveille de transposer un Fait de nature en sa presque disparition vibratoire selon le Jeu de la parole cependant, si ce n’est pour qu’en émane, sans la gêner d’un proche ou concret rappel, la notion pure ? […] Force m’est de protester que l’événement poétique de 86 a été la parution en août du Traité du verbe, ainsi que nous le verrons : ceci dit, simplement pour que tout soit en sa place et son temps. […] Il donne donc à composer notre Programme pour qu’il le puisse au préalable communiquer à tous les adhérents, et en Juin paraît un unique numéro annonçant qu’à partir de Novembre les « Ecrits » reparaîtront régulièrement : d’accord avec Stuart Merrill qui désire que son apport reste secret, complété par Dubedat et moi si nécessaire. […] « D’ailleurs, mon cher Confrère, vos opinions, vos principes, sont assez connus du public et des lettrés pour que vous n’ayez vraiment pas besoin de les affirmer et de vous dégager des groupes que vous répudiez. […] Une Ecole où l’on peut apprendre d’abord à parler avec ampleur ensuite à ne copier personne. » Joachim Gasquet77, avant que devenir néo-classique, avait été des nôtres : « J’estime, et ce sont vos théories et l’exemple que vous donnez qui m’ont davantage ancré en cette idée, que le Poète doit être un savant aussi… Mon rêve depuis longtemps est celui-ci : écrire des vers assez beaux pour que les « Ecrits pour l’Art », la « Revue Indépendante » et le « Mercure de France » les impriment.

1888. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Sa sottise toucha de pitié les Nymphes qui le changèrent en olivier pour que son âme grossière, enclose dans cet arbre sans pair, comprît enfin la Beauté. […] Un cantonnier m’avait permis de cueillir une belle fleur qui s’épanouissait sur sa tige… C’est assez pour que je revienne rêver de préférence dans ce coin solitaire dont j’ai parlé plus haut. […] — La noire Lamie qui enferme Dans son cœur l’enfer, M’a commandé de descendre Au fond du puits sec, Pour que je cherche son anneau Qui était tombé là-dedans, Son anneau cloué au milieu D’un diamant comme un soleil. […] Donnez-moi un baiser pour qu’il guérisse. […] — Mère, montre-moi sa tombe pour que j’y pleure.

1889. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

L’allusion est trop directe pour que Molière n’y ait pas un peu songé. […] Taschereau donne de bonnes raisons pour que ce soit Montpellier.

1890. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Cousin parle trop bien pour que jamais on le laisse reparler. […] Dans une monarchie, pour qu’un Molière soit possible, il faut l’amitié d’un Louis XIV.

1891. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

« Car l’artiste, dit Whistler dans son merveilleux “ten o’clock”, ne se borne pas à copier oiseusement et sans pensée, chaque brin d’herbe, comme l’en avisent les inconséquents, mais dans la courbe longue d’une feuille étroite, corrigée par le jet élancé de sa tige, il apprend comment la grâce se marie à la dignité, comment la douceur se rehausse de force, pour que résulte l’élégance. […] il fallait bien que la pâte indocile du langage fondît sous le feu de sa passion, pour que, malléable, elle prenne la face farouche de ses hantises.

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