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1070. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires du comte Beugnot »

Beugnot s’entend à draper les hommes de sa connaissance aussi finement qu’Hamilton médisait des femmes.

1071. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Léonard »

Une des plus jolies idylles de Léonard est celle des Deux Ruisseaux, bien connue sans doute, mais qui mérite d’être citée encore, éclairée comme elle l’est ici par la connaissance que nous avons de son secret douloureux : Daphnis privé de son amante Conta cette fable touchante A ceux qui blâmaient ses douleurs : Deux Ruisseaux confondaient leur onde, Et sur un pré semé de fleurs Coulaient dans une paix profonde.

1072. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires de madame de Staal-Delaunay publiés par M. Barrière »

Il est un degré d’expérience et de connaissance du fond, passé lequel il n’y a plus d’intérêt à rien, pas même au souvenir ; il faut se hâter, à cet endroit-là, de tirer la barre, et fermer à jamais le rideau.

1073. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre IV. Poésie lyrique »

Si on analyse le contenu de cette forme originale de l’amour dont les Provençaux ont enrichi la littérature, elle repose sur l’idée de la perfection conçue comme s’imposant à la fois à l’intelligence et à la volonté, devenant en en même temps que connaissance, et sur la préférence désintéressée qui fait que le moi subordonne son bien au bien de l’objet aimé, selon l’ordre des degrés de perfection qu’il découvre en soi et dans l’objet.

1074. (1900) L’état actuel de la critique littéraire française (article de La Nouvelle Revue) pp. 349-362

L’essayiste est le type même de l’homme de pensée comme la modernité peut le comprendre, c’est-à-dire celui qui porte en soi-même une synthèse de connaissances techniques suffisantes à élargir sa vision raisonnée du monde et de ses directions spirituelles.

1075. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Allez vous promener. » Dans Le Médecin volant, le capitan vient consulter Arlequin qui fait le médecin, et lui demande un remède pour le mal de dents : « Prenez une pomme, répond Arlequin, coupez-la en quatre parties égales : mettez un des quartiers dans votre bouche, et ensuite tenez-vous ainsi la tête dans un four, jusqu’à ce que la pomme soit cuite, et je réponds que votre mal de dents se trouvera guéri. » Voilà qui prouve bien ce que dit un de ses panégyristes : « qu’il avait plusieurs connaissances particulières des secrets de la nature52 ».

1076. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

La thèse de l’éducationnisme entraîne un certain nombre de thèses secondaires : dépréciation de l’intelligence naturelle et d’une manière générale de tous les dons innés que l’éducation est impuissante à suppléer ; dépréciation des influences physiologiques ; en particulier dépréciation de l’hérédité physiologique au profit de l’hérédité sociale (éducation, transmission des connaissances d’une génération à l’autre), en résumé dépréciation de tous les facteurs humains irréductibles au déterminisme éthico-pédagogique.

1077. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre II. L’analyse interne d’une œuvre littéraire » pp. 32-46

ou sont-elles en contradiction avec les données de nos sens et nos connaissances scientifiques ?

1078. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

L’auteur montre que Richard Wagner avait une connaissance profonde et détaillée du moyen âge ; il ne fait pas étalage de son érudition dans Lohengrin, mais chaque détail est exact, et en beaucoup d’endroits une parole qui paraît sans importance au vulgaire, est pleine d’intérêt pour le savant. — En un seul point Wagner ne s’est point conformé à l’exactitude historique, — c’est en faisant célébrer le mariage de Lohengrin et d’Elsa à l’église ; l’action de Lohengrin se passe au commencement du dixième siècle, or ce n’est guère que vers les onzième et douzième siècles que l’église parvint à imposer le mariage religieux, et dans les descriptions de mariages avant cette époque il n’est jamais question de cérémonies religieuses.

1079. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre troisième. L’appétition »

Il y a là un élément ultime qui est la limite de la connaissance proprement dite, c’est-à-dire de la représentation.

1080. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre I : Rapports de cette science avec l’histoire »

Je néglige tout ce qu’il a écrit sur la philosophie moderne, ses livres sur Locke, sur Kant, sur l’école écossaise, qui sont des travaux de controverse philosophique plutôt que de critique historique, mais qui n’en ont pas moins contribué à répandre parmi nous la connaissance des écoles modernes.

1081. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre premier. Considérations préliminaires » pp. 17-40

Ce n’est pas tout : la presse, qui multiplie les récits contemporains, et qui est tour à tour esclave ou complice des partis ou des opinions, est un grand obstacle à la connaissance de la vérité, par la raison même qu’elle est un grand moyen pour y parvenir.

1082. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre III. Les explications anthropologique, idéologique, sociologique »

Combien la réalité nous laisse loin de cette connaissance idéale, ce n’est que trop évident.

1083. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIII. Des éloges ou panégyriques adressés à Louis XIV. Jugement sur ce prince. »

Il eut des connaissances sur le gouvernement ; mais ayant passé presque tout son règne en grandes entreprises, c’est-à-dire, à conquérir ou à résister, au lieu de pouvoir diriger à son gré ses plans et ses systèmes, il était forcé de plier ses plans à ses besoins.

1084. (1887) Essais sur l’école romantique

Amenez-moi, je vous prie, un homme de trente ans qui, ayant des études et du sens, a voulu se mettre au courant de cette littérature, a assisté à ses drames, a lu ses romans et ses contes, et demandez-lui ce qu’il en a retiré, s’il a une idée de plus qu’avant, si toute cette littérature, ajoutée à ses connaissances antérieures, en augmente la somme d’une chose digne d’être retenue ; si tous ces génies ne font pas dans sa mémoire l’effet du fétu de paille dans le verre d’eau. — Ils ont ressuscité le moyen âge. — Qu’a-t-il appris sur le moyen âge ? […] Voyons : qu’il fasse l’inventaire de ses idées, qu’il renvoie chacune de ses connaissances à sa source réelle, qu’il rende à ses premières études, aux anciens livres, au collège qu’il a maudit, et plus tard à ses propres expériences, à ses impressions, à ses études ultérieures, à son bon sens naturel, qu’il rende, dis-je, à toutes ces sources d’instruction ce qui vient de chacune ; que restera-t-il à la littérature facile et inutile ?

1085. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Sur Commynes, Ronsard, du Bellay et d’Aubigné, je ne vois aucune étude particulière qui exige qu’on en prenne connaissance, et pour Ronsard surtout cette lacune est déplorable. […] De nulle lettre ils n’ont connaissance. […] Un étudiant du seizième siècle voyage sans cesse, d’université en université, pour varier et compléter ses connaissances. […] À ce que je vois, le monde est devenu beau-fils depuis ma connaissance première. […] Dès son séjour à Paris, en 1527, le jeune homme avait fait la connaissance de Farel, beaucoup plus âgé que lui, très mêlé déjà à tout le mouvement protestant, et avait commencé à lire Luther.

1086. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

L’abbé Raynal étant venu à Aix en Savoie, M. de Maistre, fort jeune encore, alla le voir avec quelques amis ; mais une première visite suffit à la connaissance : l’absence de dignité dans l’homme le détrompa vite (s’il en était besoin) des déclamations philanthropiques de l’historien. […] M. de Maistre y renouvela et y fortifia ses connaissances philologiques déjà si étendues, attentif à remonter sans cesse aux racines cachées et ne séparant jamais de la lettre l’esprit. […] Excommunié par de Maistre qui croyait, peu accueilli par les héritiers de ce Descartes qui ne doutait de rien, restez, vous, ce que vous étiez,  — un libre et hardi investigateur de toute noble étude, un amateur éclairé de toute connaissance et de toute belle pensée, un écrivain éclatant et perçant, dont les mots honorent tous les sentiers où vous avez passé, et avec qui l’on trouve à s’enrichir chaque jour, dans quelque voie que l’on s’engage. […] » « … Je me suis occupé sans cesse de vous, je puis vous l’assurer, dès que j’ai eu connaissance de l’incommodité de M. votre père.

1087. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

Nulle séduction, nulle émotion, nul accident, nul changement n’altère la stabilité de sa conviction, ou la lucidité de sa connaissance. […] Il déclara « que l’Erreur soutient la Coutume, que la Coutume accrédite l’Erreur, que les deux réunies, soutenues par le vulgaire et nombreux cortége de leurs sectateurs, accablent de leurs cris et de leur envie, sous le nom de fantaisie et d’innovation, les découvertes du raisonnement libre. » Il montra que « lorsqu’une vérité arrive au monde, c’est toujours à titre de bâtarde, à la honte de celui qui l’engendre, jusqu’à ce que le Temps, qui n’est point le père, mais l’accoucheur de la Connaissance, déclare l’enfant légitime et verse sur sa tête le sel et l’eau. » Il tint ferme par trois ou quatre écrits contre le débordement des injures et des anathèmes, et au même moment osa plus encore : il attaqua devant le Parlement la censure, œuvre du Parlement463 ; il parla en homme qu’on blesse et qu’on opprime, pour qui l’interdiction publique est un outrage personnel, qu’on enchaîne en enchaînant la nation. […] Que peut-on demander de plus à une nation si maniable et si ardente à chercher la connaissance ? […] Satan a des paroles de prédicant : « Dieu a failli, dit-il ; donc, quoique nous l’ayons jusqu’ici jugé omniscient, il n’est pas infaillible dans la connaissance de l’avenir. » Il a des paroles de caporal instructeur : « Avant-garde, ouvrez votre front à droite et à gauche ! 

1088. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

L’attention a un objet ; elle n’est pas une modification purement subjective : c’est une connaissance, un état intellectuel. […] Ainsi fixés sur la somme de nos  connaissances actuelles, nous devons nous borner à constater à titre de fait que, de même que nous avons le pouvoir de commencer, continuer et augmenter un mouvement, nous avons le pouvoir de supprimer, interrompre et diminuer un mouvement. […] On pourrait s’étendre longuement sur ce sujet ; car, quoique les faits soient de toute évidence et d’une expérience banale, la psychologie a tellement négligé le rôle des mouvements qu’on finit par oublier qu’ils sont une condition fondamentale de la connaissance, parce qu’ils sont l’instrument de la loi fondamentale de la conscience, qui est la relativité, le changement. […] Je ne puis entrer dans des détails qui me feraient sortir de mon sujet ; je me bornerai à faire remarquer que, s’il n’y a rien actuellement sous le mot, il y a, il doit y avoir un savoir potentiel, la possibilité d’une connaissance. « Dans la pensée actuelle, dit Leibniz, nous avons coutume d’omettre l’explication des signes au moyen de ce qu’ils signifient, sachant ou croyant que nous avons cette explication en notre pouvoir ; mais cette application ou explication des mots, nous ne la jugeons pas nécessaire actuellement… J’appelle cette manière de raisonner aveugle ou symbolique.

1089. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Je ne suis pas versé autant qu’il serait désirable dans la connaissance du langage de Thou-Fou, de Tsé-Tié, de Tchan-Oui, etc. […] Mais au philosophe, à l’artiste comme à l’industriel, il n’est que juste de dire qu’elles offrent un champ nouveau d’observation, et de précieuses occasions, en même temps que d’agrandir leurs connaissances, — et qui n’en a besoin, même ou plutôt surtout, parmi ceux qui ont le plus d’acquis et sont le mieux doués ? […] Racine, la correction, l’érudition des fortes études, science parfaite de l’antiquité sue littéralement et comprise comme il fallait dans sa grâce absolue et sa force complète, Racine, la correction, la totale perception de la langue maternelle jusqu’à travers la plus intime connaissance des vieux auteurs et des idiomes locaux, l’esprit de son pays et de son temps, modération, circonspection même, bon sens immédiat et traditionnelle générosité, Racine, l’individualité honnêtement fine, malicieuse sans haine, qui sut mener sa vie habilement et la finir admirablement, sacrifiant d’instinct fortune, faveur, ne ménageant qu’une famille admirablement menée à bien dans la vertu et la modicité voulue, mourant, après des tendresses dominées, des ambitions tenues en bride, d’un cœur blessé, d’une âme en deuil, noblement, pudiquement ; — et Shakespeare, l’aventurier, né ruiné, catholique ou protestant, qui le sait ? […] Chateaubriand, bien avant de traduire si littéralement Milton et de commenter Shakespeare d’une façon si informée, n’avait-il pas rapporté, de ses longs exils en Angleterre, leur connaissance approfondis et confirmée par l’usage des gens et de la langue de leur pays ?

1090. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Mes sciences, ma longue étude des connaissances surnaturelles, tout cela n’est qu’un art mortel : — J’habite dans mon désespoir, et je vis et vis pour toujours ! […] Il triomphe de la vengeance, des furies, de la fatalité, de la mort même, pour s’élever, sans espoir de bonheur, il est vrai, mais avec une force surhumaine, à la connaissance de la justice divine. […] S’il est honnête sous le gouvernement moscovite, il fera infailliblement connaissance avec les juges et la kibitka… Qui sait ? […] Le ciel est sourd, et le poète tombe accablé en attendant que son esprit s’éclaire, que son orgueil s’abaisse, et que son intelligence s’ouvre à la vraie connaissance des voies divines. […] Nous résumerons donc en peu de mots ce qui a été publié de plus complet, à notre connaissance, dans un ouvrage intitulé : « Honoré de Balzac ; essai sur l’homme et sur l’œuvre, par Armand Baschet, avec notes historiques par Champfleury. » C’est un excellent travail que je recommande beaucoup aux lecteurs de Balzac qui n’auraient pas encore pris connaissance de cette appréciation complète et détaillée.

1091. (1902) La poésie nouvelle

Dans une de ses Complaintes, n’évoque-t-il pas le Temps et « sa commère l’Espace », très Kantiens et qui se demandent s’ils ne sont pas « le fondement de la Connaissance » ? […] Il serait intéressant, non seulement pour la juste interprétation de ce poète, mais pour la connaissance de tout le mouvement symboliste, qu’on réunît ces documents divers, un peu épars, et dont voici les principaux. […] Surtout, manquant d’une connaissance approfondie des traditions de la langue, ils constituèrent « une syntaxe décousue, je dirai sans race ». Voilà l’idée originale de Moréas et, pour la mettre en pratique, il fut aidé par la connaissance très exacte qu’il avait de l’ancien français. […] Mais l’étude minutieuse des origines de notre langue, la connaissance approfondie de son vocabulaire et de sa syntaxe dans leur premier état et dans leur développement, l’ont muni d’une forme verbale vraiment classique.

1092. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

et quel intérêt enfin à ces rapports eux-mêmes, s’ils ne nous servaient pas d’instruments de précision pour fouiller en quelque sorte la pensée, c’est-à-dire pour pénétrer chaque jour d’un degré plus avant dans la connaissance du mécanisme de l’intelligence ? […] J’aime à croire qu’il n’avait des chansons de ce temps-là qu’une connaissance un peu superficielle. […] Il est certain encore que la connaissance de cette littérature a rendu, rend tous les jours d’inappréciables services à l’histoire des coutumes. […] Cet Entretien importe beaucoup, sans doute, à la connaissance de Pascal ; on ne peut cependant accorder sans scrupule qu’il contienne la clef ni le plan des Pensées. […] Mais je dirai de plus que, pour prendre parti résolument, il faudrait pouvoir pénétrer beaucoup plus avant que nous ne le saurions faire dans la connaissance de Pascal lui-même ?

1093. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Cette énumération des objets de la connaissance est très incomplète. […] Si les derniers domaines de la connaissance sont juxtaposés, il n’y a aucun motif de penser qu’ils soient contradictoires. […] A ces rudimentaires connaissances se borne, ou presque, le bénéfice qu’ils ont retiré de l’école. […] Ce transfert manifeste le constant divorce que propagent, entre l’éducation et la vie, les progrès des connaissances et la facilité de leur assimilation. […] Ses théories d’absolutisme en politique étaient pareillement fondées sur une connaissance précise de l’histoire.

1094. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

C’est là qu’il commença ses études entomologiques, ses collections, s’attachant aux coléoptères particulièrement : il y acquit des connaissances réelles, découvrit l’organe de l’ouïe chez les insectes : une dissertation publiée à Besançon en l’an VI (1798) en fait foi. […] Rien d’étonnant que, comme toutes les réminiscences, ses connaissances, d’autant plus ingénieuses, soient parfois un peu hasardées.

1095. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre II. Les sensations totales de la vue, de l’odorat, du goût, du toucher et leurs éléments » pp. 189-236

Nous ignorons le mode d’action des substances volatilisées qui agissent sur les nerfs olfactifs et des substances liquéfiées qui agissent sur les nerfs gustatifs ; nous admettons qu’il est chimique, mais à cela se réduit notre connaissance ; nous ne savons pas s’il est une ondulation ou tout autre mouvement ; nous n’avons pas la plus petite idée de ses éléments ; nous ne pouvons nous servir de cette idée pour former aucune induction sur les sensations correspondantes […] En attendant, nous touchons les fondements de notre connaissance, et nous pouvons évaluer leur solidité. — On a vu que nos sens sont des idiomes, dont quatre sont spéciaux et le dernier général.

1096. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Il agissait par sagesse, c’est-à-dire par suite d’une profonde connaissance de la nature humaine, cela suffit. […] Toutefois, de maladroits reproches du président sur sa fortune avaient un peu réveillé cet intérêt prêt à s’éteindre. « Vous êtes au moins coupable de non-révélation, lui avait dit le président ; et, bien que vous prétendiez qu’un homme comme vous ne saurait faire le métier de dénonciateur, vous deviez d’abord obéir à la loi, qui ordonne à tout citoyen, quel qu’il soit, de dénoncer les complots dont il acquiert la connaissance.

1097. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Dieu n’a pas voulu que, dans la science expérimentale par excellence, qui est la politique, la société pût réaliser ses rêves et se passer de l’épreuve du temps, de la connaissance des hommes, des leçons de l’histoire et du contrôle des réalités. […] Quelle connaissance des choses et des hommes dans cette séquestration capricieuse, dans la solitude, d’un sauvage civilisé, qui ne peut supporter le moindre contact avec ses semblables, et qui, au lieu de se soumettre aux lois générales de la société, s’impatiente constamment de ne pouvoir soumettre la société à son égoïsme !

1098. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

« Une personne de ma connaissance m’a raconté que peu de jours après la mort du duc d’Enghien elle alla se promener autour du donjon de Vincennes. […] « Il faut cependant une grande connaissance de la langue poétique pour décrire ainsi noblement les objets qui prêtent le moins à l’imagination, et l’on a raison d’admirer quelques morceaux détachés de ces galeries de tableaux ; mais les transitions qui les lient entre eux sont nécessairement prosaïques, comme ce qui se passe dans la tête de l’écrivain.

1099. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Il faut que tu saches le violon, parce que si tu es prisonnier, de guerre dans un village, tu pourras faire danser les paysans et ça te rapportera quelques sous, et si tu es prisonnier dans une ville, on pensera de toi que tu es un jeune homme distingué, appartenant à une bonne famille et cela t’ouvrira les sociétés et te fera faire de bonnes connaissances. […] M. de Manteuffel eut connaissance de cette correspondance secrète.

1100. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Gustave Flaubert. Étude analytique » pp. 2-68

S’efforçant sans cesse de rendre exactement du spectacle des choses ce que ses sens en ont perçu, il arrive, quand il s’efforce de démêler les mobiles des actes et les phases des passions, à une extraordinaire pénétration, qui est le résultat de sa connaissance des modèles qu’il a pris, et de son application à rester dans le domaine du naturel et de l’explicable. […] Il faut ajouter à ses renseignements isotériques sur Flaubert ceux que fournissent la connaissance de sa méthode de travailla lenteur et la difficulté de sa rédaction, son effort constant, une fois le plan général arrêté et les notes recueillies, pour achever chaque phrase, chaque paragraphe, chaque page avant de passer à la suite.

1101. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

Faute d’une connaissance assez étendue, mais faute surtout d’une connaissance assez expérimentale de la nature, les définitions de la scolastique n’ont rien de « scientifique », au sens véritable du mot ; mais elles n’en ont pas moins discipliné l’esprit français en lui imposant ce besoin de clarté, de précision et de justesse qui ne laissera pas de contribuer pour sa part à la fortune de notre prose.

1102. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

C’est une observation assez générale qu’on devient rarement grand écrivain, grand littérateur, homme d’un grand goût, sans avoir fait connaissance étroite avec les anciens. […] Voyez le beau champ ouvert aux peintres de ruines, s’ils s’avisaient d’avoir des idées, et de sentir la liaison de leur genre avec la connaissance de l’histoire.

1103. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

Clément d’Alexandrie, ce chrétien érudit qui mêlait à la tradition hébraïque une vaste connaissance de la philosophie et de la poésie grecques, composa dès le second siècle des hymnes à la fois dogmatiques et familiers. […] On ne peut douter, du reste, qu’à partir de son épiscopat Synésius n’ait bien vite avancé dans la connaissance et l’adoration de cette foi qui devenait un devoir sacré pour lui.

1104. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — II. (Fin.) » pp. 364-380

Tous ceux qui ont vu et connu Mme Balletti, dite au théâtre et dans la société Silvia, ont parlé d’elle comme parlent de Mlle Mars ceux qui l’ont vue à quinze ans : « Action, voix, esprit, physionomie, maintien, et une grande connaissance du cœur humain », Silvia possédait tout cela.

1105. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

Les gens d’esprit tels que Grimm et Suard firent toutes les objections, avec moins d’appareil seulement qu’on ne le ferait aujourd’hui que la connaissance du xviie  siècle, plus approfondie peut-être, est passée à l’état d’érudition et de doctrine.

1106. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Rathery la connaissance d’une lettre de Jeannin à Villeroi, écrite vers le temps de la régence.

1107. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

Nodier en a eu connaissance d’après l’exemplaire autographe et l’a donnée au long : elle a tout à fait le cachet du genre : Malheureux Lenz !

1108. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

Ce sont là les dispositions naturelles et sincères, c’est le point de départ d’où l’esprit français eut à s’élever graduellement pour arriver à la connaissance et à l’admiration sentie de Dante ; mais par combien d’efforts !

1109. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

. — Je n’oserais dire de Balzac, si instruit, si docte même, qu’il n’a pas eu la connaissance d’Homère, mais je dirai sans crainte que l’habitude d’Homère lui a manqué. — Pascal, au génie sévère et à l’imagination sombre, le connaît peu ; il en parle comme de l’auteur d’un beau roman, il ne voit en lui que le père des mensonges.

1110. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — III » pp. 476-491

Nous retrouvons dans ce joli volume les portraits de plusieurs amies et connaissances de Mme de Créqui, notamment de la maréchale de Mouchy et de Mme de Tessé.

1111. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

Son gouvernement de Fribourg lui donne occasion d’aller visiter les entrées des montagnes Noires : « Il ne les trouva pas d’un accès si difficile que l’on le publiait, et dès ce temps-là il prit des connaissances qui lui furent utiles dans la suite. » Le roi lui demande même des mémoires sur les projets de guerre qu’on peut former : Villars les lui remet en audience particulière ; le roi les lit et l’assure que c’est avec plaisir, et qu’il en comprend les conséquences et l’utilité : mais comme celui qui pensait n’était pas à portée d’être chargé de l’exécution, qu’il y avait trois maréchaux de France destinés au commandement de l’armée d’Allemagne, et que, d’ailleurs, le ministre de la guerre (c’était alors Barbesieux) était ennemi déclaré du marquis de Villars, ses idées ne furent point suivies.

1112. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Satisfait de savoir et de bien savoir, sans prétendre en informer l’univers, prêt toutefois à faire part à quiconque le consultait du vaste et tranquille trésor de ses connaissances, il était tout l’opposé du metteur en œuvre, qui tire aussitôt parti de ce qu’il sait et se hâte d’en faire montre, de celui dont le poète satirique a dit : Scire tuum nihil est, nisi te scire hoc sciat alter.

1113. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

Au sortir du collège, il s’appliqua avec une certaine ardeur à l’étude, même à celle de la théologie, mais surtout il rechercha la connaissance des beaux esprits et grands hommes du temps, et dans la rue Saint-Étienne-des-Grès, où il logeait alors, il forma, en société de quelques amis honnêtes gens, une petite académie où chacun s’exerçait, se produisait, et où probablement on se louait aussi ; la louange fut très chère de bonne heure à Marolles, et il ne la marchandait pas aux autres, ne leur demandant qu’un peu de retour.

1114. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Lui qui rend si pleine justice à Voltaire, il reste fidèle à ses connaissances et à ses admirations du bon cru : le président de Brosses demeure pour lui jusqu’à la fin « le plus digne de ses amis comme le plus savant de nos littérateurs. » L’homme qui a le plus fait pour Buffon en ce temps-ci, en commentant ses idées, en rééditant ses œuvres et en conférant ses manuscrits, M. 

1115. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Ma pensée était dans une activité perpétuelle, mais je n’avais aucune connaissance solide, lorsqu’à un souper (chez le syndic Jalabert) je me trouvai à côté de Bonnet : cet heureux hasard fit la destinée de ma vie intellectuelle.

1116. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance diplomatique du comte Joseph de Maistre, recueillie et publiée par M. Albert Blanc » pp. 67-83

De Maistre s’en indigne : « Ce qu’il y a de bon, dit-il, c’est que les dames que ce texte frappe, et que tout le monde connaît, sont bien ce qu’on peut imaginer de plus distingué en vertu, en esprit et même en connaissances, sans compter le rang qui est aussi cependant quelque chose.

1117. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — II » pp. 231-245

c’est un bel état, bien intéressant et qui exige bien des connaissances. » — Et Rousseau énumère avec intérêt tout ce qu’il faut savoir. — « Mais, vous devez savoir la botanique ? 

1118. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir a l’histoire de mon temps. Par M. Guizot »

Il apportait dans ce gouvernement intellectuel la connaissance des matières, l’ouverture des vues, une indifférence qui lui permettait mieux qu’à d’autres de maintenir l’équilibre entre les diverses études et facultés ; et si la balance dans ses mains avait penché quelque peu du côté de l’histoire, ce n’eût été que justice ; car l’histoire, ce goût et cette aptitude générale de notre temps, hérite en effet de toutes les autres branches de la culture humaine.

1119. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

Tout de suite je me fis chercher ces livres, qu’on eut de la peine à trouver à Pétersbourg alors ; et je lui dis que j’allais lui tracer mon portrait, afin qu’il put voir si je me connaissais ou non. » Elle écrivit, en effet, ce portrait sous ce titre : Portrait du philosophe de quinze ans ; l’ayant retrouvé bien des années après, elle ne put s’empêcher de s’étonner de la profondeur de connaissance d’elle-même qu’elle possédait alors.

1120. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

J’étais comme quelqu’un de ma connaissance qui s’était autrefois livré à un travail d’analyse sur Eugène Sue romancier, à la veille des Mystères de Paris et avant cette conversion démocratique soudaine du peintre d’Arthur : c’était à recommencer.

1121. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

Delécluze ; qui va entrer dans l’École de David et y travailler longtemps aura en peinture des principes et des connaissances bien plus arrêtées et plus dogmatiques qu’en littérature.

1122. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

Je ne le puis faire ici, et je me borne à remarquer que sa conclusion, tout à fait dans le sens des Fontenelle, des Lamotte, des Terrasson et de quelques modernes de ma connaissance, a plus de chance qu’on ne le croit d’être reprise et accueillie un jour.

1123. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc »

Ce que demande de connaissances positives et accessoires cet art de premier ordre, qui en embrasse et en subordonne plusieurs autres, est inimaginable.

1124. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

Si, pour sa nouvelle existence à Berlin, il vous est possible de lui donner des renseignements ou de faire quelque chose pour lui, je vous en serai bien reconnaissant ; même en dehors de ces bons offices que vous pouvez lui rendre, il attache le plus grand prix à faire votre connaissance ; jusqu’à présent il vous aime, vous apprécie et vous admire un peu sur parole ; je suis d’autant plus charmé que votre vue le confirme dans ses sentiments. » Gœthe répondit par un mot de remerciement à M. 

1125. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

Anatole Leroy-Beaulieu, un nouveau venu sympathique, avec ses Heures de solitude ; et une ancienne connaissance, M. 

1126. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [I] »

Pendant ces travaux où il faisait preuve d’habileté pratique et de connaissance des détails, il avait l’œil aux grands événements qui se déroulaient et qu’il considérait de haut et d’ensemble comme d’un belvédère, ou mieux encore comme du centre d’une fournaise ; car la Suisse, en ces années d’occupation et de déchirement, devenue un champ de bataille dans toute sa partie orientale, offrait «  l’aspect d’une mer enflammée. » Jomini y suivit de près les fluctuations de la lutte, les habiles manœuvres de Masséna pendant les sept mois d’activité de cette campagne couronnée par la victoire de Zurich, les efforts combinés de ses dignes compagnons d’armes, les Dessolle, les Soult, les Loison, les Lecourbe : ce dernier surtout « qui avait porté l’art de la guerre de montagne à un degré de perfection qu’on n’avait point atteint avant lui. » Mais, s’il estimait à leur valeur les opérations militaires, il ne jugeait pas moins les fautes politiques, et ce qu’il y avait de souverainement malhabile et coupable au Directoire à avoir voulu forcer la nature des choses, à avoir prétendu imposer par décret une unité factice à treize républiques fédérées, à s’être aliéné une nation amie, à avoir fait d’un pays neutre, et voué par sa configuration à la neutralité, une place d’armes, une base d’opérations agressives, une grande route ouverte aux invasions.

1127. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

Cette fois, les sollicitations, les efforts désespérés du jeune homme ne purent rien ; il passait sa vie à épier à la sortie quelques membres du tribunal ou de la Convention, quelque ancienne connaissance, telle que Hérault de Séchelles, qu’il avait vu chez son père.

1128. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre premier. De l’amour de la gloire »

Plus on laisse aller sa pensée dans la carrière future de la perfectibilité possible, plus on y voit les avantages de l’esprit dépassés par les connaissances positives, et le mobile de la vertu plus efficace que la passion de la gloire.

1129. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Conclusion. »

J’aurai rempli mon but, si j’ai donné quelque espoir de repos à l’âme agitée ; si, en ne méconnaissant aucune de ses peines, en avouant la terrible puissance des sentiments qui la gouvernent, en lui parlant sa langue, enfin, j’ai pu m’en faire écouter ; la passion repousse tous les conseils qui ne supposent pas la douloureuse connaissance d’elle-même, et vous dédaigne aisément comme appartenant à une autre nature : je le crois cependant, mon accent n’a pas dû lui paraître étranger ; c’est mon seul motif pour espérer qu’à travers tant de livres sur la morale, celui-ci peut encore être utile.

1130. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Celui qui arrange un mariage sacrifie d’ordinaire une de ses connaissances à un de ses amis.

1131. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

. — Joignez, ici, que le grand appétit de Tartuffe et ses connaissances de dégustateur ne sont pas pour déplaire à un opulent bourgeois comme est Orgon, que l’on peut sans témérité supposer ami de la bonne chère et fier de sa cave.

1132. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre I : Sensations et idées. »

Ce passage, qui se ressent fort des connaissances imparfaites de l’époque sur l’antiquité, donne lieu à une ample et très instructive note de M. 

1133. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

Se souvenant des vœux qu’il a lus tant de fois chez les poètes latins de sa connaissance, et les combinant avec les siens, il en compose sa devise : Honnêtes gens, dit-il en s’adressant au docteur son ami, et dont vous êtes un si parfait modèle !

1134. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

L’abbé Edgeworth, en leur donnant ses soins, avait contracté cette maladie, une espèce de typhus ; et c’est en ces circonstances extrêmes que Mme d’Angoulême ne voulut jamais l’abandonner : « Moins il a connaissance de ses besoins et de sa position, disait-elle, plus la présence d’une amie lui est nécessaire… Rien ne m’empêchera de soigner moi-même l’abbé Edgeworth ; je ne demande à personne de m’accompagner. » Elle voulait lui rendre, autant qu’il était en elle, ce qu’il avait apporté de consolation et de secours à Louis XVI mourant.

1135. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

Au premier abord, ces Mémoires de Cosnac plaisent assez peu et semblent ne répondre qu’imparfaitement à la réputation de l’auteur : ce n’est que peu à peu, en avançant, ou quand on les a quittés, qu’on s’aperçoit qu’ils ont augmenté nos connaissances sur bien des points et enrichi notre jugement.

1136. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

Son attitude, son sang-froid, la promptitude et la propriété de ses réponses, sa profonde connaissance de la matière et des conséquences politiques qu’elle recelait, son intrépidité à maintenir les droits de ses compatriotes, ses expressions pleines de trait et de caractère, tout contribue à faire de cet interrogatoire un des actes historiques les plus significatifs et l’un de ces grands pronostics vérifiés par l’événement : Si l’acte du Timbre était révoqué, lui demanda-t-on en finissant, cela engagerait-il les assemblées d’Amérique à reconnaître le droit du Parlement à les taxer, et annuleraient-elles leurs résolutions ?

1137. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre I. Le Bovarysme de l’individu et des collectivités »

C’est de cet état de fait qu’il déduit le conseil qu’il se donne à lui-même : « Sois en harmonie avec toi-même. » Cette maxime en effet, si on ne. la prend pas comme un frein trop fort de nature à paralyser le mouvement nécessaire à la vie, peut être utile à distinguer la limite où le Bovarysme cesse d’être l’expression d’un progrès normal pour dévier vers la pathologie : « Sois en harmonie avec toi-même », cela signifie avec plus de détail : Sache parmi le grand nombre de notions qui sont proposées à l’admiration de ton esprit, sache distinguer celles qui doivent demeurer pour toi de simples objets de connaissance, de celles qui peuvent être des buts pour ton activité.

1138. (1889) Méthode évolutive-instrumentiste d’une poésie rationnelle

Cette connaissance se fera à travers la sensation, l’instinct, la pensée…   Désormais pouvait s’écrire en sûreté le principe de ma « Philosophie évolutive. » Le voici : « Et si, se plus et plus dénaturant du cercle dont elle est l’équivalente transformation, se développe une ellipse : plus et plus, va à équivaloir en droite l’elliptique périphérie.

1139. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « J. K. Huysmans » pp. 186-212

Il a acquis à cette connaissance de la vie, la dose de véracité qui est indispensable au roman moderne, la force, la précision, la richesse et le pittoresque du style, les moyens, en somme, l’outil lui permettant d’élaborer et de ; réaliser sa conception particulière de l’âme et de la destinée humaine.

1140. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre I : Principe de la métaphysique spiritualiste »

Ce quelque chose de plus, sans lequel la conscience et par conséquent la connaissance seraient impossibles, je l’appelle être.

1141. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

Au revoir, mon cher Valentin ; sois prudent, Madeleine te le recommande ; elle craint pour toi les mauvaises connaissances : tu es « si jeune » encore !

1142. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

Les conquêtes d’Alexandre furent un torrent qui ne fit que passer ; toutefois elles répandirent au loin la connaissance de la langue grecque, destinée à servir d’organe aux premiers apôtres de la vérité, aux premiers martyrs de la foi chrétienne, comme elle avait servi auparavant à préparer, par la culture des lettres, et par des doctrines morales, un grand nombre de nations barbares à recevoir la semence de la parole.

1143. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VII. Le cerveau et la pensée : une illusion philosophique »

Comme d’ailleurs notre connaissance de la matière ne saurait sortir entièrement de l’espace, et que l’implication réciproque dont il s’agit, si profonde soit-elle, ne saurait devenir extraspatiale sans devenir extrascientifique, le réalisme ne peut dépasser l’idéalisme dans ses explications.

1144. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Parle-t-il de l’art grec, il affecte de citer des noms obscurs, afin de bien affirmer l’étendue et la précision de ses connaissances. […] Il acquit ainsi de vastes connaissances ; son esprit puissant retint et classa toutes les sciences diverses qu’il était obligé de remuer ; et cette encyclopédie, qu’il bâtissait presque à lui seul, se gravait ainsi dans son cerveau. […] Il n’avait pas vingt ans quand il fit sa connaissance. […] C’est ici que l’action s’engage… Hermann, avant son avènement, a fait la connaissance d’une jeune nihiliste, Mlle Frida de Thalberg, fille d’un révolutionnaire exilé en Sibérie. […] J’estime qu’il égale Sainte-Beuve par la solidité du jugement et des connaissances ; qu’il le surpasse par l’éclat d’une forme merveilleusement ferme et légère.

1145. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Il va sans dire que par aucun artifice le dessin ne saurait nous suggérer de telles représentations, si nous n’avions déjà une certaine connaissance de l’objet, et si notre imagination n’était toute prête, sur la moindre licitation, à lui rendre ses couleurs. […] À voir les dessins cotés dans lesquels Barye prenait note de ses observations, on eût pu croire que son but était la connaissance théorique et abstraite de l’animal plutôt que l’invention. […] Ces connaissances, refondues et organisées en images concrètes, lui permettent d’inventer librement sans sortir de la vérité. […] Mais mes connaissances théoriques ne vont pas plus loin. […] Notre imagination est donc jusqu’à un certain point gênée par la connaissance trop précise que nous avons des lois de la nature.

1146. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Ils ont poussé des portes qui n’étaient fermées qu’au loquet, sont entrés dans des maisons et se sont efforcés de faire connaissance avec les habitants. […] Ce récit, qui révèle une connaissance profonde des choses turques, est une excellente leçon d’histoire. […] Il est plus aisé de l’appliquer que de la définir, mais il est évident qu’elle suppose à la fois une connaissance précise des choses mortes et une attentive observation de ce qui, dans la vie présente, est un legs et une trace du passé. […] Je ne sais ; mais on dirait que ces deux grands hommes, surtout le second, l’ont initié parfois à la connaissance de la vérité et lui ont fait voir le monde tel qu’ils l’avaient vu. […] Il a aimé, dans l’esprit de Napoléon Bonaparte, l’accumulation des renseignements positifs, la connaissance exacte des mobiles qui font agir l’humanité, la vue directe des individus et des masses, l’habitude de l’expérience et de l’analyse, l’horreur des mots abstraits, des fantômes métaphysiques, de la philosophie scolaire, de l’idéologie.

1147. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

n’est-ce pas sur l’observation, sur la connaissance de l’individu dont on veut se servir ? […] « Les choses se passent tout autrement pour l’idéaliste qui prend en lui-même et dans la raison seule ses connaissances et ses motifs. […] « Non content des connaissances qui ne s’appuient que sur des présomptions déterminées, il cherche à pénétrer jusqu’à des vérités qui ne présupposent plus rien, et qui sont les présuppositions de tout le reste. […] « De là il résulte que si l’intellect spéculatif méprise ce qui est commun parce que c’est limité, le sens commun se moque du spéculatif à cause de sa vacuité ; car les connaissances perdent toujours en contenance précise ce qu’elles gagnent en circonférence. […] Son système s’étend à tout ce dont il a connaissance et dont il sent le besoin, — que lui importent les biens dont il n’a aucun soupçon et auxquels il ne croit pas ?

1148. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Personne n’a contribué plus activement à répandre parmi nous la connaissance et le goût de la littérature allemande. […] Impuissant à résoudre par le seul effort de la raison et de la connaissance les deux ou trois énigmes que présente le monde, il souffre de ce qu’il ignore sans jouir de ce qu’il sait. […] Schmidt, qui est fort instruit, n’a voulu sacrifier aucune de ses connaissances acquises et il s’est perdu dans sa propre science. […] Il est cependant impossible d’apprécier sainement les différentes littératures de l’Europe, si l’on n’a une connaissance exacte de leurs rapports ; et on juge mal ces rapports si on les regarde comme des accidents isolés, si on ne s’élève pas jusqu’à l’idée d’un enchaînement nécessaire de toutes les littératures entre elles. […] L’étude exclusive de certaines sciences, le raisonnement, les déceptions de cette vie terrestre, la haine du crime heureux, ont produit dans tous les temps des athées qui l’étaient par toute autre cause que par la connaissance positive de la non-existence d’un Dieu créateur et conservateur de l’univers.

1149. (1886) Le naturalisme

L’histoire s’appuie chaque jour davantage sur la science et sur la connaissance analytique des sociétés. […] cet homme singulier, ayant publié des livres scientifiques et ayant vu que personne ne les achetait, eut l’idée d’inculquer au public les mêmes connaissances, mais d’une manière telle qu’elles le divertissent et qu’il les absorbât sans s’en apercevoir. […] Homme d’existence active, de fortunes diverses, peintre, militaire, employé, commerçant, auditeur au Conseil d’État, diplomate, il dut, peut-être, à la diversité même de ses professions, l’acuité d’observation et la connaissance de la vie qui distinguent les voyageurs littéraires comme Cervantès et Lesage, investigateurs curieux qui préfèrent aux livres poudreux des bibliothèques la grande Bible de la société. […] Ses connaissances variées et choisies, sa lecture assidue des théologiens, des mystiques et des philosophes se révélait dans la Tentation. […] Les Goncourt se distinguèrent par deux traits : la connaissance de l’art et des mœurs du dix-huitième siècle et l’expression des éléments esthétiques du dix-neuvième.

1150. (1929) Dialogues critiques

La connaissance de l’homme est toujours intéressante en soi, et elle contribue à expliquer l’œuvre dans la plupart des cas. […] Paul Hazard a cité dans son discours de la Sorbonne, à la cérémonie du centenaire, le mot d’un vrai jeune de sa connaissance, lequel admire Taine, parce que Taine est direct et fort.

1151. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

Bientôt j’eus le plaisir d’y recevoir, en qualité de commensal, Henri Mayer, ce digne artiste dont j’avais fait la connaissance à Rome. […] La sérénité de son esprit, la noble gravité de sa parole, la profondeur de ses connaissances historiques et la chaleur tempérée de son enthousiasme nous ont donné une idée du caractère de Goethe, son ami.

1152. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

J’avais fait connaissance avec quelques jeunes seigneurs de Naples, mais sans me lier avec eux ; mon caractère assez sauvage ne me permettait pas de rechercher les autres, et cette sauvagerie, vivement empreinte sur mon visage, empêchait les autres de me rechercher à leur tour. […] Il revint à Turin ; il essaya quelques scènes de tragédie, alla passer quelques mois à Asti pour y cuver ses connaissances nouvelles, et s’aperçut qu’il ne savait rien.

1153. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

Il avait quitté l’avoué et le notaire chez lesquels on l’avait placé : il n’y avait gagné que les connaissances techniques de législation pratique qui lui furent utiles plus tard dans ses ouvrages, et le profond dégoût de ces occupations mercenaires que sa belle imagination dédaignait ; il commençait à penser à la gloire, premier et dernier rêve des grands cœurs. […] Bon ou mauvais, le système représentatif exige d’immenses talents, les grands écrivains seront nécessairement recherchés dans les crises politiques ; ne réunissent-ils pas à la science, l’esprit d’observation et la profonde connaissance du cœur humain ?

1154. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

Il suffira que nous marquions quelques-uns des points principaux, la compréhension du drame exigeant une connaissance sensorielle que l’analyse critique ne peut donner au lecteur, lequel se doit d’ailleurs à lui-même de voir jouer et de lire les drames wagnériens le plus souvent et le plus attentivement possible. […] C’est encore une phrase clef qui annonce que seul un innocent peut accéder à la connaissance, non pas par une accumulation du savoir mais bien plutôt par sa capacité à ressentir la souffrance du monde.

1155. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

» Samedi 26 mars Dans les silences d’une grande dame de ma connaissance, silences un peu méprisants, je perçois souvent l’étonnement, qu’elle éprouve des basses relations qu’en général, nous avons, les uns et les autres, de la littérature. […] Je fais quelques changements à mon testament, et je le lis à Daudet, mon exécuteur testamentaire, qui n’en avait pas encore connaissance.

1156. (1894) Textes critiques

Âmes solitaires Toute connaissance étant comme forme d’une matière, l’unité d’une multiplicité, je ne vois pourtant en sa matière qu’une quantité évanouissante, conséquemment nulle s’il me plaît, et cela seul et véritablement réel qu’on oppose au vulgairement dénommé réel (à quoi je laisse ce sens antiphrastique), la Forme ou Idée en son existence indépendante.‌ […]   TRIBUNE LIBRE Nous recevons la lettre ci-dessous : Monsieur, Je viens d’avoir seulement connaissance d’une petite note de votre revue et qui serait amusante si elle était juste.

1157. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Ce n’est donc pas, quoi que mes critiques en pensent, par vanité que je me mets et que je me mettrai souvent en scène dans ces entretiens : c’est par connaissance de la nature humaine. […] J’aurais bien désiré ne pas les avoir, car l’embarras de les présenter dépassait de beaucoup, dans mon esprit, l’agrément que je pouvais attendre de ces nouvelles connaissances.

1158. (1884) Articles. Revue des deux mondes

Et d’abord, si, comme le prétend Cousin, c’est de la connaissance de la nature humaine tout entière que doit se déduire la science des lois les plus générales de l’histoire, pourquoi, dans cette nature humaine, ne tenir compte que de la raison ? […] Ceux qui s’en vont lèguent en mourant, sous forme d’exemples, d’enseignement, de chefs-d’œuvre ou de bonnes œuvres, quelque chose de l’intelligence ou de la moralité qu’ils contenaient en eux, et ceux qui viennent, recueillant cet héritage, y peuvent ajouter toujours plus de connaissances, plus de justice et de charité.

1159. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

Pour toute l’époque du Moyen Âge et des premiers règnes capétiens, il manque à Mézeray une connaissance approfondie de nos anciens historiens latins et de ce monde ouvert par les Du Chesne et les Du Cange.

1160. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Bellegarde qui le premier avait fait faire au roi la connaissance de Gabrielle ne fut pas longtemps à s’en repentirg.

1161. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

Quand on lui demandait plus tard où il avait pris cette connaissance approfondie du monde et des diverses passions, il avait le droit de répondre : « Dans mon propre cœur. » Pendant qu’il professait la théologie à Vienne, il fut ordonné prêtre en 1692 ; il s’y essayait dans la chaire ; il y prononça l’Oraison funèbre de Henri de Villars, archevêque du diocèse ; il alla prononcer à Lyon celle de l’archevêque M. de Villeroi, mort en 1693.

1162. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

C’est ce qui a fait dire de lui à Montaigne, assez pareil de nature, et qui était si bien fait pour l’apprécier et le comprendre (il parle en cet endroit des historiens simples, qui ramassent tout ce qui vient à leur connaissance, et qui enregistrent à la bonne foi toutes choses sans choix et sans triage) : Tel est entre autres, pour exemple, le bon Froissart qui a marché, en son entreprise, d’une si franche naïveté qu’ayant fait une faute, il ne craint aucunement de la reconnoître et corriger en l’endroit où il en a été averti, et qui nous représente la diversité même des bruits qui couroient et les différents rapports qu’on lui faisoit : c’est la matière de l’histoire nue et informe ; chacun en peut faire son profit autant qu’il a d’entendement.

1163. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — I. » pp. 162-179

Paulin Paris est le seul, à ma connaissance, qui de nos jours ait écrit sur le marquis de Lassay ; on peut se souvenir d’un assez piquant article de lui inséré dans le Bulletin du bibliophile en 1848, et dans lequel il parlait avec détail de l’hôtel Lassay, qui n’était autre alors que l’hôtel de la présidence de l’Assemblée nationale.

1164. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — III. (Suite et fin.) » pp. 454-472

Des savants italiens, notamment le comte Tiepolo, ont adressé à l’auteur et publié des « Observations critiques » dont plusieurs paraissent fondées sur une connaissance plus exacte des mœurs et sur l’autorité de documents particuliers, mais dont un grand nombre sont évidemment dictées par un esprit de nationalité plus louable que juste.

1165. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Le duc de Chevreuse, honnête, appliqué, laborieux, traitant chaque question avec méthode, s’épuisant à combiner les faits et à en tirer des inductions, des conséquences infinies, avait quelque chose du doctrinaire et du statisticien tout ensemble ; on en connaît encore de ce genre-là : avec beaucoup d’esprit, de mérite, de capacité et de connaissances, il n’arrivait qu’à être un bon esprit faux.

1166. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Il avait manifesté, depuis, sa manière de sentir et de voir sur tout sujet dans l’ouvrage qu’il avait publié à Londres en 1797, l’Essai historique, politique et moral sur les révolutions, et dont quelques-uns de ses amis, les gens de lettres de Paris, avaient eu connaissance.

1167. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

C’est ainsi que pour exalter Corneille, en qui il voit Eschyle, Sophocle, tous les tragiques grecs réunis, il sacrifie et diminue Racine ; c’est ainsi que, pour mieux célébrer l’époque de Louis XIII et de la régence qui succéda, il déprime le règne de Louis XIV ; que, pour glorifier les Poussin et les Le Sueur, dont il parle peut-être avec plus d’enthousiasme et d’acclamation que de connaissance directe et de goût senti et véritable, il blasphème et nie l’admirable peinture flamande ; il dit de Raphaël qu’il ne touche pas, qu’il ne fait que jouer autour du cœur, « Circum praecordia ludit ».

1168. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Je ne m’ennuie pas pourtant : cette Assemblée donne tant de connaissances !

1169. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

On conçoit d’ailleurs ces dissidences naturelles et cette sorte d’antipathie instinctive entre une école scientifique tout analytique et précise, et une autre qui ne se refusait ni l’éclat ni les couleurs ; mais d’Alembert se laissait emporter à ses préventions personnelles lorsqu’il disait à propos des systèmes de Bailly et de Buffon qu’il associait dans sa pensée : « Supplément de génie que toutes ces pauvretés ; vains et ridicules efforts de quelques charlatans qui, ne pouvant ajouter à la masse des connaissances une seule idée lumineuse et vraie, croient l’enrichir de leurs idées creuses… » Dans la familiarité de la correspondance et lorsqu’il n’est point retenu par le public, d’Alembert s’abandonne souvent ainsi à des injustices presque injurieuses, dites d’un style assez commun.

1170. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — II » pp. 254-269

Chanet se met donc à réfuter Charron et Montaigne (sans nommer ce dernier) sur les principes de leur scepticisme ; il se sert de ses connaissances en médecine et en histoire naturelle pour rabattre de ce qu’ils ont dit des animaux et pour maintenir l’homme à son rang légitime45.

1171. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

La première lettre de Henri le montre très amoureux, et les ennemis qui le savent s’embusquent dans un moulin pour le prendre au passage, s’il se hasarde à courir vers la dame de ses pensées : « Ne craignez, rien, mon âme, écrit Henri ; quand cette armée, qui est à Nogaro, m’aura montré son dessein, je vous irai voir, et passerai sur les ailes d’Amour, hors de la connaissance de ces misérables terriens, après avoir pourvu, avec l’aide de Dieu, à ce que ce vieux renard n’exécute son dessein. » Terriens, pour habitants de cette vile terre ; il y a ici du langage d’amour un peu alambiqué, et qui sent sa cour de Henri III.

1172. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

Il rencontre à chaque pas bien des gens de sa connaissance ; il les aborde, il les embrasse et on l’embrasse ; c’est la méthode ordinaire avec lui.

1173. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

Il s’adressait à tous les pères jésuites de sa connaissance, il leur disait ce qu’il écrira un peu après au père de La Chaise et à Bourdaloue, pour expliquer son épitaphe.

1174. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

Qu’on veuille se reporter en 1827, au moment où la curiosité critique se dirigeait dans tous les sens, non point par un esprit de simple étude et de connaissance impartiale, mais avec un désir de conquête, d’appropriation, et une honorable avidité de s’enrichir au profit de l’art et, s’il se pouvait, de la création moderne.

1175. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — I » pp. 298-315

En ce temps-là, on était apprenti aux divisions ; en celui-ci, tout le monde y est maître. » Et ce n’est point par intérêt personnel qu’il parle, dit-il, car « j’avais assez et trop de connaissance de la jalousie qu’il (Henri IV) portait à ceux de ma condition et religion, et connais bien que nous ne fûmes jamais plus considérables qu’à présent. » Mais cet intérêt qu’il a comme religionnaire et comme l’un des grands du royaume, il le met sous ses pieds un moment et le subordonne (ce qu’il ne fera pas toujours) à sa qualité de Français : Je regrette, s’écrie-t-il, en la perte de notre invincible roi, celle de la France.

1176. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

Il s’était formé par l’étude, et il avait auprès de lui un secrétaire et factotum des plus distingués par l’esprit et les connaissances, Priolo.

1177. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

Dès le jour de leur arrivée, M. et Mme Bovary, en descendant au Lion d’or, font connaissance avec quelques-uns des principaux du pays ; mais, parmi les habitués de l’auberge se trouve un petit clerc de notaire, M. 

1178. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

Bon gré mal gré, il faut bien faire connaissance ; elle le trouve très aimable et très poli, tout républicain qu’il est.

1179. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

Il perdit dès le premier instant la parole, non la connaissance ; il montrait sa tête comme le siège du mal.

1180. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Il donne encore d’autres raisons plus justes de son refus, son peu d’habitude du théâtre, son peu de fonds en connaissances classiques : « Enfin, j’ai bien fouillé dans tous les plis de mon cerveau, et il ne me semble point y trouver cette forme légère, ces tournures piquantes, cette facilité de style qui rendent un article agréable aux lecteurs, et permettent à celui qui les possède de parler cent fois de la même chose en paraissanttoujours nouveau.

1181. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

Dans le premier, il commit une faute par excès de préoccupation morale : à force de vouloir éviter la chronique scandaleuse, il se jeta dans la chronique vertueuse et raconta comment des demoiselles de sa connaissance, millionnaires, prenaient leurs maris parmi des jeunes gens distingués et sans fortune, précepteurs de leurs jeunes frères.

1182. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

C’est chez Théocrite qu’il faut lire ce brillant combat de Pollux : il est vrai que tout à côté, dans la même pièce, on se heurte à un exploit d’un genre tout différent, l’enlèvement des deux filles de Leucippe et le combat de Castor contre l’amant de l’une d’elles : car ces Grecs, semblables en cela à un autre peuple de notre connaissance, pouvaient être dits à la fois libertins et civilisateurs.

1183. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset. »

Louvois écrivait donc à l’intendant, pour ne pas rester démuni de pièces dans son dire : « Il est important que si vous n’avez point fait d’impositions sur ce lieu, ou que vous n’en ayez pas gardé de copies, vous ne laissiez pas de m’envoyer des copies d’ordres et d’impositions faites sur la seigneurie de Traerbach et sur quelques autres lieux de la seigneurie de Sponheim, dont le roi est en possession, lesquelles vous daterez d’entre le Ier mai 1681 et le 10 juillet, et me les enverrez par le retour de ce courrier, avec cette lettre que vous me renverrez aussi en même temps, observant de faire en sorte que personne ne puisse avoir connaissance de ce que je vous mande. » Cela fait et les pièces réelles ou fictives obtenues, il était tout naturel que Louvois pût écrire à M. de Croissy, son collègue des Affaires étrangères, et qui ne voyait, de tout ce manège, que la surface : « Vous trouverez dans ce paquet les pièces nécessaires pour mettre M. de Crécy (le ministre qui représentait la France près de la Diète) en état de faire voir aux députés à la Diète de Ratisbonne que le roi a été en possession de Traerbach auparavant le 1er août 1681.

1184. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

Mais le cercle s’est élargi, la vue s’est fort étendue depuis eux en dehors des horizons purement français : Shakspeare a grandi, Goethe s’est élevé, la connaissance des littératures étrangères a découvert les sources et permis de juger avec la dernière exactitude la quantité et la valeur des emprunts.

1185. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

Il comprit bientôt qu’on ne saurait être un vrai philosophe psychologue sans savoir d’une part la langue des mathématiques, cette logique la plus déliée, la plus pénétrante de toutes, et de l’autre l’histoire naturelle, cette base commune de la vie ; une double source de connaissances qui a manqué à tous les demi-savants, si distingués d’ailleurs, de l’école éclectique.

1186. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

Une chose les inquiétait beaucoup plus, c’est la connaissance qu’ils avaient de la défiance et de la profonde dissimulation de ce prince : on ne sait si elles lui étaient naturelles ou si elles lui avaient été de bonne heure inspirées parle cardinal, mais il en était venu à regarder la dissimulation comme une qualité qui lui était absolument nécessaire, et c’est à dissimuler que se bornait pour lui l’art de gouverner. » Ce lieutenant des chasses qui avait en lui, à Versailles, du Tacite et du Suétone, n’a pas fini, et il continue d’analyser son maître sur ce ton, intus et in cute.

1187. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

Ses recherches les plus profondes, les plus heureuses, ses découvertes même, s’il en fait, il sait que c’est si peu de chose ; que d’autres avant lui ont cherché et découvert, et que de loin tout cela fait à peine un anneau distinct dans la chaîne, si courte pourtant, et d’hier seulement renouée, des connaissances humaines.

1188. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

Montaigne, bien que si curieux et si amoureux du vrai, l’a dit : « Il ne faut pas guetter les grands hommes aux petites choses. » Ce qui me frappe, au degré de connaissance où nous sommes arrivés sur Napoléon, c’est combien quelques-uns de ceux qui le voyaient de plus près, et qui avaient même eu le plus d’occasions de causer avec lui, l’ont méconnu dans son unité, l’ont cru décousu, fragmentaire, ayant des éclairs et des tonnerres sans doute, mais sans cette continuité de vues et de calculs, sans cette fixité ardente qu’il apportait dans la suite de ses desseins.

1189. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Observations sur l’orthographe française, par M. Ambroise »

Tout au plus y avait-on écrit connaissance, connaître, ivraie jusqu’alors écrits par o.

1190. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

Sans cette connaissance générale, on court risque de les considérer trop à part, et comme des êtres étranges et accidentels.

1191. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Mathurin Regnier et André Chénier »

Mais là où Regnier surtout excelle, c’est dans la connaissance de la vie, dans l’expression des mœurs et des personnages, dans la peinture des intérieurs ; ses satires sont une galerie d’admirables portraits flamands.

1192. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre II. Des idées générales et de la substitution simple » pp. 33-54

En effet, les expériences que nous faisons et les images qui nous reviennent ne sont pas de pures connaissances ; elles nous affectent autant qu’elles nous instruisent ; elles sont un ébranlement en même temps qu’une lumière.

1193. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

Il faut penser au Discours de la méthode et au traité de la Connaissance de Dieu et de soi-même, pour trouver à quelles créations de l’esprit humain comparer les Époques.

1194. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Mme la duchesse de Bourgogne m’a dit qu’elle ne réussirait pas, que c’était une pièce fort froide, que Racine s’en était repenti, que j’étais la seule qui l’estimait, et mille autres choses qui m’ont fait pénétrer, par la connaissance que j’ai de cette cour-là, que son personnage lui déplaît.

1195. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

D’Urfé, comme presque tous les romanciers, avait mis dans son roman les personnages de sa connaissance : il s’y était mis lui-même et les aventures de sa jeunesse ; mais tout cela était combiné, déguisé et (le mot est de Patru) romancé de telle sorte, que lui seul pouvait servir de guide dans ce labyrinthe.

1196. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

Quand de simples particuliers discutent de bonne foi un objet de législation, quand ils ne se proposent que d’offrir le tribut de leurs connaissances et de leurs lumières à la patrie, il faut voir en eux des auxiliaires et non des ennemis.

1197. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

C’est cette histoire positive, vérace, à la Guichardin ou à la Machiavel, sans hypothèse, non adaptée aux vœux et aux combinaisons politiques du jour, toujours prête à voir ce qui est, ne relevant que de l’examen des faits et d’une connaissance sévère des hommes, qui est peut-être l’originalité à trouver et le correctif, après la manière de M. 

1198. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

Dans sa captivité de 1575, s’adonnant à la lecture et à la dévotion, dit-elle, elle nous montre l’étude qui ramène à la religion, et nous y parle du livre universel de la nature, de l’échelle des connaissances, de la chaîne d’Homère, de « cette agréable encyclopédie qui, partant de Dieu même, retourne à Dieu même, principe et fin de toutes choses ».

1199. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

Étienne, en écorchant ainsi le nom de Conaxa dont il faisait Onaxa, marquait assez qu’il n’avait nulle connaissance de cette ancienne pièce, ou du moins du manuscrit ainsi intitulé, et il en provoquait hardiment la confrontation avec son propre ouvrage : « Si quelque héritier ou quelque ami du jésuite voulait même le faire imprimer, disait-il, je lui indique l’adresse de Le Normant et Barba, chez lesquels va paraître ma quatrième édition. » Dans une préface qu’il se décida à joindre à cette quatrième édition mise en vente à quelques jours de là, il entrait dans quelques explications, et racontait qu’un de ses amis, M. 

1200. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

La rivière allait en pente très douce, elle y entrait pas à pas, et quand elle avait de l’eau jusqu’aux genoux, elle était entraînée par le courant… mais, à demi noyée, elle ne perdait pas toute connaissance ; à un moment, elle avait parfaitement le sentiment que sa tête cognait contre un câble tendu et que ses cheveux dénoués se répandaient autour d’elle, et, quand elle entendit un chien sauter à l’eau, de la Verberie, elle éprouvait l’appréhension anxieuse qu’il ne l’empoignât par un endroit ridicule.

1201. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre II : Variations des espèces à l’état de nature »

Il aura une tendance générale à faire beaucoup d’espèces, parce que, comme l’amateur de Pigeons ou d’autres volatiles dont j’ai déjà parlé, il sera sous l’impression de la différence des formes qu’il a constamment sous les yeux ; et il n’aura par contre, pour corriger cette première impression, qu’une connaissance superficielle et un sentiment moins vif des variations analogues des autres groupes en d’autres contrées.

1202. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

Ce rude travailleur en choses éphémères, ce bénédictin de robe… trop courte, avec ses vastes connaissances, son encyclopédisme littéraire, son amour des idées et de tout ce qui ressemblait à une idée, son besoin plus pressant que sûr de généraliser, son style fringant, piquant, brillant et trempé aux sources de tous les idiomes, Philarète Chasles, n’a pas laissé, en somme, un grand livre pense et voulu, construit avec art, ferme sur sa base, une œuvre centrale, enfin, qui eût donné exactement sa mesure et qui aurait empêché de la chercher confusément, ainsi qu’on le fait aujourd’hui, dans des travaux éparpillés, —  disjecta membra poetæ .

1203. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

Un art nouveau ne peut sortir de l’imitation des Quattrocentisti, qui voyaient la nature avec leur cœur, leur croyance, leurs connaissances, alors que nous devons la considérer avec notre cœur, avec notre œil et notre science d’hommes modernes.

1204. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Un symbole »

Pour qu’aucune voix n’ait osé porter ce fait à la connaissance de tous, il a fallu une ignorance et un manque de jugement extraordinaires, dont profita le parti catholique.

1205. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

Il était si possédé de sa passion, qu’il l’apercevait en tout le monde et l’imposait au genre humain ; le fond de l’homme, à ses yeux, est la connaissance de la vérité morale.

1206. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

En vous écoutant, j’admirais l’énorme somme de vos connaissances, l’infinie diversité de vos observations, l’abondance, l’éclat, la hardiesse, de vos idées, et ce prodigieux labeur que vous aviez imposé à votre frêle et délicate jeunesse. […] Il y rédigeait le bulletin politique, avec une rectitude de jugement, avec une connaissance approfondie de la politique européenne, qu’eussent enviées les meilleurs diplomates ; car ses aptitudes étaient universelles. […] L’hiver dernier, dans le Midi, je liai connaissance avec M. de B…, écrivain allemand de grand mérite, et de plus, si j’ose m’exprimer ainsi, député au Reichstag. […] Ses connaissances littéraires ne se bornaient point aux ouvrages de M.  […] À part quelques rares exceptions, peu encouragées d’ailleurs, la littérature ne s’élève guère dans la région supérieure des idées, des connaissances expérimentales et des hautes spéculations psychiques.

1207. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Il y a même lieu de se demander si l’étude et la connaissance de la pensée étrangère est toujours un bienfait. […] Le dictionnaire nous la donne : connaissance exacte d’un certain ordre de choses. […] La géométrie, par exemple, est une science au même titre que la chimie, la chimie une science au même titre que l’astronomie, encore que toutes trois poursuivent une connaissance exacte de leur objet, mais cet objet n’étant pas le même, cette connaissance exacte est obtenue par des méthodes différentes. […] Il y en a un dans l’ordre des connaissances, dans celui des moyens. […] Pascal se plaçait à un seul point de vue, celui des connaissances scientifiques, et dans les conditions de fixité sociale qui étaient une des caractéristiques du dix-septième siècle.

1208. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Pourtant ces fonds de causerie spirituelle, de connaissance du monde et d’expérience en apparence consommée, eussent pu sembler en train d’échapper par un bout à l’uniforme prétention du rôle extérieur, si, plus au fond encore, et sur un troisième plan, pour ainsi dire, ne s’était levée, d’accord avec l’apparence première, la conviction inexpugnable, comme une muraille formée par la nature sur le rocher (arx animi). […] Il observe et il médite ; sa pensée franchit les espaces, et va se choisir, par-delà les mers, une patrie. « A la première connaissance de cette querelle (anglo-américaine), mon cœur, dit-il, fut enrôlé, et je ne songeai plus qu’à joindre mes drapeaux. » Il n’a pas vingt ans, il s’échappe sur un vaisseau qu’il frète, à travers toutes sortes d’aventures. […] Personne ne connaît et ne respecte plus que moi la puissance de l’opinion, de la culture morale et des connaissances politiques ; je pense même que, dans une société bien constituée, l’homme d’État n’a besoin que de probité et de bon sens ; mais il me paraît impossible de méconnaître, surtout dans les temps de trouble et de réaction, le rapport nécessaire des événements avec les principaux moteurs.

1209. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Leur connaissance, leur étude va nous faire faire un pas de plus dans l’intelligence de son théâtre. […] Il y a dans son caractère deux traits dont la connaissance achève de répandre sur la nature spéciale de son génie comique tout le jour dont notre intelligence a besoin. […] Connaissance des beautés et des défauts de la poésie et de l’éloquence dans la langue française.

1210. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

. —  Importance des spécimens décisifs en tout ordre de connaissance. —  Essais sur Warren Hastings et sur Clive. […] Ils demeurent volontiers dans une région moyenne parmi des tirades et des arguments d’avocat, avec une connaissance telle quelle du cœur humain, et un nombre raisonnable d’amplifications sur l’utile et le juste. […] Il n’est pas véritablement artiste : quand il fait une peinture, il songe toujours à prouver quelque chose ; il insère des dissertations aux endroits les plus touchants ; il n’a ni grâce, ni légèreté, ni vivacité, ni finesse, mais une mémoire étonnante, une science énorme, une passion politique ardente, un grand talent d’avocat pour exposer et plaider toutes les causes, une connaissance précise des faits précis et petits qui attachent l’attention, font illusion, diversifient, animent et échauffent un récit.

1211. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Il s’appuie, au contraire, sur ces conditions de la connaissance pour fonder sa critique objective. […] Les principes nous manquent en toutes choses et particulièrement dans la connaissance des ouvrages de l’esprit. […] Mais je ne comprenais pas pourquoi Dieu avait défendu à cette bonne Flamande d’Ève de toucher aux fruits de l’arbre qui donnait de belles connaissances. […] Il y prit quelque connaissance de la langue grecque. […] Elle lui demande par quel secret il a acquis tant de connaissances.

1212. (1903) Propos de théâtre. Première série

Je l’avais complètement oubliée ; j’ai été bien heureux de renouer connaissance avec ce modèle des épouses. […] Couat l’a élucidée, pour la première fois, à ma connaissance, avec une admirable sûreté et une pénétration tranquille et forte qui m’a fait le plus grand plaisir. […] Le premier, à ma petite connaissance, ce fut Le Blanc, l’abbé Le Blanc, dans une lettre au président Bouhier. […] Il ne sait pas, malgré toute la connaissance qu’il a d’Horace, marcher sur la cendre qui recouvre le charbon encore ardent, « incedere per ignes suppositos cineri doloso ». […] Et comment n’a-t-on jamais, à ma connaissance, fait ce rapprochement et montré combien Racine devait à La Mort de Pompée pour son Andromaque ?

1213. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

Vient enfin la révélation foudroyante de l’homme complet, avec ses exigences qui se manifestent dès la première possession… et c’est vraiment d’une profonde connaissance de la psychologie virile, cette brusque audace succédant à tant de timidité, cet impérieux accent que commande la voix de l’instinct dès que la beauté dévêtue de Fanny lui vient proposer ses attraits : soudaine interversion des rôles que je n’eusse point tant admirée sous la plume d’un écrivain de mon sexe, mais qui force mon admiration, venant de Mme Marcelle Tinayre. […] Avec elle il faut retourner le mot de Nietzsche : « L’Homme se donne, la Femme prend. » Par les expériences de sa vie antérieure, par les rudes épreuves qu’elle eut à traverser, par la connaissance des troubles passionnels en face du jeune homme qui jusqu’alors les ignora, c’est elle l’éducatrice. […] Ce sont l’Ordre, reposant tout entier sur le principe d’autorité, qui maintient entre les divers membres du groupe, comme entre les pièces d’un organisme savamment assemblées, les rapports de dépendance et de hiérarchie propres à assurer leur fonctionnement… La Morale, qui envisage l’être individuel, comme un composé d’instincts bons et mauvais, entre lesquels se poursuit une lutte sans trêve, les uns conservateurs, les autres destructeurs de la personnalité, répondant de façon frappante d’ailleurs à cette théorie biologique de la Phagocytose, ou lutte entre les bons et mauvais microbes qui constituent l’être physique et rivalisent entre eux pour la destruction ou la durée de celui-ci… La Religion, enfin, qui reposant au fond sur l’idée kantienne, perçue bien avant Kant, de la relativité de la connaissance, propose l’hypothèse d’une Destinée supra-terrestre, laquelle peut seule donner un sens à la vie… la Religion, le plus puissant de tous les freins, assise même de l’ordre social, sur laquelle durant tant de siècles s’appuya l’édifice, et dont un penseur de nos jours a pu dire, en termes d’autant plus saisissants qu’il n’y voyait que le dernier soutien de cet ordre compromis : « On peut évaluer son apport dans nos sociétés modernes, ce qu’elle y a introduit de pudeur, de douceur et d’humanité, ce qu’elle y entretient d’honnêteté, de bonne foi et de justice. » Veut-on maintenant qu’au type normal nous opposions son contraire ? […] Faites ce dernier effort de rapprocher, dans une vue d’ensemble, les héros qu’avec tant d’amour leur pinceau caressa : ce sont membres d’une même famille avec qui vous fîtes individuellement connaissance, et qui se trouvent maintenant à portée de votre main.

1214. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Avez-vous jamais vu un homme de votre connaissance rire aux éclats pour quelque prouesse gymnique ou sportique exécutée par lui ? […] Les textes de la Bérénice de Racine qu’il rapproche des textes de la Bérénice de Corneille n’ont rien, selon moi, qui prouve la moindre connaissance que Racine aurait eue de la Bérénice de Corneille. […] J’ai reconnu tout à l’heure au passage bon nombre de remarques des critiques du temps qui étaient pour moi de vieilles connaissances et que j’ai saluées d’un air d’intelligence. […] Il y travailla de tout son cœur, je veux dire qu’il travailla beaucoup à Hambourg ; et il y fit connaissance avec Elise Lensing, qui devait occuper une très grande place dans sa vie. […] Et c’est en 1828 que Sainte-Beuve avait déjà ce coup d’œil et cette connaissance du terrain.

1215. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Mais des connaissances variées et une intelligence subtile ne servaient qu’à imaginer des impossibilités et à multiplier les superstitions. […] Il a une connaissance approfondie de l’histoire universelle. […] À dix heures, Catherine perdit connaissance. […] Je ne vois guère, dans toutes ces notions, que la connaissance des langues vivantes qui ait un intérêt pratique. […] Cette connaissance est utile au négociant et au législateur, comme au soldat et au savant.

1216. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — I. » pp. 262-280

Jusque-là, n’admirez-vous pas cette vie constante, unie, enfermée, toute à l’acquisition des connaissances sacrées, toute à l’éducation et à la formation intérieure du talent naturel ?

1217. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — II. (Fin.) » pp. 281-300

Il avait de vastes connaissances, une érudition étendue et curieuse ; il lisait les Pères grecs en grec et les préférait aux Pères de l’Église latine.

1218. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

Il avait pour ce commencement de roman un exemple précis, m’assure-t-on, dans quelqu’un de sa connaissance, et, tant qu’il s’y est tenu d’assez près, il a pu paraître vrai.

1219. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

On me fait remarquer qu’à cet égard il est un peu de la famille de Pline l’Ancien, lequel, surchargé pareillement d’affaires, d’offices administratifs et de commandements, trouvait du temps encore pour toutes les branches de littérature et de connaissances.

1220. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

Un jour qu’il était à la fenêtre de la rue, il vit entrer dans un magasin d’en face une femme de sa connaissance et de celle de Mme Unwin, avec une étrangère qui n’était autre qu’une sœur, à elle, nouvellement arrivée dans le pays, et celle-ci avait je ne sais quoi de si attrayant et de si ravissant à la simple vue, que Cowper, tout timide qu’il était, désira aussitôt de la connaître.

1221. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

Sa jeunesse et sa bonne reine rendent sa vertu plus agréable et recommandable : la science de la religion en lui est accompagnée d’une parfaite connaissance des belles-lettres. » 62.

1222. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

Avec de l’esprit, du brillant, de la mémoire et des connaissances assez étendues, il ne fit guère que du mal76.

1223. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — I » pp. 249-267

On serait animé par une idée bien flatteuse et par un puissant mobile, par la pensée qu’on l’instruit, lui aussi, qu’on lui fait faire un pas de plus dans la connaissance de lui-même et de la place qu’il tient dans la renommée ; on jouirait de sentir qu’on lui développe un côté de sa gloire, qu’on lui lève un voile qui lui en cachait quelque portion, qu’on lui explique mieux qu’il ne le savait son action sur les hommes, en quoi elle a été utile et salutaire, et croissante ; on oserait ajouter en quoi aussi elle a été moins heureuse et parfois funeste.

1224. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

Je ne sais rien même de si faible et de si vain que de fuir devant les vices, ou de les haïr sans mesure ; car on ne les hait jamais que parce qu’on les craint, par représailles ; ou par vengeance, parce qu’on en est mal traité ; mais un peu de grandeur d’âme, quelque connaissance du cœur, une humeur douce et tacite, empêchent qu’on en soit surpris ou blessé si vivement.

1225. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

. — Casaubon, dans sa haine et sa peur des excès, était en religion ce que bien des honnêtes gêna de notre connaissance sont en politique.

1226. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Rousset nous fait si heureusement profiter, me paraît être bien plus dans le vrai quand il nous montre Louis XIV, toutes les fois qu’il dicte ou qu’il écrit, « parlant en roi passionné pour la gloire, appliqué à ses affaires, qui agit par lui-même, qui prend connaissance et qui juge sainement de tout, et qui n’est pas tellement conduit par ses ministres qu’il n’influe beaucoup dans leurs résolutions, par son attention a les examiner et sa fermeté à les soutenir. » Cette conclusion mesurée est moins piquante que l’autre, qui suppose un Louis XIV. toujours maître et souverain en idée, et en réalité toujours dupe.

1227. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Montaigne en voyage »

Le Journal de son voyage, publié très tard pour la première fois, en 1774, n’a rien de curieux littérairement ; mais moralement, et pour la connaissance de l’homme, il est plein d’intérêt, C’est un simple récit, en partie dicté, et de l’écriture d’un secrétaire, en partie de la main de Montaigne, et dont une portion considérable, plus d’un tiers, est même écrite par lui en italien, pour s’y exercer et s’y entretenir.

1228. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

Vers ce même temps il eut l’idée de réunir chez lui des après-midi du dimanche, dans l’appartement qu’il occupait au quatrième de sa propre maison, rue Chabanais au coin de la rue Neuve-des-Petits-Champs, ses amis ou ses connaissances qui s’occupaient des questions littéraires, alors si débattues.

1229. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

C’était un singulier contraste, on l’avouera », que cette âme virginale, cette colombe » du Cayia, au sortir de son désert ; faisant connaissance pour la première fois avec Paris et le monde lettré par cet échantillon, d’homme, d’esprit, par ce bouquet de feu d’artifice.

1230. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

L’histoire de Charles-Quint tout entière, dont Robertson semblait avoir élevé le monument définitif, a été renouvelée de nos jours par la connaissance directe des sources et des papiers d’État contenus dans les archives des divers pays, régis et gouvernés par ce puissant monarque ; l’étude des diverses branches dont se compose, en si grand nombre, ce règne étendu et complexe est devenue l’objet d’une savante émulation, et en Espagne, et à Vienne, et en Belgique surtout par les exactes et si essentielles publications de M. 

1231. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

. — D’autre part, je vois le courant du milieu, ce flot d’élèves sortant chaque année des écoles de l’Université, avec des idées toutes contraires, bien qu’eux-mêmes très-divers entre eux : idées politiques très-brouillées, très-mélangées, connaissances littéraires (si l’on excepte une élite) trop incomplètes au point de vue de l’Antiquité et trop peu consistantes, malgré tous les efforts et l’excellence des maîtres.

1232. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet »

J’espère tirer un grand fruit de mon voyage, non-seulement sous le rapport de l’art, mais aussi pour la connaissance que j’ai acquise de moi-même.

1233. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

L’abbé Legendre, qui a écrit jusqu’à quatre Éloges de M. de Harlay, sans compter ce qu’il en dit dans ses Mémoires ; qui l’a loué une première fois en français, mais un peu brièvement40, une seconde fois en français encore41 et en s’attachant à ne mettre dans ce second morceau ni faits, ni pensées, ni expressions qui fussent déjà dans le premier ; qui l’a reloué une troisième fois en latin42, puis une quatrième et dernière fois en latin encore43, mais pour le coup avec toute l’ampleur d’un juste volume, Legendre a commencé ce quatrième et suprême panégyrique qui englobe et surpasse tous les précédents par un magnifique portrait de son héros ; je le traduis ; mais on ne se douterait pas à ce début qu’il s’agit d’un archevêque, on croirait plutôt qu’il va être question d’un héros de roman : « Harlay était d’une taille élevée, juste, élégante, d’une démarche aisée, le front ouvert, le visage parfaitement beau empreint de douceur et de dignité, le teint fleuri, l’œil d’un bleu clair et vif, le nez assez fort, la bouche petite, les lèvres vermeilles, les dents très bien rangées et bien conservées jusque dans sa vieillesse, la chevelure épaisse et d’un blond hardi avant qu’il eût adopté la perruque ; agréable à tous et d’une politesse accomplie, rarement chagrin dans son particulier, mangeant peu et vite ; maître de son sommeil au point de le prendre ou de l’interrompre à volonté ; d’une santé excellente et ignorant la maladie, jusqu’au jour où un médecin maladroit, voulant faire le chirurgien, lui pratiqua mal la saignée ; depuis lors, s’il voyait couler du sang, ou si un grave souci l’occupait, il était sujet à des défaillances ou pertes de connaissance, d’abord assez courtes, mais qui, peu à peu, devinrent plus longues en avançant : c’est ce mal qui, négligé et caché pendant plus de vingt ans, mais se répétant et s’aggravant avec l’âge, causa enfin sa mort. » L’explication que l’abbé Legendre essaye de donner des défaillances du prélat par suite d’une saignée mal faite est peu rationnelle : M. de Harlay était sujet à des attaques soit nerveuses, soit d’apoplexie plus probablement, dont une l’emporta.

1234. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. (suite) »

Je ne le pense pas, et aucun de ceux qui ont quelque peu connaissance de son œuvre ne seront, je le crois, tentés de le contester.

1235. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

Gavarni veut-il nous montrer la fin et l’issue d’un combat de boxeurs, c’est d’abord le vaincu, celui qui est resté sur le carreau : on l’emporte pâle, étendu, la tête renversée, sans connaissance et comme prêt à rendre le dernier soupir ; vous tournez la page et vous voyez le vainqueur : celui-ci, on ne l’emporte pas ; il est debout, on le porte ; deux camarades ont besoin de toute leur force pour le soutenir ; éborgné, fracassé, démoli, croulant, il lui faudra bien des jours pour se refaire, s’il y parvient jamais.

1236. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

Les lignes de communication, de Marchiennes à Denain, s’appelaient insolemment « le chemin de Paris. » Louis XIV, il faut lui rendre cette justice, écrivait de Fontainebleau, le 17 juillet, au maréchal de Villars, cette lettre qui en suppose une autre antérieure sur le même sujet : « Ma première pensée avait été, dans l’éloignement où se trouve Landrecies de toutes les autres places d’où les ennemis peuvent tirer leurs munitions et convois, d’interrompre leur communication en faisant attaquer les lignes de Marchiennes (ou de Denain), ce qui les mettrait dans l’impossibilité de continuer le siège ; mais, comme il m’a paru que vous ne jugez pas cette entreprise sur les lignes de Marchiennes praticable, je m’en remets à votre sentiment par la connaissance plus parfaite que vous avez étant sur les lieux… » Le ministre de la guerre, M. 

1237. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

L’infortuné marquis tomba du coup sans connaissance : ce fut une exécution.

1238. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Ce qui frappe le plus dans ce roman d’Émile, fait et publié par un auteur de vingt et un ans « qui a connu la souffrance à l’âge où les jeunes gens, en général, ne connaissent encore que le plaisir », c’est l’expérience précoce du monde, la connaissance anticipée des hommes.

1239. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

Vous êtes venu bien mal à propos pour faire ma connaissance, car il ne me reste guère de temps pour vous remercier de l’intérêt que vous me portez. » — Nous en étions là quand nous arrivâmes au pont de Tolède ; je le passai et lui entra par celui de Ségovie.

1240. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

Taine comme, à ma connaissance, il ne l’avait pas été encore : il n’apparaît qu’à son moment et après un tableau caractérisé de la Renaissance chrétienne, de ce puritanisme dont il est la fleur suave et douce et la couronne sublime, bien qu’un peu bizarre.

1241. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

Le poète critique attribue même un peu trop à Homère quand, se souvenant à son sujet d’un mot d’Horace pour le réfuter, il dit que là où nous voyons une faute et une négligence, il n’y a peut-être qu’une ruse et un stratagème de l’art : « Ce n’est point Homère qui s’endort, comme on le croit, c’est nous qui rêvons. » Le beau rôle du vrai critique, Pope l’a défini et retracé en divers endroits pleins de noblesse et de feu, et que je rougis de n’offrir ici que dépolis et dévernis en quelque sorte, dépouillés de leur nette et juste élégance : « Un juge parfait lira chaque œuvre de talent avec le même esprit dans lequel l’auteur l’a composée : il embrassera le tout et ne cherchera pas à trouver de légères fautes là où la nature s’émeut, où le cœur est ravi et transporté : il ne perdra point, pour la sotte jouissance de dénigrer, le généreux plaisir d’être charmé par l’esprit. » Et ce beau portrait, l’idéal du genre, et que chaque critique de profession devrait avoir encadré dans son cabinet : « Mais où est-il Celui qui peut donner un conseil, toujours heureux d’instruire et jamais enorgueilli de son savoir ; que n’influencent ni la faveur ni la rancune ; qui ne se laisse point sottement prévenir, et ne va point tout droit en aveugle ; savant à la fois et bien élevé, et quoique bien, élevé, sincère ; modeste jusque dans sa hardiesse, et humainement sévère ; qui est capable de montrer librement à un ami ses fautes, et de louer avec plaisir le mérite d’un ennemi ; doué d’un goût exact et large à la fois, de la double connaissance des livres et des hommes ; d’un généreux commerce ; une âme exempte d’orgueil, et qui se plaît à louer, avec la raison de son côté ? 

1242. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Dans la plupart des cas, à mon sens, il y a mieux à faire : c’est de profiter de l’accroissement de connaissances et des nouvelles lumières en chaque chose, sans mettre à néant ce qui nous a été transmis de longue main et qui a ses raisons de subsister, ses racines cachées et qu’on ne sait plus bien toujours.

1243. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

Grote a reprises sans aucune prévention pour ou contre, qu’il a traitées à nouveau avec une pleine connaissance du sujet et en véritable arbitre, ne se donnant lui-même modestement que pour un rapporteur fidèle et judicieux.

1244. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

Conservons avec soin, augmentons le dépôt de ces hautes connaissances, les délices des êtres pensants.

1245. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

Ils ont commencé par l’excès, par l’abus ; ils ont abondé dans leur sens, ils ont beaucoup hasardé : mais bientôt ils ont tant vu et compulsé de pièces de ce xviiie  siècle qu’ils chérissent et où ils ont placé leurs origines, ils ont tant recherché et comparé de tableaux, d’estampes et d’images, tant recueilli de détails, tant colligé d’anecdotes, tant dépouillé de journaux, de correspondances, en finissant par les gros livres et par les ouvrages de poids, qu’ils sont devenus à leur tour des habiles, des peintres et témoins fidèles, des experts de première qualité dans la connaissance de cet âge si voisin de nous et si compliqué, si raffiné.

1246. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

C’est lui qui m’a fait connaître l’endroit où il était, et, après m’avoir conseillé sa mort, il en a gémi avec toutes ses connaissances (l’empereur se remet à marcher, et, d’un ton calme, après un moment de silence)… Je ne lui ferai aucun mal ; je lui conserve ses places ; j’ai même pour lui les sentiments que j’ai eus autrefois ; mais je lui ai retiré le droit d’entrer à toute heure dans mon cabinet.

1247. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Rôdant toujours autour de cette France interdite, elle séjourna encore à Hambourg, et c’est dans cette ville que la renommée, désormais attachée à son nom par Adèle de Sénange, noua sa première connaissance avec M. de Souza, qu’elle épousa plus tard vers 1802.

1248. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

Elles ne sortaient pas, elles n’avaient fait aucune connaissance dans la ville ; une ancienne domestique amenée avec elles les servait.

1249. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIIe entretien. Tacite (1re partie) » pp. 57-103

XVI On se perd quand on analyse ce sublime discours d’empire dans les profondeurs de raison, de pénétration, de prévoyance, de connaissance du cœur humain et de l’opinion des différentes classes du peuple qu’il révèle chez le vieux Galba.

1250. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

L’homme a distingué d’abord et nommé ce qui le touchait de plus près : quand le cercle de ses idées et de ses connaissances s’est élargi, il n’a point créé les mots à profusion ; il a appliqué autant qu’il a pu ceux qu’il possédait déjà aux objets nouveaux qu’il découvrait, et n’a enrichi sa langue que par la multiplication des métaphores.

1251. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre I. Le théâtre avant le quinzième siècle »

C’est un trouvère d’Arras qui fit jouer au xiie  siècle ces deux pièces remarquables, et l’une à Arras même, au puy : or Arras est précisément la ville qui, la première à notre connaissance, s’empara du drame religieux, et lui donna, avec Bodel surtout, le caractère d’un divertissement dévot, mais laïque.

1252. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Le père Monsabré »

Messieurs, les braves gens qui raisonnent ainsi oublient une chose qu’il est important de savoir : c’est que cette vie intime, ces redoutables secrets dont ils font tant de cas, sont, pour le prêtre qui en doit prendre connaissance, à leur centième, à leur millième et peut-être à leur dix millième édition, et qu’ainsi ils deviennent non plus la pâture de sa curiosité, mais d’une héroïque patience.

1253. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

Cette connaissance du siècle et de ses faiblesses lui ménage de faciles alliances avec l’imagination et le cœur de son jeune public.

1254. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

Je me suis toujours étonné qu’un homme qui avait tant de connaissance des hommes, eût pu épouser si chaudement une cause quelconque.

1255. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

Tout ce qui passait de distingué à Cambrai (et presque toute l’armée y passait à chaque campagne, durant ces guerres des dernières années de Louis XIV) voyait Fénelon, était traité par lui ; et, avec cet attrait particulier qui était le sien, il lui restait, de ces connaissances de passage, plus d’une liaison durable.

1256. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

La mission de Voltaire, à ce moment, était de naturaliser en France les idées anglaises, les principes philosophiques qu’il avait puisés dans la lecture de Locke, dans la société de Bolingbroke ; mais surtout, ayant apprécié la solidité et l’immensité de la découverte de Newton, et rougissant de voir la France encore amusée à de vains systèmes, tandis que la pleine lumière régnait ailleurs, il s’attacha à propager la vraie doctrine de la connaissance du monde, à laquelle il mêlait des idées de déisme philosophique.

1257. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

Ce n’était pas seulement un goût naturel qui portait Frédéric vers d’Alembert : « Nous autres princes, nous avons tous l’âme intéressée, disait Frédéric, et nous ne faisons jamais de connaissances que nous n’ayons quelques vues particulières, et qui regardent directement notre profit. » Frédéric avait songé de bonne heure à attirer d’Alembert à Berlin pour le faire président de son Académie.

1258. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

Faut-il maintenant s’étonner qu’au milieu d’une si perpétuelle discipline et sous une couche ainsi accumulée de connaissances les plus diverses, la nature ait été, sinon opprimée, du moins recouverte, et que l’originalité chez d’Aguesseau ne se fasse jamais jour sous l’extrême culture ?

1259. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

Mourant, et quand il eut perdu connaissance, on sait qu’elle se retira avant qu’il eût rendu le dernier soupir.

1260. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

Cependant il est certain qu’ils ont des petitesses méprisables, et qu’ils se déchirent les uns les autres plus encore que ne font les femmes… La connaissance que j’ai du monde m’attache encore davantage à vous : j’y trouve toutes les vertus et la bonté qui manque dans les autres.

1261. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Ce qu’était Carrel, tous ceux qui l’ont connu le savent, et il ne leur est pas difficile, par la connaissance qu’ils ont du caractère de l’homme, de s’expliquer les phases différentes de sa destinée.

1262. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

On peut distinguer trois périodes dans la carrière poétique de Boileau : la première, qui s’étend jusqu’en 1667 à peu près, est celle du satirique pur, du jeune homme audacieux, chagrin, un peu étroit de vues, échappé du greffe et encore voisin de la basoche, occupé à rimer et à railler les sots rimeurs, à leur faire des niches dans ses hémistiches, et aussi à peindre avec relief et précision les ridicules extérieurs du quartier, à nommer bien haut les masques de sa connaissance : J’appelle un chat un chat, et Rolet un fripon.

1263. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

Un des amis de Walpole, le général Conway, était venu en France, et, malgré le désir qu’on en avait exprimé de sa part, il n’avait pu réussir à faire la connaissance du duc et de la duchesse de Choiseul, qui s’y étaient peu prêtés : Quoique les Choiseul, écrit Walpole, se tiennent à distance de vous, j’espère que leur abbé Barthélemy n’est point soumis à la même quarantaine.

1264. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

Après la mort de Luynes, Richelieu n’entre pas encore au ministère ; les ministres qui sont en cour le redoutent, lui sachant tant de lumières et de force de jugement ; ils retardent le plus qu’ils peuvent le moment où le roi prendra de lui quelque connaissance particulière, de peur de le voir aussitôt à la tête des affaires : « J’ai eu ce malheur, dit-il, que ceux qui ont pu beaucoup dans l’État m’en ont toujours voulu, non pour aucun mal que je leur eusse fait, mais pour le bien qu’on croyait être en moi. » Ils ont beau faire, ils ont beau s’opposer à la destinée et s’enfoncer chaque jour dans leurs dilapidations et dans leurs fautes, le moment approche, il est venu, Richelieu désormais est inévitable.

1265. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

La bonne et loyale Marguerite, qui ne connaissait rien aux partis, et qui n’en jugeait que par les honnêtes gens, par les hommes de lettres de sa connaissance, penchait à croire que ces vilains placards étaient du fait, non des protestants, mais de ceux qui cherchaient prétexte à les compromettre et à les persécuter.

1266. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre III. L’art et la science »

Il condensait dans son cerveau la connaissance humaine.

1267. (1897) Préface sur le vers libre (Premiers poèmes) pp. 3-38

Baudelaire connut l’œuvre wagnérienne, l’illustra de belles pages, et Mendès très longtemps orna le wagnérisme. » On répondra que Baudelaire en 1862 — date de sa connaissance du Tannhauser et de son étude critique — était âgé de quarante ans, fatigué de son bel effort, qu’il pouvait éprouver des plaisirs esthétiques nouveaux, et les traduire, admirablement, sans que cela l’induisît à modifier une formule de vers qui était déjà une conquête sur le passé ; et si la même raison ne peut valoir pour Mendès, quoi d’étonnant à ce que celui-ci soit, car son éducation poétique, quoique moins avancée, était déjà faite, resté fidèle à un idéal technique, dont il ne pouvait encore percevoir la caducité, puisqu’elle n’existait pas encore, et qui lui laissait toute la place pour ses réalisations encore neuves.

1268. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre III. Personnages merveilleux des contes indigènes »

— Nul conte ouolof, à ma connaissance, ne fait jouer de rôle aux nains et de ce côté nous n’avons aucun détail sur leur aspect physique.

1269. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre V. Séductions pour la compréhension de la psychologie indigène. — Conclusion »

N’ayant pris connaissance des « Contes populaires d’Afrique » (R.

1270. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

Lemontey, au xviiie  siècle, et de notre temps l’auteur de Ménages et Finances de Voltaire, qui ne craint pas d’être scandaleux, voilà les seuls hommes à notre connaissance qui aient touché pour ne pas la frapper d’une injure la mémoire du cardinal Dubois.

1271. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Prosper Mérimée »

L’un (Gustave Planche) est un sec aux os épais qui a du muscle, l’autre (Mérimée) est un sec maigre qui a du nerf, mais tous deux, l’un comme critique et l’autre comme écrivain de roman et de drame, sont dépourvus également d’imagination créatrice, plantureuse et féconde, et, encore une fois, c’est dans cette identique absence de la même faculté que probablement ils sympathisèrent, Mérimée, il est vrai, n’a laissé dans ses écrits à ma connaissance aucun témoignage d’admiration ou de reconnaissance pour le critique auquel il doit tout, mais s’il a été ingrat, ce sec d’esprit qui pouvait bien l’être de cœur, il l’aura beaucoup été, car il doit tout à Gustave Planche, qui l’a presque inventé tant il l’a vanté !

1272. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Macaulay »

Doué de l’imagination la plus opulente, qui saisit et reproduit avec éclat toutes les analogies et toutes les différences, puissant par la vaste étendue de l’esprit et par une étendue non moins vaste de connaissances, Macaulay pourrait être regardé comme un critique complet s’il avait le jugement souverain, qui est le coup de hache définitif et mérité par lequel le critique ressemble à l’homme d’État, et dont l’un ne peut pas plus se passer que l’autre.

1273. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Ernest Renan »

À présent, nous avons cette Vie de Jésus, accueillie avec une curiosité d’une part si confiante, et de l’autre presque épouvantée, et nous savons qu’il n’y a là-dedans ni monstre ni prodige, ni Renan nouveau avec des facultés nouvelles, mais tout bêtement le Renan, déjà fripé, de notre connaissance, l’expulsé de séminaire qui a de l’évêque rentré dans le ventre, le Grippe-Soleil du docteur Strauss, toujours à la suite de monseigneur, et l’écrivain du Journal des Débats à son dimanche… Ô gens de cervelle enflammée, comment trouvez-vous un pareil Antéchrist ?

1274. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

Il faut convenir que s’il avait pu le mériter, c’eût été par son respect pour les connaissances et le désir qu’il eut d’éclairer sa nation.

1275. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

« J’ai fait connaissance hier, écrit de Vienne lady Montague, avec le fameux poëte Rousseau, qui vit sous la protection particulière du prince Eugène et subsiste de ses libéralités.

1276. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Vraisemblance des incidents, habileté des ressorts, vérité de mœurs, connaissance parfaite du pays où la scène est placée, rien n’y manque. […] Hugo, une plus grande connaissance de la scène, mais non pas de la poésie dramatique. […] Transportée chez Tisbe, Catarina, qui s’était résolue au sacrifice de sa vie, repose sans connaissance sur le lit de la courtisane. […] Mais à l’exception de Voltaire, que tout le monde croit connaître, et que si peu ont sérieusement étudié, les thèmes développés par le critique exigeaient des connaissances que l’inspiration ne peut jamais suppléer. Ces connaissances, je le sais, sont rares parmi les hommes de vingt-un ans, et je ne m’étonne pas que M. 

1277. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Et dès le premier jour j’ai détesté la science, moins encore pour la fausseté que pour l’inutilité des soi-disant connaissances dont elle nous encombre l’esprit. […] Et l’art, expression de tous les symboles, doit être un drame idéal, résumant et annulant ces représentations naturelles qui ont trouvé leur pleine connaissance dans l’âme du poète. […] Tout, dans l’Univers, résulte des mêmes lois, s’offre dans la connaissance à un ordre continu. […] Une conformation spéciale de notre pensée nous borne, fatalement, à la seule connaissance des phénomènes : au-delà sont les antinomies, et l’esprit se heurte à des possibilités opposées. […] Dès lors, le problème de la substance externe disparaît ; le problème de l’origine chronologique se ramène à la connaissance de l’origine logique, et cette origine est notre activité intellectuelle.

1278. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

« La vie ne vaut que comme instrument de la connaissance. » Ce mot de Nietzsche s’applique assez bien à la doctrine de Flaubert. […] Mais premièrement, en fait, on a vu que ces théoriciens s’accommodaient à souhait du roman de mœurs et du réalisme, moyennant qu’ils fussent appliqués à des sujets plus rapprochés d’eux, parisiens, provinciaux ou rustiques, auxquels un pur caprice peut seul attribuer la préférence ; car c’est une plaisanterie d’articuler en leur faveur qu’ils nous sont mieux connus et nous dépaysent moins, s’il est vrai que l’attirance du nouveau, l’intérêt de curiosité, constituent au contraire l’un des éléments de la valeur d’un ouvrage et l’un de nos motifs d’avoir envie d’en prendre connaissance. […] Ce pessimisme, ce dilettantisme, ce cosmopolitisme, cet abus de la science et de l’analyse ne nous semblaient point du tout des monstres dévorants, mais de passionnantes créations de l’esprit moderne, dont nous brûlions de faire plus intimement la connaissance. […] L’Art poétique est un exposé de métaphysique et non pas un traité de l’art d’écrire en vers ; Connaissance de l’Est est une série de délicates impressions d’Extrême-Orient (M.  […] Quelle que soit la qualité intrinsèque de ces paysages helléniques, le voyage n’est si captivant qu’en raison de tant de grands souvenirs, et l’intérêt qu’on y trouve est proportionné à la connaissance et à l’amour que l’on peut avoir de l’antiquité.

1279. (1922) Gustave Flaubert

Une équipe de flaubertistes, à la tête desquels il faut placer et le regretté René Descharmes, et René Dumesnil, ont renouvelé sur plusieurs points notre connaissance biographique du maître. […] Elle y fit la connaissance d’un jeune médecin de Nogent-sur-Seine, établi à Rouen, le docteur Flaubert, et l’épousa en 1810. […] Flaubert fait quelques connaissances littéraires, fréquente l’atelier de Pradier dont la femme est la sœur d’un ami de collège à lui. […] Les femmes ne font qu’une partie de sa vie, la partie féminine de ses amitiés et de ses connaissances. […] Et, pour nous maintenir en pays de connaissance, le diable se sauve en faisant Hah !

1280. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Il faut que la science présentée à ces esprits neufs et attentifs, soit étendue d’une certaine dose de fiction ; que cette fiction ne soit pas même trop savamment conçue ; des estomacs jeunes ne sauraient digérer le pain des forts, et ce que les imaginations faites trouvent insipide et nauséabond est précisément ce qui convient à la masse du public, dans l’état actuel de ses connaissances. […] Survient notre ancienne connaissance Vautrin, devenu, de par lui-même, abbé espagnol, et nous avons la contrefaçon de l’histoire du Comte de Sainte-Hélène : le digne Vautrin qui a pris pour Lucien la plus belle passion du monde, enlève Esther, et en quelques mois, lui improvise au Couvent du Sacré-Cœur l’éducation d’une femme du monde et les principes austères et les vertus sublimes d’une héroïne. […] En maint endroit le dialogue est aussi finement tracé que dans aucun livre de notre connaissance et si l’on ne tombait pas quelquefois sur une tirade un peu longue de Philippe Strozzi ou de Lorenzo, on poursuivrait avec un intérêt constant une lecture où les velléités frivoles de l’imagination trouvent merveilleusement leur compte.

1281. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

Dimanche 26 mai Une classe curieuse que les tout derniers éditeurs de l’heure actuelle, des éditeurs qui sont des commerçants, ayant fait leur fortune dans des industries ou des négoces inférieurs, et qui, sans aucune connaissance de la partie, croient se relever de leur passé, et anoblir leur avenir par le débit de productions de l’intelligence. […] Hayashi me racontait qu’un compatriote, qu’il a connu à Paris, et qui est devenu un grand monsieur dans le gouvernement japonais, lui avait écrit plusieurs fois, sans qu’il répondît, lorsque à son dernier voyage au Japon, il lui avait demandé à venir le voir, dans une lettre où il lui disait : « Oui, je suis un fonctionnaire du gouvernement, mais je suis tout de même un honnête homme, je ne vole pas mes appointements, et je mérite une visite. » Mercredi 14 août Les journaux qui ont raconté la visite du Shah de Perse à Saint-Gratien, n’ont point eu connaissance du message qui l’a précédé, et qui demandait de lui faire préparer « un verre d’eau glacée, des gâteaux, une chaise percée ». […] Ce soir, Daudet disait, qu’au moment de s’en aller de terre, avant la perte de la connaissance, on devrait avoir autour de soi la réunion des esprits amis, et se livrer à de hautes conversations, que ça imposerait au mourant une certaine tenue, et comme nécessairement venait sous sa parole, le nom de Socrate, moi qui ne comprends guère la mort que le nez dans le mur, je lui répondais que la conférence in extremis de Socrate, me semblait bien fabuleuse, qu’en général les poisons donnaient d’affreuses coliques, vous disposant peu à fabriquer des mots et des syllogismes, et qu’il y aurait vraiment à faire, avec les concours des spécialistes, une enquête sur les effet de l’empoisonnement par la ciguë.

1282. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Le voyageur qui voudrait faire connaissance avec son image trouvera son portrait, ainsi que celui de la princesse sa femme, dans une conditorei qui est en même temps un gasthaus et un café, et qui est située près du quartier des frères moraves. […] Une fraîche connaissance, disait-il encore, lui faisait toujours l’effet de ces gibiers exquis qu’il faut laisser attendre quelque temps avant de s’en régaler, l’amitié ou même la simple camaraderie n’ayant tout son prix que lorsqu’elle était, comme le gibier rare, un peu faisandée. […] Comme c’est le seul de nos sentiments qui ne naisse pas de l’illusion, le seul qui nous soit conseillé et non imposé par la nature, la connaissance des vices, des travers et même des défauts de ceux qui nous l’ont une fois inspiré ne lui nuit en rien. […] Si je restais à Paris, et que je te visse aux prises avec des nécessités urgentes, je n’hésiterais pas à mettre ma montre en gage pour toi, ou à faire les démarches les plus ennuyeuses auprès des usuriers de ma connaissance. […] Cependant l’espèce de mépris affectueux qu’il inspirait avait des causes plus profondes, qu’il avait pénétrées parfaitement, et dont la connaissance lui rendait facile son rôle de parasite et de bouffon.

1283. (1910) Rousseau contre Molière

. ; tandis que Rousseau donne comme cause de leur ignorance la connaissance de leurs véritables intérêts et assure tout de suite qu’elles ont bien raison de rester ignorantes. […]   Mais alors, c’est tout le système de Rousseau qui est faux, même en partant de son principe, surtout en partant de son principe ; et si toute l’éducation de la femme doit être relative au futur mari, c’est, pour que le mari ne soit pas cocu, toute la connaissance exacte de la civilisation et par conséquent toute la culture qu’on donne aux garçons, à bien peu près, que l’on doit aussi donner aux jeunes filles ! […] L’homme dit ce qu’il sait, la femme dit ce qui plaît ; l’un pour parler a besoin de connaissances ; l’autre, de goût ; l’un doit avoir pour objet principal les choses utiles, l’autre, les agréables. […] La femme a plus d’esprit et l’homme, plus de génie ; la femme observe et l’homme raisonne ; de ce concours résultent la lumière la plus claire et là science la plus complète que puisse acquérir de lui-même l’esprit humain… » Voilà qui est bien ; mais si la jeune fille ne peut pas et ne doit pas acquérir dans les livres la connaissance des cœurs humains et si, d’autre part, cette connaissance lui est indispensable, reste qu’il faut la conduire dans le monde de très bonne heure, et alors que devient Sophie, l’idéale Sophie, élevée, sans un seul livre, sans un seul voisin de campagne, par son père et sa mère, dans un hameau ? […] On voit par ses lettres qu’elle a l’art ou le don de la conversation ; elle a d’instinct la connaissance des hommes et une grande pénétration à démêler leurs sentiments secrets ; et, sans avoir de coquetterie à proprement parler, elle a un don de séduction naturelle qui s’exerce sur tous les hommes, qui, s’il n’est pas coquetterie, en tient lieu suffisamment pour en remplir tout l’office.

1284. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Nous faisons ces questions par trop peu de connaissance de nous-mêmes et des autres. […] Mais quelle qu’en soit la raison, que ç’ait été la faute du génie qui observe ou de la matière à observer, les anciens n’ont pas eu de notre être et des ressorts qui le font agir la connaissance fine et déliée que nous en avons. […] La qualité éminente, universelle et caractéristique du siècle de Louis XIV, la connaissance de l’homme, est celle qui déchoit le plus. […] Jourdain, une de nos vieilles connaissances, s’est poussé dans le monde, et il veut qu’on s’en aperçoive, peu soucieux toutefois de passer pour gentilhomme, depuis qu’il est certain de tenir soigneusement enveloppée dans ses sacs la seule noblesse qui ne soit plus une chimère. […] Ici, il ne pèche plus seulement par omission, il pèche par défaut de connaissances.

1285. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Macbeth s’est affermi dans le crime, après avoir hésité à le commettre, parce qu’il le comprenait ; nous verrons sa femme, succombant sous la connaissance qu’elle en a trop tard acquise, substituer une idée fixe à une autre, mourir pour s’en délivrer, et punir par la folie du désespoir le crime que lui a fait commettre la folie de l’ambition. […] Mais il suffirait, pour y reconnaître Shakespeare, de quelques traits de morale qui attestent sa profonde connaissance du cœur humain. […] Quelle profonde connaissance du cœur humain décèle le caractère de ce don Juan, cet homme essentiellement insociable, pour qui faire le mal est un besoin, et qui s’irrite contre les bienfaits de son propre frère ! […] On voit de plus, dans la préface de l’éditeur, que cette maladie fut longue et amena la mort de l’historien, que la nécessité de revoir le travail auquel Girolamo n’avait pu mettre lui-même la dernière main prit un temps considérable, et enfin que les procès, tant « civils que criminels », dont fut tourmenté l’éditeur, ne lui permirent pas de mener à fin son entreprise aussi promptement qu’il l’aurait désiré ; en sorte que l’ouvrage de Girolamo ne put être publié que longtemps après sa mort : l’édition de 1594 est donc, selon toute apparence, la première, et ne pouvait guère, en 1595, être déjà venue à la connaissance de Shakspeare. […] Après avoir vu dans Timon d’Athènes un misanthrope farouche, qui fuit dans un désert où il ne cesse de maudire les hommes et d’entretenir la haine qu’il leur a jurée, nous allons faire connaissance avec un ami de la solitude, d’une mélancolie plus douce, qui se permet quelques traits de satire, mais qui plus souvent se contente de la plainte, et critique le monde, inspiré par le seul regret de ne l’avoir pas trouvé meilleur.

1286. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Il fit la connaissance de Niebuhr, qui l’apprécia dignement, et qui essaya même de lui faire donner un emploi par le cardinal Consalvi ; mais on n’y consentait qu’à la condition que Leopardi embrasserait la carrière ecclésiastique. […] Comment celle-ci peutelle se cultiver avec succès sans une profonde connaissance des langues savantes ?

1287. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

Il y eut, vers ce temps, des hommes qui nous représentent et qui réalisent en eux l’idée de l’honnête homme, comme on l’entendait alors, bien mieux que le chevalier de Méré ne le sut faire dans sa personne, et lui-même, parmi les gens de sa connaissance, il nous en cite qu’il propose pour d’accomplis modèles. […] Il n’y était pas encore, quand il parlait de Pétrone et de César, et quoiqu’il y ait dans le ton dont il disserte de ces fameux Romains un faux air de Clélie, il s’y trouve une connaissance incontestable du fond des choses et du caractère des personnages.

1288. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Il y a là une théorie de la passion dominante qui vaut la peine d’être lue ; en somme, il a été assez loin, plus loin que Boileau par exemple, dans la connaissance de l’homme. […] Voici ces vers si beaux traduits en prose ; j’ai beau traduire exactement, de toutes ces beautés il ne reste presque rien : Connais-toi donc toi-même, et ne te hasarde pas jusqu’à scruter Dieu. —  La véritable étude de l’humanité, c’est l’homme. —  Placé dans cet isthme de sa condition moyenne, —  sage avec des obscurités, grand avec des imperfections, —  avec trop de connaissances pour tomber dans le doute du sceptique, —  avec trop de faiblesse pour monter jusqu’à l’orgueil du stoïcien, —  il est suspendu entre les deux ; ne sachant s’il doit agir ou se tenir tranquille, —  s’il doit s’estimer un Dieu ou une bête, —  s’il doit préférer son esprit ou son corps, —  ne naissant que pour mourir, ne raisonnant que pour s’égarer, —  sa raison ainsi faite qu’il demeure également dans l’ignorance, —  soit qu’il pense trop, soit qu’il pense trop peu, —  chaos de pensée et de passion, tout pêle-mêle, —  toujours par lui-même abusé ou désabusé, —  créé à moitié pour s’élever, à moitié pour tomber, —  souverain seigneur et proie de toutes choses, —  seul juge de la vérité, précipité dans l’erreur infinie, —  la gloire, le jouet et l’énigme du monde.

1289. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Si Votre Excellence avait quelque connaissance de l’art, elle ne craindrait rien pour cette tête, mais pour le pied droit du Persée, qui est si éloigné de l’autre, et vers lequel la matière aura plus de peine à parvenir. […] Le duc devint furieux de cette estimation ; et, lorsque j’en eus connaissance, je dis que je ne voulais rien de ce qui venait de Bandinello.

1290. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

Il avait les quatre conditions nécessaires pour donner à l’Europe ce chef-d’œuvre si longtemps inconnu : la philosophie pratique, la passion de son modèle, la connaissance du grec et la vertu antique, cette condition supérieure qui force l’homme de ressembler à ce qu’il admire. […] Si Ptolémée et Aristobule avaient eu connaissance de ces lettres, ils n’auraient pas sans doute donné un démenti formel à leur héros en avançant que les conjurés accusèrent Callisthène de les avoir engagés dans leur entreprise criminelle.

1291. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

Aristote avait toutes les armes nécessaires pour soutenir la lutte : le génie d’abord, hautement reconnu, et développé même par son maître ; les vastes connaissances ; les enseignements de la philosophie antérieure, et les discussions prolongées vingt ans au sein de l’école qu’il devait combattre, sans compter les trésors d’un roi capable de comprendre ses études en les favorisant. […] « Le corps est un instrument dont l’âme se sert à sa volonté… De là… l’extrême différence du corps et de l’âme, parce qu’il n’y a rien de plus différent de celui qui se sert de quelque chose, que la chose même dont il se sert. » Bossuet, Connaissance de Dieu et de soi-même, page 73, a, éd. de 1836.

1292. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Marcel Prévost tira un excellent parti de renseignements qu’il avait reçus chez les Pères de la rue des Postes, de sa connaissance sérieuse de la morale chrétienne, — connaissance qui n’abonde pas chez nos écrivains, — et, spécialement, de l’exacte notion qu’il avait du « péché ».

1293. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Matériellement et socialement, la vie s’améliore ; scientifiquement, chaque jour apporte sa conquête et, peu à peu, la persévérante investigation des chercheurs élargit l’empire de la connaissance. […] Mais il suffit d’un peu de réflexion pour conclure, du fait même de cette particularisation et du caractère successif des conquêtes de la connaissance, que l’absolu de la vérité n’est pas une proie naturellement humaine.

1294. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

Camille Benoit s’est fait une place à part dans la littérature musicale par sa connaissance approfondie de l’œuvre de Wagner. […] Cet ouvrage est très important pour la connaissance du wagnérisme en Belgique et en particulier au théâtre de la Monnaie.

1295. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

C’est pourquoi la foi en Christ n’est pas la croyance en un système sur la personne de Jésus, mais la connaissance de la vérité. […] Mais cette traduction ne suffit pas : à la foule, aux théâtres, au grand public elle est bonne, et admirable ; à ceux qui souhaitent une intime connaissance de l’œuvre Wagnérienne, non : il faut la traduction littérale.

1296. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Le second acte, le clou de la pièce, et dont la connaissance qu’il a du Palais, m’a fait adresser à lui, Ajalbert, à la fois un littérateur et un avocat, commence au moment, où le Président dit : « Maître un tel, vous avez la parole… » C’est donc dans une plaidoirie et une défense d’accusée, qu’est toute l’exposition de la vie de la femme — et ceci est pour moi une trouvaille originale — puis la condamnation à mort, comme elle l’est à peu près dans mon livre. […] Mercredi 4 juin Lavisse répétait devant moi, ce soir, une phrase à peu près dite ainsi par Bismarck à quelqu’un de sa connaissance : « J’ai cru que j’en étais arrivé à l’âge, où l’existence de gentilhomme campagnard remplit notre vie… Non, non, je m’aperçois que j’ai encore des idées, que je voudrais émettre… je ne ferai pas d’opposition… seulement si on m’attaque, je me défendrai… parce que lorsque l’on me bat, il me faut battre ceux qui me battent… ou sans ça, je ne peux pas dormir, et j’ai besoin de dormir. » Jeudi 5 juin Déjeuner chez le père La Thuile qu’a choisi Antoine, pour la lecture de La Fille Élisa, pièce faite entièrement par Ajalbert, d’après mon roman.

1297. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

Esprit profondément historique d’instinct, de connaissances et d’études, le jeune Granier trouva devant lui, après 1830, un pays si opiniâtrement monarchique encore qu’il avait refait immédiatement un trône avec les débris du trône qu’il avait renversé ; et le polémiste qui, jusque-là, n’avait été que littéraire, se dévoua à défendre ces quatre planches qui sont un trône, — disait Napoléon, — mais qui n’avait plus son velours fleurdelisé, usé par les siècles et déchiré par la Révolution ! […] Plus compétent, d’ailleurs, que les deux autres, par l’étendue et la plénitude des connaissances, érudit comme il était littéraire, Granier de Cassagnac était, sur toutes choses, toujours prêt à tout pour le compte des gouvernements qui ne sont jamais prêts à rien !

1298. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre IV. De la pluralité des temps »

Il est donc bien inutile de nous rassurer, de nous dire que l’observateur en N′ peut sans doute tenir à l’intérieur de son présent une partie de l’avenir du lieu P′, mais qu’il ne saurait en prendre ni en donner connaissance, et que par conséquent cet avenir est pour lui comme s’il n’était pas. […] Strictement parlant, il devrait s’exprimer ainsi : « Je place l’événement dans l’avenir du lieu P′, mais du moment que je le laisse à l’intérieur de l’intervalle de temps futur équation , que je ne le recule pas plus loin, je n’aurai jamais à me représenter le personnage en N′ comme capable d’apercevoir ce qui se passera en P′ et d’en instruire les habitants du lieu. » Mais sa manière de voir les choses lui fait dire : « L’observateur en N′ a beau posséder, dans son présent, quelque chose de l’avenir du lieu P′, il ne peut pas en prendre connaissance, ni l’influencer ou l’utiliser en aucune manière. » Il ne résultera de là, certes, aucune erreur physique ou mathématique ; mais grande serait l’illusion du philosophe qui prendrait au mot le physicien.

1299. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

La connaissance de ce plan n’offrirait sans doute aujourd’hui qu’un intérêt historique si les dispositions en avaient été éliminées par d’autres. […] La nature ne s’y fût pas prise autrement pour faire de tout étranger un ennemi virtuel, car si une parfaite connaissance réciproque n’est pas nécessairement sympathie, elle exclut du moins la haine.

1300. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

Ces lettres de Bernis et de Duverney, qui n’ont rien de bien intéressant par le sujet, et qui ont été imprimées en 1790 avec les notes les plus ridicules et les plus impertinentes qu’on puisse imaginer, sont curieuses quand on les lit, comme je le fais, au point de vue de la biographie et de la connaissance des deux caractères.

1301. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

Beaucoup de compassion pour la noblesse indigente, parce que j’avais été orpheline et pauvre moi-même, un peu de connaissance de son état, me fit imaginer de l’assister pendant ma vie.

1302. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Et, en etfet, par une rencontre imprévue et qui permet la confrontation, le fabricateur fait dire à sa fausse marquise, sur les personnes de son monde et de sa connaissance, des méchancetés plus ou moins atroces, qui sont justement le contraire de ce qu’on trouve dans les lettres authentiques et qui en reçoivent un entier démenti.

1303. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

Je n’ai plus que deux choses à faire dans ma vie : l’une de la hasarder avec honneur dès que je le pourrai, et l’autre de la finir dans l’obscurité d’une retraite qui convient à ma façon de penser, à mes malheurs et à la connaissance que j’ai des hommes.

1304. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

Par exemple : dans un ouvrage qu’il vient de publier sur La Connaissance de l’âme (1857), le Père Gratry s’est vivement et habilement emparé de ces pensées de Maine de Biran pour dire aux philosophes de l’école de M. 

1305. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

Livet prend le soin de faire la remarque suivante : « La connaissance imparfaite de notre ancienne littérature a égaré Despréaux dans son Art poétique ; nous invoquons la même excuse en faveur de l’abbé d’Olivet, qui traite le même sujet d’une manière aussi peu conforme aux idées modernes. » Je crois qu’on pouvait se dispenser de cette note.

1306. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite et fin.) »

5° Dans les premiers jours de son retour d’Angleterre (27 avril 1792), on a vu venir chez elle ses anciennes connaissances, ce qui a duré peu de temps… puis elle a vécu très-retirée avec sa fille (bru), son petit-fils, âgé de huit ans et demi, un instituteur réputé bon citoyen, et une Anglaise qui lui est attachée depuis trente-trois ans, veuve d’un Florentin, qui est en état d’arrestation chez elle, avec un garde, depuis la loi sur les étrangers.

1307. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

Lorsque l’abbé Legendre fit la connaissance de l’archevêque, le prélat était au plus fort de l’engagement dans la lutte soutenue par Louis XIV pour les droits de sa couronne et les libertés de l’Église gallicane contre la Cour de Rome ; on était au lendemain de l’Assemblée de 1682.

1308. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

. — Il nous est cependant arrivé quelques paralytiques de plus ces jours-ci ; mais nous n’avons pas un rhumatisme de connaissance. — Je ne sais si c’est par la disposition dans laquelle mettent ces eaux-ci, ou par humeur, ou par réflexion, mais je n’ai jamais été absent de Paris avec de si mauvais pressentiments sur les affaires publiques.

1309. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

de Sophie Arnould, un auteur manqué qui n’avait jamais eu que des moitiés ou des quarts de succès, un candidat-lauréat perpétuel à l’Académie, mais qui, à travers ses ridicules, n’était point dépourvu de connaissances, ni d’esprit, ni même d’un certain goût, s’était pris d’affection pour la jeune actrice, et il tenait à lui donner des conseils.

1310. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

Au moment de céder et de partir pour Paris, Jomini exhalait sa plainte ; il voyait bien qu’on ne lui permettrait pas de donner sa démission et d’aller porter ailleurs sa connaissance des choses de guerre et ses idées : «  Hélas !

1311. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 177-201

En somme, il y avait dans ce jeune talent une connaissance prématurée de la passion humaine, une joute furieuse avec elle, comme d’un nerveux écuyer cramponné, à force de jarret et d’ongles, au dos d’une cavale fumante.

1312. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIe entretien. Sur la poésie »

L’esprit, la pénétration brillaient en lui de toutes parts jusque dans ses violences ; ses reparties étonnaient, ses réponses tendaient toujours au juste et au profond ; il se jouait des connaissances les plus abstraites ; l’étendue et la vivacité de son esprit étaient prodigieuses et l’empêchaient de se fixer sur une seule chose à la fois.

1313. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

Ce qui s’offre à nous sous ce titre, c’est tout Montesquieu, toutes ses connaissances et toutes ses idées, historiques, économiques, politiques, religieuses, sociales, à propos d’une étude comparative de toutes les législations.

1314. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome IXe. » pp. 138-158

Thiers, en possession de pièces confidentielles dont nul autre que lui n’avait eu jusqu’ici connaissance, et y appliquant sa merveilleuse faculté d’éclaircissement, s’est attaché à fixer avec la dernière précision l’instant où ce projet d’usurpation fatale entra dans la tête de Napoléon et y prit le caractère d’une résolution arrêtée ; car pour l’idée vague, elle avait dû lui traverser depuis longtemps la pensée.

1315. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

On pourrait faire trois portraits de Mme d’Épinay, l’un à vingt ans, l’autre à trente (et elle nous a fait ce portrait-là vers le moment où elle commença de connaître Grimm) ; et il y aurait un troisième portrait d’elle à faire après quelques années de cette connaissance, lorsque, grâce à lui, elle avait pris plus de confiance en elle, et qu’en étant une personne très agréable encore, elle devenait une femme de mérite, ce qu’elle fut tout à fait en avançant.

1316. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

Il se retrouve homme de lettres sur ce point : entre deux ridicules, selon lui, et deux inconvénients, il choisit le moindre, et, pour le coup, il dirait volontiers comme cet autre de ma connaissance : « J’ai, pour un homme de lettres, le malheur d’appartenir à une nation qui n’est jamais plus fière que quand elle a un pompon sur la tête, et qu’elle obéit au mot d’ordre d’un caporal. » Son bourgeois de Paris nous est présenté par lui comme ayant éprouvé aux affaires du mois de juin (1832) un double accident : « il a gagné une extinction de voix et la croix d’honneur, deux malheurs dans la vie d’un homme raisonnable, qui craint également la médecine et le ridicule ».

1317. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

Saint-Simon, au premier bruit de la rechute et de l’agonie, court donc chez la duchesse de Bourgogne, et y trouve tout Versailles rassemblé, les dames à demi habillées, les portes ouvertes, un pêle-mêle confus, et une des occasions les plus belles qu’il ait jamais rencontrées de lire à livre ouvert dans les physionomies des acteurs : « Ce spectacle, dit-il, attira toute l’attention que j’y pus donner parmi les divers mouvements de mon âme. » Et il se met à exercer sa faculté de dissection et d’analyse sur chaque visage en particulier, en commençant par les deux fils du moribond, par leurs épouses, et ainsi par degrés sur tous les intéressés : Tous les assistants, dit-il avec une jubilation de curieux qui ne se peut contenir, étaient des personnages vraiment expressifs ; il ne fallait qu’avoir des yeux, sans aucune connaissance de la Cour, pour distinguer les intérêts peints sur les visages, ou le néant de ceux qui n’étaient de rien ; ceux-ci tranquilles à eux-mêmes, les autres pénétrés de douleur, ou de gravité et d’attention sur eux-mêmes pour cacher leur élargissement et leur joie.

1318. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

Ou raconte que c’est là qu’un général de notre connaissance s’avisa un jour qu’il avait trouvé un sujet unique pour le plus gai et le plus délicieux des proverbes.

1319. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

Napoléon, qui se connaissait en héros et qui savait l’étoffe dont ils sont faits, insiste sur ce point que le héros d’une tragédie ne doit pas l’être de pied en cap, qu’il doit, pour intéresser, rester un homme ; et ici, sans s’en douter et en croyait n’être que classique, Napoléon se rapproche du point de vue de Shakespeare, chez qui il y a des hommes toujours, et point de héros : L’auteur, dit-il, paraît surtout avoir oublié une maxime classique, établie sur une véritable connaissance du cœur humain : c’est que le héros d’une tragédie, pour intéresser, ne doit être ni tout à fait coupable ni tout à fait innocent.

1320. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Cette connaissance première se renoua plus étroite à Toulon.

1321. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

Dans un de ces petits Livrets que Courier laissait tomber de sa poche vers 1823, et qui sont comme ses Guêpes (une méchante et trop facile littérature), il se faisait dire par un homme de sa connaissance, qu’il rencontrait au Palais-Royal : « Prends garde, Paul-Louis, prends garde !

1322. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

Il y venge les sciences, dont il avait mis l’utilité en question dans un endroit des Lettres persanes ; il y avance d’une manière spirituelle et originale qu’une connaissance acquise, un résultat d’un ordre intellectuel est souvent la cause indirecte et lointaine du salut de la société.

1323. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

J’y ai des connaissances, mais je n’y suis lié intimement avec personne.

1324. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

Aussi Cazalès n’obtenait-il guère en société qu’une faveur de souvenir… Les portraits qu’Arnault a donnés des personnages de sa connaissance, et qu’il s’est amusé à tracer dans les années de sa vieillesse, sont animés de ces traits heureux et vraiment spirituels, qui sortent tout à fait du commun.

1325. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Ivan Tourguénef »

Parmi jour important de demi-émeute, il se laisse enivrer dans un cabaret ; on l’emporte sans connaissance et malade.

1326. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

On peut imaginer un esprit enregistreur, éminemment apte à percevoir par les sens, à retenir et à se figurer les mille manifestations de la vie décrivant les objets, les physionomies et les caractères de la façon dont ils apparaissent par le détaillement de leurs parties et l’énumération %94de leurs actes ; parvenant, grâce à une accumulation de notes internes, à avoir d’une nation à une certaine époque une connaissance aussi complète que celle dont nous avons marqué les limites.

1327. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre III : Concurrence vitale »

C’était évidemment le résultat de ses grandes connaissances en horticulture.

1328. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Doyen » pp. 178-191

Autre défaut et peut-être le plus considérable de tous, c’est qu’on y désire une meilleure connaissance de la perspective, des plans plus distincts, plus de profondeur ; tout cela n’a pas assez d’air et de champ, ne recule pas, n’avance pas assez.

1329. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre I. »

Ceux transcrits au cours des années 1911 et 1912 ont été traduits par Samako Niembélé, un interprète intelligent, parlant assez correctement le français et je pourrais dire qu’ils sont plutôt son œuvre que la mienne, si je n’avais essayé, par quelques mots changés çà et là, de donner à son style la vivacité et l’expression qu’il ne pouvait, malgré une connaissance assez avancée de notre langue, lui communiquer autant qu’il l’aurait souhaité.

1330. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Saint-Simon »

Ni Boulainvillers, ni Dubost, ni Montesquieu lui-même, ni personne, n’a parlé de la monarchie française avec cette sûreté et cette clarté de connaissances qui donnent à ces deux pièces de procédure, à ces deux Mémoires d’occasion, l’éternelle solidité de l’Histoire.

1331. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

L’épouvante qu’il dut ressentir en voyant l’unité menacée, la connaissance de ces hommes aux muscles épais et durs, aux passions tenaces, que la parole ne pénétrait pas aisément et redressait peu quand ils avaient dévié une fois, l’engagèrent dans la croisade.

1332. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’inter-nationalisme »

Si pareilles exagérations se sont produites, amenant une réaction qui faisait proclamer récemment, par un éminent économiste américain, la banqueroute de la sociologie biologique, c’est peut-être parce que, — à d’éminentes mais rares exceptions près, — les recherches bio-sociologiques ont été poursuivies soit par des naturalistes peu au courant des questions sociales, soit par des sociologues dont les connaissances biologiques étaient incomplètes et superficielles. » Selon M. 

1333. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

Jouffroy fut la connaissance de la destinée humaine ; il la donna pour but à la philosophie82 ; pour lui les autres recherches ne furent que rentrée de celle-là.

1334. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

— de l’imprésario, de l’acteur et enfin de l’auteur avec, pour double critère de succès, la nature personnelle, les qualités individuelles du geste et de la grimace du comédien, et la connaissance, l’expérience que possède le directeur quant au « goût du public » : le tout fidèlement, scrupuleusement, honteusement accommodé sur commande par celui qui est devenu le valet de tout le monde, le Poëte ! […] Les Formules accomplies Un être auquel serait accordée la connaissance pleine et entière du présent n’aurait pas grand effort à faire pour y voir immédiatement l’avenir. […] Parce qu’il met en scène des végétaux, des animaux, on veut croire qu’il a le sentiment de la nature, on s’extasie sur la connaissance qu’il a des mœurs de ses personnages symboliques. […] Pour ce qui est d’aujourd’hui, mille connaissances nous manquent. […] ; tous deux écrivent aussi mal à peu près l’un que l’autre, ils ont l’esprit également en vacance de toute pensée profonde et de toute idée belle, avec cela beaucoup d’expérience, une connaissance vérifiée des goûts du public : en vérité, je les verrais, non sans plaisir, ces habiles gens, s’entendre pour se jeter de l’un à l’autre — balle élastique dont chaque bond sonne de l’or — ce public contemporain qui ne mérite rien de mieux.

1335. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Et, chez tous les deux, c’est l’être excellemment aimant, c’est la femme, vierge et mère, qui sert de médiateur entre l’amour divin et l’amour humain ; c’est Marie pleine de grâce, vers qui montent les prières exaucées de Béatrice et de Marguerite ; c’est la Mater gloriosa, la reine du ciel, qui accorde à Dante la vision des splendeurs, à Faust la connaissance de la sagesse de Dieu. […] La connaissance de sa personne et de sa destinée, voilà le commentaire véritable de son œuvre. […] Ces inventions se ressentent de la barbarie du moyen âge et de l’incohérence qu’un ensemble de notions superstitieuses et de connaissances fragmentaires jetaient dans les meilleurs esprits. […] Mais, pour peu que l’on réfléchisse sur les conditions nouvelles de la vie européenne, on verra que, indépendamment des joies intellectuelles qui nous attendent dans l’intimité d’un Shakespeare, d’un Milton, d’un Gœthe, les études philosophiques, scientifiques et politiques, les affaires industrielles et commerciales elles-mêmes qui jouent un si grand rôle dans l’existence moderne, ont déjà beaucoup à souffrir et souffriront de plus en plus, chez nous, de notre infériorité dans la connaissance des langues. […] Il recommande aux négociants italiens la connaissance d’une langue orientale, qu’il appelle le Coman, et dont il ne reste plus d’autre trace.

1336. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Un mathématicien n’a pas besoin d’élèves ; ses élèves, ce sont les quelques douzaines ou centaines de têtes mathématiques vivant ensemble sur la planète, capables de le comprendre, et auxquelles quelques pages dans une revue spéciale donnent toute la connaissance utile de ses travaux. […] Les professionnels de la critique universitaire sont des gens instruits dans la connaissance des littératures passées. […] Personne n’était mieux que Renan désigné par sa nature pour mener la calme vie de chanoine intellectuel, dévolue aux épicuriens de la connaissance. […] Celui qui concerne la connaissance nous retiendra davantage. […] Voilà le bénéfice que le recul d’un quart de siècle, en 1926, nous permet d’apprécier en toute connaissance.

1337. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

La curiosité se déplace ; et de la connaissance ou de la méditation des œuvres des anciens elle se porte tout entière vers l’observation des choses voisines, réelles, et contemporaines. […] Il y avait une grande place à passer, et dans les commencements de notre connaissance, il prenait son chemin par les côtés de cette place. […] — Parce que la traduction n’avait alors elle-même pour objet que de faire passer et comme d’incorporer à la substance de l’esprit français la connaissance entière de l’antiquité. […] — et que d’autres en tout cas l’avaient imité avant lui ; — dont Desmarets dans ses Visionnaires, et Scarron dans son Japhet d’Arménie. — Que ces premières fréquentations de Molière n’étaient pas les meilleures que pût avoir un jeune bourgeois de 1640 ; — et comment elles sont devenues pires quand il a eu lié connaissance avec les Béjart [Cf.  […] Pensées] ; — la physiologie dans le Traité de la connaissance de Dieu, de Bossuet ; — l’astronomie dans les Caractères de La Bruyère [Cf. le chapitre des Esprits forts] ; — et encore dans les Entretiens sur la pluralité des mondes. — Une page de Perrault dans ses Parallèles [cinquième et dernier dialogue, édition de 1696, p. 41 et suiv.].

1338. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Ce qui frappe l’esprit de la foule, ce sont les applications industrielles de la vapeur et de l’électricité ; et on ne peut en effet s’empêcher de voir qu’elles rendent chaque jour le monde plus inhabitable… Mais c’est ailleurs, dans l’acquisition de connaissances et de méthodes nouvelles, que s’est fait le véritable progrès. […] Parlons plus juste : Taine n’a jamais traité de littérature et d’histoire que pour éprouver ses idées ; il va mieux apercevoir les limites au-delà desquelles ces idées deviennent impuissantes, à mesure qu’il prendra une plus exacte connaissance des conditions de l’œuvre d’art et qu’il aura une expérience plus directe de la vie. […] Trop souvent, en effet, lorsque nous avons voulu lier connaissance un peu intime avec les penseurs dont les œuvres nous avaient enthousiasmés, nous avons éprouvé de si cruelles déceptions que, faute de savoir refréner notre curiosité, du moins nous sommes-nous fait sur ce sujet une philosophie. […] Les deux domaines sont distincts et malheur à celui qui veut les faire empiéter l’un sur l’autre, dans l’état si imparfait des connaissances humaines ! » Cette imperfection des connaissances humaines, à vrai dire, beaucoup de gens en soupçonnent l’étendue ; mais il importe qu’elle ait été proclamée par l’homme de notre temps qui a pénétré le plus avant dans les secrets de la vie.

1339. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Et comme il est d’ailleurs très clairvoyant et remarquablement doué pour observer, sa connaissance des hommes lui fournit des raisons toujours nouvelles de les mépriser. […] Mais à ce mot de rêve il faut restituer tout son sens et y faire entrer la théorie elle-même de la connaissance telle que l’entendent les philosophes. […] Seulement elle ne nous est pas perceptible par les moyens ordinaires de la connaissance. […] Les communications devenant chaque jour plus faciles, la connaissance des langues se vulgarisant, la vie se mêlant, les littératures aussi se mêlent, se fondent et se pénètrent. […] Peut-être le moment est-il venu de lier plus intime connaissance avec ceux dont jusqu’ici nous n’avons cité que les noms pareils à des ombres vaines.

1340. (1929) Amiel ou la part du rêve

Mais plutôt voilà tout ce grand bestiaire de la connaissance que Victor Hugo fait tourbillonner dans les titres de Dieu : le Vautour, l’Aigle, le Griffon, l’Ange. […] Avec des connaissances étendues, l’esprit plein de ses lectures et de ses méditations germaniques, mondain, regardé favorablement des femmes, d’une conversation alerte et nourrie, il rencontre Scherer, devenu Genevois par son entrée à l’École libre de théologie, et Scherer écrira de l’Amiel d’alors : « Jeune et alerte, Amiel semblait entrer en conquérant dans la vie. […] C’est le même jour qu’Amiel fait la connaissance de Fanny Mercier. […] C’est à table qu’on annonce d’ordinaire à Amiel les mariages des amis et connaissances, et sur un ton… Le silence du philosophe, alors, plaide coupable.

1341. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

. — C’est mon nouvel ami, un médecin américain dont j’ai fait la connaissance ce matin même, qui est venu s’accouder au bastingage, et, dans le silence de la nuit enchantée, il me fait une dissertation sur les poissons gélatineux. […] C’est que, lorsqu’il s’agit de comprendre les sentiments et les pensées d’un peuple très ancien, la connaissance littérale des sons qu’a proférés ce peuple et l’exacte copie des inscriptions qu’il a gravées sur les murs ne suffisent pas. […] Les devoirs de leur charge les obligent trop souvent à savoir que la connaissance du grec devient chez nous, sinon une science occulte, du moins l’apanage d’une élite. […] Les noms d’Olympie, de Jupiter Olympien, sont familiers aux esprits même les moins ouverts à la connaissance des choses antiques. […] Monceaux et Laloux ont apporté l’un son érudition copieuse et rapide, l’autre son vif sentiment de la beauté antique, la délicatesse de son goût, et cette connaissance des nécessités architecturales, sans laquelle l’érudition la mieux informée risquerait de se perdre dans des fantaisies.

1342. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

M.Mignon, dans la seconde partie de son livre consacrée à l’éducation religieuse, insiste particulièrement sur l’utilité que les directeurs de conscience retireraient d’une connaissance technique de cette géographie spirituelle, si l’on peut dire, que les psychiatres ont établie. […] D’abord la connaissance minutieuse du terrain anatomique sur lequel il est penché, tout un travail préalable de l’esprit, l’enseignement d’innombrables observateurs qui lui ont appris à le penser, ce terrain, à en distinguer et le détail et l’ensemble. […] Pour le professeur Grasset, tout le problème de la civilisation et de son avenir était là, dans un accord entre le développement de nos connaissances expérimentales et les certitudes traditionnelles de la révélation. […] C’était pour lui la forme intellectuelle d’une compassion foncière qui prévoyait le soulagement possible de futures misères du même type, par la connaissance définitive de ces lois. […] J’ai eu le douloureux privilège d’être admis à saluer le maréchal Joffre quatre jours avant sa mort, alors qu’il avait encore sa pleine connaissance.

1343. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Un des pamphlets que s’attira Gui Patin dans sa querelle avec Renaudot, en 1644, est censé écrit, ou du moins porgé à la connaissance du public par Machurat, compagnon imprimeur, lequel traite Gui Patin en ancien camarade et lui rappelle le jour où il fut reçu compagnon.

1344. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Selon lui, la nature n’est pas en affaiblissement ni en décadence, quoi qu’en disent les partisans exagérés de l’Antiquité : Non, monsieur, la nature n’est pas sur son déclin : du moins ne ressemblons-nous guère à des vieillards ; la force de nos passions, de nos folies, et la médiocrité de nos connaissances, malgré les progrès qu’elles ont faits, devraient nous faire soupçonner que cette nature est encore bien jeune en nous.

1345. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

En mettant votre esprit juste, élevé et profond sur une plus grande échelle, il n’y a pas de doute de l’effet de vos prodigieuses lumières et connaissances.

1346. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

Il avait cinq à six connaissances de fermes ou de filles qui lui avaient conservé de l’amitié et lui accordaient ce qu’on appelle en galanterie la petite oie (il me faut, bon gré mal gré, abréger un peu sur ce point le détail des goûts médiocrement platoniques du vieux Damon)… Avec cela, la fréquentation des bons esprits plus que des beaux esprits, d’honnêtes gens surtout ; une imagination assez pittoresque, de la sensibilité sans aucun intérêt personnel, tout en générosité, nulle bigoterie ; il arriva à une longue et saine vieillesse.

1347. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

[NdA] Je dois la connaissance de cette lettre inédite à M. 

1348. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

Ce qui manque à l’abbé de Pons comme à La Motte, dans l’émancipation littéraire qu’ils tentent, c’est une connaissance, une comparaison directe et plus variée des littératures et des poésies, l’habitude de se placer à des points de vue historiques différents, la faculté de s’éloigner tant soit peu de leur quai et de leur Louvre, en un mot ce qui fait et achève l’éducation du goût.

1349. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Il en fut ravi comme j’ai rarement vu quelqu’un l’être de ma musique, et notre connaissance se trouva aussitôt plus intime.

1350. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

Il ajoutait même que, s’il s’était engagé dans une telle entreprise dont d’autres que lui auraient pu mieux s’acquitter pour la partie littéraire, c’était uniquement en raison de la connaissance particulière qu’il avait de ces matières d’art, à la différence des orateurs « qui font souvent, disait-il, de grandes incongruités quand ils en parlent, et presque toujours à proportion de leur éloquence et de leur grande habileté en autre chose. » La publication de Perrault, si conforme à l’esprit moderne, ne fit pas tomber d’un seul coup et comme par enchantement les barrières ; elle ne faisait que montrer la voie : si le divorce avait cessé, la séparation durait encore.

1351. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

Comment traduire en effet, à l’usage de tous, cette quantité de petites pièces qui exigent tant d’explications, de notes, une connaissance si particulière, et dont quelques-unes, par leur sujet, semblent si impossibles dans nos mœurs, et si faites à bon droit pour éloigner ?

1352. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

Le suffrage de ce représentant a d’autant plus de prix à mes yeux qu’il a de grandes connaissances de ce métier, et que son aperçu en marine est aussi juste que celui qu’il a constamment déployé dans toutes les affaires qu’il a traitées. » — Extrait du rapport du contre-amiral Villaret-Joyeuse à la Commission de Marine sur les journées des 10, 11, 12, 13 prairial (29, 30, 31 mai et 1er juin).

1353. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Mme Champagneux m’y avait autorisé, en se fiant à moi du soin d’expliquer et de présenter sous leur vrai jour, ou même de passer tout à fait sous silence certaines confidences des Mémoires, qu’elle m’avait d’ailleurs à peine indiquées, désirant ou ne trouvant pas mauvais que j’en eusse connaissance, mais évitant elle-même de s’y arrêter. » Il faut le savoir en effet, et c’est un sujet fort digne de réflexion : la fille de Mme Roland, cette Eudora si cultivée par sa mère et dont elle avait soigné l’éducation jusqu’à l’âge de onze ans avec un zèle éclairé et tendre, Eudora était devenue fort religieuse, — disons le mot, fort dévote avec les années.

1354. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

N’en déplaise à d’Argenson, Maurice avait ce que l’ami Fabrice dans Gil Blas appelle l’outil universel, le grand outil de l’esprit : il avait la connaissance des hommes, l’art de les mener, de les manier, le tact.

1355. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Il était nécessaire pour cela que les critiques qui s’occupent des poètes du xvie  siècle y arrivassent préparés par la connaissance des époques antérieures, par la pratique du moyen âge et par la science de l’antiquité.

1356. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

Saint-Martin, que j’ai nommé, n’aura jamais été probablement de sa bien étroite connaissance.

1357. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

Tous deux, le jeune Victor surtout, avaient rapporté de l’Espagne, outre la connaissance pratique et l’accent guttural de cette belle langue, quelque chose de la tenue castillane, un redoublement de sérieux, une tournure d’esprit haute et arrêtée, un sentiment supérieur et confiant, propice aux grandes choses.

1358. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

oui, Arthur a raison : tout est souffrant, tout est mauvais, tout est corrompu ; les uns plus tôt, les autres plus tard, chacun à sa manière ; la vue même du mal rend mauvais, la simple connaissance de la corruption corrompt, quand on n’a pas l’aromate immortel.

1359. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

L’autre jour, il est arrivé à une personne de notre connaissance, à l’ancien gérant de cette Revue, d’être accusé d’un mot inouï : il se serait plaint, en plaisantant, d’avoir affaire à deux sortes de gens les plus indisciplinables du monde, les comédiens et les gens de lettres.

1360. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

La critique pourra trouver qu’il les prodigue ; ce n’est pas trop au lecteur de s’en plaindre, car cette manière de mettre un nom de notre connaissance au bout de la pensée éclaire et détermine singulièrement, même quand cela est poussé un peu loin.

1361. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Élevé d’ailleurs au collège des jésuites, il y avait puisé une connaissance suffisante de l’antiquité ; mais les études du barreau, auquel on le destinait, et qui le menèrent jusqu’à sa vingt et unième année, en 1627, durent retarder le développement de ses goûts poétiques.

1362. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

XXVII Aussitôt qu’on eut connaissance à Paris de ces aveux du délire, on fit transférer le religieux au château de Vincennes.

1363. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

Cette connaissance du juste point où il faut aller, c’est la moitié du génie de La Fontaine, et c’est ce qui fait de certaines « branches » de Renart des choses exquises.

1364. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

Il avait l’esprit très philosophique, et peu de connaissances ou de curiosité philosophiques ; il n’avait en morale qu’une science commune et superficielle, et ni théoriquement ni pratiquement il n’avait de grandes lumières sur la vie de l’âme humaine : il fait exception dans le xviie  siècle par son manque de sens psychologique.

1365. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

Il a essayé de déterminer sa vision par une solide et vaste érudition, de diriger et limiter son imagination par tout ce qui pouvait contribuer à former la connaissance exacte de la vie carthaginoise : visite des lieux et vue de tous les débris de l’art punique, étude de textes anciens et modernes, examen de toutes les formes analogues ou voisines de civilisation.

1366. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre premier »

Des hommes qui s’étaient fait une célébrité dans le cercle des idées et des connaissances propres à leur époque, recommençaient leurs études sur la fin de leur vie, et allaient en cheveux blancs aux écoles où l’on enseignait la langue d’Homère et celle de Cicéron.

1367. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

L’explication qu’il en donne est peut-être plus prudente que vraie. « Les hommes de goût, pieux et éclairés, dit-il100, n’ont-ils pas observé que, de seize chapitres qui composent le livre des Caractères, il y en a quinze qui, s’attachant à découvrir le faux et le ridicule qui se rencontrent dans les objets des passions et des attachements humains, ne tendent qu’à ruiner les obstacles qui affaiblissent d’abord et qui éteignent ensuite dans tous les hommes la connaissance de Dieu ; qu’ainsi ils ne sont que des préparations au seizième et dernier chapitre, où l’athéisme est attaqué et peut-être confondu, où les preuves de Dieu, une partie du moins de celles que les faibles hommes sont capables de recevoir dans leur esprit, sont apportées, où la providence de Dieu est défendue contre l’insulte et les plaintes des libertins ? 

1368. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre quatrième »

On ne lit pas la Henriade, on en prend connaissance.

1369. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VIII. L’antinomie économique » pp. 159-192

Le représentant typique de cette époque, c’est le condottiere hautement cultivé, l’homme de proie universellement doué ; c’est par exemple une personnalité comme ce Léon Battista Alberti que nous décrit Burckhardt, cavalier et guerrier émérite, orateur accompli, versé dans toutes les connaissances de son temps, philosophie et sciences naturelles ; avec cela, musicien et sculpteur ; au total, un instinctif doublé d’un intellectuel ; un vaillant et en même temps un cérébral, presque un nerveux.

1370. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

J’acquerrais pendant ces heures de loisir les connaissances positives, je ruminerais pendant les autres ce que j’aurais acquis.

1371. (1887) Discours et conférences « Rapport sur les prix de vertu lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française »

Sa force est dans les histoires qu’elle raconte avec une connaissance achevée des moyens de toucher la fibre populaire.

1372. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

Les jésuites, contemporains de la Ligue et vaincus avec elle, sont révolutionnaires, prêchent le régicide, lancent des pamphlets, cultivent l’éloquence populaire ; devenus au siècle suivant confesseurs et directeurs des rois, ils auront des souplesses de courtisans, une morale facile, une connaissance approfondie de la casuistique, des façons de parler onctueuses et doucereuses.

1373. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

Comment et par quelles épreuves, par quelles traverses arriva-t-il de bonne heure à cette connaissance de la vie, à cette entière et parfaite maturité à laquelle l’avait destiné la nature ?

1374. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

Il apportait dans ces discussions une grande connaissance de la matière, la science de l’histoire, des rapprochements lumineux avec la législation anglaise, qu’il possédait à fond et dans les moindres particularités, un esprit véritablement législatif, qui ne s’en tient pas aux vues générales, mais qui se plaît à entrer dans le dispositif des lois, à en examiner le mécanisme, et qui invente au besoin des moyens et des ressorts nouveaux.

1375. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Elle aura jusque dans son époque la plus spirituelle et la plus consommée en connaissance du monde et en raillerie, elle aura, dis-je, de ces retours singuliers et impétueux de Jeanne d’Arc et d’amazone, qui ne seraient concevables que chez une muse restée naïve.

1376. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

Il sent bien son faible, qui est de ne pas réfléchir beaucoup, de ne pas assez mûrir ses connaissances : Je veux toujours écrire et ne jamais lire ; j’avoue que ce n’est pas le moyen d’être savant.

1377. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

Ce puissant excitateur de hautes pensées politiques va devenir une de nos connaissances particulières, et, peu s’en faut, l’un de nos amis.

1378. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

Fénelon, jugeant ces mêmes Avis de Mme de Lambert à son fils, disait : L’honneur, la probité la plus pure, la connaissance du cœur des hommes, règnent dans ce discours… Je ne serais peut-être pas tout à fait d’accord avec elle sur toute l’ambition qu’elle demande de lui ; mais nous nous raccommoderions bientôt sur toutes les vertus par lesquelles elle veut que cette ambition soit soutenue et modérée. » Mme de Lambert perdit son mari en 1686 ; elle l’avait accompagné deux années auparavant à Luxembourg, quand il avait été nommé gouverneur de cette province, et, dans ce pays nouvellement conquis, elle l’avait aidé à se concilier les cœurs : « Il avait la main légère, dit-elle, et ne gouvernait que par amour, et jamais par autorité. » Elle avait consacré tout son bien personnel, qui était considérable, à l’avancement de la fortune de son mari et à une honorable représentation.

1379. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Il étudiait les langues, il réfléchissait sur les principes et les instruments de nos connaissances, il visait à la gloire du style.

1380. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — II. (Suite.) Janvier 1830-mars 1831. » pp. 105-127

Si le hasard lui procurait une nouvelle connaissance, il était rare (de 1825 à 1830) que Carrel ne la mît pas à l’épreuve sous ce point de vue.

1381. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

Pour rendre à ces nouveaux venus le respect des lettres et des nobles études, on ne saurait les présenter trop sérieuses, trop essentielles à la nature humaine et à son développement, trop liées avec tout ce qui est utile dans l’histoire, dans la politique, trop conformes à la vraie connaissance morale et à l’expérience.

1382. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Mémoires de Daniel de Cosnac, archevêque d’Aix. (2 vol. in 8º. — 1852.) » pp. 283-304

Adressons nos remerciements en second lieu à M. le comte Jules de Cosnac, de l’illustre famille du prélat, et qui, en préparant l’édition du manuscrit qu’il possédait, en y adjoignant dans une introduction étendue tous les éclaircissements et toutes les notices désirables sur l’auteur, n’a reculé en rien devant certaines parties de ces Mémoires qu’une plume moins vouée à la vérité aurait pu rayer discrètement et vouloir dérober à la connaissance du public.

1383. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

[NdA] Depuis que ceci est écrit, lisant la correspondance du grand Frédéric avec Darget (tome XX des Œuvres de Frédéric le Grand, Berlin, 1852), j’y trouve des jugements d’une précision définitive et terrible : Voltaire s’est conduit ici en faquin et en fourbe consommé ; je lui ai dit son fait comme il mérite… Voltaire est le plus méchant fou que j’aie connu de ma vie, il n’est bon qu’à lire… Je suis indigné que tant d’esprit et de connaissances ne rendent pas les hommes meilleurs… Son caractère me console des regrets que j’ai de son esprit… Croiriez-vous bien que Voltaire, après tous les tours qu’il m’a joués, a fait des démarches pour revenir ?

1384. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre premier. Existence de la volonté »

Il faut, en conséquence, que nos membres aient d’abord été mis en mouvement par une simple diffusion spontanée et irréfléchie du courant nerveux, pour que nous puissions faire connaissance avec tel mode particulier de mouvement et, en nous représentant notre état général à ce moment, ainsi que nos sensations afférentes, reproduire volontairement la même motion.

1385. (1889) L’art au point de vue sociologique « Introduction »

Hugo, et le mot a toujours servi ; de là l’impossibilité d’exprimer l’émotion. » — « Eh bien non, répond Guyau, et c’est là ce qu’il y a de désolant pour le poète, l’émotion la plus personnelle n’est pas si neuve ; au moins a-t-elle un fond éternel ; notre cœur même a déjà servi à la nature, comme son soleil, ses arbres ses eaux et ses parfums ; les amours de nos vierges ont trois cent mille ans, et la plus grande jeunesse que nous puissions espérer pour nous ou pour nos fils est semblable à celle du matin, à celle de la joyeuse aurore, dont le sourire est encadré dans le cercle sombre de la nuit : nuit et mort, ce sont les deux ressources de la nature pour se rajeunir à jamais. » La masse des sensations humaines et des sentiments simples est sensiblement la même à travers la durée et l’espace, mais ce qui s’accroît constamment et se modifie pour la société humaine, c’est la masse des idées et des connaissances, qui elles-mêmes réagissent sur les sentiments. « L’intelligence peut seule exprimer dans une œuvre extérieure le suc de la vie, faire servir notre passage ici-bas à quelque chose, nous assigner une fonction, un rôle, une œuvre très minime dont le résultat a pourtant chance de survivre à l’instant qui passe.

1386. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Voltaire l’insulte ; La Harpe le protège : « Shakespeare lui-même, tout grossier qu’il était, n’était pas sans lecture et sans connaissance. » (LA HARPE.

1387. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre I. Après la mort — Shakespeare — L’Angleterre »

Ce commencement de connaissance des grands hommes est nécessaire au peuple.

1388. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Introduction »

Sans doute si l’on considère combien peu d’hommes dans une société, quelque civilisée qu’elle soit, méritent le nom d’hommes éclairés, combien peu même ont les connaissances strictement nécessaires, combien enfin les idées dans l’homme sont voisines des passions, on peut craindre que cette émancipation des esprits, cette rupture avec toute tradition, cet appel à la raison individuelle, cette liberté de penser en tous sens ne soit la source de bien des maux, et je reconnais qu’il faut avoir l’esprit ferme pour envisager sans terreur l’avenir inconnu vers lequel marche la société contemporaine.

1389. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

Aussi la distinction objective des causes n’est jamais que relative à l’état de nos connaissances, et nul ne peut affirmer d’une manière absolue que deux ordres de causes ne se réduiront pas plus tard à un seul.

1390. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

Nul n’a plus sûrement que lui ni avec plus de franchise développé, une critique précise, basée sur des principes immuables, sur une connaissance approfondie des chefs-d’œuvre éternels.

1391. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

Les écrits de ce jeune homme, ses connaissances variées, son courage, sa noble proposition à M. de Malesherbes, ses malheurs et sa mort, tout sert à répandre le plus vif intérêt sur sa mémoire.

1392. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Ils errent et prédisent ; ils campent dans les forêts où l’on va acheter d’eux la connaissance de l’avenir, curiosité qui marque fortement le mécontentement du présent, aussi fortement que l’éloge du sommeil le mécontentement de la vie ; préjugé des russes qui n’est ni moins naturel, ni moins absurde qu’une infinité d’autres presque universellement établis chez des nations qui se glorifient d’être policées, et où des charlatans d’une autre espèce sont plus charlatans, plus honorés, plus crus et mieux payés que les sorciers russes.

1393. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

Je voudrais que ces rencontres fussent plus fréquentes ; quel progrès n’en ferions-nous pas dans la connaissance de la peinture !

1394. (1860) Ceci n’est pas un livre « Hors barrières » pp. 241-298

c’est une de mes anciennes connaissances.

1395. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

Ne parlons ni de Ronsard, ni même de Chapelain, dont l’oreille était trop façonnée à l’hexamètre ancien, n’est-il pas évident que nos grands auteurs du siècle de Louis XIV n’ont paru avoir si bien deviné notre langue, qu’à cause de la connaissance intime qu’ils avaient des deux langues anciennes ?

1396. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

Plus à l’aise que moi, Cassagnac nous les a montrées, dans son livre, avec une force de renseignement et une connaissance si approfondies, que ceux qui ont discuté les idées de son histoire n’ont pas osé toucher à ce formidable côté des hommes.

1397. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

Nettement n’est rien de tout cela ; c’est un esprit faible, ayant précisément cette vulgarité d’idées à laquelle tous les sots de la terre, quand ils la rencontrent, ôtent leur chapeau comme à une ancienne connaissance ; et, de plus, c’est un livre systématiquement doucereux, qui s’est donné, dans un but facile à discerner, la mission la plus chère aux lâchetés contemporaines, — la mission de la sympathie.

1398. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Philarète Chasles » pp. 147-177

… Il est descendu cependant, cet homme prodigieux de lectures et de connaissances, accoutumé à l’idéal des plus nobles génies, des plus forts esprits qui aient pensé sur l’humanité, qui l’aient observée et triturée dans leurs mains puissantes ; il est descendu jusqu’à l’idéal du bonhomme Bailly et du pâle Tocqueville.

1399. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Sainte-Beuve. Les Poésies de Joseph Delorme, Les Consolations, les Pensées d’août. »

L’originalité première s’en est allée au contact de tant de livres, sous le frottement de tant d’esprits ; elle s’est dérobée sous le poids de tant de connaissances, inutiles à qui a vraiment génie de poète.

1400. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

Ainsi, à l’état de veille, la connaissance que nous prenons d’un objet implique une opération analogue à celle qui s’accomplit en rêve.

1401. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre I. La quantité des unités sociales : nombre, densité, mobilité »

Il a pour premier résultat de nous rendre difficile la connaissance particulière de chacun d’eux.

1402. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Il n’entre pas dans le cadre de ce travail d’examiner ces différentes conceptions ; je me borne à faire remarquer que jusqu’à présent, aucun des penseurs qui ont cherché à approfondir le mystère des rapports de l’Art avec la Religion ne s’est, à ma connaissance, préoccupé d’établir nettement son point de départ. […] À mesure que l’observation devient plus pénétrante, que la connaissance des phénomènes se répand et se fait plus générale, les symboles se multiplient ; notre imagination, par une pente fatale, établit des relations entre ces divers symboles à l’imitation des phénomènes que notre esprit a observés. […] C’était le moment de ses relations suivies avec Wagner, dont il avait fait la connaissance à Leipzig, et qu’il allait voir fréquemment dans sa villa de Triebschen, près de Lucerne. […] Wagner lui-même lui a raconté à ce sujet une anecdote qu’elle rapporte dans cette biographie : « Un jour, Nietzsche, après une assez longue bouderie, était venu à Triebschen apportant avec lui une partition de Brahms ; il voulait à tout prix que Wagner en prit connaissance. […] Nous en saisissons le charme étrange et captivant, mais nous n’en comprenons pas exactement le sens ; tout au moins ne parvenons-nous pas, en l’état actuel de nos connaissances, à en pénétrer toute la signification.

1403. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Ajoutez que je grimace comme un supplicié toutes les fois que j’aspire ; ce qui compose environ quarante grimaces par minute… Allez, allez dans tous les domiciles mâles et femelles de ma connaissance, et, après avoir commencé par assurer que je suis bien en vie, lisez ce que vous voudrez de ma lettre. […] Je ne m’ouvrirai pas à lui, parce que je ne dois le faire qu’à Votre Majesté seule, mais je lui en dirai assez pour me faire obtenir de vous, madame, une audience particulière et secrète, dont ni vos ministres ni notre ambassadeur ne doivent avoir aucune connaissance. […] Ce qui était pauvre, ce n’est pas la langue, c’est la connaissance que les poètes en avaient ou plutôt c’est l’idée qu’ils se faisaient de la poésie ; les moyens restaient puissants, mais les doctrines étaient misérables et fausses. […] « Aux limites des connaissances exactes, dit Humboldt, comme du haut d’un rivage élevé, l’œil aime à se porter vers les lointaines régions. […] La connaissance du crime et du vice peut être utile à l’intelligence qu’elle développe, mais elle ne sert à rien pour former le cœur.

1404. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Eugène Rendu, effacera à tout jamais ce qu’il peut rester de préjugés ou de défiances entre les diverses nations de l’Europe, et augmentera pour chacune d’elle le trésor de ses connaissances, trésor qui n’aura son plus haut prix que lorsqu’il formera la collection complète des conquêtes scientifiques, sociales et même politiques de l’Europe entière. […] Ce mouvement d’amour-propre l’emporta, pour mon malheur. » Si ce fut pour son malheur, parce que ce voyage l’empêcha de revoir son père qui mourut peu de temps après, ce fut du moins pour le bonheur de la littérature française, puisque cette femme devait l’enrichir de la connaissance des chefs-d’œuvre de la littérature allemande. […] À la connaissance approfondie des chefs-d’œuvre de la littérature allemande, qu’elle n’aurait pas eu le temps d’acquérir pendant le séjour de deux ans qu’elle fit en Allemagne, Mme de Staël suppléait par une intelligence pénétrante et vive qui lui faisait tout comprendre à demi-mot. […] Il écrit de Brunswick : « J’ai fait connaissance avec quelques gens de lettres et je compte profiter de leur bibliothèque, beaucoup plus que de leur conversation. » Et ailleurs : « les Allemands croient qu’il faut être hors d’haleine pour être gai, et hors d’équilibre pour être poli ». […] En même temps elle y faisait connaître le pays, les mœurs, les arts et la littérature de l’Italie, et joignait ainsi son action à celle de Sismondi et de Ginguené qui initièrent la France aux littératures du Midi, en même temps que se répandait la connaissance des littératures du Nord.

1405. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Cela n’a pas empêché qu’on ne l’ait mise au-dessus d’Alhalie à la première représentation ; mais on dit qu’à la seconde on l’a mise à côté de Callisthène. » Et à un Genevois de sa connaissance, il écrivait quelques mois après (septembre 1733) : « Je ne suis point étonné que vous n’ayez pu lire la tragédie de Gustave : quiconque écrit en vers doit écrire en beaux vers, ou ne sera point lu. […] Pour expliquer la différence prodigieuse qu’il y a de la Métromanie aux autres ouvrages de Piron, on raconte (ce qui est fort probable) que la pièce dut beaucoup aux conseils de Mlle Quinault et de son frère Dufresne, qui avaient tous deux infiniment de connaissance et de goût.

1406. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Le Turc sera son excuse, et un certain chrétien de ma connaissance, sa raison. » Ainsi, dès lors, Mlle Aïssé était aimée du chevalier d’Aydie (car c’est bien lui qui se trouve ici désigné) ; et si elle restait à Paris, sous prétexte de ne pas quitter M. de Ferriol, elle avait sa raison secrète, plus voisine du cœur. […] Voltaire parle avec sa vivacité ordinaire des calomniateurs et des délateurs qu’il faut pourchasser, et il ajoute en courant : « Le chevalier d’Aydie vient de mourir en revenant de la chasse : on mourra volontiers après avoir tiré sur les bêtes puantes. » C’est ainsi que la mort toute fraîche d’un ami, ou, si c’est trop dire, d’une connaissance si anciennement appréciée, de celui qu’on avait comparé une fois à Couci, ne vient là que pour servir de trait à la petite passion du moment.

1407. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

. —  Sa connaissance des hommes et sa pratique des affaires. —  Noblesse de son caractère et de sa conduite. —  Élévation de sa morale et de sa religion. —  Comment sa vie et son caractère ont contribué à l’agrément et à l’utilité de ses écrits. […] Ce penchant trop longtemps gardé est un signe de petit esprit, je l’avoue ; on ne doit pas passer tant de temps à inventer des centons ; Addison eût mieux fait d’élargir sa connaissance, d’étudier les prosateurs romains, les lettres grecques, l’antiquité chrétienne, l’Italie moderne, qu’il ne sait guère.

1408. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

D’autre part, la ténacité de votre imagination, la violence et la fixité avec laquelle vous enfoncez votre pensée dans le détail que vous voulez saisir, limitent votre connaissance, vous arrêtent sur un trait unique, vous empêchent de visiter toutes les parties d’une âme et d’en sonder la profondeur. […] Je ne sais pas ce qu’éprouvent les autres, mais c’est une grande satisfaction pour moi de penser, quand je jouis de mon humble dîner, que je mets en mouvement la plus belle machine dont nous ayons connaissance.

1409. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

Cette admiration de l’antiquité, admiration fondée en moi sur la connaissance précoce de ses chefs-d’œuvre dans toutes les langues et dans tous les arts, m’inspirait, il y a quelques années, au nom d’Homère, les vers suivants : Homère ! […] Admirez avec quelle connaissance de la nature Homère fait insinuer la pitié par la bouche d’une femme, dont le cœur est pétri de plus de larmes et de plus de tendresse que le nôtre.

1410. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

En effet, avec ce que je nomme l’intelligence on démêle bien le vrai du faux, on ne se laisse pas tromper par les vaines traditions ou les faux bruits de l’histoire ; on a de la critique ; on saisit bien le caractère des hommes et des temps, on n’exagère rien, on ne fait rien de trop grand ou trop petit, on donne à chaque personnage ses traits véritables ; on écarte le fard, de tous les ornements le plus malséant en histoire, on peint juste ; on entre dans les secrets ressorts des choses, on comprend et on fait comprendre comment elles se sont accomplies ; diplomatie, administration, guerre, marine, on met ces objets si divers à la portée de la plupart des esprits, parce qu’on a su les saisir dans leur généralité intelligible à tous ; et, quand on est arrivé ainsi à s’emparer des nombreux éléments dont un vaste récit doit se composer, l’ordre dans lequel il faut les présenter, on le trouve dans l’enchaînement même des événements ; car celui qui a su saisir le lien mystérieux qui les unit, la manière dont ils se sont engendrés les uns les autres, a découvert l’ordre de narration le plus beau, parce que c’est le plus naturel ; et si, de plus, il n’est pas de glace devant les grandes scènes de la vie des nations, il mêle fortement le tout ensemble, le fait succéder avec aisance et vivacité ; il laisse au fleuve du temps sa fluidité, sa puissance, sa grâce même, en ne forçant aucun de ses mouvements, en n’altérant aucun de ses heureux contours ; enfin, dernière et suprême condition, il est équitable, parce que rien ne calme, n’abat les passions comme la connaissance profonde des hommes. […] Lorsque des hommes ont versé leur sang pour un pays souvent bien ingrat, quand d’autres pour ce même pays ont consumé leur vie dans les anxiétés dévorantes de la politique, l’ambition fût-elle l’un de leurs mobiles, prononcer d’un trait de plume sur le mérite de leur sang ou de leurs veilles, sans connaissance des choses, sans souci du vrai, est une sorte d’impiété !

1411. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Mystérieux phénomène moral : il avait des remords sans croire pourtant qu’il fît des choses défendues ni qu’il transgressât une règle ; il avait le sentiment du péché avant la connaissance et l’acceptation de la loi […] Et ceci, d’une si belle et courageuse sincérité, et qui me paraît aller loin dans la connaissance de notre misérable cœur : … Évidemment cette lutte doit se terminer par le triomphe du bien ; mais elle est longue et douloureuse en raison du mal qu’on a commis : car on n’a pas fait une faute, si odieuse soit-elle, qu’on ne désire la faire encore, et faire pis.

1412. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Dimanche 7 novembre Une dame de ma connaissance m’interrogeait sur ce que j’avais fait, ces jours-ci, dans l’Oise, je lui disais que j’avais été voir la prison de Clermont, et qu’une chose m’avait fait un singulier effet. […] Quand il lui prend envie de faire connaissance d’un livre ou d’un article de journal, on lui en fait une copie dans une écriture de chancellerie, une belle calligraphie toute ronde.

1413. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Ma voisine me dit qu’à présent, elles ne dansent plus sous l’œil de leurs mères, et que dans un bal, qui avait lieu chez une très grande dame de sa connaissance, toutes les chambres étaient occupées par un jeune homme et une jeune fille, en train de flirter — rien de plus — mais qu’un groupe flirtait même dans le cabinet de toilette de la maîtresse de maison. […] Une grande dame belge, tenant une haute position dans son pays, disait à un jeune Français de ma connaissance : « Il y a une chose sur laquelle je voudrais bien être éclairée.

1414. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

Au bout il y a la connaissance de l’homme, la connaissance scientifique, dans son action individuelle et sociale.

1415. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Méthode de bonheur qu’il n’a pas eu beaucoup de peine à s’appliquer, — lui, le Pangloss, car il est Pangloss, que les circonstances ont dorloté depuis sa naissance jusqu’à sa mort, — mais qu’il appliquait à ses amis et connaissances. […] Elle a pris là-dessus, ou là-dessous, ou là-dedans, cette petite Mignon qui n’y est qu’une larve, et soufflé deux ou trois phrases charmantes sur ce pauvre petit être presque inorganisé de Goethe, et elle en a fait cette création de rose malade qui est la seule chose vivante de ce chaos d’êtres sans figures qui roulent, on ne sait plus dans quoi, au milieu de cette cohue de notions, de connaissances et de théories qui font l’effet d’un sabbat de fous dans du bric-à-brac renversé.

1416. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Il fallait réunir à la connaissance approfondie de l’histoire, ce coup d’œil observateur qui ne se trompe jamais sur le résultat des faits et sur leurs causes. […] Il faut le dire au milieu d’un siècle si fier de ses connaissances : les créations les plus brillantes et les plus durables sont celles de l’éloquence et de la poésie. […] Si une race de grands hommes ne s’était pas élevée dans le palais des rois fainéants, les Sarrasins, s’établissant au-delà des Pyrénées, n’auraient-ils pas détruit toutes les connaissances humaines, dans les parties de l’Europe où elles sont aujourd’hui le plus répandues ? […] L’orateur étale les connaissances qu’il vient d’acquérir, avec trop de luxe et d’ambition.

1417. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Il existe, à ce qu’il paraît, une lettre d’un nom connu de l’opposition, qui demande à l’Empereur de lui payer 100 000 francs de dettes… — « Très bien, dis-je, si on publie toutes les lettres, et si des connaissances, des relations, des amitiés, n’exemptent pas les uns du déshonneur, infligé aux autres !  […] Jeudi 13 octobre C’est un sentiment singulier, et bien plutôt d’humiliation douloureuse que de crainte, de savoir ces collines, si rapprochées de vous, n’être plus françaises, ces bois, n’avoir plus de promeneurs de Gavarni, ces maisons, si joliment ensoleillées, ne plus abriter vos amis et connaissances, et de chercher avec une lunette, sur cette terre parisienne, des hommes à colback et un drapeau noir et blanc, et de sentir enfin à 4 000 mètres, tapis dans le verdoyant horizon, les vaincus d’Iéna. […] Quelqu’un me racontait qu’une personne de sa connaissance avait monté une ambulance — huit lits, deux sœurs, et charpie, et bandes, et tout l’et cætera pour les pansements — rien n’y manquait. […] Il se plaint drolatiquement du peu de connaissance des hommes, qu’ont les membres du gouvernement, et me cite ce joli mot de Morny, embêté par les prétentions dirigeantes et gouvernantes des journalistes, disant : « Vos journalistes, mais ils n’ont pas été seulement ministres ! 

1418. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Beaucoup des vieux amis et de nouvelles connaissances. […] Ce baron est amoureux d’une demoiselle, et, pour faire sa connaissance, il a organisé le bal d’hier ; mais comme on lui a dit, dans le pays, que cette jeune fille était aimée d’un autre jeune homme, il alla trouver le jeune homme en question et, avec la franchise que comportait la circonstance, il le pria de lui dire la vérité, et si ce n’était qu’un racontar de Soden, s’il n’aimait pas la demoiselle, de lui donner l’autorisation de se présenter… mais si, au contraire, c’était vrai, de le lui avouer ; dans ce cas, sa loyauté, son honnêteté lui défendraient de contrecarrer les chances de l’autre, qui avait le droit de priorité. […] Je pourrais simplement faire votre connaissance, mais je ne pourrais alors vous dire que les banalités. […] Je ne puis mieux répondre à votre spirituelle lettre, qu’en faisant mon sincère éloge, un éloge raisonné et basé sur la profonde connaissance de moi-même, de ce moi unique et merveilleux qui m’enchante et que j’adore comme Narcisse.

1419. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Tous les hommes compétents s’accordent à regarder comme médiocres l’érudition et la sagacité de l’auteur ; ils ne lui attribuent pas une connaissance bien profonde de l’antiquité grecque et latine, des Pères de l’Église, des littératures de l’Europe moderne, ni surtout un amour bien courageux pour l’analyse poussée à ses dernières limites ; mais ils ne peuvent contester la valeur pittoresque de son langage ; ils ne peuvent lire sans admiration Atala et René. […] Pour mettre dans un jour éclatant ses connaissances philologiques, il s’est proposé de traduire littéralement le Paradis perdu ; mais ce dessein qui, réalisé sagement, aurait pu produire un livre très beau, très simple et très utile, a conduit M. de Chateaubriand à des conséquences déplorables. […] Sans doute la connaissance complète de la langue anglaise est un mérite très médiocre ; car non seulement l’anglais s’apprend plus facilement que le grec ou l’allemand, le sanscrit ou le chinois, il est d’une étude beaucoup plus rapide et beaucoup plus simple que le français ; mais, s’il n’y a aucune gloire à savoir l’anglais, il y aurait du moins quelque sagesse à ne pas se vanter d’une science absente ; et cette sagesse a manqué à M. de Chateaubriand. […] C’est tout simplement une masse de matériaux dont la connaissance est désormais indispensable à tous ceux qui étudient notre histoire ; M.  […] Il n’a pas dit un mot qui révélât chez lui la notion précise de la philosophie française au siècle dernier, pas un mot qui indiquât la connaissance des origines de cette philosophie, l’intelligence du mouvement que la France continuait, mais n’avait pas commencé.

1420. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Aux sorties d’écoles, je fis la connaissance d’autres gamins, et l’idée me vint d’organiser une bande, dont je serai, naturellement, le chef. […] La connaissance fut vite faite, et ma sœur, me tenant par la main, me fit visiter l’appartement. […] Quelques nouvelles connaissances fréquentaient la maison de la route de Châtillon, entre autres une vieille demoiselle, qui venait on ne sait d’où, mais me parut, à moi, venir du fond du passé. […] Je m’étais passionnée pour un petit livre de classe, cartonné en beurre frais, intitulé : Connaissances utiles, qui contenait des éléments de géologie, d’astronomie et de physique. […] Très curieux l’un de l’autre, nous faisions tout doucement connaissance.

1421. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Les vacances qu’y passait Fromentin, la vie de solitude, de libres courses et de pleine nature qu’il y menait, fournirent plus tard à son souvenir les seules pages fraîches de son enfance : il y acquit la connaissance et le goût de la campagne, y accumula surtout dans sa riche mémoire un répertoire infini de sensations, cette épaisseur de terreau rural et forestier qui nourrit les premières pages de Dominique. […] On peut n’avoir de la première qu’une connaissance extérieure et superficielle : l’auteur d’une traduction convenable de Schopenhauer ou de Nietzsche sera parfois incapable d’écrire une page d’allemand correct ou de prendre part à une longue conversation. […] La Philosophie de l’Art et le Voyage en Italie ne montrent qu’une connaissance superficielle des procédés de la peinture. […] Il est un des plus distingués et des plus significatifs parmi ces écrivains qui constituent le bon terreau de notre littérature : ceux à qui manque la flamme du génie, mais qui par leur intelligence, par leur connaissance d’eux-mêmes, par la sagesse et la méthode qui les confinent dans un champ restreint où ils s’appliquent à fond, entretiennent sur un point donné une lumière complète et constante. […] Nous serions d’autant plus porté à le croire qu’un Sainte-Beuve genevois nous manque, dont la place était assez marquée, une sorte de fils spirituel de Mme de Staël et de Benjamin Constant ; un Sainte-Beuve de culture internationale, de cette culture qu’Amiel commence à définir ainsi : « La culture est proportionnelle à la quantité de catégories dont dispose une intelligence », implique un acquis scientifique solide, et « la connaissance des hommes, c’est-à-dire la possession de plus d’une langue, le voyage, la littérature » ; un Sainte-Beuve qui eût uni l’esprit religieux de Vinet, l’esprit d’information européenne de Schérer, l’esprit de surface de Cherbuliez, l’esprit de profondeur d’Amiel.

1422. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Et l’émotion même enfin s’accroît de tout ce que la connaissance du secret de l’âme des personnages ajoute nécessairement à la sympathie que leur situation nous inspire… Tel est le premier moyen dont Corneille a usé pour éliminer de la tragédie ce qu’elle contenait de trop romanesque encore, et, en lui donnant conscience de sa propre nature, pour la mettre dans la voie de son véritable progrès. […] C’est, Messieurs, la première exigence de la comédie de caractères : l’intrigue n’y vaut pas pour elle-même, elle n’est vraiment qu’un moyen ; et l’objet, comme aussi bien celui de toute la littérature du xviie  siècle en est proprement de nous faire avancer dans la connaissance de l’homme. […] Au théâtre ou dans le roman, nous appelons psychologie l’anatomie du cœur, la science de ses mouvements, la connaissance des sentiments ou des sensations élémentaires, primitives, inconscientes en partie, dont nos actions ne sont que le total extérieur.

1423. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

Le général me dit : « Je suis charmé de faire votre connaissance ; j’ai pris la plus grande idée de votre talent en lisant un article que vous avez fait contre moi il y a deux ans. » — « Contre vous, général ?

1424. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

La lettre à Chamillart du 27 mars 1703, où on lit ces mots, est capitale pour la connaissance morale de Villars ; elle met à nu son cœur à ce moment, et elle nous le découvre même avec une naïveté qui, ce me semble, ne saurait manquer de plaire.

1425. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

— Je me réjouis de faire connaissance avec votre ami, quoique j’aie peur de le voir.

1426. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

La vivacité de vos expressions, l’étendue de vos connaissances, jointe à une netteté qu’il dit n’avoir jamais vue ailleurs, le charmèrent.

1427. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Je le crois aussi ; mais, monsieur le voleur, nous avez bien fait, vous ne serez pas puni pour cela, et vous auriez été couronné à Lacédémone. » Il ne tarit pas là-dessus, il est comme notre ami Sacy ; il n’en a jamais assez de la relire : « Je suis enchanté, monsieur, de la manière dont vous parlez des Lettres de Mme de Sévigné ; elles m’ont fait la même joie, et je les relis comme elle relisait les lettres de sa fille, pour faire durer le plaisir. » Sur Mme de Motteville, dont les Mémoires parurent pour la première fois en 1723, on n’a jamais mieux dit que Mathieu Marais sous l’impression toute vive d’une première lecture : « Il n’y a jamais eu ensemble tant de faits secrets, tant de caractères bien marqués, tant de portraits ressemblants et une connaissance si grande de la Cour et des familles.

1428. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

D’ordinaire des personnes notables et autorisées, sachant que de tels prix existent et que des sujets, à leur connaissance, sont aptes à les mériter, se mettent en avant et entament la candidature.

1429. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville (suite et fin.) »

Le fait est que nous tentons une expérience dont nous n’avons pas encore vu le dernier résultat ; nous essayons de faire marcher ensemble deux choses qui n’ont jamais, à ma connaissance, été unies : une assemblée élective et un pouvoir exécutif très-centralisé.

1430. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [IV] »

Il n’emportait ni plans à communiquer, ni secrets militaires quelconques ; il n’emportait avec lui que son bon sens, son bon conseil, sa justesse de coup d’œil, sa connaissance précise des hommes et des choses.

1431. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

L’illustre biographe qui vient d’aborder l’homme sous le saint l’a bien senti : il a jeté tout d’abord un coup d’œil de connaissance sur cette haine passionnée de la vie, sur cet amour amer de la mort : le côté fixe et glorieux de l’éternité y a un peu faibli.

1432. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Pour en revenir à ma comparaison de M. de Balzac avec un alchimiste, je dirai que, même après la transmutation trouvée, cet alchimiste, qui n’a pas eu pleine connaissance de son procédé heureux, rétrograde parfois et revient à ses anciens tâtonnements ; qu’il retombe dans les scories et les dépenses infructueuses ; qu’il fait en beaucoup d’opérations de l’or très-mêlé ou faux.

1433. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Mais, pour l’aborder plus à l’aise avec ma critique, je la concentrerai d’abord sur Arthur, qui est un roman tout à fait distingué et où il y a fort à louer, tant pour la connaissance morale que pour la façon.

1434. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

Osons bien nous l’avouer, oui, c’est au prix de cette connaissance et aussi de cet emploi du mal que le monde est gouverné, qu’il l’a été jusqu’ici.

1435. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Mais en la considérant moins dans la diversité des sujets que dans le procédé qu’elle y emploie, dans la disposition et l’allure qu’elle y apporte, on peut distinguer en gros deux espèces de critique, l’une reposée, concentrée, plus spéciale et plus lente, éclaircissant et quelquefois ranimant le passé, en déterrant et en discutant les débris, distribuant et classant toute une série d’auteurs ou de connaissances ; les Casaubon, les Fabricius, les Mabillon, les Fréret, sont les maîtres en ce genre sévère et profond.

1436. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

La méthode est bonne, mais il eût fallu le sens et la connaissance de l’histoire pour l’appliquer toujours avec succès.

1437. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Le public n’est pas pessimiste : il ne saurait comprendre la fantaisie singulière de certains esprits qui voient le monde mauvais et qui s’en consolent par le plaisir tout intellectuel et aristocratique de cette connaissance.

1438. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

Mon avis, comme public ; et, explorateur revenu d’aucuns sables, pas curieux à regarder, si je cédais à parader dans mon milieu, le soin s’imposerait de prendre, en route, chez un fourreur, un tapis de jaguar ou de lion, pour l’étranger, au début et ne me présenter qu’avec ce recul, dans un motif d’action, aux yeux de connaissance ou du monde.

1439. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

Le christianisme, par les deux dogmes sur lesquels il est fondé, la chute et la rédemption, lui donna la connaissance de sa nature tout entière.

1440. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Mais ce qu’il y a de sûr, c’est que la connaissance et la réalisation du beau auront eu leur prix et que la science, comme la vertu, pose dans le monde des faits d’une indiscutable valeur.

1441. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

Il joue l’homme de qualité avec tant de perfection qu’il en impose même à cette fine mouche de Lisette, qui hésite entre le témoignage de ses yeux et celui de sa mémoire et n’ose reconnaître une ancienne connaissance dans ce personnage si digne et si sérieux99.

1442. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

Olympe fête l’arrivée de la vieille par un petit dîner clandestin auquel elle invite un aigre fin de sa connaissance, Annibal en habit noir.

1443. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

Ce livre de Mme Du Hausset laisse une impression singulière ; il est écrit avec une sorte de naïveté et d’ingénuité qui s’est conservée assez honnête dans le voisinage du vice : « Voilà ce que c’est que la Cour, tout est corrompu du grand au petit », disais-je un jour à Madame, qui me parlait de quelques faits qui étaient à ma connaissance. — « Je pourrais t’en dire bien d’autres, m’ajouta-t-elle ; mais la petite chambre où tu te tiens souvent t’en apprend assez. » Mme de Pompadour, après le premier moment passé de féerie et d’éblouissement, jugea sa situation ce qu’elle était, et, tout en aimant le roi, elle ne garda aucune illusion sur son caractère ni sur l’espèce d’affection dont elle était l’objet.

1444. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

À cette première époque de sa vie, le jeune écrivain, bien qu’émigré, n’avait épousé de cœur aucune cause politique ; on se rappelle son mot sur Chamfort : « Je me suis toujours étonné qu’un homme qui avait tant de connaissance des hommes, eût pu épouser si chaudement une cause quelconque. » Un tel mot donne la mesure des convictions de M. de Chateaubriand au moment où il l’écrivait.

1445. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Dans une orgie célèbre qu’il fit, lui, homme de plus de quarante ans, avec quelques débauchés de sa connaissance, durant la Semaine sainte de 1659, il fut accusé, non sans vraisemblance, d’avoir composé des couplets, d’horribles Alléluia qui offensaient à la fois la majesté divine et les majestés humaines ; et, à dater de ce moment, devenu particulièrement suspect à la reine mère et au roi, bien loin de se surveiller, il accumula les imprudences.

1446. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

En vertu d’une ordre du comité de sûreté générale du quatorze vantose qu’il nous a présenté le dix-sept de la même anée dont le citoyen Guenot est porteur de laditte ordre, apprest avoir requis le membre du comité révolution et de surveillance de laditte commune de Passy les Paris nous ayant donné connaissance dudit ordre dont les ci-dessus étoit porteurs, nous nous sommes transportés, maison quaucupe la citoyene Piscatory ou nous avons trouvé un particulier à qui nous avons mandé quil il était et le sujest quil l’avoit conduit dans cette maison11 il nous à exibée sa carte de la section de Brutus en nous disant qu’il retournaist apparis, et qu’il étoit Bon citoyent et que cetoit la première foy quil renoit dans cette maison, quil étoit a compagnier d’une citoyene de Versaille dont il devoit la conduire audit Versaille apprest avoir pris une voiture au bureaux du cauche il nous a fait cette de claration à dix heure moins un quard du soir à la porte du bois de Boulogne en face du ci-devant chateaux de Lamuette et apprest lui avoir fait la demande de sa démarche nous ayant pas répondu positivement nous avons décidé quil seroit en arestation dans laditte maison jusqua que ledit ordre qui nous a été communiquié par le citoyent Genot ne soit remplie mais ne trouvant pas la personne dénomé dans ledit ordre, nous lavons gardé jusqua ce jourdhuy dix huit.

1447. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1879 » pp. 55-96

Il parle de la désorganisation du service de sûreté, de ces hommes uniques, qui avec un flair de chien de chasse, et sans se rendre bien compte comment — c’était l’aveu de l’un d’eux — arrivent à la connaissance du voleur, de l’assassin.

1448. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

Les considérations qui précèdent nous permettent de bien comprendre de quelle nature est l’utilité que prêtent à la pensée l’exacte connaissance et le bon emploi des langues.

1449. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre II. Le fond et la forme dans la littérature indigène. »

Les procédés que je viens de rapporter sont, à ma connaissance, presque exclusivement indigènes.

1450. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

Cela frappe le bon ouvrier, lui inspire la sorte de considération qu’il éprouve à l’usine pour les connaissances de l’ingénieur.

1451. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre x »

Tout ce qui n’était en eux qu’acquisition factice et masque disparaît, et l’on fait ainsi la connaissance des âmes dans des conditions qui sans doute ne se retrouveront jamais.‌

1452. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

Ce fanal obscur, invention du philosophisme actuel, breveté sans garantie de la Nature ou de la Divinité, cette lanterne moderne jette des ténèbres sur tous les objets de la connaissance ; la liberté s’évanouit, le châtiment disparaît.

1453. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Aujourd’hui la science est si vaste et les moyens de connaissance si aisés, que chacun peut se choisir son école. […] Il avait toutes les connaissances de détail qui conduisent aux vues d’ensemble. […] Non seulement ils ne songent pas à soutenir un parti, mais ils veulent maintenir l’enseignement en dehors des théories ; ce qu’ils souhaitent, c’est de contribuer à la connaissance des faits et documents statistiques, moraux, diplomatiques, militaires, commerciaux, législatifs, historiques de toute espèce, sans lesquels on ne peut avoir d’idée nette ou d’opinion autorisée sur les affaires publique. […] En tout ceci, Herbert Spencer est son guide préféré ; on en pouvait prendre un pire ; très hardi et très sceptique, fécond en hypothèses prudentes, nourri des sciences positives et habile à faire lin ou deux pas, sans plus, au-delà des certitudes acquises, décidé tout à la fois à étendre autant que possible et à limiter autant qu’il le faut la connaissance humaine, on peut le considérer comme une sorte de Darwin en philosophie. […] Et, d’autre part, elle dissipe complètement les ténèbres que les philosophes spiritualistes, Reid et Royer-Collard, par exemple, amoncelaient à l’origine de nos connaissances, disant qu’entre la sensation et l’étendue on ne peut concevoir rien de commun, que si la première provoque en nous la perception de la seconde, c’est par un mystère impénétrable, qu’en psychologie comme ailleurs il faut admettre l’incompréhensible et finir par la foi.

1454. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Les connaissances positives se reconnaissent à la sûreté des prévisions qu’on en tire. […] Le Conversations-Lexikon de Brockhaus notamment est un excellent répertoire des connaissances humaines. […] Le cercle des connaissances humaines s’est merveilleusement agrandi depuis un demi-siècle. […] Que de richesses pour la Grande Encyclopédie et qu’il nous tardait de voir enfin dresser un inventaire exact de nos connaissances ! […]  » Ce qu’il y a de tout à fait louable en eux, c’est la connaissance qu’ils ont de la technique de leur art.

1455. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Plus tard il fit connaissance avec la littérature italienne et en a tiré quelque profit. […] Il n’est rien de plus agréable, Madame, que toutes les grandes promesses de ces connaissances sublimes. […] Le bon sens naturel, soit du peuple, soit de la Cour avec la connaissance de la vie, voilà les deux choses où en appelle toujours Molière. […] Il faut, pour les siens, pour la cité, pour la patrie, pour l’humanité, pour la connaissance, pour le progrès peut-être, prendre soin de soi, se conserver sain, se conserver fort, se défendre contre la mort et contre la maladie qui y mène ou qui vous fait faible et inutile. […] Il les a devinées derrière les fenêtres sévèrement closes des maisons bourgeoises de province ; car ce qu’il savait bien c’était la race, le fond de la race française, et avec cette connaissance exacte du « tronc », comme il dit, il pouvait, sans se tromper, conjecturer « les branches ».

1456. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Gardez vos lents procédés, vos douteuses inductions, vos syllogismes sans fin ; la connaissance que j’ai est directe, elle atteint son objet sans intermédiaire. […] Vous lui objectez la force irrésistible de la foi ; il répond par un chapitre de Dugald-Stewart, et prouve que la croyance est distincte de la connaissance, que l’imagination, l’habitude et l’enthousiasme suffisent pour fixer notre assentiment, que souvent la conviction est d’autant plus puissante qu’elle est moins légitime, et que l’erreur compte autant de martyrs que la vérité. […] Il y a en effet plusieurs exemples de commotions cérébrales qui, supprimant la connaissance des langues apprises, ne laissaient dans le souvenir que la langue nationale ; les idées superposées s’écroulent ; il ne reste que les vieux fondements. […] Sa nature et son métier l’obligeaient à imaginer et à croire ; car l’observation du romancier n’est qu’une divination ; il n’aperçoit pas les sentiments comme l’anatomiste aperçoit les fibres ; il les conjecture d’après le geste, la physionomie, l’habit, le logis, et si vite qu’il se figure les toucher, ne sachant plus distinguer la connaissance directe et certaine de cette connaissance indirecte et douteuse22.

1457. (1876) Romanciers contemporains

D’Alembert, raconte Chamfort, écoutait un jour s’extasier un professeur de droit sur l’universalité des connaissances de Voltaire, avec lequel les deux premiers venaient de causer et qui les avait quittés. […] Chacun de ses personnages est pour lui une figure de connaissance qu’il décrit de mémoire. […] Tel est le sujet principal de ce beau roman qui révèle chez son autour une profonde connaissance du cœur humain et qui place M.  […] Aussi avec quelle expérience consommée, avec quelle connaissance approfondie de tous les sites, nous conduit-il dans ces lieux charmants au milieu desquels il a souvent rêvé ! […] Zola, dont nous prisons fort les connaissances en botanique, mais qui là n’a pas su se borner.

1458. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

Il a les façons conquérantes d’un homme du bel air qui ne se trouve pas fait « pour aimer à crédit et faire tous les frais. » Disant ces mots, il fait connaissance avec elle. […] La grande affaire de l’esprit humain, quelque voie qu’il prenne, est partout la connaissance des lois et des causes ; il n’est pas content tant qu’il n’a pas démêlé dans l’amas des événements épars les puissances permanentes et génératrices qui produisent et renouvellent le pêle-mêle changeant dont il est assailli.

1459. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

C’est à leur infortune que nous devons la connaissance flatteuse de l’énergie de notre âme. […] — C’est que la société leur a fait un goût et des beautés factices. — Il me semble que la logique de la raison a fait bien d’autres progrès que la logique du goût. — Aussi celle-ci est-elle si fine, si subtile, si délicate, suppose une connaissance si profonde de l’esprit et du cœur humain, de ses passions, de ses préjugés, de ses erreurs, de ses goûts, de ses terreurs, que peu sont en état de l’entendre, bien moins encore en état de la trouver.

1460. (1930) Le roman français pp. 1-197

Il y a ainsi, en littérature, beaucoup de phénomènes — et importants — qui ne s’expliquent point par la connaissance de la littérature, mais par l’histoire, l’histoire seule des États et des sociétés, que le regretté Paul Souday faisait profession de négliger volontiers : ce qui est une des rares erreurs de ce grand critique intellectualiste. […] Mais ce que ces émigrés rapportèrent chez nous, ce fut la connaissance de la langue anglaise, qu’en vingt ans de séjour ils avaient bien été obligés d’apprendre ; et dans leurs malles, les romans de Walter Scott et les poèmes de Byron. […] Il y eut encore, je l’ai précédemment indiqué, par suite du retour des émigrés, la connaissance et l’influence de la littérature anglaise contemporaine, de Walter Scott et de Byron. […] Et c’est la première fois, à ma connaissance que, par ces admirables strophes de prose cadencée, ce qu’on a depuis appelé « le corydonisme » est entré dans notre littérature contemporaine. […] Toujours des conversations, comme dans Le Banquet de Platon et les nouvelles de Voltaire et, de plus, le voyage : un voyage en Italie, en compagnie d’un bohême ivre et génial où l’on reconnaît Verlaine : Verlaine, avec qui France, conseillé par Mme de Caillavet, qui l’accompagne, a, pour cet objet, renouvelé connaissance.

1461. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

« Un jour viendra », disait Sainte-Beuve, « où la Science sera constituée, où les grandes familles d’esprit et leurs principales divisions seront déterminées et connues. » Il rêve d’établir une histoire naturelle des talents, et quand on lit Volupté, qu’il faut considérer comme la plus sincère autobiographie psychologique, on y rencontre des pages sur Lamarck qui prouvent la connaissance la plus exactement renseignée des théories de ce prédécesseur de Darwin. […] Quand Brunetière proclamait dans une célèbre polémique la faillite de la Science, il entendait dénoncer l’erreur des intelligences qui ont cru que les phénomènes, objets de la connaissance scientifique, pouvaient rentrer les uns dans les autres, le monde psychique dans le biologique, le biologique lui-même dans le physico-chimique. […] Les savants, eux, écartent ce problème, mais tout de même les sciences ne seraient qu’un jeu de la curiosité si elles n’avaient comme but suprême, comme limite, au sens géométrique du mot, la connaissance de cet Inconnaissable. […] Un vieux Latiniste de ma connaissance m’avait communiqué, après je ne sais quelle manifestation bolcheviste où Anatole France s’était laissé mêler, le projet d’une médaille qui l’aurait représenté haranguant une foule en démence, — et, au-dessus, la Muse s’envolant, les mains sur ses yeux, pour ne pas voir ce spectacle et aussi cacher ses larmes. […] Il commentait les détails de style de ces deux auteurs, ses préférés, avec une précision qui prouvait une connaissance supérieure de la langue, comme il avait tout à l’heure prouvé, en répondant à Brochard, une étonnante érudition philosophique.

1462. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Pour le dire en passant, c’est un exemple de la merveilleuse connaissance psychologique du cœur humain que possédait Homère. […] Stillman contient d’autres essais intéressants sur la merveilleuse connaissance topographique d’Ithaque qui se remarque dans l’Odyssée. […] Car elle a bien compris que si savoir c’est pouvoir, la souffrance fait partie de la connaissance. […] Quant aux vieux maîtres, il est certain qu’ils firent sans cesse des études d’après leurs élèves et leurs apprentis, que même leurs tableaux religieux abondent en portraits de leurs connaissances, et de leurs parents, mais ils semblent n’avoir point eu l’inestimable avantage de l’existence d’une classe de gens qui ont pour unique profession de poser. […] Ce qu’il y a d’intéressant en ces « esclaves de l’Arène », c’est qu’en eux la Beauté est un résultat inconscient, et non un but cherché, qu’elle résulte, en fait, d’un calcul mathématique de courbes et de distances, d’une justesse absolue de l’œil, de la connaissance scientifique de l’équilibre des forces, et d’un entraînement physique parfait.

1463. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Il réduisait les jugements à « l’addition de deux noms », les idées à des états du cerveau, les sensations à des mouvements corporels, les lois générales à de simples mots, toute substance au corps, toute science à la connaissance des corps sensibles, tout l’être humain à un corps capable de mouvement reçu ou rendu562, en sorte que l’homme, n’apercevant lui-même et la nature que par la face méprisée, et rabattu dans sa conception de lui-même et du monde, pût ployer sous le faix de l’autorité nécessaire et subir enfin le joug que sa nature rebelle refuse et doit porter. […] III Parmi les meilleurs et les plus agréables modèles de cette urbanité naissante, paraît sir William Temple, un diplomate et un homme de monde, avisé, prudent et poli, doué de tact dans la conversation et dans les affaires, expert dans la connaissance des temps et dans l’art de ne pas se compromettre, adroit à s’avancer et à s’écarter, qui sut attirer sur soi la faveur et les espérances de l’Angleterre, obtenir les éloges des lettrés, des savants, des politiques et du peuple, gagner une réputation européenne, obtenir toutes les couronnes réservées à la science, au patriotisme, à la vertu et au génie, sans avoir beaucoup de science, de patriotisme, de génie ou de vertu. […] Une telle diversité de passions dans une telle variété d’actions et de circonstances de la vie et du gouvernement, une telle liberté de pensée, une telle hardiesse d’expression, une telle libéralité envers ses amis, un tel dédain de ses ennemis, une telle considération pour les hommes savants, une telle estime pour les gens de bien, une telle connaissance de la vie, un tel mépris de la mort, en même temps qu’une telle âpreté de naturel et une telle cruauté dans la vengeance, n’ont pu être jamais manifestés que par celui qui les a possédés ; et j’estime Lucien auquel on les attribue aussi incapable de les écrire que de faire ce que Phalaris a osé612. » Très-belle rhétorique ; il est fâcheux qu’une phrase si bien faite couvre de telles sottises. […] Et le talent des écrivains est propre à la peinture de ces deux groupes : ils ont la grande faculté anglaise, qui est la connaissance du détail précis et des sentiments réels ; ils voient les gestes, les alentours, les habits, ils entendent les sons de voix ; ils osent les montrer ; ils ont hérité bien peu, de bien loin, et malgré eux, mais enfin ils ont hérité de Shakspeare ; ils manient franchement, et sans l’adoucir, le gros rouge cru qui seul peut rendre la figure de leurs brutes.

1464. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

Et je me suis rappelé un petit fait, terriblement éloquent, dont j’ai été presque témoin et qu’il faut que je vous conte : Dernièrement une dame de ma connaissance, qui a une petite fille de santé chétive et trop délicate pour suivre des cours au dehors, fait mettre cet avis dans le Figaro : « On demande institutrice pour donner leçons de français dans une famille ». […] J’ai traversé les salons et les galeries de l’Élysée ; j’ai fendu lentement, avec patience, le flot des habits noirs, des uniformes, des épaules nues et des nuques (quelques-unes jolies) ; j’ai rencontré et salué une douzaine de figures de connaissance ; j’ai pris un verre d’orangeade et je suis allé me coucher. […] Enfin, le continuel spectacle des pires misères, joint à cette connaissance de l’humanité, leur inspire une philosophie mélancolique et haute, quelquefois brutale et négative, avec une grande pitié au fond… Ayant donc rencontré l’autre jour le docteur Félizet, que vous connaissez certainement de nom, j’ai causé avec lui tant que j’ai pu, et voici quelques-unes de ses histoires. […] Partout des figures de connaissance, devenues des figures amies.

1465. (1921) Esquisses critiques. Première série

* *    * Quelque lumière que jettent sur le tempérament de M. de Montesquiou les traits que nous venons de noter, ils ne nous introduisent pas très avant dans la connaissance de son talent. […] L’édition de luxe, cette autre manie de la bibliophilie moderne, s’empara d’un seul de ses ouvrages, à notre connaissance. […] Au goût le plus juste et le plus délicat, il joint une connaissance approfondie et qui semble sans lacune des ressources que le langage met à la disposition de celui qui est capable d’en jouer. […] La connaissance profonde qu’il a des hommes et de leur cœur semble l’avoir rendu non point amer ni pessimiste, mais l’avoir désenchanté.

1466. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Il faut qu’en trente-cinq minutes on puisse prendre connaissance d’un poème lyrique ou épique… quitte à y revenir si l’œuvre a captivé. […] Je vous demande un peu, lorsqu’on n’arrive à la connaissance complète de l’homme que par la physiologie et la psychologie, pourquoi tenir une des deux fenêtres obstinément fermée ? […] Notre art, — que l’on pourrait définir : Le vrai devenu le beau — doit moins à notre valeur propre, si grande soit elle, qu’à l’apport des siècles, à la concentration de connaissances qu’il esthétise. […] C’est pourquoi, sans interdire aux petits artistes les formes fragmentaires qui correspondent aux besoins restreints des intelligences inférieures, et tandis qu’ils se confineront dans l’ode ou le vaudeville, l’élite des écrivains se proposera-t-elle, à la suite des Flaubert, des Elliot, des Tolstoï, une coordination esthétique des hétérogénéités vitales, autrement dit une synthèse où devront s’harmoniser toutes les variétés de la connaissance.

1467. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Chapelain et plusieurs autres de ma connaissance. […] Cet art, tout conjectural par lui-même, n’a acquis, ou du moins n’a mérité quelque confiance que depuis le moment où une connaissance profonde de l’anatomie est venue mettre ceux qui l’exercent à même d’entrevoir la cause de nos maux, de soupçonner les moyens de les guérir ; enfin, depuis que la raison, fortifiée par l’étude, a pris la place du charlatanisme. […] Pour vous répondre donc sur la connaissance parfaite que vous dites que j’ai du cœur de l’homme par les portraits que j’en expose tous les jours en public, je demeurerai d’accord que je me suis étudié autant que j’ai pu à connaître leur faible ; mais, si ma science m’a appris qu’on pouvait fuir le péril, mon expérience ne m’a que trop fait voir qu’il était impossible de l’éviter ; j’en juge tous les jours par moi-même. […] Je n’épargnai rien, à la première connaissance que j’en eus, pour me vaincre moi-même, dans l’impossibilité que je trouvai à la changer ; je me servis pour cela de toutes les forces de mon esprit ; j’appelai à mon secours tout ce qui pouvait contribuer à ma consolation : je la considérai comme une personne de qui tout le mérite était dans l’innocence, et qui, par cette raison, n’en conservait plus depuis son infidélité. […] « Quatre amis, dont la connaissance avait commencé par le Parnasse, tinrent une espèce de société que j’appellerais Académie si leur nombre eût été plus grand et qu’ils eussent autant regardé les Muses que le plaisir.

1468. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

L’intrépidité d’affirmation des philosophes du xviiie  siècle leur vient, pour la plupart, de leurs connaissances scientifiques et de la confiance absolue qu’ils y ont mise. […] Il voit une multitude de détails, du menus faits, « principes » ténus et innombrables de sa connaissance, et c’est de la lente accumulation de ces multiples impressions du réel que se fait l’étoffe du son esprit. […] » Avec cette connaissance qu’il avait des femmes, des sentiments qu’elles éprouvent et de ceux qu’elles inspirent, il avait tout un théâtre tout nouveau dans la tête. […] » (Fausses confidences.) — Tout cela avec une science des nuances, une connaissance de nos petits secrets, qui ne nous accable pas, comme Molière, lequel connaît les grands, mais qui nous surprend et nous inquiète un peu. — La Double inconstance est un ouvrage un peu languissant ; mais c’est plaisir comme Marivaux a bien marqué chaque inconstance, celle de l’homme et celle de la femme, de son trait véritable et distinctif. […] Un retour en arrière éclairé par la connaissance de l’esprit des constitutions, voilà la sagesse.

1469. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Et, surtout, j’ai tenu à faire la connaissance de Parny. […] Chacun des quatre associés sait à quoi s’en tenir, et c’est sur cette connaissance même qu’est fondé leur durable bonheur. […] En quoi sont-ils plus heureux, puisque en tout cas ils ne sauraient avoir la connaissance totale ? […] Et qu’est-ce qui n’a pas des Chamouillet dans sa famille ou dans ses connaissances ? […] Elle le préfère parce qu’il a de la lecture et qu’elle le trouve plus élégant que les autres hommes de sa connaissance, voilà tout.

1470. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Quant à Barbey d’Aurevilly, ses relations avec Eugénie de Guérin furent les suivantes, qui font le plus grand honneur à tous deux et qui sont d’un grand intérêt pour l’histoire littéraire : Barbey d’Aurevilly avait fait connaissance de Maurice de Guérin avant 1830, au collège Stanislas, à Paris. […] Par sa parfaite moralité, par le bon sens dont, le plus souvent, il est rempli, par un peu d’esprit, par une connaissance assez exacte de l’état d’âme général de nos jeunes filles contemporaines, aussi par un peu d’adroite puérilité qui n’était pas la moindre ni la moins efficace des habiletés de l’auteur, ce livre méritait très bien la grande faveur dont il a été l’objet. […] Mais, le fond en est Michelet et Quinet, Michelet surtout, et c’est par là qu’il ajoute à nos connaissances une contribution vraiment importante. […] Elles arrivent à notre connaissance par les mémoires et les correspondances des hommes célèbres, toujours un peu altérées, dénaturées, transfigurées, brouillées par une buée de littérature. […] Il a aussi beaucoup de connaissances, souvent peu approfondies, — si j’en crois tel propos que me tint, un jour, un spécialiste sur Le Latin mystique, — mais variées, curieuses, amusantes, et qui sont parfaitement suffisantes pour un publiciste.

1471. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

La France contient beaucoup de ces dévoyés qu’un peu de connaissance de soi aurait préservés. […] Et, pour ce qui est de la connaissance et pour suppléer à notre impuissance en cet ordre, les religions ont inventé la révélation. […] Telles sont, à ma connaissance, les causes psychologiques les plus générales de l’anticléricalisme en France. […] Il continuait Montaigne, avec moins de talent, avec plus de connaissances variées, avec plus d’études et de recherches fureteuses dans les anciens philosophes, les anciennes croyances et les anciennes superstitions. […] Peu de propositions parlementaires, cependant, à ma connaissance, furent faites en ce sens.

1472. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

C’est Jurieu qui, le premier à ma connaissance, a posé le dogme de la souveraineté absolue du peuple dans cette formule d’une admirable franchise : « Le peuple est cette puissance qui seule n’a pas besoin d’avoir raison pour valider ses actes2. » Tout le Contrat social est en puissance dans cette formule magistrale et toute la moderne doctrine démocratique y trouve sa précise définition. […] Vous ‘me comparerez peut-être au renard de La Fontaine, qui trouvait trop aigres les raisins où il ne pouvait atteindre, Non, ce n’est pas cela ; mais des réflexions que la connaissance de l’histoire et ma propre expérience me fournissent. […] Je dis à demi partisan, car il veut des lois, et précises ; il veut des codes ; il en veut trois, l’un politique, l’autre civil et l’autre criminel, qui devront être enseignés non seulement dans les Universités, mais dans tous les collèges, et dont la connaissance exacte sera exigée de tout homme entrant dans les conseils délibérants de la nation. […] Il défendit à ses cours de judicature de se mêler des affaires concernant les sacrements, et en général de toutes affaires ecclésiastiques et en réserva la connaissance à son conseil privé. […] Il n’est pas mauvais, comme Montesquieu le disait déjà, qu’elles soient nombreuses, dans un Etat, pour se contrebalancer et se neutraliser : « S’il n’y avait en Angleterre qu’une religion, son despotisme serait à craindre ; s’il n’y en avait que deux, elles se couperaient la gorge ; mais il y en a trente, et elles vivent en paix et heureuses…  » Mais surtout il faut les mettre toutes sous le joug du prince et que les citoyens n’obéissent pas à deux pouvoirs, mais à un seul. « En tout temps le prince est en droit de prendre connaissance des règles de ces maisons religieuses, de leur conduite ; il peut réformer ces maisons et les abolir, s’il les juge incompatibles avec les circonstances présentes et avec le bien de la société. » — « S’il y a quelque dispute entre les ecclésiastiques sur la manière d’enseigner ou sur certains points de doctrine, le souverain peut imposer silence aux deux partis et punir ceux qui désobéissent.

1473. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Il existe des livres qui enseignent aujourd’hui en quelques mois des connaissances exigeant autrefois la vie d’un homme. […] Ceux qui ont eu plus dégoût à s’assimiler les connaissances intellectuelles ont poussé plus loin leur éducation ; ils se sont découvert des aptitudes plus hautes, et, se jugeant trop supérieurs pour devenir ronds-de-cuir, ils ont demandé leur pain, non plus aux bureaux officiels, mais à la littérature libre, à ce métier qui n’exige ni concours ni diplômes. […] L’artiste incrédule arrive ainsi, par la seule connaissance du cœur humain, aux mêmes conclusions que le croyant le plus cou vaincu, avec cette différence que la foi Illumine le pessimisme religieux, tandis que celui de l’artiste n’est qu’un désespoir déguisé. […] Cette tendresse, cette connaissance particulière de l’enfant, nous la constaterons partout dans l’œuvre de M.  […] Malgré l’hostilité ultra-moderniste de quelques écoles, la connaissance approfondie des classiques grecs et latins paraît être le fondement de toute culture et de toute production.

1474. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

Pour mon compte, je viens de subir une rude épreuve contre laquelle je me roidissais depuis bien longtemps ; elle m’a confirmé dans la pensée que rien n’est plus fatal à un artiste que son éloignement de la multitude et du froissement du monde : l’isolement ne laisse prendre aucun repos à sa pensée dominante ; son sommeil même ne lui procure plus le moindre délassement ; une seule idée le domine sans cesse : elle l’use et l’énerve à force d’y songer, et, au bout du compte, il finit par ne plus savoir où il en est, faute d’objet de comparaison d’une part, et de l’autre parce qu’il ne rencontre plus sur sa route cet imprévu qui donne à chacun de nous la connaissance de sa force. » « Je suis convaincu, mon cher ami, que l’affaiblissement dans lequel je suis tombé est prématuré, que si les circonstances déplorables qui depuis une année ont changé mes rapports avec la société32 ne s’étaient pas présentées, je suis persuadé, dis-je, qu’il m’aurait été possible de soutenir plus longtemps le rang que mes travaux m’avaient assigné.

1475. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

Nous en avons un aperçu par un mot de Mme de Souza : « J’aime beaucoup votre M. de Sismondi, écrivait-elle à Mme d’Albany (14 mai 1813) ; il est si naturel, si simple, au milieu de tant de connaissances et d’ouvrages qui ont demandé tant de travail et de lectures !

1476. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (3e partie) » pp. 5-56

Sayous son biographe, l’objet de son livre intitulé la Religion essentielle à tous les hommes, livre dont Voltaire eut connaissance et dont il parle avec estime, livre qui fut communiqué à J.

1477. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

Il eut pour maîtres l’helléniste Lancelot, Nicole, Hamon, Antoine Le Maistre ; il leur dut cette connaissance solide et ce sentiment délicat de l’antiquité, surtout de l’hellénisme, qui firent de lui le grand et pur artiste que l’on sait.

1478. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Dans de rares lectures il ne cherchait pas une provision d’idées, une extension de sa connaissance, un exercice de son jugement, mais une direction de rêverie, des matières de sensations, des modèles d’images.

1479. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre IV. L’ironie comme attitude morale » pp. 135-174

C’est peut-être qu’il était plus « vertueux » que « savant », et aussi qu’il avait plus et mieux philosophé sur le problème religieux que sur les questions de la connaissance.

1480. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

Wilder du succès obtenu par sa traduction, —   ce n’est pas une petite affaire que de mouler le vers français sur les rythmes de cette musique — et constater une fois de plus que de tels travaux ont heureusement diffusé la connaissance des poèmes wagnériens.

1481. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1856 » pp. 121-159

Je ne sais pas, après avoir vu ça, comment on a le courage de parler au public… Le livre, l’homme en prend au moins connaissance dans la solitude, mais la pièce, elle est appréciée par une masse d’humanité réunie, une bêtise agglomérée. » Puis lâchant le théâtre, après un silence où il reste un moment perdu dans ses réflexions, il s’écrie : « Ah !

1482. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

La compassion ne vient que par la connaissance et le contact des misères humaines.

1483. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

Pourtant, elle ne la produit pas ni ne l’impose entièrement ; la marque du génie est précisément de trouver une forme nouvelle que la connaissance de la matière donnée n’aurait pas fait prévoir.

1484. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

mon Dieu, Messieurs, taisez-vous ; quand Dieu ne vous a pas donné la connaissance d’une chose, n’apprêtez pas à rire à ceux qui vous entendent parler, et songez qu’en ne disant mot, on croira peut-être que vous êtes d’habiles gens ! 

1485. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre III : Règles relatives à la distinction du normal et du pathologique »

La science se trouve ainsi destituée, ou à peu près, de toute efficacité pratique, et, par conséquent, sans grande raison d’être ; car à quoi bon se travailler pour connaître le réel, si la connaissance que nous en acquérons ne peut nous servir dans la vie ?

1486. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre IV. Comparaison des variétés vives et de la forme calme de la parole intérieure. — place de la parole intérieure dans la classification des faits psychiques. »

Remarquons en passant que, tout au contraire, la reconnaissance, c’est-à-dire la connaissance de la mémoire par le sujet pensant, est en raison directe de l’étendue du souvenir ; il n’y a pas de reconnaissance pour cette poussière de souvenirs que l’imagination organise à sa fantaisie [voir, sur ce point, chap. 

1487. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

Ils ne sont pas menteurs en général, ils n’ont pas de mensonge, ils n’ont, à ma connaissance, que des réticences, ils sont dissimulés, ils ne sont pas menteurs, et vous n’êtes pas sans voir l’énorme différence qu’il y a entre ces deux mots-là.

1488. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Octave Feuillet »

» et qui lui articule les raisons de son mépris, qui sont très bonnes, — et tout cela est excellent de vérité, d’observation, de connaissance de ces bourgeoises qui se donnent au premier aristocrate venu, je ne dis pas de naissance, mais de high life, de chevaux, d’élégance, de luxe et de célébrité.

1489. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

Après quelque temps, la connaissance de l’atelier, le souvenir de conversations nombreuses, et de nombreuses lettres, me firent apercevoir jusqu’à l’évidence, parmi d’autres choses, l’obstacle au mariage, que les jeunes filles de la mode rencontrent dans leur profession même ; comment celle-ci les affine et les déclasse ; comment elles sont d’un monde par leur naissance et d’un autre par leurs rêves, partagées entre le luxe du dehors et la misère de chez elles, jetées de l’un à l’autre par le travail qui reprend ou le travail qui cesse, également impuissantes à oublier la richesse qu’elles côtoient et à faire oublier la condition d’où elles sortent.

1490. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Messieurs, Un peuple a tellement brillé par son esprit au-dessus des autres peuples de la terre, qu’ils semblent tous n’avoir reçu que de lui seul la connaissance des belles-lettres, et ne les avoir cultivées que d’après ses leçons. […] Je ne la reprends de préférence, que parce que vous l’avez approuvée ; je continuerai simplement à démontrer que toutes les branches de la littérature partent de la connaissance du cœur de l’homme. […] Je vous soupçonne de n’être pas plus versé dans la connaissance particulière de nos mœurs que dans celle de mon langage. […] C’est qu’il voit le Tartuffe ou l’Avare, et que les moyens d’intrigue et de mœurs s’y réunissent doublement pour attacher, divertir et remuer le spectateur, Maintenant qu’il a une pleine connaissance de la construction régulière d’une vraie comédie, aura-t-il encore lieu de se tromper en condamnant celle qui ne lui ressemblera pas ? […] Ce ridicule naît de la connaissance générale qu’a le public des mœurs constamment propres à chaque ordre de la société, dont les classes bien établies prirent dès longtemps une allure régulière et certaine ; car il faut que la durée des usages les ait rendues bien distinctes pour que l’esprit discerne ce qui les choque et les blesse.

1491. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Quant à l’idéologue Garat, qui se préparait aux séances de la Convention en relisant Condillac, et qui professa l’idéologie à l’École Normale, on retiendra seulement de lui les utiles Mémoires sur Suard, indispensables pour la connaissance de cette époque et de cette école. […] Avec un grand fonds de connaissances (« Qu’ai-je besoin, disait un grand seigneur, de souscrire à l’Encyclopédie ? […] Cette mascarade ne l’empêcha pas plus que les autres de faire connaissance avec la prison de Luxembourg, observatoire d’où les Jacobins et leurs pères lui parurent des monstres, et où une lecture de l’Imitation le convertit, très sincèrement croit-on.

1492. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

J’avais le projet de dîner dans un restaurant de la rive droite, où je serais sûr de ne rencontrer âme qui vive de ma connaissance, puis battre jusqu’à neuf heures, les rues désertes dans le voisinage de l’Odéon. […] Pour la femme, c’est un procès criminel ou correctionnel, qui fait monter d’elle à la connaissance du psychologue, un tout petit morceau d’inconnu.

1493. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Le désenchantement, la rêverie morne ou amère, la connaissance innée de la vanité des choses humaines ne manquent guère dans ce pays et dans cette race ; ces hommes ont de la peine à porter la vie et savent parler de la mort. […] Aussi bien, dit son principal personnage, « le but de notre Institut est la découverte des causes et la connaissance de la nature intime des forces primordiales et des principes des choses, en vue d’étendre les limites de l’empire de l’homme sur la nature entière et d’exécuter tout ce qui lui est possible. » Et ce possible est l’infini. […] Pour se développer, il faut qu’une idée soit en harmonie avec la civilisation qui l’entoure ; pour que l’homme espère l’empire des choses et travaille à refondre sa condition, il faut que de toutes parts l’amélioration ait commencé, qu’autour de lui les industries grandissent, que les connaissances s’amassent, que les beaux-arts se déploient, que cent mille témoignages irrécusables viennent incessamment lui donner la preuve de sa force et la certitude de son progrès. « L’enfantement viril du siècle359 », ce titre que Bacon décerne à son œuvre, est le véritable. […] Du moment qu’une science a pour but un art, et qu’on étudie pour agir, tout est retourné ; car on n’agit pas sans une connaissance indubitable et précise.

1494. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

Elles s’organisent et soumettent immédiatement l’ensemble des connaissances et des opinions qu’elles arrangent en un ordre nouveau. […] Tantôt la connaissance d’un acte semblable accompli par un autre enlève les dernières hésitations, fixe la volonté ; d’autres fois c’est une impression plus forte qui vient bouleverser l’esprit pour le réorganiser sur un nouveau plan ; parfois nous constatons seulement le résultat de la lutte normale des désirs, le dénouement logique d’un conflit, parfois encore l’effet d’une excitation diffuse, sans rapport avec l’acte pour l’accomplissement duquel elle prête sa force, l’énervement d’un temps orageux, l’impulsion donnée par un excitant qui secoue la volonté comme l’intelligence. […] Et c’est un fait assez visible que les uns portent facilement un fardeau d’érudition, une somme de connaissances et d’habitudes intellectuelles sous laquelle d’autres seraient écrasés. […] Aucun esprit ne doit pouvoir pousser à bout ses idées, parce que personne n’a au degré suffisant ni toutes les connaissances qui pourraient lui être utiles, ni toutes les habitudes, toutes les routines, tout le métier qui lui seraient nécessaires pour donner au développement de son invention la forme parfaite qu’il rêve.

1495. (1914) Une année de critique

Henry Bidou cesse vite les jeux de virtuose où pourrait s’exercer la subtilité de sa pensée et s’affirmer la richesse de ses connaissances esthétiques. […] Ces deux états successifs, nous n’en prenons pas une connaissance directe. […] Nous tâcherons d’y démasquer l’erreur qui consiste, sous prétexte de transposer la vie « en connaissance », à supprimer la vie elle-même, et à ne plus connaître, en fait de réalités, que des mots. […] Benda, quand il met en jeu et oppose les uns aux autres, tout le long de son livre, l’Amour, la Pitié, la Connaissance, la Communion, le Détachement philosophique, etc., sinon transformer des réalités en des abstractions, en des mots ?

1496. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Le vieillard chancela et tomba sans connaissance. […] Nous descendions chez le sous-préfet, une connaissance du château. […] Il y a dans les Étangs un problème comme Edgar Poe aimait à en résoudre ; étant donnés tels ou tels événements plus ou moins embrouillés, il s’agit de trouver un fil conducteur et d’arriver à la connaissance de la vérité. […] À part les services pratiques qu’ils peuvent rendre autour d’eux, il y a, dans leur présence seule, dans la supériorité de leurs connaissances, dans la dignité de leur vie, dans les grands souvenirs que leur nom réveille, il y a, dis-je, un enseignement, il y a un exemple, il y a une autorité. […] Elle se trouva alors devant Jeanne, qui avait perdu connaissance ; son visage décoloré était renversé vers le ciel, et quelques gouttes de sang, s’échappant de son front blessé, coulaient lentement sur ses joues blanches.

1497. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Ernest Lavisse, vient de faciliter à ceux qu’intéresse ce qui s’est passé autrefois dans la Prusse qui a préparé celle d’aujourd’hui la connaissance exacte de tous les faits relatifs à la biographie du héros. […] Dans cet intervalle M. le maréchal éprouvait une faiblesse de cinq ou six minutes avec perte absolue de connaissance. […] De la lecture de ces Mémoires il résulte que M. de Morny, par la sympathie qu’il inspirait à tous, par une exacte connaissance des hommes, par un scepticisme mêlé de bonté, par une habileté qui consistait à apporter une honnêteté chevaleresque dans les relations diplomatiques, était l’intermédiaire indiqué entre l’Empereur et les puissances européennes. […] Eux qui ne savent rien, qui n’ont même, le plus souvent, aucune connaissance historique de la langue (et il y paraît à la barbarie de leur syntaxe et aux impropriétés de leur vocabulaire), ils ont des mépris imbéciles et entêtés pour les plus beaux génies et pour les plus incontestables talents, dès qu’ils ont reconnu ces dons abominables : le bon sens, une vision lucide des choses et l’aisance à la traduire. […] Passant en revue les connaissances acquises aujourd’hui, il crie à la génération présente avec une sorte d’amertume bientôt corrigée par un sourire : Que de choses vous saurez dans quarante ou cinquante ans, que je ne saurai jamais !

1498. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

Si vous avez perdu une mère, si, nourri aux affections de famille, vous avez éprouvé quelqu’une de ces grandes et saintes douleurs qui devraient rendre bon pour toute la vie, lisez, relisez, pour retrouver vos émotions les meilleures, la visite à la maison natale, l’évanouissement de la mère de Jocelyn, la rentrée folâtre des enfants du nouveau possesseur, courant de haie en haie, tandis qu’elle, on l’emporte par l’autre porte sans connaissance ; et, après cette mort, les larmes du fils pieux, sa foi soulageante, ses retours vers les jours passés de tendres leçons et d’enfance heureuse,  Quand le bord de sa robe était mon horizon !

1499. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

Tel de sa connaissance familière, qui se croyait tenu de résister quand elle était là, prêchait un peu à son exemple dès qu’elle n’y était plus.

1500. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

Et ici se serait placée probablement son étude de l’homme, l’analyse des sens et des passions, la connaissance approfondie de notre être, tout le parti enfin qu’en pourront tirer bientôt les habiles et les sages.

1501. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

Loyson, jeune chirurgien de sa connaissance.

1502. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Dans cette ascension de la Dôle, j’ai oublié, pour compléter la scène, de dire qu’outre les deux amis et le pâtre, il y avait là un vieux capitaine de leur connaissance, redevenu campagnard, révolutionnaire de vieille souche et grand lecteur de Voltaire.

1503. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

Un seul homme en Italie, Mezzofanti, un seul homme en France, le comte de Circourt, ont offert au monde ce phénomène de l’universalité des langues et des connaissances humaines ; mais ces deux hommes étaient deux miracles d’organisation intellectuelle achevés par les années et par les études.

1504. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIe entretien. La passion désintéressée du beau dans la littérature et dans l’art. Phidias, par Louis de Ronchaud (1re partie) » pp. 177-240

Nous allons l’apprécier tout à l’heure, mais l’apprécier avec respect et déférence, comme un homme qui n’a que des impressions apprécie l’homme qui a des connaissances ; M. de Ronchaud a des lumières, je n’ai que des lueurs.

1505. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

Je pris la forme qui me parut la plus naturelle et la plus instructive, celle du dialogue entre un vrai misérable de ma connaissance et moi.

1506. (1863) Cours familier de littérature. XV « XCe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (3e partie) » pp. 385-448

Que doit-ce être d’une harmonie de science et de génie, sur qui comprend cela, sur qui a reçu une organisation musicale, développée par l’étude et la connaissance de l’art ?

1507. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

Cette connaissance l’avait attirée à Rome, où elle faisait son principal séjour.

1508. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

J’y fis connaissance avec un ami de madame de Staël, l’aimable professeur Rosini, auteur de la Monaca de Monza, avec lequel j’entretins depuis une amitié qui ne s’éteignit qu’à sa mort.

1509. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

Il est possible que Voltaire ait eu connaissance du fabliau original et se soit inspiré de ce délicieux pastiche, mais à coup sûr il ne l’a pas surpassé.

1510. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Je ne sais point de connaissances spéciales dont ce pur littérateur ait fait montre plus tard, hormis celle-là.

1511. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

La volonté dépend de l’intelligence : pour vouloir, il faut comprendre ; pas d’énergie sans connaissance.

1512. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

On dit que la vie est mauvaise, on le croit et on réprouve ; on sait la vanité de tout espoir et de toute révolte, sauf de la révolte radicale qui secoue le fardeau de la vie ; et pourtant on vit, justement parce qu’on sait tout cela, parce que c’est une espèce de volupté pour le roseau pensant de se savoir écrasé par l’univers fatal et que cette connaissance est encore une insurrection et, par suite, une raison de vivre.

1513. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Le bonheur de Faustus et de Stella impliquait, par définition, la connaissance de la vérité et excluait l’erreur, si chère aux hommes pourtant, et si bienfaisante quelquefois.

1514. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

Le sceptique, ne s’attachant à rien sans restriction, doit renouveler sans cesse ses connaissances et ses idées.

1515. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

à ce qu’on appelle le grand public, à tous les gens qui, ayant des choses artistiques une première connaissance, doivent sur l’œuvre Wagnérienne acquérir des idées nettes et justes, — à ceux qui ignorent et qui veulent savoir à peu près ce que sont Tristan, la Tétralogie, les Maîtres Chanteurs.

1516. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juillet 1886. »

Dieu sait que je n’ai pas ainsi compris l’affaire ; cela eût été fait pour confondre le public allemand … Le plus désagréable pour moi était que, même avant que personne ne m’eut accusé réception de ma communication, tout était déjà parvenu à la connaissance de votre digne Presse.

1517. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

Gand faisait connaissance avec Rienzi en 1872, et, pendant l’hiver 1880-1881, une troupe allemande y donna quatorze représentations de Lohengrin, sept de Tannhaeuser, cinq du Vaisseau fantôme et deux de Rienzi.

1518. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre II : La Psychologie »

Non seulement des siècles d’une pareille observation resteraient insuffisants ; mais nous savons maintenant que même des faits élémentaires resteraient hors de notre connaissance, nous échapperaient pour toujours, si l’observation ne recevait quelque secours d’ailleurs.

1519. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

— Vous allez aux bains de mer avec Mme ***, et je lui nomme une femme de la société de sa connaissance.

1520. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

— et par un geste qui lui était habituel, croisant sa redingote sur le ventre, comme on sangle un ceinturon, il prenait congé de nous, et allait porter la triomphante nouvelle, du quartier Notre-Dame-de-Lorette au faubourg Saint-Germain, en tous les logis de sa connaissance, encore mal éveillés.

1521. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

La connaissance de quelques langues un peu éloignées suffit à purger l’esprit de cette croyance naïve ; l’étude de la transformation du latin en français est encore assez bonne pour nous détromper ; et il n’est pas mauvais, si l’on veut acquérir un bon degré de scepticisme sur ce point, d’apprendre résolument la langue française elle-même.

1522. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

Seulement, je ne crois pas qu’il faille en vouloir beaucoup à La Fontaine parce que ce n’est pas tout à fait sa faute s’il a traversé la Beauce tout entière en causant avec sa voisine la comtesse, ou pseudo-comtesse, dont nous allons faire la connaissance tout à l’heure.

1523. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

Le Quinquina est universellement méprisé de ceux qui ne l’ont pas lu et même de quelques-uns de ceux qui en ont pris connaissance.

1524. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

Impossible à nier, cette particularité dans le génie de Pindare peut seule expliquer ce que j’ose appeler la mort de ses œuvres, que les traductions les mieux faites et la connaissance plus profonde et plus répandue de la langue grecque ne parviendront pas à ranimer, Il faut en prendre son parti : Pindare, malgré des qualités nettement supérieures, est un poète dont le sens intime est perdu.

1525. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VII. M. Ferrari » pp. 157-193

Ainsi donc, beaucoup de talent et un talent très spécial, très particulier, très difficile à classer surtout, voilà ce qui distingue l’auteur de l’Histoire de la Raison d’État, mais ce n’est ni le talent d’un philosophe, ni même celui d’un historien, quoiqu’il y ait là une puissance de déduction à faire bien les affaires d’une philosophie, si la tête de l’auteur pouvait en concevoir les principes, et quoiqu’il y ait en même temps une étendue de coup d’œil et de connaissance et une faculté de rapprochement à faire tout aussi bien les affaires d’une histoire.

1526. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Émile Zola »

que nulle part et dans aucun livre la charcuterie n’a été traitée avec cette importance, et décrite avec autant de science technique et de connaissance du métier.

1527. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Et, en effet, la série de découvertes partielles par lesquelles Œdipe s’achemine à la connaissance totale de l’horrible vérité, est conduite et graduée avec une habileté et une sûreté merveilleuses. […] Ce qui est sûr, c’est que nul poète n’a fait tant de prison dans sa vie et n’a eu de plus belles connaissances : Édouard V, le duc de Bourbon, Louis XI, Charles d’Orléans… Cela est assez original. […] Sa première marque, c’est la connaissance et le goût des choses du théâtre. […] Mais on peut trouver que Hermine, la prude et la précieuse d’autrefois, la « femme brisée » d’aujourd’hui, est, au fond, une bien vieille connaissance ; on peut se demander, en revanche, d’où sort Pepa ; car ce n’est pas seulement une « fille d’artiste », à la parole libre et à l’esprit rapin : elle est franchement canaille et se conduit comme une simple ribaude : joignez à cela que la façon directe et simplifiée dont Hermine et Pepa font le siège de Max, le contraste et le parallélisme trop prévu des scènes où elles poussent leur pointe, contribuent à faire de ces deux coquines, symétriquement opposées, des figures un peu conventionnelles, et rappellent un peu trop, au milieu d’une comédie moderne, ce qu’il y a de plus artificiel dans l’ancienne comédie classique. […] Alors nous fîmes connaissance… » 2e Épouser Mlle Francine Tamerlan, une héritière dont il a demandé la main par correspondance.

1528. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Mais il est vrai que Musset a pu devoir à Jean-Paul quelque chose des couleurs discrètes et délicates dont il peint ses jeunes filles, et que pour qui a lu Richter ces vers miraculeux sont comme personnes de connaissance : Ou quelque ange pensif de candeur allemande, Une vierge en or fin des livres de légende, Dans un flot de velours traînant ses petits pieds. […] Que Musset en ait eu connaissance, c’est insuffisamment prouvé ; mais il y a commencement de preuve, et il y a présomption très forte. […] Lafoscade de publier sur cette question un excursus d’une étendue proportionnée à l’importance de l’affaire, et où il y aurait : 1° un sommaire de l’œuvre de George Sand ; 2° des extraits, significatifs et probants, de cette œuvre ; 3° une discussion d’où sortirait la preuve que ce Lorenzaccio de George Sand est de 1828-1831 ; 4° une discussion d’où sortirait la preuve que Musset en a eu connaissance. […] Elle apprend à Mme Marèze stupéfaite qu’il n’y a jamais eu un mot d’amour échangé entre Jacques et elle ; que c’est par Mme Marèze elle-même qu’elle a connaissance depuis une minute de l’amour de Jacques pour elle ; que, par conséquent, il n’y a pas une fille au monde qui soit moins une intrigante que Mlle Juliette Dupuy. […] Or il a fait depuis un an la connaissance d’une petite juive de vingt-trois ou vingt-quatre ans, nommée Judith Focciani de son nom personnel, et qui, du reste, est la comtesse de Chouzet par son mariage, qui date de trois ans.

1529. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Et, quant à la liberté de l’artiste, ainsi que toute autre liberté, où prend-elle son énergie utile, sinon dans la connaissance et l’acceptation des authentiques servitudes ? […] » C’est dans la connaissance de ses limites qu’il découvre sa liberté, dans la discipline consentie qu’il assure son indépendance. […] Je m’emplis d’une vaste et rude connaissance, Que j’acquiers d’heure en heure, ainsi qu’un noir trésor Qui me dispense une âpre et totale science :                           Je sais que tu es mort. […] L’abnégation volontaire suppose la connaissance de soi ; et elle est un principe de force. […] Il se conduisait mal, faisant de mauvaises connaissances et des dettes.

1530. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Il est naturel que le jeune poète du Demi-Monde ait d’abord commencé par ce qu’il connaissait le mieux ; il complétera sa galerie de portraits au fur et à mesure de sa connaissance des originaux. […] Il n’enseigna même pas aux générations qui nous ont précédés cette tristesse droite et saine, qui résulte chez l’homme de la science de la vie et de la connaissance de soi-même : il glorifia la vie inactive, la mélancolie et la paresse orgueilleuses. — Cette peinture de la passion qui se ronge avec un secret égoïsme et mange son propre cœur, fut un outrage fait à la passion. […] Et, maintenant, si vous vouliez faire plus ample connaissance avec L. 

1531. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLe entretien. L’homme de lettres »

vous m’avez sauvé la vie ; mais je l’aurais donnée de bon cœur pour cette digne demoiselle qui n’a jamais voulu se déshabiller comme moi. » Domingue et moi, nous retirâmes des flots le malheureux Paul sans connaissance, rendant le sang par la bouche et par les oreilles. […] Quand elle recouvrait la connaissance, elle tournait des regards fixes et mornes vers le ciel.

1532. (1864) Le roman contemporain

Mais il est raisonneur, sans être raisonnable, ergoteur, subtil, quintessencié ; il a de l’esprit sans doute, mais il veut en avoir plus qu’il n’en a ; il a des prétentions à l’analyse psychologique, comme à la connaissance du grand monde. […] L’évêque n’a plus ni présence d’esprit, ni supériorité morale, ni sentiment de sa dignité, ni fermeté de doctrine, ni jugement, ni connaissance de l’histoire ; c’est un comparse infime, un confident de tragédie, amené là pour donner la réplique et pour provoquer, par des paroles complaisamment maladroites, les tirades révolutionnaires de son interlocuteur.

1533. (1884) La légende du Parnasse contemporain

L’ivresse devint irrémédiable et s’accrut de jour en jour à mesure qu’il entrait plus intimement dans la connaissance des chefs-d’œuvre. […] Le moment était mal choisi pour lier connaissance avec lui, et d’ailleurs mon extrême jeunesse eût été un obstacle à une familiarité un peu intime. […] Par l’audace et la simplicité de ses conceptions tragiques, par son intime connaissance des passions humaines, par son vers musical, par sa musique poétique, par l’intervention d’une nouvelle forme mélodique qu’on a appelée la mélodie continue et qui fait que le chanteur chante sans avoir l’air de le faire exprès, par son merveilleux orchestre qui joue à peu près le rôle du chœur dans la tragédie antique et qui, toujours mêlé à l’action, la corrobore, l’explique, en centuple l’intensité par des rappels analogues ou antithétiques à chaque passion, à chaque caractère du drame, Richard Wagner, vous transportera extasiés dans un milieu inconnu, où le sujet dramatique, vous pénétrant avec une puissance incomparable par tous les sens à la fois, vous fera subir des émotions encore inéprouvées ! […] La connaissance était faite.

1534. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

À la connaissance des Grecs et des Latins, il joignait celle des Italiens alors à la mode, à cause de la reine Catherine de Médicis. […] Ne démènent qu’en feintes Les amoureux ébats ;            Entre elles plus Amour n’a de puissance, Et plus n’ont connaissance Des plaisirs de Vénus. […] Ronsard, quoique plus âgé, n’était pas aussi avancé que Baïf dans la connaissance des lettres anciennes. […] Il ne reprit sa connaissance qu’avec une forte fièvre et des vomissements : le septième accès fut accompagné de convulsions et suivi d’un évanouissement très long.

1535. (1894) Critique de combat

France a voulu sans doute nous fournir ainsi l’occasion, toujours bienvenue, de nous remémorer d’anciennes connaissances. […] Peut-être vont-ils se dire qu’il serait temps de faire enfin connaissance avec cet inconnu qui fait tant parler de lui ! […] Tout cela prouve l’intérêt grandissant qui s’attache à cet ordre de connaissances. […] Deuil des demi-lettrés bourgeois, qui se distinguaient de la vile multitude par la connaissance approfondie de cette espèce d’algèbre, devenue le signe d’une bonne éducation, un brevet de supériorité sociale ; et qui pensaient avoir convaincu de sottise et d’ignorance un ouvrier ou un paysan, quand ils avaient pu dire de lui avec un sourire de dédain : — Il ne sait pas seulement l’orthographe ! […] Par quels moyens obtenir qu’on sorte des Universités avec une culture générale et des connaissances spéciales ?

1536. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

» Il me laissa voir ensuite qu’il avait une connaissance approfondie de nos principaux écrivains. […] Sans médire du succès, il faut reconnaître qu’il ne vient qu’aux œuvres qui s’adressent à la majorité du public, et nous ne savons que trop ce que donnent les majorités depuis que nous avons fait connaissance avec le suffrage universel. […] » S’installer durant plusieurs semaines dans la villa, voire le château d’une connaissance de cercle, est une de ces idées étonnantes qui n’arrivent pas à entrer dans ma cervelle de vieux boulevardier. […] Ce fut le 11 novembre 1867 qu’il l’adressa à l’Empereur, espérant que celui-ci n’en donnerait pas connaissance à l’Impératrice. […] Son manque de clairvoyance, de connaissance des hommes, son ignorance de l’effroyable responsabilité qu’il acceptait, rien de cela n’est douteux aujourd’hui, mais c’est bien le moins qu’on puisse accorder à sa mémoire que d’écouter les explications qu’il donne au-delà de la tombe.

1537. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

. — La poésie des choses est-elle donc réellement détruite par leur connaissance scientifique ? […] « Il n’est pas permis au sculpteur, a écrit Ruskin, d’être en défaut soit pour la connaissance, soit pour l’expression du détail anatomique. […] Grâce à la complexité croissante de nos connaissances acquises, chacune de nos sensations ne vient plus maintenant au jour qu’enlacée, enveloppée par une multitude d’idées qui la pressent et la soutiennent de leurs replis sans nombre, comme ces lianes inextricables qui courent dans les forêts vierges et recouvrent tout de leurs branches légères. […] Pour la faire avancer, il faut une puissance d’intelligence intuitive amassée par plusieurs générations ; il faut cette « vue intérieure » dont parle Carlyle, insight , qui pressent le vrai ou le beau avant d’en avoir la parfaite connaissance. […] Si l’algèbre n’impliquait pas la connaissance et l’emploi de l’arithmétique, cette dernière pourrait s’oublier : ainsi s’efface l’instinct, cette sorte de science rudimentaire accumulée par les générations, lorsque la raison, cet instinct supérieur, peut, sans le même effort, remplir exactement la même fonction.

1538. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

En 1820, Schiller n’était pas traduit87 : Mme de Staël, dans son Allemagne, l’avait magnifiquement analysé ; mais, si je ne me trompe, la première connaissance plus détaillée qui en vint à M.

1539. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

De plus, le Consul, qui aimait assez qu’on sût pour lui ce qu’il ignorait, trouvait particulièrement en M. de Rémusat un tact sûr, la connaissance parfaite des convenances et de certains usages à rétablir, tout ce qui enfin, à cette époque, pouvait servir cette partie importante et délicate de son dessein.

1540. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

Il est à jamais à regretter que la connaissance précise de nos vieux textes n’ait pas coïncidé avec le premier essor de notre poésie moderne refleurissant il y a trente-cinq ans.

1541. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

Sans sortir du ton de la conversation ordinaire et comme en se jouant, il met en petites phrases portatives les plus grandes découvertes et les plus grandes hypothèses de l’esprit humain, les théories de Descartes, Malebranche, Leibnitz, Locke et Newton, les diverses religions de l’antiquité et des temps modernes, tous les systèmes connus de physique, de physiologie, de géologie, de morale, de droit naturel, d’économie politique468, bref, en tout ordre de connaissances, toutes les conceptions d’ensemble que l’espèce humaine au dix-huitième siècle avait atteintes. — Sa pente est si forte de ce côté, qu’elle l’entraîne trop loin ; il rapetisse les grandes choses à force de les rendre accessibles.

1542. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

« Vous me faites sentir plus que jamais combien la Fontaine est charmant dans ses bonnes fables ; je dis dans les bonnes, car les mauvaises sont bien mauvaises ; mais que l’Arioste est supérieur à lui et à tout ce qui m’a jamais charmé, par la fécondité de son génie inventif, par la profusion de ses images, par la profonde connaissance du cœur humain, sans faire jamais le docteur ; par ces railleries si naturelles dont il assaisonne les choses les plus terribles !

1543. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (4e partie) » pp. 429-500

L’histoire naturelle a dans ce sens d’immenses connaissances à acquérir, des mystères profonds à sonder par l’intelligence et surtout par la charité, cette langue instinctive, qui balbutie à peine entre la nation animée, la nation végétale et la nation humaine.

1544. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIIe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

» « Ce mouvement, ce cri, ces larmes troublent la cérémonie : le prêtre s’interrompt, les religieuses ferment la grille, la foule s’agite et se presse vers l’autel ; on m’emporte sans connaissance.

1545. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

Il était nécessairement un peu superficiel, et prenait un peu extérieurement les œuvres ; il avait cependant beaucoup de lectures et de connaissances, plus d’idées que son expression trop peu serrée n’en montre : c’était enfin un orateur littéraire, très agréable et suffisamment solide, qu’on peut encore aujourd’hui écouter avec profit.

1546. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

Le sang-froid, la netteté de vue qu’implique une pareille connaissance des secrets de son âme n’est-elle pas incompatible avec l’emportement aveugle de la passion ?

1547. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

Ce sont moins les talents et les connaissances que les caractères qui manquent à cette Chambre méprisée.

1548. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

quelle connaissance prématurée de la passion humaine, quel éperdument de verve et de jeunesse !

1549. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Pour nos lecteurs, heureusement, la connaissance est déjà faite : ils n’ont point oublié le magnifique extrait que la Revue française a donné des Fleurs du mal il y a trois mois4.

1550. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

Un corps sans connaissance.

1551. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Ces hommes, d’ailleurs, consommés dans la connaissance de ce qui fait la force, n’avaient pas encore jugé nécessaire d’entrouvrir les sources précieuses qu’ils possédaient seuls et qu’ils avaient tenues si longtemps fermées pour des raisons bien supérieures aux vues de l’habileté humaine.

1552. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VI. L’effort intellectuel »

Je ne sais, mais il n’était pas encore très avancé quand brusquement me revint à l’esprit que le nom était cité dans une note du livre de Kay sur l’éducation de la mémoire, et que c’est là d’ailleurs que j’avais fait connaissance avec lui.

1553. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Établie, depuis longtemps déjà, à Bordeaux, elle y avait de nombreuses connaissances ; depuis son divorce avec M. de Fontenay, elle vivait avec son père et n’avait cessé de fréquenter les meilleurs salons de Bordeaux ; aussi eût-on désormais l’assurance de pouvoir fléchir l’un des tyrans. […] On l’a beaucoup raillé d’aimer la musique des chouettes et des grenouilles ; c’est preuve de peu de connaissance des harmonies campagnardes du Midi. […] Bien que peu versé dans la connaissance de la vieille littérature catalane, nous n’ignorions pas que Vicens Garcia, recteur de Vallfogona, contemporain de Philippe IV et de Quevedo, était un des derniers poètes de sa patrie avant l’engourdissement de sa langue, tel qu’en 1640, le moine Fray Diego Cisteller se crut dans la nécessité d’écrire un Mémoire en défense de la langue catalane pour qu’on l’emploie à la prédication en Catalogne. […] Si dans une phrase malheureuse — et qui va sans doute au-delà de sa pensée — le romancier a prononcé le nom de la Sainte d’Avila, c’est qu’il lui manque la connaissance de quelque chose de l’humanité : l’âme religieuse à l’état de santé ne lui a jamais été révélée. […] IV J’arrive au troisième recueil de Frédéric Bataille, dont le titre, entre parenthèses, ne me plaît guère, Une Lyre ; il y a là un portrait gravé au poète qui est, au moment où j’écris ces lignes, l’unique moyen de connaissance que j’aie de sa personne ; il y a là aussi, ce qui est plus important, une liste des œuvres qui retranche de l’œuvre avouée du poète ses Premières Rimes, dont j’ai retrouvé, d’autre part, plusieurs pièces dans le recueil nouveau.

1554. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Je lui prêtai des dieux, emblèmes de nos connaissances : il eut donc un culte, et par conséquent des dogmes, des rites, et des mœurs. […] On se demande s’il ne faut pas le louer davantage de sa profonde connaissance des mouvements du cœur humain, et des ressources qu’il retire de leur usage pour accroître l’intérêt qu’il veut répandre sur son héros et sur le malheur des Troyens. […] Tant de négociations dont il fut l’agent ou le témoin, lui fournissent les connaissances diplomatiques dont les mystères se retracent ingénieusement dans les scènes où son héros traite avec Samorin et les chefs des Maures. […] C’est surtout dans les plaintes et les prières qu’Horace et Boileau proscrivent le style descriptif, et ce précepte émane de leur profonde connaissance des passions. […] Un certain terme est la barrière que notre entendement ne saurait franchir ; car si l’héritage des connaissances acquises enrichit la capacité de notre mémoire, l’esprit des découvertes, si souvent stationnaire, ne se transmet point dans les sciences positives, et ne marche point d’un pas égal jusqu’à l’infini.

1555. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Voyant un beau soir une centaine d’individus attroupés près de la porte de Nesle et insultant une personne de sa connaissance, il mit l’épée à la main, en blessa sept, en tua deux et délivra son protégé. […] Un marchand passionné pour le théâtre, fit sa connaissance et le supplia de prendre un appartement dans sa maison. […] D’ailleurs, le grand Condé, dès qu’il eut connaissance du troisième sonnet, fit dire en termes assez durs au duc de Nevers, qu’il vengerait, comme faites à lui-même, les injures dont on se permettrait de se rendre coupable envers deux hommes d’esprit qu’il aimait et qu’il prenait sous sa protection. […] Il avait de l’esprit, de l’imagination, de la facilité, une connaissance exacte des règles du théâtre, du goût pour la saine littérature, et il est hors de doute que, si au lieu de se laisser sottement poser en rival d’un homme qu’il eût dû considérer comme un maître, il se fût borné à prendre cet homme pour modèle, il se fût épargné beaucoup de critiques souvent injustes, mais fort spirituelles, et eût été mieux apprécié de ses contemporains.

1556. (1902) Propos littéraires. Première série

Sur quoi un vieux moraliste aimable de ma connaissance me dit tranquillement : « Sont-ils heureux, ces gaillards-là !  […] Non, sceptiques à l’égard des moyens humains de connaissance, profondément convaincus, et peut-être trop, de notre radicale incapacité de saisir, ou seulement d’entrevoir la vérité. […] On s’en va en caravane, dans un pays qu’on ne connaît pas, inaugurer la statue d’un homme qu’on n’a guère connu, faite par un sculpteur qu’on ne connaît point, et c’est une occasion très agréable de faire connaissance. […] Personne, à ma connaissance, n’a su trouver des vers comme ceux-ci… Mon Dieu ! […] — Ma joue en feu l’a reconnu — Et cette boue de la grande route — c’est bien la boue de ma patrie. — Les chevaux remuaient la queue — Affectueusement, commode vieilles connaissances — Et leurs crottins me semblaient aussi jolis — Que les pommes d’Atalante. » Oh !

1557. (1888) Poètes et romanciers

Mais, en dehors de ces particularités biographiques que l’on nous donnera, je le sais, dans la mesure convenable, ne reste-t-il pas encore, pour le critique, bien des explications très plausibles et très naturelles de ce genre de vie, puisées dans la connaissance des œuvres de M. de Vigny, et dans cette habitude de l’analyse qui interprète l’homme par l’écrivain ? […] Nous arrivons à l’âge moderne, qui se marque par le retour de l’homme à la Nature, par la domination absolue dans l’ordre de la connaissance, des sciences physiques, dans la région des arts, de la musique. […] Nous avons déjà fait connaissance avec le grand prêtre fauve des forêts, métaphore qui s’étonne de désigner Hésiode. […] Je voudrais montrer que la justice ne peut sortir ni de la science seule, qui suspecte les intuitions du cœur, ni de l’ignorance généreuse qui s’y fie exclusivement ; mais que l’application de la justice requiert la plus délicate sympathie pour l’homme, éclairée par la plus profonde connaissance de sa nature ; qu’elle est par conséquent le terme idéal de la science étroitement unie à l’amour. » C’est donc bien d’un poème scientifique et philosophique qu’il s’agit. […] Ceux qui ont eu le plaisir de le rencontrer souvent dans les mêmes régions seraient à même, s’ils le voulaient bien, de décrire exactement le travail par lequel l’imagination de l’artiste a transformé les matériaux vivants de son expérience de chaque jour ou de chaque soir, et de marquer au juste le degré d’idéalisation qu’il lui a plu de donner à certains types très réels, très humains de sa connaissance intime.

1558. (1886) Le roman russe pp. -351

Il veut être apprivoisé peu à peu aux connaissances nouvelles, pris au piège de son plaisir, et forcé de s’instruire pour mieux goûter ce plaisir. […] Il eût fallu des explications longues et obscures pour caractériser un homme ou une œuvre : un nom de connaissance en tient lieu ; il évoque d’emblée dans l’esprit de chacun toute une physionomie littéraire, proche parente de celle qu’on étudie. […] Non content de renouveler la structure politique des États, l’esprit irrésistible transforme toutes les fonctions de leur organisme ; c’est lui qui substitue l’association à l’individu dans la plupart des entreprises ; lui qui change l’assiette de la fortune publique en multipliant les institutions de crédit, les émissions de rentes, en mettant ainsi dans toutes les bourses une délégation sur le trésor commun ; lui enfin qui modifie les conditions de l’industrie et les subordonne aux exigences du plus grand nombre. — Je ne prétends pas épuiser la démonstration ; longtemps encore on pourrait poursuivre et vérifier la loi inflexible dans les entrailles de la terre, dans le corps de l’homme et dans les replis de son âme, dans le laboratoire du savant et dans le cabinet de l’administrateur ; partout elle renverse les anciens principes de connaissance et d’action, elle nous ramène à la constatation d’un même fait : la remise du monde aux infiniment petits. […] Le limon, voilà l’ordre des connaissances positives, ce qu’on tient de l’univers dans un laboratoire, de l’homme dans une clinique ; on y peut aller très loin, mais tant qu’on ne fait pas intervenir le « souffle », on ne crée pas une âme vivante, car la vie ne commence que là où nous cessons de comprendre. […] D’ailleurs, si l’éducation première de l’écrivain eut des lacunes, il y pourvut plus tard ; tous ses contemporains témoignent de sa vaste lecture, de sa connaissance approfondie des littératures d’Occident.

1559. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Il n’est ému qu’à fleur de peau ; la grande sympathie lui manque ; il ne sent pas l’objet tel qu’il est, complexe et d’ensemble, mais par portions, avec une connaissance discursive et superficielle. […] « Or selon mon avis, entre toutes les seigneuries du monde dont j’ay connaissance où la chose publique est mieux traitée, et règne moins de violence sur le peuple, et où il n’y a nuls édifices abattus ny démolis pour guerre, c’est Angleterre, et tombe le sort et le malheur sur ceux qui font la guerre… Cette grâce a le royaume d’Angleterre par dessus les autres royaumes, que le peuple ni le pays ne s’en détruit point, ny ne brulent, ny ne démolissent les édifices, et tombe la fortune sur les gens de guerre, et par espécial sur les nobles. » 176.

1560. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Je prétends être de plus haute dignité que nulle reine qui jamais ait porté la couronne, à la connaissance des hommes. » « Une haine terrible s’éleva entre ces deux femmes. […] Ce n’est pas Hagene qui l’a fait. » XV Les obsèques du héros sont longues et pieuses ; Kriemhilt fait dire mille messes ; quand il est mis en terre elle demande à revoir encore sa belle tête ; elle tombe sans connaissance sur le corps de son époux, elle y reste trente-six heures.

1561. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

D’autres disciples allèrent plus loin dans la connaissance de leur maître et ils surent que pour arriver à la vie bienheureuse ― qui comme dans Sénèque comporte beaucoup d’or et beaucoup de pourpre ― il faut plaire, et que pour plaire il faut avoir l’air de faire coïncider sa pensée avec l’émotion générale. […] Autrefois le grand mot des voleurs (et des autres), l’argent, ne gardait que très peu de temps son manteau argotique ; constamment rhabillé, il échappait à la connaissance immédiate des non-initiés. […] Il y a un lien de cause à effet, cela est naïvement clair, entre l’homme et l’œuvre, mais de quel intérêt peut bien être la connaissance de l’homme pour qui s’amuse aux fantastiques marines de Claude Lorrain ?

1562. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Plutarque, qu’il lisait dans Amvot, composait le fonds principal de sa connaissance historique.

1563. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Elle ne désirait point rompre avec les connaissances de Mme de Staël à Coppet et à Paris, et elle voulait moins encore se déclarer en hostilité avec l’homme dont sa tranquillité et son bien-être dépendaient ; toute sa fortune en France et en Angleterre était dans ces ménagements.

1564. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

Les deux religieuses, en nous écoutant parler avec tant de connaissance de ce qui était dans la chapelle et dans le château, comprirent que nous étions de la maison, et s’attachèrent fortement à nous comme des personnes d’une même famille.

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