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997. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

Voici les employés, et la stupide vie de bureau : l’employé vaudevilliste, l’employé loustic, l’employé abruti, le plat intrigant qui avance, l’honnête imbécile ou le travailleur naïf qui marquent le pas, les « potins », les protections, la collaboration des femmes à l’avancement des maris, et la cour obligatoire aux femmes des chefs. […] D’une vulgaire affaire de cour d’assises.

998. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

L’unité française réalisée ou sur le point de l’être, les gloires poétiques se sont développées, à de très rares exceptions près, dans l’atmosphère de serre chaude de la cour et le rayonnement du roi. […] En fait, à part la Normandie et les provinces des bords de la Loire (Anjou, Touraine, Orléanais), d’ailleurs voisines de la Capitale et souvent visitées par la Cour, c’est surtout Paris qui a fourni les grands poètes français.

999. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

On entrait dans la cour par une grande porte cintrée, surmontée d’un abri d’ardoises, à côté de laquelle se trouvait une porte plus petite pour l’usage de tous les jours. Au fond de la cour était la maison, au toit aigu, au pignon tapissé de lierre.

1000. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

Il rencontra Schumann en 1833 lors d’un voyage en Allemagne, passa plusieurs années comme musicien à la cour de Nicolas Ier et fonda l’école de violon du conservatoire de Saint-Pétersbourg. […] Lui aussi fut compositeur à la cour du Tsar de 1804 à 1810.

1001. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

En montant le matin dans ma cour, bien et beau, Je m’étais dextrement aidé d’un escabeau ; Mais, en pleine campagne étant sans avantage, La pâleur de han han m’est montée au visage. […] Elle va ramasser dans le ruisseau des halles Les bons mots des courtauds, les pointes triviales, Dont au bout du Pont Neuf, au son du tambourin, Monté sur deux tréteaux, l’illustre Tabarin Amusait autrefois et la nymphe et le gonze De la cour de Miracle et du cheval de bronze.

1002. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « JULES LEFÈVRE. Confidences, poésies, 1833. » pp. 249-261

L’euphuïsme de la cour d’Élisabeth ou de l’hôtel Rambouillet n’a jamais été au delà.

1003. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Des soirées littéraires ou les poètes entre eux »

Ce genre léger était plutôt le rendez-vous commun de tous les gens d’esprit, du monde, de lettres, ou de cour, des mousquetaires, des philosophes, des géomètres et des abbés.

1004. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre III. De l’émulation » pp. 443-462

Mais Voltaire, qui voulait souvent réunir les faveurs de la cour avec l’indépendance philosophique, fait sentir le contraste et la difficulté d’un tel dessein de la manière la plus frappante.

1005. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre premier. Pour faire des Tragédies qui puissent intéresser le public en 1823, faut-il suivre les errements de Racine ou ceux de Shakspeare ? » pp. 9-27

. — Parce qu’il n’est pas vraisemblable qu’une action représentée en deux heures de temps, comprenne la durée d’une semaine ou d’un mois, ni que, dans l’espace de peu de moments, les acteurs aillent de Venise en Chypre, comme dans l’Othello de Shakspeare ; ou d’Écosse à la cour d’Angleterre, comme dans Macbeth.

1006. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre II. Définition. — Énumération. — Description »

Quelques pages de quelques voyageurs, quelques tableaux aperçus dans les musées et les salons, quelques impressions d’enfance, de l’âge où l’on se fait d’immenses solitudes dans un coin de jardin, l’image persistante d’un long ruban de route poudreuse sous le grand soleil d’été, d’un angle de cour enflammé où l’air était suffocant, la lumière intense, tout cela se fondant, s’amalgamant, pourra dicter une page qui ne sera pas banale.

1007. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre III. Association des mots entre eux et des mots avec les idées »

Hugo qui a pour titre la Vache 10, lire le vers où il parle Du beau coq vernissé qui reluit au soleil sans penser plutôt à une enseigne de cabaret et d’auberge qu’à une cour de ferme.

1008. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre II. Le lyrisme bourgeois »

L’incessante fermentation de cette population immense et hétérogène, barons hantant la cour du roi, bourgeois dévots et caustiques, écoliers batailleurs et disputeurs, prompts de la langue et de la main, et tout ce qui s’y remuait d’idées et de passions dans le conflit des esprits et des intérêts, étaient éminemment propres à susciter une poésie sinon très haute, du moins très vivante : le poète, cette fois, ne manqua pas.

1009. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VII. La littérature française et les étrangers »

Le comte de Creutz, ambassadeur de Suède, le marquis de Caraccioli, ambassadeur de Naples, l’abbé Galiani, le prince de Ligne, le prince de Nassau, Stedingk, Fersen sont tout Français de goûts, de langue, d’intelligence : Garaccioli est désespéré quand sa cour le rappelle pour le faire ministre et vice-roi ; il semble qu’il s’enfonce dans la nuit.

1010. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « José-Maria de Heredia.. »

Et plus tard c’est à la Havane, dans la cour de l’École de droit et de théologie, sous les orangers d’une fontaine, qu’il lisait ses auteurs favoris, Ronsard, Chateaubriand et Leconte de Lisle.

1011. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Anatole France, le Lys rouge »

Les amours de Mme de Trémeur et de Le Hinglé, ces deux parfaits mondains, ressemblaient à une histoire de cour d’assises : l’avortement, le vol, le chantage, le suicide enfermaient la trame.

1012. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVII. Romans d’histoire, d’aventures et de voyages : Gebhart, Lemaître, Radiot, Élémir Bourges, Loti » pp. 201-217

Sous prétexte d’humilité évangélique, il s’en faut de bien peu qu’il descende à l’anarchie, à une anarchie consentie et voulue par les heureux, il est vrai, mais dont la pensée est tout de même un péché à la cour d’un pape-roi.

1013. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « La Plume » pp. 129-149

c’est le maître Verlaine qui fait son entrée, Le feutre en guise d’auréole, escorté d’une cour de fidèles parmi lesquels Jules Tellier aux yeux caves et Henri d’Argis, au visage glabre.

1014. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVIII. Caractère essentiel de l’œuvre de Jésus. »

Au XIIIe siècle, les Latins, les Grecs, les Syriens, les Juifs, les Musulmans font de la scolastique, et à peu près la même scolastique, de York à Samarkand ; au XIVe siècle, tout le monde se livre au goût de l’allégorie mystique, en Italie, en Perse, dans l’Inde ; au XVIe, l’art se développe d’une façon toute semblable en Italie, au Mont-Athos, à la cour des grands Mogols, sans que saint Thomas, Barhébræus, les rabbins de Narbonne, les motécallémin de Bagdad se soient connus, sans que Dante et Pétrarque aient vu aucun soufi, sans qu’aucun élève des écoles de Pérouse ou de Florence ait passé à Dehli.

1015. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre III, naissance du théâtre »

Tragique par ses combats et par ses traverses, comique par le train de carnaval et de faste qui formait sa cour, le double Masque de la scène était d’avance empreint sur son front.

1016. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1852 » pp. 13-28

Cet aimable et charmant débris de cour n’avait qu’un défaut : il ne pensait pas.

1017. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1854 » pp. 59-74

J’étais à côté de A… qui lui faisait très sérieusement la cour.

1018. (1860) Ceci n’est pas un livre « Mosaïque » pp. 147-175

Le lendemain de son arrivée — dès l’aube — les chiens faisaient grand tapage dans la cour : le départ pour la chasse était imminent.

1019. (1824) Notice sur la vie et les écrits de Chamfort pp. -

Il espéra que les eaux de Barrège seraient plus efficaces que celles de Contrexeville ; mais, à défaut de santé, il y trouva plusieurs dames de la cour, qui prirent un goût particulier à sa conversation ingénieuse et piquante.

1020. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les civilisations »

Il ne nous eût pas, par exemple, donné comme une illustration de ces merveilleuses civilisations américaines qu’il décrit, des monarques comme ce magnifique civilisé roi de Quito, Atahualpa, qui ne crachait jamais que dans la main des plus grandes dames de sa cour !

1021. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte du Verger de Saint-Thomas »

Il ne fallut rien moins que la mort de son favori La Chasteigneraie, tué par Jarnac dans un combat auquel Henri II et toute sa cour avaient solennellement assisté, pour que ce prince — tué lui-même plus tard dans un tournoi — défendît expressément le duel… Défense bientôt foulée aux pieds !

1022. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rigault » pp. 169-183

Et tous les vieillissants, tous les impuissants, toute la Cour des Miracles du vice qui ne fait plus de miracles, de croire en lui et d’oublier leurs malheurs en lui demandant sa sagesse.

1023. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Louis Vian » pp. 373-387

C’est donc un biographe exceptionnel que Louis Vian, — ce qui vaut mieux que d’être avocat à la cour de Paris et ce qui le fait oublier.

1024. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Montmorency » pp. 199-214

Sa Madame de Montmorency 20, dont il s’occupait avec un soin presque religieux, cette histoire qui commence par la Cour, l’éclat et le monde, et qui finit par l’affliction et une cellule, sa Madame de Montmorency a été pour lui pendant longtemps comme une espèce d’oratoire littéraire dans lequel il revenait à la dévotion de toute sa vie : l’amour des choses de l’esprit et des recherches de l’histoire.

1025. (1880) Goethe et Diderot « Note : entretiens de Goethe et d’Eckermann Traduits par M. J.-N. Charles »

Et cela, mis ainsi à côté de l’Auguste lilliputien de la cour de Weimar, fait l’effet d’être gigantesque.

1026. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIII. M. Nicolardot. Ménage et Finances de Voltaire » pp. 297-310

Partout où il s’arrête et où il passe, chez Mme Duchâtelet, à Paris, à la cour du roi de Prusse, à Monrion, à Lauzanne, aux Délices, à Tournay, à Ferney, son infatigable biographe l’accompagne.

1027. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « MM. Jules et Edmond de Goncourt » pp. 201-216

Louis XV, dégoûté de Marie Lecsinska, aimée (si on peut prostituer ce mot sacré) comme la femelle l’est, une minute, de son mâle, et laissée là, sans que cette vertueuse Maladroite de l’amour conjugal ait eu la puissance de le retenir et de le captiver, Louis XV, — il faut bien dire le mot, — l’empêtré Louis XV, malgré sa beauté et la royauté qui s’ajoutait à cette beauté pour la rendre irrésistible, fit attendre un moment le règne des maîtresses, et c’est alors qu’on vit la France tout entière lutter presque de proxénétisme empressé avec les grands seigneurs et les valets de cour qui le poussaient à l’adultère !

1028. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Lamennais »

Condamné à Rome alors, mais, comme tous les hérétiques qui commencent, faisant la distinction de l’Église et de la cour de Rome, il affirmait, à ce moment encore, son respect pour l’Église, se vouant seulement à un silence absolu, à un silence de trappiste sur les choses religieuses, comme il le dit dans deux ou trois lettres de la présente collection.

1029. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexandre de Humboldt »

On n’est pas méchant pour conserver une lettre de Jules Janin dans laquelle, afin de se faire accepter à la suite de la cour de Prusse, Janin promet d’y paraître convenable, sous un superbe habit de colonel.

1030. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIV. Alexandre de Humboldt »

Jules Janin dans laquelle, afin de se faire accepter à la suite de la cour de Prusse, M. 

1031. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Roger de Beauvoir. Colombes et Couleuvres. »

Chez l’auteur de Colombes et Couleuvres, cette poésie humaine et vraie, qui prend sa source dans les sentiments éternels et que chaque poète exprime avec une voix différente, a une fraîcheur d’accent que rien n’a flétrie, et à laquelle se joint une morbidesse qui relève encore le charme de cette étrange fraîcheur… Autrefois, sous cette Monarchie qui mettait de la force dans les institutions et de la poésie dans les mœurs, le deuil de la cour était noir et rose.

1032. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVI. Des sophistes grecs ; du genre de leur éloquence et de leurs éloges ; panégyriques depuis Trajan jusqu’à Dioclétien. »

Un homme qui faisait le sort du monde, une cour où l’on se rendait de toutes les extrémités de l’Europe, de l’Afrique et de l’Asie, les caprices d’un tyran qui pouvaient faire trembler cent nations, une servitude même qui avait quelque chose d’auguste, parce qu’elle était partagée par l’univers ; enfin la grandeur romaine qui respirait de toutes parts, même à travers les ruines de la liberté, tout ce spectacle, au moins dans les premiers siècles de l’empire, agitait fortement les esprits et les âmes.

1033. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. De Mascaron et de Bossuet. »

Tel est un morceau sur la cour ; sur ce mélange éternel qu’on y voit des plaisirs et des affaires ; sur ces jalousies sourdes au-dedans, et cette brillante dissipation au-dehors ; sur les apparences de gaieté, qui cachent une ambition si ardente, des soins si profonds, et un sérieux, dit l’orateur, aussi triste qu’il est vain.

1034. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IV. »

Ce nom continua de vivre dans la mémoire poétique de la Grèce, souvent blâmé par les philosophes, mais cité, chanté dans toutes les fêtes : et, lorsque la Grèce libre et parlant à la tribune et sur le théâtre eut cessé, lorsque sa langue et son génie ne furent plus qu’un luxe de cour et une étude de cabinet dans Alexandrie et les villes grecques d’Asie, nul monument de l’art antique ne fut plus imité, plus commenté que le hardi génie d’Archiloque.

1035. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

L’on crie encore plus fort pour avoir la longe ; il ne s’en émeut pas davantage, jette votre argent et vous ferme la porte au nez. » Ce n’est pas le marchand qui fait la cour à l’acheteur, c’est l’acheteur qui fait la cour au marchand. […] Ils se promènent et font la cour aux dames. […] Il eut de bonne heure quelque aisance, puis un emploi commode et intéressant, l’inspection des monuments historiques, puis une place au Sénat et des habitudes à la cour. […] Et cet orgueil n’est au fond qu’une variété de l’égoïsme. » Tout cela finit par une bonne et durable amitié. — Mais n’admirez-vous pas cette manière agréable de faire sa cour ? […] A l’égard de la cour, je ne lui mâche pas ses vérités, je lui dis même ses propres fautes.

1036. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Là il siège, entouré de sa cour séraphique. […] On le voit paraître à la cour du roi Artus. […] Cependant la noblesse de cour murmure en voyant un homme de peu, un artiste, donner le ton des plaisirs. […] Je ne comprends guère, je l’avoue, ce que j’ai lu à ce sujet ; je ne saurais me figurer Gœthe ordonnateur des fêtes à la cour de Weimar, impresario, compositeur de ballets, fabricant d’épithalames. […] Pendant la campagne de France, où il suit par bienséance de cour son souverain, il s’absorbe dans ses rêveries contemplatives.

1037. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Ils dévorent la patrie & ne la servent pas ; ne sachant guères qu’intriguer pour faire le mal, ruser à la Cour, & tromper les petits à l’appât de leurs richesses : malheur à qui croit à leurs promesses ! […] On s’est avisé depuis peu de vanter le style des hommes de Cour, comme le style par excellence & même de le proposer pour modèle. […] D’accord ; mais pourquoi le style des gens de Cour est-il simple ? […] Un Poète qui n’étoit ni triste ni gai, mais qui amusoit assez ceux qui l’écoutoient parler de ses vers, étoit parvenu à la Cour, on ne sait trop comment : mais enfin il s’y trouvoit, & comme l’on confond assez dans ce pays, les Poètes avec les fous, il avoit ses entrées. […] Cette pièce de Molière enfin semble écrite sous l’œil de la Cour ; d’ailleurs le Misanthrope, considéré-de près, n’est qu’un humoriste ; il s’échauffe le plus souvent pour des misères.

1038. (1886) Le roman russe pp. -351

Soumarokof fournit la Cour de tragédies ; ses contemporains l’avaient surnommé le Racine russe ; ils auraient dit plus exactement : le Campistron. […] Derjavine eut la bonne fortune de vivre très vieux et d’être bien en cour sous plusieurs règnes ; avènements, victoires, anniversaires, tous les sujets de dithyrambes qui caressaient l’orgueil national lui revinrent de droit. […] Les lycéens fusionnaient avec les régiments de la garde, cantonnés comme eux dans la résidence impériale ; ils partageaient les soupers et les frasques des hussards, appliquant de bonne heure aux suivantes de la Cour les leçons de Faublas, leur classique de chevet. […] » Du haut du ciel, la lune éclairait depuis longtemps toute la cour, les groupes de serviteurs endormis, les épaisses touffes des saules, les folles avoines où disparaissait la palissade de l’enceinte. […] Il y avait grand bal au Palais-d’Hiver ; la cour était réunie depuis longtemps, la musique jouait déjà ; on ne s’expliquait pas le retard de l’Empereur, on le croyait retenu par quelque affaire urgente.

1039. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

. — Le baron141 a fait des sociétés du dimanche de Genève la cour (?) […] Je commence depuis deux jours à me ranimer, à reprendre à des projets, à de l’avenir, et à sortir un peu de ce cercle d’idées si fatal que je suis bien décidée à éloigner le plus possible. — Je commence à observer ce qui m’entoure et à voir quelques personnes. — L’influence de l’Italie commence à se faire sentir ici non par le climat, mais par les mœurs. — Les femmes ont des sigisbées pour société et des abbés pour intendants. — Le prince Borghèse, qu’on n’appelle ici que le prince, a, dit-on, la petite cour la plus solennelle de l’Europe. Les anecdotes, les toilettes et les amours de cette petite cour me paraissent occuper tous les esprits et faire le fond de toutes les conversations. Notre ami, le comte Alfieri, a un prodigieux succès comme maître des cérémonies. — Les anciens grands seigneurs piémontais et les Français dans les administrations se rencontrent sans cesse à la cour et ne s’en aiment pas davantage.

1040. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Or, tout cela, convenez-en, use, à toute heure et chaque jour, plus de style, plus d’idées, plus de talent, qu’on n’en a jamais usé dans les beaux temps de la littérature difficile, quand on ne savait lire qu’à Paris dans toute la France, qu’à la cour dans tout Paris ! […] La province est la cour de cassation des jugements de Paris. […] » et vous étiez bien intrigué ; mais, aujourd’hui, tout le monde est célèbre. — On ajoutait : « Tu fais la cour à madame !  […] » Ne dirait-on pas que ce malheureux responsable a été invité par le roi et par la reine, et qu’il est monté dans les carrosses de la cour ? […] mon dernier souvenir l’accompagne jusque dans la cour des Messageries royales, où je la vis disparaître.

1041. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

. — Une véritable fureur de légalité règne dans les relations entre les deux sexes, et, si cela continue, l’herbe poussera bientôt dans la cour de la mairie du 13e arrondissement. […] Siraudin, évincé déjà plusieurs fois par le concierge, rôdait un soir dans la petite cour extérieure du théâtre, pendant que des maçons s’occupaient à faire quelques réparations. […] C’est une sorte de cour d’appel comique où l’opinion casse quelquefois les arrêts rendus par les magistrats ; anomalie assez étrange à constater dans un pays où le respect de la loi est souvent poussé jusqu’à l’exagération. […] M. la reine fait du théâtre une succursale de la cour. — Ces jours-là, l’étiquette s’assied au contrôle, où un lapidaire est installé avec la mission de refuser l’entrée à toutes les dames qui se présenteraient en ayant sur elles moins de cent mille livres de diamants. — Les hommes sont également soumis au frac et à la cravate blanche. […] Aussi ne perdent-ils pas leur temps à faire la cour aux femmes qu’ils rencontrent dans les lieux de plaisir. — S’ils en invitent une pour le quadrille ou la valse, — ils lui présentent non pas la main, mais leur canne ou leur parapluie ; — lorsque la femme, en valsant, permet à son cavalier de lui appuyer sa canne derrière le dos, c’est un indice d’espérances.

1042. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Dans la cour, toute pavoisée, de la gare, de magnifiques chars à bancs nous attendaient pour nous conduire à Champlieu. […] Des portes laissent voir le fond d’une cour à colonnade, blanche avec des faïences bleues. […] En face s’ouvrait une large grille, qui laissait voir une cour en contre-bas, pleine de fumier. […] Quand je m’éveillai, on ferrait dans la cour un cheval, et le poulailler faisait un beau vacarme. […] Nous venons d’accuser le gouvernement, on accusera la cour.

1043. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

Quant à madame Roland, qui enflait un mari vulgaire du souffle de sa colère de femme contre une cour odieuse parce qu’elle ne s’ouvrait pas à sa vanité de parvenue, il n’y a de vraiment beau en elle que sa mort. […] Elle avait appris en frémissant d’indignation, mais sans pâlir, le massacre de Suleau dans la cour des Feuillants, les cris de rage des assassins, les fusillades des bataillons aux portes de l’Assemblée, les assauts tumultueux du peuple pour forcer l’entrée du couloir et venir l’immoler elle-même.

1044. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Il vendait un office de receveur des amendes à la cour des comptes et en laissait perdre le prix ; il gagnait de l’argent au système de Law et ne savait pas le garder. […] En écrivant Esther et Athalie, il ne flattait pas une mode, il ne faisait pas sa cour à la religion ; c’est la religion elle-même qui demandait au plus humble de ses fidèles de lui consacrer ses grands talents, et qui lui permettait de purifier sa gloire en y ajoutant.

1045. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

Ils croisent les bras, ils adorent, prosternés devant le suaire qui l’enveloppe, comme devant le rideau de pourpre qui le voilait, les jours d’audience, aux yeux de sa cour. — « Je crains de te regarder, je n’ose te parler, l’antique respect me retient. » — Darius les dispense du cérémonial, en roi d’outre-tombe qui sait ce que vaut la fumée des hommages terrestres. — « C’est à ta prière que je viens d’en bas ; parle donc, et brièvement ; laisse là le respect. » Mais les vieux serviteurs se replongent dans leur vénération et dans leur néant, ils n’osent regarder fixement ce soleil couché. — « Je crains de t’obéir, je crains de te parler. […] » — C’est la Confession publique de l’Église primitive, anticipée dans une cour de la vieille Asie.

1046. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

L’influence du cardinal de Solis, qui n’écrivait pas, on ne la trouve attestée que dans les dépêches de sa cour, si préoccupée et si avide du résultat qu’elle poursuivait ; mais la correspondance bavarde du vaniteux Bernis, que l’auteur du Clément XIV a citée presque tout entière, ne laisse aucun doute sur le hideux fourmillement d’intrigues qu’il entremêlait. […] Mais un jour ou l’autre, c’était trop long, et la cour d’Espagne ne voulait plus attendre même le lendemain.

1047. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — II. (Fin.) » pp. 330-342

Ayant pris part à toutes les menées et révoltes du parti qui signalèrent les premières années du règne de Louis XIII, mécontent des siens pour le moins autant que de la Cour, il jugea prudent à un moment de sortir de France et de se réfugier à Genève.

1048. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — I » pp. 93-106

Juge auditeur à Versailles avant la révolution de juillet 1830, il prend part aux travaux du ministère public ; il est plusieurs fois appelé à parler devant la Cour d’assises : En général, écrivait-il à son début (23 juillet 1827), il y a chez moi un besoin de primer qui tourmentera cruellement ma vie.

1049. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — II » pp. 261-274

Fontenelle et les modernes, qui avaient à prendre leur revanche du discours de La Bruyère et de la préface très vive qu’il y avait jointe, firent l’élection de l’abbé de Saint-Pierre : pour eux, c’était un auxiliaire et un renfort ; pour les autres, ce n’était alors qu’un abbé de cour, de mœurs douces et polies, et assez grandement apparenté.

1050. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Appendice. »

Elle avait été comme élevée sur les genoux de Mesdames, filles de Louis XV, auxquelles sa mère était attachée moins encore par une charge de Cour que par des liens d’affection.

1051. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mémoires de Casanova de Seingalt. Écrits par lui-même. »

Une rencontre qu’ils firent à la cour de Parme d’un M. d’Antoine, noble Provençal et parent d’Henriette, mit fin à ce beau rêve.

1052. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre I. L’esprit gaulois »

Toutes les impressions s’atténuent ; le parfum est si faible que souvent on ne le sent plus ; à genoux devant leur dame, ils chuchotent des mièvreries et des gentillesses ; ils aiment avec esprit et politesse ; ils arrangent ingénieusement en bouquets « les paroles peintes », toutes les fleurs « du langage frais et joli » ; ils savent noter au passage les sentiments fugitifs, la mélancolie molle, la rêverie incertaine ; ils sont aussi élégants, aussi beaux diseurs, aussi charmants que les aimables abbés du dix-huitième siècle : tant cette légèreté de main est propre à la race, et prompte à paraître sous les armures et parmi les massacres du moyen âge, aussi bien que parmi les révérences et sous les douillettes musquées de la dernière cour !

1053. (1892) Boileau « Chapitre III. La critique de Boileau. La polémique des « Satires » » pp. 73-88

Nommer Despréaux Desvipéreaux, lui reprocher d’avoir fait servir des alouettes au mois de juin dans son Repas ridicule, glorifier Pelletier de recevoir chaque jour vingt-cinq personnes à sa table, traiter l’auteur des Satires de « bouffon » et de « faussaire », ou de « jeune dogue » qui aboie autour de lui, et lui dire agréablement qu’il ne fait rien « que les mouches ne fassent sur les glaces les plus nettes », le menacer du bâton ou faire entendre que les cotrets ont déjà pris le contact de ses épaules, trouver dans ses vers des insultes au parlement, à la cour, au clergé, au roi, et un athéisme digne du sort de Vanini, le reprendre tantôt d’user « de quolibets des carrefours, de déclamations du Pont-Neuf qui ne peuvent être souffertes que dans un impromptu de corps de garde », et tantôt de piller Horace, Juvénal ou Molière : voilà ce que la rancune venimeuse des victimes de Boileau invente pour le confondre.

1054. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « I. Leçon d’ouverture du Cours d’éloquence française »

Il voyait la laideur expressive de Molière, le paysage natal de Racine, cette nature sévère et harmonieuse de la Ferté-Milon, l’intérieur de bourgeois cossu du poète vieilli ; il nous le montrait dans son cabinet, en sa robe de chambre « bordée de satin violet », devant ses rayons garnis de livres, ou, lorsqu’il s’en allait à la cour, en « manteau d’écarlate rouge » et « en veste de gros de Tours à fleurs d’or », avec une « petite épée à garde et poignée d’argent » au côté, montant dans son carrosse rouge que tiraient deux bons vieux chevaux.

1055. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Et voilà le grand palais et la cour ducale, et plus loin la prison, etc. » Il y avait aussi des scènes d’intérieur, pour lesquelles il fallait un décor spécial.

1056. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

Il faudrait admettre que Bossuet, s’il était né en Chine, aurait composé les mêmes sermons qu’en France à la cour du grand roi.

1057. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Montalembert orateur. » pp. 79-91

Mais la mort du père de M. de Montalembert, survenant sur ces entrefaites, investit tout à coup le jeune homme des prérogatives de la pairie, et le procès fut évoqué devant la Haute Cour.

1058. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre I : La science politique au xixe  siècle »

En même temps, elle emprunte à la Constitution de l’an VIII l’idée d’un corps conservateur, qui ne serait pas une chambre haute, mais une sorte de cour de cassation politique : idée dont l’invention première appartient, comme on sait, à Sieyès, et qui était destinée à de curieux retours de fortune.

1059. (1860) Ceci n’est pas un livre « Décentralisation et décentralisateurs » pp. 77-106

Ils sont : conseillers à la cour, conseillers municipaux, architectes, maîtres de pension, — gens du monde.

1060. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

« Il en est de la cour comme de la mer : le vent qu’il fait décide de tout.

1061. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

Valens voulut presque toujours l’avoir à sa cour, et se fit même accompagner par lui dans ses guerres contre les barbares.

1062. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

le fat modeste, le petit seigneur, le faux magnifique, le défiant, l’ami de cour, & tant d’autres, viennent s’offrir en foule à qui aura le talent & le courage de les traiter. […] Achille dans la cour de Déidamie, Philoctete à Lemnos, & tant d’autres incidens pleins de noblesse & d’intérêts, parties essentielles de son action, l’auroient suffisamment remplie ; peut-être même n’auroit-il pas trouvé place pour ses dieux, & il y auroit perdu peu de chose. […] Lucain est sur-tout recommandable par la hardiesse avec laquelle il a choisi & traité son sujet aux yeux des Romains devenus esclaves, & dans la cour de leur tyran. […] Georgette est naïve autrement qu’Agnès ; Agnès autrement que ne doit l’être une jeune fille élevée à la cour, ou dans le monde : celle-ci peut dire & penser ingénuement des choses que l’éducation lui a rendues familieres, & qui paroîtroient refléchies & recherchées dans la premiere. […] auroit été beau dans l’ancienne Rome ; & la réponse de l’un des proscrits de Néron au licteur, utinam tu tam fortiter ferias, auroit été admirée dans la cour de Montésuma.

1063. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Le baron de Castellas prête son hôtel à la vengeance d’Albert… et, au retour des Italiens, un soir que l’ombre est épaisse, le cocher de Mme de Mercey, gagné par Albert, se trompe de porte et entre dans la cour du baron. […] Corneille, à la cour du roi Prusias, demeure, toujours et quand même, un vieil hidalgo romain, mêlé de Don Quichotte et de Cincinnatus. […] Seul, dans toute cette cour, Nicomède regimbe contre Rome ; mais qu’importe ? […] Et, pourtant, n’est-elle pas l’expression par excellence, la forme logique, nécessaire, réelle, du Drame à la cour de Louis XIV ? […] « La foule, se dirent-ils, est portée aux aventures sanglantes, les récits de meurtres la ravissent ; cour d’assises, Toulon, guillotine, voilà ses décors préférés… Il s’agit de renchérir sur Rocambole ?

1064. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

On lui demande des « autographes pour album », on l’invite à dîner ; on le place à côté de jolies femmes à qui il fait un brin de cour. […] À la poupe de chaque barque trônait une dame assise sur des tapis de brocarts entourée d’une cour de poètes qui lui récitaient leurs derniers vers. […] Leur demande fut repoussée par la cour de cassation. […] Prud’homme — lorsqu’il apprit, en 1868, l’arrêt de la cour de cassation, dut dire à Mme Prud’homme, sa moitié : « Si Lesurques voit ce qui se passe, il ne doit pas être content !  […] Je sais dans le peuple et même dans la bourgeoisie d’honnêtes gens qui ne voient la cour de Charles IX qu’à travers la Reine Margot et celle de Louis XIV qu’à travers le Vicomte de Bragelonne.

1065. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Aux yeux des poètes de cour, Molière n’est-il pas ce qu’était pour le sénat romain le paysan du Danube ? […] Je voudrais voir d’abord Toussaint dans tout l’éclat de sa puissance, au milieu de sa cour, inquiet et pourtant s’applaudissant de la résolution qu’il a prise. […] Or, tout le mérite de don César se réduit à exposer magistralement la morale que nous avons quelquefois entendue à la cour d’assises. […] Le second acte est consacré tout entier à la peinture de la cour d’Espagne. […] Dans la pièce de Schiller, Élisabeth de Valois demande à voir sa fille, et la grande-maîtresse de la cour, la duchesse d’Olivarès, lui répond que l’heure d’embrasser sa fille n’a pas encore sonné.

1066. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

De même, au commencement du dix-septième siècle, la grande pastorale d’Honoré d’Urfé, ce fameux roman de l’Astrée, dans lequel il y a plus de cent personnages, tous bergers, tous amoureux, et presque tous vertueux, exprime le désir des imaginations, le besoin des âmes, la soif des esprits et des cœurs, en un mot, l’idéal de la société, après les cruautés sauvages des guerres religieuses du seizième siècle, après la corruption hideuse de la cour des derniers Valois, et au milieu de la licence encore un peu soldatesque de la nouvelle cour du Béarnais. […] Le roi et la cour l’ont loué et admiré ; il a reçu mille compliments ; enfin, l’humilité d’un jésuite a dû être pleinement contente. » Quoique les romans de Mme de La Fayette fussent signés du nom de Segrais, à leurs délicatesses charmantes on reconnut bien vite le véritable auteur. […] L’air qui s’exhale de la cour d’un despote ternit les vertus mêmes qui s’en approchent, comme les exhalaisons méphitiques oxydent les métaux les plus purs. […] Dans les Mémoires du comte de Grammont, quand même on les lirait sans en savoir le titre, tant d’élégance et d’esprit d’une part, de l’autre un sens moral si faible ou si absent, ne vous feraient-ils pas reconnaître de prime abord un homme de cour ? […] Il l’eut auprès de lui jusqu’à sa mort, et ce bel élève lui servait de modèle pour ses figures d’ange50. » Il s’attacha également Francesco Melzi. beau comme Salaï, et tous les deux le suivirent à la cour de France.

1067. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Les négociations avec l’Autriche, celles avec la Prusse ; les premières agaceries diplomatiques de Bonaparte à Paul Ier, empereur de Russie ; le coup d’œil sur l’état intérieur et scandaleux de la cour de Madrid, livrée à un favori, Godoy, tracé d’une main qui charge les couleurs afin d’atténuer d’avance les torts du cabinet des Tuileries envers les Bourbons d’Espagne ; les négociations avec le Saint-Siège, préludes de négociations plus graves pour le Concordat ; la rupture des conférences par l’Autriche, les préparatifs de guerre repris des deux côtés avec une égale vigueur ; le tableau de la prospérité croissante de la France en dix mois d’un gouvernement personnifié dans un jeune dictateur ; l’analyse savante et pénétrante de la situation des différents clergés, séparés en sectes par les serments ou les refus de serments constitutionnels ; la rentrée rapide des émigrés, la statistique profondément étudiée des partis dans l’opinion et dans les assemblées ; les portraits de M. de Lafayette, de Fouché, de M. de Talleyrand, de Carnot, de Berthier, portraits finis et fermes, sans minutie comme sans recherche, où l’on voit que l’historien s’oublie lui-même pour ne penser qu’à son modèle, remplissent ce volume. […] « M. de Talleyrand, issu de la plus haute extraction, destiné aux armes par sa naissance, condamné à la prêtrise par un accident qui l’avait privé de l’usage d’un pied, n’ayant aucun goût pour cette profession imposée, devenu successivement prélat, homme de cour, révolutionnaire, émigré, puis enfin ministre des affaires étrangères du Directoire, M. de Talleyrand avait conservé quelque chose de tous ces états ; on trouvait en lui de l’évêque, du grand seigneur, du révolutionnaire. […] « Si on admire ces ministres qui, dans les monarchies absolues, savent enchaîner longtemps la faiblesse du prince, l’instabilité de la cour, et régner au nom de leur maître sur un pays asservi, quelle admiration ne doit-on pas éprouver pour un homme dont la puissance, établie sur une nation libre, a duré vingt années !

1068. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

L’atelier est dans la cour d’une grande cité ouvrière, bruyante de toutes les industries du bois et du fer. […] Et là-dessus est rentrée, toute joyeuse de sa promenade dans la cour, la mère des petits chiens. […] Mais, ils avaient été vus par une ouvrière, travaillant dans une chambre donnant sur la petite cour de l’hôtel, et, le soir, en rentrant, ils trouvaient le magot déniché.

1069. (1925) La fin de l’art

Je sais, il s’en déroule parfois de telles à la cour d’assises et il faut peut-être, après tout, admirer le courage de qui a fréquenté, sans haut-le-coeur, de tels individus. […] Les malheureux réduits à vivre dans ces étouffoirs seront les premiers de son avis, mais ils lui feront observer que ce n’est pas tout à fait leur faute et qu’ils préféreraient même posséder un hôtel entre cour et jardin ou même une simple villa dans les environs. […] Quoi qu’il en soit, un syndicat de médecins dénonça cette femme pour exercice illégal de la médecine et après plusieurs jugements favorables ou défavorables, la Cour d’appel vient de l’acquitter définitivement et, par conséquent, lui rendre la liberté d’imposer les mains tant qu’elle voudra.

1070. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Et comme Louis XIV faisait offrir un présent d’argent au porteur des pois et des roses, Audiger (c’est le nom de notre maître d’hôtel), refusait et faisait demander au Roi le privilège de faire, de vendre et de débiter toutes sortes de liqueurs à la mode d’Italie, tant à la Cour et suite de Sa Majesté, qu’en toute autre ville du royaume, avec défense à tous autres, d’en vendre et d’en débiter à son préjudice. […] Le Tellier, mais il éprouvait de telles tracasseries dans les bureaux pour le scellement de ses lettres d’obtention, qu’il entrait chez la comtesse de Soissons en qualité de faiseur de liqueurs, en sortait, se mettait dans le régiment de cavalerie de Rouvray, faisait plusieurs campagnes, obtenait une lieutenance d’infanterie dans la compagnie Joyau, du régiment de Lorraine, se démettait, se refaisait maître d’hôtel du président de Maisons, puis de Colbert, et finalement établissait une boutique de limonadier, place du Palais-Royal, où il fournissait la Cour et la Ville. […] Spirituellement causante, elle décrit les grandes fêtes de la cour, les Fêtes des Palmiers, où dans un souper de mille personnes, chaque table est dressée autour d’un palmier, dans un luxe de fleurs impossible à imaginer, en un éclat de costumes d’hommes indescriptible, et où l’Impératrice, qui est toute petite, disparaît sous les bouchons de carafe de ses admirables diamants. […] C’était un carnet contenant les échantillons de dentelle, que son grand-père, fabricant de dentelles à Alençon, portait à la cour de Louis XVI, carnet qu’il croit avoir été volé par une femme de chambre allemande.

1071. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Le marquis de Montausier n’obtint sa main qu’après une cour assidue de quatorze ans, et la soumission la plus entière. […] La future Mme de La Fayette se rencontrait à l’hôtel de Rambouillet avec les femmes les plus brillantes de la Cour. […] Il y avait alors à la Cour un favori du nom de Sadrégésile. […] Rue Beaujon, du haut d’un atelier de peintre, Alfred de Vigny aperçut un jour, dans la cour de l’hôtel qu’habitait Balzac, une voiture couverte de boue et de poussière. […] Je pénétrai dans la cour, spacieuse et morne : une lanterne à pétrole s’accrochait au mur, vis-à-vis d’une cage pleine de serins.

1072. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Partout, dans ses voyages, son but secret et cher était de trouver, d’obtenir un coin de terre et quelques paysans pour fonder son règne heureux ; comme Colomb, qui mendiait de cour en cour de quoi découvrir son monde, Saint-Pierre allait mendiant de quoi réaliser son Arcadie et son Atlantide.

1073. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

Charles-Quint, Philippe II, le duc d’Albe, l’Inquisition, l’ostracisme des races arabes de son territoire, la condamnaient à un gouvernement despotique et sacerdotal exprimé par une cour dans un couvent, l’Escurial. […] Républicain dans ses chambres, dictatorial sur ses vaisseaux et dans ses colonies, monarchique dans sa cour, ce gouvernement seul correspondait à ses trois nécessités de situation : la liberté, la puissance, la stabilité ; il sortait de sa nature.

1074. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Blaise Pascal339 est né à Clermont, le 19 juin 1623, troisième enfant d’Étienne Pascal, président à la cour des aides de Clermont. […] Gilberte Pascal (1620-1687) épousa en 1641 Florin Périer, conseiller à la cour des Aides de Clermont ; Marguerile Périer, la miraculée, et Etienne Périer, l’auteur de la Préface de 1670, sont ses enfants. — Jacqueline Pascal (1625-1661), esprit vif, imagination de feu, fut comme une enfant prodige, obtint à treize ans un prix de poésie.

1075. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

La reine, invitée par ses Etats à choisir un époux entre trois seigneurs de sa cour, le fait juge du plus digne. […] Son séjour presque continuel à Rouen, loin de la cour, expliquerait tout au plus les locutions provinciales qui gâtent son beau langage.

1076. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

Bacchus enfant courait déjà les bois, avec ses nourrices. « Et les Nymphes l’accompagnaient », dit l’Hymne homérique, — « et il les conduisait, et le bruit de leurs pieds enveloppait la vaste forêt. » Maintenant que le voilà roi, il se forme une cour, un Thiase ; il monte sur un char et prend son élan. […] Les bouffons ne manquent pas à cette cour errante.

1077. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Ce marquis porte des talons rouges à ses bottes vernies ; il a l’attitude et les manchettes de l’insolence de l’ancienne cour ; il le prend aussi d’un peu trop haut avec son beau-père. […] Il accepte, il fera sa cour, il tâchera de plaire ; et ce n’est pas lui qui s’amusera à éplucher la poule aux œufs d’or.

1078. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

L’Europe ne tenait pas toute, en effet, à cette heure, dans les entrechoquements de la politique, de la guerre, de la cour, des passions charnellement humaines, mais elle tenait encore plus dans les idées, qui tombaient de toutes parts, dans tous les esprits, comme la pluie de flammes de Sodome, et qui allaient mettre à feu toutes les traditions respectées, depuis des siècles, par les peuples. […] L’impitoyabilité du gouvernement de Philippe II n’était ni dans les idées, ni dans la pratique, ni dans les goûts de la cour romaine.

1079. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

Les ministres d’Espagne ne s’y trompèrent point, et ils écrivirent à leur cour des lettres où ils taxaient de tiédeur manifeste le duc de Mayenne et le président.

1080. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

C’est bien lui qui, lorsqu’il crut devoir passer de l’étude de la morale à celle de la politique, et qu’il eut acheté pour cela une charge de Cour (celle de premier aumônier de Madame, mère du duc d’Orléans), ne considéra cette espèce de sinécure auprès d’une princesse restée à demi protestante, que comme une petite loge à un beau spectacle, comme une entrée de faveur pour approcher plus aisément ceux qui gouvernaient, et se mit à les regarder, à les étudier à bout portant, bientôt à les aborder et à les harceler de questions, en attendant qu’il les poursuivît, sous la Régence, de ses projets et de ses conseils.

1081. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

Les mondains spirituels et malins lui pardonnent peu cependant de s’être laissé duper par Louis XIV et Mme de Montespan, ou plutôt par la passion du cœur, et pour avoir vu les deux amants bien et dûment confessés, absous et admis à la réconciliation pendant un jubilé, de les avoir crus si solidement convertis qu’ils pussent ensuite se revoir à la Cour sans danger, devant témoins.

1082. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Frochot, Préfet de la Seine, histoire administrative, par M. Louis Passy. »

Le secret des négociations avec la Cour était resté entre Mirabeau et le comte de La Marck, et celui-ci avait retiré, dans les derniers moments de son ami, toutes les traces et les preuves du traité.

1083. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Le Brun »

Partout, à la cour, à l’armée, Règne un dédain de renommée Qui fait la chute des États ; soit qu’il prélude à ses hymnes républicains dans les soirées du ministère Calonne ; soit même qu’en des temps horribles, auxquels ses chants furent trop mêlés38, et dont il n’eut pas le courage de se séparer hautement, il exhale dans le silence cette ode touchante, dont le début, imité d’un psaume, ressemble à quelque chanson de Béranger : Prends les ailes de la colombe, Prends, disais-je à mon âme, et fuis dans les déserts39.

1084. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

Neaulme, sur la place de la Cour, à La Haye.

1085. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre II. De l’ambition. »

On voit des vieillards traîner à la cour l’inquiétude qui les agite, bravant le ridicule et le mépris pour s’attacher à la dernière ombre du passé.

1086. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre II. La critique »

La tragédie française est ce que, dans notre race, devait donner la tradition antique à la cour de Louis XIV.

1087. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Les femmes de France : poètes et prosateurs  »

Je crois la voir donner la main à Mme Dacier, cette autre Clorinde de la naïve érudition d’antan  Mlle de Montpensier est une héroïne de Corneille, très fière, très bizarre et très pure, sans nul sentiment du ridicule, préservée des souillures par le romanesque et par un immense orgueil de race ; qui nous raconte, tête haute, l’interminable histoire de ses mariages manqués ; touchante enfin dans son inaltérable et superbe ingénuité quand nous la voyons, à quarante-deux ans, aimer le jeune et beau Lauzun (telle Mandane aimant un officier du grand Cyrus) et lui faire la cour, et le vouloir, et le prendre, et le perdre  Le sourire discret de la prudente et loyale Mme de Motteville nous accueille au passage  Mais voici Mme de Sévigné, cette grosse blonde à la grande bouche et au nez tout rond, cette éternelle réjouie, d’esprit si net et si robuste, de tant de bon sens sous sa préciosité ou parmi les vigoureuses pétarades de son imagination, femme trop bien portante seulement, d’un équilibre trop imperturbable et mère un peu trop bavarde et trop extasiée devant sa désagréable fille (à moins que l’étrange emportement de cette affection n’ait été la rançon de sa belle santé morale et de son calme sur tout le reste)  A côté d’elle, son amie Mme de La Fayette, moins épanouie, moins débordante, plus fine, plus réfléchie, d’esprit plus libre, d’orthodoxie déjà plus douteuse, qui, tout en se jouant, crée le roman vrai, et dont le fauteuil de malade, flanqué assidûment de La Rochefoucauld vieilli, fait déjà un peu songer au fauteuil d’aveugle de Mme du Deffand  Et voyez-vous, tout près, la mine circonspecte de Mme de Maintenon, cette femme si sage, si sensée et l’on peut dire, je crois, de tant de vertu, et dont on ne saura jamais pourquoi elle est à ce point antipathique, à moins que ce ne soit simplement parce que le triomphe de la vertu adroite et ambitieuse et qui se glisse par des voies non pas injustes ni déloyales, mais cependant obliques et cachées, nous paraît une sorte d’offense à la vertu naïve et malchanceuse : type suprême, infiniment distingué et déplaisant, de la gouvernante avisée qui s’impose au veuf opulent, ou de l’institutrice bien élevée qui se fait épouser par le fils de la maison !

1088. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Théophile (1811-1872) »

Sa poésie, à la fois majestueuse et précieuse, marche magnifiquement, comme les personnes de cour en grande toilette.

1089. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Premiere partie. » pp. 12-34

Ainsi parmi nous Condé honoroit Corneille ; c’étoit la gloire qui faisoit sa cour au génie : Ainsi dans tous les tems les grands dignes de ce nom ont fait les premiers pas vers les Ecrivains qui arrêtoient les regards de leur siécle.

1090. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre premier. La critique et la vie littéraire » pp. 1-18

Si j’estime excellent Peints par eux-mêmes, ce n’est pas pour faire ma cour à l’auteur.

1091. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

On voyoit, sous la figure de cette dernière déesse, des visages, qui, malgré toute la flatterie de l’art, n’auroient pas été admis aux moindres emplois à la cour d’Amathonte : des hommes même avoient ce ridicule.

1092. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre II. Des livres de géographie. » pp. 5-31

Si l’on en croit, l’Abbé de Choisi, rien de plus riche & de plus magnifique que la Cour de Siam ; lisez les Mémoires de Forbin, vous ne trouverez rien de plus mesquin.

1093. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Un des gentilshommes des comédies de Shakespeare, qui est bibliophile et galant comme il sied à un seigneur de la cour de la reine Élisabeth, dit en parlant des livres qui doivent entrer dans sa bibliothèque : « Je veux qu’ils soient bien reliés et qu’ils parlent d’amour. » Aussi bien, il était de mode alors en Angleterre et en France de revêtir les livres d’une enveloppe magnifique. […] Un salon est toujours une sorte de cour d’amour ; il y a des décamérons et des heptamérons sur toutes les plages élégantes, et dans toutes les villes d’eaux. […] Rien n’était plus magnifique que ce long défilé de la cour impériale, de ces rois, de ces reines formant le cortège de l’impératrice, de ces grands personnages, de ces maréchaux couverts d’or, de plaques et de cordons, suivant, pour se rendre au grand salon carré du Louvre disposé en chapelle, la galerie du musée, entre deux haies de spectateurs, hommes ou femmes, parés, brodés, revêtus de leur uniforme. […] Elle vit volontiers toute dans le cortège de ses rêves, et il est vrai qu’aucune cour ne pourrait lui faire une suite aussi magnifique. […] Je meurs sans remords, parce que j’ai vécu sans crime, soit dans les temps de ma disgrâce, lorsqu’on m’éloignait de la cour et qu’on me retenait dans des retraites obscures et écartées, soit depuis que j’ai été élevé à l’empire.

1094. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Sous Louis XIV, il n’y en avait qu’un : la cour. Pour être « du monde », il fallait penser comme la cour. […] C’est d’abord la superstition de la cour. […] Jamais on n’a ramassé plus énergiquement tout ce qu’on pouvait reprocher à la cour de bassesses et de vilenies. […] Les autres, il y a des hommes qui les aiment, qui leur font la cour.

1095. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Ainsi accoutré et l’épée de cour au côté, vous vous tenez aux pieds d’Ophélie, qui est, ma foi, fort gentille dans sa robe à paniers, avec sa haute coiffure à la Marie-Antoinette, que surmonte un grand panache de plumes d’autruche. […] Nous priâmes madame l’abbesse de permettre qu’on nous ouvrît l’appartement d’Orléans, qui avait vue sur la cour abbatiale, pour que nous voyions le futur mari de notre compagne ; on nous l’accorda. […] Elles nous mettent dans l’intimité de la cour de Vienne et témoignent des mœurs simples et familiales qui y règnent. […] Elle alla vivre alors à la cour de son père, qu’elle trouva marié en secondes noces à la princesse Charlotte-Mathilde d’Angleterre. […] La vie que menait Catherine dans la petite cour de Stuttgart se traînait monotone et triste, sans douce chaleur, sans joies intimes.

1096. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

. — Oui, vertus mondaines, acquises, estimables sans aucun doute ; — mais demandez-lui un peu s’il n’a pas à se reprocher d’être négligent, injuste, étouffant contre tel pauvre homme, jeune encore, de savoir, de mérite (il le sait bien), mais obscur et qui ne percera pas et qui n’écrit dans aucun journal, et dont il n’a à espérer aucun éloge, à redouter aucune attaque ; s’il ne le tient pas de son mieux en une place inférieure, avec une sorte de négligence hostile, parce que l’autre ne lui a pas assez fait la cour et ne peut jamais s’en faire craindre ; demandez-lui combien de temps cette iniquité durera, jusqu’à quand ce mauvais caprice ne sera pas lassé contre un homme de mérite sans monde et sans plainte… Et pourtant Filis s’améliore, dit-on ; il a bien gagné, répètent avec sincérité ceux dont il soigne l’opinion et qu’il ménage ; et au dessert, entre amis, si le discours tombe sur lui, on commence à parler de ses vertus. (1838) XI Chateaubriand n’aime pas ses enfants (en littérature), ni rien qui lui ressemble de près ou de loin. […] XLIV Villemain me dit un jour, il y a des années, dans la cour de l’Institut : « Je vieillis et vous ne jeunissez plus, faisons alliance !  […] Cassat, un ancien ami de Brune, un journaliste des premiers temps de la Révolution, le rédacteur du Journal de la ville et de la Cour, âgé de près de 90 ans et se trouvant depuis près de trois mois à l’agonie, comme suspendu au bord de la mort, disait à Olivier de Lausanne : « Mon pauvre Olivier, je n’ai pas le don de mourir. » CVIII Une grande aversion présente est souvent le seul signe d’un grand amour passé. […] Teste par la Cour des pairs.

1097. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

                   … Je lui fus destinée, Quand l’empire devait suivre son hyménée ; Mais ces mêmes malheurs qui l’en ont écarté, Ses honneurs abolis, son palais déserté, La fuite d’une cour que sa chute a bannie, Sont autant de liens qui retiennent Junie. […] Oreste se croit sûr d’enlever Hermione de la cour de Pyrrhus, amoureux d’Andromaque. […] Molière le rend amoureux d’une coquette ; dès-lors il est comique : il le met en scène avec un homme de la cour, qui vient le consulter sur un sonnet de sa composition ; et le voilà devenu théâtral : il l’est dans la scène des marquis, dans celle où la prude Arsinoë veut le dégager de l’amour de Célimène. […] Pour bien concevoir ces deux révolutions, supposez, sur le théâtre, une reine de Phénicie, qui, par ses grâces et sa beauté, ait attendri, intéressé pour elle les chefs les plus vaillants de l’armée de Godefroi, qui en ait même attiré quelques-uns dans sa cour, y ait donné asyle au fier Renaud dans sa disgrâce, l’ait aimé, ait tout fait pour lui, et qu’elle voie s’arracher aux plaisirs pour suivre les pas de la gloire : voilà le sujet d’Armide en tragédie.

1098. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Alors je présentai mes respects à l’Empereur, qui voulut bien me conférer un khélat ou vêtement d’honneur, lequel me fut endossé en grande cérémonie sous l’inspection du premier ministre ; et, affublé comme Taddéo en Kaimakan (si vous vous rappelez L’Italiana in Algeri), je reparus à la cour. […] Après une demi-heure, il leva sa cour, et je me retirai processionnellement avec le résident. […] Il y vécut en seigneur ; logé dans un pavillon royal, sur le bord d’un lac, au milieu d’un jardin planté de lilas et de rosiers ; ayant une cour, un gentilhomme de la chambre à six roupies par mois, une compagnie de gardes du corps qui protègent sa porte contre la mendicité cachemyrienne ; tour à tour médecin, savant, haut-justicier, philosophe, aumônier infatigable, correspondant favori de Runjet-Sing qui l’accable de présents, l’inonde de roupies et lui tend des pièges perfides, qui le traite de demi-Dieu et le fait espionner ; mangeant des cerises, des abricots et des raisins comme à Paris ; lisant Sterne pour tenir lieu de l’esprit qui manque à ses courtisans ; faisant chasser, pour défendre l’intégrité de son caractère européen, des bandes innombrables de filles impudiques qui assiègent son palais ; courant dans les montagnes après les ours et les panthères, qui le lui rendent bien souvent ; péchant des poissons pour M.  […] À Lyon, Julien mit une chemise fine, un pantalon blanc, une blouse de coutil russe, et vint se poster, les yeux pleins de langueur, et sa barrette de velours noir à la main, dans la cour de l’auberge, sous un balcon où la belle voyageuse, nonchalamment étendue sur un fauteuil, fumait des cigarettes ambrées, en attendant le souper.

1099. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Nous sommes dans la plus haute société et dans la plus raffinée, dans un monde qui tient à la cour. […] Il y a dans les dieux et les déesses de Versailles, et il y avait, croyez-le bien, dans les ballets païens de la cour, autre chose qu’une majesté un peu trop concertée. […] Elle est comme la sœur-fiancée de Bajazet ; ils ont été élevés ensemble dans un coin du sérail, tels que deux colombes dans une cour de mosquée. […] Et voilà qu’au printemps tu l’enterreras sans doute… Il te faudra bien alors prendre quelqu’un dans ta cour. […] Nikita reste dans la cour.

1100. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Et son second dessein, comme j’ai dit, est d’écrire l’histoire de la cour de France de 1690 environ à 1715. […] Arthur de Boislile ; elle est dans les Souvenirs de Mme de Caylus ; elle est dans les Mémoires de la Cour de France, de Mme de La Fayette ; elle est dans les Mémoires de Sourches, etc. […] On allume des feux de joie dans la cour avec des paillasses, des bancs, des matériaux et des vêtements qui quittent comme d’eux-mêmes les épaules. […] Aussi bien c’étaient propos de cour vers 1700. […] On sait que plus tard l’exquise duchesse de Bourgogne fut très soupçonnée d’avoir joué à la cour de France, dans le plus profond mystère et qui ne fut démêlé qu’après sa mort, un rôle qui appartient à la diplomatie souterraine.

1101. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Le botaniste blanc et le lieutenant rouge font leur cour à la comtesse Magali, sur qui chatoie une robe changeante, à la Loïe Fuller. […] Nous sommes au château de Compiègne ; et c’est la duchesse de Dantzig doit recevoir la cour ce soir-là. […] » Etc., etc…, et des ahurissements, et des roulements d’yeux effarés, et des emberlificotements dans sa traîne… C’est Mme Gibou à la cour. […] Je dois dire qu’elle n’y est pas plus malhabilement plaquée que la couleur espagnole dans Ruy-Blas ou la couleur Renaissance daus Henri III et sa Cour. […] C’est aussi ce jour-là que l’on inaugure la statue de feu Laversée et que le substitut Brascommié fait ses débuts en Cour d’assises. « Je viens d’obtenir ma première tête ! 

1102. (1910) Rousseau contre Molière

En vérité, ce n’est pas la peine de rester misanthrope pour ne l’être qu’à demi ; car si l’on se permet le premier ménagement et la première altération de la vérité, où sera la raison suffisante de s’arrêter jusqu’à ce qu’on devienne aussi faux qu’un homme de cour ?  […] Jourdain : « Vous n’êtes pas un mauvais homme ; la bonne familiarité avec laquelle vous causez avec votre servante en est la preuve, et vous seriez fidèle à votre femme s’il ne s’agissait pas de faire la cour à une marquise. […] Et, sans sortir de la cour, n’a-t-il pas encore vingt caractères de gens où il n’a pas touché ? […] N’a-t-il pas ceux qui sont toujours mécontents de la cour, ces suivants inutiles, ces incommodes assidus, ces gens, dis-je, qui pour services ne peuvent compter que des importunités et qui veulent qu’on les récompense d’avoir obsédé le prince dix ans durant ? […] Quel rapport entre Arsinoé, médisante et hypocrite, et Acaste avec sa fatuité ingénue, si ingénue qu’elle semble beaucoup plus d’un « faraud » de barrière ou de village que d’un homme de cour ?

1103. (1896) Écrivains étrangers. Première série

. — Et s’il a jamais su quelque chose, maintenant il ne sait plus rien, ajouta un prisonnier qui venait d’entrer dans la cour. […] Si vous allez à la cour, attachez-vous, quoi qu’il arrive, au parti du Roi et de l’Église ; rappelez-vous l’exemple que vous a donné Socrate dans Criton ». […] Avant de rejoindre la cour à Oxford, où, dans l’attente des événements, elle menait une singulière existence de fêtes et d’intrigues, il voulut aller revoir ses amis de Gidding. […] Il quitta l’Angleterre ; il vint en France, où la frivolité de la cour d’Henriette le choqua, acheva de le dégoûter de la politique. […] Et il s’est tué ; et une cantatrice célèbre, avec qui il s’était marié dans la vaine espérance d’oublier Valérie, une certaine Estelle Desvaux, vient donner des représentations à Lipara, au théâtre de la cour.

1104. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Alors elle éclate, s’affaisse, et les cygnes de sa cour répondent à ses cris. […] Écoutez ces chants de guerre, véritables chants, heurtés, violents, tels qu’ils convenaient à ces voix terribles : encore aujourd’hui, à cette distance, séparés de nous par les mœurs, la langue, et dix siècles, on les entend : « L’armée sort53. —  Les oiseaux chantent. —  La cigale bruit. —  La poutre de la guerre54 résonne,  — la lance choque le bouclier. —  Alors brille la lune — errante sous les nuages ; — alors se lèvent les œuvres de vengeance,  — que la colère de ce peuple — doit accomplir… —  Alors on entendit dans la cour — le tumulte de la mêlée meurtrière. —  Ils saisissaient de leurs mains — le bois concave du bouclier. —  Ils fendirent les os du crâne. —  Les toits de la citadelle retentirent,  — jusqu’à ce que dans la bataille — tomba Garulf,  — le premier de tous les hommes — qui habitent la terre,  — Garulf, le fils de Guthlaf. —  Autour de lui beaucoup de braves — gisaient mourants. —  Le corbeau tournoyait — noir et sombre comme la feuille de saule. —  Il y avait un flamboiement de glaives,  — comme si tout Finsburg — eût été en feu. —  Jamais je n’ai entendu conter — bataille dans la guerre plus belle à voir. » « Ici le roi Athelstan55,  — le seigneur des comtes,  — qui donne des bracelets aux nobles,  — et son frère aussi — Edmond l’Étheling,  — noble d’ancienne race,  — ont tué dans la bataille,  — avec les tranchants des épées,  — à Brunanburh. —  Ils ont fendu le mur des boucliers,  — ils ont haché les nobles bannières,  — avec les coups de leurs marteaux,  — les enfants d’Edward ! […] Ce grand Dieu de la Bible, tout-puissant et unique, qui disparaît presque entièrement au moyen âge61, offusqué par sa cour et sa famille, subsiste chez eux, en dépit des légendes niaises ou grotesques.

1105. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

Le kalitka cria sur ses gonds, et des petits chiens se mirent à aboyer en chœur dans la cour. […] — D’ici, non, mais de la cour. […] Lorsque nous l’eûmes atteinte, Birouk laissa le cheval au milieu de la cour, conduisit le paysan dans l’isba, relâcha le nœud du kouchak qui lui retenait les mains, et le fit asseoir dans un coin.

1106. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1866 » pp. 3-95

De majestueux faisceaux de seringues marchent, comme des haches de consuls, devant le rire… Les manteaux, les robes, l’hermine, les bonnets carrés des hommes et des femmes, la pourpre universitaire, le personnage du praeses, le latin de cuisine et de latrine, les réponses du clysterium dare , le plain-chant de Diafoirus et de Purgon, font songer à un paranymphe du Mardi-Gras à la Sorbonne, et à la Messe rouge d’une rentrée de cour d’apothicaires en belle humeur. […] Il avait aussi pensé, pour un Tribunal, à une sorte de triptyque, au milieu duquel il aurait peint, de grandeur nature, une Justice, à la chevelure blonde rappelant le souvenir d’une perruque du Parlement, à la robe rouge, imitant la robe de la Cour de cassation, le pied nu posé sur un glaive, assise sur un siège de marbre, où une tête de lion et une tête de mouton décoreraient les deux bras, et, derrière elle, les toits, les clochers, les dômes, les coupoles d’une vaste cité. […] Et le mardi, comme on craignait une syncope, toute la cour, médecins et gentilshommes étaient aux écoutes dans l’antichambre.

1107. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Troisième partie. Dictionnaire » pp. 243-306

Sansot et Cie, in-12, cour. 1905. […] Les Divertissements de la Ville et de la Cour (en coll. avec R. d’Avril), Ermitage, 1903, in-12. […] Œuvres. — Le Cœur Innombrable, poésie (cour. par l’Ac.

1108. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Tout ce que nous demanderions à la cour, puisqu’il y a une cour, ce serait un simple mouvement de curiosité. […] En parlant de Versailles, il dit qu’à la cour de Louis XIV, tout homme avait sa dorure.

1109. (1925) Comment on devient écrivain

La cour de Blois avait-elle deux cent cinquante-six ou deux cent cinquante et un pieds de large ? […] D’abord, s’aidant les unes les autres, elles emportèrent les cadavres, qu’elles déposèrent sous le portique de la cour. […] D’abord donc elles emportaient les corps morts, et les déposaient donc sous le portique de la cour à-la-belle-enceinte, s’appuyant les unes sur les autres ; et Ulysse leur commandait, les pressant lui-même ; et celles-ci les emportaient aussi par nécessité. […] Puis, ayant tout rangé dans la salle, ils conduisirent les servantes hors de la demeure, entre le dôme et le mur de la cour, les renfermant dans ce lieu étroit d’où on ne pouvait s’enfuir. […] Mais après que ils eurent mis-en-ordre tout le palais, ayant fait-sortir alors les servantes du palais solidement établi entre et le pavillon et l’enceinte irréprochable de la cour, ils les rassemblaient à l’étroit, (dans un endroit) d’où il n’était pas possible de s’échapper.

1110. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

De Pange, à Roucher, il combattit tour à tour les égarements de la démocratie et de la cour. […] Il ne s’agit en effet dans le Roi s’amuse ni de la peinture de la cour de François Ier, ni du tableau des passions religieuses qui agitaient la France du xvie  siècle. […] La cour, le clergé, le peuple, sont aux prises. […] Le poète, en éliminant successivement le clergé, la noblesse et les communes, faisait d’un drame national un drame de cour. […] Il a réduit aux proportions d’une tragédie de cour un des sujets les plus intéressants que présente l’histoire de la France au moyen âge.

1111. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Dans un journal qui contient la capitulation, je lis l’intronisation du roi Guillaume, comme Empereur d’Allemagne à Versailles, dans la Galerie des glaces, à la barbe du Louis XIV de pierre, qui est dans la cour. […] Entre-t-on dans les maisons, on passe devant la loge du concierge, casematée avec des matelas, posés sur des échelles, et on trouve le quatrième étage, gisant dans la cour. […] Pendant ce, la petite Renée pleure, parce qu’on ne veut pas la laisser jouer dans la cour. […] On campe dans l’antichambre donnant sur la cour. […] Et pendant que deux fourgons fermés entrent dans la cour, se glisse dehors un ecclésiastique, dont on voit, un certain temps, le long du mur extérieur de la caserne, le dos maigre, le parapluie, les jambes molles à marcher.

1112. (1893) Alfred de Musset

La cour est une belle chose. — La cour ! […] Il n’est pas mal tourné, ma foi, avec ses cheveux sur l’oreille et son petit air innocent… Et il fait la cour aux grisettes, ce monsieur-là avec ses yeux bleus ? […] Si vous avez occasion de voir son père à la cour, dites-lui qu’il n’en soit point inquiet. […] Elle voulut la voir, la trouva de son goût et en demanda une traduction pour la jouer devant la cour impériale.

1113. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

Ce qui lui fait croire qu’il se trompe et qu’il doit réparation à ce brave philanthrope enrichi, c’est l’arrestation inopinée d’un autre forçat, vieux gibier abruti de cour d’assises, un nommé Champmathieu, qui a volé des pommes dans le pays. […] Madeleine se tourna vers les jurés et vers la cour, et dit d’une voix douce : « — Messieurs les jurés, faites relâcher l’accusé.

1114. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

. — Madame, je n’ai pu m’imaginer qu’un pays où vous régnez ne fût pas un grand pays. » Ce sont là de ces mots qui posent un homme dans une cour. […] Alexandre prit des femmes de la nation qu’il avait vaincue ; il voulut que ceux de sa cour en prissent aussi ; le reste des Macédoniens suivit cet exemple.

1115. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse sociologique »

Assurément les petits maîtres hollandais représentent assez exactement l’époque bourgeoise et gaillarde dans laquelle ils vivaient, comme nos classiques sont pour la plupart d’excellents résumés de l’élégance et de la mesure de la cour qu’ils fréquentaient. […] Octave Feuillet (1821-1890) : ce romancier et dramaturge très prolifique, surnommé à cause de sa série dramatique « Scènes et proverbes » le « Musset des familles », très en faveur à la cour de Napoléon III, fut élu à l’Académie en 1862.

1116. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Dans la correspondance qu’il entretient avec lui, Voltaire le tâte souvent, et essaye de l’engager ; en 1760, après la comédie des Philosophes de Palissot, après le discours de réception de Lefranc de Pompignan, et dans ce moment le plus vif de la mêlée philosophique, Voltaire voudrait que Duclos s’entendît avec les amis et surtout qu’il agît en cour pour faire arriver Diderot à l’Académie ; c’eût été un coup de parti en effet, et une éclatante revanche : « Vous êtes à portée, je crois, d’en parler à Mme de Pompadour ; et, quand une fois elle aura fait agréer au roi l’admission de M. 

1117. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — I. » pp. 131-146

À la requête des états de Bourgogne, Jeannin fut pourvu d’un office de conseiller au parlement de Dijon, office créé tout exprès en juin 1579, « et il y fut reçu à condition de ne pouvoir résigner son office qu’après cinq aimées d’exercice, tant la Cour de parlement appréhendait de perdre un si rare esprit ».

1118. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

Il s’était fait à Saverne une des plus charmantes résidences du monde ; il y tenait une cour véritable, et il voulut que Ramond en fût.

1119. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

Par son cri d’alarme, il fait bien sentir le danger où fut à une certaine heure la France de se réveiller toute calviniste, au moins par la tête, c’est-à-dire à la Cour, dans les classes élevées et même dans la haute bourgeoisie ; car il y eut un moment de mode presque universelle pour la nouvelle religion ; la jeunesse parlementaire en était plus ou moins atteinte : « Il n’était fils de bonne mère, dit Montluc, qui n’en voulût goûter. » Montluc ne fait point la part de la conviction et de la conscience chez bon nombre de ses adversaires ; mais chez les chefs et les grands il fait très bien la part des motifs ambitieux et intéressés : « Si la reine (Catherine de Médicis) et M. l’amiral (de Coligny) étaient en un cabinet, et que feu M. le prince de Condé et M. de Guise y fussent aussi, je leur ferais confesser qu’autre chose que la religion les a mus à faire entretuer trois cent mille hommes, et je ne sais si nous sommes au bout… » Homme d’autorité et royaliste de vieille roche, il met bien à nu et dénonce l’esprit républicain primitif des Églises réformées et leur dessein exprès de former un État dans l’État.

1120. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

Fauris de Saint-Vincens, ami de Vauvenargues et de trois ans plus jeune que lui, était fils d’un conseiller à la Cour des comptes de Provence, et devint à son tour conseiller, puis président à mortier au parlement de la même province ; il ne mourut qu’en 1798 et était connu pour un érudit et un antiquaire des plus distingués, associé correspondant de l’ancienne Académie des inscriptions et belles-lettres.

1121. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Campagnes de la Révolution Française. Dans les Pyrénées-Orientales (1793-1795) »

Chargé par sa Cour de reconquérir le Roussillon ou plutôt, comme le prétendait l’Espagne, de réoccuper une de ses anciennes provinces, il résolut d’y procéder pied à pied, avec lenteur.

1122. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

C’est Rodigon, l’élégant accompli à cette date, Rodigon, comte de Hèrode, un homme de cour, un comte qui vaut un marquis pour le sémillant.

1123. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

Bignon, avocat de Rouen, ancien protégé de M. de Talleyrand et qui avait été l’instrument de l’expulsion de l’Électeur de Hesse à Cassel, et des exactions de la guerre de 1807 à Berlin ; puis envoyé à la Cour de Bade, il avait fait des vers pour la princesse Stéphanie.

1124. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires du comte Beugnot »

La scène de Gand, où l’avantageux maréchal fait étalage de stratégie à l’usage des gens de cour, où il s’applique surtout à démontrer au grand aumônier, le cardinal de Périgord, qui l’écoute révérencieusement en ayant l’air de mordre la corne de son chapeau, les divers plans de campagne possibles et comme quoi, dans toutes les combinaisons, Napoléon ne peut être que battu, — cette petite scène à trois personnages, le suffisant, le crédule, et le sceptique qui se rit de tous deux, — est une délicieuse comédie de cabinet qui vaut tout ce que les anciens Mémoires du bon temps nous ont laissé de plus exquis en ce genre.

1125. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Note »

Aujourd’hui, je serai l’apôtre de l’irréligion : ce sera avec autant de justesse… » — Condamné en police correctionnelle, le 14 août 1827, M. de Sénancour fut acquitté en appel devant la Cour royale de Paris, dans une audience présidée par le premier président Séguier (22 janvier 1828).

1126. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre IV. Poésie lyrique »

La cour de Champagne et ses poètes.

1127. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens III) Henri Rochefort »

Je ne me fâche point que Sénèque écrive, à la cour de Néron, sur le mépris des richesses.

1128. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

* *   * Né à Lorient, le 4 novembre 1828, Ernest Hello, fils d’un conseiller à la Cour de cassation, semblait, avec ses longs cheveux et ses allures bizarres, sorti d’un conte fantastique d’Hoffmann.

1129. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

Dans cette demi-retraite, qui avait un jour sur le couvent et une porte encore entrouverte au monde, cette ancienne amie de M. de La Rochefoucauld, toujours active de pensée, et s’intéressant à tout, continua de réunir autour d’elle, jusqu’à l’année 1678, où elle mourut, les noms les plus distingués et les plus divers, d’anciens amis restés fidèles, qui venaient de bien loin, de la ville ou de la Cour, pour la visiter, des demi-solitaires, gens du monde comme elle, dont l’esprit n’avait fait que s’embellir et s’aiguiser dans la retraite, des solitaires de profession, qu’elle arrachait par moments, à force d’obsession gracieuse, à leur vœu de silence.

1130. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

Il attribuoit la vogue qu’il eut à la ville & à la cour, en commençant à prêcher, en parti à la précaution qu’il avoit eue de débuter avec un nombre de sermons suffisant pour un carême.

1131. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 13, qu’il est des sujets propres specialement pour la poësie, et d’autres specialement propres pour la peinture. Moïens de les reconnoître » pp. 81-107

Telle est la saillie du misantrope qui, rendant un compte serieux des raisons qui l’empêchent de s’établir à la cour, ajoute après une déduction des contraintes réelles et gênantes qu’on s’épargne en n’y vivant point.

1132. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 16, des pantomimes ou des acteurs qui joüoient sans parler » pp. 265-295

Mais un pantomime de la cour de Neron, pour montrer à ce philosophe qu’il avoit tort, executa devant lui en déclamation muette et sans aucun accompagnement les amours de Mars et de Venus.

1133. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre premier. Considérations préliminaires » pp. 17-40

D’ailleurs, la modération sied bien aux vainqueurs : à Rome on permettait de dire même des injures à ceux qui recevaient les honneurs du triomphe ; et la vertu farouche de Caton fut plus d’une fois louée au sein de la cour d’Auguste.

1134. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Seconde partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère de la littérature et des arts » pp. 326-349

Discutez les prestiges de la vierge qui sauva la France, qui fut brûlée comme sorcière par nos ennemis, et dont la cour de Rome a protégé la mémoire !

1135. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre III. Contre-épreuve fournie par l’examen de la littérature italienne » pp. 155-182

Pour comprendre, il suffit de comparer la situation politique des deux pays ; en France : Philippe-Auguste, saint Louis et Philippe le Bel ; en Italie : la catastrophe de Frédéric II ; il semblait désigné pour faire de l’Italie une nation ; les lettres et les sciences florissaient à sa cour, et sa mémoire est encore bénie par Dante ; mais le pape l’a vaincu, Manfred tombe à Bénévent, et Conradin livre sa tête blonde au bourreau.

1136. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Repoussez cette littérature énervante, tour à tour grossière et raffinée, qui se complaît dans la peinture des misères de la nature humaine, qui caresse toutes nos faiblesses, qui fait la cour aux sens et à l’imagination, au lieu de parler à l’âme et d’élever la pensée.

1137. (1936) Réflexions sur la littérature « 6. Cristallisations » pp. 60-71

Il n’y a pas de cour d’arbitrage, de société de ces nations idéales qui puisse arranger leur conflit, et on ne peut souhaiter ni même supposer, qu’un des trois disparaisse.

1138. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIII. Des éloges ou panégyriques adressés à Louis XIV. Jugement sur ce prince. »

Ce fut un mérite surtout d’avoir apprécié la morale inflexible et la franchise sévère de Montausier dans une cour où la volupté se mêlait au faste, et où l’excès de la flatterie corrompait la gloire.

1139. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Je mourais de froid, d’ennui et d’isolement entre ces grands murs tristes, où, sous prétexte de me briser à la vie de collège, un immonde chien de cour s’était fait mon bourreau. […] La tête toujours appuyée sur sa main gauche et le bras accoudé à son pupitre, il passait les heures d’étude à regarder dans la cour le feuillage des arbres ou les nuages du ciel. […] Cette double mésestime, injuste chez les Pères, était un sentiment naturel chez nos condisciples ; nous ne savions ni jouer à la balle, ni courir, ni monter sur les échasses aux jours d’amnistie, quand par hasard nous obtenions un instant de liberté ; nous ne partagions aucun des plaisirs à la mode dans le collège ; étrangers aux jouissances de nos camarades, nous restions seuls, mélancoliquement assis sous quelque arbre de la cour. […] Notre retour fut des plus bizarres ; on nous avait donné une petite lionne à conduire en France, et elle arriva cour des Messageries sur l’impériale de la diligence, où elle avait paisiblement dormi à l’abri de notre burnous. […] Les grandes peintures murales de Chassériau : la chapelle de Sainte-Marie l’Égyptienne à Saint-Merry ; l’escalier de la cour des comptes, la chapelle baptismale de Saint-Roch, l’hémicycle de Saint-Philippe du Roule, ont été pour nous le sujet d’articles spéciaux, et nous avons du moins cette consolation de n’avoir pas attendu que notre ami fût mort pour le louer.

1140. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Oui, en ses années de vie entière et puissante, instinctivement et par l’effet d’une sympathie, d’une curiosité impétueuse, elle aspirait, on peut le dire avec éloge, elle aspirait à une vaste cour, à un empire croissant d’intelligence et d’affection, où rien d’important ou de gracieux ne fût omis, où toutes les distinctions de talent, de naissance, de patriotisme, de beauté, eussent leur trône sous ses regards : comme une impératrice de la pensée, elle aimait à enserrer dans ses libres domaines tous les apanages. […] Avant de donner des extraits du livre, le spirituel habitué du salon de Mme Necker vante et caractérise « cette jeune personne entourée de toutes les illusions de son âge, de tous les plaisirs de la ville et de la cour, de tous les hommages que lui attirent la gloire de son père et sa propre célébrité, sans compter encore un désir de plaire tel qu’il suppléerait seul peut-être tous les moyens que lui ont prodigués la nature et le destin. » Les Lettres sur Jean-Jacques sont un hommage de reconnaissance envers l’auteur admiré et préféré, envers celui même à qui Mme de Staël se rattache le plus immédiatement. […] Bientôt la publication de Corinne vint confirmer et redoubler pour Mme de Staël la rigueur du premier exil64 ; nous la trouvons rejetée à Coppet, où, après tout, elle nous apparaît dans sa vraie dignité, au centre de sa cour majestueuse. […] Zacharias Werner, l’un des originaux de cette cour, et dont on jouait l’Attila et les autres drames avec grand renfort de dames allemandes, Werner écrivait vers ce temps (1809) au conseiller Schneffer (nous atténuons pourtant deux ou trois traits, auxquels l’imagination, malgré lui sensuelle et voluptueuse, du mystique poëte, s’est trop complu) : « Mme de Staël est une reine, et tous les hommes d’intelligence qui vivent dans son cercle ne peuvent en sortir, car elle les y retient par une sorte de magie.

1141. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

. —  Comparaison de Dieu et des anges avec une cour monarchique. —  Ce qui subsiste du poëme. —  Comparaison entre les sentiments de Satan et les passions républicaines. —  Caractère lyrique et moral des paysages. —  Élévation et bon sens des idées morales. —  Situation du poëte et du poëme entre deux âges. —  Construction de son génie et de son œuvre. […] Sans craindre le ridicule, et avec la roideur d’un spéculatif tout d’un coup heurté par la vie réelle, il écrivit des traités en faveur du divorce, les signa de son nom, les dédia au Parlement, se crut divorcé, de fait, puisque sa femme refusait de revenir, de droit, parce qu’il avait pour lui quatre passages de l’Écriture ; là-dessus il fit la cour à une jeune fille, et tout d’un coup, voyant sa femme à ses genoux et pleurante, il lui pardonna, la reprit, recommença son sec et triste mariage, sans se laisser rebuter par l’expérience, au contraire destiné à contracter deux autres unions encore, la dernière avec une femme plus jeune que lui de trente ans. […] Adam est de l’opposition, whig, puritain. « Il va au-devant de l’ange sans autre cortége que ses propres perfections, portant en lui-même toute sa cour, plus solennelle que l’ennuyeuse pompe des princes, avec la longue file de leurs chevaux superbes et de leurs valets chamarrés d’or512. » Le poëme épique se trouve changé en un poëme politique, et nous venons d’écouter une épigramme contre le pouvoir. […] Il immole devant lui l’amour acheté et la galanterie folâtre, les femmes désordonnées et les filles de cour.

1142. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Il conte, avec l’imperturbable patience d’un babillage de salon, les petites surprises, les menus entretiens, les jeux malicieux, les mille riens qui diversifient, sans la rompre, la monotonie des journées oiseuses : ainsi nous donne-t-il la description de la vie intime d’une cour bourgeoise ; Madame s’ennuie, Madame veut se distraire, elle se met en tête d’éduquer le petit Saintré. […] Les discours qu’il leur prête seraient à citer tout entiers : c’est comme la profession de foi, ou plutôt de scepticisme d’un siècle qui nie l’idéal, faute d’y pouvoir atteindre et qui ne croit plus qu’à la réalité plate des choses et à la médiocrité bourgeoise des âmes : « Quand ces chevaliers ou écuyers, dit Damp Abbez, vont faire leurs armes et ont pris congé du roi, s’il fait froid, ils s’en vont à ces poêles d’Allemagne, se rigolent avec ces fillettes tout l’hiver ; et, s’il fait chaud, s’en vont en ces délicieux royaumes de Sicile et d’Aragon », puis ils vont crier à la cour qu’ils ont gagné le prix des armes, « et povres dames, n’v êtes-vous pas abusées !  […] Et, tout en pleurant et comme de deuil pâmée, la fit choir sur le banc que onques ne s’en osa mouvoir55. » Puis il lui arracha sa ceinture bleue, qu’il ne lui rendit qu’à la face de la cour, livrant ainsi à tous le secret de son déshonneur, par un coup de théâtre trop bien ménagé. […] Aussi tout personnage de roman réaliste est le double d’un individu que l’auteur a connu, et le livre n’est souvent que le développement d’un fait divers, d’un récit de conversation, d’un procès de cour d’assises. […] Ils commentent éternellement le mot de Pascal : « Le nez de Cléopâtre, s’il eût été court… » et professent qu’il a dépendu d’un rhume de Napoléon, d’un verre d’eau répandu à la cour d’Angleterre, que la face de l’histoire fût changée.

1143. (1903) Propos de théâtre. Première série

Le divertissement de cour devait sans doute, cette fois-là, se prolonger toute la nuit. […] Puis il y a le monde bourgeois, le monde littéraire, le monde qui se rattache à la cour. […] Il les représente comme « en voulant beaucoup à cette pauvre cour », et il montre la cour méprisant de toute sa hauteur ces petits « gredins ». […] Sa défense de « la cour » n’est pas habile. […] Le roi rit, la cour éclata, toute la France devait suivre.

1144. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Hanotaux, plusieurs fois interrompus par des révolutions ministérielles, ne nous conduisent que jusqu’en 1617, époque où Richelieu, devenu secrétaire d’État dans la coterie Barbin-Concini-Mangot, tomba précipitamment du pouvoir, éloigné de la cour par la crise violente où mourût le maréchal d’Ancre. […] Il s’éloigne de la cour, écolier encore ; elle le reverra homme fait, avec l’autorité et la confiance en soi-même qu’inspire le sentiment du devoir accompli. » Donc, c’est ici l’histoire des années d’apprentissage de Richelieu. […] Cela était intitulé : Instructions et maximes que je me suis données pour me conduire à la cour. […] Le comte de Rochester, qui fut célèbre à la cour du roi Charles II par le nombre de ses bonnes fortunes, mourut à trente-trois ans, furieux, invectivant les femmes, comme Maupassant, et bredouillant des oraisons jaculatoires, comme Verlaine. […] Le cérémonial de la cour moscovite fut copié sur celui de la cour byzantine.

1145. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Elle a une mauvaise voix, indistincte et cotonneuse ; elle n’a aucune tendresse ; elle a des façons maniérées et précieuses que personne n’a autour d’elle à la « cour » de Thésée et qui ne sont guère dans son rôle. […] Clitandre fait la cour à Armande, comme c’est le commencement de l’histoire des Femmes savantes. […] C’est à la première scène de l’acte I, et par conséquent, selon l’opinion générale, au commencement de la pièce, qu’Alceste nous dit : Mes yeux sont trop blessés et la cour et la ville Ne m’offrent rien qu’objets à m’échauffer la bile. […] C’est quelque chose comme une révolution de cour, entre cour et jardin. […] C’est Dumas père, avec sa verve gasconne, qui a fait croire à nos pères que Henri III et sa cour avait été une nouveauté audacieuse.

1146. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Dans les Caractères de La Bruyère, ce que nous admirons aujourd’hui, nous qui sommes à deux cents ans bientôt de la cour de Louis XIV, c’est la part de vérité générale que l’art merveilleux d’un grand maître a su comme emprisonner dans ces linéaments qu’il croyait peut-être lui-même copier d’après nature. […] Une femme de la cour, ayant permis qu’on lui dédiât un ouvrage, en voulut voir la Dédicace avant qu’on l’imprimât, et, ne s’y trouvant pas assez bien louée à son gré, elle prit la peine d’en composer une de sa façon et de l’envoyer à l’auteur pour la mettre à la tête de son ouvrage. » Ces quelques lignes ne figuraient pas dans l’édition de 1707. […] Enfin, l’une de ces femmes de lettres que nous avons citées, la comtesse d’Aulnoy, publiait vers le même temps ses Nouvelles espagnoles, ses Mémoires de la Cour d’Espagne, son Voyage d’Espagne surtout, dont il ne serait pas difficile de montrer le parti que Le Sage a tiré. […] On raconte à ce propos que Prévost avait sollicité sa translation de la congrégation de Saint-Maur à celle de Cluny, moins sévère, que la cour de Rome la lui avait accordée, et que l’évêque d’Amiens allait la « fulminer », quand le pénitencier du diocèse, alléguant les désordres et la frivolité notoires du requérant, en aurait arrêté les effets. […] Mais, comme Diderot, en préférant les « gages » des libraires aux « pensions » de cour, Prévost élevait cette même dignité d’écrivain que le baron de Grimm abaissait, pour autant qu’il pouvait être en lui.

1147. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Il faut songer, en effet, qu’âgé alors de 36 ans, n’ayant aucune fortune que ce que me procurait ma plume, ayant débuté en 1824 de compagnie avec des écrivains distingués, parvenus presque tous à des postes élevés et plus ou moins ministres, je n’étais rien, vivais au quatrième sous un nom supposé, dans deux chambres d’étudiant (deux chambres, c’était mon luxe), cour du Commerce. […] Mais que des journaux, qui se piquent d’accepter et de vouloir le régime nouveau, combattent ouvertement, par des raisonnements empruntés à l’ordre légal, cette expression publique de pieux souvenirs ; qu’ils viennent nous montrer dans Bories et ses compagnons des hommes pleins de courage sans doute, mais contraires aux lois ; qu’ils nous rappellent avec patelinage que ce fut un jury et non un tribunal révolutionnaire, non une cour prévôtale, qui fit tomber ces têtes ; — comme si ce jury n’avait pas été désigné par le préfet, contrôlé par le président du tribunal et présidé par un agent du pouvoir ; — que, par une induction odieuse, jésuitique et impie, ils ne voient dans Bories et ses compagnons que des ennemis de cette Restauration dont MM. de Polignac, de Peyronnet et autres étaient aussi les ennemis à leur manière, et qu’ils assimilent sans pudeur les victimes de 1822 aux traîtres de 1830, il y a là une révélation profonde sur la manière dont un certain parti juge ce qui s’est passé en juillet, et un précieux éclaircissement sut les arrière-pensées qu’il nourrit.

1148. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

Là vous la surprendrez souriante ou pleurante, histoire de guerre ou légende d’amour, refrain d’atelier ou ronde que l’on chante en dansant dans la cour des fermes ; et toujours, ingénue, poignante parfois, elle vous révélera l’essence même de notre musique nationale. […] Whistler ; et une merveilleuse scène de la vie, une jouerie de jeunes filles, dans une cour, par M. 

1149. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

Ils se répandent dans les différentes professions de la société : les uns se font commerçants ou militaires, d’autres suivent la cour ou le barreau ; c’està-dire que les dix-neuf vingtièmes passent leur vie sans lire un auteur latin, et oublient ce qu’ils ont si péniblement appris. […] Je ne parlerai pas de cet arbitre Pétrone du bon goût de la cour de Néron, son nom seul fait rougir.

1150. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

Sire Noble, le Lion, convoque tous les animaux en son palais pour juger du cas et pour prononcer sur la plainte qu’a portée par-devant lui Ysengrin ; c’est une cour plénière.

1151. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le Roman de Renart. Histoire littéraire de la France, t. XXII. (Fin.) » pp. 308-324

Le bon chevalier Beaumanoir va vers lui, et lui dit dans un sentiment tout humain qui est rare au Moyen Âge, qui manque chez Froissart, historien de cour, et qu’on est heureux de retrouver ici : Chevaliers d’Angleterre, vous faites grand péché De travailler les pauvres, ceux qui sèment le blé… Si laboureurs n’étaient, je vous dis ma pensée, Les nobles conviendrait travailler en l’airée (aux champs), Au fléau, à la houe, et souffrir pauvreté ; Et ce serait grand peine quand n’est accoutumé.

1152. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

J’ai senti, au contraire, qu’ayant eu le malheur de déplaire à la Cour, je devais expier l’imprudence de ma conduite par ma patience et ma soumission ; et, quoique le ciel me soit témoin que je n’ai effectivement que de l’imprudence à me reprocher, je me suis condamné moi-même sur les apparences sans penser à faire valoir la simplicité de mes intentions et l’innocence de mon cœur.

1153. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

— Geoffroy de Villehardouin naquit en Champagne ; sans doute dans le château de son nom, à sept lieues de Troyes, entre Arcis et Bar-sur-Aube, d’une famille ancienne et distinguée à la cour des seigneurs et comtes du pays.

1154. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation28.

1155. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

Sous le titre de « Vers attribués à Ronsard », il y a joint plusieurs sonnets qui flétrissent les désordres de la Cour sous Henri III et l’avénement des mignons.

1156. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

L’émigré, homme de cour, continue d’écrire dans la langue élégante qui était en usage et à la mode au moment de sa sortie.

1157. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — II » pp. 231-245

Un jeune homme faisait la cour à une jeune fille aussi distinguée par l’esprit que par le caractère.

1158. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir a l’histoire de mon temps. Par M. Guizot »

Guizot, prenant la mesure de cet homme d’État, une mesure très juste, et le qualifiant « homme de cour et de diplomatie, non de gouvernement, et moins encore de gouvernement libre que de tout autre », énumère plusieurs des qualités qu’il estime indispensables pour ce haut emploi, le plus haut en effet qui soit dans la société, puisqu’il l’embrasse et la comprend tout entière elle-même : L’autorité du caractère ; La fécondité de l’esprit ; La promptitude de résolution ; La puissance de la parole ; L’intelligence sympathique des idées générales et des passions publiques.

1159. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

Étienne se rappelait avoir rencontré, enfant, la charrette sur laquelle on menait à l’échafaud le père même de Mme de Noailles, M. de Laborde, banquier de la Cour.

1160. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

Il nous donne des descriptions vivantes des principaux types, l’Albanais, le Phanariote, l’Insulaire ; en un mot il est peintre, il est portraitiste avec saillie et ressemblance : le satirique ne commence et ne se donne tout son jeu que là où il se trouve en face d’une société et d’une Cour ridicules.

1161. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

L’avocat voudrait répliquer encore ; mais la Cour s’est déjà levée, le public qui a devancé le jugement se disperse et l’on n’y est plus.

1162. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

Eugène Lambert, conseiller à la Cour impériale de Rennes ; un vol. in-18, Ambroise Bray, rue Cassette, 20.

1163. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

En 1738, le marquis de Sainte-Aulaire, le spirituel ancêtre du très-légitime académicien d’hier, avait, comme directeur de l’Académie, à recevoir le duc de La Trémoille qui n’y avait d’autre titre que ses hautes qualités et fonctions à la cour.

1164. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

Les gradations de la pensée, les nuances du sentiment, ont besoin d’être approfondies par la méditation ; et ces paroles agréables qui s’offrent en foule aux poètes italiens pour faire des vers, sont comme une cour de flatteurs qui dispensent de chercher, et souvent empêchent de découvrir un véritable ami.

1165. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

Quand le cour et l’esprit réunissent leurs délicatesses, ils font des chefs-d’œuvre, et ceux-ci, comme l’art, comme la politesse, comme la société qui les entoure, ont un charme que rien ne surpasse, si ce n’est leur fragilité.

1166. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre II. Les tempéraments »

Et toutes ces impressions se fixaient dans de pénétrants sonnets : sonnets satiriques, plus larges que des épigrammes, plus condensés que des satires, expressives images des intrigues de la cour romaine et des corruptions de la vie italienne ; sonnets pittoresques, où la mélancolique beauté des ruines est pour la première fois notée, en face des débris de Rome païenne ; sonnets élégiaques enfin, où s’échappent les plus profonds soupirs de cette âme de poète, effusions douces et tristes, point lamartiniennes pourtant : elles ont trop de concision et de netteté, et il y circule je ne sais quel air piquant qui prévient l’alanguissement.

1167. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre 2. La littérature militante »

Puis, il faut la liberté politique pour élever l’éloquence judiciaire au-dessus de l’argumentation strictement juridique et des gros effets de cour d’assises.

1168. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre I. La lutte philosophique »

Celui qui eut le plus de talent, qui marqua inexorablement toutes les petitesses des philosophes dans ses acres satires, Gilbert, obtint la faveur de la cour, des pensions, un nom littéraire qui n’est pas encore oublié : il n’eut aucune prise sur l’esprit public.

1169. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

De tout temps elle posséda des écrivains véritables, un plus grand nombre de vagues prosateurs et poètes assaisonnés de puissances éphémères : hommes de Cour autrefois, hommes politiques depuis 1830.

1170. (1899) Le préjugé de la vie de bohème (article de la Revue des Revues) pp. 459-469

Et maint propriétaire, qui signifia hier sereinement congé au jeune impressionniste ou au petit sculpteur admirateur de Rodin qui n’avait point soldé le terme de l’atelier sous les combles ou du hangar de la cour, sourit avec indulgence à la façon cocasse dont le quatuor de Murger enivre et dupe M. 

1171. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

Voyez les Annales de la Cour et de Paris pour les années 1697 et 1698, par Sandras de Courtilz.

1172. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Oscar Wilde à Paris » pp. 125-145

Son absence aux fêtes de la cour était considérée comme un désastre.

1173. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

On y sent partout un jargon de coterie et de province, le goût de cette petite cour de Lorraine où l’on vivait entre soi comme dans une bonbonnière.

1174. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

Le voiturier s’arrête pendant une heure pour rafraîchir à une auberge du chemin ; une fontaine est dans la cour : « Pendant que l’hôte et le voiturier buvaient le coup de l’étrier : — Buvons le coup de l’étrier, disait Louise à son ami.

1175. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

Il trouva partout de l’écho, et il n’y eut qu’une voix opposante : ce fut celle d’un auteur autrefois très protégé de la Cour, Laignelot, qui avait fait une tragédie d’Agis quelques années avant la publication et le succès d’Anacharsis, et qui en avait conçu de la jalousie de métier.

1176. (1903) Zola pp. 3-31

Comme chez les romantiques et comme chez Victor Hugo en particulier, les hommes étaient peu vivants et les choses, en revanche, prenaient une âme, devenaient des êtres mythologiques et monstrueux, que ce fût le parc du Paradou, l’alambic de l’Assommoir, l’escalier et la cour intérieure de Pot-Bouille, le grand magasin du Bonheur des Dames, le puits de mine de Germinal, la locomotive de la Bête humaine.

1177. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

Il nous les a montrés misant sur le succès de tous les noms nouveaux, sur celui de Racine remplaçant Corneille dans l’admiration de la cour et de nos jours sur ceux de Tolstoï, d’Ibsen ou de Nietzsche.

1178. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

Mais, après avoir fait une simple breloque de la petite épée de cour dont il s’était contenté jusqu’alors de moucheter galamment le romantisme, il décrocha la longue et lourde rapière que ceignait le terrible abbé Geoffroy pour faire sa ronde — dans les Débats de 1812.

1179. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

Lorsque l’on trouve pour la première fois cette expression, elle est déjà consacrée par la tradition ; et l’on sait que nos rois n’ont jamais été moins jaloux que les autres de leur indépendance dans leurs rapports avec la cour de Rome.

1180. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre V. Mme George Sand jugée par elle-même »

Tous tant que nous sommes, nous répudierons avec un sentiment que, par politesse, je veux bien ne qualifier que d’inexprimable, cette affectation de simplesse et de bonhomie ; cette bergerie de l’art pour l’art, cette papelardise de Sainte Nitouche littéraire, et tous, nous poserons cette question à laquelle il est impossible de répondre : Est-ce donc que Mme Sand est dans la cour de Ponce-Pilate pour se renier si bravement ainsi, et pour dire d’elle-même : « Je ne connais pas cette femme-là ? 

1181. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Il apprit, en écoutant le langage exquis des gens de cour et des gens du monde, la différence du style enflé et du style noble, du style vague et du style élevé ; il se dépouilla d’une certaine rouille philosophique qu’il avait contractée en théologie, et comprit que, lorsqu’on faisait le portrait de personnes si élégantes et si mondaines, il ne fallait pas y apporter les habitudes philosophiques que la Sorbonne conservait dans ses argumentations d’apparat.

1182. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXII. »

« Le vieux Spencer, dans l’harmonie de ses stances savantes, demeura poëte allégorique et poëte de cour.

1183. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

La tradition nous rapporte seulement, que le docteur Garcia, — il avait soutenu ses thèses à une date qui n’est pas antérieure à 1621, — conserva l’incognito, pendant une partie de son séjour à la cour, que son renom y était tel qu’il se lia avec tous les poètes du temps. […] Lyly convertissait en même temps la cour et les courtisans à l’Euphuïsme, ce gongorisme anglais, si vigoureusement attaqué chez nous par Henri Estienne. […] L’ambassadeur anglais, Smith, faisant part à sa souveraine des bruits qui couraient à la cour, lui écrivait de Blois : « L’assassin est âgé de dix-neuf ans, natif de Saintonge ; il est venu dans le dessein de tuer le duc, à l’instigation de Soubise, actuellement à Lyon. […] Tout cela n’était pas sans inquiéter, et offusquer un peu, un suave poète, un très gentil conteur, Antonio de Trueba, qui le prenait par la main pour le présenter au public de la cour. […] Après tout, elle avait deux balcons, un vaste portail, un jardin sur le flanc, un puits et une pile à laver dans la cour, et même un fragment brisé d’écu armorié sur sa façade principale.

1184. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

si le défenseur d’Archias, l’accusateur de Catilina avait eu son Boswell, si nous savions la vie familière de Virgile à la cour d’Auguste, comme celle du lauréat de Guillaume IV, que d’énigmes insolubles aujourd’hui dans l’histoire littéraire du paganisme se résoudraient d’elles-mêmes ! […] Il avait pris et remplissait avec assez d’habileté le rôle d’entremetteur entre la cour et la nation. […] La cour et le peuple se placeraient naturellement sur le second plan. […] Au quatrième acte, la rentrée du roi en France, le sac de Rome, la mort de Bourbon, de Lautrec, les fêtes de la cour, et le mariage de Henri avec Catherine de Médicis. […] Je ne veux pas le nier, entre le rhéteur grec et l’euphuiste de la cour de Louis XIV, il s’est rencontré plus d’un descripteur habile qui a su trouver dans cette maladie de l’âme humaine des épisodes pathétiques et déchirants.

1185. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Point de roman, rien que le récit de cette vie étape par étape ; réfectoire, dortoir, salle d’étude, cour de récréation et reste, tout y a son chapitre, et il semble que ces notes aient été prises au jour le jour, tant l’auteur a conservé vives les impressions de son enfance. […] On a beaucoup parlé de l’étiquette de la cour française et de ses exagérations ; celle de la cour de Prusse, et notamment de l’éducation du futur Frédéric le Grand, n’est pas moins curieuse. […] Ces voyages d’Italie, en compagnie du cardinal Jean Du Bellay, nous montrent l’importance que la cour attachait à l’opinion de Rabelais comme savant et comme diplomate. […] Ajoutez à ce tableau la figure élégante et frêle du marquis de Dreux-Brézé dans son costume de cour, avec le chapeau à plumes et les talons rouges, s’effaçant devant l’habit noir du Tiers-État comme le fantôme de la royauté devant l’apparition soudaine du peuple. […] Le gouvernement français conserve des relations amicales avec le Saint-Siège ; celui-ci n’est pas représenté à la Cour de Saint-James.

1186. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Seul, au fond d’une cour, il passait là de longues heures à modeler des pourritures et à copier des sanies. […] Toutes les femmes viennent tour à tour lui demander de leur faire la cour, moins une qu’il trouve adorable et qui le fuit. […] Il y avait encore une autre raison à cette cordialité et peut-être la principale : c’est que mes parents avaient consenti à recevoir la baronne de Feuchères, qui exerçait sur monsieur le duc de Bourbon un grand empire, mais qui n’était pas admise à la cour. […] Arthur Desjardins, membre de l’Institut, avocat général à la Cour de cassation. […] Le point le plus intéressant des Mémoires est certainement le récit des événements qui se passaient à la cour de Murat, devenu roi de Naples.

1187. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Périodiquement, à la suite de quelque dénonciation calomnieuse ou de quelque article perfide, des appels avaient lieu dans la cour de l’École militaire. […] lui jeta le concierge avec envie, c’est à droite au fond de la cour. » Et Xavier, ravi qu’on ait pu le croire, un instant, propre à remplir un tel emploi auprès d’un poète aussi connu, répliqua sans enthousiasme : « Non, je vais chez M.  […] Le dix-huitième, l’Opéra-Comique, l’opérette, aussi bien que l’érudition. voilà ce qui passionne cet écrivain qui fait songer à quelque abbé de cour, un petit abbé qui croirait, par exemple, et serait assez négligé dans sa mise. […] Il habite aujourd’hui, rue du Faubourg-Saint-Honoré, une garçonnière, ou si vous préférez un lectulus, au fond d’une cour, entre l’ambassade d’Angleterre et l’Élysée — c’est une situation politique assez dangereuse. […] C’est au début de février 1916 que Ramuz s’est installé dans la maison nommée « L’Acacia », avenue de Cour, à Lausanne où il restera jusqu’en 1929.

1188. (1881) Le naturalisme au théatre

Croyant arriver à plus de vérité, les actrices adoptèrent, pour toutes les pièces, des vêtements identiques à ceux des dames de la cour. […] Pourtant, il ne faut pas croire que le costume de cour eût complètement disparu. […] Deux des vaincus, le vieux chef Froll-Gherasz et le jeune Stencko, sont même à la cour de ce roi, où se trouve aussi un traître, un parjure, Rogoviane. […] Il accepte une mission du roi, celle de pacifier l’Ukraine, et il laisse à la cour sa fille Mikla comme otage. […] Mikla reste à la cour afin d’endormir les soupçons de Ladislas.

1189. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

S’il avait été un peu plus poète et moins homme de cour et de salon, il n’aurait pas souri ni raillé, il aurait été touché. […] Je connais une femme, amie intime de M. de Maupertuis, qui me disait que le chagrin avait avancé ses jours. » Au lieu de la Cour et d’un roi « philosophe ou philosophant », ; prêt à accueillir indistinctement les écrivains les plus contraires, l’auteur du livre de Y Esprit ou l’auteur d’Èmile, combien elle aimerait mieux voir celui-ci chez le fermier proposé par Hume, dans la forêt voisine de Richemond, au bord de la Tamise, « dans un pays où la liberté de penser est autorisée et par les lois et par le génie de la nation ! 

1190. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

Théocrite n’était plus sans doute dans cet état d’innocence et de naïveté dont il nous a reproduit plus d’un tableau ; il venait à la fin d’une littérature très-cultivée ; il vivait, dit-on, à la cour des rois. […] Simétha, pour nous en tenir à elle, s’est donc rendue la nuit dans un endroit désert, aux environs de sa maison, dans quelque cour ou quelque jardin ; elle est accompagnée de sa servante Thestylis, et s’est fait apporter tout l’appareil et les ingrédients nécessaires au sacrifice ; elle commence brusquement en s’adressant à la suivante : « Où sont mes lauriers ?

1191. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

VI Nous nous rencontrions souvent à la cour : les convenances politiques ne nous permettaient pas de nous voir ailleurs ; même à la cour, et confondus par le mouvement du salon dans les mêmes groupes, nous ne pouvions pas, sans éveiller les ombrages de la diplomatie, nous adresser directement la parole.

1192. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

Le château du Cayla se composait d’une cour, autrefois pavée, et dont les eaux des écuries avaient défoncé les larges dalles. […] VII Le salon dans lequel il passait la soirée avec ses enfants, et quelquefois avec ses hôtes, ses parents, ou ceux de sa femme, et le vieux curé d’Andillac, conservait aussi quelques traces d’élégance de l’ancienne cour : une cheminée antique, une glace, une pendule, un canapé, des fauteuils et des chaises de tapisserie.

1193. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

La Cour pontificale, dans la plus vive anxiété, comptait les jours, en attendant la réponse de Paris à la demande du Saint-Père. […] « Ce discours du comte de Cobenzel fut accompagné de beaucoup d’autres paroles sortant très réellement de la bouche d’un véritable homme de cour, toutes pleines de politesse et de grâce, ce en quoi il était fort expert.

1194. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

En ce même temps, un second nid de pewee était accroché contre les solives de mon moulin, et un autre, sous un hangar dans ma cour aux bestiaux. […] Ceux de la cour se confinaient dans le verger, et ne troublaient pas davantage les autres.

1195. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Le plus mauvais temps de Gil Blas est celui qu’il passe à la cour. […] Parle-t-il, au contraire, du château de Lirias, devenu le sien, et vers lequel il s’achemine avec son fidèle Scipion, confident et témoin des dernières agitations de sa vie de cour, il ne ménage pas les descriptions.

1196. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Après la mort de Louis XIV, parlant à une cour occupée d’intrigues et de plaisirs, charmée des premières hardiesses de cette philosophie qui devait lui être si meurtrière, il crut qu’il fallait rendre le sermon agréable pour rendre la religion efficace. Dans ses duretés contre les courtisans, il laissa se glisser l’esprit de cour, et fit admirer aux grands la main habile qui leur portait des coups encore innocents.

1197. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

Voir ces jours-ci (affaire Hachette) un jugement de cour royale qui contredit et discrédite complètement un jugement de première instance. […] Aussitôt qu’elle le voyait traverser la cour, elle montait vite, vite, dans la chambre de sa gouvernante, se lavait les mains à la pâte d’amandes, et redescendait au moment où le monsieur entrait au salon.

1198. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

Dans sa jeunesse, il avait fait la cour à une jeune fille qui s’était mariée à un autre. […] La femme, sortie de la chambre, il a couru dans la cour, chercher de l’air, et mettre sur sa figure le souffle frais du vent.

1199. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Je la vois, le jour d’un grand dîner à Breuvannes, et où je venais de manger sur l’abricotier de la cour, le seul abricot mûr, et que mon père se faisait une fête d’offrir au dessert, je la vois soutenir, avec une belle impudence, que c’était elle qui l’avait mangé, et recevoir les quelques coups de cravache, que mon père lançait sur moi, ne la croyant pas, la chère femme ! […] En effet, il n’y a pas dans son œuvre la rudesse primitive de son pays, la rudesse moscovite, la rudesse cosaque, et ses compatriotes dans ses livres, m’ont l’air de Russes, peints par un Russe qui aurait passé la fin de sa vie, à la cour de Louis XIV.

1200. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Le Comte Léon Tolstoï »

Que l’on considère qu’en l’un de ces livres, vingt ans de l’histoire de l’Europe figurent, vingt années qui sont tout le sanglant accouchement du monde moderne, que pour ce temps rendu par ses événements et ses personnages marquants, l’auteur entreprend de décrire toute l’existence sociale de sa nation, des paysans au czar, des enfants aux vieilles femmes, des jeunes filles aux soldats, qu’on y trouve le bivouac, le champ de bataille, la cour, le club, la famille, la hutte, le palais, les masses, les armées, les conseils, les sommités pensantes et isolées, les mariages, les adultères, les naissances, la vie surtout, la lente évolution de tous ces corps mous de jeunesse, s’endurcissant en l’âge mur, faiblissant de décrépitude, de toutes ces âmes légères, puis sérieuses, puis ternies et vacillantes, jusqu’à ce que vienne, tôt ou à son heure, sur la terre nue ou sur la douceur d’une couche, le terme suprême, la mort, ce mystérieux moment où, en dépit de l’horreur distraite des vivants, certains êtres existants comme ceux qui les contemplent, cessent étrangement d’être, problème et spectacle sur lequel aucun romancier n’a fixé un plus ferme et pénétrant regard que le comte Tolstoï. […] Jetés dans les hasards d’une époque troublée, militaires pour la plupart, homme de cour, de loisirs et de richesse, ils sont préoccupés de cette énigme dernière ; ils cherchent tous une réponse qui comble la contradiction entre leurs désirs et leurs croyances.

1201. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Cependant, disons à son honneur que lorsque la marquise, ayant épuisé ses coquetteries à la Cour et en tous lieux, délaissée de son mari, frappée dans sa beauté, se voyant malade et dépérissante, cherchait un lieu où s’abriter, ce fut à Reims, chez MM. de Maucroix, le nôtre et son frère, qu’elle fut recueillie, qu’elle reçut les derniers soins et qu’elle mourut, aussi bien que sa mère, qui y était morte également.

1202. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Pensionné de la Cour, honoré par les académies, consulté par les ministres sur les objets d’intérêt public, il ne manquait rien à Bailly de ce qui pouvait, satisfaire l’ambition la plus légitime et la plus étendue d’un savant homme de bien, lorsque la Révolution de 89 éclata.

1203. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

La première lettre de Henri le montre très amoureux, et les ennemis qui le savent s’embusquent dans un moulin pour le prendre au passage, s’il se hasarde à courir vers la dame de ses pensées : « Ne craignez, rien, mon âme, écrit Henri ; quand cette armée, qui est à Nogaro, m’aura montré son dessein, je vous irai voir, et passerai sur les ailes d’Amour, hors de la connaissance de ces misérables terriens, après avoir pourvu, avec l’aide de Dieu, à ce que ce vieux renard n’exécute son dessein. » Terriens, pour habitants de cette vile terre ; il y a ici du langage d’amour un peu alambiqué, et qui sent sa cour de Henri III.

1204. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

Venir après deux siècles s’interposer entre une maîtresse aussi subtile et aussi coquette d’esprit, aussi versatile de cœur que la sœur des Condé et des Conti, et un amant aussi fin, aussi délié, aussi roué si l’on veut, que M. de La Rochefoucauld ; prétendre sérieusement faire entre les deux la part exacte des raisons ou des torts ; déclarer que tout le mal est uniquement d’un côté, et que de l’autre sont toutes les excuses ; poser en ces termes la question et s’imaginer de bonne foi qu’on l’a résolue, c’est montrer par cela même qu’on porte en ces matières la ferveur d’un néophyte, qu’on est un casuiste de Sorbonne ou de cour d’amour peut-être, mais un moraliste très peu.

1205. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

Mais la Cour ne lit plus les rythmes d’Ausonie… C’était certes un barbare, celui qui le premier me convia à parler comme un Grec, à parler comme un Romain… L’ambition de Santeul, il le confesse dans cette pièce de vers, ce serait d’être connu du grand mécène Colbert, de lui être présenté, et d’avoir part à ses attentions, à ses munificences.

1206. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

Que va faire le duc d’Orléans, placé ainsi entre l’insurrection de Paris, dont on le croit complice, et les périls de la Cour, où l’appellerait sa qualité de premier prince du sang ?

1207. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Lammenais » pp. 22-43

En arrivant, je vis à la porte un carrosse, et, en traversant la cour, je rencontrai l’archevêque de Paris, M. de Quélen, qui venait de visiter M. de Lamennais, et, sans doute, de lui prodiguer les égards pour le contenir.

1208. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Œuvres de M. P. Lebrun, de l’Académie française. »

Napoléon, qui connaissait ses soldats en tout genre et qui avait retenu le nom du nouveau Lebrun depuis la lecture de Schœnbrunn, disait un jour à Mme de Bressieux, dame d’honneur de Madame Mère et protectrice aimable du poète à la Cour : « Ce jeune homme a de la verve, mais on dit qu’il s’endort. » M. 

1209. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Affaires de Rome »

S’il déclare en 1829 une révolution imminente, usant de termes presque prophétiques, ce n’est pas du tout qu’il accuse la tendance jésuitique de la Cour et cette faveur impopulaire accordée au Clergé, c’est au contraire parce que le ministère Martignac est venu et que M.

1210. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

Ces plaines immenses de blés où se promène de grand matin le maître, et où l’allouette cache son nid ; ces bruyères et ces buissons où fourmille tout un petit monde ; ces jolies garennes, dont les hôtes étourdis font la cour à l’aurore dans la rosée et parfument de thym leur banquet, c’est la Beauce, la Sologne, la Champagne, la Picardie ; j’en reconnais les fermes avec leurs mares, avec les basses-cours et les colombiers ; La Fontaine avait bien observé ces pays, sinon en maître des eaux-et-forêts, du moins en poëte ; il y était né, il y avait vécu longtemps, et, même après qu’il se fut fixé dans la capitale, il retournait chaque année vers l’automne à Château-Thierry, pour y visiter son bien et le vendre en détail ; car Jean, comme on sait, mangeait le fonds avec le revenu.

1211. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Mathurin Regnier et André Chénier »

Indépendant de caractère et de parler franc, il vécut à la cour et avec les grands seigneurs, sans ramper ni flatter.

1212. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

Puis, sans se préoccuper de savoir à qui il s’adresse, il se pose en inventeur et se met à débiter avec emphase le boniment amphigourique d’une encre merveilleuse qui se décolore peu à peu et permet, au bout de huit jours, de considérer comme non avenues les promesses que l’on a solennellement signées ; il donne ensuite à sa femme une sorte de leçon allégorique, dans le genre de celle qu’Hamlet donne, devant la cour de Danemark, à la reine coupable du meurtre de son mari, et enfin, sans attendre de réponse, il salue et rentre rapidement dans sa chambre.

1213. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre II. Du goût, de l’urbanité des mœurs, et de leur influence littéraire et politique » pp. 414-442

Je parlerai dans un autre chapitre de la gaieté des comédies, de celle qui tient à la connaissance du cœur humain ; mais il me paraît vraisemblable que les Français ne seront plus cités pour cet esprit aimable, élégant et gai qui faisait le charme de la cour.

1214. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

Voyez la duchesse de Bouillon, pour qui La Fontaine fait ses Contes, protéger Pradon contre Racine, et Molière avoir pour défenseurs tous ces Turlupins de la cour, derniers adorateurs de la pointe.

1215. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre I. François Rabelais »

Marot s’en va à Ferrare, dans une cour réformée ; Marguerite se rattache à la messe latine, à la confession, à la Vierge.

1216. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

Après nous avoir très brillamment décrit une cour de ferme, M. 

1217. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

C’est le caractère que présageait à ses débuts Gustave Kahn, lorsqu’il parlait : Des mardis soirs de Mallarmé suivis avec tant de recueillement qu’on eût dit vraiment, dans le bon sens du mot, une chapelle à son quatrième de la rue de Rome… Oui, on eût cru, à certains soirs, être dans une de ces églises, au cinquième ou au fond d’une cour, où la manne d’une religion nouvelle était communiquée à des adeptes.

1218. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

Il paraît que quand il causait avec eux personnellement, et même avec des archiducs, il avait une certaine manière d’exprimer avec chaleur son opinion, et d’appuyer le pied en l’exprimant, qui ne laissait pas d’étonner ces personnages de cour : mais il n’en réussissait que mieux dans leur estime.

1219. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

Il me menait aux promenades ; il me fit voir tout ce que je voulus voir du grand monde et de la cour de Savoie ; mais tout cela avec tant de témoignages de tendresse et de bonté que je serais un ingrat si je n’en gardais éternellement la mémoire.

1220. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

Louis XVI, après avoir rendu aux grands corps judiciaires et aux compagnies souveraines leur pouvoir de résistance, s’en repentait, et laissait son ministère essayer de les briser de nouveau ; le garde des Sceaux Lamoignon imposait militairement, le 8 mai 1788, les édits qui renversaient par toute la France la vieille magistrature, restreignaient les ressorts des parlements, établissaient des circonscriptions nouvelles, multipliaient les tribunaux, et constituaient à Paris une cour plénière à laquelle tout ressortissait.

1221. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — III. (Suite et fin.) » pp. 128-145

J’ai été sensible surtout à l’impression qu’a faite sur vous ma défense en cour d’assises.

1222. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre III. Zoïle aussi éternel qu’Homère »

Quand Roy, poëte de la cour, rimait contre Voltaire : Dis-moi, stoïque téméraire, etc., la place de trésorier de la chambre des aides de Clermont et la croix de Saint-Michel ne faisaient aucun tort à son enthousiasme pour et à sa verve contre.

1223. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

Mais Grammont ne voyait que la cour ; l’univers, pour lui, finissait aux antichambres.

1224. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

En 1453, un rimeur appelé Hermann de Sachsenheim écrivit un long poème sur la montagne enchantée où règnent tous les plaisirs dans un éternel printemps, et où Vénus tient sa cour avec son époux le Tannhäuser : cela suppose que déjà la légende existait avec ses traits essentiels. […] L’Historia major de cet auteur, publiée à Londres en 1571 et réimprimée à Zurich en 1586, avait eu dès l’abord un grand succès, surtout parmi les protestants, à cause de l’esprit qui y règne, constamment hostile à la cour de Rome. […] Il est même probable que c’est la célébrité attachée à son nom qui engagea, au xiiie  siècle, un aventurier à se donner à son tour pour l’écuyer non plus de Charlemagne, mais d’Olivier, appelé Richard, et à jouer ce rôle avec succès, notamment à la cour de Frédéric II126, jusqu’à sa mort, arrivée en 1234127. […] Ainsi dans le charmant poème appelé Fablel du dieu d’amour, le rossignol convoque tous les oiseaux pour leur demander s’ils ne trouvent pas que l’empire d’Amour est en décadence ; dans Florence et Blancheflor, les oiseaux sont les barons qui forment la cour d’Amour, et un combat judiciaire entre le rossignol et le papegaut donne gain de cause à la demoiselle qui préfère comme amant le clerc au chevalier ; partout dans la poésie consacrée au « fin amour » nous retrouvons cette conception, qui reçoit son expression dernière dans le Parlement des Oiseaux de Chaucer. […] Vergette, dans la langue du xve  siècle, signifie « bague », et c’est ainsi qu’Antoine de la Sale l’emploie dans Jehan de Saintré quand il fait donner par son héros à chacune des dames de la cour « une vergette d’or toute esmaillée à fleurs de souviegne-vous de moi. » M. 

1225. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Avec quelle justesse n’a-t-il pas remarqué que, dans les dix premières années de ma vie de ministre et d’homme de cour à Weimar, je n’avais, autant dire, rien fait ; que c’est le désespoir qui m’a poussé en Italie ; que là, pris d’un nouveau désir de produire, je saisis l’histoire du Tasse pour me délivrer, en prenant comme sujet tous les souvenirs et toutes les impressions de la vie de Weimar, qui me fatiguaient encore de leur poids accablant ! […] Il n’y a pas moins d’esprit dans ce qu’il dit sur le Faust, lorsqu’il montre que le dédain sarcastique et l’ironie amère de Méphistophélès sont des parties de mon propre caractère, aussi bien que la sombre activité toujours inassouvie du héros. » Ce fut précisément dans le temps où Goethe s’occupait avec tant d’intérêt du Globe, des articles d’Ampère et de ses amis, que le jeune homme, venant de Bonn où il avait passé quelques mois à germaniser, à suivre des cours, et méditant d’aller dans le Nord et en Scandinavie, fit sa visite attendue et prévue à la cour poétique de Weimar. […] Je reviens au succès de notre jeune voyageur à la cour poétique de Weimar, succès rapide et complet, tout à fait justifié dans sa personne.

1226. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Car le haut dignitaire de l’Empire ne cessa jamais d’être poëte, et comme ce berger à la cour, que la fable a chanté, et à qui il se compare, il eut toujours sa musette cachée pour confidente. […] Du Perron, comme Fontanes, était en son temps un oracle souvent cité, un poëte rare et plus regretté que lu ; après avoir brillé par des essais trop épars, lui aussi il parut à un certain moment quitter la poésie pour les hautes dignités et la représentation officielle du goût à la cour. […] Plus loin encore que Du Perron, et à l’extrémité de notre horizon littéraire, je ne fais qu’indiquer comme analogue de Fontanes pour cette manière de rôle intermédiaire, Mellin de Saint-Gelais, élégant et sobre poète, armé de goût, qui, le dernier de l’école de Marot, sut se faire respecter de celle de Ronsard, et se maintint dans un fort grand état de considération à la cour de Henri II. […] « Il faut faire sentir à chaque ligne l’influence de la cour de Rome, des billets de confession, de la révocation de l’Édit de Nantes, du ridicule mariage de Louis XIV avec madame de Maintenon, etc.

1227. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Elle avait une cour de jeunes artistes à sa suite et les gens célèbres se rangeaient pour la saluer avec empressement. […] J’ai remarqué que toutes les célébrités de la littérature française avaient ainsi leur petite cour de séides et de Trissotins. […] Hugo a une cour de jeunes poètes qui se sont enflammés pour lui du fond de leur province et dont il se sert avec l’adresse la plus réfléchie. […] Je sortirai de chez moi à 2 heures précises ; je passerai par la Puterie, la rue de la Madeleine, la montagne de la Cour et la place Royale ; j’aurai souvent à la main un foulard chinois de soie écrue à ramages.

1228. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Presque toute l’action se déroule à la cour d’un petit prince régnant d’Allemagne, Jean-Théodore de Wœrbech-Burbach, confrère direct de Ranuce-Ernest. […] Le fanatisme de ce moine, qui dégoûta Léonard et le poussa à s’exiler à la cour de Ludovic le More, fut effroyablement oppressif et destructeur. […] Même morale dans la Cour du Lion. […] Il retrouvait partout en Europe la langue et la culture françaises, dont l’hégémonie était alors incontestée, même à la cour du roi de Prusse. […] La philosophie grecque, chassée d’Alexandrie et d’Athènes par Justinien et le christianisme et réfugiée à la cour des Chosroès, était revenue à la cour des khalifes de Bagdad : il y eut un instant d’islamisme libéral. » Mais la réaction orthodoxe qui suivit eut en Perse d’importantes conséquences.

1229. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Ils dansaient beaucoup ; comptez les ballets de la cour ! […] Orante et Climène, deux jeunes femmes, quelque peu précieuses, viennent poser à Eraste cette question de cour d’amour : « Lequel doit plaire davantage, de l’amant confiant ou de l’amant jaloux ?  […] Du moment que Jeanne ne peut être à lui, il l’aime de tout son cœur, lui fait la cour et l’épouse avec entrain, cependant que l’oncle Desrosiers se frotte les mains et rit de satisfaction entre ses favoris vénérables et corrects. […] Il parle à la pauvre femme de la cour qu’il lui a faite comme d’une erreur sans importance. « D’ailleurs vous ne m’aimiez pas, je le voyais bien. — Oui, mon ami. » Max déborde de joie : « Oui, cette enfant m’aime, est-ce singulier ? […] Ici Paul de Lavardens, poussé par sa mère, fait sa cour à Bettina, se croit agréé, et annonce son mariage à son ami Jean, en accompagnant la nouvelle (car il est gris) de propos légers et même de considérations cyniques.

1230. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

Racontant son passage à Turin et sa présentation à cette cour à l’âge de vingt-sept ans, se plaignant du peu de sociabilité des dames piémontaises, il disait : Les femmes de meilleure société que j’aie rencontrées sont encore les filles du roi.

1231. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

IV, p. 375, C’était la coutume aux fêtes de Noël que le roi fît présent aux seigneurs qui étaient à sa Cour et de sa mesnie, de certaines capes ou casaques qu’ils revêtaient sur-le-champ : ce qu’on appelait les livrées.

1232. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

Devaux, de la petite cour de Lunéville.

1233. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Le comte de Guiche, à la tête des cuirassiers et de la brigade de Pilloy et de plusieurs gens de qualité de la cour volontaires, se jeta dans le Rhin ; un escadron des ennemis, qui était posté dans le Tolhus, débusqua brusquement de son poste et se jeta de son côté d’assez bonne grâce dans le Rhin pour disputer le passage de ce fleuve au comte de Guiche, et fit sa décharge dans le milieu de l’eau, de laquelle Guitry, grand maître de ma garde-robe ; Nogent, maréchal de camp et maître de ma garde-robe ; Théobon et quelques autres officiers ou volontaires furent tués ; Revel, colonel des cuirassiers, et quelques autres blessés.

1234. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

N’ayant pas reçu de bonne heure toute l’éducation qu’il aurait fallu, s’étant refusé par vertu, par scrupule, par esprit étroit de bourgeoisie, toute celle même qui était à sa portée, l’expérience de Versailles et de la Cour, celle des femmes et des grands seigneurs, et plus tard le spectacle de l’ambition la plus gigantesque dans le sein du plus grand héros moderne, il avait pourtant des débris, des fragments de poète pathétique et terrible.

1235. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet »

Et cependant, s’il y ressongeait quelquefois, retrouva-t-il jamais, même dans les triomphes que lui ménageait l’avenir, même dans les années de son ambassade académique à Rome, même dans ses vaillantes campagnes à l’armée d’Afrique, même dans sa haute faveur à la Cour de Russie, retrouva-t-il jamais ce premier entrain, cette fraîcheur et cet enchantement des dix premières années de sa carrière, lorsqu’il semblait que l’âme de la jeune armée expirante en 1814 et 1815 eût passé en lui et sur ses toiles, lorsque tout était jeune autour de lui, que ces brillants officiers des derniers jours de notre gloire n’étaient pas encore devenus de vieux beaux ou des invalides plus ou moins illustres, lorsque l’Art lui-même s’avançait personnifié dans un jeune groupe à physionomies distinctes, mais avec tout l’incertain et l’infini des destinées : Delacroix, Delaroche, Schnetz, Léopold Robert, Sigalon, Schefler, tous figurant au Salon de 1824, et Horace Vernet comme un frère d’armes au milieu d’eux !

1236. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. (suite) »

Il avait, à côté du boudoir et du mystère, ce qu’il appelle quelque part « sa cour des miracles et ses truands. » Il nous y faut venir ; mais il est vraiment trop tard pour aujourd’hui.

1237. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Il n’est donné qu’à une Caylus, née et nourrie dans les élégances de Cour et dans la politesse de Saint-Cyr, de se jouer ensuite dans l’urbanité légère et de se permettre les grâces négligées.

1238. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

André Pezzani, avocat à la Cour impériale de Lyon (un vol. in-8°, Didier, quai des Augustins, 35).

1239. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Mme de Flahaut, qui était jeune quand le siècle mourut, en garda cette même portion d’héritage, tout en la modifiant avec goût et en l’accommodant à la nouvelle cour où elle dut vivre.

1240. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

» Rentrée en France à l’époque du Consulat, et apportant pour soin principal et aliment de tendresse ses deux filles, seuls enfants qu’elle ait jamais eus, elle vécut isolée sous l’Empire, sans jamais paraître à cette cour, le plus souvent retirée à un château en Touraine27, toute à l’éducation de ses filles, à la bienfaisance pour ce qui l’entourait, et à la vie de ménage.

1241. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre I. La tragédie de Jodelle à Corneille »

L’Antigone d’Alamanni fut jouée devant la cour de François Ier.

1242. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Dans Esope à la Cour ; dans le Glorieux, et dans les Fils ingrats.

1243. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. L’Histoire »

Outre les vastes recueils de Mémoires sur l’Histoire de France, qui furent une mine de romans et de drames, il faut signaler tout particulièrement la publication des Mémoires de Saint-Simon, qui renouvelèrent dans les esprits l’image du siècle de Louis XIV et de la cour de Versailles.

1244. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

Nous avons envie de leur adresser, avec colère, l’adorable, le délicieux discours d’Octave à Marianne : … Combien de temps pensez-vous qu’il faille faire la cour à la bouteille que vous voyez, pour obtenir d’elle un accueil favorable ?

1245. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre X. Les sociales »

Mais le geste était supérieur à Zola, dépassait Zola, comme ce mot qu’il dit inattentif à la cour d’assises : « Je ne connais pas la loi. » Le prétendu révolutionnaire ferma les yeux, terrifié par la belle lumière antisociale que la Parole venait de faire en lui et autour de lui ; il s’excusa, tremblant comme un enfant dont la main a tourné, machinale, un bouton quelconque et qui voit les ténèbres soudain s’éclairer.

1246. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

Elle avait quarante ans sonnés, et, stoïcienne, géomètre comme elle l’était, elle pouvait se croire au port, lorsqu’étant allée passer avec Voltaire une partie des années 1747 et 1748 à Commercy et à Lunéville, à la petite cour de Lorraine, voici en deux mots ce qui arriva.

1247. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Balzac. » pp. 443-463

Dans ce xviiie  siècle qui avait eu le temps de tout raffiner, il se donna à la Cour, au mardi gras de 1763, un bal qu’on appela le Bal des mères ; la jeunesse, à proprement parler, fut spectatrice, et il n’y eut que les femmes de trente ans qui dansèrent.

1248. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand. (Berlin, 1846-1850.) » pp. 144-164

Le plus grave reproche qu’il fasse de tout temps à la cour d’Autriche, c’est « de suivre les impressions brutes de la nature : enflée dans la bonne fortune et rampante dans l’adversité, elle n’a jamais pu parvenir à cette sage modération qui rend les hommes impassibles aux biens et aux maux que le hasard dispense ».

1249. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

On disait tout haut de lui à la Cour : « M. le procureur général est un séditieux. » Mandé un jour à Marly avec les autres membres du parquet, il crut que l’orage allait enfin éclater sur sa tête, et qu’il pourrait bien aller coucher le soir à la Bastille.

1250. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

Énonçant les motifs, réels ou non, qu’il avait eus pour entrer dans la discussion, il alla droit, avant tout, à l’adversaire, et le frappant de l’épée au visage, selon le conseil de César, il le raillait sur cette prétention au patriotisme, au désintéressement et au bien public, de laquelle Beaumarchais aimait (et assez sincèrement, je le crois) à recouvrir ses propres affaires et ses spéculations d’intérêt : Tels furent mes motifs, s’écriait-il déjà en orateur, en maître puissant dans la réplique et dans l’invective ; et peut-être ne sont-ils pas dignes du siècle où tout se fait pour l’honneur, pour la gloire, et rien pour l’argent ; où les chevaliers d’industrie, les charlatans, les baladins, les proxénètes n’eurent jamais d’autre ambition que la gloire sans la moindre considération de profit ; où le trafic à la ville, l’agiotage à la Cour, l’intrigue qui vit d’exactions et de prodigalités, n’ont d’autre but que l’honneur sans aucune vue d’intérêt ; où l’on arme pour l’Amérique trente vaisseaux chargés de fournitures avariées, de munitions éventées, de vieux fusils que l’on revend pour neufs, le tout pour la gloire de contribuer à rendre libre un des mondes, et nullement pour les retours de cette expédition désintéressée… ; où l’on profane les chefs-d’œuvre d’un grand homme (allusion à l’édition de Voltaire par Beaumarchais), en leur associant tous les juvenilia, tous les senilia, toutes les rêveries qui, dans sa longue carrière, lui sont échappées ; le tout pour la gloire et nullement pour le profit d’être l’éditeur de cette collection monstrueuse ; où pour faire un peu de bruit, et, par conséquent, par amour de la gloire et haine du profit, on change le Théâtre-Français en tréteaux, et la scène comique en école de mauvaises mœurs ; on déchire, on insulte, on outrage tous les ordres de l’État, toutes les classes de citoyens, toutes les lois, toutes les règles, toutes les bienséances… Voilà donc Mirabeau devenu le vengeur des bienséances et des bonnes mœurs contre Beaumarchais, et Figaro passant mal son temps entre les mains du puissant athlète, qui le retourne et l’enlève de terre au premier choc.

1251. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

Mme de Coislin, une des femmes les plus considérables et les plus consommées de l’ancienne Cour, invitait l’auteur à la venir voir.

1252. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

Walpole renouvelle à tout propos ces portraits de la jolie duchesse, et, puisque j’en suis à ces échantillons divers de son pinceau, j’ajouterai celui-ci encore, comme le plus complet et le plus ravissant de tous : La duchesse de Choiseul n’est pas fort jolie, mais elle a de beaux yeux, et c’est un petit modèle en cire qui, pendant quelque temps, n’ayant pas eu la permission de parler, comme en étant incapable, a contracté une modestie dont elle ne s’est point guérie à la Cour, et une hésitation qui est compensée par le plus séduisant son de voix, et que fait oublier le tour d’expression le plus élégant et le plus propre.

1253. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

Si ce que dit l’avocat est la vérité, et ce dont je doute, c’est assez tragiquement funambulesque cette conception d’un prétendant, d’arriver au trône par une présidence de Cour d’assises.

1254. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

Or, franchement, il faut bien en convenir, cet homme à la bile incendiée, cet ambitieux et ce glorieux Saint-Simon, qui ne fut rien quand il aspirait à être tout, et qui se retirait de la cour et de l’indifférence de Louis XIV dans la solitude de ses Mémoires, son refuge et sa consolation : —  Consolationem afflictorum et refugium peccatorum , — ne se surveille pas infiniment et ne se préoccupe pas beaucoup de la grande question d’être juste.

1255. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

C’est comme Alceste est de la cour de Louis XIV, dont il gourmande si vertement les mœurs.

1256. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

car Victor Hugo nous a donné une cour des Miracles, dans sa Notre-Dame de Paris, de manière à prouver qu’il pourrait peindre, s’il voulait, ressemblant et puissant tout à la fois.

1257. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

Vainement, poëte de théâtre et de cour, Voltaire prétendait-il à la palme de l’opéra.

1258. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Et ils n’allaient pas sans doute renoncer à l’étalage d’une érudition dont ils se faisaient gloire, mais enfin, ils allaient s’efforcer de donner à cette érudition même quelque chose de l’air de la cour ou du monde. […] Ce docteur en langue vulgaire avait accoutumé de dire que depuis tant d’années qu’il travaillait à dégasconner la cour, il n’en pouvait venir à bout, La mort l’attrapa sur l’arrondissement d’une période ; et l’an climatérique l’avait surpris délibérant si erreur et doute étaient masculins ou féminins. […] La cour a produit de certains docteurs qui ont trouvé le moyen d’accommoder le vice et la vertu, et de joindre ensemble des extrémités si éloignées. […] Elle l’est, par l’habituelle affectation de gentilhommerie dont les écrivains se croient tenus ; elle l’est, par la qualité du public auquel ils s’adressent, que ce soit le public restreint des gens de cour ou le public à peine un peu plus étendu des ruelles où l’on singe la divine Arthénice ; elle l’est enfin, et vous venez de le voir, par la nature même de ses défauts. […] De même que Henri III et sa cour a précédé de six mois Hernani sur la scène du Théâtre-Français, de même l’Allemagne a précédé la Préface de Cromwell ; mais, elle l’a précédée de seize ou dix-sept ans, et c’est sans doute pour cela qu’on l’oublie.

1259. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Cité comme témoin devant la Cour de Rouen, Alexandre Dumas père répondit au président qui, selon l’usage, lui demandait quelle était sa profession : « Je dirais auteur dramatique si je n’étais dans la patrie de Corneille. » Ce magistrat lettré s’écria : « Dites toujours, monsieur ! […] Turelure, sain et sauf, triomphe et va faire sa cour au roi, qui s’installe tranquillement dans son royaume transformé, d’où les vieilles familles et les traditions séculaires ont presque complètement disparu. […] Charles d’Este est un autocrate égoïste, brutal et vaniteux, qui à la veille de la déclaration de guerre s’entête à donner un gala de cour, et c’est dans la salle de son théâtre, pendant l’audition de la Walkyrie, qu’il apprend l’invasion de son territoire par l’armée prussienne. […] Elle s’amuse même énormément et sans arrière-pensée à la cour de l’envahisseur. […] « Je suis sûre, dit-elle, que la cour de Rome n’est pas comparable à la cour de France. » Elle ajoute que cette dernière cour est « très remarquable par la liberté et l’absence d’étiquette.

1260. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Quelque temps après cette liaison qui avait commencé au chevet d’une « douce morte », malgré les rendez-vous presque quotidiens où elle s’oubliait parfois, ne se rappelant plus que son mari dînait exactement à sept heures, quelques moments après avoir « frémi de volupté sur le cœur de son amant », encore frémissante des « étreintes sans paroles », des « baisers violents », de la « palpitation éperdue », elle avait l’imprudence de se laisser faire la cour par les amis intimes de M.  […] Une fois installés à demeure dans le palais de Cléopâtre, dans la cour crénelée de Trank Spiro, père de Hassan le Janissaire ; dans l’hôtel de Colin Étienne, bourgeois d’Épinal ; dans le cabinet de travail du colonel baron Auvray, et dans le salon de la Savelli, MM.  […] Le duc siégea en cérémonie, entouré de ses gardes, accompagné de toute sa cour, ayant à ses côtés l’évêque de Genève, l’évêque de Saint-Paul, le prévôt François de Sales et un capucin très remuant, le père Chérubin. […] Mais on ne fait qu’un tour de cour ; les sections pivotent… Et nous rompons les rangs pour reprendre la vie de prose, panser les chevaux, battre les habits, balayer la cour. » Et pourtant, même dans la prose des menues obligations quotidiennes, les gens de cœur et d’esprit, comme Art Roë, savent trouver, à force de noblesse délicate et inventive, ce sens de la vie qui relève à nos yeux les occupations les plus humbles et nous empêche de renoncer à la joie. […] Lemaistre de Sacy, dans la cour de Port-Royal, raccommode de vieux souliers, ou que Siméon le Stylite passe sa vie sur une colonne, ou que le bienheureux Labre refuse de se laver les mains ?

1261. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Sa maison sur la Cuisance avait une cour où sept fosses étaient alignées pour la préparation des peaux. […] Il était président à la cour des aides de Clermont, c’est-à-dire membre d’un tribunal dont relevaient tous les procès, tant criminels que civils, en matière d’impôts. […] Son père, Étienne, « d’abord conseiller élu du Roy en l’élection du Bas-Auvergne », avait acheté la charge de second président à la Cour des aides de Montferrand, transférée à Clermont en 1630. […] « Ils ont donné des bâtonniers au barreau de Chambéry, des juges, des présidents à l’ancien Sénat provincial, et à la nouvelle cour d’appel un conseiller qui, pour mourir chez lui, refusa tout avancement. » Regardez-le maintenant face à face avec une atroce épreuve : son fils accusé d’un vol et vraisemblablement. […] Il est, avec Gabriel Vicaire, le seul de nos poètes, je crois bien, qui ait rivalisé de grâce et de force, de fantaisie et de naturel, de mouvement et d’harmonie avec les chansons populaires, dont il me vantait le charme, lors de nos lointaines rencontres dans la cour de l’École normale.

1262. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

Mais n’oubliez pas, pour vous la figurer aussi jolie qu’elle l’est, une certaine transparence dans le teint ; je ne sais quoi de satiné, de brillant, que lui donne souvent une légère transpiration ; c’est le contraire du mat, du terne ; c’est le satiné de la fleur rouge des pois odoriférants. » On commence de tous côtés à faire la cour à Cécile ; elle n’a qu’à choisir entre les amants : un cousin ministre, un Bernois de mérite… ; mais, décidément, le préféré de la jeune fille est un petit milord en passage, qui lui fait la cour assez tendrement, mais ne se déclare pas.

1263. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Ampère, a touché, comme il sait faire, le ton juste de ce même paysage et de la teinte morale qu’on se plaît à y répandre, dans un chapitre de son Voyage dantesque : « “Tout est virgilien à Mantoue, dit-il ; on y trouve la topographie virgilienne et la place virgilienne ; aimable lieu qui fut dédié au poète de la cour d’Auguste par un décret de Napoléon. […] Chez les modernes, il eût passé pour un homme bon, sensible, mais voluptueux et adonné à des goûts dépravés : à la cour d’Auguste, c’était un sage assez réglé dans sa conduite, car il n’était ni prodigue ni dissipateur, et il ne cherchait à séduire ni les vierges libres ni les femmes mariées.”

1264. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

Ce médecin était si honoré que le roi de Macédoine, Philippe, père du grand Alexandre, l’appela à sa cour et lui confia sa santé. […] Philippe, dont le fils Alexandre touchait à l’âge des études sérieuses, rappela Aristote à sa cour pour lui confier la dernière éducation de son fils.

1265. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

Mais il ne sait pas d’avance comment on tient une cour de justice, quels sont les usages dans les parlements, ou au couronnement d’un empereur, et pour ne pas, en pareils sujets, blesser la vérité, il faut que le poète étudie ou voie par lui-même. […] Après un long voyage, je venais de rentrer à Weimar, mais j’étais toujours retenu à la cour jusqu’à une heure avancée de la nuit, et je n’avais pu encore aller voir ma bien-aimée ; notre liaison ayant déjà attiré l’attention, j’évitais d’aller chez elle de jour, pour ne pas faire parler davantage.

1266. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

Il y trônait sur son quadrige de grandes vagues équestres, au milieu d’une cour de Satyres et de Ménades aquatiques dont les bondissements exprimaient la fureur ou la joie des flots. […] Tu vois où conduit une langue effrénée. » Le bonhomme de dieu seul bien au fond qu’il rabâche un peu, et il l’avoue avec une naïveté débonnaire : — « Peut-être te semblé-je dire des vieilleries », —  λέγειν τάδε άρχαια. — Serviable d’ailleurs, dévoué à sa manière, il se croit bien en cour, et offre à Prométhée d’arranger l’affaire avec Zeus, s’il consent à reconnaître le droit du plus fort.

1267. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

Puis récapitulant tous les pouvoirs affaiblis qui se flattaient alors de gouverner, et la Cour qui espérait toujours regagner par ruse et par achat des consciences ce qu’elle avait perdu, et les orateurs de l’Assemblée qui se croyaient forts de ce qu’ils avaient conquis en applaudissements, et la municipalité de Paris, le maire en tête, qui se croyait maître de la Commune, et les chefs même les plus populaires, Pétion, Marat, dont les noms retentissaient dans toutes les bouches : Pétion, Marat même, concluait-il, étaient gouvernés par la multitude.

1268. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Balzac usa quelquefois de la faveur de Voiture en Cour, et le mit en mouvement pour faire arriver de ses œuvres sous les yeux du cardinal de Richelieu ou du cardinal Mazarin : Voiture, qui savait les difficultés et avait du tact, se prêtait à ces démarches autant qu’il fallait, et rien de plus.

1269. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

Je pars demain pour aller faire ma cour à ma charmante maîtresse, la Silésie.

1270. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin (suite et fin.) »

Pendant ce temps, dans la cour de la ferme, des servantes passaient, une chandelle à la main, allant et venant de la cuisine au réfectoire, et quand l’instrument s’arrêtait pour reprendre haleine, on distinguait les craquements du treuil où les hommes de corvée pressaient la vendange.

1271. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

La Cour est en désordre, et le peuple en alarmes… » Corneille a dû faire ici à son auteur des changements du tout au tout, qui ne choquaient nullement un public ignorant de l’histoire d’Espagne, mais qui nous montrent bien les contraintes étranges auxquelles il était assujetti et sa gêne rigoureuse, en même temps que ses prodigieuses et ingénieuses ressources de talent.

1272. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

La vérité des relations et des intrigues de cour et de société sous l’Empire, sous la Restauration, sous Louis-Philippe, on la raconte, on en cause avec quelques-uns des demeurants et des bien informés, on ne l’a pas encore écrite ou du moins mise au jour.

1273. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Il fut traduit pour ce fait en police correctionnelle, et la cour royale confirma le 15 juin les jugements précédemment rendus.

1274. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre II. De l’expression »

Ses personnages ne vivaient pas à la cour, mais aux champs et dans les étables, et on lui pardonnait de se faire fermier, et de savoir le nom rustique des bêtes, de dire la bique, le loquet, de peindre bravement la cuisine, « le tripotage des mères et des nourrissons », et plus intrépidement encore les habits de ses personnages, « le jupon crasseux et détestable d’une misérable vieille. » Il fait entendre les « pétarades » du cheval.

1275. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

Ne peut-on la considérer comme une cour d’appel, comme un tribunal suprême qui siège toujours, revise tous les procès, n’admet point la prescription, casse les réputations usurpées, réhabilite les méconnus, remet chacun à son rang véritable ?

1276. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

« On lui donne la gloire, dit le Mercure (mars 1730), d’avoir introduit la déclamation simple, noble et naturelle, et d’en avoir banni le chant. » Elle rechercha plus d’exactitude et de vérité dans les costumes ; elle fut la première, par exemple, à mettre en usage les robes de cour dans les rôles de reine et de princesse.

1277. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

Le marquis de Mora était le gendre du comte d’Aranda, ce ministre célèbre qui avait chassé les Jésuites d’Espagne ; il était fils du comte de Fuentes, ambassadeur d’Espagne à la Cour de France.

1278. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

C’est cette première et naïve déposition de Jeanne dès le premier jour de son arrivée à la Cour, qui serait d’un inestimable prix ; car, bien qu’elle ait eu à répondre plus tard sur les mêmes questions devant les juges qui la condamnèrent, elle n’y répondit plus avec la même naïveté ni avec la même effusion qu’elle dut mettre dans cette déposition première.

1279. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire des travaux et des idées de Buffon, par M. Flourens. (Hachette. — 1850.) » pp. 347-368

Mais, indépendamment du plaisir qu’il prenait en effet à la peindre avec la grandeur qu’il y voyait, ne sent-on pas que Buffon, par un tel morceau, visait à enlever tous les suffrages à la Cour ?

1280. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

La Législation primitive qui paraissait tout à côté du Génie du christianisme, et dans le même sens réparateur, était d’un genre bien différent : La vérité dans les ouvrages de raisonnement, disait M. de Bonald, est un roi à la tête de son armée au jour du combat : dans l’ouvrage de M. de Chateaubriand, elle est comme une reine au jour de son couronnement, au milieu de la pompe des fêtes, de l’éclat de sa cour, des acclamations des peuples, des décorations et des parfums.

1281. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Les grâces, triomphant sur le trône des lys, Ont ramené les arts à la Cour de Louis.

1282. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « M. Fiévée. Correspondance et relations avec Bonaparte. (3 vol. in-8º. — 1837.) » pp. 217-237

Une femme, la veille d’être présentée à la Cour, n’était pas plus occupée de sa toilette que moi de la mienne.

1283. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

[NdA] Un jour, dans la jeunesse de Louis XIV, la Cour étant à Lyon, Brienne lisait à la reine mère dans sa chambre, à sa toilette, un projet de lettres patentes pour la translation des reliques de sainte Madeleine.

1284. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

Quelques jours après, « je m’en retournai à la Cour, dit-il, et rendis compte à M. le cardinal de tout ce que j’avais fait pour tâcher de me faire prendre, mais que j’avais joué de malheur.

1285. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

Franklin y retourne et, tout en restant ouvrier imprimeur, il continue de se former à l’étude, à la composition littéraire ; il se lie avec les jeunes gens de la ville qui aiment comme lui la lecture ; il fait un peu la cour à miss Read ; puis, tenté de nouveau par les promesses du gouverneur, qui lui parle sans cesse d’un établissement, il se décide à faire le voyage d’Angleterre pour y acheter le matériel d’une petite imprimerie.

1286. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre quatrième. L’expression de la vie individuelle et sociale dans l’art. »

Voici un cheval dans une écurie, aussitôt une étude de Géricault se dessine dans notre cervelle ; et le tonnelier de la cour voisine nous fait revoir un lavis à l’encre de Chine de Boilvin. » Le grand art est celui qui traite la nature et la vie non en illusions, mais en réalités, et qui sent en elles le plus profondément non pas ce que l’art humain peut le mieux rendre, mais ce qu’il peut au contraire le plus difficilement traduire, ce qui est le moins transposable en son domaine.

1287. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

Wilhelm Von Kaulbach (1804-1874), peintre officiel de la cour de Louis Ier de Bavière, s’est rendu célèbre pour ses tableaux d’histoire monumentaux et allégoriques.

1288. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Ivan Tourguénef »

La fabrique faisait moins de bruit qu’à l’habitude ; une odeur de charbon de terre, de goudron et de suif venait de la cour.

1289. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

Coupeau, gouailleur, bon enfant les yeux gais et le nez camus, un peu niais en plusieurs occasions, se trouve montré tel dans sa cour auprès de Gervaise, et résumé de même par ces mots : « avec sa face de chien joyeux » ; aux premiers chapitres du Ventre de Paris est décrite la beauté calme de Lisa, puis des actes, de raisonnable placidité, double trait que condense encore cette apposition répétée « avec sa face tranquille de vache sacrée » : Saccard, brûlé de toutes les lièvres et de toutes les cupidités, est sans cesse suivi des adjectifs « grêle, rusé, noirâtre », comme Renée, possède cette « beauté turbulente » qui concentre la physionomie ardemment avide de joie, et les passions à subites sautes, de celle dont les faits d’égarement tiennent tout le volume.

1290. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre I. »

Ainsi la cour des bourbas diolofs avait son toubé ou vice-roi, ses diarafs (ou ?

1291. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

À la veille de la Révolution qui s’annonçait, il compta parmi les écrivains qui mirent leurs plumes, dévouées comme des épées, au service de la monarchie et d’une Cour qui ne savait plus se défendre.

1292. (1868) Curiosités esthétiques « VI. De l’essence du rire » pp. 359-387

Dans le conte intitulé : Daucus Carota, le Roi des Carottes, et par quelques traducteurs la Fiancée du roi, quand la grande troupe des Carottes arrive dans la cour de la ferme où demeure la fiancée, rien n’est plus beau à voir.

1293. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XX. Le Dante, poëte lyrique. »

Un seigneur guerrier, Guillaume, comte de Poitiers, commençait dans sa cour féodale ces chansons d’amour qu’un autre châtelain, plus belliqueux encore, Bertrand de Born, devait renouveler avec tant d’éclat et assortir aux tons variés d’une lyre pins savante.

1294. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

parce qu’il vous a plu de me faire la cour, parce que j’ai été assez confiante pour croire en vous, parce que je vous ai jugé un galant homme, parce que je vous ai aimé, peut-être, vous deviendrez un obstacle au bonheur de toute ma vie ? […] Fiammette a un mari, Giorgio d’Ast, un aventurier qu’elle a rencontré un jour, qu’elle a épousé, le trouvant de son goût, et qui continue à vivre à sa cour, mais qu’elle a un peu oublié. […] Sa petite royauté de Décaméron gêne le Pape, et c’est pourquoi le cardinal-neveu, César Sforza, conspire avec quelques seigneurs de la cour de Bologne la mort de la reine Fiammette. […] Ils ne lui font point la cour, mais ils sont contents d’être auprès d’elle. […] Les gentilshommes qui forment la petite cour du duc d’Enghien entrent à leur tour.

1295. (1894) Critique de combat

Comment admettre, par exemple, que madame de Trémeur, sans nécessité, sans utilité, raconte par lettre à une amie qu’elle sait écervelée des affaires qui pourraient les conduire toutes deux en cour d’assises ? […] Thiébault apprit l’insurrection de Paris, soulevé contre la cour et la Bastille, pendant une partie de campagne : on dansait sur le gazon. […] Sévère pour la cour, il n’est pas tendre pour les Jacobins. […] Ô beauté des mœurs de cour ! […] On m’assure toutefois qu’à Paris et ailleurs il y a plus d’une cour de lycée où les enfants, entre quatre grands murs, sont par trop à l’abri des coups de soleil et des courants d’air.

1296. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

III Sans doute c’est par une porte bâtarde que la réforme entre en Angleterre ; mais il suffit qu’une porte s’ouvre, telle quelle ; car ce ne sont pas les manéges de cour et les habiletés officielles qui amènent les révolutions profondes ; ce sont les situations sociales et les instincts populaires. […] La cour a sa religion comme la campagne, religion sincère et qui gagne ; parmi les poésies païennes qui jusqu’à la Révolution occupent toujours la scène du monde, insensiblement on voit percer et monter le grave et grand sentiment qui a plongé ses racines jusqu’au fond de l’esprit public. […] Au milieu d’eux s’élève un écrivain de génie, poëte en prose, doué d’imagination comme Spenser et comme Shakspeare, Jeremy Taylor, qui, par la pente de son esprit comme par les événements de sa vie, était destiné à présenter aux yeux l’alliance de la Renaissance et de la Réforme, et à transporter dans la chaire le style orné de la cour. […] Le puritain condamne le théâtre, les assemblées et les pompes du monde, la galanterie et l’élégance de la cour, les fêtes poétiques et symboliques des campagnes, les mai, les joyeuses bombances, les sonneries de cloches, toutes les issues par lesquelles la nature sensuelle ou instinctive avait cherché à s’échapper.

1297. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

La scène est une cour de prison. […] Ichmé est assise, avec son enfant, dans la cour de la prison, qu’une haute tour domine. […] Et alors des bourreaux entrent dans la cour, et, l’un après l’autre, « souillent Ichmé de baisers odieux ». […] Or, tandis qu’elle agonise, des torches illuminent la cour, et les bourreaux rapportent à Ichmé son enfant vivant :     « C’était un jeu, vois-tu, jeune fille insensée !

1298. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Elle était entourée de sa cour ordinaire deux ou trois Italiens qui la trouvent fort belle et le lui disent en riant… un compositeur de ballets spirituel et rouge, enfin un baryton ridicule, qui, ne pouvant plus jouer de rôles au théâtre où l’on ne se hâte pas de l’engager, joue auprès de la chanteuse en question celui de Patito, de Cavalier servente, de souffre-douleur, le rôle le plus sot, le plus grotesque et le plus pitoyable. […] À l’Europe artiste L’Europe artiste, dont je suis l’obligé pour toutes les choses agréables que son rédacteur en chef ne cesse de dire et de penser de moi, relève, avec une courtoisie parfaite, une inexactitude d’appréciation qui se serait glissée, à mon insu suivant elle, dans le compte rendu de la Cour de Célimène. […] » Il est certain que si, dans la Cour de Célimène, M.  […] J’ai dit qu’il y avait des détails et pas d’idées, des astragales et pas une ligne accentuée, des variations et pas de thème, dans la musique de la Cour de Célimène : mon avis est malheureusement partagé par des hommes qui savent les choses dont ils parlent.

1299. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

» Et que dites vous de ce compliment d’un bel esprit de cour à Vasantasena : « La courtisane ressemble à la fleur du chemin : la cueille qui passe. […] Traversez la cour et sortez par l’autre porte qui donne sur la rue des Dames. […] Quatre seigneurs lui font la cour. […] Il vient demander à Alice, à qui il fait depuis quelque temps une cour grondeuse, si elle voudrait être sa femme. […] Moi, citoyen français, me voilà prince-époux dans une cour germanique.

1300. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Amand Gautier est l’auteur d’un ouvrage qui avait déjà, il y a quelques années, frappé les yeux de la critique, ouvrage remarquable à bien des égards, refusé, je crois, par le jury, mais qu’on put étudier aux vitres d’un des principaux marchands du boulevard : je veux parler d’une cour d’un Hôpital de folles ; sujet qu’il avait traité, non pas selon la méthode philosophique et germanique, celle de Kaulbach, par exemple, qui fait penser aux catégories d’Aristote, mais avec le sentiment dramatique français, uni à une observation fidèle et intelligente. […] J’ai vu une petite Annonciation, de Delacroix, où l’ange visitant Marie n’était pas seul, mais conduit en cérémonie par deux autres anges, et l’effet de cette cour céleste était puissant et charmant. […] Tout le monde a remarqué récemment dans la cour du Louvre une charmante figure de M. 

1301. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Mais, en faisant une exception pour elle, il pensait aux femmes de Paris quand il écrivait cette pensée qu’on vient de lire ; il avait en vue celles dont il a dit encore : J’ai comparé quelquefois les dames tenant cercle et recevant les flagorneries des hommes à un Grand Turc, et ces hommes frivoles et oisifs aux sultanes de son sérail lui faisant la cour et encensant tous ses caprices… ; tant le pouvoir rongeur de la société a changé les rapports et la nature des choses !

1302. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

La retraite allait commencer ; le 18 octobre (1812), à Moscou, dans la cour du Kremlin, l’empereur passant une revue du 3e corps, Ney lui propose Pelleport pour le grade de général de brigade ; l’empereur répondit : « Après la campagne ; j’ai besoin de mes bons colonels pour me sortir d’ici. » À tous les pas de cette retraite terrible, Pelleport fit office du plus brave et du plus humain des colonels.

1303. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Tout bien considéré, et jusque dans cette petite Cour de Brunswick, où il servit en qualité de gentilhomme attaché à monseigneur le duc régnant, il était pour la Révolution française : « Le genre humain, écrivait-il en 1790, est né sot et mené par des fripons, c’est la règle ; mais, entre fripons et fripons, je donne ma voix aux Mirabeau et aux Barnave plutôt qu’aux Sartine et aux Breteuil… » Voilà le point de départ du futur tribun, ne l’oublions jamais.

1304. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

Supposez que, du premier ou du second étage, vous regardiez dans la cour deux personnes qui causent : vous voyez leurs gestes, leur jeu de physionomie, et vous n’entendez qu’imparfaitement leurs paroles ; elles ne vous arrivent qu’en bruit confus.

1305. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

La conclusion de l’acte et la décision du roi, c’est que l’affaire mérite d’être plus amplement délibérée : en attendant, don Sanche (singulièrement choisi pour un tel office) reconduira Chimène en son logis ; don Diègue reste à la Cour prisonnier sur parole, et l’on fait chercher Rodrigue.

1306. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

M. de Canouville, un homme de la société, que les gens de mon âge ont connu, et qui avait été attaché à la cour du premier Empire, racontait l’anecdote suivante.

1307. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Helbig nous rendait un autre poète flamand qui avait figuré à la cour des Valois sous le nom travesti de Sylvain (1861).

1308. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

Les souvenirs de ce temps ne lui retracent qu’une chèvre et un puits surmonté d’un saule dans la cour de la maison ; il jouait là autour avec son jeune camarade Delon, depuis frappé d’une condamnation capitale dans l’affaire de Saumur, et mort en Grèce commandant de l’artillerie de lord Byron.

1309. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

Hamilton, tout Irlandais qu’il était, avait du moins passé sa jeunesse à la cour de France, ou, ce qui revient presque au même, à celle de Charles II.

1310. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

Dans ses courses, dès 1826, à travers l’Allemagne, dans ses stations près de Goëthe à Weimar, en cette petite cour illustre toute remplie alors des rayons de l’astre couchant, et qui en conserve aujourd’hui un culte si sacré ; dans ses pointes aventureuses en Scandinavie dont il ouvrait si bien l’investigation reprise et poussée par d’autres ; dans ses fuites et refaites, auparavant et depuis, à des rivages plus doux et aux traces du chantre de Béatrice ; dans cette longue parenthèse enfin de Drontheim à Agrigente, n’allait-il que pour amasser des idées précises, des matériaux de première main à une histoire littéraire comparée ?

1311. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

Cette quantité de détails sur le clergé, les couvents, les parlements, les charges de cour, qui formaient la trame sociale, et qui étaient un reste de la vie du moyen âge, on ne les connaît plus.

1312. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Il fut vite agréé de la ville et de la cour ; le cardinal le remarqua et se l’attacha comme un des cinq auteurs ; ses camarades le chérissaient et l’exaltaient à l’envi.

1313. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

« Une cour, un petit jardin dont la porte ouvre sur la campagne ; des voisins qu’on ne voit jamais, toute une ville à l’autre bord, des bateaux entre les deux rives, et un isolement commode ; tout cela est d’assez grand prix, mais aussi vous le payeriez : le site vaut mieux que le lieu. » Lorsque, revenu de sa proscription de Fructidor, Fontanes fut réinstallé en France, nous retrouvons M. 

1314. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

Biographie : Jean, sire de Joinville, né en 1224 au château de Joinville (Haute-Marne), orphelin de bonne heure, fut élevé dans la cour du comte de Champagne, Thibault IV, son suzerain et son tuteur selon la coutume féodale.

1315. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Cécile s’aperçoit bientôt que son mari ne l’aime pas et, dans une heure de folie, se livre au premier fat qui lui fait la cour.

1316. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Il avait loué, pour y installer son outillage, une mansarde au fond d’une cour de la rue Lamartine, mais la presse faisait du bruit.

1317. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

La cour de Rome intervient pour empêcher la vente de la Henriade coupable de flétrir la Saint-Barthélemy et de célébrer Coligny, un huguenot.

1318. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Que de fois, assis dans la cour du château, sous les tilleuls fleurissants qui ombragent l’image de la mère de Dieu, j’ai rêvé de cette légende !

1319. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

De même, Hiéron était un tyran cruel et rapace, mais aussi un protecteur magnifique des muses, tenant cour ouverte aux poètes qu’il appelait de tous les points de l’Hellade.

1320. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

Sur quoi, Cantagnac, passant à sa chronique inédite, nous apprend qu’elle s’est fait enlever, dans sa dernière fugue, par un faux comte de Moncabré, lequel n’était autre qu’un de ses agents ; que les deux cent mille francs qu’elle rapporte au logis sont le prix de cette équipée, et qu’étant devenue grosse, elle est allée se faire avorter dans une maison borgne dont il lui dit le nom et l’adresse ; cas passible de la cour d’assises.

1321. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Il vivait depuis de longues années à Weimar, à la petite cour de Charles-Auguste, dans la faveur, ou, pour mieux dire, dans l’amitié et l’intimité du prince, dans une étude calme, variée, universelle, dans une fécondité de production incessante et facile, en tout au comble de la félicité, du génie et de la gloire.

1322. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Il paraît même que ce fut à quelque plaisanterie qu’il se permit à ce sujet et qui atteignait M. de Choiseul, pour les concessions que ce ministre faisait aux idées nouvelles, qu’il dut son rappel de France, sollicité près de sa cour par M. de Choiseul même.

1323. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

Son mérite et ses qualités estimables lui concilièrent jusqu’à la fin une petite cour et des amis, qui ne parlaient d’elle que comme de la première fille du monde et de la merveille du siècle de Louis-le-Grand .

1324. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Suard lui fait sa cour, etc., etc. » C’était cette foule de beaux esprits plus ou moins galants et mécréants ; c’était l’abbé Arnaud, l’abbé Raynal, c’était l’abbé Morellet à qui elle s’adressait, l’un des premiers, pour fonder son salon : La conversation y était bonne, nous dit Morellet, quoiqu’un peu contrainte par la sévérité de Mme Necker, auprès de laquelle beaucoup de sujets ne pouvaient être touchés, et qui souffrait surtout de la liberté des opinions religieuses.

1325. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

La cour de Rome, en particulier, voyait en ce défenseur de l’autel et du trône un héros et presque un saint échappé au martyre, et, à sa sortie de France en 1792, l’abbé Maury fut comblé par le pape Pie VI de tous les honneurs et de toutes les dignités auxquelles un homme d’Église pouvait prétendre : nonce, archevêque et bientôt cardinal (1794)34.

1326. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Jeune, nous le voyons tel qu’il se peint lui-même, très répandu, très peu stoïque, actif à réussir, à se pousser dans le monde, à se procurer honnêtement des appuis : s’il a un pied chez Mme de Pompadour, il n’est pas mal avec la petite cour du Dauphin.

1327. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

Il se rendit à Lyon, en novembre 1754, pour y conférer avec son ami le maréchal de Richelieu ; le froid accueil qu’il y reçut de l’archevêque, le cardinal de Tencin, oncle pourtant de son ami d’Argentai, lui fit sentir à quel point il était compromis en cour de France, C’est alors qu’il prit le parti de se rendre incontinent en Suisse avec sa nièce.

1328. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

Elle n’ajoutera rien au courage de l’homme qui aime sa patrie et qui veut la servir ; mais elle fera rougir le perfide ou le lâche que le séjour de la Cour ou la pusillanimité auraient déjà pu corrompre.

1329. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre I. Après la mort — Shakespeare — L’Angleterre »

Cette chambre avait deux lits et pour fenêtre une lucarne ouvrant sur la grande cour de l’École.

1330. (1694) Des ouvrages de l’esprit

Un bel ouvrage tombe entre leurs mains, c’est un premier ouvrage, l’auteur ne s’est pas encore fait un grand nom, il n’a rien qui prévienne en sa faveur, il ne s’agit point de faire sa cour ou de flatter les grands en applaudissant à ses écrits ; on ne vous demande pas, Zélotes , de vous récrier, C’est un chef-d’œuvre de l’esprit ; l’humanité ne va pas plus loin : c’est jusqu’où la parole humaine peut s’élever : on ne jugera à l’avenir du goût de quelqu’un qu’à proportion qu’il en aura pour cette pièce ; phrases outrées, dégoûtantes, qui sentent la pension ou l’abbaye, nuisibles à cela même qui est louable et qu’on veut louer : que ne disiez-vous seulement, Voilà un bon livre ; vous le dites, il est vrai, avec toute la France, avec les étrangers comme avec vos compatriotes, quand il est imprimé par toute l’Europe et qu’il est traduit en plusieurs langues ; il n’est plus temps.

1331. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

L’action se déroule peu de temps avant l’éclatement de la guerre dans une Cour d’Europe centrale où le Français Vignerte tombe amoureux de la mystérieuse grande-duchesse Aurore dont il découvrira que la mari a été assassiné.

1332. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

La cour de Rome s’est expliquée à cet égard en dernier lieu.

1333. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

La joie physique et mutuelle étant le cœur même de l’existence, celui qui n’en poursuit pas, invinciblement et pleinement à travers le monde, la possession, ne connaîtra jamais le sens de la vie, ni ce qu’un être peut contenir en lui ; sa croissance ne sera jamais plus que la maigre efflorescence de la tige que compriment les pavés d’une cour et qu’enténèbre la barrière de froides murailles.

1334. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

Né d’un vaillant général de l’Empire et d’une mère vendéenne, élevé dès l’enfance au bruit du canon et des bulletins, dans les places d’armes de l’ennemi vaincu, souvent au soleil d’Espagne, dans l’école militaire de sa jeune noblesse ou parmi les pages de sa cour exotique, Victor Hugo reçut l’éducation la mieux faite pour lui, libre, fière, éclatante.

1335. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

Beauzée Articles de l’Encyclopédie Compilation établie à partir de l’édition numérisée de l’ARTFL Beauzée, articles de l’Encyclopédie FORMATION Formation (Grammaire) FORMATION, s.f. terme de Grammaire, c’est la maniere de faire prendre à un mot toutes les formes dont il est susceptible, pour lui faire exprimer toutes les idées accessoires que l’on peut joindre à l’idée fondamentale qu’il renferme dans sa signification.

1336. (1883) Le roman naturaliste

Traduit en cour d’assises, acquitté, il part avec son fils, au sortir de l’audience, pour ne plus revenir. « Vers dix heures, Pommeau fut obligé d’entrer dans le cabinet de madame Daliphare, il en ressortit aussitôt la figure bouleversée. […] Et on eût trouvé premièrement inutiles, et secondement du plus mauvais goût, ces descriptions aujourd’hui si fréquentes d’assommoirs, de bouges et autres mauvais lieux, mais on ne s’étonnait pas outre mesure que Victor Hugo, dramatisant le Paris du moyen âge, y décrivît plus que copieusement la population de la cour des Miracles. […] A la ville, avec le bruit, le bourdonnement des théâtres et les clartés du bal, elles avaient des existences où le cœur se dilate, où les sens s’épanouissent… Elle se rappelait les jours de distributions de prix, où elle montait sur l’estrade pour aller chercher ses petites couronnes ; avec ses cheveux en tresse, sa robe blanche et ses souliers de prunelle découverts, elle avait une façon gentille, et les messieurs, quand elle regagnait sa place, se penchaient pour lui faire des compliments ; la cour était pleine de calèches, on lui disait adieu par les portières, le maître de musique passait en saluant, avec sa boîte à violon. […] Ce serait l’occasion d’insister, et de montrer maintenant ce que nous pourrions appeler la valeur poétique aussi de ce temps, — qui n’est plus le présent et qui n’est pas encore le passé. « Elle avait une façon gentille… les messieurs se penchaient… la cour était pleine de calèches… on lui disait adieu par les portières… le maître de musique passait… » Et elle a raison de dire : « Comme c’était loin, tout cela !  […] Nous ne noterons plus qu’un dernier procédé : « Une fois, par un temps de dégel, l’écorce des arbres suintait dans la cour, la neige sur les couvertures des bâtiments se fondait.

1337. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Au siècle de Louis XIV, l’attraction monarchique est trop puissante pour laisser subsister d’autres centres que Versailles et Paris, la cour et la ville. […] Qu’il fasse sa cour aux dames, comme autrefois ; aux puissances et aux hommes en place, comme de tout temps ; mais surtout à Sa Majesté la presse, reine des reines, impératrice du monde ! […] Bourdaloue était bien en cour. […] Aussi ceux qui croient prouver le néant de la renommée, en disant que ceux qui y parviennent après leur mort n’en savent rien, peuvent être rapprochés de celui qui fait l’entendu et, pour détourner un homme de jeter des regards d’envie sur un amas d’écailles d’huîtres placées dans la cour du voisin, cherche à lui en démontrer gravement l’entière inutilité71. […] Si l’on classait les orateurs sacrés du siècle de Louis XIV d’après le nombre de stations que ce prince leur fit prêcher à la cour, et qui devait vraisemblablement correspondre à l’estime que l’opinion publique faisait d’eux, voici, selon M. 

1338. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Quand des crises l’engourdissaient, il pouvait à peine marcher, il demeurait dans la cour, étendu au soleil, guettant le monde sortir, de ses yeux mélancoliques. […] — Dès le point du jour, j’entendais sa canne taper dans les corridors… je la voyais partir avec sa cour, c’est-à-dire avec quatre ou cinq gaillards dans votre genre, — et avec son mari par-dessus le marché… — Je la voyais donc partir, la jupe retroussée, pour la plage, pour la pêche à marée basse, pour le bain. […] Max O’Rell nous promène partout : dans les rues, en chemin de fer, en omnibus, dans les familles, chez les esthètes, dans les villas, dans les boutiques, les hôpitaux, à la cour, partout enfin où il y a quelque chose à glaner, à observer. […] La fenêtre de cette chambre s’ouvrait sur une cour plantée de quelques arbres. […] Quand la pauvre idiote sentit sa lourde chevelure tomber le long de son corps comme un manteau qui glisse et vous abandonne, lorsqu’elle se vit exposée toute nue sous la vive lumière du jour, l’instinct de la femme se réveilla ; elle bondit, se réfugia à l’un des angles de la cour en jetant un cri de bête fauve.

1339. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Avec des livres, il y a toujours de la ressource, et j’en connais qui parlent d’histoires à côté desquelles les récits de la cour d’assises paraissent fades. […] Quoique restée son amie, elle ne sait faire valoir pour l’excuser que sa facilité à se laisser mener par son entourage, son amour du plaisir et sa rancune contre la cour. […] Regardez-le, il rêve…, il rêve qu’il est dans la cour et qu’on lui a chipé…, non, c’est pis que cela…, il rêve qu’il est en classe, et, par une habitude criminelle, il parle, le malheureux ! […] Il ne sera peut-être pas sans intérêt de le rechercher aujourd’hui que les vacances des tribunaux ont créé une trêve dans ces émotions de cour d’assises et de police correctionnelle. […] saluez la cour et surtout n’y revenez pas ; car, suprême et dernière injustice !

1340. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Le 15 juillet 1870, le jeune lieutenant de Mun, dans la petite cour du quai d’Orsay, attendait la décision parlementaire. […] Et puis, « c’est d’après Brantôme qu’on a parlé du friand espagnol et Antonio Perez n’a fait tout son tapage qu’en venant à la Cour de notre Henri IV ». […] Dans la cour, La fenêtre laissait ouïr la voix connue De la fille du paysan qui ramenait La vache dont l’entrave de bois lourd traînait. […] Dans la cour, pendant les récréations, il n’accomplit pas des exploits de force ou d’agilité. […] Benedetti insista encore : on accusait, en France, le gouvernement de se laisser berner ; le silence auquel s’obstinait la cour de Berlin, comme aussi le pouvoir madrilène, l’opinion publique, en France, y voyait la preuve « d’une entente concertée contre nos intérêts ».

1341. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Elles ne sont plus élues dans les clubs quand on nomme les belles dont on boit la santé ; elles sont obligées par leurs principes de se coller une mouche sur le côté du front où cela va le plus mal ; elles se condamnent à perdre les toilettes du jour de naissance ; il ne leur sert de rien qu’il y ait une armée et tant de jeunes gens porteurs de chapeaux à plumes ; elles sont forcées de vivre à la campagne et de nourrir leurs poulets, juste dans le temps où elles auraient pu se montrer à la cour et étaler une robe de brocart, si elles voulaient se bien conduire… Un homme est choqué de voir un beau sein soulevé par une rage politique qui est déplaisante même dans un sexe plus rude et plus âpre… Et cependant nous avons souvent le chagrin de voir un corset près d’être rompu par l’effort d’une colère séditieuse, et d’entendre les passions les plus viriles exprimées par les plus douces voix… » Mais, heureusement, ce chagrin est rare ; « là où croissent un grand nombre de fleurs, la terre de loin en semble couverte ; on est obligé d’avancer et d’entrer, avant de distinguer le petit nombre de mauvaises herbes qui ont poussé dans ce bel assemblage de couleurs. » Cette galanterie est trop posée ; on est un peu choqué de voir une femme touchée de si près par des mains si réfléchies. […] Il institue une cour pour juger les crinolines, et condamne les jupons avec des formules de procédure.

1342. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

Dans leurs jeux, ces enfants, quoiqu’ils ne le crussent que le fils du pâtre, l’avaient choisi pour roi ; et lui, usant de ses droits, donnait aux uns la charge de bâtir un palais, faisait les autres ses gardes du corps, nommait celui-ci œil du roi, chargeait celui-là de la fonction de recevoir les messages, distribuant ainsi les emplois de sa cour à chacun. […] Lorsqu’ils furent en sa présence, Astyage, regardant Cyrus, lui dit : « C’est donc toi, toi, fils de cet homme, qui as osé traiter avec tant d’indignité le fils d’un des premiers de ma cour ?

1343. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

si bien qu’un jour il a été tout près de la tuer, et si près qu’au moment où il marchait sur elle, il a eu comme une hallucination de sa poursuite : « Oui, oui, j’ai entendu craquer sous moi les bancs de la cour d’assises !  […] Trois intérieurs, à trois crans de l’échelle, m’ont frappé… Au fond d’une cour, rue Jacob, on monte cinq étages, on suit un corridor où donnent des portes de chambres de domestiques, une sorte de labyrinthe dans des communs.

1344. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

de Shakespeare ne vint qu’après un essai d’opéra au théâtre de la cour. […] comme cette vie allemande, bourgeoise et aulique d’une petite cour d’Allemagne, rien de plus bête que les événements de la vie de Gœthe depuis Strasbourg jusqu’à Weimar.

1345. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Les marionnettes qu’elle désire sympathiques lui ressemblent : un poète, voulu intelligent et séduisant, pousse dans un fiacre une jeune femme très bien douée, elle aussi, et, pour faire sa cour, récite : 1º un sonnet de Baudelaire ; 2º vingt-sept lignes de Schopenhauer. […] Certains vers de Sully-Prudhomme sont jolis et émouvants comme des enfants tristes exilés dans une cour de collège grossièrement tapageuse ; tels vers de Jean Aicard sont alertes comme des petits qui s’amusent. […] « Son époux, Mme Marie, — tel jadis votre fils aimé, — sans rémission est condamné. » *** Mme Carette née Bouvet, — car, malgré ses deux noms campagnards, Mme Carette tient beaucoup à être née, — a écrit sur la cour des Tuileries d’insignifiants papotages. […] C’est écrit comme les Souvenirs de la Cour des Tuileries : mêmes images banales réunies dans les mêmes incohérences inconscientes, mêmes incorrections, mêmes pléonasmes inaperçus de qui les commet, même causerie aimable et bébête. […] *** Exilée dans sa jeunesse, plus tard femme d’un ministre italien qui fut un homme d’état remarquable, adulée des uns, calomniée par d’autres, parfois persécutée, toujours reine d’une petite cour dont la composition variable fut souvent peu flatteuse, Mme de Rute a pu beaucoup voir et beaucoup observer.

1346. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Cet élément matériel sur lequel appuyer la vie spirituelle, c’était pour la tragédie racinienne cette forme de la société humaine qui s’appelle la vie de cour, cette concentration des valeurs, de la beauté, de l’être d’un pays en un petit espace, autour d’un roi, tout ce qui arrive à sa perfection dans les vingt premières années du règne personnel de Louis XIV. Or Paris, comme capitale, tient au dix-neuvième siècle en Europe et dans le monde la même place que la cour de Louis XIV au dix-septième siècle. […] De même que la vie de cour a produit au dix-septième siècle une poésie psychologique, de même il était naturel que la vie d’une capitale produisit au dix-neuvième siècle une poésie qui épousât les mêmes fibres, qui se construisît contre des ancêtres et des ennemis analogues, qui rencontrât des résistances de même ordre. […] Brunetière (ne touchant ici qu’une partie de la vérité, mais la touchant bien) a montré fortement, le premier je crois, une des raisons pour lesquelles Racine eut tant d’ennemis parmi les gens de cour, révolta beaucoup de bons esprits par l’âpreté réaliste avec laquelle il exposa la passion féminine toute nue, fut épuisé de dégoûts jusqu’à Phèdre qui l’acheva, — et je crois bien que si Brunetière a couvert les Fleurs du Mal de plus d’injures que les fameux sonnets n’en versèrent sur Phèdre et sur Racine, c’est un peu pour des raisons analogues. […] « Quelquefois un épervier apparaît dans le carré de ciel bleu compris entre les murs gris de la cour.

1347. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Feuillet sont, pour les salons contemporains, ce que les pièces de Racine étaient pour la cour de Louis XIV, ce que les Liaisons dangereuses furent pour les boudoirs de l’autre siècle. […] Au fond d’un berceau brisé, la perruque du grand-oncle s’effiloquait Une épée de cour était appendue au mur. […] Fils d’un pair de France de la Restauration et destiné lui-même à prendre place sur un des fauteuils de la Chambre haute, petit-fils d’un grand dignitaire de la cour du roi Louis XIV, il se trouvait être l’héritier direct d’une famille très ancienne et encore très influente. […] Je fais vivre en bonne amitié dans ma cour, autour de moi, les anciens émigrés, les membres du comité de Salut public, et des régicides. […] La maison de la rue Oudinot, où Coppée habitait déjà en 1872, quand je l’ai connu, ne verra plus passer sur le pavé de sa cour, où avait reposé le cercueil de leur mère, ni la vieille fille au sourire demeuré si naïf, ni le célèbre écrivain.

1348. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

Boissonade cultiver si gentiment la grammaire et conter fleurette à cette servante, il semblait qu’il n’eût tenu qu’à lui de s’adresser plus haut et de faire la cour avec succès à la dame elle-même.

1349. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

Zangiacomi, de la Cour de cassation, dit en entrant au nouveau traducteur : « Sur quinze que nous sommes dans notre Chambre, ce matin nous nous sommes trouvés onze qui avions acheté votre Horace pour le relire. » Cela vient originairement de Boileau, qui a remis en vogue les Satires et Épîtres.

1350. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville (suite et fin.) »

Un tel contre-temps funèbre, survenant en pleines obsèques, scandalisa et déconcerta nombre de hauts personnages officiels présents : on crut devoir télégraphier à Fontainebleau pour savoir si les voitures de la Cour devaient continuer de suivre.

1351. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Laffitte, un fauteuil à l’Académie, une invitation à ce qu’on appelle encore aujourd’hui la Cour, dont il s’excuse, le même sentiment de convenance et de dignité l’inspire.

1352. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Ballanche a remarqué qu’elle donne la clef de celle de Fénelon, et qu’elle explique, qu’elle justifie par un développement logique évident cet ultramontanisme vaguement défini, à la fois si libéral à la Cour de France et si difficilement agréé à celle de Rome.

1353. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

. — Au xvie  siècle sans doute, et même auparavant, il y avait une langue de cour et du centre, qui se piquait d’être la bonne.

1354. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

si Perse avait vécu, s’il avait songé à critiquer les auteurs plutôt qu’à être stoïcien, comme il aurait noté, dans sa vengeance, d’un vers un peu obscur mais pressant, le critique de sa connaissance, Papirius Enisus, qui, après avoir quelque temps écouté, chez Labéon ou autre, les lectures de vers d’après Accius et Pacuvius, et s’être efforcé tant bien que mal de les célébrer, s’aperçoit un matin que toutes les places sont prises, qu’il n’aura jamais de ce côté celle qui lui est due, que cette Rome turbulente et volage veut tout à l’heure autre chose, que surtout les rhéteurs de cour, les arbitres du goût officiel, ne favorisent pas ce genre-là, et qui… ?

1355. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Ce volume appartient à la bibliothèque d’un conseiller à la cour de Riom qui autorisa M.

1356. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

Un président de cour d’assises faisant asseoir un avocat stagiaire qui s’émanciperait n’aurait point parlé autrement.

1357. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Discours préliminaire » pp. 25-70

On a dit en politique qu’un roi ne pouvait pas subsister sans noblesse ou sans pairie ; à la cour de l’opinion, il faut aussi que des gradations de rangs garantissent la suprématie.

1358. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Quand Alexandre avait pris le titre de doge et affecté le despotisme, Lorenzino était venu à sa cour et avait conquis, par mille flatteries et par de honteux services, la confiance d’Alexandre.

1359. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Par exemple, dans la vie réelle, la cour que fait un homme à une femme se compose d’une foule de petites démarches et de menus propos ; tout cela devra être résumé dans une « déclaration » : voyez celle de Tartufe. « C’est l’habileté de l’auteur dramatique de ramasser dans une seule circonstance frappante tous les détails similaires qu’il néglige ou, pour mieux dire, qu’il supprime absolument. » De même, l’auteur dramatique ne saurait peindre ses personnages que par quelques traits choisis et caractéristiques.

1360. (1894) Propos de littérature « Chapitre V » pp. 111-140

Le vrai Thibaut, en son adolescence, rencontra à la cour de Lorraine la damoiselle Gertrude de Moha, sa cousine, et pour cette orpheline il composa des vers.

1361. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

La sérénité le prouve avec laquelle ce brave Amadis Jamyn et l’excellent abbé Desportes, lui-même, reprennent pour complaire à sa Majesté très-chrétienne, Henri de France et de Pologne, troisième du nom, les couplets antiques de l’Amour alterné et « pétrarquisent » indifféremment en l’honneur des belles dames et des mignons de la Cour.

1362. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIV, l’Orestie. — Agamemnon. »

. — Il y a dix ans, au jour du départ de l’armée marchant contre Troie, un aigle blanc et un aigle noir s’abattirent sur une hase pleine, dans la cour du palais d’Argos, et ils mangèrent avec elle la portée que couvaient ses flancs.

1363. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

» Mais voici que le timbre de la cour sonne le tocsin, des pas retentissent dans l’antichambre, une voix officielle somme d’ouvrir, au nom de la loi.

1364. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

Jourdain pense s’égaler aux gens de cour en adoptant leur costume, leurs manières et leur langage, en prenant des leçons de danse et de maintien, Homais se persuade qu’il participe à la dignité du savoir humain eu imitant le langage des hommes de science, en reproduisant d’une façon grossière leurs attitudes, en feignant leurs soucis.

1365. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1861 » pp. 361-395

Jeudi, janvier Nous sommes quinze cents dans la cour de l’hospice Dubois, respirant un brouillard glacé, et piétinant dans la boue.

1366. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

Personne n’ignore les étonnans succès qu’il a eus à la Cour de Vienne.

1367. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Examinons l’homme de lettres en face de ce nouveau pouvoir ; suivons-le à la cour de ce souverain multiple, et constatons les avantages et les dangers qui naissent pour lui de cette position.

1368. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre II. Le fond et la forme dans la littérature indigène. »

Tel autre, au contraire, à qui le succès de son compagnon a fait espérer même réussite, échoue dans une entreprise de même nature parce que ces qualités de cour lui font défaut.

1369. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IX. Eugénie de Guérin »

Illustrations religieuses et chevaleresques qui n’épuisèrent point, par l’action, la poésie naturelle à ces Guarini ; car, sous Louis le Jeune, florissait à la cour d’Adélaïde de Toulouse, un troubadour de ce nom, seigneur d’Apchier.

1370. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

La Cour de Cassation reconnaît à toute société autorisée, sinon la capacité de recevoir des libéralités, du moins la capacité d’ester en justice, — d’où suit la capacité de contracter.

1371. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

On conçoit que la pompe lyrique et musicale, que la mise en scène, ne fussent pas les mêmes pour l’annonce d’une victoire lointaine, apportée d’Olympie au roi de Syracuse, dans le luxe de sa cour, ou pour le jeune athlète qu’au sortir de la lice une fête civique accueillait à la voix du poëte.

1372. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XI. »

Artémis, la plus belle des vierges qui dans le vaste Olympe habitent la cour paternelle, le palais d’or du roi des dieux.

1373. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Valérius Flaccus dédaignait de grossir la cour criminelle des tyrans de Rome, qu’il peignait en traits de sang dans son Argonautique, tandis que Stace et Claudien briguaient leurs faveurs et leurs chaînes : Dante, plus fidèle aux intérêts de sa ville qu’aux engagements des factions, quitta le parti Guelfe qui lui ravit ses biens, qui le décréta de mort pour prix de son courage, et n’embrassa le parti Gibelin qu’au moment où le pape vendait l’Italie au frère de Philippe le Belh. […] Milton, détrompé sur leur apparence républicaine, n’ambitionna les faveurs ni du peuple, ni de la cour ; il préféra dignement la retraite, et l’oubli : il subit sans se plaindre la pauvreté et les chagrins d’une cécité cruelle ; mais il sut réparer l’emportement de son fanatisme politique, en composant une forte et grande image des révolutions infernales suscitées par le démon de l’orgueil contre les hiérarchies célestes. […] Transformé en monarque, il est entouré d’une cour de Nymphes, et ces êtres fictifs lui adressent la parole. […] Pélias, roi soupçonneux, et jaloux, comme le sont tous les tyrans, de la réputation d’un prince de sa cour, n’osant, par une crainte naturelle encore à la tyrannie, attaquer ouvertement Jason qu’il déteste, couvre le dessein de le perdre d’une apparente confiance en son courage, et le charge de la périlleuse expédition d’enlever la toison d’or au roi de la Colchide. […] Parmi ces froides allégories que le poète ne signale presque jamais que par leur appellation et par des pensées, tandis qu’il aurait dû les peindre, la Discorde, mobile continuel de son action, va trouver la Politique à la cour du Vatican, où l’hypocrite Sixte-Quint, au nom du Dieu dont il est le vicaire, bénit les régicides pour s’allier la rébellion des peuples, et bénit les inquisiteurs pour en faire les espions des états.

1374. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

. — En haut, d’abord, c’est la pompe de la cour, les vigoureux soldats, « ces trognes armées », rangés autour du roi, de ce condamné à mort comme les autres, mais couronné, et dont la puissance repose sur un nuage, l’opinion du peuple. […] Il n’a même pas été reçu à la cour, et il s’en console en parlant, avec sa verve accoutumée, dans un cercle de femmes qui se disputent ses regards. […] Seulement Byron retranchait ses dégoûts derrière sa pairie et ses quatre mille livres de revenu, et M. d’Aurevilly, ce Saint-Simon qui n’a pas connu la cour, disait Paul Arène, a dû conquérir son indépendance avec sa plume et son encrier. […] Sans la faveur du roi et les applaudissements de la cour, Racine et Boileau eussent-ils triomphé du même absolu triomphe ? […] Par les fenêtres entr’ouvertes et qui donnent sur une cour, on aperçoit un intérieur de couturière.

1375. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Le meilleur de Mirabeau est dans d’autres écrits : moins son Histoire secrète de la cour de Berlin, résultat hâtif et mal venu de sa mission diplomatique en Prusse que ses Lettres d’amour volcaniques à Sophie de Monnier, et moins ses lettres d’amour que ses lettres politiques, soit les notes secrètes écrites (pour de l’argent) à Louis XVI. […] Les États généraux de 1614 ont laissé en se retirant, sur le rivage de la cour, l’évêque de Luçon, le futur Richelieu. […] — Ensuite le Courier de la Restauration, le propriétaire jaloux de son droit, en embuscade contre le noble et le curé, le maître des redoutables brûlots, que la cour d’assises n’éteignait pas, au contraire. […] La cour, les salons, les journaux, témoignent également de cette attention donnée aux lettres.

1376. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

De temps en temps, un campo qui conseille le suicide, une petite place aux petits pavés pointus, entre lesquels pousse l’herbe d’une cour de séminaire, et où les chiens bâillent en passant. […] Penguilly racontait encore que la fameuse maréchale Lefèvre, cette haute gueule de la première cour impériale, apporta, un beau matin, le bâton du maréchal au Musée d’artillerie, et comme le conservateur, tout en la remerciant, s’étonnait que la famille ne conservât pas une telle relique. « Ah !

1377. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

., — et cela, dit-il, non par avarice, mais par absence de goût de dépense, et il affirme qu’il est besoin d’une cour, dans un pays, pour être le stimulant des grandes dépenses et des folies de luxe. […] Puis elle me décrivait sa maison, au bas de la côte de Grasse, choisie par le général, autrefois ambassadeur à Constantinople, dans un endroit qui lui rappelait la Corne d’Or, une maison à la chambre du général, tendue avec de la toile, et ressemblant à une tente, et à l’écurie renfermant deux carrosses d’apparat, dont la propriétaire avait été obligée de vendre les chevaux, quand elle avait été réduite à vivre de sa pension de veuve : carrosses, que les bonnes sortaient et promenaient, une heure, tous les samedis, sur les pavés de la cour.

1378. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

Je ne haranguais pas : ce n’est pas ma manière ; chacun me prenant à part dans une embrasure de croisée ou dans une cour pour me demander : Que faut-il faire ? […]   L’an d’après, moi, pauvre femme,   À Paris étant un jour,   Je le vis avec sa cour : Il se rendait à Notre-Dame.

1379. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Quel profond intérêt s’en exhale au contraire, et comme ces êtres-là sont aussi vivants et colorés que les gens du moyen âge et de la cour de Louis XV, et vous voulez que là où un homme seul est très beau, quatre ou cinq réunis ne soient pas très beaux aussi. […] Oui, si tous les journaux étaient en vers, si les lois, si les livres, si les sermons, les affiches, les enseignes étaient en vers ; si au Corps législatif, au Sénat, à la Cour, on parlait en vers ; si l’économie politique, la comptabilité, l’administration se faisaient en vers, si tout le monde était obligé de se dire bonjour en vers, si les maris trompés étaient contraints de faire à leurs femmes des scènes en vers ; s’il n’y avait enfin pas un trait de la plume ou un mouvement de la langue qui ne dût amener un vers, peut-être serions-nous enfin disposés à nous guérir du mal de la versification et une sage horreur nous préserverait-elle à jamais de cette passion. […] L’homme vivant à vos côtés, qui vous marche sur le pied et pour le compte duquel vous pouvez être appelé demain, comme témoin, en Cour d’Assises, est donc le seul pour lequel vous avez une préoccupation de tous les instants, et ceux qui vous disent le contraire et tâchent de vous intéresser avec des histoires de revenants, sont des gens qui ont la plaisanterie facile. […] C’est comme si Socrate passait en cour d’assises.

1380. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

À supposer que Louis XIV eût ordonné d’étouffer l’affaire concernant Racine, par égard pour un poète qui fréquentait à sa cour et honorait son règne, on n’imagine pas du moins qu’il lui eût conservé sa faveur s’il l’avait cru coupable. […] D’abord on exagérait beaucoup, comme pour le fameux discours de réception, après lequel une dame me disait, dans la cour de l’Institut : « Comment allez-vous faire, vous qui les aimez tant tous les deux ?  […] Sincère admirateur de la Révolution, il se demande s’il n’aimerait pourtant pas mieux les distractions d’une cour corrompue que l’ennui d’une démocratie vertueuse et puritaine. […] Les splendeurs de Versailles et l’esprit de Paris, les raffinements de cour et de salon, l’art exquis de la conversation, dans cette société la plus délicatement civilisée, il les décrit avec une abondance, un luxe de détails, une puissance de vie, dignes de Voltaire qui a résumé tout cela en une phrase comme enivrée, (et naturellement citée par Taine) de la Princesse de Babylone. […] Les émeutes de Paris ne furent pas non plus des éruptions spontanées de classicisme ou de jean-jacquisme, mais des répliques aux manœuvres de la Cour.

1381. (1923) Au service de la déesse

Et il plaisante, lorsqu’il se déclare athée du dieu Homère et prétend ne se rendre, pour cela, « suspect d’être mal affectionné à la couronne, ni de mal penser de la religion », refuse la sévérité des lois et les anathèmes de l’Église, annonce qu’il n’aura point à se défendre contre « les orages de la Cour et les foudres du Vatican ». […] Lefranc le dit une fois, — et un pseudonyme auquel personne, à la cour et dans le public, ne se trompait. […] Lefranc veut qu’il ait séjourné à la cour de Navarre ; et M. Lefranc l’affirme et ne le prouve pas : mais il faut avoir séjourné à la cour de Navarre, en sa jeunesse, pour écrire Peines d’amour perdues. […] Il est malaisé que je n’aye dit devant vous ce que j’ai dit en toutes les bonnes compagnies de la cour, que je ne trouvais que deux belles choses au monde, les femmes et les roses, et deux bons morceaux, les femmes et les melons.

1382. (1932) Le clavecin de Diderot

Tarabiscotage, vernis martin écaillé, musique aux bougies, clairs de lune aristocratiques, Trianon et ses trois marches de marbre rose, fichus et bergerie Marie-Antoinette, et ron et ron petit patapon et s’ils n’ont pas de pain qu’ils mangent de la brioche plaisir de vivre et bagatelles, de Louis XV cette pourriture satinée, au comte d’Artois ce dadais, de la Pompadour pédante, phtisique et corsetée à la du Barry née Bécu, du moindre nobliau cul-terreux au prince de Ligne, ce premier des grands Européens, les êtres, les choses qui ont prêté à tant d’évocations abominablement exquises, marquises, abbés de cour, soubrettes, chevaliers, Camargos et tutti quanti, ces bibeloteries, fadaises, fêtes galantes ou non, toute cette pacotille, tous ces accessoires de cotillon, pas un pouce de la belle surface lisse du clavecin de Diderot ne s’en est trouvé sali. […] En effet, une nation dont la morale n’a cessé d’obéir au grand principe : un sou est un sou, comment n’aimerait-elle point à se rappeler qu’en un temps reconnu pour celui où s’exprima le mieux son génie, le peintre officiel des passions, admis à la cour du Grand Roi, dans la théorie des princesses, les unes, larmoyantes, les autres vindicatives, mais toutes uniformément chargées de falbalas, jamais ne reconnut par la bouche de leurs majestueux amants, que des objets de désir. […] Elle eût pu servir de confidente à Thérèse Humbertas et à Catherine de Médicis, leur donner des idées pour rien, pour le plaisir, par haine des pataudes et peureuses honnêtetés, que ses attaches ridiculement délicates, aussi bien à la cour des Valois que sous le septennat de Loubet, lui eussent certes, valu le droit de mépriser.

1383. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

Lire Homère, s’asseoir sous les tilleuls d’une cour d’auberge rurale, y dessiner le pêle-mêle d’un devant de grange et l’enfant de quatre ans qui, pendant que la mère est absente, tient entre ses jambes son petit frère âgé de six mois, qu’il appuie doucement contre sa poitrine, — voilà une journée délicieuse : « Et au bout d’une heure je me trouvai avoir fait un dessin bien composé, vraiment intéressant, sans y avoir rien mis du mien.

1384. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

Il était cependant resté l’ami intime et familier de son ancien camarade, M. d’Esparbès de Lussan, mort récemment conseiller à la Cour de cassation, et il n’était pas moins intimement lié avec Adolphe Nourrit, l’artiste au cœur sympathique et chaud, un autre enfant de Sainte-Barbe.

1385. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

La Fare regrettait la Cour de la première Madame et soutenait que, depuis cette mort, en fait de politesse, tout allait de mal en pis.

1386. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

Vous, public, vous croyez peut-être sur la foi des journaux que tels et tels académiciens sont en guerre, à couteaux tirés, et vous êtes tout étonné, si vous passez par hasard dans la cour de l’Institut, un jeudi à quatre heures et demie, de voir ces mêmes hommes sortir ensemble, presque bras dessus dessous, et causer familièrement, amicalement.

1387. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

Cour de Ferrare, jardins des Médicis, forêt de pins de Ravenne où fut Byron, tous lieux où se sont groupés des génies, des affections et des gloires, tous Édens mortels que la jeune postérité exagère toujours un peu et qu’elle adore, faut-il tant vous envier ?

1388. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

Il a fait plus que de montrer au doigt le courtisan, qui autrefois portait ses cheveux, en perruque désormais, l’habit serré et le bas uni, parce qu’il est dévot ; il a fait plus que de dénoncer à l’avance les représailles impies de la Régence, par le trait ineffaçable : Un dévot est celui qui sous un roi athée serait athée ; il a adressé à Louis XIV même ce conseil direct, à peine voilé en éloge : « C’est une chose délicate à un prince religieux de réformer la cour et de la rendre pieuse ; instruit jusques où le courtisan veut lui plaire et aux dépens de quoi il feroit sa fortune, il le ménage avec prudence ; il tolère, il dissimule, de peur de le jeter dans l’hypocrisie ou le sacrilége ; il attend plus de Dieu et du temps que de son zèle et de son industrie. » Malgré ses dialogues sur le quiétisme, malgré quelques mots qu’on regrette de lire sur la révocation de l’édit de Nantes, et quelque endroit favorable à la magie, je serais tenté plutôt de soupçonner La Bruyère de liberté d’esprit que du contraire.

1389. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Ce n’est pas la cour, c’est la nature qui fait les poëtes, ces hommes de grand air !

1390. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Et voici le chevalier menant la vie de garnison, tâtant de Paris, présenté à la cour, suivant, effaré, la chasse du roi, versifiant dans Almanach des Muses.

1391. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Il avait vécu à la cour du duc d’Orléans Gaston, il en avait noté les façons de dire.

1392. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

Rien de grand comme cette cour plénière tenue en rase campagne, sur le bord du fleuve, par Henri l’Oiseleur, roi de Germanie et suzerain de Brabant.

1393. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Croire que l’homme qui, dès 1772, réformait solitairement la société et préparait en silence ce qu’il appelait ses « délinéaments » politiques, aurait subitement changé de vue et de marche à l’aurore de 1789, et se serait retourné de fond en comble au gré de la Cour, c’est une méprise qui tient à l’ignorance complète du fond.

1394. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1870 » pp. 321-367

Je revoyais l’ancienne salle de spectacle, le petit bois plein de terreur, où étaient enterrés le père et la mère de ma tante, l’espèce de temple grec où les femmes attendaient le retour de leurs maris, de la Cour des comptes et du ministère des affaires étrangères ; enfin je me rappelais Germain, ce vieux brutal de jardinier, qui vous jetait son râteau dans les reins, quand il vous surprenait à voler du raisin.

1395. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre III. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire sacrée & ecclésiastique. » pp. 32-86

Je m’étonne, dit l’Abbé Lenglet, que M. le Courrayer, homme habile en qui j’avois toujours reconnu & admiré beaucoup de douceur, ait augmenté par ses notes les aigreurs que des intérêts particuliers contre la Cour de Rome, avoient engagé le premier auteur à semer dans son histoire.

1396. (1913) La Fontaine « II. Son caractère. »

Croyez-vous que Benserade que vous connaissez un peu, mais que vous connaissez surtout par ce que l’on en cite, c’est-à-dire par des épigrammes tout à fait amusantes, par des madrigaux très spirituels, par toutes ces choses qui sentent les odeurs capiteuses de la cour, mais point du tout la passion vraie ; croyez-vous que Benserade a fait un jour une petite pièce que j’ai encore le temps de vous lire et qui me paraît sonner le sentiment vrai ?

1397. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

On a versé sur Sainte-Beuve et sur sa mémoire les tombereaux d’articles, de phrases, d’anecdotes et de détails de toute espèce qu’on a l’habitude de verser sur un homme célèbre fraîchement décédé, avant de l’oublier tout à fait… Des journaux, matassins d’enterrement, qui vivent de ces cérémonies, ont envoyé leurs commissionnaires en roulage et en publicité fureter la maison mortuaire, regarder sous le nez du défunt pour le photographier dans leurs feuilles, décrire son appartement et son ameublement, et pouvoir parler en connaissance de cause jusque de ses chattes et de ses oiseaux et plaire ainsi à la Curiosité publique, cette affreuse portière à laquelle nous faisons tous la cour… Nous en avons pour quelques jours encore de ce brocantage, et puis après ?

1398. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Μ. Ε. Renan » pp. 109-147

… Dans la préface de ce livre athée, qui n’a de certitude que l’athéisme et qui pourrait bien avoir été écrit pour faire la cour aux athées de ce temps, M. 

1399. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Voici un duc et pair de la Cour de Louis XIV, peint par un ennemi que vous devinerez sans peine : « La plus vaste et la plus insatiable ambition, l’orgueil le plus suprême, l’opinion de soi la plus confiante et le mépris de tout ce qui n’est point soi le plus complet ; la soif des richesses, la parade de tout savoir, la passion d’entrer dans tout, surtout de tout gouverner ; l’envie la plus générale, en même temps la plus attachée aux objets particuliers et la plus brillante, la plus poignante ; la rapine hardie jusqu’à essayer de faire sien tout le bon, l’utile, l’illustrant d’autrui ; une vie ténébreuse, enfermée, ennemie de la lumière… une profondeur sans fond : c’est le dedans.

1400. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

On promenait à Trianon des agneaux bien lavés ; la cour y allait boire du lait en grande pompe.

1401. (1864) Le roman contemporain

La silhouette du capitaine Périclès, qui danse à la cour, triomphe des brigands dans les journaux et leur sert de compère sur la montagne, ne manque ni de relief ni de nouveauté. […] Il y a certainement une poésie en toute chose, dans la cour de la ferme avec ses mille bruits, dans le sentier qui mène au ruisseau où les moutons vont s’abreuver ; mais c’est la synthèse des impressions qu’on éprouve à la vue de ces spectacles champêtres qui est poétique. […] Au commencement de sa vie, c’était une grande dame de la cour de Louis XVI, délicate et craintive, habituée au luxe et aux splendeurs de Versailles. […] Ce sursis accordé, il se rendit à la cour et obtint leur grâce. […] Mais ni la loi ni la société ne peuvent empêcher qu’il se trouve un officier du parquet assez inepte pour requérir les galères contre un homme que la misère extrême de sa famille a poussé à dérober un pain ; des jurés assez inhumains pour déclarer cet homme coupable, et une cour assez dénuée de sens et d’équité pour prononcer cette effroyable peine contre le crime de la faim.

1402. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Un moment il nous parle, gentiment et spirituellement, d’une danseuse de corde à laquelle il faisait la cour, concurremment avec le peintre Tissot, qui, en vieux romantique, accompagnait la belle aux gares de chemin de fer, tenant d’une main le cerceau dans lequel elle sautait, et de l’autre la couseuse mécanique, avec laquelle elle avait l’habitude de rapetasser ses costumes. […] Et pour paysage et horizon, tout près de soi, à cinq mètres, un mur couleur de boue, dans lequel ouvre une fenêtre aux carreaux moitié cassés, moitié bouchés par des toiles d’araignées, et au milieu de la petite cour séparant le bureau de rédaction du mur en face, un espèce de soupirail de verre, d’où montent des odeurs de cuisine de restaurant à vingt-cinq sous, mêlées à des odeurs de laboratoire de pharmacie.

1403. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Et dans ce garni, d’étranges déclassés de tous les sexes : une vieille femme de la société, une absintheuse, se mettant sous la peau, dans un jour vingt-deux absinthes, de cette terrible absinthe, colorée avec du sulfate de zinc, une sexagénaire que son fils, avocat à la cour d’appel, n’a jamais pu faire sortir de là ; et qui, d’après la légende du quartier, se serait tué de désespoir et de honte. […] Une demoiselle, à laquelle j’ai fait la cour, dans les temps passés, arrivant dans un grand manteau de deuil, de la traîne duquel sortait soudain, un petit prêtre, pareil à ces diablotins jaillissant d’une boîte, qui, un papier à la main, l’étendait sur mon lit, et me faisait signer un mariage in extremis.

1404. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Je le revoyais encore à Breuvannes, le jour de la rentrée des fruits, encadré dans l’œil-de-bœuf d’un grenier, et canonnant à coups de pommes, dans la cour de notre maison, tous les gamins du village, baptisés par lui de noms drolatiques, et dont les ruées, et les bousculades, et les batailles autour de ce qui les lapidait, semblaient être, pour mon père, un amusant rappel en petit de la guerre. […] Puis, il me demande, si je connais la cour de l’Hôtel Sully, rue Saint-Antoine, et m’apprend qu’il y a de grands bas-reliefs admirables, et que c’est là, ce que personne n’a dit, que Ingres a pris complètement sa Source, oui, et la pose et le mouvement de la figure, et même la forme de la cruche.

1405. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

C’est qu’en France, où la liberté est le fort et l’autorité le faible, les gens de mon humeur, s’il leur faut à toute force faire la cour à quelqu’un, la font plus volontiers au faible qu’au fort. […] La première fois que nous nous rencontrâmes dans la cour de l’École, nous ne pensâmes ni l’un ni l’autre à nous éviter. […] Au terme d’un long voyage, après deux ou trois nuits passées dans ces boîtes, et quatre ou cinq repas pris en commun, des gens qui s’étaient rencontrés pour la première fois dans la cour des messageries se quittaient à l’arrivée, échangeant des poignées de main et de gais « au revoir », comme de vieux amis. […] III Tel qu’un juge siégeant en sa cour de justice, D’où la loi d’un trait sûr atteint toute malice, Ayant à faire droit à l’acheteur dupé Qu’un marchand déloyal sur le poids a trompé, Et voulant rendre à tous bonne et juste sentence, Fait à son tribunal apporter la balance.

1406. (1914) Une année de critique

Si l’on essaye de donner un nom précis aux souffrances qu’elle endurait à la cour de Saxe, on s’aperçoit qu’il ne saurait être question d’autre chose que de vexations d’amour-propre. […] L’unique fenêtre du lieu donne sur une cour plantée d’arbres ; et, par cet après-midi d’été, le murmure des branches touffues faisait un doux accompagnement aux paroles. […] Les gens de cour qui rencontraient Le Nôtre dans les allées de Versailles pouvaient dire — cent documents en témoignent — ce que le favori du roi avait apporté de nouveau dans son art, et qui n’était autre chose que le sentiment de la perfection. […] Il a toute la grâce et toute la légèreté d’un de ces abbés de cour qui ne croyaient pas en Dieu, mais feignaient de croire à l’amour.

1407. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

Ce n’est point dans ce sens propre que Malherbe prenoit le mot de masque, lorsqu’il disoit qu’à la cour il y avoit plus de masques que de visages : masques est là dans un sens figuré, et se prend pour persones dissimulées, pour ceux qui cachent leurs véritables sentimens, qui se démontent, pour ainsi dire, le visage, et prènent des mines propres à marquer une situation d’esprit et de coeur toute autre que celle où ils sont éfectivement. […] porte, par synecdoque et par antonomase, signifie aussi la cour du grand seigneur, de l’empereur turc. On dit faire un traité avec la porte, c’est-à-dire avec la cour ottomane. C’est une façon de parler qui nous vient des turcs : ils noment porte par excélence la porte du sérail, c’est le palais du sultan ou empereur turc, et ils entendent par ce mot ce que nous apelons la cour.

1408. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Ce cimetière de Pise fut fondé au douzième siècle par un archevêque qui fit venir de Palestine la terre qu’encadrent aujourd’hui les murs de la cour carrée commencée par Giovanni Pisano en 1278 et achevée en 1283, à la veille du désastre définitif. […] Tragique aussi le contraste entre cette cour de l’Impératrice à Fontainebleau où Feuillet, bibliothécaire, pouvait vérifier la justesse de ses notations mondaines et les entretiens que Bismarck avait à Potsdam au même moment avec Moltke et Roon. […] Au dîner de cour qui clôt une journée où les deux souverains ont eu un long entretien intime, le ministre belge observe sur la physionomie du roi Albert une expression de gravité qui s’intensifie jusqu’à la tristesse au cours d’un entretien que le prince engage avec le général de Moltke. […] Le 4e régiment des spahis marocains, escortant le chef de l’État, s’échelonnait depuis l’entrée du parc jusqu’à la Cour d’honneur.

1409. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Le corridor d’une de ces maisons nous conduisit vers une grande cour extérieure, ouverte au midi, où il y avait seulement quelques arbres, des petites dépendances et des barrières : c’était le vestibule en plein air du château de Bruant. […] L’intrigue de la pièce repose sur la jalousie de la femme d’un général à la cour de Constantinople pour l’impératrice régnante, qu’elle croit amoureuse de son mari. […] Mon père vivait à Athènes, à la cour du roi Othon le prince bavarois que nous avons reçu des mains des grandes puissances. […] « Mes parents avaient conçu une haute idée de mon avenir et voulaient m’envoyer en Allemagne pour m’y faire donner une éducation soignée, — l’influence allemande, comme de juste, étant alors prédominante à la cour. […] Il lui paraît complètement inutile de se rappeler ou de rappeler au lecteur pourquoi l’enfant se trouvait là pleurant sous l’œil des barbares ; mais d’autre part son esprit d’exactitude rappelle à son regard que c’était contre le poteau de gauche qu’il s’appuyait, sous le hangar, au fond de la cour des petits.

1410. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

À la cour, Pedrarias reçut quantité de noblesse, jeune, ardente, splendidement équipée. […] C’est une cour moresque tapissée d’arbustes et de plantes. […] Le prisonnier fut attaché à un pieu dans une cour. […] C’est un sophisme commun à ceux qui cherchent la popularité en faisant la cour aux instincts les plus abjects de l’homme, de prétendre que ceux qui veulent réprimer l’ivrognerie, et d’autres vices, par la législation si c’est nécessaire, s’efforcent de dérober toute joie de la vie, tandis que la misère, la tristesse et le désespoir de la vie sont liés au crime. […] Comme la fête de la Pentecôte était proche, on lui dit que la reine passerait sûrement par le chemin des bois avec toute la cour.

1411. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Voici ce qu’il déclare dans sa deuxième préface de Britannicus : « J’ai travaillé sur des modèles qui m’avaient extrêmement soutenu dans la peinture que je voulais faire de la cour d’Agrippine et de Néron. […] Tout à fait, rêver, songer, bas étage, à demain, le dehors, le dedans, divertir, subsister en cour, âme tout en feu, coups d’essai, coups de maître, avoir le dessus, brave homme, vous autres, donc, coutumière, métier, anciennement, de tous points, quitter la campagne, brouiller les images, supercherie, curée, humeur, gens, bourse, langue, etc., autant d’expressions qu’il interdit d’employer dans le style noble62.

1412. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

On se figure peu, et dans quelques années on ne se figurera plus du tout ce qu’était la Bibliothèque du roi dans sa première et tranquille beauté, avec la morne tristesse de sa cour rectangulaire, avec le jardin austère, fermé d’une clôture, qui en occupait une moitié et où l’on n’entrait pas, la vasque de pierre verdâtre au milieu, d’où un maigre filet d’eau jaillissait à peine ; puis les escaliers solennels, les salles antiques et les galeries de ce beau palais Mazarin, conservées presque comme aux jours où s’y promenait M. le Cardinal et où il s’y faisait rouler dans son fauteuil déjà mortuaire entre deux rangées de chefs-d’œuvre et de magnificences.

1413. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

Les légitimistes disaient : « Il est mort en bon gentilhomme. » Une dame de la vieille cour eut le meilleur mot : « Enfin il est mort en homme qui sait vivre. » Un plus osé, M. de Blancm…, disait : « Après avoir roué tout le monde, il a voulu finir par rouer le bon Dieu54. » Ce qui est hors de doute, c’est qu’en mourant il avait, ne fût-ce que par complaisance, désavoué la Révolution.

1414. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

Elle dut pourtant continuer de jouir plus que jamais du contrecoup de sa renommée ; tout ce que Lyon avait de considérable, tout ce qui passait d’étrangers de distinction allant en Italie, devait désirer de la connaître, et sa cour sans doute ne diminua pas.

1415. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

La paille et le foin débordent çà et là des lucarnes pleines de fourrages ; les portes des étables, des fenils, des basses-cours, s’ouvrent sur le gazon autour du puits ; à côté de la porte des maîtres, les chars de récoltes se chargent et se déchargent sous les fenêtres des chambres hautes ; des sacs d’orge, de blé, de pommes de terre, se tassent sur les marches en spirale du large escalier aux dalles usées par les souliers ferrés des laboureurs ; les vaches paissent sous les groupes de vieux arbres écorcés dans les vergers ; on voit les jardiniers, les bergers, les jeunes vachères, tirer les seaux du puits, emporter les arrosoirs, accoupler leurs bœufs, traire leurs vaches dans la cour qui sert de pelouse à l’habitation ; on y est en pleine rusticité, comme en pleine nature.

1416. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXIXe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (2e partie) » pp. 321-384

En arrivant j’ai reconnu l’église sous son grand ormeau où j’allais sauter à l’ombre, puis la grande cour et puis la petite avec son puits, la porte à vitres du salon, et, dans ce salon, les grandes belles dames que j’aimais tant à voir ; une à côté d’un capucin en méditation qui fait contraste, chose que je n’avais pas tant remarquée qu’à présent.

1417. (1863) Cours familier de littérature. XV « XCe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (3e partie) » pp. 385-448

Aussi en était-il qui quittaient la cour pour cela, comme saint Arsène et tant d’autres qui, ayant goûté des deux, ne voulurent pas retourner au monde.

1418. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

Suivaient les grands de la cour, les ministres, les rois, les princes, les princesses, les reines, et autres dignitaires.

1419. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

Clotilde le suivit même au camp de Charles VI au Puy-en-Velay, au milieu de cette cour militaire composée de la jeune noblesse française.

1420. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

D’abord, Mme de Rémusat a mis plus d’un jour à connaître l’empereur ; puis, elle pouvait croire qu’elle ne manquait point à son devoir, du moment qu’elle ne divulguait pas ses sentiments secrets ; puis son service à la cour pouvait lui paraître un service public autant que privé, et qui la liait au chef de l’Etat plus qu’à la personne même de Napoléon ; enfin… je n’ai point dit que Mm° de Rémusat fût une héroïne.

1421. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Un pair, du Luxembourg immobile ornement, Avec un député discutait humblement, Cherchant à lui prouver, dans la France légale, Que des pouvoirs égaux la puissance est égale… Un conseiller d’État, un président de cour Parlaient sans s’écouter, mais chacun à son tour Le Clergé, le Barreau, l’Institut et l’Armée Avaient envoyé là plus d’une renommée ; On y comptait encor trois femmes, beaux esprits… C’était à la campagne un salon de Paris.

1422. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

Après une enfance qu’il nous dit avoir été « sans sujétion et molle145 », il entre sans effort et comme de plain-pied dans les charges et emplois de cour.

1423. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Conclusion »

L’art d’écrire en vers s’est renouvelé ; la rime s’est enrichie, comme on le voulait au dix-septième siècle, par la richesse du sens ; la phrase poétique a repris son ancienne liberté ; le mot propre a été substitué à la périphrase, et le poète est allé le prendre hors de cette élite jalouse de mots auxquels un goût de cour, timide et circonspect comme l’étiquette, avait reconnu exclusivement la qualité de noble.

1424. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

Pour lui, La Fontaine a peint la cour de Louis XIV.

1425. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Parce qu’il ne réussissait pas à la cour, il aima la campagne ; parée que l’amour le fuyait, il aima la famille ; parce qu’il ne pouvait être un brillant capitaine, il fut un poète.

1426. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

La cour qu’il lui fait est presque officielle ; ses galanteries sans chaleur gèleraient la femme la plus inflammable.

1427. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

Pendant que, de son cabinet de toilette, la vue de cette femme me cherche, le mari, de sa chambre à lui, où il passe une partie de ses journées, penché sur la barre de sa fenêtre, fixe, des heures entières, un pavé de la cour, toujours le même.

1428. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1883 » pp. 236-282

Cela se passait, pendant que le mari, appelé par la cour d’Espagne, était à Madrid.

1429. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

Du temps de Vaugelas, on disait à la cour preigne et viegne pour prenne et vienne .

1430. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

Au reste, Monsieur, honneur à vous qui avez acquis une telle puissance sur les comédiens, qu’ils ont reconnu publiquement qu’on pouvait par arrêt de la Cour les forcer à rejouer une pièce tombée par arrêt du public.

1431. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

Ce n’est pas qu’il ne dépendît de nous de lui en accorder davantage, M. de Châteauneuf étant honnête homme et s’acquittant de telles commissions au gré de ceux qu’il conduit aussi bien que de la cour.

1432. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

Cet homme, qui a tenu une place haute dans l’opinion de la littérature de son époque et qui avait pignon sur rue inamovible dans la cour même de l’Institut, Villemain, dont par piété filiale on publie le dernier livre, que peut-être on ne lira pas, est déjà, maintenant qu’on ne sent plus le besoin d’épigrammatiser contre l’Empire, absolument indifférent, lui et ses livres, à la génération présente, — et s’il y a une place d’où on le voie encore, ce n’est pas de la niche de son buste, s’il en a un à l’Académie, mais c’est du cabinet de l’Empereur où, aux jours des désastres de ce grand homme, il eut l’honneur, adolescent, de travailler et d’écrire ce que lui dictait Napoléon !

1433. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Je ne vous redirai point que c’est un trait de génie, d’avoir transporté la scène à Suse, en sorte que les Perses, c’est la bataille de Salamine vue de la cour de Xerxès et immensément agrandie par la perspective ; ni que la gloire d’Athènes éclate mieux dans la douleur et les gémissements des vaincus qu’elle ne ferait dans les péans des vainqueurs. […] Nous apprenons que Jacques fait sa cour à la duchesse parce qu’elle est duchesse, et le duc à la petite Mme Dangy (Hélène) parce qu’elle est gentille. […] Il fait la cour à la femme de son ami intime ; mais cela ne l’empêche point d’avoir l’âme généreuse d’un terre-neuve. […] Il faut vous dire que Henri a fait jadis sa cour à Germaine ; ce qui n’a pas empêché le philosophe Jean de le garder dans son intimité. […] Ne lui mentira-t-il pas en lui faisant la cour ?

1434. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Voici Desportes, poète de cour, de salon, de petit cercle calme et aimable, diseur de riens si gracieux qu’on craindrait presque qu’il eût quelque chose à dire ; homme de style du reste et de rythme, d’une plume délicate et d’oreille fine, qui n’est pas sans avoir rendu de très grands services à la langue, qui l’a assouplie et adoucie en la caressant, qui l’a fait briller et chatoyer comme un joyau entre ses doigts de bénéficier bien pourvu ; homme qui fut heureux pendant sa vie et a été un peu malheureux après sa mort, offusqué en quelque sorte et étouffé entre les deux gloires de Ronsard et de Malherbe et ayant le tort d’être assez peu le disciple de l’un et aussi peu que possible aimé de l’autre. […] Il ne faut pas considérer Marot comme un simple poète de cour, agréable flatteur un peu prolixe, malicieux épigrammatiste un peu aigu, et joyeux conteur un peu abandonné. […] Il est enchanté de la vie mondaine qu’il mène à Weimar et d’être l’amuseur en titre de la cour et de la ville. […] Il était l’homme qui, même écrivant un poème sur le Tasse, songeait à lui et à sa vie propre : « La cour de Ferrare et la cour de Weimar, c’est la même chose. » Oui, tout cela, malgré l’horreur de Goethe pour les romantiques, est du romantisme, un esprit romantique, à la vérité très large et très élevé et qui n’a rien à voir avec le petit romantisme médiéval ou clair-de-lunesque. […] Comme chez les romantiques et comme chez Victor Hugo en particulier, les hommes ôtaient peu vivants et les choses, en revanche, prenaient une âme, devenaient des êtres mythologiques et monstrueux, que ce fût le parc du Paradou, l’alambic de l’Assommoir, l’escalier et la cour intérieure de Pot-Bouille, le grand magasin du Bonheur des Dames, le puits de mine de Germinal, la locomotive de la Bête humaine.

1435. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Les charpentes arrachées, les briques, les moellons jetés en tas remplissaient la cour de décombres et en rendaient l’accès assez difficile. […] À cette époque il faut reporter une Laforêt qui représentait Molière chez lui avec cette servante de grand cœur et de grand bon sens qu’il ne dédaignait pas de consulter, la jugeant de meilleur conseil que les Lysidas, les Dorante et les autres beaux esprits de la cour et de la ville. […] On traversait une cour déserte, l’on montait, et au premier l’on trouvait le logis hospitalier du poète, modeste demeure pour un si grand nom, et où les étrangers, venus de loin pour le saluer, s’étonnaient de ne trouver ni portiques ni colonnes de marbre. […] Regardé comme un traître par son ancien parti, suspect au parti de la cour, faisant en personne ce qu’il devrait laisser faire à des subalternes, contrariant les intérêts par des rigorismes outrés, marchant en aveugle dans le dédale des intrigues, en quelques mois de pouvoir il perd sa popularité, ses amitiés et presque son honneur domestique, et résigne sa charge, désabusé de ses rêves, ne croyant plus à son talent, doutant de l’homme et de l’humanité. […] C’était le temps du drame historique, shakespearien, chargé d’incidents, peuplé de personnages, enluminé de couleur locale, plein de fougue et de violence ; la bouffonnerie et le lyrisme s’y coudoyaient selon la formule prescrite ; la marotte des fous de cour faisait tinter ses grelots, et la bonne lame de Tolède, tant raillée depuis, frappait d’estoc et de taille.

1436. (1890) Nouvelles questions de critique

Chaix d’Est-Ange, où je vois qu’après avoir défendu comme avocat, en 1836, devant la cour des pairs, la vie de Fieschi, le même orateur, en 1857, devenu procureur général, demandait aux jurés de la Seine la tête d’Orsini. Inversement, dans une affaire capitale, tout autre et plus récente, je pourrais montrer l’accusé défendu devant la cour d’assises par le magistrat même, qui, s’il n’avait abandonné son siège quelques mois auparavant, eût peut-être requis contre lui. […] Et je n’entends pas sous ce nom de grandes causes, comme l’on pense bien, ces procès de cour d’assises, où je ne vois ordinairement de grand que l’énormité du crime et la faiblesse du jury. […] « Comme Buffon voyait que l’école encyclopédique était en défaveur à la cour et dans l’esprit du roi, il craignit d’être enveloppé dans le commun naufrage, et pour voyager à pleines voiles, ou du moins pour louvoyer seul et prudemment parmi les écueils, il aima mieux avoir à soi sa barque libre et détachée. » Et, de fait, à l’Encyclopédie, le premier usage que l’on devait faire de sa liberté, c’était de l’abdiquer aux mains des Diderot ou des d’Alembert ; mais Buffon, fort de sa naissance, de sa situation de fortune, et de sa valeur, avait la prétention de ne dépendre que de lui-même. […] Et je sais bien ce que l’on peut dire que Ronsard et ses amis n’ont pas craint d’employer des mots que Boileau, cent ans plus tard, eût renvoyés au langage des halles ; que leur vocabulaire, plus étendu, plus riche, est moins noble et plus familier que celui de Corneille et de Racine, ce qui pourrait d’ailleurs faire une question ; enfin que, dans leurs plus beaux vers, le « grotesque » y coudoie volontiers le « sublime »… Mais c’est tout simplement qu’ils vivaient dans un temps où ni la cour, ni la ville, ni la province, en y tendant pourtant, ne savaient ce que c’est que la politesse des mœurs, la décence du langage, ou la tenue du style.

1437. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Ce n’est plus qu’une cour abandonnée, où l’herbe croît entre les pierres. […] Enfin l’époque de la grande révolution religieuse arrive ; elle est d’abord préparée dans l’Église par l’imprudente institution des ordres mendiants, que la cour de Rome crut devoir opposer au clergé riche et corrompu ; mais ces corps deviennent bientôt en France, chez une nation élégante et spirituelle, l’objet des sarcasmes des savants31. […] La licence militaire vient relâcher les nœuds de la morale ; les femmes influent sur le ministère public ; le luxe s’introduit à la cour et dans les villes ; un peuple de citadins remplace une nation agricole ; au défaut de considération on veut obtenir des titres ; la noblesse est vendue, en même temps que les biens de l’Église sont mis à l’encan ; les grands noms s’éteignent ; les premières familles de l’État tombent dans la pauvreté ; le clergé perd son autorité et sa considération ; enfin, le philosophisme, sortant du fond de ce chaos religieux et politique, achève de renverser la monarchie ébranlée. […]  » Prêt à rendre le dernier soupir, il fit appeler les seigneurs de sa cour : « Messieurs, dit-il, je vous demande pardon des mauvais exemples que je vous ai donnés ; je vous fais mes remercîments de l’amitié que vous m’avez toujours marquée. […] Mais si l’on ne sent pas en soi ce mens divinior, qu’on se garde bien alors de ces démangeaisons qui nous prennent d’écrire : Et n’allez point quitter, de quoi que l’on vous somme, Le nom que, dans la cour, vous avez d’honnête homme, Pour prendre de la main d’un avide imprimeur Celui de ridicule et misérable auteur.

1438. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Il court chez Allworthy pour se plaindre de Jones, qui ose faire la cour à sa fille. « Il a eu de la chance que je n’aie pas pu l’empoigner ; je l’aurais roulé, j’aurais dérangé son miaulement ; j’aurais appris à ce fils de gueuse à mettre la main au plat de son maître. […] On monte l’escalier d’une triste maison située au nord de Fleet-Street, le quartier affairé de Londres, dans une cour étroite et obscure, et l’on entend en passant les gronderies de quatre femmes et d’un vieux médecin charlatan, pauvres créatures sans ressources, infirmes, et d’un mauvais caractère, qu’il a recueillies, qu’il nourrit, qui le tracassent ou qui l’insultent ; on demande le docteur, un nègre ouvre ; une assemblée se forme autour du lit magistral ; il y a toujours à son lever quantité de gens distingués, même des dames.

1439. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

Après la cour de Louis XIV, la Régence ; après la Régence, le règne de Louis XV. Avant 89 la corruption avait déjà atteint toutes les sommités de la société, la cour, la noblesse, le haut clergé, la magistrature, la finance.

1440. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

La Cour de Cassation a même jugé qu’à la mort du destinataire, le signataire d’une lettre confidentielle peut la réclamer ; elle a décidé qu’une lettre confidentielle ne tombe pas dans l’hérédité de celui qui la reçut. […] Les familles, qui, elles, vivent plutôt dans des rez-de-chaussée sur cour, ne peuvent jamais se faire à ces usages.

1441. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

* * * — À Londres, un jour d’hiver, Mélingue couché par terre, sur le tapis, devant la cheminée, racontait à Gavarni sa jeunesse, parlant religieusement de son père, un douanier de la mer, un vieux gabelou bronzé, qui, pendant une semaine passée à Paris, en plein triomphe du jeune comédien, ne laissait rien sortir de lui, jusqu’au moment où la diligence s’ébranlait dans la cour des Fontaines ; pour le ramener dans sa province, et où soudain il envoyait une volée de baisers par la portière à son fils. […] Il existe à la cour dans ce moment-ci une grande préoccupation de Marie-Antoinette.

1442. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

Après dîner, en fumant, Nieuwerkerke nous conte que Bénédict Masson, chargé de peindre l’Histoire de France dans la Cour des Invalides, avait imaginé de figurer le règne de Louis-Philippe par la représentation d’une barricade. […] N’y aurait-il pas eu une jalousie du salon des Tuileries contre le salon de la rue de Courcelles, cette petite cour d’art et de littérature… 26 décembre Quelle chute !

1443. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Repoussez cette littérature énervante, tour à tour grossière et raffinée, qui se complaît dans la peinture des misères de la nature humaine, qui caresse toutes nos faiblesses, qui fait la cour aux sens et à l’imagination, au lieu de parler à l’âme et d’élever la pensée. […] Racine parle celle de Louis XIV et des femmes qui étaient l’ornement de sa cour. […] Le sentiment du beau manquait-il donc à cette société si polie, à cette cour magnifique, à ces grands seigneurs et à ces grandes dames passionnées pour le luxe et pour l’élégance, à ce public d’élite, épris de tous les genres de gloire, et dont l’enthousiasme défendit le Cid contre Richelieu ? […] Nous pouvons contempler encore dans la cour du Louvre, au pavillon de l’Horloge, ces cariatides de Sarazin si majestueuses à la fois et si gracieuses, qui se détachent avec un relief et une légèreté admirables. […] Elle descendit de la cour dans la noblesse, dans le clergé même, et aussi dans le peuple.

1444. (1925) Proses datées

L’allée est bordée de chênes et de hêtres jusqu’au portail qui donne accès à la cour de la ferme, gardée par deux très vieux cèdres aux formes bizarres. […] Nous voici dans une cour où coule une fontaine entourée d’énormes platanes aux troncs crevassés. […] Défendue de la rue par sa cour, la maison était protégée, à l’opposé, par son jardin, qui offrait une commodité, en même temps qu’il constituait un luxe. […] Une grande cour dallée le précédait et sa façade, à trois pavillons s’égayait de têtes d’animaux sculptées dans la pierre.

1445. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Racine est un réaliste qui est poète et qui est homme de cour. — Le Sage est réaliste sans aucun de ces mélanges. […] Mais une fois à la cour, une fois posté sur le passage du Roi dont il attend un regard, il confesse honteusement qu’il ne peut repartir : « Afin que Scipion n’eût rien à me reprocher, j’eus la complaisance de continuer le même manège pendant trois semaines. » On sent ce que c’est que cette complaisance. […] Il faut entendre par là, non point le sentiment exalté de la dignité personnelle, ce serait état d’esprit que les anciens ont connu et qui se confond avec l’instinct du devoir ; non point l’orgueil féodal, le respect d’un nom longtemps porté haut par une race fière, ce qui est l’essence plutôt des aristocraties ; mais l’aptitude à se contenter pour sa récompense d’un titre « d’honneur » accordé par un souverain généreux et noble en ses grâces, le désir d’être distingué dans une cour brillante, l’amour-propre se satisfaisant dans un rang, un grade, un titre, une dignité. […] Il suppose un prince magnanime, une noblesse qui ne rêve que cour, une bourgeoisie qui n’aspire qu’à devenir noblesse ; et il faut confesser qu’un Français né sous Louis XIV a quelques raisons de se faire de la monarchie cette idée-là. […] Cela n’est pas du ton de la cour. » — « Non, mais avant l’invention de la poudre, la force du corps décidait de tout dans les batailles.

1446. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Qu’un homme que nous avons presque connu, si nous n’étions pas né en province, que nous pouvions connaître, que nous pouvions toucher, dont nous voyons encore la grande barbe blanche dans les dernières images, dans les images de la fin, dans des apothéoses aux murs des chambres de toutes les maisons, et les grosses paupières, surtout les deux paupières inférieures, comme un peu gonflées, (il avait tant regardé le monde), un homme que nous avons suivi pendant onze ans, pendant douze ans, je veux dire que nous avons historiquement, biographiquement, chronologiquement doublé pendant douze ans, que nous avons vu censément enterrer sous la troisième République, (les journaux étaient pleins de son enterrement ; nous étions déjà au lycée, en sixième, et je me vois encore discutant gravement en cour, comme un gamin sérieux, sur ce qu’il valait ; déjà j’étais un gamin sérieux ; un enfant pauvre et sérieux ; soucieux ; il faut me le pardonner sur ce que je suis un gamin encore, mais que je ne suis plus sérieux ; déjà j’en étais fou fanatique, surtout encore plus je crois parce que je venais d’apprendre pour l’excellent M.  […] Elle a, on verrait aussitôt qu’elle est aussi cruelle, sinon plus ; elle a toute la perfidie de cruauté plus que d’une femme du monde, d’une femme de cour, et en plus, en outre, ce qui achève tout, comme Joad elle l’a sacrée. […] Aussi le poète Eschyle ne fit point de difficulté d’introduire dans une tragédie la mère de Xerxès, qui étoit peut-être encore vivante, et de faire représenter sur le théâtre d’Athènes la désolation de la cour de Perse après la déroute de ce prince. […] De ce deuxième parti vous serez, non plus seulement vous, Halévy, mais vous aussi, non point tout à fait aujourd’hui, j’y consens, mais de ce deuxième parti quelque jour vous aussi vous serez, ami lointain, cher entre tous, par l’amitié même, et comme en outre par l’éloignement ; vous en serez, homme jeune, plein de sang ; qui naguère maréchal-des-logis d’artillerie coloniale vous enivriez de la vitesse et de la force des batteries à cheval ; qui avez un sabre, et c’est pour vous en servir ; qui dans une maison glorieuse, (dans le siècle), de tant de gloire avez réintroduit l’antique gloire militaire ; et aussi l’antique gloire navale, l’antique gloire coloniale ; qui dans une maison glorieuse des travaux de la paix avez réintroduit la guerre et l’antique gloire guerrière ; vous en serez, homme jeune, jeune de sang, homme au cœur pur ; qui dans une maison laïque avez réintroduit la gloire antique, la première gloire, la gloire de la guerre ; grand enfant, grand ami, homme au grand cœur ; vous qui fondez des camps et qui fondez des villes ; artilleur ; colonial ; vous qui réveillant votre vieux sang breton, et votre vieux sang méditerranéen, et votre vieux sang de patience hollandaise nous restituez la vaillance antique aux héroïsmes des guerres mauritaniennes ; vous en serez ; Latin, Romain, Français vous qui de tous ces sangs nous faites un sang français et un héroïsme à la française ; Romain héritier des guerres numidiennes ; Français héritier des guerres jugurthiniennes ; artilleur héritier des antiques artilleries ; des balistiques romaines ; cavalier héritier des cavaleries antiques, des antiques Numides ; artilleur héritier des frondeurs baléares ; colonial héritier des colonies romaines ; et des autres colonies grecques ; fondateur héritier des fondateurs latins ; sous-lieutenant d’artillerie coloniale hors cadre, à Moudjéria, Mauritanie, par Saint-Louis, Afrique Occidentale Française, Grec héritier des colonies grecques ; gardien de notre culture, héritier, décuple héritier, héritier de toutes parts, vous qui savez ce que c’est que de fonder une ville ; ce qui était le métier d’Alexandre et le métier de César, fonder une ville où il n’y a rien ; grand ami ; qui avez voyagé comme Ulysse, et connu les mœurs de beaucoup d’hommes ; homme de grand soleil, homme aux yeux frais, au cœur émerveillé ; vous qui connaissez le désert, et l’oasis dans le désert ; et ce que c’est qu’un pays où il n’y a personne ; et ce que c’est qu’un pays où il n’y a rien ; et je ne peux plus revoir sans penser à vous cette esplanade des Invalides, d’heureuse mémoire, et le dôme ; et j’irai revoir la cour intérieure, la cour carrée, ce cloître militaire, si sévère et si juste ; aux arcades alignées, si régulièrement austères ; officier à la Courier, cet autre artilleur, qui dans votre cantine emportez du français ; car votre bibliothèque de campagne ne comprend que les Pensées de Pascal, les Sermons de Bossuet, le Règlement d’artillerie de montagne, la table des logarithmes de Dupuy, et un exemplaire de Servitude et Grandeur militaires auquel vous tenez, parce qu’il composait l’unique bagage littéraire du sous-lieutenant de cavalerie Violet, mort à l’ennemi ; qui sut si bien mourir à Ksar Teurchane en Adrar, l’an dernier ; il était je pense votre ami, l’un de vous, l’un de vos camarades, braves comme vous êtes tant, et vous étiez dignes l’un de l’autre ; et cinq autres petits livres que je n’ai pas le droit de nommer ; vous en serez de mon grand parti ami aux yeux clairs, au parler militaire, plus près du cœur encore et plus près de la pensée par cet éloignement constant, par cet éloignement qui recommence tous les deux ou trois ans ; gardé (intact) par cet éloignement même, par cette occlusion, par cette réclusion à distance, par cette réclusion libre ; qui dans un court séjour à Paris, un an, deux ans, passés comme un jour, demeuriez comme un roi, vous et vos canons, sous-officier demeuriez comme un roi dans notre grand palais de l’École Militaire, à deux pas de nos grandes Invalides ; et quand vous alliez à la manœuvre, par les clairs matins de Paris, levés bien de bonne heure pour des Parisiens, et quand vous en reveniez, à l’heure où nous autres civils ne sommes pas encore descendus du train, quand il y a un train, vos canons de 75, nos grêles canons modernes, si pertinents, un peu trop lourds toutefois pour vos batteries à cheval, pour vos batteries de cavalerie, pour vos batteries volantes, et comme nous le disons familièrement entre nous pour les volantes, vos canons de 75, si grêles, (d’aspect), réellement si solides et si incassables, défilaient respectueusement devant les canons monstrueux ; tous les matins, avant la soupe, dans la fraîcheur de l’aube, ces petits jeunes gens de canons modernes, ces gringalets de canons modernes au corps d’insecte, aux roues comme des pattes d’araignée, serrés à la taille, défilaient sous la gueule des canons monstrueux ; nos gringalets, nos freluquets ; et ces vieux anciens les canons monstrueux à ta porte accroupis, assis sur leur derrière, en rang de canons, alignés encore tout au long du beau terre-plein, derrière le fossé, comme pour une parade éternelle, avaient l’air de commander le défilé.

1447. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

Dans le sud de l’Italie, le peuple ne s’intéresse qu’aux histoires de brigands ; en France même, la littérature de cour d’assises est un régal pour beaucoup de personnes. […] Parce que le peuple moderne aime ses théâtres plus ou moins grossiers, ses chansons gauloises, sa musique aux refrains sautillants, ses romans de cour d’assises, on dit que l’art s’abaisse ; au contraire, de la farce au vaudeville, il y a quelque progrès ; les paroles et la musique d’opérette sont encore de l’esprit « mis en gros sous » ; enfin les romans judiciaires sont le pendant des histoires de brigands qu’on se racontait jadis au coin du feu et qui défrayent encore l’imagination des Napolitains ou des Siciliens. […] Pour dire vrai, au temps qui court, Cour est un périlleux passage ; Pas sage n’est qui va en cour, Court est son bien et avantage. […] Les vers, dit-on, ne sont pas toujours destinés à être entendus ; ils doivent aussi être lus et offrir quelque symétrie pour les yeux ; en outre, on invoque ici le principe philosophique de l’association des idées et des images ; même lorsque nous entendons un mot prononcé à haute voix devant nous, nous voyons aussitôt passer devant nos yeux l’image de ce mot fixé sur le papier ; il faut donc que les rimes soient non seulement exactes pour l’oreille, mais aussi pour la vue. — Nous répondrons en deux mots, par des exemples : nous sommes habitués depuis longtemps à voir rimer : faim et fin, jonc et long, fils et fis (cette dernière rime n’est mauvaise qu’à cause du son) ; peut-on trouver une raison scientifique pour s’arrêter là et blâmer Racine d’avoir fait rimer seing et sein, La Fontaine court et cour, coup et cou, V.

1448. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Nous personnifions le crime dans les chenapans de la Cour d’assises ou dans les traîtres du Boulevard du Crime. […] Il faisait la cour à une certaine Métilde Galline. […] Personnalités, portraits pris sur le vif, mésaventures burlesques, anecdotes scabreuses, faits divers, dépositions de Cour d’assises, potins de salle de garde et blagues de carabins, il n’est rien que l’auteur n’y ait mis en œuvre contre ses ennemis les médecins. […] Mais entre le médecin qui « profite de la situation » et la femme qui accepte les « consolations » de son médecin on peut hésiter, et l’ignominie est partagée. — Il y a d’honnêtes praticiens qui seraient dignes de passer en Cour d’assises… comme il y a des politiciens influents et tarés, des banquiers puissants et véreux, des notaires graves et infidèles, ce qui ne prouve pas que le notariat soit l’école de la coquinerie. — Ils manquent d’impartialité dans les examens et se disputent les places. […] À les voir, l’imagination évoque les exemplaires choisis de l’humanité et les plus nobles spécimens de la beauté masculine : seigneurs vénitiens ; tercieros de fer que le grand duc d’Albe menait tambour battant des Alpujarras aux polders de Frise ; barons qui partirent jadis avec le Conquérant et dont les descendants trônent encore sur les sièges armoriés de la Chambre haute ; gentilshommes de la cour des Valois à la barbiche en pointe, aux moustaches en croc, aux cheveux en brosse ; pâles visages de Van Dyck ; figures gracieuses de Miéris ; faces mélancoliques de rois dépossédés promenant leur noblesse d’âme parmi les palais déserts et les boulingrins de Versailles.

1449. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Et lorsqu’un avenir brillant lui est enfin assuré, lorsque les offres les plus flatteuses lui arrivent à la fois de l’Université de Gœttingue et de la cour de Saxe-Weimar, c’est le moment qu’il choisit pour écrire à Merck des lettres de désespéré : « Les fleurs de la fantaisie tombent de mon front feuille à feuille. […] Mais il exprima deux ou trois fois son regret de ne pas voir Wieland, et la dernière, au bal de la duchesse de Weimar, en termes si pressants, qu’il fallut envoyer un carrosse de la cour à la recherche du poète. […] Il ne faut pas, en effet, que sa dédicace « à Sa Grandeur, le conseiller consistorial supérieur, Charles Schwarz, prédicateur de la cour à Gotha », nous fasse illusion. […] Si les imperceptibles potentats de la vallée du Rhin s’étaient mis en tête, au xviie  siècle d’imiter le faste de Louis XIV et d’avoir leurs Versailles en miniature, l’exemple de Frédéric II, l’austérité singulière qu’il affectait, sinon dans sa conduite, au moins dans sa tenue et dans celle de sa cour, avaient bientôt arraché les princes allemands à ce goût dangereux de la dépense, et la somptuosité passagère de quelques landgraves n’avait pas eu le temps de s’étendre et de pénétrer dans le reste de la nation. […] Elle se pendit à son bras, ce qu’elle n’avait jamais fait, et elle l’entraîna dans la cour. « Venez, Wohlfart, faire votre dernière visite à ce bien qui était nôtre… Venez voir le poney, dit-elle d’un ton de prière.

1450. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

Son mari est avocat à la Cour d’appel et représentant de la Sarthe.

1451. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

La princesse, en entrant, aperçoit quelque homme de lettres de sa cour et lui dit : Ah !

1452. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

En résumé, tous les procès-verbaux du monde publiés ou inédits ne prouveront jamais : 1° que les États de 1593 n’aient pas été la Cour du roi Petaud ; 2° que la Satyre Ménippée n’ait pas été bien et dûment comparée (toute proportion gardée) à la bataille d’Ivry, non pas si vous voulez à la troupe d’avant-garde, mais à cette cavalerie qui, survenant toute fraîche le soir d’une victoire, achève l’ennemi qui fuyait.

1453. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

En lisant les vers de Marot, on a pour la première fois, ce me semble, le sentiment bien vif et bien net qu’on est sorti des amphigouris de la vieille langue, si mal employée par les derniers rimeurs, qu’on est sorti des broussailles gauloises ; nous sommes en France, en terre et en langue françaises, et en plein esprit français, non plus rustique, non plus écolier, non plus bourgeois, mais de Cour et de bonne compagnie.

1454. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

Une certaine conception dominatrice y a régné ; les hommes, pendant deux cents ans, cinq cents ans, se sont représenté un certain modèle idéal de l’homme, au moyen âge, le chevalier et le moine, dans notre âge classique, l’homme de cour et le beau parleur ; cette idée créatrice et universelle s’est manifestée dans tout le champ de l’action et de la pensée, et, après avoir couvert le monde de ses œuvres involontairement systématiques, elle s’est alanguie, puis elle est morte, et voici qu’une nouvelle idée se lève, destinée à une domination égale et à des créations aussi multipliées.

1455. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 385-448

En te voyant dans ce costume et avec la zampogna, dont tu sais jouer, sous le bras, tout le monde te prendra pour le fils d’un de ces pifferari qui viennent dans la saison de la Notre-Dame de septembre donner la sérénade aux Madones des carrefours ou aux jeunes fiancées sur leurs balcons, indiqués secrètement par les amoureux, qui leur font la cour avec l’aveu de leurs mères ; les âmes pieuses ou les cœurs tendres me jetteront quelques baïoques dans mon chapeau, ce sera assez pour me nourrir d’un peu de pain et de figues ; les marches des églises ou les porches des Madones me serviront bien de couche pour la nuit, enveloppée que je serai dans le lourd manteau de mon oncle ; car j’ai oublié de vous dire, monsieur, que j’avais trouvé aussi dans le coffre, et que j’avais emporté sur mon bras le manteau de peau de chèvre brune, qui sert de lit l’été, ou de couverture l’hiver aux pifferari.

1456. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIIe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Je reçus donc Amélie dans une sorte d’extase de cour.

1457. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

On aura une idée de son tour d’imagination par ce seul passage : « Les Bourbons reviennent, ils reparaissent au milieu d’un peuple nouveau, entourés des solennelles antiquailles de l’ancien régime, de prélats anti-concordataires pleins des idées serviles d’autrefois, ennemis de tout ce que n’avait pas vu leur jeunesse, Gers de n’avoir rien appris depuis quarante ans ; de vieux abbés dont l’ambition moisie dans l’exil infectait les antichambres du château ; de valets aux genoux d’autres valets : tout cela se remuait et fourmillait à la cour des fils de Louis XIV, comme des vers dans un cadavre. » (XII. 262.)

1458. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Elle retrouve, momentanément corrigé de son ivrognerie et de sa crapule, une espèce de bohème de génie, Eilert, qui lui a jadis fait la cour.

1459. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Il abhorre Paris ; rien ne pourra le changer. » Ou bien : « Valmore m’a avoué qu’il préférait toutes les chances désastreuses que nous éprouvons de faillite en faillite et de voyage en voyage, à rentrer jamais à la Comédie française qu’il abhorre. » Ou bien : « Valmore est tout à fait réveillé de ses beaux rêves d’artiste… Il veut nous emmener dans quelque cour étrangère ou essayer une direction théâtrale à Paris… » Ou encore : « Mon mari qui t’aime de toujours incline jusqu’à tes genoux toutes ses fiertés d’homme… » (Cela, c’est tout à fait l’accent « Delobelle », ou, mieux, le style « Delmar » : vous vous rappelez l’étonnant cabot-pontife de l’Éducation sentimentale ?)

1460. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

Son art est tel que ce « tableau de cour » ne détonne point dans cette naïve histoire d’un miracle rustique.

1461. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

Je vois Louis XIV fondant je ne sais quel ordre nobiliaire et je ne vois pas Vincent de Paul fondant la charité moderne ; je vois des scènes de cour plus ou moins insignifiantes et je ne vois pas Abélard, au milieu de ses disciples, discutant les problèmes du temps sur la montagne Sainte-Geneviève ; je vois le serment du jeu de Paume et je ne vois pas Descartes, enfermé dans son poêle, jurant de ne pas lâcher prise qu’il n’ait découvert la philosophie.

1462. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

Elles se sentent atteintes dans le vif de leurs privilèges ; une cour d’appel terrestre se forme contre leurs assises infernales, leur infaillibilité est mise en question.

1463. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

Cependant on entend une voiture rouler dans la cour.

1464. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

ce n’est pas assez que mon pays soit en république, il fallait encore qu’il se plaçât sous l’invocation de Voltaire, de cet historien prenant le mot d’ordre des chancelleries, de ce bas flatteur des courtisanes de la cour, de cet exploiteur de la sensibilité publique, de ce roublard metteur en œuvre de l’actualité, de ce poncif faiseur de tragédies, de ce poète de la poésie de commis voyageur, de ce poète anti-français de la Pucelle, de ce lettré enfin, que je hais autant que j’aime Diderot.

1465. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

Victor Hugo, peignant la cour de Versailles, et la peignant sous un jour odieux, bien entendu  vous connaissez ses habitudes littéraires et historiques surtout  Victor Hugo songe à La Fontaine et dit : La Fontaine offrait ses fables, Et soudain, autour de lui, Les courtisans presque affables, Les ducs au sinistre ennui, Les Louvois nés pour proscrire, Les vils Chamillard rampants, Gais, tournaient leur noir sourire Vers ce charmeur de serpents.

1466. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Fat et gâté par la fortune, le baron poète a trop d’intérêts sérieux en tête pour songer à répondre à Modeste ; il laisse ce soin à son ami et serviteur, Ernest de la Brière, brave et honnête garçon que les fonctions de secrétaire particulier d’un ministre ont conduit à obtenir le poste de référendaire à la Cour des Comptes, et qui, pour s’élever plus haut, s’est réduit à la dure profession d’ami intime du poète Canalis. […] Au lieu d’un favori de la muse, avoir pour amant mystérieux, un référendaire à la Cour des Comptes, c’est à désespérer de la vie.

1467. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

À neuf heures je quitte la rue de Berri, et me voici chez Antoine, au haut de la rue Blanche, dans cette grande salle, dont on voit de la cour les trois hautes fenêtres aux rideaux rouges, comme enfermant un incendie. […] Puis il m’introduit, au crépuscule, dans une chaumière, où au moment de prendre une pomme de terre dans un pot de fonte sur le feu, il est soudain arrêté par la vue d’une femme couchée à terre sur la figure, et les cheveux répandus ainsi qu’une queue de cheval dans une mare de sang, et comme il sort dans la cour, il se trouve en face d’un homme appuyé debout sur une herse, en train de mourir, avec un restant de vie dans les yeux, épouvantant.

1468. (1886) Le naturalisme

Ce fut, dit-on, Antonio Perez, le fameux favori de Philippe II, qui importa à la cour de France où il s’était réfugié, notre cultisme, en même temps que le chevalier Marini, ce fléau des lettres italiennes, grand corrupteur du goût dans son pays, passait les Alpes pour infecter Paris. […] La Chartreuse de Parme décrit une petite cour, un duché italien, où s’ourdissent des intrigues machiavéliques et où l’amour et l’ambition déchaînent tout leur orchestre, comme une tempête dans le lac de Côme. […] Quand cette maîtresse impérieuse lui laisse quelques minutes de liberté, alors seulement il fait un brin de cour aux lettres et va les chercher dans le coin où elles s’entêtent à ne pas mourir d’ennui.

1469. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

c’est un bazar, un café, un tripot où l’on ne peut respirer que lorsqu’on est installé depuis un mois dans un hôtel entre cour et jardin. […] Maintenant il faut un escalier, une cour, une écurie et remise ; je voudrais bien qu’on puisse entrer de l’escalier dans le grand salon. […] Tous les paysans venus dans la cour, on l’a acclamé, secoué, embrassé, on m’a fait ôter mon chapeau et mon voile pour me voir et, après examen, ç’a été à moi d’être portée en triomphe et acclamée.

1470. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Ce serait pour un moraliste, pour un nouveau La Bruyère ou pour un nouveau Molière, un bien beau sujet et plus vaste qu’aucun de ceux qu’a pu offrir une cour ou une classe restreinte de la société en ce temps-là, sous l’ancien régime.

1471. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Ses plaisanteries auront je ne sais quoi de pesant et de puéril ensemble, d’asséné plutôt que de lancé, de barbare, d’énorme, de mérovingien, si je puis ainsi dire ; — et c’est ainsi qu’on devait rire à la cour du roi Chilpéric.

1472. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

Depuis que j’ai lu ce livre-là, les hommes ont quinze pieds pour moi, et je n’en dors plus6. » Où l’artiste voyait des géants, l’homme de lettres regrettait de ne pas trouver des héros de roman, les mœurs de la fin du dix-septième siècle, la raison de Fontenelle et l’esprit de la cour de Sceaux.

1473. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Bartholomé. il nous avait montré des jeunes filles courant et jouant dans la cour ensoleillée d’une école.

1474. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

Une cour fut tenue, des messagers vinrent des contrées lointaines.

1475. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

C***, Avocat à la Cour des Aides de Montpellier ».

1476. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

Par un contraste singulier, elle règne encore dans le style au moment où le poète veut qu’elle ne règne plus dans les idées : De la cour d’Apollon, que l’erreur soit bannie.

1477. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

La voici tantôt à Paris, tantôt à Londres, à la cour de Charles le Sage ou à celle de Philippe de Hainaut, assistant à tous les tournois et rédigeant le procès-verbal de toutes les fêtes.

1478. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

Voit-on poindre quelque part l’exclusivisme d’une coterie de précieuses et de pédants ; écrit-on pour une cour, une noblesse, une académie ? […] En Italie, pour aider les poètes de la cour de Ferrare à se mettre au niveau des peintres du Vatican, leur siècle place au-dessous d’eux tout un monde de poètes secondaires, de penseurs, d’érudits, de jurisconsultes, tous ces écrivains de la renaissance par qui l’Europe, après le travail du moyen âge, sentit les rayons dérobés à l’antiquité allumer, dans son sein, l’esprit des temps modernes. […] Ce n’est pas non plus parce que Calypso et Eucharis tiennent moins de la Calypso et des nymphes d’Homère que des filles d’honneur de la cour du grand roi : si Calypso et Eucharis ne sont pas exactes comme nymphes grecques, elles sont vraies comme femmes, et cela nous suffit. […] Pour être passionnées avec tout le raffinement de la cour de Versailles, Calypso et ses nymphes n’en paraissent pas moins obéir à la Vénus antique ; leur amour n’a rien de la délicatesse des sentiments modernes ; tandis que, par un beau privilège de la vraie grandeur morale, Antigone, en restant le type accompli d’une vierge chrétienne, n’a rien d’impossible comme fille grecque ; ce n’est pas sans doute l’Antigone virile de Sophocle, mais, si elle fût devenue l’épouse d’Hémon, qu’aurait-elle pu avoir de plus tendre, de plus chaste, de plus dévoué que l’Andromaque d’Homère dans les adieux près des Portes Scées ? […] Les gentilshommes de la cour d’Élisabeth et les bourgeois de Londres lui surent un gré infini des misérables calembours que nous lui reprochons.

1479. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Lafargue, auquel la cour d’assises de Pau vient de sauver la vie, a plus dame à lui seul que tous nos poètes pris ensemble, et plus d’esprit que la plupart de ces messieurs. » Ailleurs : « Il est sans doute parmi nous quelques âmes nobles et tendres, comme Mme Roland, Mlle de Lespinasse, Napoléon, le condamné Lafargue. […] C’est l’adoration du « modèle à imiter. » Du haut ou du bas, fabriquée par une cour ou élaborée par la foule, une opinion sur chaque chose se forme ; cette opinion construit un modèle de chaque action, de chaque doctrine, de chaque préjugé, de chaque démarche, de chaque attitude ; ce modèle s’impose à chaque individu, et il se croit tenu de s’y conformer exactement, en ses actes, pensées, paroles et gestes. […] En 1829, les petites villes les plus gaies et les plus heureuses sont celles d’Allemagne qui ont une petite cour et un petit despote jeune. […] Elle a cette admirable bataille de Waterloo, devenue classique comme récit vrai, comme donnant aussi fortement que l’Enlèvement de la redoute la sensation de la chose vue ; elle a sa « cour de Parme », si vivante, si animée, si en relief ; elle a ce dénoûment d’une forte et sobre et vraie mélancolie. — Il est fâcheux, que la moitié en soit illisible. […] Il suffirait que la magistrature ne fût nommée ni par le pouvoir ni par les électeurs, mais par elle-même, tous les magistrats, par exemple, nommant la Cour de cassation, et la Cour de cassation tous les magistrats, et les choses continuant ainsi indéfiniment.

1480. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Dans la cour du moyen collège, enfant plus triste que tous les autres, j’étais seul un jour à l’écart. […] Dans la cour des grands, je n’étais plus ce pauvre mioche. Je me rappelle cette cour, nos réunions d’adolescents cloîtrés et nos finesses. Une grande cour carrée, encadrée de hauts murs. […] À Séville, il y a, près de la Giralda, une ancienne cour de mosquée… À Grenade, les terrasses du Généraliffe… Et, de Blidah, Nathanaël, que te dirai-je ?

1481. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Supposez qu’Hamlet ignore sa naissance, ne sache point que Gertrude est sa mère et ne l’apprenne qu’au troisième acte ; supposez que Gertrude, prise de remords, n’ait pas épousé son complice Claudius, mais qu’elle veuille épouser Hamlet, ignorant qu’il est son fils ; supposez que le spectre du roi assassiné n’apparaisse que pour empêcher cet inceste et qu’il apparaisse en plein jour et devant toute la cour assemblée ; supposez que cette apparition soit d’ailleurs parfaitement inutile, et qu’il y ait un « grand prêtre » qui sait tout et qui révèle tout à Hamlet ; supposez qu’Hamlet soit d’autant plus monté contre Claudius, que celui-ci est son rival auprès d’Ophélie ; supposez que presque tout le rôle d’Hamlet, ses angoisses, ses luttes intérieures, sa folie feinte, aient été retranchés ; supposez, enfin, qu’on ait enlevé d’Hamlet tout ce qui fait la beauté d’Hamlet, pour y substituer des mystères et des complications futiles… et vous aurez Sémiramis. […] Or, cela ne l’empêche point de faire la cour la plus vive à la femme de son meilleur ami. […] Il y a deux façons principales de concevoir et de peindre l’assassin, le voleur, l’homme de Cour d’assises et de bagne : la façon évangélique, optimiste, idéaliste, mystique, qui est celle de Hugo dans les Misérables, et la façon lugubrement comique, et, si j’ose dire « fumiste », qui est celle d’Henry Monnier faisant parler Jean Hiroux, ou de Jules Jouy dialoguant avec Gamahut. […] Le décor représente la cour intérieure d’un gai couvent de camaldules. […] Évidemment, pour les gens qui sont là, le théâtre est tout, le reste n’existe pas ; toute la vie est bornée par la rampe, la toile de fond, le côté cour et le côté jardin, et nulle gloire au monde n’est égale à celle d’imiter, devant des bancs garnis de peuplé, des sentiments et des passions qu’on n’éprouve pas, en faisant rouler les r et en prononçant desir.

1482. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

C’est à peine s’il accorde, se souvenant de La Bruyère parlant de Rabelais, que Villon a, dans le jargon de la canaille, des mets pour les plus délicats ; il ne consent qu’à regret, semble-t-il, à quelque perle dans le fumier de Villon ; lui, qui sera tout plein de complimenteuse indulgence et comme d’adulation pour Marot, poète de Cour, il est bien d’avis que le poète libertin et fripon de la blanche savetière ou de la gente saulcissière a plus qu’il n’en faut pour dégoûter les honnêtes gens. […] On s’attarderait vainement à Mellin de Saint-Gelaisb, rhéteur précieux, qui fut célèbre pour « Douze baisers gagnés au jeu », et qui écrivait tous « les discours, soit en vers, soit en latin, qu’il y avait à faire en la Cour » ; à Bonaventure Des Périersc, conteur vif, plat poète, bien que, se souvenant d’Ausone, il ait dit que la vie « se passe ainsi que roses ou rosées » ; à Antoine Héroëtd, le Subtil, qui platonisa didactiquement ; à Jacques Pelletier, plus mathématicien que poète, donnant une précision d’algèbre aux langueurs de la Pastorale ; et à tant d’autres, jolis, polis, câlins, malins, fameux pour quatre épigrammes, illustres pour un rondeau jugé parfait, immortels pour deux ou trois « blasons ». […] Qui ne sait que Bérénice est une histoire de cour où Titus n’est pour presque rien ? […] L’hôtel de Rambouillet montrait une belle solennité à faire porter la queue-envoi des princières ballades par les rondeaux, pages de Cour ! […] L’avant-propos dit encore : « L’incapacité d’une cour à manier les affaires publiques, la cruauté polie des favoris, les besoins et les affections des peuples sous leur règne ».

1483. (1876) Romanciers contemporains

Six ans après, le 11 février 1829, Henri III et sa cour obtenait au Théâtre-Français le plus éclatant des succès, et M.  […] Il a pu entasser feuilletons sur feuilletons, écrire trois cents volumes, faire jouer trente drames, comédies ou tragédies, entre-temps parcourir le monde et raconter au monde ses voyages, suivre les princes en Espagne et se faire l’historiographe de la cour, tenir tête à ses adversaires, tour à tour les intimidant par son audace ou les désarmant par ses saillies, comparaître et se défendre devant les tribunaux où d’autres citent des éditeurs récalcitrants, où lui, au contraire, était appelé par des éditeurs se disputant judiciairement sa prose. […] depuis quarante ans il était là à la même place, avec sa cour en face de lui et sa classe toute pareille. Seulement les bancs, les pupitres s’étaient polis, frottés par l’usage ; les noyers de la cour avaient grandi et le houblon qu’il avait planté lui-même enguirlandait maintenant les fenêtres jusqu’au toit. […] S’il était venu à Paris n’ayant d’autres ressources que son ambition, il avait recueilli dans sa famille et auprès de son père, digne magistrat à la cour de Rennes, des sentiments d’honneur qui l’ont toujours inspiré et lui ont valu l’estime et la sympathie de tous.

1484. (1896) Le livre des masques

Qui donc a une cour plus admirative et plus affectueuse que Stéphane Mallarmé ? […] c’est tiré des singulières Poésies : « Les perturbations, les anxiétés, les dépravations, la mort, les exceptions dans l’ordre physique ou moral, l’esprit de négation, les abrutissements, les hallucinations servies par la volonté, les tourments, la destruction, les renversements, les larmes, les insatiabilités, les asservissements, les imaginations creusantes, les romans, ce qui est inattendu, ce qu’il ne faut pas faire, les singularités chimiques du vautour mystérieux qui guette la charogne de quelque illusion morte, les expériences précoces et avortées, les obscurités à carapace de punaise, la monomanie terrible de l’orgueil, l’inoculation des stupeurs profondes, les oraisons funèbres, les envies, les trahisons, les tyrannies, les impiétés, les irritations, les acrimonies, les incartades agressives, la démence, le spleen, les épouvantements raisonnés, les inquiétudes étranges, que le lecteur préférerait ne pas éprouver, les grimaces, les névroses, les filières sanglantes par lesquelles on fait passer la logique aux abois, les exagérations, l’absence de sincérité, les scies, les platitudes, le sombre, le lugubre, les enfantements pires que les meurtres, les passions, le clan des romanciers de cour d’assises, les tragédies, les odes, les mélodrames, les extrêmes présentés à perpétuité, la raison impunément sifflée, les odeurs de poule mouillée, les affadissements, les grenouilles, les poulpes, les requins, le simoun des déserts, ce qui est somnambule, louche, nocturne, somnifère, noctambule, visqueux, phoque parlant, équivoque, poitrinaire, spasmodique, aphrodisiaque, anémique, borgne, hermaphrodite, bâtard, albinos, pédéraste, phénomène d’aquarium et femme à barbe, les heures soûles du découragement taciturne, les fantaisies, les âcretés, les monstres, les syllogismes démoralisateurs, les ordures, ce qui ne réfléchit pas comme l’enfant, la désolation, ce mancenillier intellectuel, les chancres parfumés, les cuisses des camélias, la culpabilité d’un écrivain qui roule sur la pente du néant et se méprise lui-même avec des cris joyeux, les remords, les hypocrisies, les perspectives vagues qui vous broient dans leurs engrenages imperceptibles, les crachats sérieux sur les axiomes sacrés, la vermine et ses chatouillements insinuants, les préfaces insensées comme celles de Cromwell, de Mademoiselle de Maupin et de Dumas fils, les caducités, les impuissances, les blasphèmes, les asphyxies, les étouffements, les rages, — devant ces charniers immondes, que je rougis de nommer, il est temps de réagir enfin contre ce qui nous choque et nous courbe souverainement. » Maldoror (ou Lautréamont) semble s’être jugé lui-même en se faisant apostropher ainsi par son énigmatique Crapaud : « Ton esprit est tellement malade qu’il ne s’en aperçoit pas, et que tu crois être dans ton naturel chaque fois qu’il sort de ta bouche des paroles insensées, quoique pleines d’une infernale grandeur. » Tristan Corbière Laforgue, au courant d’une lecture, crayonna sur Corbière des notes qui, non rédigées, sont tout de même définitives ; parmi : « Bohème de l’Océan — picaresque et falot — cassant, concis, cinglant le vers à la cravache — strident comme le cri des mouettes et comme elles jamais las — sans esthétisme — pas de la poésie et pas du vers, à peine de la littérature — sensuel, il ne montre jamais la chair — voyou et byronien — toujours le mot net — il n’est un autre artiste en vers plus dégagé que lui du langage poétique — il a un métier sans intérêt plastique — l’intérêt, l’effet est dans le cinglé, la pointe-sèche, le calembour, la fringance, le haché romantique — il veut être indéfinissable, incatalogable, pas être aimé, pas être haï ; bref, déclassé detoutes les latitudes, de toutes les mœurs, en deçà et au-delà des Pyrénées. » Ceci est sans doute la vérité : Corbière fut toute sa vie dominé et mené par le démon de la contradiction.

1485. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre III. De la signification de la vie. L’ordre de la nature et la forme de l’intelligence. »

La forme n’est plus tout à fait isolable de la matière, et celui qui a commencé par réserver à la philosophie les questions de principe, et qui a voulu, par là, mettre la philosophie au-dessus des sciences comme une Cour de Cassation au-dessus des cours d’assises et d’appel, sera amené, de degré en degré, à ne plus faire d’elle qu’une simple cour d’enregistrement, chargée tout au plus de libeller en termes plus précis des sentences qui lui arrivent irrévocablement rendues.

1486. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Quelques-uns ne lui pardonnaient pas son indépendance et l’accusaient crûment de nous avoir trahis pour faire sa cour aux Parisiens. […] Tout son talent est dans la légende. » Daudet ajoutait avec son sourire en continuel aparté  : « Forain a du génie  : il a créé un dos. » Et il montrait en quelques mots pittoresques l’éloquence du dos chez les vieux messieurs à cour d’assises des caricatures de Forain. […] Son père, vieux magistrat ennemi de la légèreté française, mort procureur général à la Cour de Cassation d’Athènes, avait envoyé son fils à Heidelberg, parce qu’il s’imaginait, comme beaucoup de personnes à cette époque, qu’on ne pouvait former un esprit sérieux qu’en Allemagne. […] Issu d’une vieille famille, Gabriel Tarde comptait parmi ses ancêtres un chanoine qui joua un rôle à la Cour des papes de la Renaissance et sur lequel il avait publié une plaquette dont il fit toujours état dans ses œuvres, tandis qu’il en avait supprimé un livre de contes et de poèmes. […] Au Moyen-Age, il eût chanté, lyre en main, dans la cour des vieux manoirs, ou assis aux tables des châtelains hospitaliers.

1487. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Trop de causes doivent concourir pour faire éclore ces âges d’or : une cour comme celle d’Auguste ou de Louis XIV, une démocratie comme celle d’Athènes, plus aristocrate par la finesse de ses organes et la délicatesse de son goût que l’aristocratie elle-même ; une certaine fermentation dont le principe nous échappe et qui fait germer à la fois une moisson d’esprits du premier ordre dans tous les genres ; du loisir pour attendre l’inspiration et ne travailler que sous son influence ; un amour de l’art pur généralement répandu ; un désir de gloire, d’avenir, d’immortalité, que les besoins du présent n’étouffent pas sous la nécessité de percer, de se faire connaître et de vivre. […] Ce ne sont plus des salons, une cour, un public de cordons bleus, de financiers et de grandes dames, des coteries littéraires ou philosophiques qu’il faut contenter ; c’est la foule, un peuple de quarante millions d’hommes. […] On ne vit pas d’une pension de la cour ou des revenus d’un bénéfice. […] Quel profond sentiment de la vie de cour et de l’étiquette espagnoles !

1488. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

En voulez-vous un échantillon : « A droite, c’est la fontaine où tiennent cour, autour de l’eau bleue, servantes, mitrons, valets, commères.

1489. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

Tous ceux qui sont sur la liste des personnes attendues sont déjà rendus à la cour.

1490. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Style et « nervosité » à part, l’auteur des Caractères s’y prend-il autrement pour nous faire connaître la cour ou la ville, que MM. de Goncourt pour nous mettre sous les yeux le monde des artistes et celui des hommes de lettres ?

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