Peu d’orateurs alors improvisaient ; on arrivait avec son discours écrit, on le lisait ou on le récitait par cœur : d’où il résultait que, de part et d’autre, on se contredisait sans précisément se répondre.
Mais il y a mieux : le même Nicaise ne s’avise-t-il pas, un autre jour, de composer une Dissertation sur les Sirènes, ou Discours sur leur forme et figure, et d’envoyer son écrit tout droit à la Trappe ?
» Cette fois, le génie a enfin parlé net chez Rousseau, et il éclate par tous les signes évidents, soit dans l’éloquence de ses discours, soit dans les désirs orageux de son âme.
Jamais leur discours ne dévie ni ne bondit ; ils vont pas à pas, de degré en degré, d’une idée dans l’idée voisine, sans omissions ni écarts.
Dans la IVe , Chapelain, avec Ménage ; Chapelain encore, dans le Discours au Roi, en compagnie de Charpentier et de Pelletier ; Chapelain dans le dialogue des Héros de romans, suivi de Mlle de Scudéry, de La Calprenède, Quinault et l’abbé de Pure ; Chapelain toujours dans la Satire III, et Quinault, et Pelletier, et Mlle de Scudéry, et Le Pays, et La Serre : mais voici, de plus, l’inventeur de l’énigme française, prédicateur chrétien et poète galant, l’abbé Kautain, ou Cotin, Trissotin en propre personne.
[Discours prononcé aux obsèques de Ch.
Ayant fini, il prend la parole, et attirant toute l’attention de Burattino qui l’écoute la bouche béante, il lui fait un discours en trois points sur l’indélicatesse des voleurs et sur les châtiments rigoureux qui les attendent.
Plusieurs discours contre les Pharisiens et les Sadducéens, placés par les synoptiques en Galilée, n’ont guère de sens qu’à Jérusalem.
Est-il possible de dire vraiment que les panégyriques d’Orphée, les stances dialogiques de Virgile, les sonores sonnets de Pétrarque, les drames éloquents de Shakespeare, les lyriques discours de Hugo, ou les élégies séraphiques de Lamartine ne révèlent pas les mêmes vertus, la même vie secrète et sacrée, la même mélancolie intime, la même foi profonde et sévère que les cris de l’âcre Ézéchiel ou que la soumission de Job, que les contes du bon Saint Mathieu ou que les sentences de David, que toutes les pages des Évangiles ou de la Bible ?
ces grands hommes savaient que poème ou roman, discours ou tragédie, cela était de l’art, et du même art, le seul, celui que tous ils pratiquaient, librement, mais également — et nos contemporains l’ignorent… ou du moins semblent l’ignorer : ils savent qu’ils sont romanciers, ou poètes, ou dramaturges, — mais que ce sont trois métiers différents.
Déjà il avait charmé par ses discours deux générations d’hommes entre lesquelles il avait vécu dans la grande Pylos, et il régnait maintenant sur la troisième119. » Cette phrase est de la plus belle antiquité, comme de la plus douce mélodie.
Le cardinal De Gondi y aïant dit que c’étoit moins la faim que l’amour des parisiens pour le roi qui les obligeoit à traiter, la présence du roi ne put empêcher les jeunes seigneurs, présens à la conference, d’éclater de rire sur le discours du cardinal, qui devenoit véritablement comique par sa hardiesse.
De même dans le Jean Sévère de Victor Hugo : Un discours de cette espèce, Sortant de mon hiatus, Prouve que la langue épaisse, Ne rend pas l’esprit obtus.
Ce n’est donc ni les Girondins, qui furent un tonnerre pour ceux qui aiment le bruit, ni tant de discours éloquents, ni ce qu’on appelle enfin les œuvres politiques ou historiques de Lamartine qui font sa gloire immobilisée, — c’est-à-dire : son immortalité !
Voyez aussi le Discours préliminaire.]
Le Père Aubry la console, et calme le désespoir de Chactas par de magnifiques discours. […] Mais, à vrai dire, elle ne serait pas autrement chrétienne sans les discours du Père Aubry. […] Ses discours, qui semblent involontaires, ont un charme secret et puissant : « Mon père dort ; assieds-toi, écoute… Sais-tu que je suis fée ? […] Et, comme il se sentait fort gêné, il fit un médiocre discours. […] Ce lieu commun inoffensif, c’est la grande hardiesse de ce discours ?
Le sublime tragédien a combattu ce dangereux projet par des discours étonnamment dénués de simplicité. […] Mais, ici, elle se passe en discours — et quels discours ! […] Les fautes de français et les boursouflures des discours de Gambetta me choquaient horriblement. […] Les discours de cette bourgeoise bourgeoisante sont exactement ceux d’une faiseuse d’anges et d’une entremetteuse de profession. […] Il a placé, dans ce milieu de convention romantique, des personnages d’une vérité franche et même hardie ; il leur a prêté des discours d’une poésie subtile et insolente.
» Et, ramassant tout mon courage pour lui débiter le petit discours préparé sur la route, je me retournai. […] Ce petit discours est tout à fait dans le ton de la vieille et bonne hagiographie. […] Il en juge par les discours des réunions publiques. […] Le facétieux se mêle étrangement, dans ces discours, au dogmatique. […] Ce doit être par mépris pour cette forme vulgaire du discours.
On a parodié ou calomnié ses discours. […] Je voudrais retrouver le « poêle » où Descartes, par un prodigieux effort de réflexion, a conçu le Discours de la méthode, ou bien la petite maison d’Amsterdam où ce grand homme méditait tranquillement, pendant qu’autour de lui des gens affairés « exerçaient la marchandise ». […] Il exprimait parfois son étonnement avec une indignation scandalisée ; ou bien il raillait ses jeunes confrères avec cette ironie malicieuse, qui était le sel de ses discours, et qui contrastait si fort avec la sérénité superbe de ses poèmes56. […] Il n’est personne ici-bas qui ne puisse profiter de ses discours et de ses avertissements. […] Les discours de M.
Shakespeare répondit à cet écolier par un fort beau discours sur le christianisme, sur le panthéisme, et sur Plutarque, dont il parla, en termes savoureux, comme fit, depuis, le roi Henri IV. […] Richelieu, lui aussi, a écrit son Discours de la méthode. […] Prendre garde d’arrêter le discours quand le roi boit. » Ces avertissements sont un peu surannés. […] Toutes les Solidaires s’associèrent, comme un seul homme, à l’acrimonie de ses discours ; et plusieurs conférencières promirent, séance tenante, de porter la bonne doctrine dans les provinces. […] Prudhomme sont les armes quasi nationales que nous opposons aux discours où l’on dénonce que tout n’est pas pour le mieux dans le meilleur des codes.
Bossu dans mon premier article sur Milton, j’aurais daté l’action du Paradis perdu du discours de Raphaël au cinquième livre932. » — « Quoique l’allégorie du Péché et de la Mort puisse en quelque mesure être excusée par sa beauté, je ne saurais admettre que deux personnages d’une existence si chimérique soient les acteurs convenables d’un poëme épique. » Plus loin il définit les machines poétiques, les conditions de leur structure, l’utilité de leur emploi. […] Ils réduisent le génie à l’éloquence, la poésie au discours, le drame au dialogue. […] Souvenez-vous que là-bas les femmes vont par plaisir aux meetings et se divertissent à écouter pendant une demi-journée des discours sur l’ivrognerie ou sur l’échelle mobile ; ces patientes personnes n’exigent point que la conversation soit toujours alerte et piquante.
» Crésus, frappé de cette réflexion, et se laissant aisément persuader par ce discours plein de sens, renonça aux préparatifs maritimes qu’il avait commencés ; il fit même un traité d’hospitalité réciproque avec les Ioniens des îles. […] Je resterai ici, et j’aurai soin de veiller à ce qu’il ne manque rien à nos hôtes. » Amyntas comprit, par ces mots, qu’Alexandre avait conçu quelque projet extraordinaire et lui répondit : « Vos discours sont d’un homme que la colère enflamme, et je vois très-bien que vous cherchez à m’écarter pour exécuter un dessein que vous méditez ; mais, je vous en conjure, ne risquez rien contre de tels hommes, si vous ne voulez nous perdre : résignez-vous, et ne vous opposez pas à ce qu’ils voudront faire ; cependant, je me rends à votre avis, et je vais m’éloigner. » « Amyntas s’étant en effet retiré après cette prière, Alexandre dit aux Perses : « Ces femmes sont à vous, soit que vous souhaitiez les avoir toutes à votre disposition, soit que vous choisissiez seulement quelques-unes entre elles ; veuillez seulement nous faire connaître vos intentions. […] Mais aussi, si vous êtes vainqueur des ennemis que vous avez en présence et ensuite de tous les Spartiates, qui jusqu’ici sont demeurés chez eux, il n’est alors aucune autre nation qui ose prendre les armes contre vous, dès que vous vous serez mesuré avec la ville la plus célèbre, avec la plus puissante royauté de la Grèce, et avec les plus braves des hommes. » Xerxès ne voulut ajouter aucune foi à ce discours, et interrogeant de nouveau Démarate, lui demanda : « comment une si petite poignée d’hommes s’y prendraient pour combattre contre toute son armée ?
À la suite de cet envoi, il était passé quelques jours après chez lui et il lui avait, à propos de son sonnet sur un poisson, au milieu de grands éloges, tenu un discours un peu délirant. […] je ne vous le cache pas, je n’ai pas aimé votre discours à l’Académie, et je l’ai dit bien haut…. […] Dimanche 10 décembre Ce soir, on affirmait sérieusement chez Daudet, qu’un populo assistant par hasard à la Chambre, et qui était blessé, avait cru, dans le premier moment, à un feu d’artifice, qu’on avait l’habitude de tirer, dans l’intérieur du Palais-Bourbon, après un discours remarquable.
Incapable de s’élever aussi haut, elle esquissera le geste, elle prendra l’attitude, et, dans ses discours, elle réservera la plus belle place à des formules qui n’arrivent pas à se remplir pour elle de tout leur sens, comme ces fauteuils restés vides qu’on avait préparés pour de grands personnages dans une cérémonie. […] L’entreprise était en effet décourageante : la conviction qu’on tient d’une expérience, comment la propager par des discours ? […] Seulement, ce n’est plus par de simples discours qu’il la propagera.
Alfred Nettement entre en plein dans le sujet de son livre ; à peine est-il débarrassé du roi Louis XVIII, on voit qu’il se sent bien plus à l’aise, et son discours prend une libre allure ; on respire, dans ces pages consacrées au dernier roi de cette dernière race, je ne sais quel intime contentement. […] quelle grâce exquise en ce discours empreint de l’abondance du langage français, ubertatem gallici sermonis , disait un de ces Pères de l’Église3, si chers à M. […] Villemain a fait le jouet de son livre ; il découvre, presque en riant, les lâches subterfuges de ce parjure ( perjurii latebras ) ; il lui prodigue en passant le sel âcre de son ironie et les grâces piquantes de son discours : « Dans ce récit détaillé, Fouché ne supprimait qu’un fait important, son entrée dans le conseil du roi, et sa nomination immédiate au ministère de la police générale ! […] Une distraction, une fête, un plaisir, une soirée, un désir d’ami, une belle voix qui chante au piano, une réunion de beaux esprits et de femmes ajustées à ravir, les discours, les causeries, l’ironie et la vie à cinq ou six amis qui, de temps à autre, s’abandonnent au plaisir de faire bonne chère et de boire à petits coups des vins choisis, ces heures légères durant lesquelles il est impossible de vieillir, M. […] De toutes les nobles passions qui animaient Armand Carrel, il en est une seule que nous ne comprenons pas, la passion politique ; car nous sommes avant tout des artistes et des poètes, nous recherchons la paix et le calme, comme tant d’autres recherchent la foule et le bruit ; nous autres, qui ne comprenons guère à quoi bon ces mouvements furieux qui renversent les trônes et les villes, le tumulte de la place publique ne nous convient guère, le choc des partis nous épouvante, et, dans la plus solennelle réunion politique, nous ne voyons guère qu’une chose, la forme des discours qui se prononcent du haut de la tribune.
Ils parlent à la curiosité comme les Saxons parlaient à l’enthousiasme, et détrempent dans leurs longues narrations claires et coulantes les vives couleurs des traditions germaines et bretonnes : des batailles, des surprises, des combats singuliers, des ambassades, des discours, des processions, des cérémonies, des chasses, une variété d’événements amusants, voilà ce que demande leur imagination agile et voyageuse. […] Sans doute, quand Homère conte, il est clair autant qu’eux et développe comme eux ; mais à chaque instant les magnifiques noms de l’Aurore aux doigts rosés, de l’Air au large sein, de la Terre divine et nourrice, de l’Océan qui ébranle la terre, viennent étaler leur floraison empourprée au milieu des discours et des batailles, et les grandes comparaisons surabondantes qui suspendent le récit annoncent un peuple plus enclin à jouir de la beauté qu’à courir droit au fait. […] Après tout, la seule garantie permanente et invincible, en tout pays et sous toute constitution, c’est ce discours intérieur que beaucoup d’hommes se font, et qu’on sait qu’ils se font : « Si quelqu’un touche mon bien, entre dans ma maison, se met sur mon chemin et me moleste, qu’il prenne garde ; j’ai de la patience, mais j’ai aussi de bons bras, de bons camarades, une bonne lame, et, à certains moments, la résolution ferme, coûte que coûte, de lui planter ma lame jusqu’au manche dans le gosier. » X Ainsi pensait sir John Fortescue, chancelier d’Angleterre sous Henri VI, exilé en France pendant la guerre des Deux Roses, un des plus anciens prosateurs, et le premier qui ait jugé et expliqué la constitution de son pays148. « C’est la lâcheté, dit-il, et le manque de cœur et de courage qui empêche les Français de se soulever, et non la pauvreté149. […] » Et les pourritures arrivent, les pustules, les pestes, les douleurs perçantes : la Mort accourt, « brisant tout en poussière, — rois et chevaliers, empereurs et papes. — Maint seigneur qui vivait pour le plaisir, cria haut, — mainte aimable dame, et maîtresse de chevaliers, — pâma et mourut dolente par les dents de la Mort166. » Ce sont là des entassements de misères pareils à ceux que Milton a étalés dans sa vision de la vie humaine167 ; ce sont là les tragiques peintures et les émotions dans lesquelles se complairont les réformateurs ; il y a tel discours de Knox aux dames galantes de Marie Stuart, qui arrache aussi brutalement la parure du cadavre humain pour en montrer l’ignominie.
Stuart MilJ, Discours sur l’instruction moderne (Revue des cours littéraires, 13 juillet 1867, p. 516-517). […] Ce double exercice est également utile à l’acquisition des mots (thème) et au développement des idées (version)… L’enfant qui annonce le plus d’esprit… doit donc réussir dans la version mieux que dans le thème, et c’est aussi ce qui arrive presque toujours. » Le dernier fait est exact, mais l’explication est superficielle. — Quant aux exercices d’invention (discours, narrations, etc.), ils n’ont à aucun degré la valeur pédagogique dont nous parlons, la pensée, dans leur composition, ne faisant qu’un avec son expression, et, s’ils invitent l’esprit soit à chercher la meilleure expression de sa pensée, soit à faire la critique logique de ses raisonnements, ils ne l’y obligent pas ; avec une mémoire verbale riche et docile, on invente facilement, on improvise sans réfléchir. […] Descartes, Discours de la méthode, II. [Voir Descartes, Discours de la méthode, Paris, Garnier-Flammarion, 1966, 2e partie, p. 44 : « La seule résolution de se défaire de toutes les opinions qu’on a reçues auparavant en sa créance n’est pas un exemple que chacun doive suivre ; et le monde n’est quasi composé que de deux sortes d’esprits auquels il ne convient aucunement.
La politesse bienveillante est le fruit tardif d’une réflexion avancée ; elle est une sorte d’humanité et de bonté appliquée aux petites actions et aux discours journaliers ; elle ordonne à l’homme de s’adoucir à l’égard des autres et de s’oublier pour les autres ; elle contraint la pure nature, qui est égoïste et grossière. […] Lui une fois par terre, et mon discours d’insultes achevé sur son corps… Puis quand mon appétit se sera soûlé sur elle (et, comme je le dis, j’exécuterai la chose avec les habits qu’elle louait tant), je la ramènerai à coups de poing à la cour et à coups de pied à la maison236. » — D’autres ne sont que des radoteurs ; par exemple Polonius, le grave conseiller sans cervelle, « vieil enfant qui n’est pas encore hors des langes », nigaud solennel qui déverse sur les gens une pluie de conseils, de compliments et de maximes, sorte de porte-voix de cour pouvant servir dans les cérémonies d’apparat, ayant l’air de penser, et ne faisant que réciter des mots. — Mais le plus complet de tous les caractères est celui de la nourrice237, bavarde, sale en propos, vrai pilier de cuisine, sentant la marmite et les vieilles savates, bête, impudente, immorale, du reste bonne femme et affectionnée à son enfant. […] Ils le piquent en plein sénat, ils lui reprochent son discours sur le blé. […] Si Racine ou Corneille avaient fait une psychologie, ils auraient dit avec Descartes : L’homme est une âme incorporelle, servie par des organes, douée de raison et de volonté, habitant des palais ou des portiques, faite pour la conversation et la société, dont l’action harmonieuse et idéale se développe par des discours et des répliques dans un monde construit par la logique en dehors du temps et du lieu. […] dans Hamlet le discours de Laërtes à sa sœur, et de Polonius à Laërtes.
Parce qu’il vient d’achever un émouvant discours sur Pascal et que vous le voyez qui montre un feu presque pareil à combattre pour Anatole France, dont les ambitions sont profanes ? […] Avant de passer aux œuvres de Fritz von Unruh qui favorisent son action, c’est-à-dire ses discours, signalons deux drames qui marquent les débuts de sa vocation : Officiers 52 et Louis Ferdinand (de Prusse)53. […] Ses discours ont été réunis en volume, et il est à croire que M. […] Le discours en vers In memoriam Walther Rathenau a été prononcé au Reichstag, le 23 juin 192355. […] Les discours du docteur O’Grady nous font vivre la cinquième année de la guerre, toujours dans une unité anglaise, au mess des officiers.
Il ne s’agirait pour cela que de la limiter à des chois raisonnés qui en feraient quelque chose de rare, tandis qu’on risque fort de voir cette distinction suprême, qui ne devait être accordée qu’à bon escient, ne devenir qu’une sorte d’usage trop général et trop fréquent pour que le cérémonial ordinaire de discours et d’orphéons, dont on l’accompagne, suffise à lui conserver un prestige que ne lui vaudra plus son caractère glorieusement exceptionnel. […] Heredia Deux fort beaux discours ont célébré à l’Académie la mémoire de José-Maria de Heredia. […] Il fut élu à l’Académie française en 1901, et c’est Heredia qui prononça son discours de réception. […] Cet ouvrage fut pour beaucoup dans la découverte de la littérature russe en France, comme le rappellera Régnier dans son discours de réception à l’Académie française en 1912 — puisqu’il se trouve que c’est justement à lui qu’il succèdera. […] C’est d’ailleurs Régnier qui prononça le discours de réception de Boylesve à l’Académie française, en 1918.
XIV Le pasteur faisait en ce moment un admirable discours dont toutes les allusions indirectes tendaient à excuser auprès de l’aubergiste le caractère modeste, timide et sédentaire du pauvre Herman. Ce discours est aussi plein de sagesse que la moelle des Proverbes de Salomon ; c’est l’éloge de la vie rustique opposée aux hasards de la vie agitée et ambitieuse des habitants des villes.
Les épigrammes du côté gauche pleuvaient sur ses vers et sur ses discours. […] « — Oui, Monsieur, reprit-elle, j’ai du plaisir à vous voir, et il faut que cela soit pour que je le dise ; car depuis longtemps mes compatriotes m’ont dégoûtée des voyageurs ; ils se croient en droit de tourmenter mon existence, et aucun Anglais ne viendrait en Syrie sans prétendre examiner ma vie et mes discours.
Mais son œuvre immortelle, ce sont les Tragiques : jaillissement de satire lyrique, à qui rien ne put se comparer, jusqu’aux Châtiments : car les admirables Discours de Ronsard sont plus oratoires. […] La province, comme de juste, suivit un peu plus tard, et l’on connaît la phrase de Chapelle sur les dames qu’il voit en 1656 à Montpellier : « À leurs petites mignardises, à leur parler gras et leurs discours extraordinaires, nous vîmes bientôt que c’était une assemblée de précieuses ».
L’écho des discussions passionnées du temps franchissait parfois les murs de la maison ; les discours de M. […] A la fin, se réveillant et serrant la main du jeune homme : « On voit bien, mon ami, lui dit-il, que ces hommes-là ne font pas oraison. » Le mot m’est dernièrement revenu à l’esprit, à propos de certains discours.
Et passant en revue les autres orateurs, il ajoute : « Par exemple, il ne faut pas les lire, ces discours, oui, ce sont des conférences, d’aimables conférences, dont l’effet ne dépasse pas le troisième jour… Et cependant, messieurs, dit-il, en se levant, l’ambition d’un orateur ne doit-elle pas être de parler pour plus longtemps que ça… de parler à l’avenir ? […] L’homme sort de sa petite voiture, se met sur ses jambes artificielles, embrasse les mains de Lachaud, s’écrie qu’il lui doit sa fortune, que sa femme après lui aura de quoi vivre, que ses enfants seront heureux : un vrai discours, prononcé moitié pleurant.
[NdA] Les discours qui se tenaient dans ces assemblées seraient curieux à connaître ; on pourrait y voir avec certitude, non pas précisément les intentions des chefs, mais les motifs du peuple et des trente mille soldats qui étaient renfermés dans cette ville.
. — Celui-là agira dans son intérêt. » Et du président Jeannin il disait : « Il fera tout ce qui lui paraîtra avantageux au duc de Mayenne. » Les auteurs d’éloges et de discours académiques, Saumaise, plus tard Guyton de Morveau, ont couru un peu rapidement sur ce point, et se sont trop attachés à montrer dans le président Jeannin un ligueur qui avait hâte de sortir de la faction où il avait été jeté, et qui, « sans trahir son parti, en défaisait la cause ».
Il a gardé du rédacteur politique ce mouvement qu’il porte dans l’exposé de ses impressions littéraires et qui donne du courant à son discours.
On a beaucoup admiré les Paroles d’un croyant ; nous n’avons, pour notre part, jamais su goûter ce pastiche apocalyptique, ce genre emprunté à la Bible et qui consiste essentiellement dans le dépècement du discours en versets et dans l’usage de la conjonction et au commencement des phrases, cette prose soi-disant poétique enfin, qui trahit par son ambition même l’impuissance d’écrire un poème véritable.
Les nouvelles Lettres, publiées par l’abbé Perreyve, ont un tout autre caractère que ces trois Lettres ou discours à Emmanuel.
En 1763, Le Brun, âgé de trente-quatre ans, adressait à l’Académie de La Rochelle un discours sur Tibulle, où on lit ce passage : « Peut-être qu’au moment où j’écris, tel auteur, vraiment animé du désir de la gloire et dédaignant de se prêter à des succès frivoles, compose dans le silence de son cabinet un de ces ouvrages qui deviennent immortels, parce qu’ils ne sont pas assez ridiculement jolis pour faire le charme des toilettes et des alcôves, et dont tout l’avenir parlera, parce que les grands du jour n’en diront rien à leurs petits soupers. » André Chénier fut cet homme ; il était né en 1762, un an précisément avant la prédiction de Le Brun.
Mais au fond, depuis la fatale découverte et la perspective mortelle, quelque chose de grave et de résigné, de religieux sans mots ni phrases du sujet, dominait dans sa pensée et se révélait indirectement dans ses discours par une plus grande douceur et une plus grande indulgence de jugement.
.) — Lire aussi sur Jouffroy, dans les Causeries du Lundi, tome VIII, l’article de 1853, intitulé : De la dernière séance de l’Académie des Sciences morales et politiques et du Discours de M.
Sa ferveur catholique le fit fort attaquer par les calvinistes, qu’il ne ménagea pas dans ses divers Discours et Remontrances.
L’auteur des Prédicateurs avant Bossuet, le savant et fin commentateur des Oraisons funèbres et du Discours sur l’histoire universelle, vient de publier, avec introduction, notices et notes, un recueil de textes choisis, de 660 pages, et ces textes ne sont pas de Bossuet !
Cette aimable gayeté compagne de l’innocence & de la liberté animera ses discours, leur prêtera cette fleur naturelle qui annonce je ne sçais quoi d’ingénieux & de solide, & qui unit une clarté pure à une profondeur heureuse.
Ajoutons ce qui est plus important à constater pour les rapprochements que nous aurons à faire, c’est que, dans de telles pièces, l’action est presque tout ; on compte peu sur les discours pour dessiner les caractères, pour traduire les mouvements de l’âme.
À cause que je ne voyais au monde aucune chose qui demeurât toujours en même état, j’eusse pensé commettre une grande faute contre le bon sens si, pour ce que j’approuvais alors quelque chose, je me fusse obligé de la prendre pour bonne encore après, lorsqu’elle aurait peut-être cessé de l’être ou que j’aurais cessé de l’estimer telle. » (Discours de la méthode, 3e partie.)
Ce titre revient quatre-vingt-trois fois dans les Évangiles, et toujours dans les discours de Jésus.
Voir en général les derniers discours de Jean, surtout le ch.
Un jour, les bas officiers du temple, qui avaient assisté à un des discours de Jésus et en avaient été enchantés, vinrent confier leurs doutes aux prêtres : « Est-ce que quelqu’un des princes ou des pharisiens a cru en lui ?
Si l’on marche rapidement, et mieux encore, si l’on court, le ton mental est excité, les gestes et le discours s’accélèrent.
Je me défiais trop de mon éloquence pour m’en rapporter à elle seule de cette justification, et les discours que je faisais tous les jours, pour bien représenter les charmes de son esprit (et c’était le fort de ma défense), me satisfaisaient si peu moi-même, que je voyais bien qu’ils ne persuaderaient personne.
Mais jamais l’un ne se fut immortalisé sans ses Oraisons funèbres, & son Discours sur l’Histoire universelle ; non plus que l’autre, sans son poëme ou roman admirable de Télémaque.
Avec quel art il supplée aux enchantemens de la fable, par des images vraies, neuves, fortes & plus séduisantes qu’elle, par la manière frappante & naturelle dont les êtres moraux sont animés dans leurs discours & dans leurs actions !
… Le caoutchouc n’est pas plus souple… Nous y avons vu Lamartine, Hugo, de Vigny, toute cette phalange intrépide qui avait levé le bouclier contre la littérature que représentait l’Académie ; et même, plus tard, nous y vîmes l’élégant de Musset, avec cet affreux frac vert à palmes jaunâtres, qui paya, lui, pour tous les autres, et à qui Molé, de son doigt de pédant, allongea les oreilles comme à un écolier coupable, dans son discours de réception !
L’Introduction à la médecine expérimentale de Claude Bernard 20 a été, pour les sciences concrètes de laboratoire, ce que le Discours de la méthode de Descartes avait été pour les sciences plus abstraites.
C’est à cette place que l’on situerait par exemple, chez Corneille ou Victor Hugo, les discours sur le poème dramatique, ou William Shakespeare .
Mais, chose curieuse, à l’époque où de maladroits rhéteurs brisaient ces délicats chefs-d’œuvre pour en émailler leurs discours, ce qu’ils cherchaient encore c’était le charme mythologique à opposer au triomphe du christianisme.
Mais laissons ces vaines subtilités, qui ne sont pas plus à leur place dans un discours que dans une dissertation ; passons à des observations plus sérieuses et plus solides. […] Quand il lui arriva de parler en public et de plaider des causes, suivant l’usage de ce temps-là, Sénèque lui composait ses discours, et il fut le premier des Césars qui eut besoin d’un pareil secours. […] de ce discours quel est le fondement ? […] Prenons par exemple le discours de Clytemnestre, qui tombe aux pieds d’Achille pour implorer son secours : Oubliez une gloire importune ; Ce triste abaissement convient à ma fortune. […] Le caractère de cette femme est mêlé de bouffonneries qui le dégradent : d’un côté, c’est une Zénobie assez vertueuse pour rentrer sous les lois d’un époux barbare qui a voulu lui ôter la vie ; de l’autre, c’est une étourdie, une dévergondée très libre dans ses discours, qui se permet, sous l’habit d’homme, des équivoques et des turlupinades contraires à la modestie de son sexe.
Le discours de Bournisien au pied-bot opéré et malade peut faire rire : « Tu négligeais un peu tes devoirs, on te voyait rarement à l’office divin ; combien y a-t-il d’années que tu ne t’es approché de la sainte Table ? […] La scène du conseil est peut-être le tableau le plus saisissant et le plus profond qu’on ait fait d’une assemblée politique ; on peut le mettre hardiment à côté du discours d’Antoine dans Jules César, du récit de la conjuration dans Cinna. […] Il écrivit un discours ». […] La vie de solitaire est une vie en partie double où il y a, comme eussent dit les Grecs, deux discours possibles, un discours d’âme et un discours de chair, celui qui l’exalte et celui qui la ravale, celui du dieu intérieur et celui du diable. […] Voilà le cortège des dieux tumultueux et barbares, avec d’interminables discours.
Je cherche des raisons bonnes et fermes, d’arrivee ; je veulx des discours qui donnent la premiere charge dans le plus fort du doubte. […] Charron estime que ce moyen consiste dans le discours ou raisonnement : « Le discours est maistre des passions ; la premeditation est celle qui donne la trempe à l’ame, et la rend dure, aceree, impenetrable à tout ce qui la veut entamer95. » Ceci est une idée fausse ; le raisonnement n’est pas le maître de la volonté. […] S’il se mesle de parler, ce seront de longs discours, des définitions, divisions d’Aristote. […] Ses discours se recommandent encore par la grande sagesse pratique, la prudence d’un véritable homme d’État. […] Ce monosyllabe retentit incessamment dans ses discours, revient à chaque ligne des lettres qu’il écrit.
Quoique les héros de notre tragédie ne s’épargnent pas les belles tirades, les héros de la scène espagnole, de la scène allemande et même de la scène anglaise débitent encore les discours plus longs et plus soigneusement composés. […] Lui, stupéfait, l’écoute, ne sait que croire, s’abîme dans sa modestie, et, pour peu qu’elle le pousse, se met à envier l’heureuse facilité dont elle débite ses discours et pose ses aphorismes. […] Le pharmacien, le curé, l’aubergiste du Lion d’or n’ouvrent pas une fois la bouche sans que leurs discours soient détachés. […] Les entretiens, qu’il est censé rapporter, tournent d’abord au discours ; on y sent l’imitation forcée des oraisons latines. […] Enfin, en 1754, parut le Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes, par Rousseau, « citoyen de Genève ».
Mais prenez les discours de Périclès, un peu arrangés par Thucydide ; comparez-les avec ceux de Démosthène, et vous verrez quelle différence il y a entre l’éloquence du chef d’un grand peuple et celle d’un chef de parti. […] Ses lois : 1º N’omettre aucun élément de l’humanité ; 2º n’omettre aucun siècle. — Que l’histoire universelle devait commencer par être exclusive. — Que le premier point de vue exclusif devait être le point de vue religieux. — Discours sur l’histoire universelle de Bossuet. […] Le Discours sur l’histoire universelle est d’un théologien ; la Science nouvelle est d’un jurisconsulte ; la Philosophie de l’histoire de l’humanité est d’un grand critique et d’un lettré éminent. […] Nous plaçons au premier rang des écrits de cette époque sur ce grand sujet, celui d’un jeune homme qui étudiait alors en Sorbonne et y composa deux discours en latin sur l’histoire de l’humanité dans ses rapports avec celle de l’Église et sur les immenses services que le christianisme a rendus au genre humain. Il y a plus d’idées philosophiques dans ces deux discours que dans tous les ouvrages de Voltaire qu’ils ont précédés ; et, s’il n’avait pas été enlevé par les affaires à l’histoire et à la philosophie, nous ne doutons pas que le jeune sorbonniste ne se fût assis à côté de Montesquieu.
Ronsard, dans un discours en vers à la reine d’Angleterre Élisabeth, disait, faisant allusion aux malheurs récents de notre pays, d’où le noble blessé se relevait avec une rapidité qui étonnait ses ennemis : Le Français semble au saule Verdissant : Plus on le coupe, et plus il est naissant Et rejetonne en branches davantage, Prenant vigueur de son propre dommage. […] Il essaye de retenir ce jeune emporté si charmant : Ce grand cœur qui paraît aux discours que tu tiens Par tes yeux, chaque jour, se découvrait aux miens ; Et, croyant voir en toi l’honneur de la Castille, Mon âme avec plaisir te destinait ma fille. […] D’ailleurs il eût craint d’avertir par là les spectateurs du changement de lieu, qu’au contraire il essaye d’escamoter, — il l’avoue dans son Examen et dans son Discours sur le Poème dramatique, d’une naïveté si ingénue. […] Mais ces grands traits de lumière, qui percent l’ombre de temps en temps, ne suffisent pas ; il faut un grand intérêt : nulle langueur ne doit l’interrompre ; les raisonnements politiques, les froids discours d’amour le glacent, et les pensées recherchées, les tours forcés, l’affaiblissent. » J’en demande bien pardon à Voltaire, mais dans quel passage de tout ce que nous avons vu jusqu’ici en cette pièce rencontre-t-on aucun des défauts qu’il signale ? […] Genès se présente habillé de vêtements blancs, monte sur un socle qui avait servi à porter une statue de Vénus, et fait le discours suivant : « Écoute, Empereur, et vous tous, écoutez, armée, sages et peuple de cette ville.
Son discours à l’Académie sera plein de certitude et d’infaillibilité. […] Leconte de Lisle montre, dans son discours, quelque dédain de la poésie de ces vieux âges. […] Il a prononcé un excellent discours, M. […] Voici le morceau de Garat : Jamais Danton n’a écrit ni imprimé un discours. […] Je n’exagère pas en disant qu’en ignorant le latin on ignore la souveraine clarté du discours.
L’idée du discours, au fond, est donc celle-ci : Tremblez, si vous ne rentrez au plus vite dans le giron de la foi catholique, tremblez que mon Dieu, au nom de qui je vous parle, ne vous culbute de nouveau ! — La détermination exacte de l’idée de Bossuet et, comme on dirait aujourd’hui, l’actualité de son discours, résident dans toutes ces circonstances. […] » Ce passage, qui naguère encore était inédit, fait partie d’une ébauche de discours sur les Richesses. […] comme il sait sculpter les beaux discours, et la fine dialectique, et les hautes idées morales ! […] On disait que les discours de Démosthènes sentaient l’huile de la lampe.
Jacquemont se lève au milieu de ce tumulte étourdissant ; quelle occasion pour faire un discours de propagande ! mais Jacquemont ne donna pas dans le piège ; il fit un discours libéral et mesuré, tout brillant de métaphores locales qui n’excluaient pas le bon sens, préparé avec une adresse qui s’alliait à la dignité. Nous voudrions pouvoir citer en entier ce speech vraiment remarquable, le citer dans sa langue, avec tout ce luxe de phraséologie orientale, si éloigné de la manière habituellement simple et précise de Jacquemont, mais qui empruntait du climat, du lieu, de la circonstance, un singulier éclat ; nous voudrions reproduire tout l’effet de ce curieux discours ; mais il est fort long ; c’est tout le programme de cette politique libérale et pacifique qu’a suivie la France depuis la révolution de juillet, et qu’une sorte de divination révélait en ce moment à notre jeune compatriote. […] Si Jacquemont a fait un discours politique à Meerut, c’est au grand jour, vous le savez, et il n’avait reçu mission que de son zèle patriotique.
« Cela, c’est l’exposition, très belle, mais un peu en discours. […] Discours du trône. […] Voyons, en effet, le « monstre » de près, et jugeons Marco sur ses actes, non sur les discours que lui tiennent ce jeannot de Raphaël et ce cabotin de Desgenais. […] Nul soin de la vérité dans les pensées, de la justice dans les sentiments, ni de la justesse dans le discours. […] Toujours, dans les comédies de Marivaux (je poursuis mon petit parallèle), un moment vient où, sous les élégants et subtils discours des chevaliers et des marquises, se trahit un sentiment profond, ou même une vraie douleur.
Elle a la peau extrêmement noire et sèche, et a toujours la bouche pleine de salive, ce qui fait qu’en vous parlant elle vous envoie la crème de son discours au visage. » Mais que cela ne vous trouble point. […] Et j’aurais bien voulu, je le confesse avec simplicité, entendre les discours de MM. […] Si le public est bête, vous avez été plus bête que le public, car vous deviez prévoir sa bêtise et y accommoder votre discours. […] Car ces préparatifs de Moricet, ces gestes, ces discours de l’amant… c’est drôle… elle a déjà entendu cela. […] Ses idées ne sont pas originales ; sa parole non plus : mais ses idées sont nobles, et ses discours ont de la majesté.
Dans quel discours de centre gauche voulez-vous faire entrer une phrase comme celle-ci ? […] Cela ressort tellement de la lecture attentive des discours de lui qu’on a eu la folle imprudence de publier, qu’il faut bien en demeurer à très peu près d’accord ; et là-dessus, si l’on me poussait, je ne sais pas si j’atténuerais le jugement de M. […] Et cela suffisait alors ; car tous les discours des Assemblées révolutionnaires, excepté, je crois, ceux de Barnave, furent écrits ; mais encore fallait-il n’avoir pas la voix faible et n’avoir pas peur de la tribune. […] Point du tout « le monsieur en costume décent qui tient des discours honnêtes », comme Joseph de Maistre a défini le pasteur protestant. […] C’est une date qui a été souvent répétée dans les discours des hommes en 1788 et en 1789 ; car c’est, comme vous savez, celle des derniers États généraux qui aient été tenus en France avant ceux de 1789.
Le vers de Racine qu’il doit admirer le plus, c’est celui qui résume le « discours du trône » de Burrhus : Pourvu que, dans le cours d’un règne florissant, Rome soit toujours libre et César tout-puissant. […] Dans le Discours sur l’Inégalité et dans les Notes ajoutées à ce discours, ouvrages d’où les textes précédents sont tirés, il n’a pas été jusqu’aux conclusions de ses raisonnements, et il est revenu comme à mi-chemin de la carrière qu’il avait parcourue. […] Je n’ai pas besoin de dire que le socialisme latent du Discours sur l’Inégalité a irrité Voltaire bien plus encore que celui de Pascal : « Le grand défaut de tous ces livres à paradoxes n’est-il pas de supposer la nature humaine autrement qu’elle n’est ? […] Nous tâcherons d’établir une justice distributive qui consolera notre pauvre espèce et nous vaudrons mieux que les renards et les fouines à qui cet extravagant veut nous faire ressembler. » Ce discours ne serait-il pas plus sensé et plus honnête que celui du fou sauvage qui voulait détruire le verger du bonhomme ? […] Précisément ce que voit très bien Voltaire, comme les Romains, comme son cher Julien (voir le Discours de l’empereur Julien, par Voltaire), c’est que le polythéisme est éminemment favorable au despotisme.
… Alors, écoute… Haletante, elle lui raconta en quelques paroles brèves l’expédition qu’Élysée et elle préparait depuis trois mois, envoyant lettres sur lettres, discours, dépêches, le Père Alphée toujours en route par les villages et la montagne. […] Une voix monta, grave, cadencée, scandant les paroles : sans doute quelque ami du défunt prononçait un discours, lui adressant ses adieux. […] Je signalerai comme un véritable chef-d’œuvre, le chapitre intitulé : « le discours de Chambéry » où le ministre de l’instruction publique, tout en composant son discours, met à mal la jeune personne ; il a bien ses verdeurs, mais tout cela est si finement, si légèrement dit. […] Cardinal est décidé à entrer tout de suite en lutte avec le maire… Il prépare pour la première séance un discours politique… Mais entendons-nous… Ce sera un discours politique sans en avoir l’air, parce que, c’est une bêtise de la loi, les conseils municipaux ne doivent s’occuper que des affaires de la commune… Mais ce serait bien malheureux si, après avoir tant travaillé, M. […] Le véritable caractère national allemand, c’est la lourdeur ; elle éclate dans leur démarche, dans leur manière d’être et d’agir, leur langue, leurs récits, leurs discours, leurs écrits, dans leur façon de comprendre et de penser, mais tout spécialement dans leur style.
Ce jeune et vaillant explorateur n’a pas hésité à camper chez les snobs, afin d’écouter leurs discours, de s’initier à leurs usages et de flétrir leurs vices. […] … Programme d’une fête de pompiers à Deadwood : Musique. — A neuf heures et demie, procession. — A dix heures, prière par un révérend et discours par un juge. — A onze heures, lecture de la Déclaration d’indépendance, par une dame […] Classiques jusque dans nos exubérances, nous pardonnons à Victor Hugo ses métaphores à cause du bel ordre de ses discours. […] J’entends l’intonation de sa voix, les nuances bizarres et troublantes par lesquelles il tâchait de donner de l’importance à ses discours. […] Recherché dans les salons pour la saveur de ses discours, il n’a point, pour les gens du monde, l’horreur insolente de Gyp, de MM.
Discours de réception à l’Académie française. […] Voir : Émile Augier, Discours de réception à l’Académie française, et la Réponse de M. […] Scribe : Discours de réception à l’Académie française. […] Émile Augier : Discours de réception à l’Académie française. […] Discours de réception à l’Académie française.
La parole intérieure a l’apparence d’un son, et ce son est celui que nous nommons parole ou langage : il se compose de deux sortes d’éléments, des voyelles et des articulations ; ces voyelles et ces articulations sont groupées en syllabes, les syllabes peuvent se grouper en mots, les mots se groupent en phrases ; une syllabe est un ensemble de voyelles et d’articulations simultanées ou qui se succèdent avec une continuité parfaite, sans le moindre intervalle de silence ; des syllabes, soit distinguées par l’intonation, soit séparées par un intervalle de silence extrêmement court, forment un mot ; des intervalles plus longs séparent les mots d’une même phrase, de plus longs encore les membres de phrase et les phrases ; les phrases sont, en outre, marquées par des intonations : chaque phrase a son chant propre et sa note finale ; enfin l’intensité du son varie dans le discours, mais entre des limites sensiblement fixes. […] Ces mots dont on peut dire que « toute notre vie passée s’y renferme et se lève avec eux devant nous131 », n’ont un sens si plein que pour l’individu qui les conçoit ; c’est donc dans la parole intérieure qu’ils surgissent à la conscience ; dits à autrui, ils n’auraient pas la valeur qu’ils ont pour nous ; pour la leur donner, il faudrait les commenter, et mieux vaudrait alors les remplacer tout à fait par un discours détaillé et explicite. […] Plus le psychologue persévère dans cette méthode, plus il use de la parole intérieure et moins il est près de la connaître, car elle s’habitue, pour ainsi dire, à son rôle ; elle ne peut devenir objet que par le souvenir, et, pour que le souvenir ait lieu, il faut que la réflexion dialectique fasse silence, c’est-à-dire qu’elle s’arrête, et, avec elle, le discours intérieur qui la traduit ; car l’invention et la reproduction ne peuvent coexister ; toute phrase intérieure nouvelle plonge dans un oubli presque toujours définitif la phrase intérieure qui la précédait dans la conscience.
Sa gloire européenne, l’élégance foncière de ses discours, malgré leur apparente simplicité, ses yeux qui s’animent dès qu’ils se trouvent à un pied d’une jolie poitrine, tout concourt à lui faire passer gaîment ses dernières années, au grand scandale des femmes de trente-cinq ans, Mme la marquise de M…n..r (C…S..l), Mme de P.rr.t et autres qui viennent dans ce salon. […] C’est ce que je disais à Mme de Tracy, qui se fâcha autant que la grâce incarnée peut se fâcher, mais elle comprit peut-être, dès ce jour, que la simplicité énergique de mes discours n’était pas la bêtise de Dunoyer, par exemple. […] « Je vis bien, dit M. de Tocqueville, qu’elle était fort émue, mais son émotion me parut de celles que ressentent les âmes courageuses plus prêtes à se tourner en héroïsme qu’en frayeur. » Mais Lamartine monte à la tribune, prononce un discours qui commence favorablement pour la monarchie et dont la conclusion est son renversement définitif. […] Point de discours ! […] Lui, Joseph, commence déjà sa vie et, dans un superbe discours, définit les devoirs du magistrat ; les lettres l’attirent, le monde même ; par exemple, il a horreur de la musique : « — Elle m’assassine !
Il personnifie dans cette ode Rome dans un vaisseau qui porte les Romains, image neuve et belle alors, devenue banale et usée aujourd’hui dans tous les discours de nos mauvais orateurs et de nos vulgaires publicistes : le temps use les images comme il use tout. […] Les discours en vers de Voltaire sont ce qui ressemble le plus, dans nos littératures modernes, aux épîtres du poète latin : une morale prodigue de préceptes merveilleusement alignés dans ces vers faciles, et des retours personnels sur sa propre vie privée qui font le charme des confidences poétiques.
Discours préliminaire, 1800. […] Discours préliminaire, 1re partie, chap.
… Discours aux étudiants Discours prononcé au banquet de l’association des étudiants le 15 avril 1907 Messieurs, Mes chers camarades, L’honneur que vous faites à celui qui préside votre banquet annuel est toujours très grand.
Il suffisait d’un discours, d’une émeute, d’une conspiration pour changer ces destinées, pour lui imposer la tyrannie ou lui rendre la liberté, pour amener le triomphe d’un parti. […] On a fait à tort à Bossuet l’honneur de le considérer comme le créateur de la philosophie de l’histoire dans ce grand Discours sur l’histoire universelle, qui ne serait que le magnifique développement d’un lieu-commun de théologie, si la science historique de l’antiquité ne s’y retrouvait souvent avec cette haute manière de dire les choses qui n’appartient qu’à Bossuet.
Dans la correspondance qu’il entretient avec lui, Voltaire le tâte souvent, et essaye de l’engager ; en 1760, après la comédie des Philosophes de Palissot, après le discours de réception de Lefranc de Pompignan, et dans ce moment le plus vif de la mêlée philosophique, Voltaire voudrait que Duclos s’entendît avec les amis et surtout qu’il agît en cour pour faire arriver Diderot à l’Académie ; c’eût été un coup de parti en effet, et une éclatante revanche : « Vous êtes à portée, je crois, d’en parler à Mme de Pompadour ; et, quand une fois elle aura fait agréer au roi l’admission de M.
Aux maîtresses elle recommande aussi de n’employer que des mots qui soient bien compris des jeunes intelligences, de ne pas emprunter aux livres qu’on lit les termes qui sont bons surtout pour ces livres, et qui sont de trop grands mots pour le discours commun.
J’ai remarqué plus d’une jolie anecdote, une entre autres, toute littéraire, qui montre que ce n’est pas seulement de nos jours que l’ironie s’est glissée sous un air d’éloge dans le discours d’un directeur de l’Académie française recevant un nouveau confrère.
Il s’attache à quelques phrases polies des discours de réception, crime chez les uns, faiblesse chez les autres ou lâcheté encore ; car il a tous ces gros mots.
Avec une politesse exquise qui excluait toute forme familière et nous tenait à distance l’un de l’autre comme il l’entendait, mais avec une tranquillité d’accent et une manière courtoise, il se mit immédiatement à conduire le discours, et je ne pus m’empêcher de le suivre.
» Ce discours étonna extrêmement tous les spectateurs, et dès le soir même toute la Cour vint faire des compliments à Mme la maréchale de Rochefort (grand-mère de M. de Nangis) et à M. de Nangis.
. ; mais il y a toujours une réserve sur certain chapitre ; elle ne professe certain vice que jusqu’à un certain point, et il faut, dit-elle, ne prendre mes discours qu’en bonne part ; « car mon souhait n’est que civil. » L’honneur, comme elle l’entend (et plus d’une femme l’entend comme elle), reste sauf.
M. de Pradt eût pu atteindre son but avec un peu plus de modération et de prudence dans ses discours, et sous un règne moins contraire aux gens d’Église et moins porté à choisir pour les places les plus élevées des instruments aveuglément soumis. » Nous ne saurions admettre un tel portrait flatté du spirituel et loquace abbé, nous qui vivons depuis assez longtemps pour l’avoir rencontré, à notre tour, et pour l’avoir entendu dans sa vieillesse.
Matuchewitz et rempli de pensées solides et de traits d’une véritable éloquence. » Napoléon, en lisant ce discours, en reçut tout à fait la même impression : ce qui avait paru plus éloquent à quelques-uns et surtout à son auteur, il le trouva mauvais.
Dans le discours que Victor Hugo me fit l’honneur de m’adresser, quand il me reçut il y a vingt ans à l’Académie dont il était alors directeur, il eut à parler de Port-Royal, des personnages célèbres qui s’y rattachaient, des solitaires, et il les montra « cherchant dans la création la glorification du Créateur, et l’œil fixé uniquement sur Dieu, méditant les livres sacrés et la nature éternelle, la Bible ouverte dans l’église et le soleil épanoui dans les cieux. » C’était magnifique, mais à côté ; la description ne se rapportait pas exactement même aux plus grands des Jansénistes, cœurs profonds, mais à l’œil étroit et qui n’osaient regarder en face, la nature ni le soleil.
un des leurs faire acte et profession d’égalité dans un discours solennel de réception !
. — Il n’a pas été bon académicien, quoique ayant consenti à se faire nommer, et il n’a pas eu le courage du discours de réception. — En trempant aussi avant que personne dans les mœurs et dans les licences du jour, il n’a pas su soutenir la gageure ni être jusqu’au bout un hardi viveur comme Maurice de Saxe, ou un libertin de bel air comme Richelieu. — Mélange peu relevé d’homme d’Église, d’homme de guerre, d’homme de plaisir et finalement de dévot ; au demeurant, fort bonhomme, mais un Condé dégénéré.
Dès le début, nommé membre de l’Assemblée par le clergé de son diocèse, il donne son programme dans un discours remarquable, tout pratique, où, sans se jeter dans le vague des théories, il résume les principales réformes et les améliorations qu’il estime nécessaires, et qui ont été depuis en partie gagnées définitivement et conquises, en partie aussi outrepassées ou reperdues.
Cette licence n’est pardonnable que dans la rapidité de la passion…, mais dans un discours médité, cet étranglement me révolte. » Même en vers et dans le sent ment vif, il ne faut pas abuser de l’étranglement.
Il suffit d’un jour où l’on ait pu prêter un appui par quelques pensées, par quelques discours, à des résolutions qui ont amené des cruautés et des souffrances ; il suffit de ce jour pour tourmenter la vie, pour détruire au fond du cœur, et le calme, et cette bienveillance universelle que faisait naître l’espoir de trouver des cœurs amis partout où l’on rencontrait des hommes.
Il faut pour jamais renoncer à voir celui dont la présence renouvellerait vos souvenirs, et dont les discours les rendraient plus amers ; il faut errer dans les lieux où il vous a aimé, dans ces lieux dont l’immobilité est là, pour attester le changement de tout le reste ; le désespoir est au fond du cœur, tandis que mille devoirs, que la fierté même commande de le cacher, on n’attire la pitié par aucun malheur apparent ; seule en secret, tout votre être a passé de la vie à la mort.
On possède beaucoup d’observations faites sur des personnes attaquées de maladies mentales ; mais les autobiographies, les lettres écrites par ces personnes, les sténographies de leurs conversations ou de leurs discours, comme en a publié Leuret4, sont en trop petit nombre.
Et presque toujours ce développement se fait sous la forme dramatique (dialogue ou discours), qui ajoute au comique en faisant vivre et parler l’absurde, en le supposant réalisé.
Madame était épouvantée, et je vous avoue que, quoique je connusse assez Monsieur pour ne me pas donner avec précipitation des idées si cruelles de ses discours, je ne laissai pas de croire, en effet, qu’il était plus ému qu’à son ordinaire ; car il me dit d’abord : “Eh bien, qu’en dites-vous ?
L’éducation par le discours et la notion inculquée se réduit à une mnémotechnie qui laisse peu de traces dans l’esprit de l’enfant.
Voilà matière à discours pathétiques et à morceaux d’éloquence !
Comme Mirabeau, Retz ne pouvait rendre des services à la reine qu’en maintenant son crédit auprès de la multitude ; et, pour maintenir ce crédit, il lui fallait faire ostensiblement des actes et tenir des discours qui sentaient la sédition, et qui semblaient en sens inverse des engagements qu’il venait de prendre.
Au bas de chaque portrait, il avoit accommodé au sujet un petit discours, en forme de prière.
Les principes de l’art de traduire, exposés dans ce discours, sont ceux que j’ai cru devoir suivre dans la traduction que je donne de différents morceaux de Tacite : quelques-uns de ces morceaux avaient déjà vu le jour ; le public m’a paru les avoir goûtés et en désirer davantage ; c’est pour le satisfaire que j’en ajoute ici un beaucoup plus grand nombre ; c’est le fruit de quelques moments de loisir que m’ont laissé des travaux très pénibles et d’un genre tout différent.
Ou bien c’est Apulée qui rassemble, en ses Florides, les « fleurs » de ses plus beaux discours d’apparat, ou encore Aulu-Gelle qui fait de son « magasin de littérature et de grammaire » des Nuits attiques.
Ce qui arrive toujours arrive encore aujourd’hui : nos institutions commencent à modifier nos discours ; c’est une preuve certaine que bientôt elles seront réalisées.
La sienne n’en a pas, elle est empâtée… Dans son Italie des Italiens, titre qu’elle emprunta à un discours du trône de Victor-Emmanuel, elle n’est pas, — il faut en convenir, — tout à fait aussi misérable et dénuée que dans ses romans, mais la faute n’en est point à elle… Pour qui n’existe pas par soi-même, l’histoire qui est quelque chose par elle-même, elle !
Écoutez plutôt le ton de mon discours : Puisse notre voix être entendue des générations présentes comme autrefois elle le fut de la sérieuse jeunesse de la Restauration.
Les deux parties précédentes étaient un discours sur l’amour ; ici, c’est l’amour même que l’artiste dans ces trois chapitres sur le sommeil dans l’amour, la solitude de l’amour, l’amour et la mort, s’efforce, sans abondonner son beau flux oratoire, de réaliser en images et en phrases comme un autre art le formulerait en marbre ou en couleurs, comme Watteau l’a incarné dans cet Embarquement pour Cythère dont M.
(Voir, comme pièces justificatives, le discours du vieux Fabrice, devant le cadavre de la petite Isora. — Ratbert : « M’avoir assassiné ce petit être-là ! […] Il parlait d’une voix profonde aux intonations agréables au possible, et son discours, qui n’avait rien de positivement sententieux, néanmoins se répandait volontiers en conseils familiers, en préceptes loin d’être énoncés comme tels. […] Lui-même, parfois, il riait franchement à tel souvenir qui lui passait par le discours et il y avait quelque chose de comique dans sa physionomie dans ces moments-là : son long nez sur sa longue barbe, le mouvement ascensionnel de sa moustache portée en brosse, le pli profond de sa joue maigre et basanée par la mer de son pays, lui donnaient alors l’air d’un vieux zouave en gaîté. […] En effet, l’éloquence j’ose dire concentrée, laconique quoique prolixe en apparence, par exemple, du fameux monologue d’Hernani, presque tout en petites phrases, celle de la non moins célèbre apostrophe de Ruy Blas aux ministres, pleine de faits pittoresques qui font saillie et ponctuent nettement, on dirait sèchement, la période, les discours trop longs, mais encore mesurés, dans les Burgraves, l’abondance sobre et pondérée des plus beaux poèmes contenus aux Feuilles d’automne et recueils de la même venue, font place, dès les Châtiments, à ces interminables déclamations ronronnantes où la phrase s’énerve dans l’éternité, dans la sempiternité de la virgule, où le sens s’évapore pour ainsi dire, s’affadit et tourne à rien parmi le bourdonnement des mots et des mots encore, dont la surabondance même détruit le relief et trouble la saveur.
Il ne s’agissait pas d’une harangue celtique, mais d’un discours dans la langue latine des Gaules. […] Je n’aspire pas à composer un discours exact et régulier, mais à vous faire part de mes impressions, bien sûr que votre goût m’aidera souvent à les corriger. […] C’est la loi, c’est le tort de tout discours préliminaire. […] Un Abélard, un saint Bernard, ces hommes si admirés de leurs contemporains, et qui, dans un siècle plus heureux, auraient été de beaux génies durables, ne se servaient de la langue vulgaire ni dans leurs lettres ni dans leurs discours publics. […] Ce discours, ce récit mettent certainement les choses sous les yeux avec une vérité de couleur que nul art moderne ne saurait atteindre.
L’excellence d’un orateur politique ou religieux, par exemple, se mesure non seulement à la qualité de ses discours, mais aussi et peut-être d’abord à leur quantité, on, pour mieux dire, à la puissance active, utile et féconde dont cette quantité est le signe. L’auteur d’un discours unique, ce discours fût-il une merveille, n’aura jamais, comme le fameux Lord Singlespeech, que la réputation d’un avorton de l’éloquence. […] Cicéron a près de vingt siècles, et Démosthène vingt-trois ; aussi continuera-t-on de publier, de lire, de commenter et d’admirer les Philippiques et les Catilinaires, pendant que les beaux discours prononcés au barreau ou à la tribune française « ne sortiront pas des colonnes du journal du lendemain. […] Des deux cent trente-trois discours authentiques de Lysias il en reste une trentaine, et des six cents tragédies grecques mentionnées tout à l’heure, trente-deux, et des trois cent cinquante poètes tragiques, trois. […] Après tout, il n’était pas nécessaire que la grande situation de Bossuet dans l’histoire fût occupée, à défaut de lui, par quelqu’un, et la rigueur logique que certains philosophes aiment à retrouver dans l’enchaînement des faits littéraires ne peut sans doute aller jusqu’à prétendre que le Discours sur l’histoire universelle et le Sermon sur l’unité de l’Église devaient être produits.
Ainsi, non seulement seraient montrées mes parfaites intentions d’impartialité, mais encore ne seraient pas passés sous silence des poètes de valeur que la nécessaire rapidité de mon discours personnel m’avait obligé d’omettre. […] Ce n’est point que le discours tragique ou comique ne puisse être une poésie en effet, mais ce doit être une poésie particulière, et qui, autant que ses sœurs lyrique, épique, capable de beauté, use, pour atteindre à l’idéal commun, de moyens qui ne sont pas les leurs et qui lui appartiennent en propre. […] Et ce furent les États Généraux, les Cahiers, les frontières défendues dès qu’elles furent conçues, le discours révolutionnaire, les belles lois justes, la joie de naître, l’insouciance de tuer, le meurtre absous par l’acceptation de mourir et une innocente bannière de fraternité suivie par les effrayantes émeutes aux gestes rouges de sang ! […] Droz, — « le moins épigrammatique des hommes », dit Sainte-Beuve, — qui apprécia ainsi le discours de réception de l’auteur d’Éloa à l’Académie française : « M. de Vigny a commencé par dire que le public était venu là pour contempler son visage, et il a fini en disant que la littérature française avait commencé avec lui. » Elle n’avait pas commencé avec lui, non, mais elle se continua par lui, noblement et magnifiquement. […] Il est donc bien certain que je n’ai pas rédigé moi-même le discours que je vais vous tenir ; mais il fut composé par des poètes, âgés de dix-huit avrils, qui me l’apprirent et m’engagèrent à le réciter devant vous, parce que ma voix est aussi délicieusement susurrante que la brise de mai entre les roseaux de l’Eurotas ou que la voix de Mademoiselle Aventurine Meyer, des Bouffes-Parisiens. » Puis,-ce discours, elle le dirait, mélodieuse : « Inventeur d’odes étincelantes, vous qui lancez au loin la double flèche des rimes d’or, « Le plus grand des musiciens de tous les temps, en parlant de Balzac, avait coutume de dire : “Homère de Balzac” ; c’est pourquoi nous vous nommons Orphée de Banville !
Il y a des choses qu’on ne comprend pas du tout si on ne l’a lu et, sans aller plus loin, les Discours sur le poème dramatique et les Examens du grand Corneille. Les Discours et les Examens sont une réplique du tac au tac à La Pratique du théâtre. […] C’est la différence entre un professeur qui fait son cours et le même professeur qui fait un discours de distribution de prix. […] Faisant un discours de distribution au milieu des notabilités, il est distrait par le souci de ramener à lui l’attention qui se disperse. […] À cela près, mon fils, vous êtes propre à tout. » Ce discours me surprit sans m’ôter le courage.
On conserve à Pézénas un fauteuil dans lequel, dit-on, Molière venait s’installer tous les samedis, chez un barbier fort achalandé, pour y faire la recette et y étudier à ce propos les discours et la physionomie d’un chacun. […] Il avoit les yeux collés sur trois ou quatre personnes de qualité qui marchandoient des dentelles ; il paroissoit attentif à leurs discours, et il sembloit, par le mouvement de ses yeux, qu’il regardoit jusqu’au fond de leurs âmes pour y voir ce qu’elles ne disoient pas. […] Cependant je sens bien que je finis. — La Molière et Baron furent vivement touchés du discours de M. de Molière, auquel ils ne s’attendoient pas, quelque incommodé qu’il fût.
L’enfant, dès onze ou douze ans, prononçait des discours au club. […] Aucun autre discours de récipiendaire ne respire peut-être, à l’égal du sien, l’expansion sentie de la reconnaissance.
Que pouvait-il y avoir de commun entre un jeune soldat qui venait d’étouffer la dernière étincelle de liberté représentative dans son pays, et qui méditait déjà la suppression du Tribunat, comme il avait accompli l’asservissement par l’épée du Corps législatif, et le tribun aristocratique et quelquefois démagogique de l’Angleterre, qui avait inoculé par tous ses discours les doctrines et même les anarchies de la Révolution française à son pays ? […] Les motifs du premier Consul sont révélés par lui-même dans une allocution à son conseil d’État du 3 germinal, allocution rapportée en ces termes par le conseiller d’État Miot, témoin du discours et ami de la famille Bonaparte.
De là, son éloquence intime, la plus pénétrante et la plus palpitante des éloquences, au lieu de l’éloquence extérieure qui fait plus de bruit que d’émotion ; un Démosthène de solitude, dont la parole a le charme de la confidence au lieu de l’apparat du discours ; un séducteur à voix basse, qui corrompt son élève sous prétexte de lui confesser lui-même ses honteuses immoralités. […] (Discours à l’Académie de Dijon.
VI Quant à la question de l’esclavage, noble bannière de leur guerre actuelle, on sait ce que cette cause signifie chez eux par cette phrase du discours de leur président : M. […] Je ne sais quel bon sens sauvage et naïf animait ses discours rares et pleins de justesse, de modération et de feu.
Girdlestone : Ouv. de Tannhæuser ; lied des Maîtres ; lied ; prière d’Elisabeth ; discours de Pogner ; duo du 3e acte de Lohengrin ; prél. de Lohengrin ; chant d’amour de la Walküre ; romance de l’Etoile ; ballade de Senta ; lied ; Air de concours de Walther. […] Le Mot est, pour l’exposition dramatique, ce qu’est le Motif pour la musique. — L’Acteur : il trouve, dans la musique, la révélation de l’essence des caractères et des situations, et, en même temps, un commentaire perpétuel pour son jeu ; où le Motif s’intercale dans un discours, de façon à compléter la phrase, le chanteur doit s’identifier par le Geste avec la Parole musicale. « C’est dans de tels moments, que le Drame et la Musique révèlent, de la manière la plus saisissante, leur intime connexité ».
Mais nous savons que jamais les vers d’un poète, pas même de Schiller et de Goethe, ne pourraient donner à la musique cette précision qu’elle demande ; seul peut la donner le Drame, et non point, certes, le poème dramatique, mais le Drame se mouvant réellement devant nos yeux, l’image devenue visible, de la Musique, où les mots et les discours appartiennent, seulement, à l’Action, non point à la Pensée poétique. […] 15 Juin Concert Richter : Sc. fin. de la Walküre ; discours de Pogner (M.
À la fin une avalanche de discours, que termine un très bon discours rageur de Fourcaud, dit avec la colère d’un timide.
Ce soir, il nous entretenait du discours de Gambetta à l’École polytechnique de Bordeaux, de son discours au Mans applaudi par deux larmes coulant sur la figure de l’amiral Jauréguiberry, de ses speach, à la portière des chemins de fer, où soudainement réveillé, il trouvait des paroles superbes pour les vingt ou trente personnes, réunies sur la voie.
Le symbolisme des discours de Schahabarim et des hymnes de Salammbô est au fond de l’œuvre de Flaubert. […] Que l’on rapproche de cette réflexion, le désacord fréquent noté plus haut entre l’expression et l’exprimé, notamment dans les réalistes où les mots sont sans cesse au-dessus des choses ; enfin que l’on tienne compte de ce fait extraordinaire que Flaubert à écrit les œuvres les plus diverses avec le même style, que sa Lettre à la municipalité de Rouen est conçue comme le discours de Hanon dans le temple de Moloch, qfle Frédéric Moreau parle de Mme Arnoux comme saint Antoine d’Ammonaria ; il paraîtra évident qu’en Flaubert, au-dessus de la division fondamentale de son esprit également sollicité par le beau et par le réel, une tendance supérieure et unique existait, celle d’assembler en une certaine forme de phrase, certaines catégories de mots.
Le Moyen Âge (842-1498) [Discours] I « J’ai eu l’occasion — a dit quelque part un historien philosophe — d’étudier les institutions politiques du Moyen Âge en France, en Angleterre et en Allemagne ; et, à mesure que j’avançais dans ce travail, j’étais rempli d’étonnement en voyant la prodigieuse similitude qui se rencontre en toutes ces lois ; et j’admirais comment des peuples si différents et si peu mêlés entre eux avaient pu s’en donner de si semblables. » [Tocqueville, L’Ancien Régime et la Révolution, livre I, chap. […] Le Roman de Jean de Meung ; — et que le poète n’a vu lui-même dans cette partie de son œuvre qu’une saillie de jeunesse ; — dont la signification n’est ainsi que plus caractéristique. — En respectant la fiction et le cadre de Guillaume de Lorris, Jean de Meung y introduit des intentions marquées de « satire sociale » et de « philosophie naturelle » ; — dont les premières le rapprochent des auteurs des « branches » additionnelles du Roman de Renart ; — avec lesquels il a encore de commun la violence de son langage, — et la licence de ses discours. — Ses intentions de « philosophie naturelle » semblent lui être plus personnelles ; — quoique d’ailleurs on puisse les rapprocher de la philosophie, très inconsciente, à la vérité, des auteurs de nos fabliaux.
Fauriel, en citant tout ce passage, a dit : « Ce qui me frappe le plus dans ce discours, ce n’est pas d’être pathétique et naturel, c’est d’être, et d’être éminemment ce que nous ne saurions mieux exprimer que par l’épithète d’homérique. » L’expression est si juste que, dans ce qui suit, on est forcé encore de se ressouvenir de Virgile et surtout d’Homère, et des noirs sourcils du roi des dieux, dont un mouvement fait trembler tout l’Olympe.
Son discours est d’un héros pieux.
Sa mémoire est riche en images que son imagination embellit ; son discours est plein d’enthousiasme ; il ne récite pas, mais il peint.
L’ennuyeux, tout en continuant son discours, l’avait saisi par un bouton de son habit : Bonstetten reculait toujours.
Un jour douze cents Espagnols incorporés dans la grande armée désertent et arrivent au camp russe gelés, affamés ; on les traite en amis, on les caserne par ordre de l’empereur de Russie, et dans les plaines de Czarko-Zélo, le ministre d’Espagne en résidence à Pétersbourg leur fait prêter serment à leur souverain Ferdinand VII, à la Constitution et au Roi, c’est la formule : le ministre d’Espagne, dans un discours très chaud, célèbre le prix inestimable de la liberté civile.
ce savant éclairé, de plus de sagesse et d’étendue que de vigueur, manque aussi d’invention dans le style et de nouveauté dans le discours ; là non plus il n’est pas créateur ; il n’a pas le génie ni même le talent de l’expression ; il n’en a que la clarté, la netteté et l’élégance connue et prévue.
Montausier qui, sous ses vertus de Caton et sous le manteau de duc et pair, avait un arrière-fond de pédant et une dureté de cuistre, eut beau déployer et briser sur son élève le fouet et la férule, — Bossuet, qui assistait aux coups sans mot dire, eut beau écrire pour lui les traités les plus relevés et les plus magnifiques discours, — au lieu de le stimuler par aucun moyen, on n’était parvenu qu’à l’assommer et à le rebuter, pour le reste de sa vie, de toute noble application de la pensée.
Le gigantesque auquel il s’échappait dans l’action se contient dans le discours, maintenant que la tentation prochaine ou éloignée n’y est plus.
Ce que je sais, comme spectateur et témoin des mouvements et variations de notre temps, c’est que la plupart des idées et des réformes indiquées étaient depuis longtemps dans la pensée et dans les discours des hommes éclairés qui s’occupaient le plus de beaux-arts en dehors des Académies, et qu’elles venaient, bien qu’un peu tard, réaliser des vœux qu’ils n’avaient cessé d’exprimer.
Napoléon, dans une audience publique à Milan (juin 1805), fit une scène à l’envoyé extraordinaire de la reine, chargé de le complimenter, et la dénonça avec une colère calculée comme une furieuse ennemie de la France : « Si après tant d’années de règne elle ne sait pas mettre du calme et de la modération dans sa conduite et dans ses discours, le vaisseau anglais qu’elle tient dans la rade de Naples ne la sauvera pas. » Après de telles injures, l’ulcération, des deux parts, devint incurable.
Seulement je ne comprends pas encore pourquoi le poëte a fait précéder sa consultation par cet incroyable discours dans lequel un ami, en sa qualité de peintre apparemment, se met à décrire tous les sites des environs.
C’est que ce brillant et ce beau appartiennent tantôt à Platon, tantôt à Pindare, tantôt même à Boileau et à Racine : Rousseau s’en est emparé comme un rhétoricien fait d’une bonne expression qu’il place à toute force dans le prochain discours.
Pour y être admis, il faut deviner une énigme, répondre à une question morale, faire un discours sur une vertu.
Il mourut trop tôt pour avoir eu le temps d’être autre chose qu’un amateur, ne laissant que quelques écrits d’un talent inégal et peu mûr, des Discours, des Caractères, des Réflexions, que complète son émouvante correspondance avec le marquis de Mirabeau et Fauris de Saint-Vincent.
Constant prépare en janvier 1800 le discours où il dénonce au tribunal l’aurore de la tyrannie.
Rien ne peut lui plaire », — et, sans prendre seulement la peine de feuilleter le petit volume, il me tint à peu près ce discours : « Jamais on n’a écrit autant de Pensées que dans ces derniers temps : Petit bréviaire du Parisien, Roses de Noël, Maximes de la vie74, Sagesse de poche, sans compter les nouvelles maximes de La Brochefoucauld dans la Vie parisienne.
Regardons les créateurs modernes : tous nous donneront un exemple de sobre tenue, de pauvreté fière et nette, de vie travailleuse, ordonnée, saine, de discrétion dans le geste et le discours, d’élégance et de distinction nées du seul sentiment de porter en soi une grande âme.
Comment, monsieur, mon discours vous aurait-il ému ?
Comme Rousseau lui expédiait son second Discours (contre le progrès et la civilisation), Voltaire lui répondait : « On n’a jamais employé tant d’esprit à vouloir nous rendre bêtes. » L’éloge serait exagéré si on le copiait à l’adresse de M.
Discours de Théophraste.
Ainsi le comique se glissait dans le sérieux de ses discours.
Voilà le précis du poëme ; il est long et ne dit pas tout : mais on trouvera semées dans les notes les idées qui manquent ici ; l’application en sera plus facile et moins éloignée que si on les eût fait entrer dans ce discours préliminaire, et qu’il eût ensuite fallu les transporter et les appliquer de mémoire, en lisant le poëme.
Feuillet près de son lit ; ce bon religieux voulait lui parler et se perdait en longs discours.
— Le moraliste pourrait ainsi prolonger longuement son discours.
En d’interminables soliloques en de lentes conversations où chaque interlocuteur prononce des sortes de discours, sans cesse la même face d’une âme est montrée, en ses détails, il est vrai, infiniment menus.
Ce discours du vieil Horace, dit Voltaire, est plein d’un art d’autant plus beau qu’il ne paraît pas : on ne voit que la hauteur d’un Romain et la chaleur d’un vieillard qui préfère l’honneur à la nature ; mais cela même prépare le désespoir que montre le vieil Horace dans la scène suivante, lorsqu’il croit que son troisième fils s’est enfui.
Les discours que le grand Corneille fait tenir à Cesar dans la mort de Pompée sont une meilleure preuve de l’abondance de sa veine et de la sublimité de son imagination, que l’invention des allegories du prologue de la toison d’or.
Duchesne écrivit un jour qu’Henry d’Audigier avait manqué ses classes à l’École normale, et que, vu sa faiblesse notoire, il se faisait confectionner ses versions latines et ses discours français par toi ou ton copin Sarcey.
Sans doute, le rêve d’un écrivain sera d’être compris, jusqu’aux nuances les plus secrètes de sa pensée, par une intelligence sœur de la sienne ; mais ce rêve n’est point incompatible avec celui d’être lu par la foule, de parler à l’âme d’un pays, ne fût-ce que par une page, par une phrase reproduite dans les journaux, citée dans des discours, traduite dans une chanson, et possédée et gardée ensuite par des milliers d’êtres humains dans le trésor des vérités acquises.
Si l’on est toujours noble, on ennuie et on finit par avoir l’air d’un charlatan ; il faut dans le discours que la familiarité vienne tempérer la noblesse, reposer l’auditeur et accréditer l’orateur.
Ce dernier sens serait plus raisonnable, sans doute ; mais toute la suite du discours ne permet pas même de soupçonner que M. de La Harpe ait eu une autre intention que celle de vanter nos progrès dans l’art dramatique : aveuglement bien étrange de la part d’un littérateur aussi judicieux ! […] Tout ce discours n’est que du galimatias ; les vrais sauvages sont plus éloquents, plus nerveux, plus précis : et voilà ce qu’on voudrait nous faire admirer ! […] Tout ce qu’on entrevoit à travers d’éternels discours, c’est que Tancrède, chassé de Syracuse dès son enfance par une faction, est proscrit de nouveau par un décret ; que ses biens sont confisqués au profit de son ennemi Orbassan, lequel se dispose encore à hériter de sa maîtresse Aménaïde, et tout cela pour l’intérêt de la patrie et le bien de la paix. […] Le vice radical de la pièce est l’exagération et l’endure continuelle d’un tas de discours inutiles. […] Quoique né sur les bords de la Seine, l’auteur avait dans ses discours et dans ses écrits l’accent de la Garonne : Tout a l’humeur gasconne en un auteur gascon.
À la cour de la duchesse, après avoir raconté toutes les folies de son maître, il termina son discours par ces paroles admirables : « Eh bien ! […] Un traité de morale, un sermon, un discours politique peuvent et doivent présenter cet enchaînement artificiel de pensées ; mais la nature ne connaît pas ces liens rigoureux et étroits, et l’art est fils de la nature. […] Quels admirables cantiques de triomphe pour les fêtes de saint François d’Assise et de saint Dominique on détacherait des discours de saint Thomas d’Aquin et de saint Bonaventure ! […] Comme il va aux entrailles par exemple, le discours par lequel, sous la pluie de feu, il salue son vieux maître Brunetto Latini ! […] Tout ce que j’ai vu de caractères mélancoliques et entendu de discours splénétiques portaient le même cachet d’ironie amère, calme, méprisante et un peu brutale.
Si j’avais le loisir d’apprendre en détail, comme je le voudrais, l’histoire du monde, je préférerais à la lecture, d’ailleurs si profitable, du Discours sur l’histoire universelle de Bossuet, un voyage avec Bonvalot, qui est le plus suggestif des guides, et qui excelle à noter, dans les pays innombrables qu’il a parcourus, les détails qui peuvent nous donner quelque idée de tel ou tel degré du développement humain. […] Après quoi, le père Chérubin crut devoir prononcer une allocution pour mieux faire comprendre à l’assemblée le discours de Son Altesse Sérénissime. […] Ces hommes ne sont pas des animaux… Je vous assure que jamais discours de Démosthène, plaidoyer de Cicéron, harangue de Gambetta, n’eut un succès plus efficace que ces simples paroles d’un homme excellent. […] Millerand, fut un brillant écolier, couronné au concours général pour l’harmonie de ses vers latins, la rondeur de ses périodes cicéroniennes, la sonorité de ses discours français et l’excellence de ses thèmes grecs, M. […] L’Église catholique romaine, si longtemps titulaire et maîtresse du gouvernement des consciences, a compris elle-même quelquefois, que l’immobilité est une cause et un signe de mort, que les « variations » dans l’attitude, dans le discours, jusque dans la doctrine ne doivent pas, malgré l’autorité de Bossuet, être considérées comme des scandales.
On croit entendre le discours qui coule de ses nobles lèvres, avec une gravité didactique. […] tu l’arrêtais par tes paroles pleines de bonté, par tes discours affables ? […] Comme il enseigne au tyran, dans le livre du Prince, l’art d’asservir le peuple, il apprend au peuple, dans les Discours sur Tite-Live, l’art de renverser le tyran. […] Je savois bien qu’elles étoient des friponnes, des intrigantes, des ravaudeuses, des brodeuses, des bouquetières ; mais je ne croyois pas qu’elles fussent des empoisonneuses. » La terre trembla à ce discours ; tous les dévots furent en campagne. […] Ses discours ont bien contribué à son malheur, et à sa fin tragique. » Elle dit ailleurs : « Le comte de Mauselle (Mansfeld ?)
J’ai eu tort de ne pas dire mon discours sur les abîmes de l’infini et le passé des peuples ; on a trop regardé cette jeune musicienne qui a fait tant de mines… Voilà Hugo, un comédien de poésie, un esprit masqué où rien n’est sincère, pas même la vanité. […] Le livre des Contemplations n’est pas un livre de vieillesse, c’est l’œuvre type d’Hugo, c’est son cœur ; depuis vingt ans tout son être y est inscrit, on y retrouve Ruy Blas, Lucrèce Borgia, le Roi s’amuse, Notre-Dame de Paris, les discours de 1848, plus des systèmes éclos à Jersey, et les joies et douleurs particulières à l’homme ; mais rien n’est changé à ce qu’on en connaissait. […] Chacun se dispersa sous les profonds feuillages ; les folles en riant entraînèrent les sages ; l’amante s’en alla dans l’ombre avec l’amant ; et troublés comme on l’est en songe, vaguement, ils sentaient par degrés se mêler à leur âme, à leurs discours secrets, à leurs regards de flamme, à leur cœur, à leurs sens, à leur molle raison, le clair de lune bleu qui baignait l’horizon. » Il m’est assez indifférent qu’Hugo fasse bien les vers ; un jour de l’an, quand j’étais enfant, je m’inquiétais beaucoup des bonbons et peu du sac. […] Nous arriverons bientôt, du reste, à des poésies telles, qu’il ne sera pas nécessaire de les comparer à d’autres pour en montrer la faiblesse. — En poésie comme en prose il devrait y avoir des lois de raison et d’intelligence qui ne permettent pas de parler outre mesure, de faire des fautes de discours, de langage, de proportion, etc. […] On s’imagine qu’ils parlent de littérature et d’arts : pas du tout ils font de la politique, des discours légitimistes ou orléanistes contre Balzac ou contre le Réalisme qui en est bien étonné, n’ayant aucunes prétentions à fonder un gouvernement ou à reconstituer la société… mon Dieu, non !
On se complut à y admirer les vertus germaniques, l’esprit religieux, la bonhomie des ancêtres, déjà si bien représentés dans Gœtz de Berlichingen ; on répéta avec enthousiasme l’éloge du Rhin et le discours patriotique d’Hermann au IVe chant. […] Son désespoir sera profond, on le comprend à ses discours. […] Discours enthousiastes, fraternité chaleureuse, rêves splendides, rien n’y manqua. […] Quand bien même, ce que nous nous refusons à entendre, Dieu serait un obstacle aux progrès d’une nation, Dieu est loin, et les débats de la Chambre des Seigneurs à Berlin, des discours comme ceux qu’on y tenait récemment sur la sainteté des privilèges féodaux, nous révèlent des obstacles plus immédiats et qu’il serait peut-être plus utile et plus glorieux de vaincre. […] Son discours devenait de plus en plus violent. « Et vous aussi, vous appartenez à la race déchue ; vous avez succombé à la tentation, et cependant vous ne reconnaissez point vos péchés, et vous ne les avez point devant vous.
Je fais une espèce de discours sur la jalousie. […] Ce discours achevé, discours qui, pour la première fois de ma vie, rend fidèlement ma pensée, je vous embrasse et j’attends la réplique. […] Alors on fait un grand discours en trois points, bourré de conclusions qui prouvent toutes que notre société est pourrie et que l’immoralité de la nation française est telle que ce qui se peut très bien ailleurs ne se peut pas du tout en France. […] Je lui ai donné les noms de Louis-Jules-René-Marie et le curé a fait un discours, disant que ce bébé de quatorze ans est maintenant sous ma protection et que je suis sa mère spirituelle.
Un discours sur l’Éducation, prononcé par Delille, en 1766, à une distribution de prix du collège d’Amiens, marquerait, au besoin, combien peu d’idées la prose fournissait à l’élégant diseur dans un sujet déjà fécondé par l’Émile. […] Voir au Discours sur la Critique, premiers Mélanges, une des plus jolies papes qu’on ait écrites sur Delille.
Cet homme d’esprit, qui manquait de plusieurs sens, se croyait fort en état de juger des diverses sortes de peintures, et en particulier de celles de l’amour : « Les anciens, dit-il dans son discours sur l’Églogue, n’ont guère traité l’amour que par ce qu’il a de physique et de grossier ; ils n’y ont presque vu qu’un besoin animal qu’ils ont daigné rarement déguiser sous les couleurs d’une tendresse délicate. […] Nous en sommes au moment où Delphis prend la parole ; et quoique ce soit Simétha qui nous le traduise, quoiqu’on nous rendant son discours elle continue certainement de le trouver plein de séduction et tout fait pour persuader, il nous est impossible, à nous qui sommes de sang-froid, de ne pas juger que ce beau Delphis était passablement fat et qu’il ne s’est guère donné la peine de paraître amoureux.
Soit que l’empereur parle en souverain ou en chef de la littérature, il tâche de s’appuyer sur l’autorité de ce livre ; il se fait gloire d’en entendre le sens le plus caché ; il ne dédaigne pas de prendre le pinceau lui-même pour le copier et le commenter ; il y prend ordinairement le texte des discours qu’il adresse aux grands, aux princes, aux peuples de son empire. […] Après ces premiers chapitres viennent ceux des mots, c’est-à-dire des phrases de quelques mots qui font proverbe, sentence, etc., qu’on cite ou auxquels on fait sans cesse allusion dans les ouvrages de littérature, soit en prose ou en vers, et on donne l’explication de chacune en citant l’anecdote, le discours, la circonstance où elle a été dite, à peu près comme si l’on racontait comment et à quelle occasion César dit son Veni, vidi, vici , ou bien le Tu quoque, mi Brute !
Quoique passionné admirateur de la rapidité de Salluste, cependant la sublimité du sujet et la majesté des discours de Tite-Live me frappèrent vivement. Ayant lu dans cet historien la mort de Virginie et les discours enflammés d’Icilius, j’en fus si transporté qu’aussitôt l’idée me vint d’en faire une tragédie ; et je l’aurais écrite d’un trait, si ne m’avait troublé l’attente continuelle de cette maudite felouque dont l’arrivée serait venue m’interrompre dans le feu de la composition.
Ce sujet m’avait paru tout aussi peu que la Bible ou tout autre fondé sur un amour incestueux de nature à être traduit sur la scène ; mais tombant par hasard, comme je lisais les Métamorphoses d’Ovide, sur ce discours éloquent et vraiment divin que Myrrha adresse à sa nourrice, je fondis en larmes, et aussitôt l’idée d’en faire une tragédie passa devant mes yeux comme un éclair. […] Toutefois nous ne pouvons douter que le comte ne fût prêt pour ce terrible passage, dont la pensée lui était si présente que très souvent il y revenait dans ses discours.
C’est la femme politique, suivant avec passion les débats du Parlement, buvant les discours des orateurs, écrivant au besoin un article sur les affaires publiques. […] Elles répondent aux théories doctrinaires, à toute cette littérature politique et historique qui s’épanouit en gros livres, en discours, brochures et innombrablables articles de journaux.
IV « … Et lorsque le discours est écrit, il erre par le monde : parmi ceux qui le comprennent et parmi ceux à qui il ne s’adressait pas et qui ne peuvent le comprendre. » Platon J’ai parlé des circonstances extérieures qui ont accompagné la conception et la création de Tristan et Isolde ; et en mentionnant la littérature dans laquelle l’auteur a puisé le sujet et l’emploi qu’il en a fait, je crois être resté strictement dans les limites de ce même cadre. […] Car il y a ici toute une gamme : depuis la phrase du bon Kurwenal, qui toujours est fortement accentuée par une allitération identique à celle du Rheingold, et qui n’a que deux ou trois rimes, et celle de Brangaene aussi sans rimes et toujours allitérée. mais d’une façon beaucoup plus discrète, à celle du roi Marke, qui est en elle-même une gamme entière et qui nous conduit ainsi à celle de Tristan et d’Isolde, Le discours du roi Marke au second acte est particulièrement instructif ; car il exprime toute une série d’émotions et la phrase s’y plie merveilleusement.
» dirent-ils, prosternés sur le pavé de la crypte, « fais-nous une réponse meilleure, sinon nous ne quitterons plus ton sanctuaire, mais nous y resterons et nous y mourrons. » Cette fois, la Pythie s’adoucit sans se rétracter ; elle commua son arrêt de mort en énigme, un vague regard de pitié passa sur les yeux funestes du « Loucheur », comme on appelait l’Apollon delphique — « Athéné ne peut fléchir Zeus Olympien, — qu’elle supplie par de nombreux discours, de prudents conseils. — Mais je te donnerai cette assurance solide comme le diamant. — Quand tout sera subjugué dans la terre de Cécrops, — y compris les cavernes du divin Cithéron, — Zeus accorde à Athéné que des murs de bois — seront seuls imprenables. […] Démosthènes méditant, contre le despote de la Perse, les discours qu’il lança sur le tyran de la Macédoine, n’aurait harangué que la mer.
Pareilles réponses venues de la pensée Etrangère se rapprocher des constatations d’une tendance progressive et de réalisations plus ou moins caractérisées en France, suscitent peut-être un avertissement de sanction… Et, c’est hier qu’en son discours de réception à l’Académie, M. […] René Ghil revendiqua fièrement, en un discours sensationnel, la genèse et le développement, en son œuvre, de quasi toutes les préoccupations poétiques inscrites au programme ».
Il disait à Judith, ces jours-ci, dans une visite où il se sauve de son chez lui : « Si nous conspirions un peu, pour faire revenir les Napoléon, alors, n’est-ce pas, nous retournerions là-bas… nous irions à Jersey… nous travaillerions ensemble. » Mardi 26 mars Hugo disait, ces jours-ci, à Burty : « Parler, c’est un effort pour moi, un discours, ça me fatigue comme de faire l’amour trois fois ! […] Il nous entretient de la naïveté de l’avocat, de la conviction qu’il avait de subjuguer Bismarck, avec le discours qu’il préparait sur le chemin.
Tout le discours qui, en cette occasion, est mis dans la bouche de Gabrielle, a l’air d’être extrêmement naturel, s’il n’est pas très relevé.
[NdA] Ne pas confondre cette réponse avec une autre prétendue lettre du duc de Rohan au même prince de Condé, qu’on a jointe à ses Discours politiques et qui n’est pas de lui, comme Bayle l’a démontré, mais de M. de La Valette.
Pourquoi, quand on est si familier avec les personnages du xviie siècle, avec leurs actes et avec leurs discours, quand on est entré si avant dans leur conversation et leur correspondance, pourquoi écrit-on d’une manière qui leur est si étrangère, qui leur serait si antipathique ?
Dans le récit domestique où il raconte, sans prétendre la surfaire, cette vie si honorable d’un homme de médiocre condition, son fils André avait bien raison de dire au début : Ceux qui liront ce discours souhaiteront peut-être sa bonne fortune et tâcheront d’imiter ses vertus et perfections ; car étant aîné d’une famille médiocre en extraction et en biens, ayant perdu son père à cinq ans, sa mère s’étant remariée deux ans après, avoir par tous moyens amassé des biens suffisamment et être parvenu à des charges très honorables, n’est-ce pas un bonheur très grand et très rare ?
» « L’attention est une tacite et continuelle louange. » « Le repentir, c’est le remords accepté. » Elle excelle à faire des provisions de mots qui ensuite assaisonnent le discours et lui donnent du piquant ou de la profondeur ; qui sont comme des clous brillants ou comme des coins qui enfoncent.
. — Mme de Sévigné nous a montré également la marquise de Villars dans sa vieillesse, et jouissant discrètement de la renommée victorieuse de son fils : « Sa mère est charmante par ses mines, et par les petits discours qu’elle commence et qui ne sont entendus que des personnes qui la connaissent. » On possède donc maintenant les doubles Relations du marquis et de la marquise de Villars, de l’ambassadeur et de l’ambassadrice de France à Madrid en 1679 ; toutes deux se complètent et nous offrent de cette monarchie en décadence et en ruine le plus curieux, le plus instructif tableau.
Bertin de Vaux, à table, silencieux observateur, et qui nous regardait courir et nous répandre en discours, comme de jeunes chevaux lâchés.
Je me souviens d’avoir lu un discours prononcé ex cathedra à Cambridge (1844), dans lequel l’orateur, s’emparant contre lui de son étendue et de son impartialité même, l’appelait égoïste, faux, méchant, traître, un homme « qui se jouait avec sang-froid de la paix et de la vertu d’autrui, et qui jouissait du haut de sa sérénité de voir les ruines qu’il avait portées dans les cœurs assez simples pour se confier au sien. » Les Pharisiens de tout temps, les hommes de secte et de parti sont bien les mêmes, qu’ils soient de Cambridge, ou de l’ancienne Sorbonne, ou d’un salon à la mode voisin de la sacristie.
Si je suis homme d’industrie ou de commerce, que j’habite une rue du centre, que j’aie une famille, des enfants qui aient besoin d’air et de soleil, je puis, sous le plus beau gouvernement de discussion et de discours pour ou contre, n’avoir pas la liberté de leur procurer un jardin, une promenade salubre à portée de chez moi ; j’ai au contraire cette liberté, si j’habite en 1863 près de la Tour-Saint-Jacques où l’on a créé pour les habitants du quartier un commode et riant jardin déjà plein d’ombrage.
Jamais on n’a mieux senti ni mieux marqué le mouvement et le large courant naturel et facile du discours ou fleuve homérique que ne l’a fait M.
Dans les discours familiers que le sieur de Verjus pourra avoir avec les députés bien intentionnés de la Diète, Sa Majesté a jugé avec beaucoup de raison qu’il serait bon qu’en même temps que ledit sieur de Verjus s’expliquerait avec la hauteur et la fermeté nécessaires pour faire connaître au corps de la Diète qu’elle n’est pas pour rien changer aux ordres qu’elle a donnés, il fut en état de faire connaître que Sa Majesté garde toute la modération et toute la justice que l’on peut raisonnablement désirer d’elle. » Louvois, en donnant ainsi des ordres à un envoyé diplomatique, empiétait d’ailleurs sans façon sur son collègue M. de Croissy, qui avait succédé lui-même au trop mou et trop modéré Pomponne dans le département des Affaires étrangères : il faisait acte de dictature diplomatique.
Mme de Prie entre à tous moments dans ses appartements pour voir ce qu’elle fait, et elle n’est maîtresse d’aucune grâce. » Or, un matin, la reine trouva sur sa table un papier d’une fort belle écriture, et elle y lut, sous ce titre d’Instruction de Mme de Prie à la reine de France et de Navarre, les mauvais vers suivants qui parodiaient le discours d’Arnolphe à Agnès avec la gaieté de moins : Marie, écoutez-moi : laissez là le rosaire, Et regardez en moi votre ange tutélaire, Moi qui suis de Bourbon l’amante et le conseil, Moi qu’il chérit autant et plus que son bon œil52 : Notre roi vous épouse, et cent fois la journée Vous devez bénir l’heur de votre destinée, Contempler la bassesse où vous avez été, Et du prince qui m’aime admirer la bonté ; Qui de l’état obscur de simple demoiselle, Sur le trône des Lys par mon choix vous appelle.
Benoît, auteur d’un Discours couronné par l’Académie : « Si, dans nos anciennes causeries, ce sujet (de Chateaubriand) s’est rencontré, vous m’aurez vu sans doute plus affecté que la postérité ne veut l’être de ses défauts qui heurtaient rudement le temps présent, mais qui se fondent aujourd’hui comme des nuances dans le caractère esthétique du grand artiste ou dans la perspective du passé.
Plusieurs de leurs discours existaient encore par écrit du temps de Cicéron.
Qu’on suive Pantagruel dans son tour de France : on verra comment Rabelais fait ressortir les choses d’un trait bref, avec quelle vigueur il enlève en trois mots une esquisse : au contraire, dans les amples scènes du roman, dans les discours étalés et les larges dialogues, dans la harangue de Janotus, dans les propos des buveurs, dans le marché de Panurge et Dindenaut, dans la défense du clos de l’abbaye ou dans cette étourdissante tempête, on sera confondu de la patience et de la verve tout à la fois avec lesquelles Rabelais suit le dessin de la réalité dans ses plus légers accidents et ses plus baroques caprices.
Pendant la publication de ces deux grands ouvrages : Questions contemporaines, 1868, in-8 ; Dialogues philosophiques, 1876, in-8 ; Nouvelles Études d’histoire religieuse, 1884, in-8 ; Mélanges d’histoire et de voyages, in-8, 1878 ; Drames philosophiques (Caliban, l’Eau de Jouvence, le Prêtre de Némi, l’Abbesse de Jouarre, 1878-1886), in-8 ; Conférences d’Angleterre, in-18, 1880 ; Souvenirs d’Enfance et de Jeunesse, in-8, 1883 ; Feuilles détachées, in-8, 1892 ; Discours et Conférences, in-8, 1887, etc. — A consulter : J.
Et il ne s’aperçoit pas, lui, le pourfendeur des dieux, que, tandis qu’il symbolise aussi malproprement la Nature et lui adresse des discours, il obéit à l’éternel instinct qui a créé les dieux.
Son éloquence, tout d’abord, surprenait par la clarté… Rien de plus net, de plus direct que son discours.
Et le discours sur la dignité de l’homme, de Pic de la Mirandole, caractérise nettement le changement radical qui s’est opéré dans la conception de la vie.
J’en demande bien pardon, je désire ici tout simplement qu’on fasse désormais pour tout le monde ce que Bossuet, en son temps, faisait pour M. le Dauphin dans cet admirable Discours qui, par malheur, s’arrête à Charlemagne, là où le développement moderne allait commencer.
C’est le recueil de ces divers discours ou éloges que publie en ce moment son honorable successeur, M.
Cette école qu’il fit en Pologne l’y aida beaucoup et acheva sa maturité : « Au moins, si je n’ai rien profité à mon voyage, écrivait-il, me trouverez-vous revenu avec une bonne opinion de moi, et une fierté qui vous paraîtra extraordinaire pour un homme dont les affaires ne sont pas en meilleur état que les miennes. » Cette fierté est décidément un des traits du caractère de Chaulieu ; lui-même il est convenu de l’avoir poussée un peu loin : Avec quelques vertus, j’eus maint et maint défaut : Glorieux, inquiet, impatient, colère, Entreprenant, hardi, très souvent téméraire, Libre dans mes discours, peut-être un peu trop haut.
Lui, l’observateur intègre et rigoureux, qui excellait à approfondir, à analyser et à décrire une situation politique, et à chercher les racines des choses bien au-dessous des surfaces, il n’est pas douteux que, s’il avait vécu jusque-là et s’il eût conservé jusqu’à la fin sa fermeté de pensée, il eût plus d’une fois froncé le sourcil et remué la tête aux discours de ceux qui se seraient félicités devant lui d’avoir à jamais conquis et de posséder pleinement et sûrement le régime tant souhaité.
N’oublions pas non plus ce qu’a dit Montesquieu : « Cicéron, selon moi, est un des plus grands esprits qui aient jamais été : l’âme toujours belle, lorsqu’elle n’était pas faible. » C’est cette faiblesse trop souvent visible de l’âme, jointe à la pompe parfois surabondante du discours, qui a donné à M.
Dans cette pièce, comme dans le discours en vers à Mme de La Sablière sur l’idée finale de conversion, comme dans le début de Philémon et Baucis, comme dans Le Songe d’un habitant du Mogol, La Fontaine a trouvé pour l’expression de ses vœux, de ses regrets et de ses goûts, un alexandrin plein et facile qui sait rendre coulamment le naturel, la tendresse, la hauteur de l’âme et l’indulgence, et qui se loge de lui-même dans la mémoire.
Il n’est pas de si médiocre écrivain auquel il suffise, pour son coup d’essai, de découvrir des vérités applicables àun grand royaume, et qui ne reste mécontent de lui-même, s’il n’a pu renfermer le genre humain dans le sujet de son discours. » Le point de départ des études de M. de Tocqueville semble avoir été ce mot célèbre de M. de Serres : « La démocratie coule à pleins bords. » Il a cru que la révolution démocratique était inévitable, ou plutôt qu’elle était faite, et au lieu de raisonner à priori sur la justice ou l’injustice de ce grand fait, il a pensé qu’il valait mieux l’observer, et, laissant à d’autres le soin de l’exalter et de la flétrir, il s’est réservé de la connaître et de la comprendre.
Dans un pays où le bien-être social consiste en des choses de délicatesse et de goût, où l’existence intime repose sur l’honneur, où les discours légers ont tant de gravité, où les interprétations d’une conduite exempte de tout reproche peuvent être si fatales, ou les femmes sont tellement mêlées à la société, et y mêlent tellement toutes les sortes de susceptibilités, et j’oserais dire toutes les sortes de pudeur, où tous les amours-propres sont toujours éveillés et si facilement irritables ; dans un tel pays, avouons-le, la médisance devient de la calomnie, les écrits indiscrets feront des blessures profondes que nulle puissance au inonde ne pourra guérir, la censure deviendra un tribunal public dont les arrêts justes ou injustes seront trop souvent des outrages.
Son discours étudié prenait l’accent d’une improvisation sublime ; la philosophie l’illuminait.
. — M. de Lamartine, Discours de réception à l’Académie.
J’ai rendu bien mal le discours si clair et si coulant de M.
Il les suivit dans leurs gestes, dans leurs discours, dans leurs écrits, dans leurs visites, dans leurs jeux, & il faut avouer qu’il donna un air de vérité à tout ce qu’il nous dit. […] Prenant un jour une guêpe qui l’avoit piqué, il lui adressa ce discours qui fut entendu. […] Oui, pour peu qu’on les analyse, on les trouvera presque toujours aussi médiocres dans leurs discours que dans leurs écrits. […] J’entendois un laquais qui disoit l’autre jour : mon maître parla hier à l’académie, & ma foi, son discours ne valoit rien. --- Est-il possible ? […] Ils ne pensent pas que du cabinet d’un monarque, on voit plus loin que de leur petit réduit, & qu’en conséquence tous leurs beaux discours sont des paroles perdues.
Discours préliminaire. […] Par un discours que M. […] Maréchal, le bourgeois légitimiste dont le marquis d’Auberive a fait un député, pour n’en avoir pas fait jadis un ridicule sans le dédommager un peu, et dont il veut faire un orateur en lui donnant un discours manuscrit à lire devant la Chambre. On sent l’allusion dans les péripéties du discours orthodoxe commandé à Giboyer par le marquis, appris par M. […] Maréchal lui-même, qui passe à l’opposition par dépit d’avoir été joué et se prépare à réfuter avec un nouveau discours, encore appris par cœur, le fameux manifeste dont il a failli être l’organe.
Premier discours. […] De la situation actuelle de l’esprit humain Le fonds de ce Discours parut en 1831 dans la Revue Encyclopédique, cahier d’août. […] Oui, et j’en ai pour garant la même loi de compensation nécessaire et d’équilibre inévitable dans l’esprit humain qui m’a servi de boussole et de preuve dans tout ce Discours ; oui, cette douleur de notre époque annonce l’enfantement d’une société nouvelle.
26 janvier Flaubert me contait, un de ces soirs, que son grand-père maternel, un bon vieux médecin, ayant pleuré dans une auberge, en lisant un journal qui annonçait l’exécution de Louis XVI, au moment d’être envoyé au Tribunal révolutionnaire de Paris, fut sauvé par son père, alors âgé de sept ans, auquel sa grand-mère apprit un discours pathétique, qu’il récita avec le plus grand succès à la société populaire de Nogent-sur-Marne. […] Sortant de prononcer son discours à l’Académie, un ami lui dit que son discours était un peu long : “Mais je ne suis pas fatigué !
Ils venaient de la Rive Gauche, connaissaient l’impassible Leconte de Lisle et avaient écouté au Quartier les discours avisés, délicats, grandiloquents et argotiques de Verlaine, et ils cherchaient selon quel mode extérioriser les puissances latentes en eux. […] … Mais, d’autre part, à propos de ce premier allègement verbal et syntaxique il est singulier que la prose poétique de Mallarmé soit, à toute période de son art, plus abstraite grammaticalement et de concept et de discours plus contournés et aheurtés que ses vers mêmes. […] Pour n’avoir pas senti ainsi, pour avoir à l’excès sublimé le sens du mot (et c’est le signe même qu’il voudrait arriver à supprimer), pour, dans sa syntaxe avoir réséqué trop de liens du discours, d’où susciter la nudité d’une phrase en aridité abstraite, Mallarmé a succombé, halluciné de la seule Forme : sa victime sacrée, mais d’exemple dangereux.
Aveuglément braves, aimant d’une passion effrénée la lutte pour le plaisir de donner et de recevoir de beaux coups, épris de contes et de discours, ils sont éminemment dépourvus d’esprit organisateur et de sérieux. […] Le discours est chez lui la fonction centrale. […] Le souci du discours et du geste accapare toutes les énergies disponibles. […] Pas de cris, pas de guillotines, pas de discours : des actes, du labeur utile, une énergie invisible, mais soutenue. […] Je crois à l’inefficacité de l’incroyance toute pure pour triompher d’un dogme dans la réalité, non dans le livre et le discours.
Quand il apprend que sa mère a abjuré, il éclate en discours violents. […] Le bon docteur, un peu ému, se lève le verre en main, et prononce un petit discours. […] Elle revient dans tous les discours ; on pourrait dire qu’elle est le principal personnage. […] » Et il commence un petit discours. […] La poudre y parle si bien que les discours des hommes nous semblent fades et prolixes.
Deschanel nous donne, et c’est la partie la plus neuve et la plus, intéressante de l’ouvrage, des aperçus ni des extraits de ses principaux discours. […] Mais il y a une suite du discours et des preuves, une sorte de panthéisme moral qui complètent heureusement le Jardin de Bérénice et l’Homme libre. […] Ce sont de singuliers ou de touchants discours que prononce la douloureuse héroïne, à la tombée du soir, dans la plaine de notre vie. […] Il n’a guère insisté, semble-t-il, sur la malheureuse destinée de Lamartine, orateur avant tout, excellent dans ses discours à l’Assemblée, mais que sa réputation de poète, c’est-à-dire d’oiseau des nuages, diminua toujours aux yeux de ses étroite collègues. […] Ils ont fabriqué un arsenal de termes biscornus, vides et luisants, parfaitement privés de sens, mais qui donnent du poids au discours, atterrent et remplissent d’admiration l’éternel jobard.
La suite du discours de Henri IV concernant Sillery et Villeroi est belle et montre bien la supériorité politique de celui qui parle, qui contrôle l’un par l’autre, et qui met chacun à son juste emploi ; mais c’est assez de nous tenir à Sully.
Tous les entretiens ordinaires des compagnies étaient des discours sur les sacrements, sur la grâce et sur les cérémonies, les dames même et les artisans ayant les épîtres de saint Paul à la bouche, et avec cela des invectives contre le pape et le Saint-Siège.
Dès l’âge de quinze ans, il écrit un petit Discours sur la profession des armes : Que peut-on à quinze ans ?
, puis j’ai poursuivi mon discours dans mon attitude habituelle, le corps penché en avant et le doigt indicateur en l’air.
Cinq siècles et demi auparavant, le discours ou l’ordre du jour de saint Louis, cité par le scrupuleux Tillemont95, était en ces termes : Mes fidèles amis, nous serons insurmontables si nous demeurons unis dans la charité.
En causant et dans l’échauffement du discours, il se laissait emporter à ses saillies insolentes et à des outrages non seulement aux personnes, mais à tous les principes ; de sang-froid, et en écrivant, son bon sens lui revenait et lui dictait des restrictions qu’il avait le courage de maintenir plume en main et de professer.
À la fin des Œuvres de Bourdaloue, on a réuni sous le titre de Pensées quelques-uns des morceaux de doctrine ou de morale qu’il écrivait à l’avance, selon l’habitude des orateurs anciens, pour les placer ensuite au besoin dans ses discours.
À leurs petites mignardises, leur parler gras et leurs discours extraordinaires, nous crûmes (vîmes ?)
… Vous m’avouerez que ces discours seraient fort tristes.
Fiez-vous à lui, mes très chers frères ; il vous guidera mieux, quand il s’agira de sentiment, que les grands raisonnements des philosophes, que la trompeuse expérience du monde, et que les sophismes dangereux de votre raison. » Ce bon frère continua, et je m’en allai parce qu’il commençait à m’ennuyer, et que mon instinct ne peut supporter l’ennui ; cependant j’ai entrevu dans son discours quelques vérités applicables à la petite fille… Ainsi traitait-on cette vieille enfant malade et qui avait tant abusé et mésusé dans sa jeunesse de la faculté d’aimer, qu’elle n’en avait plus la force ni la foi dans ses derniers jours : c’était du moins quelque chose, et mieux que rien, d’en avoir gardé, à ce point, l’inquiétude et le tourment.
Il voudrait faire mentir ceux qui disent « que les Français commencent tout et n’achèvent jamais rien. » Il voudrait les désabuser de ce faux point d’honneur qui, dans les sièges, quand il est tout préoccupé, par ses inventions savantes, de ménager la vie des hommes, leur fait prodiguer la leur, sans utilité, sans aucune raison et par pure bravade ; « Mais ceci, disait-il, est un péché originel dont les Français ne se corrigeront jamais, si Dieu, qui est tout-puissant, n’en réforme toute l’espèce. » Hormis ce pur et irréprochable Vauban, tous ceux qui figurent dans cette histoire, y paraissent avec leurs qualités et leurs défauts ou avec leurs vices : Condé, avec ses réveils d’ardeur, ses lumières d’esprit, mais aussi avec des lenteurs imprévues, des indécisions de volonté (premier signe d’affaiblissement), et avec ses obséquiosités de courtisan envers le maître et même envers les ministres ; Turenne, avec son expérience, sa prudence moins accrue qu’enhardie en vieillissant, et son habileté consommée, mais avec ses sécheresses d’humeur et ses obscurités de discours ; Luxembourg, avec ses talents, ses ardeurs à la Condé, sa verve railleuse, mais avec sa corruption flagrante et son absence de tout scrupule ; Louvois, avec sa dureté et sa hauteur qui font comme partie de son génie et qui sont des instruments de sa capacité même, avec plus de modération toutefois et d’empire sur ses passions qu’on ne s’attendait à lui en trouver.
. — M. de Montaigne disait : « Qu’il s’était toute sa vie méfié du jugement d’autrui sur le discours des commodités des pays étrangers, chacun ne sachant goûter que selon l’ordonnance de sa coutume et de l’usage de son village, et avoir fait fort peu d’état des avertissements que les voyageurs lui donnaient : mais en ce lieu, il s’émerveillait encore plus de leur bêtise, ayant, et notamment en ce voyagé, ouï dire que l’entre-deux des Alpes en cet endroit était plein de difficultés, les mœurs des hommes étranges, chemins inaccessibles, logis sauvages, l’air insupportable.
Lucius est donc malade de la maladie de son temps : à peine a-t-il mis le pied en Thessalie qu’il ne rêve qu’enchantements et que métamorphoses ; les discours qu’il entend de ses compagnons de route, et qu’il se fait répéter le long du chemin, exaltent sa curiosité et lui donnent encore plus de désir que de crainte.
La littérature classique bien conçue n’a pas seulement à s’occuper des chefs-d’œuvre de la langue, tragédies, épopées, odes, harangues et discours, elle ne néglige pas les victoires : je veux dire les victoires illustres, celles qui font époque dans la vie des nations.
Certains hommes, ajoute-t-il, comme certains tableaux, sont plus faits pour garder un coin que pour se montrer dans un plein jour. » Il se comptait lui-même de ce nombre ; charmant dans la conversation privée, pas plus que Nicole ou que M. de La Rochefoucauld il n’aurait pu aborder le discours public.
Elle relevait encore l’harmonie de sa voix par des gestes pleins de grâce et de vérité, par l’expression de ses yeux qui s’animaient avec le discours, et j’éprouvais chaque jour un charme nouveau à l’entendre, moins par ce qu’elle disait que par la magie de son dédit.
« Le roi lui répondit assez froidement : « Ce n’est pas la peine » ; et sans paraître vouloir entendre un plus long discours, il alla faire la conversation avec gens qui étaient dans sa chambre ; ensuite il commença sa partie de quadrille.
Je ne peux pas dire qu’il me traite en dessous et en enfant, et qu’il ait de la défiance pour moi : au contraire ; il lui échappait l’autre jour un long discours devant moi et comme s’il parlait à lui-même sur les améliorations à introduire dans les finances et dans la justice ; il disait que je devais l’aider, que je devais être la bienfaisance du trône et le faire aimer, qu’il voulait être aimé ; mais il n’a pas énuméré ses moyens d’action, soit qu’il ne les ait pas encore combinés, soit qu’il les garde pour ses ministres ; il leur écrit beaucoup ; c’est au vrai un homme qui est tout en lui, qui a l’air d’être fort inquiet de la tâche qui lui est tombée tout à coup sur la tête, qui veut gouverner en père.
Massillon, dans ce magnifique Discours pour la bénédiction des drapeaux, rendait à Catinat cette justice entre tous les guerriers que « la sagesse était comme née avec lui. ».
Il faut voir au tome VII, page 338, des Mémoires du duc de Luynes, un Discours politique sur les affaires présentes, que les railleurs prêtaient au ministre des Affaires extérieures et qui est censé tout composé de phrases et de locutions familières à d’Argenson.
Demandez à M. et à Mme de Noailles, en l’exigeant même, sur tous les cas, ce que, comme étrangère et voulant absolument plaire à la nation, vous devrez faire, et qu’ils vous disent sincèrement s’il y a quelque chose à corriger dans votre maintien, dans vos discours, ou autres points.
Le discours simple et naïf où se déroule son tendre ennui, finit en ces mots : « On dit qu’on aime mieux quand on est dans la peine ; et quand on est aveugle, donc !
Fremy est si en peine de trouver et de poursuivre partout le madrigal, qu’il n’a pas craint d’en dénoncer un dans les vers qui terminent cette adorable pièce de la Jeune Captive : Ces chants, de ma prison témoins harmonieux, Feront à quelque amant des loisirs studieux Chercher quelle fut cette belle : La grâce décorait son front et ses discours, Et comme elles craindront de voir finir leurs jours Ceux qui les passeront près d’elle !
Hervé se disait qu’il fallait croire, ses discours aussi le disaient, et depuis deux heures, aux rayons du soleil baissant, on parlait de l’avenir.
Il faut s’en garder soigneusement, repousser la tentation facile des images que dix générations se sont léguées pour décorer le discours.
Chaque situation, chaque état moral n’est pour eux qu’un motif, selon la nature duquel ils modifient leur rhétorique, écrivant ici un discours, là une ode, ailleurs une élégie, ou une méditation, ou une suite de sentences.
En trois siècles, de la Renaissance au romantisme, le genre historique est représenté par le Discours sur l’Histoire universelle de Bossuet, qui est une œuvre de théologie, par l’Histoire des Variations, du même, qui est une œuvre de controverse, par l’Esprit des Lois, de Montesquieu, qui est un essai de philosophie politique et juridique : restent l’Essai sur les mœurs et le Siècle de Louis XIV de Voltaire, qui sont vraiment de l’histoire, malgré la thèse antireligieuse de l’auteur.
N’était la valeur de la pensée philosophique, on croirait par endroits lire un discours de Voltaire.
Nous avons envie de leur adresser, avec colère, l’adorable, le délicieux discours d’Octave à Marianne : … Combien de temps pensez-vous qu’il faille faire la cour à la bouteille que vous voyez, pour obtenir d’elle un accueil favorable ?
Ces dessous ne sont pas exprimés, c’est vrai, mais la pantomime de ces véridiques et vivantes marionnettes est si juste que chacun de leurs gestes ou de leurs airs de tête nous révèle leur âme et tout leur passé ; et je ne croirai jamais qu’un romancier qui, rien qu’en notant des mouvements extérieurs et de brefs discours, a pu suggérer à M.
Discours de Claude, à Lyon, tab.
« Je suis comme Montaigne, disait-il, impropre au discours continu.
En politique, la chaleur de mes opinions n’a jamais excédé la longueur de mon discours ou de ma brochure. » Mais alors, si tout vous est indifférent, pourquoi épouser si chaudement une cause quelconque ?
Florian fit un discours qui réussit.
Car, pour l’aimable traducteur Amyot, ce n’est qu’avec un peu de complaisance qu’on s’est accoutumé à l’associer d’ordinaire à ces deux grands auteurs originaux ; et en ce qui est de Calvin, qui contribua certes à former la langue à la discussion, à serrer, à tremper et à raffermir dans le discours la chaîne exacte du raisonnement, ce mérite notable ne suffit pas à l’élever au-dessus des bons écrivains : il n’a point gagné sa place entre les grands.
Asselin, La Harpe y fit de brillantes études, et l’on a conservé ceux de ses discours latins qui obtinrent deux ans de suite le prix d’honneur.
Tarare, qui avait peut-être été écrit sous l’inspiration de la pantoufle merveilleuse, et qui se jouait en concurrence avec le procès Kornman, était un opéra de Beaumarchais, très fou, très bizarre, mais très à propos, un opéra soi-disant philosophique, politique et déjà révolutionnaire, préludant à la Déclaration des droits, et où « la dignité de l’homme était le point moral que l’auteur avait voulu traiter, le thème qu’il s’était donné », disait-il sérieusement dans son Discours préliminaire.
Une fois le discours lancé là-dessus, il ne s’y ménageait pas.
Et bientôt, voyant Turgot à l’œuvre, il trouvait dans sa politique et dans ses édits « plus d’Encyclopédie que de ministère » ; de même, au reste, que dans les discours et remontrances opposés, il trouvait « plus d’envie de contredire que de bien public ».
Ses Discours sur Tite-Live, à lui, furent les Considérations sur la France, et cette méditation éternelle de la Révolution française à laquelle il retombait toujours, de toutes les pentes de la métaphysique, qu’il aimait à monter appuyé sur l’Histoire.
Couat croit pouvoir l’affirmer, la trop célèbre Clodia, dont Cicéron a parlé dans ses discours et dans ses lettres. […] Clytemnestre, dans Eschyle, salue Agamemnon par un long discours qui est une vraie scène de comédie ; elle bavarde comme fait une femme et comme fait une menteuse, accumulant, pour prouver sa joie et sa tendresse, les protestations d’amour les plus hyperboliques jusqu’à ce que le souffle lui manque et qu’Agamemnon lui dise avec une mordante ironie : « Fille de Léda, tu m’as fait un discours… long comme mon absence ! […] Je ne saurais trop dire à quoi il passe son temps dans les bois ; c’est une existence un peu oisive et primitive ; il fait de beaux discours contre la tyrannie ; il célèbre la bonté du Créateur qui a formé les chênes et les pins ; Pernette lui apporte des consolations, des nouvelles et des vivres. […] Elle a agi bien plus puissamment encore dans le discours familier et les réflexions silencieuses des masses, qui n’ont jamais eu de prétention à la philosophie, s’incorporant ainsi en quelque sorte à l’essence même de la pensée humaine. » On voit par là l’importance d’une bonne définition des mots. […] Je voudrais, par exemple, lui demander si ces expressions de la première phrase d’un récent discours académique, « cultiver une branche avec éclat », ont de la propriété.
C’est encore un dithyrambe, un discours déclamatoire, un peu puéril, dont l’esprit et le ton rappellent le discours sur Shakespeare. […] Rapproché du discours sur Shakespeare, ce morceau nous donne une idée assez exacte de ce qu’était l’état d’esprit de Goethe en 1771, au moment où il rencontra le sujet de Gœtz de Berlichingen et composa sa première œuvre importante. […] Quel esprit vous poussa à ce discours ? […] Angelo Solerti, qui modifient singulièrement la légende de la cour de Ferrare42 ; il aurait lu les curieux Discours d’Annibale Roméi, gentilhomme ferrarais, que nous a fait connaître le même M. […] Le rideau tombe sur ce discours, dans lequel il n’est point difficile de reconnaître ce que M.
La grande phrase psychologique de Le Rouge et le Noir a une densité discontinue à la surface ; les agents de liaison sont tout à fait en profondeur, au centre même de l’esprit de Stendhal, de cet esprit qui supprime les idées intermédiaires et se moque de la logique quand celle-ci n’est que du discours. […] Soliloque : discours d’un homme qui s’entretient avec lui-même ; appliqué à Valéry le terme décrit, par-delà la sphère de la parole et même de la pensée, le rythme d’existence qui lui est propre : c’est à l’intérieur pour ainsi dire du soliloque que s’opèrent chez lui et se maintiennent les séparations entre les divers « modes de mouvement ». […] Aussi bien, dans l’espace d’une note, de Shelley en lui-même il me serait impossible de rien dire : chacun de nous a ses anges gardiens (la complexité de nos incertitudes ne nous permet guère de nous en tenir à un seul) : à leur sujet notre discours ne saurait être qu’interminable ; et, à défaut des dimensions d’un Cahier Vert, une silencieuse action de grâces convient, et non une louange écourtée. […] Tout de suite elle s’élance ; tout de suite elle entame son candide discours… Ô diaphane litanie ! […] « Bien écrire, c’est bien penser, bien sentir et bien rendre », [Buffon, Discours de réception à l’Académie française, « Sur le style », prononcé le 25 août 1753, in Œuvres, éd.
Surtout pas de vains discours. […] Potterat, couronné de laurier, se lève et prononce un discours : « Cette journée m’a fait du bien. […] Vous étiez son visiteur ; et il faisait de vous son auditoire : il vous enchantait de ses suprêmes discours, inutiles et beaux. […] L’on redouble de zèle… « J’approchais du terme et je pus prodiguer mes forces… » Le discours domine de mieux en mieux la multitude et la dompte. […] Le discours de Thiers est du 15 ; j’aurais donné ma démission le 13, et ainsi je le devançais.
Autant dire que ce discours est un livre considérable ; et il l’est dans tous les sens, car il nous expose, clairement et sans longueur, simplement et sans effet oratoire, une des découvertes les plus curieuses de l’érudition contemporaine. […] Tous les tracts, dont il bombarda gravement les passants et qui donnaient le fou rire à Harriet, tous ses discours témoignent d’une méconnaissance complète du peuple auquel il s’adressait et d’une absence totale de psychologie. […] Assurément il ne lui tint pas le discours qu’on lit dans l’Histoire d’un crime. […] Mais il est curieux de noter qu’en 1895 Mgr d’Hulst, dans son dernier discours de rentrée ou il précisait le rôle de l’enseignement supérieur catholique, empruntait une de ses images les plus saisissantes à la théorie des ferments de Pasteur. Si nous traitions d’un contemporain comme nous le faisons des écrivains du passé, avec une ingéniosité souvent trop conjecturale, il ne nous en faudrait pas davantage pour aller chercher dans ce discours la première idée du Ferment d’Estaunié.
Leur accent souligne, leur geste nuance leurs discours. […] Si Pascal, celui des Pensées et celui surtout des Discours sur les passions de l’amour, avait consenti à s’engager sur le frivole et dangereux chemin de la littérature d’imagination, c’est encore vers le roman d’analyse que ses facultés de psychologue subtil et visionnaire l’auraient entraîné. […] En attendant il quitte son auteur préféré pour composer un discours, étudier la géométrie, préparer un examen. […] C’est ainsi que l’artiste qui s’attache fidèlement à la nature, tout en travaillant à son développement intérieur, est dans la voie du salut… » Gœthe est obligé de convenir que ses discours restèrent sans effet sur le malade qui l’écoutait et qui, ne comprenant pas l’admirable profondeur de ce simple conseil, y apercevait une diminution de sa personne. […] On se rappelle le discours du vieux Mézence à son cheval : « Rœbe, diù, res si qua diù mortalibus ulla est, — Viximus… Nous avons vécu longtemps, s’il est un long temps pour des mortels… » cri d’une
Pour la première fois, on voyait chez lui comme chez Descartes, mais avec excès et en plus haut relief, la forme d’esprit qui fit par toute l’Europe l’âge classique : non pas l’indépendance de l’inspiration et du génie comme à la Renaissance ; non pas la maturité des méthodes expérimentales et des conceptions d’ensemble comme dans l’âge présent ; mais l’indépendance de la raison raisonnante, qui, écartant l’imagination, s’affranchissant de la tradition, pratiquant mal l’expérience, trouve dans la logique sa reine, dans les mathématiques son modèle, dans le discours son organe, dans la société polie son auditoire, dans les vérités moyennes son emploi, dans l’homme abstrait sa matière, dans l’idéologie sa formule, dans la révolution française sa gloire et sa condamnation, son triomphe et sa fin. […] Le style correct, la bonne langue, le discours y naissent d’eux-mêmes, et ils s’y perfectionnent bien vite ; car le raffinement est le but de la vie mondaine ; on s’étudie à rendre toutes les choses plus jolies et plus commodes, les meubles comme les mots, les périodes comme les ajustements. […] Je ne m’inquiète jamais de ses sorties, elle ne s’informe jamais des miennes ; nous nous parlons civilement et nous nous haïssons cordialement614. » L’art est parfait dans ce petit discours : tout y est, jusqu’à l’antithèse symétrique de mots, d’idées et de sons ; quel beau diseur que ce cordonnier satirique ! […] Et, pour tout couronner, il a prononcé ce fameux discours sur Warren Hastings, la meilleure harangue qu’on ait jamais composée ou entendue en ce pays. » Toutes les règles ordinaires se renversaient pour lui. […] Chez Molière, il n’y a qu’une médisante, Célimène ; les autres personnes ne sont là que pour lui fournir la réplique ; c’est bien assez d’une pareille moqueuse ; encore raille-t-elle avec une sorte de mesure, sans se presser, en vraie reine de salon qui a le temps de causer, qui se sait écoutée, qui s’écoute ; elle est femme du monde, elle garde le ton de la belle conversation ; même pour effacer l’âcreté, voici venir au milieu des médisances la raison calme, le discours sensé de l’aimable Éliante.
sans sortir de Combray, cette première partie de Swann, qui est, en même temps qu’un des plus merveilleux poèmes que je connaisse, une sorte de Discours de la méthode, — j’entends de la méthode que Proust se fabrique à son usage, — sans sortir de Combray, nous trouvons un autre passage dont notre ami Charles Du Bos a été le premier, dans sa remarquable étude sur Marcel Proust, à souligner l’importance. […] Tel adverbe (par exemple employé par M. de Cambremer quand il croyait que j’étais « écrivain » et que n’ayant pas encore parlé, racontant une visite qu’il avait faite aux Verdurin, il s’était tourné vers moi en disant : Il y avait justement de Borelli) jailli dans une conflagration par le rapprochement involontaire, parfois périlleux, de deux idées que l’interlocuteur n’exprimait pas et duquel, par telles méthodes d’analyse ou d’électrolyse appropriées, je pouvais les extraire, m’en disait plus qu’un discours. […] L’étudier par le discours, c’est-à-dire en obéissant aux lois grossissantes de l’éloquence, en cherchant à frapper ses auditeurs, à leur « enfoncer bien ça dans la tête », comme dit la réclame, à les convaincre, à les séduire (car parler, on n’y peut rien, c’est vouloir séduire) — une telle entreprise apparaît donc comme le comble du paradoxe et risque d’aboutir à l’écrasement, ou à une complète déformation de l’œuvre que l’on voudrait faire comprendre et aimer. […] Auguste Comte : Discours sur l’Esprit Positif, p. 18. […] Auguste Comte : Discours sur l’Esprit Positif, p. 20.
Shakespeare s’élève de même contre les bourreaux des vers et les déclamateurs à allures boursouflées : « Dites ce discours, je vous prie, comme je l’ai prononcé devant vous, recommande Hamlet à ses comédiens ; dites-le en le laissant légèrement courir sur la langue ; mais, si vous le déclamez à plein gosier, comme font tant de nos acteurs, j’aimerais autant que mes vers fussent hurlés par le crieur de la ville. […] Encore un coup, ce n’était pas le goût des discours et le prurit de la langue qui poussaient Molière à parler en public, mais l’âpre besoin d’expliquer ses idées et son but. […] Il avait les yeux collés sur trois ou quatre personnes de qualité qui marchandaient des dentelles ; il paraissait attentif à leurs discours et il semblait, par le mouvement de ses yeux, qu’il regardait jusqu’au fond de leurs âmes pour y voir ce qu’elles ne disaient pas ; je crois même qu’il avait des tablettes et qu’à la faveur de son manteau, il a écrit, sans être aperçu, ce qu’elles ont dit de plus remarquable. » Est-il possible d’oublier ces yeux collés, ce regard qui va jusqu’au fond des âmes ? […] Il y eut, dans quelques sociétés littéraires, des discours prononcés, et le Mercure galant 52 nous a conservé le texte de l’oraison funèbre que Cléante (c’était sans doute de Visé) composa en l’honneur de Molière. […] Un de ceux qui la défendit avec le plus de chaleur tint ce discours en parlant de Molière : S’il avait eu le temps d’être malade, il ne serait pas mort sans médecin.
Je suis tout à la confection d’un petit discours que je vais bientôt prononcer à la distribution des prix du lycée Condorcet. […] Je salue le talent de plusieurs novateurs admirablement doués, et j’espère que, après avoir fait l’épreuve consciencieuse des perfectionnements proposés, ils reviendront à la facture naturelle du vers français, je veux dire à celle qui s’est organisée peu à peu, à la longue, non par le caprice et l’oreille, mais par la sélection qu’elle a faite spontanément, dans le discours, des formes qui distinguent les vers de la prose. […] Moréas qui, d’ailleurs, sut maintes fois, et très heureusement, prendre ce soin, soit dans des manifestes, des lettres ou des discours fort lyriques, soit — ce qui fut mieux encore — dans des livres où les outrances ne firent jamais oublier son très noble et parfois si intense talent : les Syrtes, les Cantilènes, le Pèlerin passionné, Ériphyle, etc.
« Jamais, disait cet esprit pénétrant et perspicace dans sa réponse au discours de réception de M. […] C’est la loi de la liberté d’enseignement, présentée par M. de Falloux, défendue par l’élite des orateurs catholiques de la Chambre, et qui, après un long débat, triomphe, grâce à un discours de M. […] Thiers dans un des derniers discours qu’il ait prononcés à l’Assemblée législative : il ne lui restait plus qu’à se manifester, il fit bientôt son avènement. […] Ces mélancoliques de tête, inutiles aux autres et à eux-mêmes, voient le monde à travers les nuages qu’ils condensent, et le discours que le père Aubry adresse à René devrait leur être aussi adressé. […] Sans doute je n’ai pas oublié les délicieuses légendes de saint François d’Assise, rapportées par Ozanam, ses discours aux oiseaux, ses frères, et sa pitié pour un agneau que l’on conduisait à la boucherie.
Le fait que Leopardi connaissait de beaucoup plus près qu’on ne les connaît d’habitude les platoniciens du xve siècle, nous est attesté entre autres par son « Discours à propos d’un discours grec de Georges Gémisthe Pléthon4 ». […] Mais ces vers sont de 1831, et en ce temps-là le poète s’était rallié à la monarchie constitutionnelle ; il n’avait pas trouvé, dans l’idée républicaine, la formule qui convenait le mieux à son idéal, et sa haine des rois n’était pas sans condition, puisqu’en 1838 il appelait encore le czar Nicolas le « Noble et pieux empereur31 » et puisqu’il se montrait encore très sincèrement orléaniste dans sa réponse au discours de réception de Sainte-Beuve à l’Académie, en 1845. […] Dans Hernani, la musique des vers empêche heureusement d’apprécier l’inopportunité du bavardage des deux amants ; mais dans les Misérables, il faut subir la déclaration de Marins, et entendre Cosette répondre à ce discours échevelé : « Ô ma mère ! […] Souvent, cette insistance devient fatigante : Ruy-Gomez de Silva abuse de la patience de Charles-Quint en le promenant devant les portraits des aïeux, et l’on comprend l’irritation de Zim-Zizimi auquel tous ses sphinx, l’un après l’autre, adressent le même discours. […] Le coup de foudre est immédiat et réciproque… Sa loge était pleine, « les insupportables ennuyeux assommaient ma pauvre amie des plus fades et insipides discours.
Comme je n’ai pas la prétention d’enregistrer au complet tous les écrits de Leopardi, je note seulement, au nombre de ses derniers travaux qui tiennent encore à la philologie, sa traduction de la chronique grecque précédemment indiquée (Martyre des saints Pères du mont Sinaï), en style trécentiste, qu’il publia en 1826 ; et peu après, en 1827, la traduction qu’il donna d’un discours de Gémiste Pleton, grand orateur et, qui plus est, penseur du Bas-Empire, venu trop tard ou trop tôt, et avec lequel il pouvait se sentir de certaines affinités155. […] Dans la préface qu’il mit au discours de Gémiste Pleton, il conteste l’opinion de son ami Giordani qui avait parlé de ce genre d’exercice comme n’étant profitable que dans l’enfance des littératures ; pour lui il pense, dit-il, que « les livres des Anciens, Grecs ou Latins, non-seulement sur toute autre matière, mais en philosophie, en morale, et en de tels genres dans lesquels les Anciens sont réputés si inférieurs aux modernes, que ces livres, s’ils étaient, moyennant de bonnes traductions, plus généralement répandus qu’ils ne le sont et ne l’ont jamais été, pourraient améliorer beaucoup plus qu’on ne croit les habitudes, les idées, la civilisation des peuples, et à certains égards plus efficacement que les livres modernes. » — Dans la liste des écrits publiées ou inédits de Leopardi nous trouvons, en conséquence, bon nombre de traductions.
Elles entrent dans son discours sans disparate ; elles renaissent en lui aussi vivantes qu’au premier jour ; il invente lors même qu’il se souvient. […] Il est tout étonné de leurs discours, et il les note en oubliant que c’est lui qui les invente.
C’est lui qui porte à la perfection la prose, le discours, l’essai, la dissertation, la narration, et toutes les œuvres qui font partie de la conversation et de l’éloquence. […] Elle n’est qu’une sorte de conversation supérieure et de discours plus choisi.
Fox n’a laissé que du talent, la faveur aveugle de son pays ; la postérité juge les hommes d’État par leurs actes et non par leurs discours. […] En écoutant les discours tenus devant lui, il put se convaincre que ces deux journées avaient produit une forte impression, et que quelques-uns de ses lieutenants étaient partisans de la résolution de repasser tout de suite, non seulement le petit bras, afin de se retirer dans l’île de Lobau, mais aussi le grand bras, afin de se réunir le plus tôt possible au reste de l’armée, au risque de perdre tous les canons, tous les chevaux de l’artillerie et de la cavalerie, douze ou quinze mille blessés, enfin l’honneur des armes.
Cette journée fut empoisonnée pour lui par le discours ironique, railleur, malveillant, d’un homme illustre, chargé par l’Académie de lui répondre. Ce discours ressemble aux sifflets de l’insulteur public des Romains, qui perçait à travers les acclamations du triomphe.
À ce discours, André Cellini se mit en colère, car il était un peu vif ; mais, fort peu de jours après, il consentit au mariage. […] Payez, reprit-il, et ne me rompez pas la tête de vos discours !
Et, tout rêvant ainsi, pauvre rêveur, voilà Que soudain, loin, bien loin, mon âme s’envola, Et d’objets en objets, dans sa course inconstante, Se prit aux longs discours que feu ma bonne tante Me tenait, tout enfant, durant nos soirs d’hiver, Dans ma ville natale, à Boulogne-sur-Mer. […] » Et le discours bientôt sur quelque autre pensée Échappa, comme une onde au caprice laissée ; Mais ce qu’ainsi la bouche aux vents avait jeté, Mon souvenir profond l’a depuis médité.
Avertissement En publiant, sur de bienveillantes instances, ces deux discours d’art et de philosophie, je dois prier le public d’avoir égard aux impérieuses exigences de la forme oratoire. […] Il serait donc injuste, Lecteur, de juger sévèrement ces discours comme vous pourriez faire d’un traité.
Le discours sur les dissensions d’Athènes et de Rome 5, où Swift défendait sous les noms de Miltiades, d’Aristide, de Thémistocle, de Phocion, les illustres accusés, et instruisait le Parlement, par l’exemple des républiques antiques, du péril que fait courir aux États la rupture de l’équilibre entre les pouvoirs publics et l’aveugle acharnement des factions, s’accordait avec le sentiment général aussi bien qu’avec les intérêts du parti Whig. […] Soit qu’il la défende contre les incrédules, affirmant son indépendance contre Tindal, parodiant amèrement le célèbre Discours sur la liberté de penser de Collins14, soit qu’il maintienne, en toute occasion, le serment du Test contre les attaques des Dissidents, combattant, jusqu’aux extrémités de sa vie et de sa raison, pour les biens de l’Église, et la vengeant par le Legion club des attaques du Parlement d’Irlande, soit que dans son Projet pour le progrès de la religion 15, il engage la cour à renfermer les faveurs et les emplois dans le cercle des personnes dévouées à l’Église établie, il est toujours dirigé dans cette conduite par des considérations étrangères à la valeur intrinsèque de la religion, et sa pensée, partout reconnaissable, est particulièrement claire dans les Sentiments d’un membre de l’Église anglicane 16, et dans son Argumentation pour prouver que l’abolition du christianisme en Angleterre aurait quelques inconvénients et moins d’avantages qu’on ne suppose 17.
. — Océanos poursuit son discours : une sourde impatience agite visiblement le Titan, il se débat sous le froid verbiage du dieu aquatique, comme s’il subissait la question de l’Eau. […] L’enchaînement facile des idées, la dextérité des arguments, la clarté nuancée du discours, tous ces dons natifs de l’Hellène coulent de ses lèvres comme d’une source vive.
On ne trouve ni dans ses discours, ni dans ses livres, aucune doctrine générale ; on trouve dans sa conduite une foule de systèmes contradictoires. […] Il a été enfin la dupe de sa vanité, qui lui a fait substituer ses discours aux canons du maréchal Bugeaud, pour la « défense de la monarchie et de son propre ministère. « Barrot disait, en 1846, aux électeurs de Chauny : “— Je suis dynastique quand même.”
Dans son discours de remerciement, il rappela avec modestie sa jeunesse qui, « loin de lui nuire, avait parlé en sa faveur ».
L’Académie française, habile à profiter des vogues nouvelles et à les favoriser, mit au concours l’Éloge de Sully pour lequel Thomas fut couronné (1763) : ce discours de Thomas, « plein de vérités utiles et hardies », comme on les aimait alors, eut un grand succès.
Mirabeau s’emporte contre la personne qu’il suppose être Gibbon, et contre les discours qu’il dit avoir entendus de sa bouche.
Elle avait beaucoup de grâce à parler comme à tout ce qu’elle faisait : ses discours étaient vifs, simples, naturels, intelligents, insinuants, persuasifs.
» Et ceux-là se levaient qui avaient partie, et lors il disait : « Taisez-vous tous, et on vous délivrera l’un après l’autre. » Et lors il appelait monseigneur Pierre de Fontaines et monseigneur Geoffroi de Villette, et disait à l’un d’eux : « Délivrez-moi cette partie (expédiez-moi cette cause). » Et quand il voyait quelque chose à amender dans le discours de ceux qui parlaient pour autrui, il le corrigeait lui-même de sa bouche.
… » En lisant le discours de réception à l’Académie française dans lequel M.
Je sais que vous aurez bien su profiter de ce bonheur-là, car, sur tous les hommes que je connais, vous êtes celui qui savez le mieux jouir d’une bonne fortune et deorum muneribus sapienter uti ; vous prendrez ce sapienter comme il vous plaira, en sa propre signification32, ou en sa métaphorique ; car si on fait de beaux discours à Balzac, on y fait aussi de bons dîners ; et je ne doute pas que vous n’ayez su goûter admirablemeut l’un et l’autre.
Le cardinal, au contraire, regardant d’un cœur assuré toute cette tempête, dit au roi : […] On a, en cet endroit, un de ces discours indirects, développés, comme le cardinal aime à les coucher sur le papier, où il déroule toutes les considérations en divers sens, non sans quelque complaisance et en s’écoutant un peu, mais avec tant de clarté, d’élévation, d’étendue et de justesse, qu’on lui sait gré de sa disposition communicative et qu’on l’en admire davantage.
Seulement, au lieu de s’épancher et de se répandre en longs discours, ce fonds d’humeur s’échappe en mots brefs et secs qui laissent leur empreinte.
Émile Du Bois Reymond, l’un des secrétaires perpétuels de l’Académie de Berlin, dans un discours prononcé en séance publique (1868), a traité de Voltaire dans ses rapports avec les sciences naturelles.
Les premiers discours furent sur Mme de La Maisonfort, sa santé, sa situation et la fermeté qu’elle devait avoir à persévérer dans la maison des ursulincs de Meaux sans songer à changer.
Il faudrait lire tout son discours : c’est bien l’image d’un cloître, quand la foi, l’amour et l’espérance se sont retirés : « Vous avez fait de bonnes études, ajoutait-il ; et après une année de noviciat vous pourriez entrer dans les ordres ; raison de plus pour vous désespérer quand vous vous verrez renfermé pour jamais dans ces murailles, sans livres, sans conversation, sans ami, au milieu d’envieux imbéciles et méchants, qui ne chercheront qu’à vous empêcher de sortir du cloître.
Un jour, à une fin de chronique littéraire2, parlant de la Dame aux Camélias et lui opposant la vertu des bourgeoises et des chastes Lucrèce, il a dit : domum mansit, lanam fecit ; d’où je conclus qu’au collège il était plus fort en discours français qu’en thème3.
« Dans les discours, clarté, vérité, précision.
Je rougissais comme si je reconnaissais ma faute ; cependant j’alléguais ma sensibilité extrême pour elle : je ne pouvais, disais-je, supporter de voir sa chute ; son avilissement surpassait ce que pouvait souffrir ma constance ; mais qu’elle eût besoin de moi, et, du bout du monde, j’étais prêt à retourner à elle… » Et il allait s’échauffant de plus en plus dans cette idée de patriotisme, si bien qu’il s’éveilla au beau milieu de son discours enthousiaste.
Un des peintres les plus favorables à Marie-Antoinette, Senac de Meilhan, a dit d’elle que son esprit n’avait rien de brillant et qu’elle n’annonçait à cet égard aucune prétention ; « Mais il y avait en elle, observe-t-il, quelque chose qui tenait à l’inspiration et qui lui faisait trouver au moment ce qu’il y avait de plus convenable aux circonstances ainsi que les expressions les plus justes : c’était plutôt de l’âme que de l’esprit que partaient alors ses discours et ses réponses. » Ici, elle n’en est pas encore à la représentation ; elle n’est que Dauphine et n’a pas à faire de ces réponses qu’on remarque.
Beaucoup, dans cet état, tiennent des discours séditieux qui les consolent de leurs malheurs et de leurs misères. » Bientôt réduits en effet et diminués de plus de moitié par le mal et la contagion, les débris des Vaudois, ne montant guère en tout qu’à 3,500 âmes, purent émigrer et partir par bandes, du gré du duc de Savoie, et se diriger vers des pays hospitaliers ; ils allèrent à Genève, dans les Gantons protestants, en Wurtemberg et jusque dans le Brandebourg.
C’est ainsi, disait-il, que, dans nos assemblées politiques, à la Chambre des députés, par exemple, la forme théâtrale de la salle, cette tribune au centre, sur laquelle il faut monter de huit à dix marches, après avoir parcouru l’enceinte, ne permettent plus de faire une réflexion simple, pratique et judicieuse, mais forcent à prononcer un discours, à se guinder à la hauteur de l’appareil, à être déclamatoire et pompeux, au grand préjudice du bon sens et du temps.
Ce n’est point seulement par ce discours, dont le thème philosophique était « les vérités et les sentiments qu’il importe le plus d’inculquer aux hommes pour leur bonheur », que le nom de Bonaparte se trouve à bon droit rattaché au souvenir de l’abbé Raynal : le jeune lieutenant d’artillerie, dans sa première veine d’enthousiasme, avait désiré connaître le célèbre écrivain et lui avait rendu visite en passant à Marseille.
Dans une série d’articles insérés au Publiciste (pluviose an xii), Mlle de Meulan (depuis Mme Guizot), examinant le discours prononcé par Garat à l’Institut lors de la réception de Parny, a recherché ingénieusement les causes qui, en favorisant l’Élégie à Rome, l’avaient fait négliger chez nous.
Quand un personnage public passe sa vie dans le monde et dans les salons, ce qu’il y dit soir et matin est tout aussi authentique que le discours écrit qu’il apporte une fois par mois à la tribune.
Plus elle est monstrueuse, plus elle est vivace, accrochée aux plus frêles vraisemblances et tenace contre les plus fortes démonstrations Sous Louis XV, pendant l’arrestation des vagabonds, quelques enfants ayant été enlevés par abus ou par erreur, le bruit court que le roi prend des bains de sang pour réparer ses organes usés, et la chose paraît si évidente, que les femmes, révoltées par l’instinct maternel, se joignent à l’émeute : un exempt est saisi, assommé, et, comme il demandait un confesseur, une femme du peuple prend un pavé, crie qu’il ne faut pas lui donner le temps d’aller en paradis, et lui casse la tête, persuadée qu’elle fait justice739 Sous Louis XVI, il est avéré pour le peuple que la disette est factice : en 1789740, un officier, écoutant les discours de ses soldats, les entend répéter « avec une profonde conviction que les princes et les courtisans, pour affamer Paris, font jeter les farines dans la Seine ».
Peut-être en recueillerez-vous plus de profit que de toute l’enflure d’un discours stoïque.
Toute une partie des Considérations atteste une lecture attentive du Discours sur l’Histoire universelle ; c’est celle où Montesquieu énumère les causes de la grandeur romaine.
Duruy, y est venu prendre séance le 16 janvier 1896 et a prononcé le discours suivant : Messieurs, En m’appelant ici à la succession de M.
Réponse au discours de M.
Avocat sans causes, il fait, dans la salle des Pas-Perdus, l’antichambre de la renommée, et son éloquence dédaignée de la clientèle, s’épanche gratuitement à la maison en discours amers : Toutes les modesties Et toutes les pudeurs, je les jette aux orties !
Propre aux commerces les plus délicats, quoique les délices des savants ; modeste dans ses discours, simple dans ses actions, la supériorité de son mérite se montre, mais il ne la fait jamais sentir… Nous retrouvons ici cette langue excellente et modérée que j’ai déjà essayé de caractériser plus d’une fois, la langue des commencements du xviiie siècle, remarquable surtout par le tour, par la justesse et la netteté, la langue d’après Mme de Maintenon, et que toute femme d’esprit saura désormais écrire, celle des Caylus, des Staal et des Aïssé.
Il venait de publier un Essai de tactique, précédé d’un discours sur l’état de la politique et de la science militaire en Europe.
Voulant en venir à publier son propre discours qui a obtenu le prix, il commence par en railler les circonstances, par montrer ce prix en l’honneur de Malesherbes proposé sous la monarchie légitime et décerné sous la dynastie de Juillet, non sans avoir été quelque peu modifié dans ses conditions et dans son programme.
La douleur de la pauvre abandonnée, son changement de couleur, son attitude, ses discours, ses projets, le tout encadré dans la fraîcheur du printemps et dans l’allégresse riante d’alentour, porte un caractère de nature et de vérité auquel les maîtres seuls savent atteindre.
On ajoute qu’Andrieux, qui voulait faire un discours sur la tombe, garda son cahier en poche ; mais je n’en crois rien26.
Ces lettres tournent quelquefois au discours, et j’y voudrais un peu moins de périphrase ; par exemple, dès les premières lettres : « Quand nous avons passé devant Messine, le soleil était au milieu de son cours. » Pourquoi ne pas dire : Il était midi ?
Grimm, dans une page écrite en 1762, et où il fait de Rousseau un portrait aussi neuf que vrai, le montre dans sa première forme, tel qu’il l’avait connu avant la célébrité, et puis au moment de sa transformation subite qu’opéra le succès de son discours à l’Académie de Dijon : Jusque-là, dit-il, il avait été complimenteur, galant et recherché, d’un commerce même mielleux et fatigant à force de tournures : tout à coup il prit le manteau de cynique, et, n’ayant point de naturel dans le caractère, il se livra à l’autre excès ; mais, en lançant ses sarcasmes, il savait toujours faire des exceptions en faveur de ceux avec lesquels il vivait, et il garda, avec son ton brusque et cynique, beaucoup de ce raffinement et de cet art de faire des compliments recherchés, surtout dans son commerce avec les femmes.
… Au milieu du discours le plus sot… On peut rencontrer un bon mot Comme une perle dans une huître.
Par contre, il faudra modifier les procédés que nous avons précédemment décrits, pour toutes les œuvres servant à exposer des idées et non à montrer des spectacles, c’est-à-dire pour le poème didactique, les discours, la critique littéraire, la philosophie et la science.
Ce sont les mêmes effets, et presque les mêmes discours, avec une sorte de crescendo furieux. […] Tuez-moi tout de suite, — ou laissez-moi passer : on m’attend. » Et ce discours est parfaitement sincère. […] J’aurais voulu que les autres personnages y fussent d’autant plus simples, naturels et modestes dans leurs discours, que nous les voyons se mouvoir au milieu des histrions. […] Ils ont des sentiments plus fins, plus nuancés ; ils sont plus abondants et plus fleuris en discours ; ils sont plus voluptueux et jouissent davantage de la beauté des choses. […] Que je lui sais de gré d’avoir mis dans son drame peu d’amour, ou, du moins, peu de discours amoureux !
Vous êtes peut-être un grand artiste, mon cher Raphaël, mais un grand sot certainement. » Ce discours est le résumé fidèle du caractère et de la conduite de Mlle Marco, qui pendant tout le drame se montre infiniment plus sensible, plus intelligente et à tout prendre plus morale que ses accusateurs. […] Admirons-les sans les envier ni les imiter, et retournons comme Candide cultiver notre jardin, que nous nous efforcerons de rendre aussi élégant et aussi paré que nous le permettront des soins assidus et une vigilance ingénieuse, attentive, studieuse. » Ce discours que je me plais à imaginer me semble résumer assez fidèlement les rêveries qui ont dû accompagner l’éveil du talent de M. […] Quel n’est donc pas son effroi, lorsque, ayant retrouvé Raoul par un hasard inespéré, elle l’entend tenir des discours empreints du scepticisme et de l’athéisme du siècle ! […] S’il n’était pas le bien-aimé, il ne serait plus, après de tels discours, qu’un étranger indifférent, que sa charité pourrait plaindre et qui l’attristerait sans la blesser ; mais il est le bien-aimé et il se transforme par conséquent en ennemi et en persécuteur. […] La faute n’en est pas aux artistes, mais à l’atmosphère qu’ils respirent, et cependant, même en l’absence de foi certaine et de symboles vénérés, on peut dire que la religion est encore le but de l’art et sa vraie destination, car ceux-là seulement sont de vrais artistes qui savent que le mystère du monde est un mystère divin, qui sont habiles à reconnaître dans tous les objets créés des syllabes d’une langue divine, et qui sont capables d’entendre, comme le duc exilé de Shakespeare, des sermons dans les pierres et des discours dans les arbres.
On est bien reçu dans une ville pavoisée, et qui le plus souvent est charmante ; car il est bien difficile à une petite ville de n’être pas charmante ; on fait un petit discours sous le bronze, on banquette, on fait un second petit discours sous la rose, sub rosa, et l’on revient avec l’âme légère. […] C’est là qu’il prononça un discours de distribution de prix que je considère comme sa première œuvre sérieuse, réfléchie et grave. […] Ce discours pourrait s’intituler : De l’art dans la vie. […] Son discours, sans dessein arrêté et sans ordre, ne nous a fait connaître ni Jules Janin ni Sainte-Beuve. Finesses d’un goût douteux, voisines parfois du calembour, bons mots fades et démodés, antithèses enfantines, voilà ce qui remplit le discours de M.
On prouverait, je pense, qu’une cathédrale nous exprime avec autant de vérité que le Discours de la Méthode, la façon d’exprimer notre âme a simplement changé. […] Une perruque Louis XIV, une tragédie de Racine, le Discours de la méthode, un portrait de Rigaud, un sermon de Bourdaloue, autant de manifestations sûres d’un même idéal. […] L’Occidental est un architecte ; il affirme son amour pour les lignes pures, en construisant une voûte comme un Discours de la Méthode. […] Une ode de Victor Hugo est encore un “discours ” en trois points ; un poème de Musset, un “plaidoyer” ; un autre de Leconte de Lisle, une “narration” précise, documentée. […] « Le manque absolu d’un choix dans les balancements de nombres affaiblit la portée des accents toniques et rythmiques ; … ce sont ces affaiblissements irréguliers et successifs qui donnent l’allure prosée. » De là trois lois essentielles que Souza formule ainsi : 1º « Le caractère d’un rythme principal délimité par une mesure donnée dépend non d’une division en larges groupements fixes, mais de la succession de petits groupes les plus proches de l’unité. » Autrement dit : « Le mouvement rythmique non seulement se précise, mais se nuance à l’infini par petites ondes successives différant les unes des autres, quoique subtilement liées entre elles. » 2º « L’obéissance absolue à la force de l’accent oratoire est de nécessité première ; seulement, la portée de cet accent est dépendante de l’intégrité du rythme principal. » L’accent tonique en effet n’a rien à voir « dans la création par l’accentuation de ces divisions du temps qui constituent la vie du discours, le mouvement rythmique.
Nous songeons à La Rochefoucauld, au Discours de la méthode, à ces manuels où les vérités qui conviennent à notre race sont si agréablement disposées en corbeilles et en quinconces : les forêts ne nous plaisent que par le désir qu’elles nous suggèrent d’y envoyer les jardiniers. […] Il y a des esprits analytiques qui ne sont pas bien sûrs que, si on en rejette les idées, le Discours de la méthode soit un des chefs-d’œuvre de la langue française. […] Lord Byron, qui était un sensitif exaspéré, dialoguait avec la mer, et cela faisait de très beaux discours : There is a pleasure on the lonely shore. […] Il ne sera clair que conditionné par une épithète, par un discours préparatoire, par le caractère de qui le prononce, par le milieu où il est introduit, par tout ce qui, en somme, transforme une idée générale en une idée particulière ou du moins spécialisée. […] Au temps de Rabelais et avant, c’est pour les femmes que Clément Marot écrivait ; et pour qui, sinon pour les femmes, furent donc composés le poème de la Parfaite Amie et tous ces discours sur l’amour où s’évertuaient les poètes galants d’avant Ronsard ?
Sitôt que le bruit de la rue et le trouble des esprits s’est un peu calmé, elle est rentrée en fonctions, et nous l’avons vue reprendre son discours au point où elle l’avait laissé. […] Les discours de ce brave Schmucke, orthographiés patiemment d’après la prononciation tudesque, occupent au moins le quart du volume, et finissent par produire l’effet d’une charade allemande ou d’un rébus indéfiniment prolongé. […] Discours affreux ! […] Avant d’entrer dans le récit, dont le mouvement et l’ampleur sont tout à fait dignes du sujet, arrêtons-nous au discours préliminaire, où l’auteur met en présence l’unité de l’Empire romain et l’unité de l’Église. […] Nous nous sommes attardé au discours préliminaire, comme on s’arrête au seuil d’un temple dont on pressent la beauté dès le péristyle.
Il ne se flatte pas que les discours de Faustus mettront fin à l’incertitude humaine. […] Elle fait parler, dans une infinité de spirituels dialogues, tout un monde de viveurs et d’oisifs, et il ressort de tant de légers discours que l’homme est, à l’état civilisé, un vain, grossier et ridicule animal.
Il y a quelques grands discours et des discours qui n’ont pas trait à l’action (Philippe II au sixième tableau, quelques autres endroits encore). […] Philippe II, après avoir spirituellement berné le chef des dominicains et le chef des jésuites, ce qui n’est peut-être pas très historique, leur fait des discours très beaux, mais peut-être trop longs pour le théâtre (d’autant que c’est à sœur Thérèse seule que nous nous intéressons vivement), sur la situation de l’Espagne, sur sa mission et sur son avenir. […] L’auteur a voulu prouver que, tout de suite après avoir fait de beaux discours lyriques, il savait faire la scène où les vers se croisent et se heurtent avec le cliquetis de deux épées. […] Perraud fait des discours de réception et d’inauguration avec cette éloquence abondante et creuse qui est consacrée en ce genre d’exercices. […] Tout préfet bon, passable, médiocre ou mauvais, énergique ou faible, éclairé ou ignare, intelligent ou limité, est forcé de faire de ces discours-là.
Il raconte que le lendemain d’un discours Lamartine reçut une lettre enthousiaste de George Sand. […] Alors Ulysse met le pieu sous la cendre compacte, pour qu’il chauffe ; et il enhardit ses compagnons par des discours, afin qu’ils ne cèdent pas à la peur. […] Il faut que l’âme soit entièrement présente ; il faut qu’elle concentre toute son attention sur le discours. […] Chez celui-ci, elles tiennent la place de la parole ; chez celui-là, elles doivent seulement appuyer sur le sens du discours. […] Écoutons maintenant Jules Janin conclure son discours sur Marion Delorme : « Bref, il y a dans cette œuvre un bout du Taillebras et du Scaramouche ; il y a la force et la terreur ; le Scapin et le bourreau, la courtisane et le cardinal, le Roi et le bouffon, le seigneur et le valet de sa police ; il y a les comédiens qui font la soupe à la porte de l’hôtellerie où se balance, en grinçant d’une façon lugubre, l’enseigne de la Belle-Étoile… avec tant de verve et d’esprit, tant de bouffonnerie et si douces larmes, en plein paradoxe, en plein carnaval, et la plus incroyable abondance, de cinq cents paradoxes, de mille railleries, réparties, bons mots, satires, rencontres, coq-à-l’âne, dignes du fameux Cabinet satirique, que Régnier lui-même, le vieux poète Régnier n’eût pas désavoués, non plus que d’Assoucy, l’empereur du burlesque, et Bertaut, et Ronsard, et toute la pléiade avinée.
Les costumes, les paysages, les dehors sont seuls exacts ; actions, discours, sentiments, tout le reste est civilisé, embelli, arrangé à la moderne. […] malgré cet air ecclésiastique et les tirades contre Voltaire et son siècle1221, on se sent pris comme par un discours de Théodore Jouffroy. […] Discours de Pitt, 17 février 1800.
« La personnalité de Dieu, au lieu de garder sa forme primitive, synthétisée, s’est au contraire disséminée ; elle anime désormais les fibres les plus obscures de la matière, et la moindre parcelle du monde nous apparaît toute tressaillante du sang divin », disait en substance l’auteur de Chair dans un récent discours sur le Naturisme, prononcé à Bruxelles, au palais des Académies. […] Paul Fort leur avait tenu à tous trois le même discours. […] Et ce livre que certains esprits savent vénérer à l’égal du Discours sur la méthode et des Confessions, devait enflammer bientôt toute une brillante pléiade de jeunes hommes et les diriger vers de nouvelles voies.
Ne trouvant pas, apparemment, assez de vivacité à ce récit de Saint-Simon et à ce discours indirect, il le met en scène, en dialogue ; il suppose les paroles mêmes des deux personnages et leur prête à tous deux de sa familiarité.
Il ne se trompe certainement pas lorsqu’il montre les grands, les nobles, le haut clergé, les femmes à la mode, ceux qu’on appellera aristocrates quelques mois plus tard, commencer par être les vrais démocrates, désirer un changement dans le gouvernement, y pousser à l’aveugle pour se procurer chacun plus de crédit dans sa sphère, se comporter en un mot comme des enfants qui, en maniant des armes à feu, se blessent et blessent les autres : « Ces aristocrates, dit-il, sont les véritables auteurs de la Révolution ; ils ont enflammé les esprits dans la capitale et les provinces par leur exemple et leurs discours, et n’ont pu ensuite arrêter ou ralentir le mouvement qu’ils avaient excité. » La bourgeoisie française a fait depuis, et sous nos yeux, ce que l’aristocratie avait fait alors ; ç’a été la même répétition, et selon le même esprit, à un autre étage.
[NdA] Ainsi encore, il a lu dans un Discours sur les ordres sacrés, de Godeau, évêque de Vence, que la première division des temples, celle qui contenait l’autel, s’appelait βῆμα : « Ce nom Béma, dit-il aussitôt, sonne trop bien à mon oreille par ses rapports avec mon chérissime Boehm, pour que je ne m’expose pas au ridicule d’en faire la remarque. » Si ce n’est qu’une rencontre fortuite et une assonance qu’il prend plaisir à noter à la façon des poètes et rimeurs, il n’y a rien à dire, mais je crains qu’il n’y ait vu des sens profonds.
Il s’y montre lui-même par contrecoup mieux que partout ailleurs, et il plaide indirectement pour ses propres qualités et un peu aussi pour ses défauts ; continuant donc son monologue et ce parallèle secret entre son frère et lui : Qui prendra, dit-il, pour des affaires sérieuses son choix à la figure, aux airs importants, au discours spirituel, et au bon air dans la dépense et dans le maintien, fera toujours une mauvaise affaire ; ce n’est là que la superficie, et même la perfection de cette superficie a dû nécessairement prendre sur le fond, et être faite à ses dépens.
Les livres traduits de l’anglais l’intéressaient particulièrement ; à propos des Discours sur Tacite, de Thomas Gordon : « Avec quelles délices, s’écrie-t-il, on lit ces raisonnements forts et fortement exprimés des Anglais, quand on aime la politique comme je fais depuis longtemps !
Et Sénèque lui-même n’a-t-il pas dit à son jeune ami Lucilius, dans un admirable langage : « Viget animus, et gaudet non multum sibi esse cum corpore ; magnam partem oneris sui posuit ; exsultat, et mihi facit controversiam de senectute : hunc ait esse florem suum… » — « Mon esprit est plein de vigueur, et il se réjouit de n’avoir plus beaucoup à faire avec le corps ; il a déposé le plus lourd de son fardeau ; il bondit de joie, et me tient toutes sortes de discours sur la vieillesse : il dit que c’est à présent sa fleur. » Je trouve dans un livre d’hier, et sur ce même sujet de l’âge, cette autre pensée juste et ferme, et si poétiquement exprimée : Me promenant, par une belle journée d’octobre, dans les jardins de la villa Pamphili, je fus frappé de la beauté merveilleuse d’un grand nombre d’arbres verts que je n’avais point aperçus durant l’été, cachés qu’ils étaient par l’épais feuillage des massifs, alors dans tout l’éclat de la végétation, maintenant dépouillés.
Poirson prise fort et à laquelle j’ai emprunté beaucoup, celle de Hurault Du Fay, un petit-fils de L’Hôpital, qui fit deux libres et excellents Discours sur les affaires du temps, dont le second se rapporte à l’année 1591.
J’ai la confiance qu’avec votre courage et votre discipline vous sortirez glorieusement de cette position ; de l’autre côté de l’Apennin, vous trouverez un pays fertile qui pourvoira à tous vos besoins ; avant d’y pénétrer, vous aurez des marches forcées à faire, de nombreux combats à livrer : nos efforts réunis surmonteront toutes les difficultés. » Ce discours, que j’ai trouvé dans les archives de la 18e demi-brigade, ne produisit qu’un médiocre effet sur la troupe ; elle ne pouvait avoir confiance dans les promesses d’un jeune homme dont elle connaissait à peine le nom.
Il savait, Aristocratès, tenir d’agréables discours en public, et, vertueux, ne pas froncer un sourcil sévère.
Le discours que lui prête Beugnot est tout à fait républicain d’esprit et de ton, et ressent son vieux jacobinisme patriotique qu’il se plaisait à rappeler, bien loin d’en rougir.
Saint-René Taillandier que je choque de plus en plus, bien malgré moi, mais il est par trop prêcheur aussi), osons rétablir tout ce joli début d’un certain chant VII : Lorsqu’autrefois, au printemps de mes jours, Je fus quitté par ma belle maîtresse, Mon tendre cœur fut navré de tristesse, Et je pensai renoncer aux amours ; Mais d’offenser par le moindre discours Cette beauté que j’avais encensée, De son bonheur oser troubler le cours, Un tel forfait n’entra dans ma pensée.
Il publie le recueil de ses Opinions et Discours, ses Lettres sur la Révolution ; il s’acquitte d’une dette de conscience et n’a pour le lendemain que les plus tristes présages.
Et d’abord il garda l’anonyme, — un anonyme assez transparent, il est vrai, — mais enfin il n’attacha point son nom au titre de l’ouvrage ; puis surtout il imagina de mettre toute cette relation sur le compte et dans la bouche de Napoléon lui-même, qui serait censé plaider sa cause aux Champs Élysées au tribunal de César, d’Alexandre et de Frédéric… Une fiction surannée, dira-t-on, imitée et réchauffée de Lucien et de Fontenelle, ou encore une manière de Dialogue de Sylla et d’Eucrate, un dialogue ou plutôt un monologue agrandi, démesuré et poussé jusqu’à quatre gros volumes, un bien long discours de 2,186 pages et bien invraisemblable assurément.
On sent quelle impression profonde et amère durent jeter dans l’âme ardente du jeune enfant de l’Empire, et les discours du mécontent, et le supplice de la victime : cela le préparait dès lors à son royalisme de 1814.
Il aurait souhaité voir cette pitié ennoblie par un sentiment plus doux et plus élevé, et la résignation chrétienne du Lépreux l’eût mille fois plus attendri que son désespoir. » — Ce discours dans la bouche de l’ami prendra de la valeur et deviendra plus curieux à remarquer, si l’on y croit reconnaître un écrivain bien illustre lui-même et qu’on a été accoutumé longtemps à considérer comme l’émule et presque l’égal du comte Joseph, plutôt que comme le critique et le correcteur du comte Xavier36.
Les discours imprimés de M. de Serre ont passé par ses mains.
Il remportait en 1812 le prix de discours français au concours général.
« Mais, pour plaire aux sages et pour avoir la perfection, il faut que l’unité ait pour limites celles de sa juste étendue, que ses limites viennent d’elle ; ils la veulent éminente pleine, semblable à un disque et non pas semblable à un point. » En songeant à ses erreurs, à ce qu’il croyait tel, il ne s’irritait pas ; sa bienveillance pour l’humanité n’avait pas souffert : « Philanthropie et repentir, c’est ma devise. » Trompé par une ressemblance de nom, nous avons d’abord cru et dit que, comme administrateur du département de la Seine, il contribua à la formation des Écoles centrales ; nous avions sous les yeux un discours qu’un M.
Plus d’une fois, m’assure-t-on, dans les moments d’urgence, il prêta sa plume aux discours de Boissy-d’Anglas et de ses autres amis.
Il s’agenouilla seulement un moment, le front dans ses mains, pour changer le sujet et le plan de son discours, et, se relevant avec la sérénité de son inspiration ordinaire, il parla avec une onction pénétrante sur la soumission sans réserve, due dans toutes les conditions de la vie, à la légitime autorité de ses supérieurs.
En attendant, il lâche son Essai sur les mœurs complété, renforcé, définitif (1756), et ses discours sur la Religion naturelle (1756) ; deux autres coups droits atteignaient la Providence chrétienne, à travers l’optimisme de Leibniz : le poème du Désastre de Lisbonne (1756), et le roman de Candide (1758).
Et il entend cinq discours, héroïquement, sans broncher, sans dormir, déjà redressé et roidi dans son rôle de prince — à quatre ans et demi !
Tebaldo lui dit qu’après bien des discours sur la prétendue intelligence existant entre Fabio et Virginia, il lui a proposé d’accommoder l’affaire et de faire épouser à Fabio une autre fille que Virginia, qui apportera six mille écus de dot ; que le père de la mariée lui fera présent de deux mille écus, sans parler d’un opulent héritage que ce père laissera plus tard à ses enfants.
Dans la glorification du “travail”, dans les infatigables discours de la “bénédiction du travail”, je vois la même arrière-pensée que dans les louanges des actes impersonnels et d’un intérêt général ; l’arrière-pensée de la crainte de tout ce qui est individuel.
Pour cela, il usait de toutes les ressources du discours, tant oratoires qu’imaginées, en y ajoutant celles, particulières en son cas, du rythme et de la rime.
M. avec madame de Maintenon ne font que croître et embellir, qu’elles durent depuis six heures jusqu’à dix, que la bru (madame la dauphine) y va quelquefois faire une visite assez courte ; qu’on les trouve chacun dans une grande chaise, et qu’après la visite finie on reprend le fil du discours.
Sans flatterie, et à ne voir que la plénitude et la justesse des termes dans l’ordinaire du discours, il aurait été un des premiers académiciens de son royaume.
Un grand sage, Confucius, disait, et je suis tout à fait de son avis quand je lis nos écrivains à belles phrases quand j’entends nos orateurs à beaux discours, ou quand je lis nos poètes à beaux vers : « Je déteste, disait-il, ce qui n’a que l’apparence sans la réalité ; je déteste l’ivraie, de peur qu’elle ne perde les récoltes ; je déteste les hommes habiles, de peur qu’ils ne confondent l’équité ; je déteste une bouche diserte, de peur qu’elle ne confonde la vérité… » Et j’ajoute, en continuant sa pensée : Je déteste la soi-disant belle poésie qui n’a que forme et son, de peur qu’on ne la prenne pour la vraie et qu’elle n’en usurpe la place, de peur qu’elle ne simule et ne ruine dans les esprits cette réalité divine, quelquefois éclatante, d’autres fois modeste et humble, toujours élevée, toujours profonde, et qui ne se révèle qu’à ses heures.
En vérité, ses sentiments ont quelque chose de si divin, que je ne puis y penser sans être en de continuelles actions de grâces : et la marque du doigt de Dieu, c’est la force et l’humilité qui accompagnent toutes ses pensées ; c’est l’ouvrage du Saint-Esprit… cela me ravit et me confond ; je parle, et elle fait ; j’ai les discours, elle a les œuvres.
Didot son Épître sur l’imprimerie, qu’on peut lire dans ses Poésies, et dans laquelle se trouvent quelques jolis vers descriptifs : Au lieu de fatiguer la plume vigilante, De consumer sans cesse une activité lente À reproduire en vain ces écrits fugitifs, Abattus dans leur vol par les ans destructifs ; Pour donner une forme, un essor aux pensées, Des signes voyageurs, sous des mains exercées, Vont saisir en courant leur place dans un mot ; Sur ce métal uni l’encre passe, et bientôt, Sortant multiplié de la presse rapide, Le discours parle aux yeux sur une feuille humide.
Ce prix, à l’origine, consistait en une espèce de discours ou sermon sur une vertu chrétienne.
Fénelon, jugeant ces mêmes Avis de Mme de Lambert à son fils, disait : L’honneur, la probité la plus pure, la connaissance du cœur des hommes, règnent dans ce discours… Je ne serais peut-être pas tout à fait d’accord avec elle sur toute l’ambition qu’elle demande de lui ; mais nous nous raccommoderions bientôt sur toutes les vertus par lesquelles elle veut que cette ambition soit soutenue et modérée. » Mme de Lambert perdit son mari en 1686 ; elle l’avait accompagné deux années auparavant à Luxembourg, quand il avait été nommé gouverneur de cette province, et, dans ce pays nouvellement conquis, elle l’avait aidé à se concilier les cœurs : « Il avait la main légère, dit-elle, et ne gouvernait que par amour, et jamais par autorité. » Elle avait consacré tout son bien personnel, qui était considérable, à l’avancement de la fortune de son mari et à une honorable représentation.
En un mot, on sent beaucoup trop que les comparaisons, chez cette femme d’esprit, ne s’offrent point d’elles-mêmes, qu’elles ne naissent point sous ses pas et du sein même du sujet qu’elle traite, qu’elles ne sont point inspirées par l’à-propos du discours, mais qu’elle les tire de quelque magasin plus ancien, de quelque cahier de conversation où elle les avait en réserve.
Quand il s’arrête sous les marronniers au dernier acte, et qu’au lieu de songer tout simplement à ne pas être comme Sganarelle, il se met à se tourner vers le parterre, et à lui raconter sa vie en drapant la société et en satirisant toutes choses, il est pédant, il y a un commencement de clubiste en lui ; il n’est pas loin de celui qui montera le premier sur une chaise au jardin du Palais-Royal et qui fera également un discours en plein vent et à tout propos.
Une flamme divine me consumait : j’étais comme ces disciples de Jésus-Christ qui, en se rappelant l’impression de ses discours, se disaient entre eux : Notre cœur brûlait en l’écoutant.
La biographie pure, si clic suffit à nous expliquer un Alcibiade ou un Alexandre, un César même et à peine, ne parvient déjà plus à nous donner le sens intime ni de Frédéric le Grand, ni de Napoléon Ier, ni de M. de Bismarck ; il faut la correspondance et les œuvres littéraires de l’un, le mémorial, les bulletins, les lettres, les paroles de l’autre ; la correspondance ou les discours parlementaires du chancelier ; or le recours à ces ressources est du domaine de la critique scientifique, qui demeure ainsi, en somme, avec tous les auxiliaires dont elle s’entoure, le moyen le plus efficace de connaître tout entiers les esprits dont l’existence a compté et dont la gloire consiste à se survivre.
Dans le discours qu’il prononça le 2 mars 1894, au banquet Goncourt, M.
Dans ces dernières y aurait-il certains traits fins, subtils et cachés, faciles à sentir quand on les a sous les yeux, infiniment difficiles à retenir quand on ne les voit plus, impossibles à rendre par le discours ; ou serait-ce de ces physionomies rares et des traits spécifiques et particuliers de ces physionomies que seraient empruntées ces imitations qui nous confondent et qui nous font appeller les poëtes, les peintres, les musiciens, les statuaires du nom d’inspirés ?
Il est inspiré par un goût naturel, par la mobilité de l’âme, par la sensibilité, c’est l’image même de l’âme rendue par les inflexions de la voix, les nuances successives, les passages, les tons d’un discours accéléré, ralenti, éclatant, étouffé, tempéré en cent manières diverses. écoutez le défi énergique et bref de cet enfant qui provoque son camarade. écoutez ce malade qui traîne ses accents douloureux et longs.
Le contraste dans la revue entre un discours très critique sur le groupe et des recensions élogieuses de ses productions se confirme, et prend aussi son sens dans le refus des écoles et la valorisation des créateurs affirmés par le programme-manifeste d’Action.
Avant de mourir, il appliquait sa volonté, toujours opiniâtre, à noter sous une forme plastique la succession des rêves et des cauchemars, avec la précision d’un sténographe qui écrit le discours d’un orateur.
Les inscriptions, comme celle d’Halicarnasse, les discours solennels, comme celui d’Aristide de Smyrne, louent et remercient les empereurs d’avoir tracé, sur la surface de la terre, tant de traits d’union pour les peuples. — Ce ne sont pas seulement les services publics qui profitent de ces immenses travaux.
Sur cet écueil même le colossal fantôme, voilé en silence de son manteau de gloire, voyant passer les révolutions et les lois, demeure pour les peuples et les princes un formidable enseignement. » Un discours de M. de Lamartine, à la même date, avait quelque chose de cette raison profonde cachée sous la poésie.
Puis le vers plein, superbe, celui que Molière trouve toujours pour exprimer l’idée mère, celui qui est comme l’épine dorsale du discours : J’eusse d’un faux-fuyant la faveur toute prête. […] Ces scènes où Jupiter exprime sa tendresse à Alcmène passaient jadis pour ennuyeuses : ce sont, disait le même Geoffroy, les moins bonnes de l’ouvrage, et il ajoute avec un tour d’esprit un peu grossier : « Le maître des Dieux n’avait pas ordonné à la Nuit de mettre ses coursiers au petit pas pour lui donner le temps de faire de longs discours. […] Je n’ai pas peur de l’honnête liberté de ses discours. […] Elle empêche qu’on entende un seul mot du discours de M. […] Regardez-la, pourtant : vous pourrez suivre le discours de M.
Brunetière en a cité des exemples, non sans quelque ironie, dans sa réponse au discours de réception de M. […] D’où sa conversion et les ardents discours apostoliques grâce auxquels il finit par convaincre son fils et ses concitoyens. […] Il estime qu’on lui a fait faire trop de discours sur des sujets qu’il ne connaissait pas. […] Il blâme l’abus du discours latin ou français, non l’usage. […] Ces deux interlocutrices ne sont là que pour nous éclairer par leurs discours sur les pensées de Jeanne.
Nous n’irons pas faire, au lendemain de sa mort, le discours qu’il n’a pas voulu qu’on prononçât sur sa tombe : nous nous contenterons de recueillir quelques impressions familières sur l’homme et ses œuvres ; une étude littéraire, impartiale et complète, ne peut avoir sa place que plus tard. […] Les vingt-huit dernières années de sa vie s’étaient écoulées dans un silence méditatif à peine interrompu, en 1853, par des fragments de Poèmes philosophiques, publiés dans la Revue des Deux Mondes : La Mort du loup, La Flûte, etc., etc. ; en 1846, par son discours de réception à l’Académie française, où il remplaça M. […] — Que votre voix est triste et quel sombre discours ! […] Président du club, le jeune Béranger faisait des allocutions aux conventionnels qui passaient à Péronne et prononçait des discours dans des cérémonies nationales. […] L’idée seule d’assister à des cérémonies, d’y porter l’habit brodé, de prononcer, l’épée au côté, des discours d’apparat, en présence d’un nombreux auditoire, suffit pour le glacer d’effroi.
Discours prononcé à l’ouverture du cours le 4 décembre 1817. […] Or nous nous adressons à vos souvenirs des deux dernières années : n’avons-nous pas établi, par la méthode expérimentale la plus sévère, par la réflexion appliquée à l’étude de l’esprit humain, avec la lenteur et la rigueur qu’exigent de pareilles démonstrations, n’avons-nous pas établi qu’il y a dans tous les hommes, sans distinction de savants et d’ignorants, des idées, des notions, des croyances, des principes que le sceptique le plus déterminé peut bien nier du bout des lèvres, mais qui le gouvernent lui-même à son insu et malgré lui dans ses discours et dans sa conduite, qu’on trouve en soi pour peu qu’on s’interroge, et qui, par un contraste frappant avec nos autres connaissances, sont marqués de ce caractère à la fois merveilleux et incontestable qu’ils se rencontrent dans l’expérience la plus vulgaire, et qu’en même temps, au lieu d’être circonscrits dans les limites de cette expérience, ils la surpassent et la dominent, universels au milieu des phénomènes particuliers auxquels ils s’appliquent, nécessaires quoique mêlés à des choses contingentes, infinis et absolus à nos propres yeux, tout en nous apparaissant dans cet être relatif et fini que nous sommes ? […] Ce procédé si simple, et qu’il expose si simplement dans le Discours de la Méthode, il le mettra successivement, dans les Méditations, dans les Réponses aux objections, dans les Principes, sous les formes les plus diverses ; il l’accommodera, s’il le faut, au langage de l’école pour l’y faire pénétrer. […] Chez nous, on l’atteint par la conscience ; chez les autres hommes, elle se manifeste par leurs discours et par leurs actions. […] Voilà ce qu’attestent les discours et les actions des hommes.
. — Au moins, me disaient-ils, nous pourrons assister à une séance et entendre un discours de réception dans lequel nous ne serons pas insultés suivant l’usage. […] As-tu songé à ce discours de réception qu’il faut entendre, à la leçon qu’il faut recevoir en public et qu’on ne m’eût certes pas ménagée à moi ? […] Tarasconnais, comme les dieux m’ont fait, j’oublierais toutes les convenances et, plutôt que d’attendre la fin du discours, j’aurais lancé un terrible zut ! […] Comme il arrive à des moments pareils, leurs discours se faisaient d’autant plus calmes et indifférents que leurs cœurs étaient plus troublés. […] Quelle que soit la divergence de ces discours, la résignation est au bout avec la croyance en une vie éternelle chez les uns, et la croyance en un éternel repos chez les autres.
Cette histoire fut réduite en Farce imprimée, laquelle fut jouée un soir devant le roi Charles IX, moi y étant. » Voici le singulier titre d’une farce représentée en 1558 : les Femmes Salées, en un acte, en vers, à cinq personnages, par un anonyme, jouée par les Enfants Sans Souci, imprimée en caractères gothiques, ou discours facétieux des hommes qui font saler leurs femmes à cause qu’elles sont trop douces. […] discours superflus ? […] Du reste, il se faisait si peu illusion, qu’ayant entendu un détestable discours, il alla embrasser l’orateur en s’écriant : « Ah ! […] Pyrrhus et lui font de vaillants discours ; Mais aux discours leur vaillance est bornée.
Le Discours de Buffon devrait être le bréviaire de tous ceux qui tiennent une plume. […] L’auteur du Discours sur le style exige beaucoup de choses d’un écrivain. […] Buffon n’aurait écrit que ce Discours, son nom ne périrait pas. […] C’est dans son Discours que les jeunes gens qui se destinent aux lettres doivent étudier de près cet art d’écrire sur lequel les maîtres de tous les temps se sont montrés si difficiles. […] Il a préféré laisser à son Discours sa portée générale, en se contentant d’indiquer ce qui lui paraissait bon et ce qui lui paraissait mauvais.
Ils n’avaient point des sensations vives, et n’étaient guère portés à l’émotion : nulle fougue passionnée ne secoue l’ordonnance tranquille de leurs discours, non plus que la froide sérénité de leurs faces. […] Les épithètes notant les sensations étaient rares, vagues, peu variées : mais les actes étaient liés par une implacable logique ; et sans cesse des discours rompaient la série des actes. […] Le théâtre fut bien la forme littéraire typique, pour les dernières époques du moyen âge : un théâtre non plus de raisonnements ou de discours, mais d’actions, de faits matériels. […] Il la double, en vérité, d’une métaphysique toute spéciale ; mais de ses plus anciens écrits aux discours les plus récents, il admet toujours, comme un fond incontesté et nécessaire, le développement continu des espèces, la concurrence aveugle des formes. […] Une balance se vérifie par elle-même, quand, en variant les pesées, elle donne des résultats constants. » Le même truisme se retrouve dans un très récent discours de M.
Molière, si l’on en croit Perrault qui rapporte ce fait, écouta l’orateur sans s’émouvoir ; et, le discours fini, parla à son tour avec tant d’art et de talent en faveur du théâtre, qu’il parvint à convaincre l’ambassadeur de ses parents, et il le détermina même à venir prendre part à ces jeux dont il était idolâtre. […] Le discours qu’il vient faire à l’issue de la comédie a pour but de captiver la bienveillance de l’assemblée. […] Il ne fallait, pour servir à ces entretiens, ni bon sens, ni mémoire, ni la moindre capacité ; il fallait de l’esprit, non pas du meilleur, mais de celui qui est faux et où l’imagination a le plus de part. » Les usages de ces coteries n’étaient pas moins bizarres que les discours qui s’y tenaient. […] Si Molière, s’appliquant de son chef ce que Boileau disait en général des grands talents, eût tenu un semblable discours, il eût réfuté lui-même ces éloges donnés à la modestie des hommes de génie. […] Ce discours produisit tout l’effet oratoire que Molière en espérait.
Sans être formellement impie (dès cette époque il paraît avoir été assez retenu dans ses discours touchant les choses de la religion), il était incroyant, et n’avait pas mis les pieds dans une église depuis sa première communion. […] Or il est bien évident, d’abord, que, parmi les illustres catholiques laïques de ce siècle, les Montalembert, les Falloux, les Ozanam, aucun n’a cet accent ; que ce sont gens bien élevés, dont les discours pieux sentent leur homme du monde et se distinguent toujours de ceux d’un desservant de village, d’un sacristain ou d’une Petite Sœur.
Racine y a bien songé, dans le fameux discours de Mithridate à ses enfants ; mais plus le vieux roi est grand en parlant de ses défaites et de ses invincibles espérances, plus il s’abaisse par sa jalousie de vieillard amoureux et par les stratagèmes dont il use pour s’assurer s’il est trompé. […] Que dans tous vos discours la passion émue Aille chercher le cœur, réchauffe et le remue.
Dans ce cas il suffirait qu’un discours soit écrit en vers pour se ranger dans la cohorte sainte des œuvres poétiques. […] Alfred Austin, poète lauréat anglais, dans un discours prononcé à Édimbourg en 1902, a protesté contre la thèse du professeur Dowden, d’après laquelle on peut très bien être un grand poète sans être en même temps un profond philosophe.
Il fait des discours corrects, solennels, et ne fait rien de plus ; ses personnages sont des harangues, et dans leurs sentiments on ne trouve que des monceaux de puérilités et de contradictions. […] Un bachelier, dans son discours de réception, ne prononcerait pas mieux et plus noblement un plus grand nombre de sentences vides. « Ma belle compagne, l’heure de la nuit et toutes les créatures retirées à présent dans le sommeil nous avertissent d’aller prendre un repos pareil, puisque Dieu a établi pour les hommes le retour alternatif du repos et du travail, comme de la nuit et du jour, et que la rosée opportune du sommeil, par sa douce et assoupissante pesanteur, abaisse maintenant nos paupières. […] C’est à ce moment que les discours interminables fondent sur le lecteur, aussi nombreux et aussi froids que des douches de pluie en hiver.
. — Stock de discours lénitifs pour chef d’État […] J’arrivai au discours du vieillard : « Souviens-toi de ton père, Achille, égal aux dieux. […] Les mots « pour cent » reviennent sans cesse dans son discours. […] Tous ces discours extravagants m’écœurent.
L’abbé de Joie monte en chaire : on écoute, la paume appuyée sur les seins, avec émoi, avec délices, car l’abbé prêche Adonis sous le nom de Jésus et son discours équivoque va changer en amoureuses les fidèles du Christ… M. lorrain a, lui aussi, beaucoup prêché Adonis, car comment retenir les femmes si on ne prêche Adonis ? […] Si pour thème d’un discours il prend ce mot de M. […] D’abord ils imaginèrent d’« écrire » histoire ; ils ne font ni des discours ni des dissertations, mais des livres ; ils traitent Marie-Antoinette non pas en sujet mais en motif autour duquel se viennent rassembler tous les petits faits de vie dont vivait la reine : à connaître ses jeux, ses paroles, ses robes et ses coiffures, ils pénètrent plus facilement jusqu’à son âme qui, occupée sans doute de combinaisons politiques, l’était aussi de jeux de robes et de coiffures. […] Hello n’entre jamais au cœur des problèmes, ces troupeaux d’idées ; il les cerne, il les ceint d’un cercle d’où il leur défend de sortir, puis il leur parle ; ses discours sont uniformes : problème, tu es simple, trop simple pour que je m’attarde autour de toi, si simple que tu n’existes pas.
Giselle était là aussi, la plus effacée de ces trois dames, la moins voyante, dans son élégance sobre et discrète, aussi, je la remarquai peu, fascinée et absourdie que j’étais par la marquise, dont les rires et les discours tumultueux, dominaient tout. […] La teneur et le style de ces beaux discours m’échappent tout à fait, mais j’ai le souvenir très net des effets qu’ils produisaient. […] Ce discours, qui s’adressait plutôt aux élèves de dix-huit ans, qu’aux petites comme moi, je le suivais cependant sans en perdre un mot, et la sœur Fulgence était certainement éloquente, car sa parole me communiquait son enthousiasme et m’ouvrait tout un monde magnifique. […] Toutes les fois que je pouvais la joindre, j’entreprenais de combattre sa résolution, par des discours véhéments. […] Nous asseyant chacune sur un genou, il nous faisait de la morale, et nous démontrait, par des exemples saisissants et des paraboles superbes, l’avantage qu’il y avait à être sage, à se bien conduire et à apprendre rapidement les leçons prescrites ; puis, pour bien fixer dans notre esprit l’excellence de son discours, il concluait en nous faisant cadeau d’une pièce de quarante sous.
C’est ainsi qu’un de ses plus parfaits chefs-d’œuvre, le discours sur Jean Racine, prononcé à Port-Royal des Champs lors du centenaire de Racine, est un centon ; mais un centon de Jules Lemaître par lui-même. Il a pris dans ses feuilletons du Journal des Débats ou dans ses chroniques de la Revue les éléments de son discours. […] Si l’on doute, il faut se taire ; car, quelque discours qu’on puisse tenir, parler, c’est affirmer. […] Il interrompt ses discours emphatiques et ne fait plus que bégayer des mots niais, de pauvres petits mots qu’on dit pour ne point se taire : « As-tu ton billet ? […] … Dans son récent discours à l’Académie, M. de Régnier souhaitait que fût ajoutée à la grande Histoire du second Empire, de M.
Ni les poèmes, ni les discours de son héros ne sont soumis à notre jugement, et nous sommes réduit à les admirer sur parole. […] Il prononce des discours très beaux et très utiles. […] Bulwer sont tout simplement mécontents de ses discours au parlement. […] Il y a pourtant, dans ses discours les plus applaudis, un mélange singulier de hauteur et d’indécision. […] Pour juger ses discours, il ne faut pas les lire, car le style en est trop souvent pâteux ou diffus : il faut les avoir entendus.
Flourens dans le Journal des savants (novembre et décembre 1847) ; — et aussi on se rappelle involontairement cet incomparable discours, dans Le Malade imaginaire, lorsque M.
Mérimée, au nom de l’Académie française, y a prononcé en l’honneur de Froissart un discours d’une netteté exquise.
Les muses étaient les filles de Mémoire. « On parlait pour dire vrai, on chantait pour dire plus vrai encore. » Mythos, qui plus tard a voulu dire fable, dans la langue homérique signifie discours et vérité.
Dans un autre discours bien mémorable que lui prête Thucydide, et que sans doute il ne lui prête pas sans de bons motifs, Périclès traite déjà les Athéniens comme plus tard on traitera les Romains ; il s’efforce de les soutenir et de les fortifier contre la double épreuve de la guerre et de la terrible peste ; il prétend inspirer à ces citoyens d’une grande ville, et nourris dans des mœurs et des sentiments dignes d’elle, la force de tenir tête aux plus grands malheurs.
savoir le grec, ce n’est pas comme on pourrait se l’imaginer, comprendre le sens des auteurs, de certains auteurs, en gros, vaille que vaille (ce qui est déjà beaucoup), et les traduire à peu près ; savoir le grec, c’est la chose du monde la plus rare, la plus difficile, — j’en puis parler pour l’avoir tenté maintes fois et y avoir toujours échoué ; — c’est comprendre non pas seulement les mots, mais toutes les formes de la langue la plus complète, la plus savante, la plus nuancée, en distinguer les dialectes, les âges, en sentir le ton et l’accent, — cette accentuation variable et mobile, sans l’entente de laquelle on reste plus ou moins barbare ; — c’est avoir la tête assez ferme pour saisir chez des auteurs tels qu’un Thucydide le jeu de groupes entiers d’expressions qui n’en font qu’une seule dans la phrase et qui se comportent et se gouvernent comme un seul mot ; c’est, tout en embrassant l’ensemble du discours, jouir à chaque instant de ces contrastes continuels et de ces ingénieuses symétries qui en opposent et en balancent les membres ; c’est ne pas rester indifférent non plus à l’intention, à la signification légère de cette quantité de particules intraduisibles, mais non pas insaisissables, qui parsèment le dialogue et qui lui donnent avec un air de laisser aller toute sa finesse, son ironie et sa grâce ; c’est chez les lyriques, dans les chœurs des tragédies ou dans les odes de Pindare, deviner et suivre le fil délié d’une pensée sous des métaphores continues les plus imprévues et les plus diverses, sous des figures à dépayser les imaginations les plus hardies ; c’est, entre toutes les délicatesses des rhythmes, démêler ceux qui, au premier coup d’œil, semblent les mêmes, et qui pourtant diffèrent ; c’est reconnaître, par exemple, à la simple oreille, dans l’hexamètre pastoral de Théocrite autre chose, une autre allure, une autre légèreté que dans l’hexamètre plus grave des poètes épiques… Que vous dirais-je encore ?
Je rappellerai seulement deux ou trois traits de cette lettre : « N’as-tu pas admiré, dans le discours de M. de Montesquiou, comme quoi les Français ont trop d’esprit pour avoir besoin de dire ce qu’ils pensent ?
Celui des jeunes garçons offrait l’image d’un club et d’un camp : on portait le costume militaire ; à chaque événement public, on nommait des députations, on prononçait des discours, on votait des adresses ; on écrivait au citoyen Robespierre ou au citoyen Tallien.
Le pinacle, en quelque sorte, de sa construction théorique, est Buffon et son Discours sur le style.
… » J’abrége ce discours que chacun peut varier aisément.
Dans le discours qu’il adressait à Léon X sur la réforme du gouvernement de Florence, ce grand homme (Machiavel) disait : « Les hommes qui, par les lois et les institutions, ont formé les républiques et les royaumes, sont placés le plus haut, sont le plus loués après les dieux. » En étudiant d’original cette variété de personnages qui viennent comme témoigner sur eux-mêmes dans le Recueil de M.Mignet, on en rencontre un pourtant, une seule figure à joindre à celles des grands politiques intègres et dignes d’entrer, à la suite des meilleurs et des plus illustres de l’antiquité, dans cette liste moderne si peu nombreuse des Charlemagne, des saint Louis, des Washington : c’est Jean de Witt, lequel à son tour a fini par être mis en pièces et dilacéré au profit de cet autre grand politique moins scrupuleux, Guillaume d’Orange ; car ce sont ces derniers habituellement qui ont le triomphe définitif dans l’histoire.
L’âge affoiblit mon discours, Et cette fougue me quitte Dont je chantois les amours De la reine Marguerite.
Discours préliminaire Je me suis proposé d’examiner quelle est l’influence de la religion, des mœurs et des lois sur la littérature, et quelle est l’influence de la littérature sur la religion, les mœurs et les lois.
Pauvre Jean-Jacques, me disais-je, qui t’enverrait, toi et ton système, copier de la musique chez ces gens-là aurait bien durement répondu à ton discours. » Avertissement prophétique, prévoyance admirable que l’excès du mal n’aveugle point sur le mal du remède.
Mariotto, abbé du monastère, présenta les uns aux autres ses doctes amis ; et le reste du jour, car c’était vers le soir que cette rencontre eut lieu, se passa à écouter les discours d’Alberti, dont Landino nous peint le génie et les talents sous le jour le plus favorable.
« Car, disait Longin traduit par Boileau, lorsqu’en un grand nombre de personnes différentes de profession et d’âge, et qui n’ont aucun rapport ni d’humeurs ni d’inclinations, tout le monde vient à être frappé également de quelque endroit d’un discours, ce jugement et cette approbation uniforme de tant d’esprits, si discordants d’ailleurs, est une preuve certaine qu’il y a là du merveilleux et du grand. » Quand à la diversité des âges, des humeurs et des professions s’ajoute celle des races, des époques et des mœurs, l’uniformité d’approbation sera une marque bien plus certaine et plus indubitable encore de l’excellence des ouvrages.
L’absence d’imagination a laissé aux scènes historiques une apparence d’exacte vérité, dont la vibration oratoire du discours a doublé l’effet.
Otez du discours d’un homme d’esprit ce qui est pensée ou sentiment juste, raillerie fine, louange délicate, il reste encore quelque chose qui ne nous apprend rien et pourtant qui n’est pas de trop.
Et puis il faudrait pour y arriver faire des années de ce que j’appelle littérature écolière, vers latins, discours de rhétorique, etc. jugez quel supplice !
Le bonhomme se retourne, s’imaginant qu’ils parlent à quelqu’un placé derrière lui, Quand il est bien convaincu que ses fils s’adressent à lui, il faut voir comme il se fâche ; et il faut entendre de quel ton son frère lui explique cette mode du grand monde. « C’est, dit-il, que le terme de mon père est trop ignoble, trop grossier ; il n’y a que les petites gens qui s’en servent ; mais chez les personnes aussi distinguées que Messieurs vos fils, on supprime dans le discours toutes ces qualités triviales que donne la nature, et, au lieu de dire rustiquement mon père comme le menu peuple, on dit Monsieur ; cela a plus de dignité89. » L’ironie est visible, et, dans les pièces de Marivaux, les parents tutoient déjà leurs enfants, ce qui est un acheminement à se laisser tutoyer par eux.
Il développe sur ces motifs le thème de sa personnalité d’emprunt, et la gravité du masque le dispensant de tout discours, en même temps qu’elle atteste le sérieux de ses convictions, confère à son silence des significations secrètes et à sa mimique une valeur augurale.
Mercredi 8 janvier Labiche contait, ce soir, qu’à l’enterrement de Murger, il y avait une contestation entre Thierry, et Maquet, à propos de l’ordre du discours à prononcer sur la tombe.
Nous avons applaudi, comme tout le monde, au discours grave et simple de M. de Lafayette et, dans une autre nuance, à la remarquable improvisation de M.
Voy. son discours si remarquable du 27 janvier 1848.
L’état de distraction est une circonstance favorable à ces oublis ; on comprend mal un discours mal écouté ; plus tard, on se répète à loisir ce qu’on en a retenu, et l’on comprend mieux [ch.
Tout ce que vous pouvez imaginer de désespoir et de larmes… Psyché, laissée seule en ce lieu sauvage, se voit soudain transportée en un palais et elle entre dans un état très bizarre : elle y devient l’épouse d’un être que, à sa voix, à ses discours, à l’entendre, à le toucher, elle trouve charmant, mais qu’elle ne voit jamais.
Et moi j’admirais comment ces primitifs, si loin de nos sciences et de nos discours, avaient le sentiment de la beauté de leur âpre pays.
Les discours qu’il leur prête seraient à citer tout entiers : c’est comme la profession de foi, ou plutôt de scepticisme d’un siècle qui nie l’idéal, faute d’y pouvoir atteindre et qui ne croit plus qu’à la réalité plate des choses et à la médiocrité bourgeoise des âmes : « Quand ces chevaliers ou écuyers, dit Damp Abbez, vont faire leurs armes et ont pris congé du roi, s’il fait froid, ils s’en vont à ces poêles d’Allemagne, se rigolent avec ces fillettes tout l’hiver ; et, s’il fait chaud, s’en vont en ces délicieux royaumes de Sicile et d’Aragon », puis ils vont crier à la cour qu’ils ont gagné le prix des armes, « et povres dames, n’v êtes-vous pas abusées ! […] La vraisemblance exige que leur discours ait l’allure de la conversation familière, qui se ralentit ou se précipite, s’abaisse ou s’élève, se prolonge ou tout d’un coup s’interrompt et s’exclame. […] Diderot mit le désordre dans les habits comme dans les discours ; Mercier voulut étaler « les lambeaux de la misère ». […] Le Mariage de Roland est imité du Duel de Roland et d’Olivier, épisode de la chanson de Girart de Vienne, publié partiellement à Berlin en 1829 par Bekker ; l’apostrophe de Charlemagne à ses barons, dans Aymerillot, est l’éloquente paraphrase d’un discours qui se trouve dans Aimeri de Narbonne ; dans une pièce de la nouvelle Légende des siècles qui s’appelle L’Aigle du casque, la poursuite d’Angus par Tiphaine, la procession des sœurs qui viennent intercéder pour lui, sont des ressouvenirs de Raoul de Cambrai153. […] Les discussions s’engagent ; les résolutions enthousiastes l’emportent : le discours énergique du rédacteur du Messager russe, « l’enfer doit être repoussé par l’enfer », est reçu avec une approbation marquée et bruyante.
Il me semble que cet artifice de raisonnement remonte en droite ligne au Discours de la méthode et aux Méditations de Descartes. […] Il collabore au Mercure du libraire Panckoucke, et il cause, il cause… Les journées s’en vont ainsi, puis, soudainement, par un de ces contrastes dont les hommes très compliqués peuvent seuls donner l’exemple, il publie coup sur coup un Discours sur l’universalité de la langue française et une traduction de l’Enfer du Dante. […] Il y avait dans son Discours, particulièrement, une telle science de la phrase, un sentiment si complet de la langue et en même temps une si virile fermeté de doctrine que même l’envie dut se taire en présence d’une supériorité indiscutable. […] Cette poésie de la guerre n’était pas seulement dans les discours que le futur écrivain de Servitude et Grandeur, à peine aussi haut qu’un mousqueton, écoutait de toutes ses oreilles et de tout son esprit. […] Qu’est-ce que le Lac, sinon la paraphrase du discours des impies dans l’Ecriture : « Couronnons-nous de roses avant qu’elles ne soient flétries… ?
Lisez, par exemple, l’épisode de la caronade ; écoutez le discours de Lantenac au matelot qui veut le tuer. […] Singulier discours, presque aussi étrange que celui que le même Lantenac tenait tout à l’heure dans la barque au milieu des récifs, s’étonnant lui-même de ce qu’il disait et ajoutant : « Tu ne me comprends pas, n’est-ce pas ? […] Ce discours où le nouveau sénateur, péniblement arrivé au Sénat, cherche à reconquérir sa popularité auprès de la jeunesse en scandalisant l’Impératrice, n’est-ce donc pas de l’ingratitude et de la déloyauté ? […] Ce discours, que M. […] Sans la méprise et le malentendu sur le discours de Daniel, le drame ne s’engageait pas ; sans l’équivoque d’un mot à double sens, il ne continuerait pas maintenant.
Un peu plus le cardinal, qui décidément n’a pas les mêmes idées que l’abbé Pierre, eût clos son discours par ces trois vers de Théophile Gautier qui me reviennent à la mémoire : Pourquoi vouloir sauver Rome de la ruine ? […] Avec une familiarité, un abandon pleins de charme, l’auteur nous raconte le voyage qu’il a fait en Hollande où l’appelait une série de discours et de conférences qui lui étaient demandées. […] Quel sermon, quel discours à la tribune vaudra cette protestation patoisée qui nous dit la vérité sur les Petits-manteaux-bleus de la politique ! […] Notices et discours M. […] Aussi est-ce avec grand plaisir que nous enregistrons le volume où sont recueillis plusieurs de ses Notices et discours, sur Charles Blanc, Paul Baudry, Jean Alaux et A.
Il convoquait ses concitoyens dans les églises et leur débitait des discours. […] Je ne sais si Napoléon Bonaparte, écoutant les discours de M. […] C’est le plus professionnel des historiens, car il est historien du matin au soir ; et, comme il doit rêver de Napoléon, il est historien certainement du soir au matin, sans trêve ni relâche… » Tel fut le discours de mon savant interlocuteur, M. […] Talleyrand, d’une voix calme, avec sa face immobile de serviteur bien stylé, commença son discours, qui fut un chef-d’œuvre de prétéritions. […] Discours.
Troïlus en devient plus brave, plus généreux, plus honnête ; ses discours roulent maintenant « sur l’amour et sur la vertu, il a en mépris toute vilainie », il honore ceux qui ont du mérite, il soulage ceux qui sont dans la détresse. […] Non-seulement Chaucer, comme Boccace, relie ses contes212 en une seule histoire, mais encore, ce qui manque chez Boccace, il débute par le portrait de tous ses conteurs, chevalier, huissier, sergent de loi, moine, bailli, hôtelier, environ trente figures distinctes, de tout sexe, de toute condition, de tout âge, chacune peinte avec son tempérament, sa physionomie, son costume, ses façons de parler, ses petites actions marquantes, ses habitudes et son passé, chacune maintenue dans son caractère par ses discours et par ses actions ultérieures, si bien qu’on trouverait ici, avant tout autre peuple, le germe du roman de mœurs tel que nous le faisons aujourd’hui.
Si vous redoutez son crédit, chargez quelque autre que moi de faire un discours qui lui convienne: je ne peux dissimuler sur de si grands intérêts. […] élève ton âme vers l’infini pour supporter les peines d’un moment. » Ma propre émotion mit fin à mon discours.
Ce n’est plus un plaisir, une récréation, un exercice gymnastique ; enfin, le canotage : c’est le sport nautique, une institution de progrès qui a des présidents, des secrétaires, qui fabrique des discours aux régates, une société de pochards en vareuse et de marins d’eau de vaisselle, qui veulent par l’association faire leur chemin, arriver au moyen de la marine de plaisance à des distinctions, à une sorte de carrière. […] Les devises, les murs, les discours, l’histoire, tout ment à cette époque.
C’est une grande et belle chose que de voir se déployer avec cette largeur un drame où l’art développe puissamment la nature ; un drame où l’action marche à la conclusion d’une allure ferme et facile, sans diffusion et sans étranglement ; un drame enfin où le poëte remplisse pleinement le but multiple de l’art, qui est d’ouvrir au spectateur un double horizon, d’illuminer à la fois l’intérieur et l’extérieur des hommes ; l’extérieur, par leurs discours et leurs actions ; l’intérieur, par les a parte et les monologues ; de croiser, en un mot, dans le même tableau, le drame de la vie et le drame de la conscience. […] C’est ce jour-là même, devant le peuple, la milice, les communes, dans cette grande salle de Westminster, sur cette estrade dont il comptait descendre roi, que, subitement, comme en sursaut, il semble se réveiller à l’aspect de la couronne, demande s’il rêve, ce que veut dire cette cérémonie, et dans un discours qui dure trois heures refuse la dignité royale. — Était-ce que ses espions l’avaient averti de deux conspirations combinées des cavaliers et des puritains, qui devaient, profitant de sa faute, éclater le même jour ?
Ses discours n’étaient pas des discours, mais des oracles rédigés dans une sorte d’algèbre éloquente.
Jean Jaurès une belle matière de discours français. […] Discours sur l’Histoire universelle, part.
Je le saluai, sans rien dire, et je m’éloignai rêveur, comparant son discours à ceux que ma race errante recueillit jadis sous les ombrages de Dodone, et, plus jadis encore, au plateau de Pamyr : je les trouvai tous identiques. […] Son invention de la nature lui fournit des expressions poignantes qui, mieux que tout discours balancé, rendent la violence de son émotion. […] En un passage de son discours, il fut amené à définir quelques-unes des conséquences, proches ou lointaines, de la Révolution. […] Et ils affirment que par de tels discours, pires que les bombes célèbres, « les bases de la société sont ébranlées jusque dans leurs fondements ».
Il y a bien du peut-être, dans son discours. […] Elle est, cette doctrine, dans les livres et dans les discours, plus ou moins nette, plus ou moins dénaturée. […] Paul Bourget, dans un récent discours, note que les deux bonshommes souffrent d’un mal et ridicule et pathétique, sentant « la disproportion de la pensée et de la vie ». […] L’auteur a tâché d’être clair et, s’il ne l’est pas à merveille, l’objet de son discours ne l’était pas. […] Et nous appellerons syntaxe française une logique française du discours.
On voyait sur sa figure et dans ses discours le plus grand calme.
peut-être en recueillerez-vous plus de profit que de toute l’enflure d’un discours stoïque. » Et suivent alors les conseils appropriés : fuir les jardins publics, le fracas, le grand jour ; le plus souvent même ne sortir que de nuit ; voir de loin le réverbère à la porte d’un hôtel, et se dire : « Là, on ignore que je souffre ; » mais ramenant ses regards sur quelque petit rayon tremblant dans une pauvre maison écartée du faubourg, se dire : « Là, j’ai des frères. » Voilà ce qu’on trouve, après tant d’autres pages révélatrices, dans l’Essai.
Quant à sa vie publique, beaucoup de révélations successives avaient été faites, et avec un résultat assez inverse du précédent, c’est-à-dire que si, en y regardant bien, on l’avait trouvé meilleur au fond que ses divorces, ses rapts et ses adultères, on le trouvait au rebours, dans la vie politique, plus léger et plus vain, moins scrupuleux en opinion, plus à la merci d’une belle inspiration du moment ou d’un mauvais discours qu’un de ses faiseurs lui avait apporté le matin, et finalement, pour tout dire, plus vénal que son génie, son influence et le développement majestueux de son âge mûr ne le donnaient à penser.
D’Alembert était prudent, circonspect, sobre et frugal de doctrine, faible et timide de caractère, sceptique en tout ce qui sortait de la géométrie ; ayant deux paroles, une pour le public, l’autre dans le privé, philosophe de l’école de Fontenelle ; et le xviiie siècle avait l’audace au front, l’indiscrétion sur les lèvres, la foi dans l’incrédulité, le débordement des discours, et lâchait la vérité et l’erreur à pleines mains.
Son secrétaire Maynard la faisait parler en vers tendres et passionnés, et lui-même, dans sa vieillesse, a trahi le secret lorsqu’il a dit : L’âge affoiblit mon discours, Et cette fougue me quitte, Dont je chantois les amours De la reine Marguerite.
Comme il dirigeait une ferme, il avait dans sa chambre une liste des mots qui avaient chance de se rencontrer dans les discours de ses ouvriers.
Nous surtout, qui voulons supprimer la peine irréparable de mort en matière civile, et qui avons eu l’audace de la supprimer même en politique, nous n’aimons pas la peine corruptrice des bagnes, et nous avons, dans nos nombreux discours sur ce sujet, réclamé un pénitentiaire colonial avec une législation spéciale, et des prisons lointaines et graduées, pour donner la sécurité à la société innocente, contre les bêtes féroces de la ménagerie humaine ; mais, la prison pénitentiaire coloniale n’existant pas encore, il faut bien reconnaître à la société le droit sacré de se défendre en attendant et de se séparer de ce qui la menace en la souillant.
Mon idée, que j’avais communiquée à l’Assemblée à la fin de mon discours en lui remettant la dictature, était que je pensais et je pense encore qu’il fallait voter cinq ou six articles d’un régime provisoire, comme nous nous étions si bien trouvés d’être nous-mêmes un gouvernement exécutif provisoire, avec l’espérance de plus et les discussions de moins, et remettre à un temps plus éloigné la Constitution définitive à voter de sang-froid.
Du moins Shakespeare sait quelquefois imprimer à ces êtres surnaturels un heureux caractère : son Ariel a je ne sais quoi d’aérien dans ses discours comme dans sa démarche ; et ce qui révèle surtout sa céleste origine, c’est qu’il est empressé à soulager les souffrances ; c’est un ange de bien ; au lieu que les autres démons de la Grande-Bretagne et de la Germanie, ne servent que le crime, n’encouragent que le vice ; leur présence dans une tragédie lui donne presque toujours un vernis d’indécence et d’immoralité.
Son cousin Armand de Chateaubriand, fusillé en 1809 comme agent royaliste, et qu’il n’a pu sauver646, le rend plus irréconciliable à l’empire ; quand l’Académie l’a élu, il écrit un discours que Napoléon ne consent pas à laisser prononcer.
Non, vierges, non, je me retire De tous ces frivoles discours.
Les événements y sont plus réduits, les passions s’y précipitent plus vite, les discours y sont moins longs ; mais cette loi du drame, qui, par des routes plus ou moins détournées, fait arriver chacun à ce qu’il a mérité, y est observée exactement, et l’on goûte à la fois un plaisir de surprise en la voyant contrariée, un plaisir de raison quand elle s’accomplit.
Sans doute le personnage en scène peut avoir à conclure un long discours ; dans ce cas, il aura recours à la formule précitée ; mais, tandis qu’il fera avec la voix ce saut caractéristique de la dominante à la tonique, l’orchestre, lui, qui selon la définition de Wagner, « entretient le cours interrompu de la mélodie », l’orchestre ne portera pas trace de cette cadence parfaite, et poursuivra sa route en modulant par une cadence rompue, ou par l’introduction d’un accident quelconque, propre à modifier le sens harmonique.
Tous les discours d’Étéocle sont d’un politique ferme et sage qui raisonne le danger sans le braver ni le craindre, pourvoit à tout, fait face à toute chance et se remet du reste à l’arrêt des Dieux.
L’œuf se souvient à sa manière de la loi selon laquelle il doit évoluer, lex imita ; de même, l’intelligence porterait en soi son « Discours de la Méthode » à l’état de souvenir inconscient ; la mémoire serait devenue tout organique, tout héréditaire, et la conservation des idées n’aurait pas besoin de la reconnaissance.
Enfin, et ceci est une critique à faire aux pédants (meâ culpâ), armés de citations dans l’une et l’autre langue ( utriusque linguæ , disait Horace) : « Ne paraissez pas si savant, de grâce ; humanisez votre discours et parlez pour être entendu. » Qui voudrait avoir le secret de la critique appliqué à l’art du théâtre, se pourrait contenter d’étudier et de méditer La Critique de l’École des femmes ; il y trouverait les meilleurs et les plus utiles préceptes de prudence, de modération, de finesse, et comme dit un de nos vieux auteurs : En délectant profiteras.
Un collégien, dont l’enfance orpheline s’est écoulée à la campagne, s’éprend, à l’âge des premiers discours français, de la cousine d’un de ses amis, Madeleine d’Orsel.
Ainsi, dans l’ode sur un des meurtres tentés contre Henri IV, après ce début vraiment inspiré : Que direz-vous, races futures, Si quelquefois un vrai discours Vous récite les aventures De nos abominables jours ?
Puis enfin quand, l’empire tombé et Hugo rentré en France, sa parole politique pourra se satisfaire par des discours, il donnera des œuvres surtout empreintes de ce spiritualisme panthéistique vague, conviction ou foi bien plus qu’opinion, qu’il professa sans cesse. […] Les uns, doués et adroits, s’arrêtant aux joies extérieures, aux caprices imprévus des clinquants et des paillons, essentiellement décorateurs, et préparant toujours, et toujours bien, la salle des fêtes, en installant et décrivant les arcades et les tentures, sans que jamais le cortège qu’on attend, le cortège des idées fondamentales n’y paraisse, et distrayant le populaire, accouru sur la foi des renommées, par des parades, des entrées de danse, et des discours qui résorbent une de ses opinions antérieures. […] Cette œuvre d’Axel, ce beau poème dramatique (car fut-il avec ses larges développements du discours conçu pour quelque scène ?) […] Hugo écrit certains chapitres des Misérables, qui ne paraîtront que plus tard, mais ses poésies et ses discours indiquent son mouvement. […] Le premier, le poète, donnera bref, large, son avis ; il lâchera de dépouiller son sujet des contingences trop strictes, trop déterminées, il généralisera la question dont il s’occupe ; l’écrivain d’art social, au contraire, précisera et diminuera, et il plaidera, il laissera entrer dans l’art ce que Poe en excluait si soigneusement, non pas la morale, mais la conférence moralisante, le discours au peuple, la propagande, la vulgarisation, qui ne va jamais sans entraîner quelque absence des témoignages immédiats de l’art, la concentration et le style.
J’ai en effet dans mon gésier un rubis de grand prix : si tu m’avais tué pour me manger, tu t’en serais emparé. » Le derviche se frotta les mains de désespoir en entendant ces mots, et dit au volatile : « J’ai manqué, je l’avoue, une bonne fortune, mais donne-moi donc le troisième avis168. » L’oiseau dit : « Ton cœur est semblable à un vase poli ; mes discours n’y laisseraient aucune trace ; pourquoi les faire entendre ? […] Le rossignol lui remontra la légèreté de son offense, et le paysan, touché de ses discours, le relâcha. […] Dans notre poème aussi l’oiseau môle dans son petit discours l’amour céleste et l’amour terrestre, mais il ne les confond pas. […] Dans un discours lu, le 25 mai 1871, à la Società Columbaria de Florence. Ce discours est inséré dans les Saggi di storia e letteratura de l’auteur (Florence, Barbera, 1880) sous le titre de : Un Monte di Venere in Italia.
Le Sage, dans les suaves nations de l’Hellade, était celui qui s’était ordonné, qui conservait un souci constant de l’harmonie, dans ses actions et ses discours. […] Discours sur la Mort de Narcisse (St-G. de Bouhélier).
Bientôt tout se tait, tout s’apaise et commence la cérémonie du mariage civil, suivi d’un discours de Marmottan. […] Dubreuilh comptant les mille premiers mots de Manette Salomon, répartis en sept groupes : Êtres et Choses (substantifs et prénoms), Qualités (adjectifs qualificatifs), Déterminations, Actions, Modifications, Relations, Connexions, Interjections, et les rapprochant des premiers mille mots du Discours de la méthode, de Descartes, des premiers mille mots de l’Esprit des lois, de Montesquieu, des premiers mille mots de Télémaque, de Fénelon, etc., etc., me trouve beaucoup plus riche en Déterminations (adjectifs et articles) qu’en Connexions (les mots qui servent à lier les êtres et les choses) et déclarant que je suis l’écrivain qui s’éloigne le plus de Descartes, il me classe, en la haute et respectable compagnie de Bossuet et de Chateaubriand.
Chez Rousseau tout se tient dès le premier Discours ; l’œuvre entière est animée d’un souffle qui va renouveler la littérature. […] est considérable en France22 ; à ce grand Guyau, qui esquissait en 1886 son Irréligion de l’avenir, opposons les modernistes qui capitulent chaque jour devant Pie X : Anatole France part de Sylvestre Bonnard, idéal de sérénité scientifique, pour aboutir à L’Île des Pingouins, qui bafoue l’effort d’un peuple entier ; Brunetière, d’abord disciple de Taine, finit par les Discours de combat ; Jules Lemaître lui est très inférieur, mais son évolution est également caractéristique ; Zola abandonne les Rougon-Macquart pour écrire Les Trois Villes et Les Évangiles ; Édouard Rod manque totalement de puissance, mais il est dans sa sensibilité extrême un témoin de grande valeur.
Procès, rapports, beaux jugements en langue grave et claire, quelques discours d’apparat, immenses lectures, il eût volontiers passé toute sa vie dans ces occupations sévères et nobles. […] Car c’est seulement à la théorie du Discours sur les lettres et les arts, à celle du Contrat social et à celle d’Emile qu’elle refuse son approbation. Pour ce qui est du Discours, elle dit : « Il voulait ramener les hommes à une sorte d’état dont l’âge d’or de la fable donne seul l’idée. […] Il était curieux à voir à la Chambre, à son banc de député, écrivant vingt lettres, corrigeant des épreuves, interrompant l’orateur, appelant un huissier, puis un autre, donnant des instructions à un collègue, et finissant par demander la parole et par faire un discours précis, lumineux et déconcertant ; le tout pour « faire effet », comme il aime à dire, je le sais bien, mais aussi parce qu’il était dévoré d’activité et perpétuellement enfiévré.
Le peuple poussé par la noblesse à aimer une reine, le peuple devenu grand ministre et perdant son temps à faire des discours, le peuple tuant la noblesse et s’empoisonnant ensuite : quel est ce galimatias ? […] Ce qui m’a paru bien caractéristique, dans le discours de M. […] Une citation, prise dans son discours de réception, est nécessaire. […] Renan lui-même le constate dans la suite de son discours, un savant n’admet l’inconnu, l’idéal, que comme un problème posé dont il cherchera la solution. […] Renan lui-même va me fournir, dans son discours de réception, toutes les citations dont j’aurai besoin.
Il faut relire, dans le discours prononcé par lui en 1898, à l’Association Philotechnique, sa définition de la poésie d’Homère et ses éloquentes indications sur les leçons de morale éternelle répandues à travers les inventions terribles et touchantes de l’aède grec. […] Si j’avais cru que l’échange me fût permis, je vous aurais seulement apporté l’or de sa réponse et cela aurait mieux valu que la menue monnaie d’un long discours. […] Discours prononcé à la cérémonie d’inauguration (10 avril 1910) du monument d’Hégésippe Moreau. […] Discours prononcé à la cérémonie d’inauguration (2 mars 1908) du monument élevé à la mémoire de Michel Jouffret, à Entraigues (Vaucluse).
Voilà le discours de Richard Norton à sa femme. […] Puis ce sont des discours, des épîtres, des protestations politiques venues en leur temps, toutes brûlantes d’éloquence patriotique ; l’auteur passe en revue bien des choses, glorieuses ou tristes, gaies ou mélancoliques, car sa mémoire a gardé un reflet de toutes les heures de sa vie, comme il le dit dans ces deux jolis vers : Même au sable il reste une moire Alors que la vague a passé ! […] Les discours allaient commencer (il y en a eu trois) ; alors j’ai renâclé ; mon frère et un inconnu m’ont emmené. […] Le morceau capital de ce dernier ouvrage est certainement sa préface ; c’en est du moins le plus récent, car les chapitres qui le composent sont, pour la plupart, des allocutions ou des discours prononcés en diverses circonstances, des lettres ou des études déjà publiées. […] Jules Lemaître, les discours, les conférences que j’ai signalés plus haut, des études sur Victor Hugo, George Sand où je rencontre, par parenthèse, ces charmantes lignes : Beaucoup la liront ; mais bien peu sauront comprendre une pareille sincérité, une si complète absence de déclamation, une si parfaite horreur de la pose et de la phrase, tant d’innocence d’esprit.
Et le poète aussitôt se répand en propos ingénieux, et, comme Alcibiade avec les joueuses de flûtes, anime le banquet des lettres par des discours subtils et savants sur les lois du rythme et sur les troubles de la chair ! […] Il était si simple dans ses discours et ses manières ; il ne pensait pas à la réclame : il cherchait, cherchait toujours ; je croyais que jamais je ne pourrais rien apprendre de lui. […] Son talent est borné par une certaine économie, qui ne va pas à son individualité. » Pendant ce discours, le tapage des visiteurs du café devenait de plus en plus fort. […] Sur ce Hennequin, qui se tenait aux côtés de l’orateur et qui me regardait tout le temps, parce qu’il craignait quelque opposition de ma part, me lança un coup d’œil furieux et interrompant le discours de son voisin il dit solennellement : “Messieurs, si nous ne nous prenons pas au sérieux, il vaut mieux ne pas continuer.” […] Laissons de côté les contes philosophiques de Voltaire et les dialogues de Diderot ; arrêtons-nous seulement à Rousseau et remarquez la grande diversité des moules où il jetait ses pensées : ses Discours, le Contrat social, la Nouvelle Héloïse, l’Émile, les Confessions, les Rêveries : tous des sujets de roman et tous différents.
Ses derniers écrits, discours ou chants, attestent cette aspiration nouvelle, quoique ses Harmonies, publiées avant Juillet 1830, en puissent également offrir bien des témoignages, et quoique ce développement semble chez lui, comme tout ce qui émane de sa nature heureuse, une inspiration facile, immédiate, une expansion sans secousse, plutôt qu’un effort impatient et une conquête.
e Vigny, dans ce fameux discours de réception à l’Académie où il célébrait M.
On rapporte (et c’était déjà dans ces années de conversion) qu’un homme distingué qui venait souvent chez elle, épris des charmes de sa fille qui lui ressemblait avec jeunesse, s’ouvrit et parla à la mère, un jour, de l’émotion qu’il découvrait en lui depuis quelque temps, des espérances qu’il n’osait former ; et Mme de Krüdner, à ce discours assez long et assez embarrassé, avait tantôt répondu oui et tantôt gardé le silence ; mais tout d’un coup, à la fin, quand le nom de sa fille fut prononcé, elle s’évanouit : elle avait cru qu’il s’était agi d’elle-même. — Au reste, pour bien entendre, selon la mesure qui convient, ce reste de facilité romanesque chez Mme de Krüdner au début de sa conversion, et aussi la décence toujours conservée au milieu de ses inconséquences du monde, il faut ne pas oublier ce mélange particulier en elle de la légèreté et de la pureté livonienne qui explique tout.
« Une âme plus faible ou plus tendre accueillera peut-être celui que d’autres ont dédaigné ; d’autres discours rempliront mes souvenirs ; une autre image charmera mes tristesses rêveuses, et je ne verrai plus vos lèvres dédaigneuses et vos yeux qui ne regardent pas.
Jouffroy, où le pâtre intervient souvent, datent de cette rencontre ; c’est ce qui lui a fait dire dans son émouvant discours sur la Destinée humaine : « Le pâtre rêve comme nous à cette infinie création dont il n’est qu’un fragment ; il se sent comme nous perdu dans cette chaîne d’êtres dont les extrémités lui échappent ; entre lui et les animaux qu’il garde, il lui arrive aussi de chercher le rapport ; il lui arrive de se demander si, de même qu’il est supérieur à eux, il n’y aurait pas d’autres êtres supérieurs à lui…, et de son propre droit, de l’autorité de son intelligence qu’on qualifie d’infirme et de bornée, il a l’audace de poser au Créateur cette haute et mélancolique question : Pourquoi m’as-tu fait ?
Il faudrait ici avoir le génie de ces discours dont il illumine l’histoire ancienne pour le faire parler dans sa langue ; mais, sans prétendre à son nerveux et sublime langage, laissons parler seulement son rude et clair bon sens.
« Les Discours de la Lanterne aux Parisiens, transformés plus tard dans les Révolutions de France et de Brabant, étaient l’œuvre de Camille Desmoulins.
La liberté du discours est une blessure à la tyrannie des esprits absolus ; ils veulent régner sur la logique comme sur les faits.
Ni le Discours sur la satire (1668), ni les flatteuses avances de l’Épître VII (1675) ne le désarmèrent : encore en 1683, il intriguait pour fermer l’Académie à Despréaux, et ce fut seulement à la fin de cette année, que ce brutal seigneur déposa sa rancune, en souple courtisan qu’il était au fond, devant la protection hautement déclarée du roi.
. — Voyez le Discours aux Artistes, page 61 de ce Volume.
Chamfort qui s’en moquait en vécut ; Rivarol les rechercha, et n’oublions jamais que si la Bérénice de Racine est un chef-d’œuvre écrit sur commande, le discours de Rivarol sur l’Universalité de la langue française a été écrit en vue d’un prix littéraire.
Ainsi il faut me taire sur ces écrits d’État, si ce mot m’est permis, bulletins de victoire, notes politiques, discours aux grands corps de l’État, par lesquels la France du dix-neuvième siècle a parlé au monde avec un si grand retentissement.
A l’Académie française, d’Alembert, géomètre et mathématicien, lit des Éloges de littérateurs ; Buffon y prononce son fameux discours sur le style.
Ainsi c’était à ***, où l’Association Wagnérienne, après le concert, n’a absolument rien obtenu … » 4° Discours du Maître pour l’édification du théâtre de fête : 2 août 1873.
Dans le texte scandinave, le discours de Fafner mourant est fort curieux à lire : Wagner l’a reproduit presque littéralement au deuxième acte de Siegfried.
Un gentleman, qui dirigeait une ferme, avait dans sa chambre une liste des mots qui avaient chance de se rencontrer dans les discours de ses ouvriers.
Nous avons un long discours sur l’histoire, une de ces philosophies, comme l’on dit maintenant, qui importent plus aux sophistes de notre âge que la probe exactitude des faits et le mâle intérêt du récit.
Il existe quantité de livres, de « leçons d’ouverture », de « discours académiques » et d’articles de revue, publiés dans tous les pays, mais particulièrement en France, en Allemagne, en Angleterre, aux États-Unis et en Italie, sur l’ensemble et sur les diverses parties de la méthodologie. […] Pendant deux siècles, on a fait des recueils d’inscriptions latines sans voir que « Classer les inscriptions d’après les matières dont elles traitent, c’est éditer Cicéron en découpant ses discours, ses traités et ses lettres afin de ranger les tronçons d’après les sujets traités » ; que « les monuments épigraphiques appartenant au même territoire, placés les uns à côté des autres, s’expliquent mutuellement » ; et enfin que « s’il est à peu près impraticable de ranger par ordre de matières cent mille inscriptions qui presque toutes se rattachent à plusieurs catégories, au contraire chaque monument n’a qu’une place, et une place bien déterminée, dans l’ordre géographique100 ». […] Mais on peut prévoir les genres habituels de déformation littéraire. — La déformation oratoire consiste à attribuer aux personnages des attitudes, des actes, des sentiments et surtout des paroles nobles ; c’est une disposition naturelle aux jeunes garçons qui commencent à pratiquer l’art d’écrire et aux écrivains encore à demi barbares : c’est le travers commun des chroniqueurs du moyen âge154. — La déformation épique embellit le récit en y ajoutant des détails pittoresques, des discours tenus par des personnages, des chiffres, parfois même des noms de personnages ; elle est dangereuse parce que les détails précis donnent l’illusion de la vérité155. — La déformation dramatique consiste à grouper les faits pour en augmenter la puissance dramatique en concentrant sur un seul moment ou un seul personnage ou un seul groupe des faits qui ont été dispersés. […] Comme l’historien se proposait de plaire ou d’instruire, ou de plaire et d’instruire à la fois, l’histoire était un genre littéraire : on n’était pas très scrupuleux au sujet des preuves ; ceux qui travaillaient d’après des documents écrits ne prenaient pas soin d’en distinguer le texte du texte de leur cru ; ils reproduisaient les récits de leurs devanciers en les ornant de détails, et quelquefois (sous prétexte de préciser) de chiffres, de discours, de réflexions et d’élégances.
La première (comprise dans le discours préliminaire) traite du rapport des êtres, et des principes fondamentaux de la législation. […] « Notre philosophie, dit l’auteur, est vaine dans ses pensées, superbe dans ses discours. […] Au reste, l’esprit de tout l’évangile de saint Jean est renfermé dans cette maxime qu’il allait répétant dans sa vieillesse : cet apôtre, rempli de jours et de bonnes œuvres, ne pouvant plus faire de longs discours au nouveau peuple qu’il avait enfanté à Jésus-Christ, se contentait de lui dire : mes petits enfants, aimez-vous les uns les autres . […] Le morceau suivant, écrit tout entier de la main de Louis XIV, n’est pas un des moins beaux des Mémoires : « Ce n’est pas seulement dans les importantes négociations que les princes doivent prendre garde à ce qu’ils disent, c’est même dans les discours les plus familiers et les plus ordinaires. […] Car, outre que j’estime qu’on ne peut de trop bonne heure imprimer dans les jeunes esprits des pensées de cette conséquence, je crois qu’il se peut faire que ce qu’ont dit ces princes dans un état si pressant ait quelquefois été attribué à la vue du péril où ils se trouvaient ; au lieu que, vous en parlant maintenant, je suis assuré que la vigueur de mon âge, la liberté de mon esprit, et l’état florissant de mes affaires, ne vous pourront jamais laisser pour ce discours aucun soupçon de faiblesse ou de déguisement. » C’était en 1661 que Louis XIV donnait cette sublime leçon à son fils.
Je lis ; je vois des Tragédies en hémistiches, & en rimes, des discours, des dissertations, de la prose, des vers grands, petits, &c. mon esprit, malgré moi, est distrait, vagabond ; j’oublie que je lis ; une rêverie vague s’empare de moi ; je bâille & je laisse là l’homme de goût par excellence. […] Mais, ce qui est de plus étonnant que ce discours, c’est qu’ils sont parvenus, je ne sçais comment, à répandre ces idées dans le peuple. […] Voyez le Discours de M. de Buffon, lors de la réception de M. le Maréchal Duc de Duras à l’Académie Françoise : tous les visages Grecs ont pâli de surprise, ont frémi de ses idees Philosophiques ; mais comme on n’ôse pas tout-à-fait l’appeler un insensé, on garde cette ingénieuse épithète pour quelqu’un qui a produit, il y a longtems, les mêmes pensées, mais qui n’a point la même réputation.
C’est la doctrine du Socrate chrétien et du Discours sur l’histoire universelle : « En tous les actes, nous dit-il, Dieu descend sur le théâtre et joue son personnage si sérieusement qu’il ne quitte jamais l’échafaud que le méchant Ixion ne soit attaché à une roue. » Dans le traité d’économie, le nom de Dieu revient à chaque page : il propose la crainte de Dieu comme un frein capable de réprimer les fraudes commerciales, et recommande au roi les entreprises coloniales en vue d’évangéliser les sauvages. […] Chaque situation, chaque état moral n’est qu’un motif, selon la nature duquel il écrira une élégie, un discours, une ode, un hymne, une suite de sentences, une méditation, parfois même un sonnet. […] Telle lamentation est un discours, et tel chœur une épître. […] En un mot, l’écrivain fait œuvre d’orateur, et écrit une suite de « Discours » sur l’économie politique. […] En 1891, ont paru par les soins du baron de Montesquieu et de quelques membres de la Société des Bibliophiles de Bordeaux, deux opuscules sur la Monarchie universelle en Europe et sur la Considération et la Réputation ; en 1892, un volume de Mélanges inédits, contenant une douzaine de discours, dialogues, fictions, remarques, essais, réflexions et mémoires.
Il faut enfin que la passion de bien prouver se joigne à l’art de bien prouver, que l’orateur annonce sa preuve, qu’il la rappelle, qu’il la présente sous toutes ses faces, qu’il veuille pénétrer dans les esprits, qu’il les poursuive avec insistance dans toutes leurs fuites, mais en même temps qu’il traite ses auditeurs en hommes dignes de comprendre et d’appliquer les vérités générales, et que son discours ait la vivacité, la noblesse, la politesse et l’ardeur qui conviennent à de tels sujets et à de tels esprits. […] Le lecteur de bonne foi comprendra aisément que mon discours n’a d’autre objet que de défendre le christianisme nominal, l’autre ayant été depuis quelque temps mis de côté par le consentement général comme tout à fait incompatible avec nos projets actuels de richesse et de pouvoir977.
Chaque année, quand nous lisons dans vos journaux le discours de la couronne, nous y trouvons la mention obligée de la divine Providence ; cette mention arrive mécaniquement, comme l’apostrophe aux dieux immortels à la quatrième page d’un discours de rhétorique, et vous savez qu’un jour la période pieuse ayant été omise, on fit tout exprès une seconde communication au parlement pour l’insérer.
Chaque année, quand nous lisons dans vos journaux le discours de la couronne, nous y trouvons la mention obligée de la divine Providence ; cette mention arrive mécaniquement, comme l’apostrophe aux dieux immortels à la quatrième page d’un discours de rhétorique, et vous savez qu’un jour la période pieuse ayant été omise, on fit tout exprès une seconde communication au parlement pour l’insérer.
Bonaparte, comme on sait, a mis en mouvement bien des pensées et servi de texte à bien des discours ; c’est un portrait auquel tout le monde a touché, dont on a commencé d’admirables ébauches, mais qui reste encore à faire, parce qu’on n’aura jamais tout le secret de cette âme grande et toute-puissante. […] » Mais, quand des grands mortels par degrés j’approchai, Je me sentis de honte et de respect touché ; Je contemplai leur front sous sa blanche auréole, Je lus dans leur regard, j’écoutai leur parole ; Et, comme je les vis mêler à leurs discours Dieu, l’âme et l’invisible, et se montrer toujours L’arbre mystérieux au pacifique ombrage, Qui, par-delà les mers, couvre l’autre rivage ; — Tel qu’un enfant, au pied d’une haie ou d’un mur, Entendant des passants vanter un figuier mur, Une rose, un oiseau qu’on aperçoit derrière, Se parler de bosquets, de jets d’eaux, de volière, Et de cygnes nageant en un plein réservoir. — Je leur dis : « Prenez-moi dans vos bras, je veux voir. » J’ai vu, Seigneur, j’ai cru ; j’adore tes merveilles, J’en éblouis mes yeux, j’en remplis mes oreilles, Et, par moment, j’essaye à mes sourds compagnons, À ceux qui n’ont pas vu, de bégayer tes noms.
Je reconnais ici le discours de M. […] » Et le discours, lancé ainsi par une pensée impétueuse et sublime vers l’infini, ne s’arrête plus. […] Rien d’élevé, rien de beau, rien de bon ne se fait sur la terre qu’au prix de la souffrance et de l’abnégation de soi, et le sacrifice seul est fécond. » Pour cette simple page d’un vrai penseur qui tempère par des traits d’une raison si forte ses indignations et ses colères, je donnerais de grand cœur tous les discours de Pierre Leroux et surtout la fameuse conversation du pont des Saints-Pères, un soir que les Tuileries ruisselaient de l’éclat d’une fête, où M. […] Dans les conversations, ou plutôt dans les discours dialogués de Lélia ou de Spiridion, de Consuelo ou de la Comtesse de Rudolstadt, il est certain que ce beau style devient la proie d’un lyrisme philosophique assez nuageux, qu’il s’y dissout en vapeurs fuyantes ou s’y assombrit jusqu’à une sorte d’obscurité volontaire.
Les seconds sont les hommes de génie : Fromentin n’en voit que trois ou quatre, Rembrandt, Ruysdaël, Paul Potter, Cuyp peut-être, et il ajoute : « C’est déjà plus qu’il n’en faut pour les classer. » La distinction paraît à vrai dire un peu artificielle : les liens entre l’humanité d’un Van Goyen ou d’un Van der Meer et leur œuvre sont peut-être plus difficiles à établir (nous ne savons rien du dernier) que n’est difficile un brillant discours sur le mystère de Rembrandt, mais leur recherche serait comme la peinture même de ces peintres une œuvre de patience hollandaise. […] Fromentin rappelle aux peintres une vérité que l’art académique ne sait plus, une vérité dont la méconnaissance amène l’ankylose de la peinture : il ne s’agit pas seulement d’avoir l’idée nette du ton qui doit remplir une forme et de le mettre dans cette forme ; la véritable exécution consiste dans une certaine autonomie de la main inspirée, pareille à celle de la main enchantée dont Gérard de Nerval a conté l’histoire comique, et dans cette liberté vivante de la main qui non seulement pose les tons, mais les pense comme un mouvement continu, une suite, un discours, « ce beau mouvement d’un outil bien tenu, cette élégante façon de le promener sur des surfaces libres, le jet qui s’en échappe, ces étincelles qui semblent en jaillir ». La peinture de Rubens est, comme le discours de Bossuet, un mouvement ; mais de même qu’il y a une rhétorique du discours qui analyse le mouvement oratoire, une rhétorique de la main pourrait analyser le mouvement pictural.
On lit dans un discours d’un orateur athénien : « Il n’est pas un homme qui, sachant qu’il doit mourir, ait assez peu de souci de soi-même pour vouloir laisser sa famille sans descendants ; car il n’y aurait alors personne pour lui rendre le culte qui est dû aux morts132. » Chacun avait donc un intérêt puissant à laisser un fils après soi, convaincu qu’il y allait de son immortalité heureuse. […] Dans un autre discours, le même orateur parle du tombeau où la gens des Busélides ensevelit ses membres et où elle accomplit chaque année un sacrifice funèbre ; « ce lieu de sépulture est un champ assez vaste qui est entouré d’une enceinte, suivant la coutume ancienne291. » Il en était de même chez les Romains. […] La tribune était un lieu sacré ; l’orateur n’y montait qu’avec une couronne sur la tête469, et pendant longtemps l’usage voulut qu’il commençât son discours par invoquer les dieux.
On trouvera l’expression éloquente de ses sentiments dans ses lettres au docteur Strauss, écrites en 1871, dans son discours de réception à l’Académie française et dans sa lettre à un ami d’Allemagne de 1878. […] Fortoul d’avoir à veiller sur ses discours et sa conduite. […] Il eut beau accepter avec docilité la situation qui lui était faite, s’interdire toute conversation politique et même la lecture des journaux, paraître deux fois aux offices du mois de Marie pour y écouter une cantatrice parisienne, corriger le discours qu’un élève devait adresser à monseigneur Pie, s’abstenir de donner aucun sujet de devoir qui ne fût pas pris dans le xviie siècle ou l’antiquité, réfuter l’École des femmes, lire à ses élèves le Traité de Bossuet sur la Concupiscence, et leur interdire, par ordre du recteur, la lecture des Provinciales 21, il restait mal noté, et le 25 septembre 1852, il était chargé de suppléer le professeur de sixième du lycée de Besançon. […] Il a voulu être conduit à son dernier repos avec la simplicité qu’il portait en toutes choses, sans discours académiques, sans pompe militaire, sans rien aussi qui pût prêter aux disputes passionnées des hommes et ajouter à cette anarchie morale dont il avait cherché à combattre les effets en en démêlant les causes. […] Il aime mieux user sa santé à donner des leçons que de gaspiller son talent, de vulgariser son style dans le journalisme ; il renonce à un projet de recueil de discours des orateurs grecs et anglais parce que M.
etc. » Et il met dans la bouche du coupable un discours tout en contrastes et en concetti.
Lebrun dans son discours de réception à l’Académie française, lorsqu’il y succéda en 1828 à François de Neufchâteau lui-même.
« Ses discours étaient plus onctueux et plus pénétrants que l’huile, mais c’étaient des glaives hors du fourreau !
— Pauvre enfant, dit-elle, on voit bien que tu as bon cœur, car tu as pâli à l’idée du supplice d’un misérable qui ne t’est rien, pas plus qu’à moi, ajouta-t-elle, et pourtant je n’ai pas pu m’empêcher de pâlir, de trembler et de pleurer moi-même, tout à l’heure, quand j’ai entendu l’officier accusateur du conseil de guerre conclure son long discours par ce mot terrible : « la mort !
Puis, avec une exagération qui marque mieux la nouveauté du dessein, Chartier élimine de son discours les faits, les circonstances de temps et de personnes pour se tenir dans les idées générales : il pousse l’amour du lieu commun jusqu’à la plus vague amplification.
Simple Tourangeau, fils d’une race sensée, modérée et railleuse, avec le pli de vingt années d’habitudes classiques et un incurable besoin de clarté dans le discours, je suis trop mal préparé pour entendre leur évangile.
Comme il ne faut rien dire qui dépasse la portée de cette portion de l’auditoire, le cercle des discours est assez restreint.
Le docteur de Sorbonne Jean Deslyons, théologal de Senlis, auteur du Discours ecclésiastique contre le paganisme du Roi boit, a publié au dix-septième siècle un écrit contre la coutume de superposer les cercueils dans les cimetières, écrit appuyé sur le vingt-cinquième canon du concile d’Auxerre : Non licet mortuum super mortuum mitti.
Un seul l’avait aperçue, — un seul, qui n’était pas Français, avait vu à travers les décrets, les législations, les discours, la coupe réglée des échafauds, toute cette politique de la Révolution, qui la cache dans les histoires, la France tout entière dans le bas-fond où elle s’agitait, abominable et terrible !
Enfin, pour dispenser décidément le lecteur de tout effort, le plan de chaque discours est scrupuleusement résumé à la fin du volume. […] Vous n’avez qu’à ouvrir le Discours sur l’histoire universelle. Et si peut-être ces enseignements paraissent avoir plus de force dans les Oraisons funèbres, étant tirés de cas particuliers et présents (et rien d’ailleurs n’est éloquent comme un cercueil), cet avantage n’est que trop balancé par l’artifice nécessaire de ces discours d’apparat. […] Renan, dans son petit discours de Tréguier, conseillait la joie à ses contemporains. […] Appendice,fragment d’un discours prononcé par M.
Dans nulle autre vous ne reverrez le triomphe de l’amour ; et, lorsque vingt ans plus tard, Corneille expliquera dans ses trois Discours, ses idées sur le théâtre, vous reconnaîtrez que le Cid y contredit en plein. […] Quand Chimène vient conter au roi la mort de son père et lui demander la tête de Rodrigue, Mlle Dudlay pleure et sanglote dès le commencement du discours et finit sur un ton de plainte déchirante. […] Le discours par lequel il se déclare hypocrite est la plus violente et la plus directe satire de l’hypocrisie : « … C’est là le vrai moyen de faire impunément tout ce que je voudrai. […] Son âme enfantine ne se remettra point de ce coup, et tous ses discours et toute sa conduite, si étrange qu’elle soit, s’expliqueront facilement par le trouble profond où cette révélation l’a jeté. […] Mon péché m’a été remis : ne remue pas les vieux souvenirs. » — Les discours de la bonne Marina éveillent une première lueur dans l’âme obscure de Nikita.
Dans son discours d’ouverture du semestre d’hiver de l’année 1891 à la Faculté de médecine de l’Université Victoria, sir James Crichton-Browne montre cet effet du genre de vie actuel sur les contemporains62. […] Sir James dit encore dans son discours : « Hommes et femmes vieillissent avant l’âge. […] Taine, par exemple, citent le discours profond d’un chef anglais sur ce qui précède et suit la vie de l’homme, discours qui nous a été conservé par Béda dans son récit de la conversion du roi Edwin au christianisme84. […] Il faut rapprocher de ces épanchements la description que fait Legrain d’un de ses malades : « C’est toujours Dieu, la Vierge, sa cousine, qui reviennent dans ses discours ». […] A la période d’excitation correspondent les impulsions irrésistibles au crime et les discours blasphématoires, à la période d’affaissement les accès de contrition et de piété.
Une toile se saisit d’ensemble, et d’un coup d’œil ; une narration, comme un discours, ne peuvent être perçus que par fragments successifs, qui s’ajoutent un à un, pour se modifier en s’ajoutant, et se compenser en se complétant. […] La comparaison n’est plus ici, comme ailleurs, un ornement du discours, ou à tout le moins une intervention personnelle du narrateur dans son propre récit ; elle devient en quelque sorte un instrument d’analyse ou d’expérimentation psychologique. […] Tandis qu’au-dessus des têtes le ciel change insensiblement, que vous voyez passer les nuages et que vous sentez courir jusqu’au souffle du vent « soulevant les grands bonnets des paysannes, comme des ailes de papillons blancs qui s’agitent » ; en même temps que la foule épaisse continue de jouer son rôle de foule, vous la voyez, vous l’entendez, vous étouffez presque au milieu d’elle ; et le discours emphatique du conseiller de préfecture, et le discours fleuri du président du comice continuent de dérouler leurs périodes ; et M. […] Les mémorables discours que Flaubert fait sortir de la bouche intarissable en sottises du pharmacien Homais, dans Madame Bovary, n’auraient assurément pas cette vivante continuité de logique intérieure et cette admirable vérité d’intonation qu’ils ont, s’il n’y avait pas eu dans Flaubert lui-même, tout au fond, comme nous avons essayé de le faire voir, quelque chose de son personnage. […] Ils sont assez lourds et assez coquins pour ne pas aller les chercher dans les livres. » Ce qu’il y a d’admirable ici, ce n’est pas seulement le naturel absolu du discours et la vivante justesse de chaque trait, c’est la psychologie qui dicte le trait et, si je puis ainsi dire, gouverne intérieurement le dialogue.
Il n’est à ce discours parole ou son, pause ou sens, Rien qu’un cri, la modulation de la Joie, la Joie même qui s’élève et qui descend, Ô Dieu, j’entends mon âme folle en moi qui pleure et qui chante194. […] Son discours est plein de mouvement, mais d’un mouvement prescrit une fois pour toutes. […] Le clair discours se déroule, les paroles naissent au fur et à mesure de ce qu’il faut énoncer. […] Tout de suite elle s’élance ; tout de suite elle entame son candide discours.
Vous entendrez tout le discours : ils ont été plus doux depuis.