L’avenir n’est que ténèbres et épouvante : toutes les fois que j’essaye de me figurer ce que sera le monde dans cent ans, dans mille ans, je sors de ce rêve avec un malaise horrible, une rage de ne pas savoir, un désespoir d’être né si tôt, une terreur devant l’inconnu.
À coup sûr, l’avenir lui sera plus juste que ses contemporains.
Je riposte : C’est l’optimiste qui est dupe d’un mirage, et d’un mirage bien plus vieux qu’Horace, en décidant toujours de l’avenir par comparaison de l’autrefois.
Mais, tandis que la majorité voit luire l’âge d’or dans les brouillards de l’avenir, quelques-uns n’espèrent le salut que du retour au passé.
Qu’il s’agisse de contes de fées qui émerveillent les enfants ou d’histoires de revenants qui leur font si grand’peur, qu’il s’agisse d’hymnes religieuses essayant de percer le mystère de la tombe ou d’utopies sociales s’efforçant d’esquisser l’avenir de l’humanité, qu’il s’agisse de méditations métaphysiques sur l’origine et la fin des choses ou de poèmes paradisiaques et prophétiques, nous rencontrons là des qualités nouvelles, des élans d’imagination, des envolées dans le vaste champ du possible, voire même de l’impossible, dans le royaume des hypothèses et des chimères, en un mot de l’idéal.
Il serait prématuré de viser à construire un système complet que l’avenir pourrait renverser ; il est sage de s’en tenir à quelques résultats généraux, mais certains, dont les travaux des historiens et des philosophes accroîtront peu à peu le nombre et la précision.
Y aura-t-il un lieu et un jour, ajouta-t-elle tristement, où la mémoire de ce qui s’est passé en nous, là, dans des heures immortelles, ne vous apparaîtra plus, dans le lointain de votre avenir, que comme cette petite tache sur le fond ténébreux de cette côte ?
» C’est là le cri suprême qui domine sa vie, le cri qui va aux entrailles et qui retentira pour elle dans l’avenir.
La politique de Rome et celle de France s’unirent pour s’opposer à un genre de renonciation qui aurait pu devenir un précédent et, dans l’avenir, un moyen de politique aux mains des puissances.
Peut-être se demandait-il si le rêve n’avait pas été une vision de l’avenir, si le pain terrestre ne s’était pas rencontré par un miracle dans le bissac du voyageur ?
Je ne m’intéresse qu’au présent ou à l’avenir.
Croyez-moi, l’emblème du présent et de l’avenir aussi pour notre chère France, ce n’est pas le crépuscule, mais l’aurore émergeant des ténèbres de la nuit.
Oui, c’est à vous que nous adressons particulièrement cet écrit, jeunes gens qui ne nous connaissez plus, mais que nous portons dans notre cœur, parce que vous êtes la semence et l’espoir de l’avenir.
Delacroix : « l’énergie est chez lui l’aspiration de l’énergie, le rêve de l’énergie, la nostalgie d’un passé historique plutôt que la puissance de construction d’un avenir. » L’image de la cristallisation qui forme le leit-motiv du livre est à la fois le produit d’une imagination musicale, une figure de la réalité amoureuse : " il me semble, dit Stendhal dans une lettre, qu’aucune des femmes que j’ai eues ne m’a donné un moment aussi doux et aussi peu acheté que celui que je dois à la phrase de musique que je viens d’entendre. " la musique, surtout telle que la goûtait Stendhal qui n’y sentait qu’un motif de rêverie, c’est le monde et l’acte mêmes de la cristallisation parfaite, de sorte que Beyle, amoureux de second plan, simple amateur en musique, se définirait peut-être comme un cristallisateur.
Il n’est pas indifférent d’en étudier la puissance chez une nation moins musicale que les Hellènes, moins née pour la spéculation et la poésie, mais partageant le même culte, attirée par la même gloire, et demeure le dernier modèle antique sur lequel devait se greffer et croître à l’avenir le génie moderne.
Il suffisait de déclarer qu’à l’avenir on serait tenu de peindre des personnages en chair et en os, et non plus des mannequins surcharges de beaux costumes, de ne plus préférer le mot à l’idée et la phrase au sentiment ; moyennant quoi, la littérature était sauve, la matière vaincue, et l’âme réintégrée dans tous ses droits. […] Là est le salut, l’avenir, la réparation sociale et morale de la littérature française : elle sera restaurée et sauvée le jour où écrivains et lecteurs s’entendront parfaitement sur tout ce que contient, sur tout ce qu’exige le spiritualisme dans l’art ; le jour où ils voudront avoir les bénéfices de la peur sans en avoir les humiliations et les angoisses. […] Mais enfin, une fois cette donnée admise, et une imagination puissante se chargeant d’en tirer parti, il semble que nous allons en voir sortir des effets gigantesques à faire pâlir tous les Monte-Christo et tous les Gérolstein de l’avenir. […] Qu’on s’y résigne donc ; on n’a, on ne peut avoir là-dessus, même de la part des plus sincères, la vérité tout entière ; on n’en aura que la moitié : l’avenir écrira l’autre. […] De nous souvenir des Odes et Ballades et des Feuilles d’automne, de ces commencements si glorieux, de ces luttes si enthousiastes où avait paru un moment engagé et retrempé l’avenir de la littérature française !
M. de Maistre ne voit que les principes antiques, et les voyant vivants et pratiqués (avec moins de rigueur pourtant qu’il ne le dit) dans le passé, dans un passé récent, il a l’air de croire qu’on pourra les replanter exactement tels ou à peu près dans l’avenir, dans un avenir prochain ; il se trompe. […] Ce sont là des questions que nous posons à peine, mais qui se lèvent devant nous ; et comme la lecture de De Maistre met, bon gré mal gré, en train de prédire, nous nous risquerons à ajouter : Quoi qu’il puisse arriver dans un avenir quelconque, et même (pour ne reculer devant aucune prévision), même si quelque chose en religion devait définitivement triompher qui ne fût pas le catholicisme pur, que ce fût une convergence de toutes les opinions et croyances chrétiennes, ou toute autre espèce de communion, De Maistre aurait encore assez bien compris l’alternative à l’heure de crise, il aurait assez ouvert les perspectives profondes et assez plongé avant son regard, pour s’honorer à jamais, comme génie, aux yeux des générations futures vivant sous une autre loi ; il ne leur paraîtrait à aucun titre un Julien réfractaire, mais bien plutôt encore une manière de prophète à contre-cœur comme Cassandre, une sibylle merveilleuse. […] Dans l’enfance, dans l’adolescence, on a devant soi l’avenir et les illusions ; mais, à mon âge, que reste-t-il ?
Cette révolution n’a jamais manqué, et elle ne manquera pas plus dans l’avenir que dans le passé. […] Nul espoir, nul avenir, nul idéal. […] Une controverse plus approfondie nous entraînerait trop loin ; mais nous ne pouvons abandonner cette étude sans conclure et présenter en terminant quelques idées sur l’avenir et les destinées de la philosophie spiritualiste. […] Caro : « L’expérience cruelle que la philosophie spiritualiste a faite depuis quelques années, et qui se continue encore à l’heure qu’il est, doit l’avertir de se tenir à l’avenir sur ses gardes, de ne plus s’endormir, comme elle l’a fait, dans la sécurité trompeuse d’une sorte de scolastique renaissante, pendant qu’autour d’elle tout se renouvelait, critique historique, critique religieuse, sciences physiques et naturelles.
Il a le respect de la personne humaine, — l’élan vers l’avenir tenu pour nécessairement plus beau que le présent, — la conviction enfin que cet avenir sera conquis par le savoir. […] Il dit simplement que l’avenir verra la conciliation de la religion et de la science. […] Cet homme du passé avait beaucoup d’avenir dans son esprit. […] Mais quand il considère le présent ou l’avenir, il ne le dit pas le moins du monde. […] Il existe ; mais c’est l’avenir, c’est ce qui va naître qu’il caresse ; il s’attache à une espérance, preuve précisément qu’il n’est pas très énergique ; car le patriotisme est comme le sens de la continuité de la personne nationale, et la faculté de l’embrasser et de la chérir en son passé, en son présent, en son avenir, en son éternité.
Elle emporta un second lis que je lui donnai, en passant pour s’en aller, dans le grand jardin. » Pourtant il fallait penser à l’avenir. […] Voilà bien des promenades tout au long, comme les aimaient La Fontaine et Ducis. — Je voudrais que les jeunes professeurs exilés en province, et souffrant de ces belles années contenues, si bien employées du reste et si décisives, pussent lire, comme je l’ai fait, toutes ces lettres d’un homme de génie pauvre, obscur alors, et s’efforçant comme eux ; ils apprendraient à redoubler de foi dans l’étude, dans les affections sévères : ils s’enhardiraient pour l’avenir.
Pour que la chute soit plus grande, il faut que le personnage bâtisse d’avance tout l’avenir, et s’installe à son aise dans son château en Espagne. […] « Certainement, Romains, votre gloire est grande pour les victoires que vous avez remportées et pour avoir triomphé de tant de nations ; sachez néanmoins qu’à l’avenir votre infamie sera encore bien plus grande à cause des cruautés que vous avez exercées.
Et avec quel sentiment de profonde reconnaissance ne faut-il pas envisager cet avenir, fût-il encore lointain, puisque ces œuvres sublimes ne seront, ne pourront jamais être données au grand opéra ; car de telles représentations n’auront lieu qu’avec une interprétation digne d’elles ; devant un public enfin éclairé ; dans une salle et dans un cadre vraiment à leur hauteur. […] Voilà pourquoi Lohengrin, ce héraut de l’avenir, qui veut être deviné par le sentiment, est aussi peu compris de nous que ne le fut des Grecs Antigone, quand, aux lois de leur cité, elle opposait celles du cœur humain.
Mardi 5 février Aujourd’hui, au dîner de Brébant, on parlait de l’écrasement de l’intelligence de l’enfant, du jeune homme, par l’énormité des choses enseignées, on disait qu’il se faisait sur la génération présente, une expérience dont on ne pouvait guère prévoir ce qu’il en sortirait dans l’avenir. Et au milieu de la discussion, quelqu’un développe l’ironique pensée, que l’instruction universelle et générale pourrait bien priver la société future de l’homme instruit, et la doter de la femme instruite : une perspective pas rassurante pour les maris de l’avenir.
D’ailleurs c’est celui qui promet le plus long avenir à une nation littéraire. […] L’espace nous manque ; nous le prendrons dans l’entretien suivant, et nous dirons pourquoi nous ne désespérons pas d’une littérature qui a peut-être autant de chefs-d’œuvre dans l’avenir qu’elle en a dans le passé.
Ce sont là, dans le berceau même de l’Allemagne, des germes féconds de la philosophie de l’avenir. […] Il ne désespère donc point de la métaphysique considérée comme science, mais il la renvoie à l’avenir, et il ne veut qu’en poser les fondemens et en vérifier l’instrument.
Ce sont les lettres et les monuments qui marquent les intervalles des siècles qui se projetteraient les uns sur les autres, et ne formeraient qu’une nuit épaisse à travers laquelle l’avenir n’apercevrait plus que des fantômes exagérés, sans les écrits des savants qui distinguent les années par le récit des actions qui s’y sont faites. […] — Et quel inconvénient ce vice et cette barbarie de langage et de style ont-ils pour l’avenir ?
L’un remonte aux éléments, à l’origine des sciences, et des temps modernes il se porte vers l’Antiquité ; l’autre, par des chemins nouveaux, s’élance vers l’avenir.
Louvois, de loin, se réconcilia avec lui et lui promit son appui à l’avenir.
Streckeisen-Moultou, qui nous promet de tirer de ses papiers de famille d’autres pièces intéressantes encore concernant Rousseau, a droit à nos remerciments ; qu’il me permette cependant une critique que je ne puis passer sous silence, et qui peut être utile pour l’avenir.
Guizot, après bien des discours sur ses charges domestiques, sur les chances de l’avenir, et en lui prenant tout à coup les mains avec effusion : « Je vous dis, mon cher ministre, que mes enfants n’auront pas de pain. » C’était vers la fin son idée fixe et par trop bourgeoise.
pourquoi, en présence des collègues ou des rivaux politiques tout occupés de l’intérêt ou du péril du moment, ne s’être pas dit : Je pense, moi, à l’avenir, au lendemain ; je le conjure, je le prépare ; je viens de temps en temps à la tribune donner mon coup de main à la politique générale, mais mon principal souci est ailleurs, et je serai content de ma part d’action si je puis être le grand maître perpétuel, non seulement de l’Université, mais des jeunes générations survenantes ?
Quel beau problème politique, économique et d’utilité populaire, que de rechercher et de préparer l’avenir tel qu’il est possible, tel qu’il est tout grand ouvert pour la France, avec un chef qui a dans la main la puissance de Louis XIV, et dans le cœur les principes démocratiques de la Révolution française ; car il les a, et sa race est tenue de les avoir.
Biot trouve de nobles paroles pour caractériser ce nouvel effort héroïque d’où sortirent l’École polytechnique dans sa première forme plus ouverte et plus libre que depuis, et surtout l’École normale d’alors qui dura peu, mais qui donna, dans cette résurrection des esprits, une impulsion puissante et décisive, — assez pour que sa destinée fût remplie : « On voulut qu’une vaste colonne de lumière sortit tout à coup du milieu de ce pays désolé, et s’élevât si haut, que son éclat immense pût couvrir la France entière et éclairer l’avenir… Ce peuple, qui avait vu et ressenti en peu d’années toutes les secousses de l’histoire, était devenu insensible aux impressions lentes et modérées ; il ne pouvait être reporté aux travaux des sciences que par une main de géant. » Ces géants civilisateurs et pacifiques qui remirent alors en peu de mois l’édifice entier sur ses bases, se nommaient Lagrange, Laplace, Monge, Berthollet… moment immortel !
honneur au bon abbé de Saint-Pierre, pour ses réformes minutieuses et naïves, et ses visions circonstanciées de l’avenir !
Ce devait être vers 1819, sinon plus tôt : on avait tout au plus vingt ans ; on en était aux projets, aux rêves d’avenir, à la poursuite de tous les beaux songes.
Il est des œuvres qui sont faites pour orner les voies sacrées, les voies triomphales, pour décorer les avenues et les degrés des Panthéons et des Capitoles, pour devenir à leur tour les exemplaires classiques de l’avenir.
Mais aucun monarque et souverain ne s’était rencontré encore dans la situation extraordinaire de Napoléon, à la fois abdiquant et captif, — prisonnier sans avoir été pris et en quelque sorte de son propre choix, pour s’être allé asseoir au foyer de la nation son implacable ennemie ; détenu non dans une prison, mais sur le rocher le plus perdu de l’Océan ; non par la vengeance d’un seul adversaire, mais par la terreur de l’Europe entière conjurée ; et désormais élevé (seule élévation dernière qui lui manquât) à l’état de victime ; — ayant abdiqué pour la seconde fois et toujours forcément sans doute,, mais enfin de cœur comme de fait, et résigné ; ne nourrissant plus aucun espoir de retour, mais conservant jusqu’à la fin toute la sérénité de son coup d’œil, toute sa plénitude d’intelligence politique ; sevré de presque toute information actuelle, et se reportant avec d’autant plus d’impétuosité et d’ardeur aux grands événements récents ou passés, à l’histoire d’hier ou à l’histoire des siècles ; perçant de plus dans l’avenir et plongeant sur les horizons lointains avec la haute impartialité du conquérant apaisé, avec la vue épurée du civilisateur.
Son talent, à lui, est dans toute sa vigueur, dans son cours de développement ; il est en voie d’œuvres nouvelles et a devant lui l’avenir.
Il a remué dans ce roman de grosses questions, plus grosses peut-être qu’il n’avait d’abord pensé : questions théologiques, sociales ; questions de présent et d’avenir.
A voir un poëte du peuple occuper et, selon eux, usurper ainsi l’entière renommée, de jeunes et beaux esprits provençaux s’étaient dit qu’ils avaient, eux aussi, un passé et un avenir ; ils se mirent de parti pris à remonter aux sources, à les rechercher et à étudier, tout en chantant ; ils fondèrent cette union de poëtes, la société des Félibres, assez singulièrement nommée, mais qui s’est justifiée et démontrée par ses œuvres : l’un d’eux, Mistral, charmant poëte, esprit cultivé et resté en partie naïf, s’est d’emblée tiré du pair et illustré par la pastorale de Mireïo.
Camille Rousset vient de nous donner l’histoire, jeune homme charmant et sage, sur qui reposaient toutes les espérances du maréchal et tout l’avenir de cette race des Fouquet, ainsi restaurée et ressuscitée du fond de l’abîme.
Il était doux, fleuri, agréablement subtil, épris des antiques chimères, doué des signes gracieux de l’avenir ; et sa prose, encor qu’un peu traînante, ne ressemblait pas mal à ces beaux vieillards divins dont il nous parle souvent, à longue barbe plus blanche que la neige, et qui, soutenus d’un bâton d’ivoire, s’acheminaient lentement au milieu des bocages vers un temple du plus pur marbre de Paros.
Enfin dans tout pays ou l’autorité publique met des bornes superstitieuses à la recherche des vérités philosophiques, lorsque l’émulation s’est épuisée sur les beaux-arts, les hommes éclairés n’ayant plus de route à suivre, plus de but, plus d’avenir, se laissent aller au découragement ; et à peine reste-t-il alors assez de force à l’esprit humain pour inventer les amusements de ses loisirs.
. — Quand nous l’en séparons, nous faisons comme l’homme qui dirait, en parcourant tour à tour les divisions de la planche : « Cette planche est ici un carré, tout à l’heure elle était un losange, là-bas elle sera un triangle ; j’ai beau avancer, reculer, me rappeler le passé, prévoir l’avenir, je trouve toujours la planche invariable, identique, unique, pendant que ses divisions varient ; donc elle en diffère, elle est un être distinct et subsistant, c’est-à-dire une substance indépendante dont les losanges, le triangle, le carré, ne sont que les états successifs. » Par une illusion d’optique, cet homme crée une substance vide qui est la planche en soi.
Sans doute il n’a pas tout inventé : la strophe de 6 vers (aabccd), qui est de beaucoup la plus fréquente dans les odes de Ronsard, était déjà très employée par Marot, qui même savait la diversifier en variant la longueur du vers ; il connaissait notamment la forme gracieuse qui consiste à donner trois syllabes aux second et cinquième vers, et sept aux autres196, la forme aussi destinée à un si bel avenir, qui consiste à faire le troisième et le sixième vers sensiblement plus courts que les autres197.
Mais Mimi est un être qui ne sait pas se reprendre, qui meurt d’un mirage déçu et qui, arrachée à une vie tranquille et sûre, à un avenir peut être heureux, à une future union de cœur et d’esprit grave à quelque honnête homme, par le bellâtre Rodolphe, meurt moins encore de phtisie que de dégoût secret devant la déchéance, la paresse et la veulerie de ce flâneur qui a l’audace de se déclarer fatigué d’elle.
L’article du Mercure où il est louangé et qui s’intitulait d’original « D’un avenir possible pour cette chère littérature française », cet article et la préface du nouveau recueil notifient la dernière pensée de M.
Le caractère tout nouveau de cette éducation est dans le mélange du jeu et de l’étude, dans ce soin de s’instruire de chaque matière en s’en servant, de faire aller de pair les livres et les choses de la vie, la théorie et la pratique, le corps et l’esprit, la gymnastique et la musique, comme chez les Grecs, mais sans se modeler avec idolâtrie sur le passé, et en ayant égard sans cesse au temps présent et à l’avenir.
En sortant du Temple, si on ose se former l’idée de ces mystères de la douleur, il me semble que la vie comme l’âme de Madame Royale était achevée dans ce qu’elle avait d’essentiel ; elle était fermée du côté de l’avenir : toutes ses sources et toutes ses racines étaient désormais dans le passé.
La puissance de Méhémet Ali en Égypte était alors l’objet de l’attention des politiques et de la curiosité du monde : c’est par cette étude faite de près et sur les lieux, que le duc de Raguse termina ce voyage, et qu’il put dire en se rendant toute justice : Il est dans mon caractère de prendre un vif intérêt à ce qui a de la grandeur et de l’avenir.
La lettre écrite à Cosnac le 26 juin nous a montré Monsieur plus acharné que jamais contre Madame et lui faisant des menaces pour l’avenir.
Il commence à voir à contresens le monde, et, si un retour de fortune lui ménage un rôle dans l’avenir, il n’y rentre plus qu’à contretemps.
Il était devenu optimiste autant que Renan écrivant l’Avenir de la science ; il croyait au progrès, aux puissances de l’humanité pour devenir meilleure ou plus heureuse. 1848 renaissait en lui et Flaubert n’eût pas reconnu le Zola qu’il avait pratiqué.
» De même que le tempérament craintif est disposé à ne voir dans l’avenir que des causes d’effroi, le tempérament malheureux ne présage que des déceptions.
Il s’agit de savoir si le philosophe n’est jamais que la mouche du coche, résumant sous une forme vague et abstraite les solides découvertes des savants, ou s’il est, non pas sans doute un révélateur tombé du ciel sans précédents et sans contemporains, mais au moins un précurseur anticipant sur l’avenir, et généralisant d’avance ce que la science positive réalisera et démontrera.
Un conseil en terminant : ma sollicitude pour ton avenir autorise cette audace.
Il faut que quelque chose subsiste du passé, ni trop, ni trop peu, qui devienne le fondement de l’avenir et maintienne, à travers les renouvellements nécessaires, la tradition et l’unité du genre humain.
« Une voix, comme échappée du chœur des anges, est apportée par un souffle venu des bords fleuris de l’Éden ; et de lointains murmures qui la répètent l’ont adoucie pour mon oreille, et perdus, vont expirer dans le lointain avenir.
Pallmann, qui a étudié de très près les sources de son histoire, s’efforce de le justifier par un raisonnement assez spécieux17 : selon lui, Gœtz de Berlichingen et, avec lui, la plupart des chevaliers souabes et franconiens dont l’histoire ressemble à la sienne, manifestaient, dans leurs luttes contre les princes, les prélats et les villes de la ligue souabe, « d’un instinct très sain de l’avenir qu’on pouvait souhaiter à l’empire allemand ». […] Dans leurs tendances, et nullement dans celles des princes de l’époque […] était le véritable avenir de l’Empire allemand. […] Des temps nouveaux commençaient pour lui : par cela même qu’elle était la femme du passé, Mme de Stein ne pouvait être celle de l’avenir. […] Mais qu’à l’avenir, la joyeuse et douce approche de ma maîtresse ne cesse de me paraître, parmi les palmes triomphantes et les frémissements de joie un éternel jour de mai ! […] » Ce miracle, cette promesse de félicité bienheureuse, cette récompense promise par-delà la vie à deux amants dont la fin ressemble à un double suicide — cela n’est point très catholique, cela scandalise un peu les cœurs droits et secs, respectueux des vertus moyennes, que les triomphes de la passion inquiètent toujours pour l’avenir des sociétés.
Il parlait toujours de l’avenir, mais ne se préoccupait pas du lendemain. […] Il a horreur de l’Allemand, non seulement de l’empereur Guillaume et du prince de Bismarck, mais des Tudesques plus ou moins inoffensifs qui servent comme garçons de restaurant dans les hôtels cosmopolites et qu’il accuse de préparer « l’invasion et le pillage de l’avenir et de choisir déjà leurs pendules2 ». […] … Vous croyez, pauvres juges, « magots toussant dans vos flanelles », que votre arrêt durera, qu’il pèsera le poids d’un fétu, dans la balance de l’avenir ! […] Qu’il en soit comme il l’a voulu : je ne me suis jamais mis en travers d’une destinée ; et il sait mieux que moi son avenir. […] Ainsi, il arrive que le prince humain, généreux, ouvert aux aspirations de l’avenir, animé par un admirable esprit de justice, meurt tristement, déshonoré, calomnié par ceux-là mêmes qui devraient le chérir et qui l’accusent d’hypocrisie ; tandis que le roi brutal, autoritaire, dur aux misérables, relève la tête et raffermit les ruines chancelantes de son trône.
On dirait que nous risquons tout notre avenir sur une carte, sur le dernier argument d’un partisan du libre arbitre ou d’un déterministe, et il s’en faut de peu que nous ne prenions position dans la querelle des universaux. […] Et puis, tout dorés qu’ils sont de la poussière d’un beau passé, ils nous aident à imaginer un avenir moins sombre. […] Anatole France, quand il parle sur l’Agora, sacrifie aux dieux de l’Avenir, aux idoles populaires, au Progrès. […] D’où vient qu’après avoir apporté ce nouveau témoignage de son scepticisme, nous le verrons peut-être saluer demain avec bienveillance tel prophète qui prétend accoucher l’avenir ? […] Maintenant, parce que « l’esthétique de l’amour restera toujours l’esthétique de la chaîne et des larmes », il a aimé les larmes, rivé lui-même sa chaîne, arrimé tout son présent et tout son avenir sur un frêle esquif, et repoussé du talon le rivage, sans vouloir s’avouer qu’il s’y trouvait encore des routes inexplorées offertes à sa fantaisie.
« Rassasié des plaisirs de mon âge, je ne voyais rien de mieux dans l’avenir, et mon imagination ardente me privait encore du peu que je possédais. » — A quoi bon les affections ? […] La voici en résumé. — Quel sera l’avenir ? […] … Tout se trouve dans les rêveries enchantées où nous plonge le bruit de la cloche natale : religion, famille, patrie, et le berceau et la tombe, et le passé et l’avenir. […] En été la nature est douce au misérable ; en hiver la charité s’éveille pour le secourir : « avec des urnes différentes, Dieu verse à grands flots son amour. » — Tout le passé et tout l’avenir : Le passé, c’est la misère, et il doute ou il blasphème ; l’avenir, c’est le bonheur, et il croit et il adore. […] Léviathan, le gros vaisseau lourd et noir, avec son haleine sourde, ses rauques gémissements : c’est le passé ; le ballon dirigeable, léger et radieux ; « la liberté dans la lumière » ; c’est l’avenir.
On entreverrait son approximation grossière si l’on se demandait en quelle mesure ce que l’on peut appeler l’accent tonique de chaque homme porte sur son présent, son passé ou son avenir. […] Ce que je considère ici c’est qu’elle explique et légitime l’œuvre : à l’avenir de connaître si l’œuvre la légitime et la consacre… Le goût de la mort, pour un artiste, c’est le goût des grandes lignes définitives, du passé, du révolu. […] Et il se demande si devant ces cloîtres il ne faudrait pas évoquer un avenir plutôt qu’un passé, les envier à la fois pour une France jalouse qui leur est hostile et pour un futur espéré qu’ils embelliraient. […] Parfois il voyait l’avenir avec une tristesse et un dégoût effarés, et sa vision répondait, plus inquiète, à celle que Jules Lemaître esquisse dans sa préface des Vieux Livres. […] L’avenir, il le vit parfois à la façon d’un Anglais en révolte, d’un Poe, d’un Carlyle, d’un Ruskin, et il a évoqué dans le pur et classique poème en prose du Phénomène futur une humanité qui finirait dans la laideur.
Là est une des leçons du livre ; elle s’adresse à ces pauvres insensés qui usent leur vie, sacrifient leur travail et leur avenir à porter sur le pavois des gens qui ne se sont servi d’eux que comme d’instruments et qui repoussent dédaigneusement ces marchepieds humains dès qu’ils les ont hissés à la hauteur de leur ambition. […] car enfin ma place, mon avenir, ma vie est entre leurs mains ; ils me feront destituer ; ils me réduiront à la misère. […] Philippe a regardé l’avenir. […] Je me rapprochai alors du roi, et avec un accent pénétré et qui s’animait du sentiment que m’inspirait une si grave situation : « Il ne m’appartient pas, lui dis-je, de préjuger les droits dont vous parlez ni les espérances qui s’y rattachent ; mais gardez-vous que le nom de votre petit-fils soit le signal de la catastrophe qui se prépare ; quel que soit l’avenir que Dieu lui réserve, dans l’intérêt même de cet avenir, qu’il ne soit pas souillé du sang qui va couler. » Charles X était ému, sa contenance et sa voix changèrent subitement. […] Voilà tout ce que nous pouvons savoir sur elle… pour le moment, car l’avenir est toujours indiscret, et bien rares sont les masques que le temps ne lève pas.
Art, nature, avenir, génie de mystère et de découverte, maître des profondeurs du monde, de l’abîme inconnu des âges, parlez, que voulez-vous de moi ? […] Comprend-on que l’historien du peuple, l’apôtre de la sagesse des foules, le lucide révélateur des grandes causes, déclare que, si l’électeur eût livré Luther, l’avenir du monde était changé ? […] Plus austère, plus fier, plus roide que ses contemporains, un peu antique comme Tacite, on apercevait en lui, avec le défenseur de l’aristocratie brisée, l’interprète de la justice foulée, et, sous les ressentiments du passé, les menaces de l’avenir. […] L’invention et l’activité croissantes ont remué et fécondé toutes les provinces du travail et de la pensée humaine, et l’espérance, autorisée par la réussite, a confirmé la prospérité du présent par les promesses de l’avenir. […] Plus passionnée, plus douloureuse, plus avide de bonheur, plus sensible à la pitié, plus précipitée vers la rêverie et l’espérance, elle a témoigné des généreux désirs et des aspirations violentes qui, arrachant l’homme aux améliorations qu’il a conquises, le poussent sans relâche sur la route obscure de l’avenir.
Il aime d’un sentiment vif et pur ; il s’abandonne à cette passion sans avenir avec l’irréflexion cruelle de son âge ; il fait le mal sans le savoir, comme on le fait à vingt ans. […] Ces inquiétudes exagérées sur l’avenir sont entretenues chez lui par une crainte beaucoup plus sérieuse que lui donne le présent. […] L’avenir lui apparaît comme une pyramide gigantesque de raisins de Corinthe, d’amandes, d’oranges et de pains de sucre, du haut de laquelle il voit ses parents lui sourire et le prêcher. […] Je ne demande rien pour l’avenir. […] L’Allemagne — nous en avons l’espoir — saura conquérir l’avenir sans briser avec aucune des traditions respectables de son passé.
Une société qui ne pouvait plus sentir en sa situation ni son établissement aucun élément durable, qui assistait a la lutte profonde en, sa propre conscience et dans ses propres institutions, des tendances voltairiennes et des tendances chrétiennes, de la tradition et de la révolution, du patriarcat ancien et du socialisme naissant ; et qui, ne voyant pas d’issue à ces conflits de forces égales, subissait l’obsession constante d’une inquiète interrogation sur son avenir, une telle société eût trouvé bien froid, bien indifférent à ses préoccupations le thème commun des poètes du XVIIe siècle, l’étude de l’homme universel et des passions humaines en général. […] Jacques Boulenger nous proposera-t-il comme un modèle de stabilité sous ce rapport l’écrivain qui a commencé par l’optimisme inouï de l’Avenir de la Science, pour finir par le pessimisme presque nihiliste des merveilleux Drames philosophiques ? […] Les noms de Franck, de d’Indy, de Lalo, de Dukas, de Le Borne, sont autant de réponses victorieuses à cette thèse, réponses que l’avenir, espérons-le, accroîtra et amplifiera. […] Ceux-là, il leur suffisait d’être introduits par un pensionnaire un peu ancien qui pouvait fort bien lui-même ne subsister que de la confiance de Baptiste en son avenir. […] Lekeu trouvait à Bruxelles un groupe de jeunes musiciens qui savaient sa force, son avenir, et qui, bien que de son âge, l’entouraient déjà comme un aîné.
Il sut la maintenir en la dirigeant toujours vers la plus grande prospérité de son pays, et ce but est le seul qui puisse justifier au tribunal de l’avenir des entreprises aussi extraordinaires. […] Bientôt, nous en avons sa volonté pour gage, et son génie guerrier, s’il était malheureusement nécessaire, bientôt l’hymne de la paix retentira dans ce temple de la guerre ; alors le sentiment universel de la joie effacera le souvenir de toutes les injustices et de toutes les oppressions : déjà même les opprimés oublient leurs maux, en se confiant à l’avenir ; les acclamations de tous les siècles accompagneront enfin le héros qui donnera ce bienfait à la France, et au monde qu’elle ébranle depuis trop longtemps. […] L’espèce humaine doit être affligée de grandes maladies morales, quand elle ne se confie plus qu’aux remèdes de l’avenir. […] Si ces philosophes se contentaient de jouir de leurs idées avec la conviction solitaire d’une méditation contemplative (on sent bien que ces mots sont à madame de Staël) ; s’ils ne voulaient point appeler les passions de la multitude au soutien de leurs systèmes, rien ne serait plus innocent que tous ces jeux de l’esprit, que tous ces rêves de l’avenir dont les âmes les plus arides et les plus désabusées ont besoin, même quand elles ne croient plus rien. […] Ces jeux fantastiques, ces courses des ombres au milieu des tourbillons et des orages, ressemblent trop au néant, pour que l’âme se repose et s’étende avec quelque charme dans un avenir aussi désert, où rien n’a de la consistance et de la réalité.
……………………………………………………………………………………………………… Depuis deux jours, je ne sais, le souvenir de mon frère se réempare de mon esprit, un peu distrait de lui par l’horreur du moment, la menace de l’avenir, — et ce souvenir m’est présent et cruel comme aux premiers jours. […] Quel est l’imprévu que nous garde l’avenir ! […] Il défend votre immeuble de l’invasion des populations suburbaines ; il vous sauve, dans l’avenir, de l’incendie, du pillage, de la réquisition prussienne. […] Puis les menaces de l’avenir amènent la conversation sur l’exil, qui pourrait être le lot de beaucoup de dîneurs d’ici. […] Nous allons entrer dans la famine, la congélation, la nuit, et l’avenir semble promettre des souffrances et des horreurs, telles que n’en a vu aucun siège.
À vrai dire, ce n’est pas une édition savante, renforcée de toute une documentation, de gloses et controverses : cela, c’est la tâche de l’avenir, d’un avenir même assez proche, si nous suivons l’exemple des Allemands et des Américains, qui commentent Flaubert dans les universités et le considèrent comme un excellent sujet de thèses de doctorat. […] L’avenir montrera si l’entreprise philologique de Mistral était féconde. […] Il existe bien des façons différentes d’être un grand saint, aussi bien que d’être un grand peintre ou un grand philosophe, sans compter que dans l’avenir il en existera peut-être de nouvelles qui échappent à nos prévisions. […] Là, il se livre à de sombres méditations sur les frères latins qui nous submergent et nous exproprient, sur les indigènes qu’il eût été si facile d’utiliser, sur l’avenir de l’Algérie, où il n’aperçoit, par suite de ces erreurs, que périls et tempêtes à l’horizon. […] En revanche, il se passionne pour l’Avenir.
» Grande et haute pensée sans doute, à laquelle je ne ferai qu’une objection : c’est qu’elle suppose une postérité de plus en plus sérieuse et bien révérente pour le passé, et un passé de plus en plus digne du respect de l’avenir. […] Comte ; il entendait bien avoir trouvé la formule précise de ce développement humain, tant dans le passé que dans le présent et l’avenir.
Tout dépendra de ce qu’on pense à l’Académie de son avenir politique. […] Pierre Vous avez sans doute reçu le questionnaire de Roger Giron, qui ouvre une enquête sur ce sujet dans L’Avenir.
Je crois de plus que, en me mettant dans les conditions requises, non seulement en un moment quelconque de l’avenir j’éprouverais les sensations indiquées, mais encore qu’en un moment quelconque du passé je les aurais éprouvées, et qu’il en serait de même en tous les moments du présent, de l’avenir et du passé pour tout être analogue à moi.
Enfin ils étaient jeunes, et les révolutions sont l’instinct de la jeunesse, parce qu’elles pressent le pas du temps et parce qu’elles arrachent violemment à l’avenir le mot du destin. […] Elle dit qu’elle méprise désormais ces musiques, ces danses, ces joies folles de la jeunesse, qu’elle a recueilli toute sa pensée dans la tendresse sévère de son mari, assis sur le buffle, et tout son avenir dans ce nourrisson pressé sur son sein. — Et ce vieillard, maître du champ, accoudé sur les sacs, regardant avec une affectueuse indifférence les musiciens, les danseurs, la moisson, le soleil couchant, que dit-il ?
On le chargea en même temps de déclarer que Sa Sainteté était prête à souscrire le projet corrigé, quoiqu’elle se fût flattée de quelque chose de mieux ; mais qu’elle voulait se persuader que son espérance se réaliserait au moins pour l’avenir. […] Seule la Providence sait ce que l’avenir nous réserve.
Mais ces relations d’une idéale intimité entre la musique et la littérature n’ont pas encore eu le temps de se développer, et, comme je n’ai voulu être ici qu’un historien, je m’arrête au seuil de l’avenir qui les rendra peut-être aussi ordinaires qu’elles paraissent l’avoir été aux beaux jours de la Grèce antique. […] Il est vraisemblable que la pensée humaine de l’avenir trouvera de nouvelles occasions et de nouveaux moyens de s’incarner dans des édifices qui auront aussi leur signification et qui symboliseront, à leur manière, les tendances des moments où ils seront élevés.
L’expliquer en détail, ce serait développer toute la théorie wagnérienne sur l’œuvre d’art de l’avenir ; je préfère renvoyer mes lecteurs à Opéra et Drame (III et IV), à la Musique dans le drame (X), etc. […] — Ce n’est pas encourageant pour « l’œuvre d’art de l’avenir ».
Et pour la plupart ils vivaient là dans de délicieux loisirs ; on passait la journée tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre, et, soit groupé autour d’une bouteille de bon vin, soit étendu aux bords du lac, on discutait religion, philosophie, l’avenir de l’humanité, la science, l’art, les racines des mots… Il y avait Mommsen, le célèbre historien, professeur aujourd’hui à Berlin ; les physiologistes Ludwig et Koëchly ; le philosophe Moleschott, un chef reconnu des matérialistes scientifiques ; les poetes Herwegh et Keller ; l’architecte Semper ; le peintre Kietz ; le savant philologue Ettmüllerbb. […] (III, 40) » Et autre part : « Unis, nous formerons le lien de la sainte Nécessité, et le baiser fraternel qui scellera ce lien sera l’Œuvre d’Art commune de l’Avenir : en elle nous serons un : « Divulgateurs et montreurs de la Nécessité, sachants de l’Inconscient, voulants de l’Involontaire, témoins de la Nature, — hommes heureux !
« Nous sommes continuellement emportés par le cours du temps ; or, au moment où nous sortons du présent pour entrer dans l’avenir, qu’est-ce qui peut causer le plaisir ? […] Or, ce n’est pas la perspective d’entrer dans l’avenir, car nous sommes incertains de l’état dans lequel nous entrerons ; tout ce que nous savons, c’est qu’il sera autre que l’état présent.
» Oui, je crois que dans un avenir non lointain, On sera amené à des mesures de police répressives, qui leur défendent, comme au xviiie siècle, les loges honnêtes, qui corrigent leur insolence, refrènent leurs prospérités, les remettent à leur place — au ruisseau. […] * * * — Lu, dans le bain, un joli vers d’un poète entre Ronsard et Corneille, de l’inconnu Pager : « Je crains ce que j’espère. » * * * — Que n’avons-nous écrit, jour par jour, au début de notre carrière, ce rude et horrible débat contre l’anonyme, toutes ces stations dans l’indifférence ou l’injure, ce public cherché et vous échappant, cet avenir vers lequel nous marchions résignés, mais souvent désespérés, cette lutte de la volonté impatiente et fiévreuse contre le temps et l’ancienneté, un des grands privilèges de la littérature.
Quelque chose de particulier se passe en vous : on se sent de la gêne comme devant l’inconnu dans lequel on va entrer, et si peu que l’on croie à la bonne aventure, il y a une sorte d’appréhension de se trouver sur la sellette de son avenir. […] C’est l’occasion pour Taine d’affirmer que la diminution de la sensibilité et la progression de l’activité : voilà ce que doit rapporter l’avenir.
Je passerai des journées devant un bas-relief… Mais cela est d’un âge… Plus tard, il faut la vision philosophique des choses, c’est la seconde phase… Plus tard encore, et en dernier, il faut entrer dans la vie mystérieuse des choses, ce que les anciens appelaient arcana : les mystères des avenirs des êtres et des individus. » Et il me serre la main en me disant : « Réfléchissez à ce que je vous dis ? […] La jeune maternité n’existe pas, les mères ont l’aspect d’aïeules : la femme ne se mariant ici qu’à trente-cinq ou quarante ans, à l’âge où elle a réalisé sa provision de toile pour l’avenir de sa vie : tant de chemises, tant de draps, tant de rouleaux de toile.
……………………………………………………… Je soulève pour toi l’équitable avenir. […] Par cela seul il fit avorter l’avenir d’une grande poésie nationale en France.
Le ciel, la mer, les montagnes, les fleuves, la race, la langue, les religions, les grandeurs et les revers de la destinée, le passé presque fabuleux, le présent triste, l’avenir toujours prêt à renaître, et toujours trompeur, la jeunesse éternelle de ce sang italien qui roule toutes sortes de royautés déchues dans ses veines, une noblesse de peuple-roi dans le dernier laboureur de ses plaines ou dans le dernier pasteur de ses montagnes, une rivalité de villes capitales, telles que Naples, Rome, Florence, Sienne, Pise, Bologne, Ferrare, Ravenne, Vérone, Gênes, Venise, Milan, Turin, ayant toutes et tour à tour concentré en elles l’activité, le génie, la poésie, les arts de la patrie commune, et pouvant toutes aspirer à la royauté intellectuelle d’une troisième Italie, voilà les explications de cette aristocratie indélébile de l’esprit humain au-delà des Alpes. […] Ce grand homme fit le premier, pour l’Occident tout entier, ce que les Médicis firent plus tard pour l’Italie ; il ordonna les fouilles dans la cendre du passé, recueillit les monuments épars, restitua les langues mortes, évoqua, par les études encouragées et rémunérées, le génie de l’antiquité pour y rallumer le génie de l’avenir.
Pourtant, sa croyance profonde en l’avenir social nous éclaire sur la conscience d’André Couvreur. […] René Boylesve, comme la Becquée, le Parfum des Îles Borromées, Mademoiselle Cloque, Le Bel Avenir ou l’Enfant à la Balustrade, survivront sans doute.
Si dans un avenir éloigné un géologue fouille ces strates, il sera peut-être tenté de présumer que la durée moyenne des espèces fossiles qu’il y trouvera enfouies a été inférieure à celle de l’époque glaciaire ; tandis qu’en réalité elle aura été au contraire beaucoup plus longue, puisque ces espèces ont apparu avant cette époque et qu’elles ont pour la plupart continué d’exister jusqu’aujourd’hui. […] Les géologues de l’avenir pourraient tourner dans le même cercle vicieux que certains géologues d’aujourd’hui qui ont conclu, soit de la spécialité des fossiles à la spécialité des terrains, soit de l’identité géologique des terrains à l’identité spécifique des fossiles.
Au moment de nous mettre en marche vers l’avenir, peut-être n’est-il pas mauvais de rallier vers un but commun les volontés hésitantes, en définissant plus nettement l’objet de nos efforts. […] nous sortons à peine d’un long cauchemar de trente années, — courte période qui pèsera autant sur notre avenir que les siècles les plus sombres de notre gestation nationale.
Elle n’était pas, sur le chapitre de la comédie, de l’avis de Bossuet, de Bourdaloue et des autres grands oracles religieux d’alors ; elle devançait l’opinion de l’avenir et celle des moralistes plus indulgents : À l’égard des prêtres qui défendent la comédie, écrivait-elle assez irrévérencieusement, je n’en parlerai pas davantage : je dirai seulement que, s’ils y voyaient un peu plus loin que leur nez, ils comprendraient que l’argent que le peuple dépense pour aller à la Comédie n’est pas mal employé : d’abord, les comédiens sont de pauvres diables qui gagnent ainsi leur vie ; ensuite la comédie inspire la joie, la joie produit la santé, la santé donne la force, la force produit de bons travaux ; la comédie est donc à encourager plutôt qu’à défendre.
À toutes ses questions le comte de Foix répond volontiers, et il promet à l’historien pour son ouvrage un crédit dans l’avenir et une fortune que nulle autre histoire ne lui disputera : « Et la raison en est, disait-il, beau Maître, que depuis cinquante ans en çà sont advenus plus de faits d’armes et de merveilles au monde qu’il n’en étoit de trois cents ans auparavant. » Encouragé par un tel suffrage, Froissart s’applique de plus en plus à mettre son langage au niveau des actions qu’il a à raconter ; car il n’a rien tant à cœur que d’étendre et rehausser sa matière, dit-il, et d’exemplier (enseigner par des exemples) les bons qui se désirent avancer par armes.
Daru ne soit point devenu le serviteur actif d’un nouveau régime, et que dans l’avenir son nom demeure attaché à un seul et incomparable règne par le clou de diamant de l’histoire. — En parlant ainsi, il ne saurait me venir à la pensée de faire injure à la Restauration, dont j’apprécie les mérites et les hommes : je ne songe qu’à l’unité dominante qu’on aime à voir dans l’étude d’une vie, à cette lumière principale qui tombe sur un front, et si en ceci je parais sentir un peu trop l’histoire en artiste, qu’on me le pardonne.
Ce lieu commun éloquent se retrouve à la fois dans le troisième sermon Sur la Toussaint dont j’ai parlé, dans le Sermon sur l’amour des plaisirs, et dans celui Sur l’ambition avec quelque variante : Ô homme, ne te trompe pas, l’avenir a des événements trop bizarres, et les pertes et les ruines entrent par trop d’endroits dans la fortune des hommes, pour pouvoir être arrêtées de toutes parts.
Tout le monde lui disait déjà qu’il serait député ; Mme Bailly, avec la prévoyance que donne aux femmes leur tendresse, craignait de grands démêlés dans un avenir prochain, et désirait qu’il n’y fût point engagé : Je ne croyais point aux dangers, dit Bailly, mais j’aimais assez mon repos et ma médiocrité.
Ce n’est point sur sa fin et sur ce douloureux mystère de sa mort (insondable secret et qui nous échappe) que j’ai dessein aucunement de m’arrêter, c’est bien sur ses pensées et ses maximes de conduite et d’art, quand il était un artiste plein de courage, d’application, de mélancolie déjà et de souffrance sans doute, mais aussi de lutte et de résistance au mal, ayant de l’avenir et, en soi, un croissant désir du mieux, — avant le vertige et avant l’abîme.
. — Mme la Dauphine, mécontente de quelques sots procédés des comédiens, pria le roi de casser Baron et Raisin, les deux meilleurs comédiens de la troupe, l’un pour le sérieux et l’autre pour le comique. » Et, 3 novembre 1684 : « On choisit trois nouvelles comédiennes pour être mises dans la troupe du roi, et Mme la Dauphine leur fit une exhortation sur leur bonne conduite à l’avenir. » Une des affaires qu’il est le plus intéressant de suivre chez Dangeau, qui ne fait de rien des affaires, mais de simples nouvelles, c’est la révocation de l’Édit de Nantes et ses suites.
Les principaux de ces poètes, ceux qui avaient le plus d’avenir, se rattachaient à l’ordre d’idées et d’affections inaugurées dès le commencement du siècle par M. de Chateaubriand, et dont la Restauration favorisait le réveil ; et, pour cette autre initiation qui tient plus particulièrement à la forme poétique, ils aimaient à se réclamer d’André Chénier, non pas tant pour l’imiter directement que par instinct de fraîcheur, de renouvellement, et par amour pour cette beauté grecque dont il nous rendait les vives élégances et les grâces.
pour nous, et cependant qui peut être estimée pour son regard, et selon le monde, heureuse. » Et il explique en quoi et en quel sens (un peu païen et antique) cette mort fatale est heureuse pour le héros, une mort sans appréhension, sans douleur, commune à plusieurs grands personnages du passé, et qui laisse l’imagination rêver un avenir de gloire plus grand encore que ce qu’il avait obtenu.
Elle a son nom désormais et son titre dans l’avenir, sa correspondance couvre et rachète ses mémoires, et quand il sera question d’elle, on dira d’abord : C’est une sœur de roi.
tout ce qu’il peut se promettre de bonheur pour cette enfant, pour l’avenir de sa petite Berthe ; et à côté sa femme, qui fait semblant de dormir, ne rêve, elle, pour le lendemain matin qu’enlèvement dans une chaise de poste à quatre chevaux, félicité romanesque, voyages imaginaires, Orient, Grenade, Alhambra, etc.
Cousin ; mais on ne commencerait point par là ; on ne se piquerait pas d’emblée d’être érudit avant d’avoir été tout uniment instruit (le grand et détestable travers du moment et le danger littéraire de l’avenir !)
Le temps fera raison à ce grand homme de toutes ces injures, et ceux qui le blâment aujourd’hui connaîtront peut-être à l’avenir combien sa conduite eût été nécessaire pour achever la félicité de cet État, dont il a jeté tous les fondements.
En jugeant de si près les hommes et les choses de son pays, il paraît désintéressé comme le serait un étranger, et déjà un homme de l’avenir.
Il leur fut signifié de la part du roi « qu’il ne leur arrivât plus à l’avenir, quand ils rencontreraient Leurs Majestés, de se ranger du côté de la reine et de la saluer.
Renan croit fermement que l’homme individuel a un but, « une perfection morale et intellectuelle à atteindre. » Il professe avec énergie ces hautes doctrines ; et, si on le presse, si on le chicane, si on lui oppose ses propres recherches, sa propre méthode, ce qu’il y a d’inexorable dans les résultats ou les inductions de l’analyse positive, il n’hésite pas à s’arrêter, à réserver l’avenir, à poser au terme de tout examen critique, et en présence du grand inconnu, ce qu’il appelle un doute inébranlable, mais un doute qui est tout en faveur des plus nobles suppositions et des hypothèses les plus conformes à la dignité du genre humain.
Qu’on mette en regard de cette lettre de Racine le moindre billet de ce brillant et libertin célibataire, si vif, si sensé, si occupé du genre humain, si dévoué aux intérêts de tous dans l’avenir, si guerroyant contre les préjugés, si infatigable jusqu’au dernier soupir, — Voltaire, — on aura une idée des deux natures d’hommes, des deux genres de vie, et aussi de deux siècles et de deux mondes.
Cet honnête homme à imagination ardente, et qui n’admettait guère qu’on pût sentir et penser autrement que lui-même, lui arracha une phrase par laquelle on supplia formellement le roi de s’en tenir à la clémence pour le passé et d’y mettre un terme, eu laissant cours à la justice et à la sévérité des lois pour l’avenir.
Je n’examine pas le fond ; mais le temps a assemblé et amassé autour de ces établissements antiques et séculaires tant d’intérêts, tant d’existences morales et autres, tant de vertus, tant de faiblesses, tant de consciences timorées et tendres, tant de bienfaits avec des inconvénients qui se retrouvent plus ou moins partout, mais, à coup sûr, tant d’habitudes enracinées et respectables, qu’on ne saurait y toucher et les ébranler sans jouer l’avenir même des sociétés… » On voit la suite.
Le génie est inculte, violent, orageux ; il ne cherche qu’à se contenter lui-même et se soucie plus de l’avenir que du présent. — L’homme de talent est propre, bien rasé, charmant, accessible à tous ; il prend chaque jour la mesure du public et lui fait des habits à sa taille, tandis que le poète forge de gigantesques armures que les Titans seuls peuvent revêtir. — Sous Delacroix, vous avez Delaroche ; sous Rossini, Donizetti ; sous Victor Hugo, M.
Mais aussi, que le présent, que l’avenir le plus prochain, ne nous possèdent point tout entiers ; que l’orgueil et l’abondance de la vie ne nous enivrent pas ; que le passé, là où il a offert de parfaits modèles et exemplaires, ne cesse d’être considéré de nous et compris.
Dans un voyage qu’il fit en Alsace, en juin 1679, les magistrats de Strasbourg étaient venus à Schelestadt lui faire leurs protestations les plus humbles pour l’avenir ; il dissimula, répondit par des paroles assez polies, et noua probablement dès lors des intelligences secrètes avec quelques-uns du dedans.
Il monte aujourd’hui dans la chaire évangélique comme autrefois il montait à la tribune, et devant les centres chrétiens, vacillants et troublés, que peuvent inquiéter en effet des menaces ou des promesses de tant de sortes, il pose de nouveau les principes, écarte d’un geste les difficultés inutiles, les tranche, indique les points de ralliement sûrs, les phares uniques et les seuls lumineux ; il résume, il récapitule, il coupe court aux idées vagues, aux illusions dites positives, aux aspirations vers tout avenir qui n’est pas le sien, et, selon une expression heureuse18, il dit à la critique et à la science, comme autrefois à la démocratie et à la Révolution : « Tu iras jusque-là, tu n’iras pas plus loin. » Ses contradicteurs, cette fois, ne s’appellent plus Thiers, Berryer, Odilon Barrot, Duvergier de Hauranne, Garnier-Pagès, Billault, Émile de Girardin : ce sont les Darwin, les Littré, les Renan, les Scherer, etc.
N’aura-t-on à livrer à l’œil du jaloux avenir que des phénomènes individuels, plus ou moins brillants, mais sans force d’union, sans but, même secondaire, sans accord, même spécieux et décent ?
Les vexations croissantes, tous les genres de griefs sourdement accumulés, les tâtonnements législatifs impuissants, et les tentatives tribunitiennes coupées de tragique, remplissent quarante années préliminaires, durant lesquelles les guerres contre les Cimbres viennent jeter une puissante diversion, mais aussi de nouveaux ferments pour l’avenir.
Le gouvernement aristocratique offrant une carrière plus lente et plus mesurée, fixe davantage l’intérêt sur tous les genres d’avenir : les lumières philosophiques sont nécessaires à la considération dans un corps d’hommes choisis, tandis qu’il suffit des ressources de l’imagination pour émouvoir la multitude rassemblée.
Il est d’usage de louer l’invention du caractère de Gil Blas : ce garçon qui est si peu héros de roman, bon enfant, sans malice, sans délicatesse, sans bravoure, mais admirablement résistant par le manque même de profondeur, qui ne prend jamais la vie au tragique, qui se relève et se console si vite de toutes ses disgrâces, toujours tourné vers l’avenir, jamais vers le passé, toujours en action, jamais rêveur ni contemplatif, que l’expérience mène rudement de la vanité puérile à l’égoïsme calculateur, et qui finit par s’élever assez tard à une solide encore qu’un peu grosse moralité ; ce personnage-là, dit-on, c’est notre moyenne humanité.
Il est ses ancêtres, et il est aussi ses contemporains, et même il représente en quelque sorte les gens de l’avenir.
Elle est douée de facultés lui permettant d’agir en dehors de la sphère sensuelle, se communiquer à distance, dans les phénomènes télépathiques, de voir à travers les corps opaques de traverser l’espace et le temps, de lire le livre du Passé, comme le livre non écrit de l’Avenir. » À ceux qui s’étonneraient de la hardiesse de cette affirmation, M.
Actif et remuant, Catulle Mendès, du même âge que Mallarmé, jouissait déjà d’une certaine notoriété et pouvait se glorifier d’un passé littéraire puisqu’à dix-huit ans il avait créé la Revue fantaisiste qui comptait pour collaborateurs à côté des aînés : Gautier, Baudelaire, Banville, Arsène Houssaye, Champfleury, Gozlan, des jeunes pleins d’avenir comme Villiers de l’Isle-Adam et Alphonse Daudet.
Pour la déterminer, il faudra rechercher patiemment quels sont les traits essentiels qu’on retrouve en tout temps chez les habitants d’un pays et qu’on ne trouve que parmi eux, C’est l’œuvre de l’avenir de construire la science des rapports qui existent entre le monde physique et le monde moral.
Quand je lisais pour la première fois ce livre aux âpretés incertaines et aux violences troubles, je me charmais surtout à considérer Léon Daudet, être équivoque dont je ne devinais point l’avenir banal.
Ce dénouement n’est pas seulement injuste, il est impossible, sans lendemain et sans avenir.
Aujourd’hui c’est tout le monde qui est M. le Dauphin, et à qui appartient, bon gré mal gré, l’avenir ; c’est donc tout le monde qu’il faut se hâter d’élever.
Ô la détestable raison, et où l’avenir a plutôt vu un titre de malheur !
L’avenir, il le sait peu, et il n’en dit jamais plus qu’il ne sait.
Un législateur isolerait ses institutions de tout ce qui peut les naturaliser sur la terre, s’il n’observait avec soin les rapports naturels qui lient toujours plus ou moins le présent au passé et l’avenir au présent, et qui font qu’un peuple, à moins qu’il ne soit exterminé, ou qu’il ne tombe dans une dégradation pire que l’anéantissement, ne cesse jamais, jusqu’à un certain point, de se ressembler à lui-même.
Maret, depuis duc de Bassano, s’était chargé de son avenir.
vous croyez aux droits de l’homme, à l’émancipation, à l’avenir, au progrès, au beau, au juste, au grand, prenez garde, vous vous arriérez.
Si nous parcourions toute la série d’idées que peut faite naître le sujet qui nous occupe, nous verrions que le duel, reste de nos anciennes mœurs, s’est conservé intact dans nos mœurs nouvelles, mais qu’il commence à sortir de la sphère des opinions ; que l’institution du jury, réclamée par nos opinions, et regardée avec raison comme le fondement de toutes nos garanties sociales et de nos libertés actuelles, n’est point entrée dans nos mœurs, puisque nous obéissons avec tant de répugnance à la loi qui nous impose le devoir de juger nos pairs, puisque les jugements rendus dans le sanctuaire de la justice, sous la responsabilité de la conscience des jurés, sont attaqués ouvertement, et discutés comme nous discutons tout ; nous verrions enfin que si nous n’étions pas soutenus par l’esprit de parti, nous nous acquitterions de nos fonctions d’électeurs avec une négligence que l’on prévoit déjà pour l’avenir.
Il faudra des curieux et des travailleurs comme il l’était, des espèces de Tallemant des Réaux dans l’avenir, pour pouvoir parler, en science de cause, de cet homme qui fut un très éblouissant feu follet littéraire, lequel, comme les feux follets, errait et ne se fixait pas, et qui a oublié de laisser derrière lui le livre un, profond et complet, qu’il était très capable de faire, — le livre qui eût été un fût de colonne sur sa tombe effacée, et qui en eût marqué la place aux yeux de la Postérité !
Il fut, d’ailleurs, professeur de morale et d’histoire, et les Josses de la philosophie, les orfèvres comme Saisset et Cousin, répètent assez haut que désormais les prêtres de l’avenir ne peuvent être que les philosophes.
Cette création d’Éloa, qui, dans l’avenir, sera l’étoile centrale de la couronne poétique de Vigny, je l’ai dit déjà, c’est l’âme même qui l’a créée et qui se mire en cette image !
* * * La tradition et l’avenir vont, dans son œuvre, du même pas auguste. […] Le hasard, durant ces formidables heures qui déterminaient obscurément tout l’avenir, le hasard triompha ; ses caprices jouent parmi les détails du drame auguste et bizarre. […] On ne saurait le confondre avec ces annonciateurs des temps nouveaux qui, parmi les tristesses contemporaines, discernent le présage d’un bel avenir. […] Elles sont la volonté de vivre, qui est heureuse ou malheureuse, qui se désespère, ou qui a peur, ou qui est ravie de belle attente, mais qui va vers l’avenir. […] Il songeait à l’avenir de la pensée humaine ; et il écrivit : « Il sera matériellement impossible de s’assimiler l’ensemble des découvertes de son temps.
On se risque, on se compromet pour des chances de places futures, on se dévoue pour un parti qui représente l’avenir. […] Comme nous parlions de ce qu’avait dit la veille Tourguéneff, qu’il n’y avait qu’un homme populaire en Russie : Dickens, et que depuis 1830 notre littérature n’y avait plus d’influence et que tout allait aux romans anglais et américains, Taine nous dit que, pour lui, il est certain que l’avenir développera encore ce mouvement, que l’influence littéraire de la France ira toujours en diminuant2, que depuis le xviiie siècle, il y a en France pour toutes les branches de connaissances des hommes remarquables, un beau front d’armée, mais rien derrière, pas de troupes, que c’est toujours l’histoire de la province et de Paris, à l’heure qu’il est… Il ajoute : « Hachette vient de refuser de faire une traduction de Mommsen, et il a eu raison. […] Il cause de l’absence du mouvement intellectuel de la province française, comparativement à toutes les associations lettrées des comtés anglais et des villes allemandes ; il cause de la pléthore de ce Paris, qui absorbe tout, attire tout, fabrique tout, de l’avenir enfin de la France, qui dans ces conditions doit finir par une congestion cérébrale : « Paris, dans ces derniers temps, s’écrie-t-il, me fait l’effet de la vallée d’Alexandrie… Au bas d’Alexandrie pendillait bien la vallée du Nil, mais c’était une vallée morte !
Nous ne devons attendre la vérité d’aucun d’eux, car ils ne nous donneront jamais dans le présent et dans l’avenir que ce qu’ils nous ont donné dans le passé, c’est-à-dire des ombres plutôt que des substances du vrai. […] Son passé nous donne une pleine confiance dans l’avenir de son talent, car il a surpris ceux mêmes qui l’aimaient, et il a découragé ceux qui s’obstinaient à le nier. […] Quelles que soient cependant les métamorphoses que nous réserve ce talent dans l’avenir, saluons dès aujourd’hui M. […] Ce savoir littéraire que les conditions de notre temps exigent des hommes d’imagination est un appui plus qu’un obstacle, et servira dans l’avenir à distinguer les véritables vocations poétiques des vocations incomplètes. […] Daudet, et de ses qualités il n’en est pas qui nous assure aussi pleinement de son avenir que celle-là, car il n’en est pas qui soit plus invariablement associée au vrai génie.
Une Sparte composite et précieuse, pareille à ce Glaucus marin encombré de coquillages, qui sortit de la mer pour déclarer l’avenir aux deux amants en route vers Troie, une Sparte qui ressemble comme une sœur alternée d’Orient à la Tolède de Greco. […] Renan, assez malin, lorsqu’il voulut publier, de son vivant, la principale de ses œuvres de jeunesse, l’Avenir de la Science, l’appela son vieux Pourana. […] Une fusion plus étroite de l’esprit scientifique et de l’esprit littéraire qui, séparés l’un de l’autre, arrivent, en ces matières, si vite au bout de leur rouleau, est bien désirable, et c’est d’une telle union, d’une telle discipline, que dépend probablement l’avenir de ces études. […] qu’à l’avenir, dans toute accusation, le vieux soit juge contre le vieux, le jeune contre le jeune. » Ce jugement par les pairs ne serait pas une mauvaise idée : il faudrait y joindre le riche jugé par le riche, le pauvre par le pauvre, le professeur par le professeur, le dyspeptique par le dyspeptique. […] C’est que cette guerre d’Extrême-Orient nous intéressait comme un jeu passionnant, où l’avenir de la planète était en question, mais avec assez de lointain et d’indétermination pour que nous gardions le droit de ne pas prendre parti et de voir venir.
Pourtant je me plais à y voir plus encore : un jalon pour l’avenir. […] Non qu’il existât, même dans la pensée des moins habiles, une corrélation nécessaire entre la valeur d’un ouvrage de l’esprit et le chiffre de ses éditions : on pourrait citer tel manœuvre, tel spécialiste du feuilleton, dont les tirages sont considérables, et que nul cependant, sauf lui sans doute, ne songe à faire rentrer dans le genre littéraire, tandis que la clientèle payante des œuvres critiques d’un Barbey d’Aurevilly, monument durable dans l’avenir, ne suffit pas à couvrir les frais d’impression. […] Il fallut des années pour que l’on s’y accoutumât, car la Gloire durable ne s’acquiert pas tout d’un coup : c’est seulement par le lent et progressif travail de l’opinion que la statue d’un grand homme prend les proportions qu’elle doit garder dans l’avenir, alors même que les hommages officiels l’ont déjà dressée sur son socle. […] Prenons-la dès sa petite enfance, pour observer dans l’œuf les traits primordiaux que la Nature en elle déposa, comme le germe d’où sortira tout l’avenir… ce sera l’ensemble des instincts qui, d’abord embryonnaires, mais non moins précis pour cela, composeront plus tard sa décisive personnalité.
C’est l’avenir intellectuel de la France qui est en question. […] Tu sais que je n’ai aucune inquiétude sur mon avenir, mais le présent m’ennuie et me tracasse ; je veux en sortir. […] Ce n’est qu’après le retour des pèlerins en France qu’il lança l’encyclique Mirari vos, portant condamnation des doctrines exposées et soutenues dans le journal L’Avenir. […] Puis, enfin, à l’aube du jour et de l’avenir, il cherche parmi les fantômes promis à la vie, une forme assez pure, assez mystérieuse, assez charmante pour être une nouvelle lune. […] si l’on savait l’avenir, qui consentirait à vivre ?
Son livre témoigne d’une instruction abondante et d’une vaste curiosité ; on y respire un grand et paisible amour de l’humanité, une ferme confiance en l’avenir, un sentiment de générosité sincère. […] Elle renverse tout principe et croyance en acceptant deux principes de croyance nécessairement opposés Elle défait le passé, compromet l’avenir, et mérite d’être réfutée d’autant plus franchement qu’elle n’est pas la première, qu’elle ne sera pas la dernière et qu’elle signale une inconséquence habituelle et naturelle de l’esprit humain. […] La vie est courte, ennuyeuse ; elle se passe toute à désirer, et l’on remet à l’avenir son repos, ses joies, à cet âge où souvent les meilleurs biens ont déjà disparu, la santé et la jeunesse. […] Paris nous excite trop, nous autres gens ordinaires ; quelles fourmilières d’idées devaient pulluler dans cet esprit, qui, multiplié par l’inspiration et par la science, apercevait dans un geste, dans un vêtement un caractère et une vie entière, les reliait à leur siècle, prévoyait leur avenir, les pénétrait en peintre, en médecin, en philosophe, et étendait le réseau infini de ses divinations involontaires à travers toutes les idées et tous les faits ! […] Car la substance est, comme un fleuve, dans un écoulement éternel ; et les vivants en des changements continuels ; et les causes en des transformations innombrables : et il y a un abîme sans fond, le passé, puis l’avenir où tout s’engloutira.
Cela serait supportable à un jeune homme qui n’aurait jamais rendu preuve de son courage, et qui désirerait commencer sa fortune ; mais, la vôtre étant déjà si avancée que vous possédez les deux plus importantes et utiles charges du royaume, vos actions passées vous ayant acquis envers moi toute confiance de valeur, et ayant plusieurs braves hommes dans l’armée où vous commandez maintenant, vous leur deviez commettre ces choses remplies de tant de dangers : partant, avisez à vous mieux ménager à l’avenir ; car, si vous m’êtes utile en la charge de l’artillerie, j’ai encore plus besoin de vous en celle des finances.
Meyer, l’œil de lynx le plus perçant, la plume la plus exigeante d’exactitude et qui ne laisse rien passer, et j’y trouve quantité de remarques et nombre de leçons meilleures proposées pour l’avenir.
Cette poésie touchante, familière et pure, a aussi tenté, de nos jours, quelques hommes de talent en France, et je suis loin de ne pas les estimer à leur prix : toutefois la veine principale et la source vive ont été surtout en Angleterre, et j’aimerais à ce que nos auteurs en fussent mieux informés, non point pour aller l’imiter et la vouloir directement transporter chez nous, mais pour se mieux pénétrer des conditions nécessaires à ce genre d’inspirations et pour s’y placer, s’il se peut, à l’avenir.
En soumettant ces difficultés de sens aux excellents éditeurs, je suis sûr d’attirer leur attention pour l’avenir et d’amener sur ce qui a échappé jusqu’ici des corrections et leçons meilleures que celles que je puis proposer.
Sérieux au fond, ayant des goûts à lui et qui parurent bientôt très prononcés, aimant les lectures de toutes sortes, l’histoire, les estampes et l’instruction qu’elles procurent sur les mœurs du temps passé, jugeant sainement des choses et des hommes qu’il avait sous les yeux, et soucieux de l’amélioration de l’espèce dans l’avenir, il fut de tout temps très naturel, au risque même de ne point paraître essentiellement élégant ni très élevé, il avait en lui un principe de droiture et le sentiment de la justice qu’il cultiva et fortifia sans cesse, loin de travailler à l’étouffer.
Il voulait les réformes par le roi, et ne paraît point s’être fait beaucoup d’illusions sur l’avenir.
… Lorsque Casaubon écrivait cette page touchante, il était depuis quelques mois en Angleterre : la mort de Henri IV son bienfaiteur, l’incertitude de l’avenir en France, les avances réitérées et pressantes du roi Jacques l’avaient décidé à se transplanter encore une fois ; il avait cinquante et un ans, et pendant les trois ou quatre années qu’il vécut encore, il n’eut qu’à se féliciter du parti qu’il avait pris.
Je veux coucher ici l’histoire du séjour que j’y ferai, car les jours qui se passent ici sont pleins de bonheur, et je sais que dans l’avenir je me retournerai bien des fois pour relire le bonheur passé.
qui oserait soutenir que d’avoir donné à la France une suite de frontières où Douai, Lille, Cambrai, Valenciennes, Saint-Omer, n’étaient plus à l’ennemi, où Besançon et la Franche-Comté nous étaient acquis, où Strasbourg nous couvrait vers le Rhin, où la Lorraine dans un avenir prochain nous était assurée, qui oserait dire que d’avoir obtenu ce résultat, d’avoir extirpé du sein du royaume toutes ces enclaves étrangères, ces bras de polypes qui essayaient en vingt endroits d’y pénétrer, d’avoir fait, selon l’expression de Vauban, son pré carré , et d’avoir pu désormais tenir son quartier de terre des deux mains, ce ne soit pas avoir compris les conditions essentielles du salut et de l’intégrité de la noble patrie française ?
Louis XIV commence par rappeler ses bons offices constants et ceux de ses prédécesseurs envers les Provinces-Unies de la Hollande, et il raisonne, comme il aime à le faire, non-seulement à l’adresse et à l’intention de ses contemporains, mais en vue de l’avenir : « La postérité, dit-il, qui n’aura pas été témoin de tous ces événements, demandera quel a été le prix et la reconnaissance de tous ces bienfaits ; pour la satisfaire, je veux lui apprendre que, dans toutes les guerres que les rois mes prédécesseurs ou moi avons entreprises, depuis près d’un siècle, contre les puissances voisines, cette république ne nous a non-seulement pas secondés de troupes ni d’argent, et n’est pas sortie d’une simple et tiède neutralité, mais a toujours tâché de traverser, ou ouvertement ou sous main, nos progrès et nos avantages. » La Hollande n’est pas la seule ni la dernière république qui ait été ingrate envers la France pour prix des plus grands services reçus à leur berceau : ces sortes de gouvernements, où tant de passions et de volontés s’en mêlent, sont coutumiers du fait
. — Le genre du roman a donc son passé, et un assez beau passé sans doute, si surtout on le fait remonter jusqu’à l’Odyssée ; il a encore plus d’avenir.
Tout ce qu’il dit de Mme de Staël, de M. de Chateaubriand, du comte de Maistre, de M. de Lamennais et du monde de l’Avenir, de Victor Hugo et de son salon avant et après 1830, des Saint-Simoniens et de leur monde, etc., etc., mérite peu qu’on s’y arrête.
Et cependant, s’il y ressongeait quelquefois, retrouva-t-il jamais, même dans les triomphes que lui ménageait l’avenir, même dans les années de son ambassade académique à Rome, même dans ses vaillantes campagnes à l’armée d’Afrique, même dans sa haute faveur à la Cour de Russie, retrouva-t-il jamais ce premier entrain, cette fraîcheur et cet enchantement des dix premières années de sa carrière, lorsqu’il semblait que l’âme de la jeune armée expirante en 1814 et 1815 eût passé en lui et sur ses toiles, lorsque tout était jeune autour de lui, que ces brillants officiers des derniers jours de notre gloire n’étaient pas encore devenus de vieux beaux ou des invalides plus ou moins illustres, lorsque l’Art lui-même s’avançait personnifié dans un jeune groupe à physionomies distinctes, mais avec tout l’incertain et l’infini des destinées : Delacroix, Delaroche, Schnetz, Léopold Robert, Sigalon, Schefler, tous figurant au Salon de 1824, et Horace Vernet comme un frère d’armes au milieu d’eux !
Il ne se confiait point en eux, il ne comptait que sur lui pour l’avenir.
L’avenir de bonheur du comte Herman et de son Isabelle est désormais assuré, s’il sait être sage et s’il tient compte mieux que par le passé des conseils de Noirmont.
Taine n’est point en ceci combattu par moi : c’est plutôt un supplément que je lui demande et quelques correctifs pour l’avenir.
On veut agir, mais non comme il le voudrait et selon la devise : Tout par la France et rien qu’avec la France ; non en faisant de la Révolution et de la restauration même du pouvoir royal une vaste querelle domestique, patriotique, sans intervention d’aucun voisin : au contraire, on ne cesse d’avoir son arrière-pensée, on fait toujours entrer l’étranger, sa menace du moins et sa pression, pour une part essentielle dans les projets d’avenir.
La reine, dans ce cercle resserré qu’elle parcourt d’un coup d’œil juste, se rend compte désormais de tous les périls : du premier jour elle s’est mise à la raison par nécessité ; c’en est fait de toutes ses vivacités passées : « Le seul moyen, pense-t-elle, de nous tirer d’ici est la patience, le temps, et une grande confiance qu’il faut leur inspirer. » Elle se fait d’ailleurs bien peu d’illusions ; après les premiers mois écoulés, elle ne voit qu’accroissement de dangers autour d’elle et sombres présages pour l’avenir ; de faibles et rares retours de l’opinion, des fluctuations d’une heure en sens favorable ne l’abusent point ; le courant général est trop fort ; les violents et les ardents entraînent les faibles.
Elle s’est développée comme je m’imagine qu’on se développera de plus en plus à l’avenir, par elle-même et sur place, sans se soucier beaucoup du qu’en dira-t-on ni de la tradition, sans demander la permission au voisin.
Le comte de Clermont ne se doutait certainement pas que son nom soulèverait dans l’avenir des questions semblables ; sa frivolité débonnaire ne s’agitait que dans le présent.
de Talleyrand : « Ce ministre, qui posséda si éminemment, dit-il, l’art de la société, et qui en a si souvent usé avec succès, tantôt pour imposer à ceux qu’on voulait détruire, en leur faisant perdre contenance, tantôt pour attirer à lui ceux dont on voulait se servir, fit à M. de Senfft un accueil assez froid (avril 1806). » Ce ne fut qu’un peu plus tard, lorsque M. de Talleyrand eut quitté le ministère et perdu la faveur, que Mme de Senfft, personne distinguée et généreuse, — ce qu’on appelle une belle âme, — se sentit prise pour lui d’une sorte d’attrait et de beau zèle, d’un mouvement admiratif qui n’échappa point au personnage et qui fixa pour l’avenir l’agrément de leurs relations.
Nous ne craignons pas ici de soulever avec respect un voile pieux qui est désormais celui du deuil : le voyage d’Italie réalisa tout son rêve, il y vit tout ce qu’il attendait du passé, il trouva plus ; son cœur rencontra celle qui lui était destinée, et son avenir s’enchaîna.
C’est une de ces œuvres fécondes et impérieuses qui engagent l’avenir.
C’était pourtant ce drame purement larmoyant qui se justifiait le plus aisément, et à qui l’avenir appartenait.
Michelet est un des écrivains de notre siècle qui me semblent destinés à grandir dans l’avenir, quand dans son œuvre trop riche on aura fait une part à l’oubli, à la mort : le reste, et un reste considérable, une fois allégé, n’en montera que plus haut.
Il ne nous reste qu’un regret tranquille, qui nous laisse toutes nos forces pour le bien et ne nous empêche plus d’espérer un meilleur avenir.
La première fois, il fait sa déclaration et ajoute qu’il ne peut se marier parce qu’il est à peu près ruiné ; la seconde fois, il inquiète Edmée en lui montrant l’hypocrisie et le néant de la morale mondaine ; la troisième fois, il lui fait entendre qu’ils pourraient se marier chacun de son côté, et lui fait presque accepter l’adultère dans l’avenir ; la quatrième fois, comme elle se révolte, il la prend dans ses bras, connaissant la puissance de l’étreinte ; puis il se remet à la pervertir par des conversations hardies, « en lui mettant sous les yeux, au moyen d’exemples impressionnants pris autour de lui, la dépravation du monde, découlant, hélas !
De ce côté se trouvaient alors la jeunesse, le sentiment nouveau et l’avenir.
Il faut voir comme, au nom de cette prétendue expérience historique qui n’est plus que de la logique, chacun s’arroge avec présomption le présent et revendique comme sien l’avenir.
C’est une dizaine d’années après, qu’elle sentit graduellement sa vue s’affaiblir, et qu’elle entrevit dans un avenir prochain l’horrible cécité.
Ses Mémoires, dans leur partie politique, n’ont pas pris le temps de se calmer, de cuver leur rancune, pour ainsi dire, et d’attendre au moins, pour paraître, la parfaite tiédeur de l’avenir : ils ont gardé de la colère et de la flamme, du pamphlet.
La mort du duc de Beauvilliers (31 août 1714) acheva de briser les derniers liens étroits qui rattachaient Fénelon à l’avenir : « Les vrais amis, écrivait-il en cette occasion à Destouches, font toute la douceur et toute l’amertume de la vie. » C’est à Destouches aussi qu’il écrivait cette admirable lettre, déjà citée par M. de Bausset, sur ce qu’il serait à désirer « que tous les bons amis s’entendissent pour mourir ensemble le même jour », et il cite à ce sujet Philémon et Baucis ; tant il est vrai qu’il y a un rapport réel, et que nous n’avons pas rêvé, entre l’âme de Fénelon et celle de La Fontaine.
Il oublia sa propre maxime : « La réputation de fourbe est aussi flétrissante pour le prince même, que désavantageuse à ses intérêts. » Mais ici l’intérêt considérable du moment et de l’avenir, l’instinct de l’accroissement naturel, l’emporta.
Il est curieux de voir comment d’Aguesseau, par ses efforts modérés de raison, et tout en ne songeant qu’à s’appuyer aux anciens, penche déjà plus qu’il ne croit du côté de l’avenir.
On est au mercredi 22 mai 1585 ; il est nuit, Montaigne veille, et il écrit au gouverneur de la province. » La lettre, qui est d’un intérêt trop particulier et trop local pour être insérée ici, peut se résumer en ces mots : Montaigne regrette l’absence du maréchal de Matignon et craint qu’elle ne se prolonge ; il le tient et le tiendra au courant de tout, et il le supplie de revenir aussitôt que les affaires le lui permettront : « Nous sommes après nos portes et gardes, et y regardons un peu plus attentivement en votre absence… S’il survient aucune nouvelle occasion et importante, je vous dépêcherai soudain homme exprès, et devez estimer que rien ne bouge si vous n’avez de mes nouvelles. » Il prie M. de Matignon de songer pourtant qu’il pourrait bien aussi n’avoir pas le temps de l’avertir, « vous suppliant de considérer que telle sorte de mouvements ont accoutumé d’être si impourvus que, s’ils devoient avenir, on me tiendra à la gorge sans me dire gare ».
Avec tous ses défauts et toutes ses imperfections de nature, donnant en mourant la main à Chateaubriand, à Fontanes, à tout ce jeune groupe littéraire en qui était alors l’avenir, il transmit le flambeau vivant de la tradition, et il justifia le premier pronostic de Voltaire à son égard : « Quelque chose qui arrive, je vous regarde comme le restaurateur des belles-lettres. » C’est le mot magnifique, mais juste après tout (si l’on considère l’ensemble du rôle et de l’influence), qu’il faudrait graver sur son tombeau.
Retournée à Madrid toute puissante et autorisée (août 1705), elle y règne véritablement dans l’intérieur du palais, et s’attache pour l’avenir à demeurer en parfaite concorde avec la cour et le cabinet de Versailles, jusqu’à l’heure toutefois où ce cabinet se mettra en désaccord avec les intérêts mêmes de l’Espagne.
Ce chef-d’œuvre de satire est celle qu’il adresse à son Esprit, sujet favori encore, toujours le même, rimes, métier d’auteur, portrait de sa propre verve ; il s’y peint tout entier avec plus de développement que jamais, avec un feu qui grave merveilleusement sa figure, et qui fait de lui dans l’avenir le type vivant du critique.
De Brosses le sentait bien, et, dans son voyage d’Italie, voyant à quels détails sa recherche le conduisait, il se disait qu’il tournait le dos au goût du siècle, et peut-être à celui de l’avenir : Tout ce qui est du ressort de la littérature, disait-il (prenant ici la littérature comme on l’entendait du temps de Casaubon), n’est plus guère du goût de notre siècle, où l’on semble vouloir mettre à la mode les seules sciences philosophiques, de sorte que l’on a quasi besoin d’excuses quand on s’avise de faire quelque chose dans un genre qui était si fort en vogue il y a deux cents ans.
Sans doute la mémoire, en ajoutant l’attente de l’avenir et le souvenir du passé à l’horreur du présent, ajoute la douleur morale à la douleur physique ; mais celle-ci est entière sans celle-là44.
» de compatriotes, lui enlèvent toute inquiétude, tout souci, toute préoccupation d’avenir.
Il est improbable que le commun des poètes s’approprie les secrets de cet art aussi facilement que les procédés parnassiens ; mais, quels que soient l’avenir et la destinée de cette poétique, il reste que par Moréas, Gustave Kahn, Vielé-Griffin, Verhaeren, Henri de Régnier (car les recherches et les résultats furent parallèles) un vers plus libre est possible en France et, avec ce vers, des laisses d’aspect nouveau, et avec ces laisses, des poèmes assez différents, en ce qu’ils ont d’acceptable et de très bon, pour justifier des espoirs qui n’avaient paru d’abord que d’obscurs désirs.
Tout jugement a nécessairement une base dans le donné : même ceux qui se rapportent à l’avenir empruntent leurs matériaux soit au présent soit au passé.
ils voguent gaiement à l’avenir inconnu, répondant par des calembours aux bourrasques du destin ; si l’un d’entre eux vient à faiblir et pleure, les autres lui montrent du doigt — à travers la brume — la maison Hachette…, l’Académie royale de musique… ou le palais de l’Exposition… Et, dans le lointain, le dôme de l’Institut, visible à peine, apparaît par intervalles.
— Le noir respecte les vieillards en général parce qu’il y retrouve l’image de son père et de sa mère, soit dans le présent, soit dans l’avenir.
Qu’ils y arrivent, et il sera temps alors pour nous de les combattre, de leur démontrer que ces règles contre lesquelles on se mutine, sont pourtant les seules bases sur lesquelles puisse être assis le système dramatique d’un peuple éclairé, et qu’elles sont elles-mêmes fondées sur les résultats de l’expérience, lentement convertis en axiomes ; qu’elles ne sont pas, comme on a l’air de le croire, des lois imposées à l’imagination par le caprice d’un vieux philosophe grec du temps d’Alexandre, et que l’auteur de la Poétique n’a pas plus inventé les unités, que l’auteur de la Logique n’a créé les syllogismes ; que ces lois, établies pour les intérêts de tous, font seules du théâtre un art, et de cet art une source d’illusions ravissantes pour le spectateur et de succès glorieux pour le poète ; qu’elles ont le double avantage d’élever un obstacle contre lequel le génie lutte avec effort pour en triompher avec honneur, et une barrière qui arrête l’invasion toujours menaçante de la médiocrité aventureuse ; qu’on peut quelquefois essayer de reculer les limites de l’art, et quelquefois même, comme a dit Boileau, tenter de les franchir, mais qu’il ne faut jamais les renverser ; et qu’enfin, il en peut être de la littérature comme de la politique, où quelques concessions habilement faites à la nécessité des temps, préservent l’édifice de sa ruine, et le rajeunissent, tandis qu’une révolution complète, renversant tout ce qu’elle rencontre, bouleversant tout ce qu’elle ne détruit pas, plaçant le crime au-dessus de la vertu, et la sottise au-dessus du génie, engloutit dans un même gouffre la gloire du passé, le bonheur, du présent, et les espérances de l’avenir.
c’est cette ère des personnalités fortes, ouverte par Louis XIV, mais qui n’est pas fermée, c’est cette réserve de Dieu quand les peuples sont à bout de malheurs et de fautes et qui est peut-être toute la question des temps modernes dans ce qu’ils ont de passé déjà et ce qui leur reste d’avenir, c’est celle nécessité et cette grandeur qu’il n’est pas permis aux esprits fermes en politique de méconnaître.
Xavier Aubryet, au plus fort du mal qui l’afflige, établit sa gloire d’avenir et augmente ses œuvres.
Or, malgré des qualités indéniables, malgré le bruit qui s’est attaché aux Histoires de Jacques II et de Guillaume III, en Angleterre et en Europe, ce n’est pas l’historien qui, dans l’avenir, aux yeux des connaisseurs, sera le plus élevé des deux.
On a marché, depuis les lettres que voici, et l’avenir très prochain qu’on touche dira vers quoi on a marché.
Il en a l’avenir.
Logicien sévère, par nécessité et pour sortir du doute, il trouvait, en cherchant les dépendances mutuelles des questions philosophiques, qu’elles dépendent toutes de la psychologie, et que pour définir le beau, le bien, le vrai, pour conjecturer la cause, l’avenir, le passé, les devoirs et les espérances de l’homme, il faut d’abord observer l’homme.
que l’avenir même de Rome est engagé dans les résolutions que va prendre Titus à l’égard de sa Bérénice ? […] Cependant, de retour à Paris, et placé sous la protection de Monsieur, frère du roi, rassuré sur l’avenir, il regarde, il observe, il songe. […] Car, autrement, ce n’est qu’un pauvre homme, à qui le monde ne saurait reprocher de se restreindre ou de lésiner sur le présent pour ménager l’avenir ; et, sous le nom d’économie, son avarice devient presque une vertu. […] Enfin, Messieurs, si je me suis fait bien comprendre, n’ajouterons-nous pas que l’idée même que Racine se faisait de son art devenait désormais un danger plutôt qu’un secours pour l’avenir de la tragédie ? […] Disons encore quelque chose de plus : la question se posait déjà de savoir si nous dépenserions à continuer d’étudier « les anciens » un temps qu’il semblait que l’on pût employer d’une manière plus naturelle et plus utile à observer le présent ou à préparer l’avenir.
Sans doute une secrète conscience de leur avenir les avertit qu’ils n’avaient souvent besoin que d’un dédaigneux silence pour se laver de tous les outrages, et que ce n’était pas la protection des dictateurs ou des monarques qui les eût fait régner dans la mémoire en impérissables souverains de la littérature. […] Rien n’est plus coupable et plus bas que de susciter les réactions, que d’aigrir les âmes, que d’éterniser les haines au sein d’une famille réconciliée : c’est souffler le feu de procès éternels et sanguinaires ; c’est déchirer les plaies que nous tendons tous à guérir ; c’est nous désunir dans la vue du passé, toujours irrévocable, au lieu de nous resserrer contre les attaques de l’avenir, de plus en plus menaçant. […] Convaincu, messieurs, qu’il ne suffit pas, en traitant de la poésie, de démontrer comment on a bien fait, si l’on n’indique les matériaux que l’on peut manier encore pour bien faire, pensant qu’on la professe mal, si l’on n’ajoute pas à son impulsion, et qu’à son égard on doit se dire, comme en toutes les grandes choses, profitons du passé, mais allons en avant, et regardons l’avenir ; je tentai de mettre en évidence aux yeux des muses françaises la conformité des vastes sujets épiques, et des ébranlements par lesquels venait de se reconstituer notre état politique, en 1814. […] Continuons de nous instruire en fouillant dans ce trésor de sublimités morales, où l’homme apprend à vivre sans esclavage et à ne se soumettre qu’aux règnes des Salomon expérimentés qui, ayant tout vu sous le soleil, gouvernent en justes et en sages : « Mais l’exemple du monde a séduit Israël : « En vain dans l’avenir lit le grand Samuel ; « Dernier juste, il défend l’égalité première, « Et dit combien des rois pèse la race altière : « Pour conduire leurs chars ils prendront vos coursiers ; « Ils feront de vos fils leurs esclaves guerriers ; « Leurs lits seront ornés du travail de vos filles, « Et vos blés tomberont pour eux sous vos faucilles. […] M. de Souza laisse éclater à ce sujet sa juste indignation contre les cours et les princes qui, en humiliant le mérite, en lui refusant le prix de ses œuvres, en dédaignant l’honneur qu’ils en reçoivent, se déshonorent eux-mêmes de leur vivant, et dans l’avenir.
Ils n’aiment que l’avenir : et ils l’inventent à leur gré. Le plus souvent, d’ailleurs, ce qu’ils appellent l’avenir n’est que du passé qu’ils se figurent qui ne s’est pas réalisé encore. […] Son pessimisme s’étend loin dans l’avenir. […] L’avenir ? […] Nous vivons au temps des machines, voilà le fait, et il est impossible d’entrevoir un avenir où l’humanité reviendrait à la vie pastorale et quiète.
Les regrets que j’en éprouvais, tandis que je restais seul à rêver un peu à l’écart, me faisaient tant souffrir, que pour ne plus les ressentir, de lui-même par une sorte d’inhibition devant la douleur, mon esprit s’arrêtait entièrement de penser aux vers, aux romans, à un avenir poétique sur lequel mon manque de talent m’interdisait de compter. […] L’homme sincère tout de suite mêle de la religion à l’examen qu’il entreprend de lui-même ; tout de suite il s’accuse, ce qui revient à dire qu’il se voit sous le jour de la perfectibilité ; tout naturellement il prolonge ses sentiments ; s’ils sont bas il leur trace une sorte d’avenir où ils se purifieront ; il entrevoit une sorte de rachat, ou de réfection de lui-même qui font contrepoids à sa vilenie ou à son abjection actuelles. […] Son sort était lié à l’avenir, à la réalité de notre âme dont elle était un des ornements les plus particuliers, les mieux différenciés. […] Les regrets que j’en éprouvais, tandis que je restais seul à rêver un peu à l’écart, me faisaient tant souffrir, que pour ne plus les ressentir, de lui-même par une sorte d’inhibition devant la douleur, mon esprit s’arrêtait entièrement de penser aux vers, aux romans, à un avenir poétique sur lequel mon manque de talent m’interdisait de compter. […] Son sort était lié à l’avenir, à la réalité de notre âme dont elle était un des ornements les plus particuliers, les mieux différenciés.
J’avais vingt-trois ans lorsque René-Marc Ferry fonda cette brillante Minerva où Charles Maurras a publié d’abord l’Avenir de l’Intelligence. […] Il y a, dans le « Libéralisme », sur les mœurs politiques de ce temps, des traits de satire qui ne seront peut-être pas oubliés de l’avenir. […] Mais Auguste Comte avait confiance dans les « orages de l’avenir » pour rallier les intelligences à sa vaste synthèse. […] Pénétrés du devoir qui nous incombe et de l’influence salutaire que nous pourrons exercer, nous enseignons à nos élèves les dangers d’un amour unique ; certes, nous apportons ici le tact et la discrétion que de pareils sujets comportent, mais nous ne saurions oublier, devant nos petits orphelins, qu’il y va de leur santé morale et de leur avenir tout entier. » Eh ! […] Nous y avons été parce que nous considérons qu’il est du devoir d’écrivains, soucieux du présent et de l’avenir de leur pays, d’examiner avec franchise les problèmes qui le touchent.
Dans la treizième, du courage que donne la vertu, et du dessouci251 de l’avenir. […] Si le philosophe ne croyait pas que la périlleuse vérité qu’il va dire fructifiera dans l’avenir, il se tairait. […] Choisis. » En parcourant les Lettres xxiii et xxiv sur la philosophie, source des vrais plaisirs, sur le passé, le présent, le futur, les craintes de l’avenir, les terreurs de la mort, je me suis rappelé l’endroit où Horace recommande au poëte la lecture des feuillets de Socrate : on pourrait lui dire avec plus de raison encore : Rem tibi Senecæ poterunt ostendere chartæ. […] Et l’avenir pourrait bien croire, à moins que l’esprit philosophique ne s’introduise à la fin dans l’histoire, qu’on ne traversait pas une rue de Paris sans coudoyer un N***, un Malesherbes ou un Turgot309. […] Mon amour pour le repos et ma paresse s’en accommodaient également ; et quoique je fusse persuadé que la philosophie ne manquerait jamais d’ennemis, et que Sénèque resterait exposé dans l’avenir aux mêmes reproches qu’on lui a faits de nos jours, surtout si l’on n’y répondait pas, j’inclinais à laisser la dispute où elle en était, lorsque je reçus les observations qui suivent.
La prime consiste : 1° en une réduction du prix de l’abonnement ; 2° en la faculté d’acheter chaque année 20 volumes de nos éditions à 3 fr. 50, parus ou à paraître, aux prix absolument nets suivants (emballage et port à notre charge) : France : 2 fr. 25 Étranger : 2 fr. 50 Introduction Le symbolisme et le vers libre Entre les années 1885 et 1900, en France, une poésie est morte, une poésie est née ; celle-là s’en allait d’épuisement, celle-ci, toute fraîche et toute neuve, a pour elle l’avenir. […] Il est salué comme un de ces révolutionnaires mystérieux dont l’œuvre éclaire l’avenir. […] La culture bénie de l’avenir est la déculture, la mise en jachère. […] Ainsi, ce paysage de Grèce : Oliviers du Céphise, harmonieux feuillages, Que l’esprit de Sophocle agite avec le vent, Temples, marbres brisés, qui malgré tant d’outrages Seuls gardez dans vos trous tout l’avenir levant… Mais, presque toujours, l’inspiration des Stances est personnelle ; le poète y exprime ses sentiments et ses émotions. […] Le présent est déjà dans le passé, l’avenir aussi.
Et il n’y a rien de plus émouvant que la dernière scène entre Michel-Ange et Vittoria Colonna, où le vieil artiste s’afflige à cause du sort de sa patrie, mais ne désespère point de l’avenir. […] Peut-être comme érudit m’est-il arrivé de jouer sur les mots ; les évêques me l’ont reproché ; mais c’était sur des mots syriaques, avec mes confrères de l’Académie des inscriptions… Je suis sûr d’avoir fait une bonne tâche et durable, puisque mon contemporain Sainte-Beuve m’a aimé, et puisque vous-même, monsieur, d’une génération qui pour moi est déjà l’avenir, vous m’inventeriez plutôt que de vous passer de me connaître. […] Il est plein d’horreur … devant la sombre aurore Où le tendre avenir s’éteint au lieu d’éclore. […] Étroit sachet humain où je touche et déplie Des parfums, des pays, des temps, des avenirs, Plus que mon vaste cœur ne peut en contenir… L’amour a donc entièrement conquis et dominé ce cœur fervent, exalté, ce cœur Qui s’élevait aux cieux comme la pierre choit. […] Une autre raison de scepticisme, quant à ces enquêtes, c’est qu’elles préjugent témérairement de l’avenir.
Je ne puis me lasser de les relire, avec la même joie, la même curiosité, le même enthousiasme… Comment, après de tels précédents, oser décider de l’avenir de tel ou tel roman contemporain, du jugement que portera sur lui la postérité ? […] Le Stendhal n’aura pas plus d’avenir que n’en aurait eu le nouveau Beyle, malgré l’admiration de la plèbe romantique qui est l’espèce la plus crédule et la plus bête de toutes les cliques littéraires et dramatiques. […] L’important, c’est son talent, son génie, ce qu’il apporta de nouveau, d’immortel, et qui fait que tous les romanciers, je veux dire les meilleurs, tiendront à l’avenir quelque chose de lui. […] Quel art prendra le pas sur les autres dans l’avenir, pour amener une évolution nouvelle ? […] Dans L’Avenir de l’intelligence — livre d’ailleurs remarquable — Charles Maurras, qui crie : « Le Romantisme, voilà l’ennemi », discerne avec lucidité ce romantisme des poétesses.
Il considéra dès lors sa fortune comme un peu manquée ; il reconnut qu’après avoir tant usé de lui, de sa science et de ses services, on ne lui avait ménagé aucun sort pour l’avenir ; il en devint disposé à se plaindre quelquefois de la destinée plus qu’il n’avait coutume de faire auparavant243. […] Et, en effet, messieurs, comme ce bon fils sauva la vie à son père en le faisant connoitre pour ce qu’il étoit, pourquoi ne puis-je pas me promettre que votre bienveillance et votre justice ordinaire sauveront la vie a cette fille, ou, pour mieux dire, à cette fameuse bibliothèque, quand je vous aurai dit, pour vous représenter en peu de mots l’abrégé de ses perfections, que c’est la plus belle et la mieux fournie de toutes les bibliothèques qui ont jamais été au monde et qui pourront, si l’affection ne me trompe bien fort, y être à l’avenir. » — Et il finit en répétant les vers attribués à Auguste, lorsque celui-ci décida de casser le testament de Virgile plutôt que d’anéantir l’Enéide : ….
» Et l’avenir a ratifié cette prophétique conviction du père. […] On ne peut rien contre le hasard ; Dieu seul voit l’avenir.
Dieu fasse que vous reconnaissiez pleinement votre erreur, et que cela vous soit une leçon pour l’avenir ! […] Malheur aux princes ou aux républiques qui méconnaissent, qui persécutent ou qui négligent ces élus de l’avenir : les infortunes des grands hommes sont l’éternelle accusation des nations ou des souverains.
Vous avez raison de penser que l’avenir des lectures est lié en grande partie à celui de notre littérature, et réciproquement les lecteurs du peuple préparent leur public à goûter une littérature saine et sérieuse, que produiraient des contemporains ; et il faut d’autre part que les producteurs ne viennent pas sans cesse, par de plats feuilletons ou de malpropres romans, détruire les résultats laborieusement acquis de la lecture publique. […] Car il ne suffit pas de critiquer le présent, il faut penser à l’avenir.
Or, voici ce qui arriva, À mesure que la vision du dieu Wotan de l’œuvre d’art de l’avenir — se levait devant lui, Wagner écrivait les autres parties de la Tétralogie ; mais il semble avoir ressenti une étrange antipathie à toucher au poème dans lequel s’était cristallisée pour lui la mort de, Siegfried. […] Il présente alors d’autres exemples d’écrivains « de l’avenir ».
. — Quel que soit l’avenir, quand une littérature a produit Bérénice et Phèdre, elle ne saurait se complaire longtemps ni à Chantecler ni à Saint Sébastien. […] S’il y avait une raison profonde, il faudrait en conclure logiquement que, dans un avenir peu éloigné, les « époques » littéraires chevaucheront de plus en plus l’une sur l’autre, de manière à se confondre presque.
On sait qu’il fut un des grands protecteurs de Beaumarchais à ses débuts : ici on le voit tendrement lié avec Bernis, en qui il a reconnu talent et avenir.
Le jeune Roederer, à cet âge où le jeune homme embrasse d’un coup d’œil tout l’avenir, voulait donc un champ plus vaste à son activité et à ses aptitudes ; il voulait une réputation étendue, sinon la gloire.
À l’heure qu’il est, de guerre lasse, une sorte de Concordat a été signé entre les systèmes contraires, et les querelles théoriques semblent épuisées : l’avenir reste ouvert, et il l’est avec une étendue et une ampleur d’horizon qu’il n’avait certes pas en 1820, au moment où les critiques comme Beyle guerroyaient pour faire place nette et pour conquérir au talent toutes ses franchises.
Il paraît en effet qu’un jour un capitaine bel esprit et du dernier goût, qui passait près du manoir de M. de Girac, lui avait dit que, pour cette fois et par considération pour M. de Montausier, il ne lui mettrait pas sa compagnie de gendarmes à loger dans son village, mais qu’à l’avenir il eût à être plus sage et à ne plus écrire contre M. de Voiture.
Jeune veuve, elle prit un parti courageux : pour assurer l’avenir de son fils et remettre en ordre la fortune que la mort du marquis laissait assez embrouillée, elle se retira à la communauté de la Doctrine ou de l’Instruction chrétienne, rue du Pot-de-Fer, et y demeura tout le temps qu’il fallut pour ses desseins d’économie.
Je sens par moi-même, qui, ayant plus d’imagination que de jugement, embrasse toute sorte d’objets, que les plus dignes de moi sont dans un avenir presque impossible.
Maupertuis, au contraire, sentait bien en lui-même qu’il n’était pas un grand homme, qu’il n’avait point de monument qui subsisterait après lui, qui maintiendrait son renom auprès de la postérité, et il ne se consolait pas d’être si cruellement atteint dans cette considération viagère à laquelle il avait trop sacrifié les œuvres illustres et patientes, ce qui dure et ce qui se voit de loin dans l’avenir.
L’épouse elle-même ne put les ignorer, mais elle leur imposa silence, et lorsque le jeune Strogonof se fut résigné à un autre mariage, Mme Swetchine devint l’amie la plus sûre et la plus fidèle de sa femme. » S’il est vrai qu’il y eut une lutte dans le cœur de la jeune fille, et un sacrifice pénible à consommer pour obéir à la décision de son père, si cet amer mécompte, ce renoncement au bonheur dans le mariage, en flétrissant du premier jour l’avenir, la jeta par volonté et de parti pris dans les voies austères du devoir et de la résignation en Dieu, il est impossible d’en rien découvrir dans ce passage du livre de M. de Falloux.
Dominique s’enivre de sa vue ; il ne se nourrit plus que d’une pensée unique, et, dans son reste d’enfance, il ne conçoit pas la moindre crainte pour l’avenir ; il ne s’est pas aperçu que parmi les objets de voyage qu’on déballait, près d’un bouquet de rhododendrons rapporté de quelque ascension lointaine et enveloppé avec soin, une carte d’homme s’est détachée, dont Olivier s’est emparé aussitôt, et qu’un nom inconnu a été prononcé pour la première fois : Comte Alfred de Nièvres.
Il remporta deux victoires en bataille rangée, celle de Staffarde (18 août 1690), et celle de La Marsaille (4 octobre 1693), eut quantité de beaux sièges, notamment celui de Nice et de Montmélian, n’éprouva que des échecs sans grande conséquence, ne compromit jamais rien, suffit à tout et maintint les affaires en tel point que le duc de Savoie revenu à résipiscence put lui dire en toute bonne grâce « qu’il avait reçu de lui des leçons et corrections dont il espérait profiter à l’avenir pour le service du roi. » Lorsque l’on considère l’ensemble de cette guerre après la conclusion, il semble qu’elle fasse un tout qui aurait perdu à être conduit autrement et qui est bien en harmonie avec les personnages en présence et avec les résultats obtenus.
Je vous expose, mon très cher frère, avec sincérité de cœur, les sentiments dans lesquels je suis, non sans bien des réflexions sur le passé et l’avenir de ce qui me regarde. » Et il terminait en s’appliquant cette parole de l’Écriture : « Deus dédit, Deus abstulit… Dieu me l’a donné, Dieu me l’a ôté : que son saint nom soit béni !
— Il sort de ma chambre un buveur d’eau abîmé de rhumatismes et qui en conséquence voit tout en noir : le présent et l’avenir lui fournissent un beau champ qu’il exploite toute la journée.
Après ses premiers succès à l’Opéra-Comique, des difficultés matérielles et l’intérêt de son père la contraignirent à sacrifier l’avenir au présent et à accepter un engagement pour Bruxelles, où elle tint l’emploi des jeunes premières dans la comédie, et des jeunes Dugazons dans l’opéra.
Si je vous lisais le manuscrit, il y aurait au moins du remède pour l’avenir.
Dans cette Chartreuse si goûtée de nos pères, et où quelques bons vers seulement nous arrivent à la nage dans un torrent de rimes, il disait : Persuadé que l’harmonie Ne verse ses heureux présents Que sur le matin de la vie, Et que sans un peu de folie On ne rime plus à trente ans… Dans une pièce adressée à ma Muse, il disait encore, toujours dans ce même sentiment de la brièveté : Moi que le Ciel fit naître moins sensible A tout éclat qu’à tout bonheur paisible, Je fuis du nom le dangereux lien ; Et quelques vers échappés à ma veine, Nés sans dessein et façonnés sans peine, Pour l’avenir ne m’engagent à rien.
Au reste, ces incertitudes et ces inconséquences étaient inévitables en un siècle épisodique, sous un règne en quelque sorte accidentel, et qui ne plongeait profondément ni dans le passé ni dans l’avenir.
André Fleuse connaît les herbes ; il prédit l’avenir, il jette des sorts, il « sait les mots ».
Malheureusement on s’aperçut un jour que ces règles étaient en grande partie arbitraires, qu’elles étaient du moins la cristallisation d’un goût éphémère, l’expression d’une seule époque, un effort stérile et dangereux pour mettre l’éternel dans le passager ; qu’elles ne pouvaient s’appliquer sans injustice au passé, en même temps qu’elles devenaient des entraves pour l’avenir.
» — L’autre répond tristement : « Ce serait le plus grand des dons, mais le Dieu que tu pries est inexorable. » — « N’ignores-tu pas, comme nous, l’avenir ?
Un jour, en une heure d’abandon, causant de ses ouvrages avec Hume, et convenant qu’il en était assez content pour le style et l’éloquence, il lui arriva d’ajouter : « Mais je crains toujours de pécher par le fond, et que toutes mes théories ne soient pleines d’extravagances. » Celui de ses écrits dont il faisait le plus de cas était le Contrat social, le plus sophistique de tous en effet, et qui devait le plus bouleverser l’avenir.
En politique, il avait certainement ce coup d’œil lointain et ces vues d’avenir qui tiennent à l’étendue de l’esprit, mais il possédait bien plus ces qualités sans doute que la patience persévérante et la fermeté pratique de chaque jour, qui sont si nécessaires aux hommes de gouvernement.
Celui-ci repartit en vrai soudard : « Je voudrais donc bien qu’il y en eût un de moi (ergo ego vellem tibi facere unum), puisque ce seront personnages de si grande marque, et je m’en trouverais mieux dans l’avenir. » À quoi elle répondit railleusement : « Gentil Robert, nenni, nenni, il n’est pas temps ; le Saint-Esprit y ouvrera (pourvoira). » Je douterais de la conversation, n’était cette dernière réplique, qui est trop spirituelle pour que Baudricourt, qui la racontait, l’eût trouvée tout seul, et qui n’a pas l’air d’avoir été inventée.
Saint-Évremond ne croit en rien à l’avenir, et toutes ses espérances, comme tous ses bonheurs, se terminent pour lui au moment prochain ou présent : « Je n’ai pas en vue la réputation, dit-il… je regarde une chose plus essentielle, c’est la vie, dont huit jours valent mieux que huit siècles de gloire après la mort… Il n’y a personne qui fasse plus de cas de la jeunesse que moi… Vivez ; la vie est bonne quand elle est sans douleur. » Lui, qui a si bien pénétré le génie des Romains, voilà pourtant ce qui lui a manqué peut-être pour être leur peintre durable et définitif ; il a laissé cet honneur à Montesquieu.
[NdA] Mme de Motteville nous apprend, dans ses Mémoires, que M. de Senneterre lui dit, le dernier jour de l’année 1647, « qu’il craignait qu’à l’avenir l’État ne fût troublé par beaucoup de malheurs ».
Notez que cet emprisonnement de Gourville paraît être, d’après ce que lui-même raconte, assez injuste et peu fondé en motifs ; mais il ne s’en indigne pas ; il n’a pas cette faculté de s’indigner de l’injustice ; il connaît trop son monde, il ne prétend que faire tourner le plus possible cet accident à profit pour l’avenir.
Pourtant il oublie trop que Georges le laboureur, André le vigneron, Jacques le bonhomme (comme il les appelle) n’ont rien qui les élève et les moralise, qui les détache de ces intérêts privés auxquels ils sont tous acharnés et assujettis ; qu’à un moment donné, s’il faut un effort, un dévouement, une raison supérieure d’agir, ils ne la trouveront pas, et qu’à telles gens il faut une religion politique, un souvenir ou une espérance qui soit comme l’âme de la nation, quelque chose qui, sous Henri IV, s’appelait le roi, qui plus tard s’appellera l’empereur, qui, dans l’avenir, sera je ne sais quel nom : sans quoi, à l’heure du péril, l’esprit d’union et d’unité, le mot d’ordre fera faute et la masse ne se soulèvera pas.
Il ne reconnaît à son frêle gouvernement ni ressources, ni avenir.
Après avoir touché les questions qui sont proprement de la philosophie de l’histoire, après s’être étonné que les Français aient abandonné des lois anciennes faites par les premiers rois dans les assemblées de la nation, et être ainsi arrivé presque au seuil du grand ouvrage que sans doute il entrevoyait déjà dans l’avenir, Montesquieu continue de s’égayer sur maint sujet, et, quand il en a assez, il coupe court.
Admirable explicateur et ordonnateur du passé et de ces choses accomplies qui ne tirent plus à conséquence, il est propre à induire en erreur ceux qui le prendraient au mot pour l’avenir.
[1re éd.] un membre influent parla contre lui, et s’annonçait comme devant le contrecarrer à l’avenir.
Grimm et Diderot causaient un soir ensemble, le 5 janvier 1757 ; Diderot était dans un de ces moments d’exaltation et de prédiction philosophique qui lui étaient familiers : il voyait le monde en beau et l’avenir gouverné par la raison et par ce qu’il appelait les lumières ; il exaltait son siècle comme le plus grand que l’humanité eût vu jusque-là.
En publiant son fameux Compte rendu au roi (janvier 1781), et en appelant ainsi, lui ministre, tout le public à discuter ces matières difficiles, il ne put résister à l’idée de se glorifier lui-même et de se féliciter de ses premiers succès plutôt que de s’appliquer à les poursuivre en silence et à les consolider pour l’avenir.
Tout ce côté élevé d’avenir ou de passé religieux et monarchique que Fontanes appréciait et admirait dans son ami Chateaubriand, n’allait point à Arnault qui prenait les choses de plus près, plus à bout portant, et en bourgeois de Paris qui gardait de la Fronde même sous l’Empire.
Même à nos propres états de conscience nous attribuons une vérité intrinsèque, qu’ils conserveront dans le passé quand nous nous en souviendrons, et qu’ils possédaient d’avance dans l’avenir, alors qu’ils n’existaient pas encore.
Cet intelligent pays est trop mûr d’idées et trop jeune d’actes pour n’avoir pas les besoins, les passions et les volontés des peuples qui croient à un avenir prochain.
Mais il n’avait pas besoin, pour être sûr de l’avenir, que M.
La veille, il avait un foyer domestique, un abri, un avenir, un plan de vie.
Par une singularité dont il n’existe pas d’exemple ailleurs, les premiers poëtes tragiques, Phrynicus, Eschyle, Sophocle, eurent pour successeurs immédiats au théâtre leurs fils, oubliés de l’avenir, mais plusieurs fois couronnés par les contemporains.
Je vois cette phrase clouée à son nom dans toutes les biographies de l’avenir. […] — J’en mange si peu, dit Mme May. » Il est impossible d’écrire quelque chose de plus vrai, de plus senti ; n’est-ce pas bien la mère de province avec ses petits soins, ses prévenances continuelles, ses craintes pour l’avenir ? […] « Le présent engendré du passé est gros de l’avenir », a dit un philosophe. […] Je suis de ceux que l’avenir n’inquiète pas. […] Et voyez comme cette classe d’appréciateurs se compose d’esprits essentiellement historiques, n’ayant de goût qu’à compulser, compiler, copier, statistiquer, agencer des matériaux antérieurs, s’appuyer sur le passé comme sur une béquille au lieu de marcher hardiment vers l’avenir… De profundis !
La vanité littéraire a encore devant elle un bel avenir. […] Rosny : c’est l’avenir du roman dans une barbarie éclairée où l’art et la littérature auront battu en retraite devant la sociologie triomphante. […] Il se défie d’elle ; cette défiance s’étend à tout le passé et elle l’inquiète dans l’avenir. […] Elle ne connaît, pour elle, que l’avenir de l’espèce et la conservation du type. […] Art Roë, c’est qu’il me semble y trouver une indication dont dépend l’avenir de son talent.
Le passé, le présent, l’avenir, ne sont qu’un pour Dieu. […] Or, on a trouvé absurde que ce rêve affreux de civilisation uniquement industrielle et urbaine, de panmécanisme et d’aristocratie scientifique, renvoyé par Renan à un très lointain avenir, Lamartine l’eût placé aux premiers âges de l’humanité. […] Ce ne sont point les rois de Balbeck en dépit de leur chimie ou de leur physique plus perfectionnée que la nôtre c’est le vieillard Adonaï, et c’est, un peu, Cédar et Daïdha qui portent en eux l’avenir. […] Les vraies « Feuilles d’automne », ce sont les Recueillements : le soleil de l’avenir humain y brille, pour le poète, à travers les feuillages jaunis de son automne, au bout des sentiers jonchés de ses illusions et de ses deuils… L’éternelle mélancolie et l’éternel espoir… Mais pourquoi un critique impérieux et inventif, dialecticien de la même façon que d’autres sont poètes, et qui produit des théories comme un rosier porte des roses, a-t-il dit et même démontré que la poésie romantique et la poésie personnelle, c’est tout un ; que ce qui distingue, en gros, les romantiques des parnassiens, c’est que les premiers, monstres de vanité, se jugeaient si intéressants et si particuliers qu’ils ne nous parlaient que d’eux-mêmes et de leurs petites affaires, au lieu que les seconds se sont appliqués à peindre ce qui leur était extérieur, et qu’ainsi « l’évolution de la poésie lyrique » en ce siècle, c’est, en somme, le passage de la poésie subjective à la poésie objective Je crois pourtant n’avoir presque jamais rencontré, ni dans Chateaubriand, ni dans Lamartine, Hugo ou Vigny, ni même dans Musset, rien de personnel qui ne soit en même temps général ; et je le pourrais prouver très facilement, si c’était ici le lieu.
Qui peut alors donner des bornes à nos sensations les plus chères, à notre amour, à notre amitié, à notre admiration, à ce calme élevé, qui nous fait juger le point où nous sommes, & le point que nous avons à parcourir, qui ne nous fait ni trembler de l’avenir, ni le braver ; qui, tout faibles qu’on nous appelle, nous met au vrai niveau de toutes les choses créées, en nous faisant voir le rouage que nous occupons, sans être effrayés de la rotation de la machine ? […] Une bonne conduite littéraire nous fait jouir du passé, du présent & de l’avenir ; du passé, parce qu’il ne nous laisse aucun regret ; du présent, par le bon usage que nous en faisons ; & de l’avenir, par une sage prévoyance & une utile crainte de la malice des hommes. […] Ce Roi qui se moquoit assez du passé, & même du présent, étoit fort inquiet sur l’avenir.
. — Tu es sage, et tu vois « l’avenir. — Pour toi, le passé n’a point disparu. — Et ton regard repose sur les lions, — comme la clarté, âme de la nuit, — repose et plane sur la terre. — Oh ! […] Beaucoup d’Allemands se résignent à ce lamentable avenir, et le motif qui les décide est l’opinion qu’ils se font de nous. […] Après beaucoup de difficultés, on y fait droit, mais pour l’occasion seulement, et en réservant l’avenir. […] La plupart ont de la terre et songent à l’avenir ; depuis l’achèvement des chemins de fer, l’hypothèque et l’usure ne pèsent presque plus sur leur petit bien ; beaucoup d’entre eux ont quelques obligations, quelques valeurs en papier ; leur confortable s’est augmenté ; ils ne vivent plus au jour le jour ; leur horizon, encore bien étroit, n’est plus bouché par la pensée unique et pressante du pain quotidien ; ils n’ont plus des enfants par bandes et au hasard ; ils veulent faire de leur fils un paysan aisé, parfois un monsieur. […] Les intérêts publics de la France sont les intérêts privés de chaque Français ; nous ne le savons que trop aujourd’hui ; chacun peut trouver une leçon dans l’aspect de sa maison effondrée ou pillée, de ses bois dévastés, de son commerce arrêté, de ses impositions accrues, do son revenu diminué, de son avenir compromis.
Près du rouet de sa fille bien-aimée, le vieux sergent berce deux jumeaux ; il rêve à l’avenir que Dieu leur garde, il interroge leur destinée. […] Les Fous nous offrent, sous une forme austère, l’apothéose de tous les rêveurs que leur siècle maudit ou bafoue, qui vivent dans la pauvreté, dans l’humiliation, et à qui pourtant l’avenir appartient. […] Le présent la domine et l’avenir s’offre à elle sous un aspect décourageant. […] Mais l’homme qui dit adieu aux passions s’abuse étrangement sur ses forces ; en rêvant pour son cœur un avenir sans trouble, sans agitation, il conçoit un espoir insensé. […] Le poète, pour calmer l’inquiétude de sa compagne qui s’effraie des longues rêveries de son enfant, essaie de lire dans l’avenir, et déroule devant la mère éplorée toutes les gloires réservées à son fils.
Savons-nous dans quelles mains passera l’héritage intellectuel que nous léguons à l’avenir ! […] Quel jugement l’avenir portera-t-il sur Victor Hugo ? […] Qui de nous n’est soucieux d’un avenir qu’il ne verra pas ? […] Il est l’avenir de la patrie, ce pauvre petit diable ! […] C’est toujours une attitude un peu sotte que celle de bouder l’avenir.
Hanotaux, qu’il considérait comme « un jeune publiciste, plein d’avenir ». […] L’avenir était sombre. […] On s’adresse à notre esprit, à notre cœur, en nous forçant à regarder en face les conflits tragiques où est engagé l’avenir de notre race. […] Elle ajoute que « parallèlement à cette éducation de l’avenir et à l’émancipation de la femme grandira la lutte contre l’intempérance et l’immoralité ». […] La femme qui disparaît, c’est la femme du passé ; l’autre, c’est la femme de l’avenir.
comme il méritait, ce petit ouvrier, qu’au lendemain de la tourmente deux autres braves cœurs, le docteur Chanard et le docteur Poujade, assurassent son avenir intellectuel, en obtenant pour lui l’admission au lycée d’Avignon avec bourse entière et trousseau ! […] S’en détourner pour n’y pas revenir, ne serait-ce pas abdiquer en partie cette hégémonie littéraire attribuée dans le passé, dans le présent — il serait bien fâcheux de ne pouvoir dire dans l’avenir, — à la race française ? […] Nous voyons briller cet espoir, si vivace et si exclusif, dans l’avenir de la science, dans la puissance illimitée de l’intelligence humaine, pour qui « tout mystère » doit finir par se dissiper. […] Au moment d’atteindre de la main le bonheur qu’il avait rêvé, Verlaine eut-il l’intuition d’un avenir plein de ténèbres ? […] Plus encore que l’espace, si resserré, le temps s’est racorni, et, dans une durée incertaine où se confondent le présent, le passé, l’avenir, Tu meurs doucereusement, Obscurément, Sans qu’on veille, ô cœur aimant, Sans testament !
Avenir de la critique. — En quoi elle est contraire aux préjugés de siècle et de rôle. — Le goût n’a qu’une autorité relative. […] Son jugement sur l’Angleterre moderne. — Contre le goût du bien-être et la tiédeur des convictions. — Sombres prévisions pour l’avenir de la démocratie contemporaine. — Contre l’autorité des votes. — Théorie du souverain. […] Les pensées qui sont nées et qui ont bourgeonné dans un pays ne manquent pas de se propager dans les pays voisins et de s’y greffer pour une saison ; ce qui nous arrive est déjà arrivé vingt fois dans le monde ; la végétation de l’esprit a toujours été la même, et nous pouvons, avec quelque assurance, prévoir pour l’avenir ce que nous observons pour le passé.
Faut-il croire qu’en passant à Blois il y connut Charles d’Orléans, et qu’il fut accueilli un moment à la cour de cet aimable prince, son rival et son associé en renom dans l’avenir ?
Horace Walpole d’abord, cet ami de Mme du Deffand, juge un peu lestement la maréchale, et non-seulement son passé, mais son avenir.
Cette confiance dans l’avenir donne aux Arabes une expression calme qui ne disparaît quelquefois que dans la discussion d’intérêts privés.
En égard à son âge de dix-sept ans75, il s’entend très-bien aux choses du monde, et quoique les Espagnols, qui ont coutume d’exagérer leurs faits et de s’émerveiller de tout, exaltent quelques questions qu’il adresse indistinctement à tous ceux qui l’approchent, d’autres, avec plus de fondement peut-être, tirent de l’inopportunité de ces questions un argument peu favorable a son intelligence. » Voilà la triste vérité que notre bon compagnon et compatriote Brantôme vient confirmer et relever de sa manière gaillarde et piquante, ne fut-ce que par ce seul petit trait : « Moi, étant en Espagne, il me fut fait un conte de lui, que son cordonnier lui ayant fait une paire de bottes très mal faites, il les fit mettre en petites pièces et fricasser comme tripes de bœuf, et les lui fit manger toutes devant lui, en sa chambre, de cette façon. » Quand un prince de dix-neuf ans en est là, il me semble qu’il est jugé à jamais et que son avenir est écrit plus clairement que dans les astres.
Mais je crois, en effet, que les choses humaines sont emportées de plus en plus dans un courant qui les sépare à jamais, et par tout un abîme, du goût et de l’esprit littéraire de l’Antiquité, et qu’il n’y aura dans l’avenir qu’une rare élite à qui il sera donné de conserver la tradition intacte, de préserver le feu sacré et le flambeau.
Roger Bacon, ce moine de génie, aborde les sciences, envisage en face l’autorité et la réduit à ce qu’elle est : « L’autorité n’a pas de valeur, dit-il, si l’on n’en rend compte : elle ne fait rien comprendre, elle fait seulement croire. » Lui, il ne veut plus croire, mais vérifier ; et, arrachant à l’antiquité son titre même, le retournant au profit de l’avenir, il pose ce principe du progrès moderne, que « les plus jeunes sont en réalité les plus vieux ».
Le ton du récit est naturel et conforme aux divers moments de la situation ; le narrateur, comme ne prévoyant pas l’avenir, se permet d’abord une sorte d’enjouement au début, à la sortie de Smyrne : « Il était cinq heures du soir, le 25 fructidor (11 septembre 1798), lorsque nous montâmes à cheval.
On recommençait à espérer en l’avenir et en la délivrance, lorsqu’un bâtiment arrivé des côtes d’Afrique apporta les germes de la fièvre jaune.
Qu’il me soit permis, messieurs, de m’honorer à vos yeux d’une mission que je dois à l’amitié de cet homme célèbre… » Ce rapprochement de Raynal et de Franklin ne pouvait passer que grâce à l’illusion de l’amitié : Franklin, véritable patriarche, par un mélange unique de simplicité, de finesse et de douce ironie, avait offert à quiconque l’avait approché dans sa vieillesse le modèle du sage, conseillant à demi-voix et souriant, un des vrais pères ou parrains de la société de l’avenir.
Cela vaut bien l’horrible fièvre gagnée à la campagne pour aller entendre cette lecture et porter l’acte qui lie l’Odéon à l’avenir de cet ouvrage… Garde cela dans un pli de ton cœur… Garde inviolable mon secret et celui de la pauvre Thisbé… Surtout que toi seule saches l’influence de notre tendresse pour Mme Dorval.
Après la conquête de la Prusse, Napoléon avait deux partis à prendre : ou bien s’allier en Prusse avec le parti français, s’y appuyer, bien traiter cette puissance, la relever, la désintéresser pour l’avenir ; ou bien la pousser à bout, l’abaisser sans pitié, poursuivre la guerre contre les Russes et contre les débris de l’armée prussienne en relevant la Pologne.
Il présage et prédit, dans un avenir qu’il souhaite prochain et qu’il espère, un écrivain d’une hardiesse heureuse, qui réunira le fruit et la fleur.
Magnin ait songé à sauver ce qui, intéressant et toujours agréable aujourd’hui, sera piquant et curieux pour l’avenir.
On atteint enfin au xie siècle, à cette époque où se reforment partout, et assez petitement d’abord, les royautés politiques ; celle de Hugues Capet est de ce nombre, et si, à son berceau, elle n’a pas, à beaucoup près, la splendeur des débuts carlovingiens, aucune imprudence du moins n’en altère le principe grandissant et n’en compromet l’avenir.
Il persista longtemps à ne l’envisager que par son côté profitable à l’avenir, et, à travers tout, régénérateur.
Ce changement était l’œuvre de madame de Maintenon, à qui le jeune prince, conseillé par Fénelon, avait témoigné une déférence flatteuse pour son amour-propre et rassurante pour son avenir.
Mais il dit aussi certains petits effets de grandes vertus, des excès et des défauts, marques d’humanité, qui rapprochent de nous le saint, et l’animent sans l’amoindrir : nous voyons le roi, vêtu de grossier camelin, « tremper son vin avec mesure », et manger ce que son cuisinier lui prépare, sans condescendre jamais à commander le menu de son repas ; nous le voyons, modeste en sa parole comme pur en ses actes, n’ayant onques nommé le diable en ses propos, toujours timide et petit enfant devant sa mère, froid à l’excès et comme indifférent à l’égard de sa femme et de ses enfants, l’humeur vive avec son angélique bonté, assez jaloux de son autorité, rabrouant prélats ou Templiers, quand ils semblent entreprendre dessus, et, pour tout dire, un peu colère : Joinville ne fait-il pas un pacte avec lui, pour que ni l’un ni l’autre à l’avenir ne se fâchent, le roi de ses demandes, et lui des refus du roi ?
Voltaire s’en empare, non pour en raisonner ; il crée un mouvement d’opinion pour produire un résultat, pour faire triompher la raison dans le règlement définitif de 1 affaire, et, s’il se peut, par une mesure générale qui réponde de l’avenir.
Et, par-delà le champ de bataille, ce qui est en jeu, ce dont on décide d’un mot, d’un geste, c’est l’intérêt, l’honneur, le bonheur de plusieurs millions d’autres hommes aujourd’hui et dans l’avenir.
Après ces deux années d’une douce vie passée en compagnie de deux amis dignes de lui, c’est-à-dire en compagnie plus intime avec lui-même, il revint à Paris, la tête débordant de poèmes, de plans, d’esquisses, où sont mêlées la science, la politique, la Bible, l’Amérique ; ambitieux de tout sentir et de tout rendre, de faire de la poésie l’organe inspiré de toutes les idées modernes, l’écho du passé et du présent, la voix prophétique de l’avenir.
Pour un esprit incapable de séparer un fait de sa signification abstraite, le présent n’a normalement pu être senti qu’éphémère, et l’avenir illusoire et passager ; et si, dans les premiers temps de sa carrière, il a vu sincèrement, dans chacune de ses sensations, autant de points de départ et d’aboutissement de sa raison d’être, et tendu de toute son ardeur volontaire à en analyser perpétuellement l’essence, on sent ce qu’il a dû entrer pour lui, dans une telle poursuite, d’entêtement et presque d’autosuggestion.
Les nations réformées ont (ce n’est pas un vain jeu de mots) l’esprit réformiste ; elles concilient la tradition et l’innovation ; elles ne croient pas qu’il faille créer un abîme entre l’avenir et le passé ; en détruisant les choses surannées devenues gênantes, elles conservent ce qui est inoffensif ou ce qui a sa raison d’être ; elles avancent ainsi à petits pas, sans brusque secousse, mais aussi presque sans recul.
Le passé de la veille se survit encore dans les débris de l’école précieuse, dans les réputations éclipsées qui peuplent l’Académie et jalousent les gloires les plus éclatantes ; et, frappant exemple de la façon dont l’avenir se relie au passé par-dessus le présent, ces groupes secondaires, comme des chaînons vivants, rattachent la fin du siècle à son commencement.
Puisque les conséquences ultérieures de cette fortune ne sont plus de notre sujet, et que nous nous arrêtons ici dans l’histoire de la société polie, jetons un dernier regard sur les personnages qui la composent en 1680, rassemblons-les dans notre pensée : leur aspect suffira pour nous faire entrevoir l’avenir que nous laissons à d’autres le soin de décrire.
Au premier acte, nous sommes dans l’atelier du peintre Spiegel et du musicien Frantz Wagner, deux amis qui ont mis leur vie et leur avenir en commun.
C’est à son cœur qu’il s’adresse en lui montrant la vie de Paul jetée en dehors des voies régulières, son avenir entravé par cette liaison sans issue.
Il continue d’être pour les Jésuites, de les priser et de les estimer, de croire à leur avenir, comme si Pascal n’avait pas tonné ; il continue d’être pour la philosophie des sages d’avant Descartes, pour la philosophie sceptique des Gabriel Naudé, des La Mothe Le Vayer, des Charron, comme si ce grand révolutionnaire et ce grand ennemi de la tradition, Descartes, n’avait point paru pour tout changer ; il continue enfin de goûter les fleurs un peu surannées de l’ancienne littérature, les beautés des d’Urfé, des Scudéry et autres, comme si Boileau n’était pas venu brusquement mettre le holà et réformer le goût.
C’est là un côté petit des chansons de Béranger, et que l’avenir même, fût-il le plus démocratique du monde, ne relèvera pas.
Ces conversations de Beethoven sont admirablement rendues par Bettina : la naïveté d’un génie qui a le sentiment de sa force, qui dédaigne son temps et a foi en l’avenir, une nature grave, énergique et passionnée, s’y peignent en paroles mémorables.
Elle rêvait dans l’avenir gloire, grandeur politique, puissance, et, en attendant, elle voulut vivre le plus à son gré et le plus en souveraine qu’elle pût, rendre le moins possible aux autres et se passer tous ses caprices, avoir sa cour à elle, où ne brillât nul astre rival du sien.
Ces luttes, ces difficultés dernières traînent encore et se prolongent quelque temps, jusqu’à ce que la résolution persévérante vienne à son terme, et qu’éclate un matin l’accent de délivrance : Enfin je quitte le monde, s’écrie-t-elle le 19 mars 1674 : c’est sans regret, mais ce n’est pas sans peine ; ma faiblesse m’y a retenue longtemps sans goût, ou, pour parler plus juste, avec mille chagrins ; vous en savez la plus grande partie, et vous connaissez ma sensibilité ; elle n’est point diminuée, je m’en aperçois tous les jours, et je vois bien que l’avenir ne me donnerait pas plus de satisfaction que le passé et le présent.
Necker était usé, que sa prévoyance était à courte échéance et s’était toujours bornée à la révolution de chaque mois ; qu’il n’avait aucune vue d’avenir ; qu’il n’y avait de ressource que dans un ministère véritablement capable et agissant, dans un ministère de première force ; et alors, avec cette conscience de lui-même qu’il était en droit d’avoir, mettant sous le pied toute fausse modestie, Mirabeau se présentait avec cordialité et franchise.
Après 1815, quand la maison de Savoie est rétablie dans son antique héritage, M. de Maistre, à la veille de rentrer dans sa patrie, mais lésé lui-même dans sa fortune et à peu près ruiné dans son patrimoine, ne forme plus que le vœu du patriarche ; il nous laisse voir l’unique fond de son désir au milieu de cet ébranlement de l’Europe, où le volcan ne se ferme d’un côté que pour se rouvrir d’un autre : « Ma famille, mes amis et mes livres suffisent aux jours qui me restent, et je les terminerais gaiement si cette famille ne me donnait pas d’affreux soucis pour l’avenir. » Faisant allusion à cette vivacité qu’il portait volontiers en tout, et dont il ne prétend pas s’excuser : Cependant, écrivait-il à un ami, si j’avais le plaisir de vivre quelque temps avec vous sous le même toit, vous ne seriez pas peu surpris de reconnaître en moi le roi des paresseux, ennemi de toute affaire, ami du cabinet, de la chaise longue, et doux même jusqu’à la faiblesse inclusivement !
Il se demandait si c’en était fait pour lui de la grande gloire, si l’avenir lui réservait encore quelque occasion, et, comme il le disait amoureusement, « si la Fortune aurait encore pour lui un dernier sourire ».
Pourtant on lit dans sa lettre à Mlle de Lespinasse de belles paroles, entre autres celles-ci : « Je donne aux Muses le temps qui nous est prêté, aux Muses qui consolent du passé et rassurent sur l’avenir… » Et l’éditeur de Condorcet, en citant cette parole, ne s’aperçoit pas qu’il introduit à l’instant comme un rayon de lumière et de sérénité, un coin d’azur, au milieu de ce style gris et terne des encyclopédistes.
Il ne convient pas de parler ainsi : soyez assez sage à l’avenir pour ne rien dire de pareil à un magistrat.
En ces entretiens dont on aimerait à saisir quelques échos, l’esprit fin, sévère, et le moins épris de la gloire des César, des Mahomet ou des Alexandre, jetait sans s’en douter les germes qui devaient si brillamment éclore au souffle de l’avenir dans une imagination héroïque et féconde.
Sans doute si l’on considère combien peu d’hommes dans une société, quelque civilisée qu’elle soit, méritent le nom d’hommes éclairés, combien peu même ont les connaissances strictement nécessaires, combien enfin les idées dans l’homme sont voisines des passions, on peut craindre que cette émancipation des esprits, cette rupture avec toute tradition, cet appel à la raison individuelle, cette liberté de penser en tous sens ne soit la source de bien des maux, et je reconnais qu’il faut avoir l’esprit ferme pour envisager sans terreur l’avenir inconnu vers lequel marche la société contemporaine.
Un bel ouvrage tombe entre leurs mains, c’est un premier ouvrage, l’auteur ne s’est pas encore fait un grand nom, il n’a rien qui prévienne en sa faveur, il ne s’agit point de faire sa cour ou de flatter les grands en applaudissant à ses écrits ; on ne vous demande pas, Zélotes , de vous récrier, C’est un chef-d’œuvre de l’esprit ; l’humanité ne va pas plus loin : c’est jusqu’où la parole humaine peut s’élever : on ne jugera à l’avenir du goût de quelqu’un qu’à proportion qu’il en aura pour cette pièce ; phrases outrées, dégoûtantes, qui sentent la pension ou l’abbaye, nuisibles à cela même qui est louable et qu’on veut louer : que ne disiez-vous seulement, Voilà un bon livre ; vous le dites, il est vrai, avec toute la France, avec les étrangers comme avec vos compatriotes, quand il est imprimé par toute l’Europe et qu’il est traduit en plusieurs langues ; il n’est plus temps.
Il avait donc le droit de s’inquiéter de l’avenir, de l’intelligence.
Le fer libérateur, qui perceroit mon sein, Déjà frappe mes yeux et frémit sous ma main, …………………………………………………… Et puis mon cœur s’écoute et s’ouvre à la faiblesse, Mes parents, mes amis ; l’avenir, ma jeunesse, Mes écrits imparfaits ; car à ses propres yeux.
Ils errent et prédisent ; ils campent dans les forêts où l’on va acheter d’eux la connaissance de l’avenir, curiosité qui marque fortement le mécontentement du présent, aussi fortement que l’éloge du sommeil le mécontentement de la vie ; préjugé des russes qui n’est ni moins naturel, ni moins absurde qu’une infinité d’autres presque universellement établis chez des nations qui se glorifient d’être policées, et où des charlatans d’une autre espèce sont plus charlatans, plus honorés, plus crus et mieux payés que les sorciers russes.
Sainte-Beuve a-t-il perdu ce don d’originalité inestimable qu’il avait à vingt ans, c’est-à-dire, à l’âge où l’on n’a guères, même avec du talent et de l’avenir, que la folie de l’imitation, quand on n’en a pas la niaiserie ?
Chez l’homme, la mémoire est moins prisonnière de l’action, je le reconnais, mais elle y adhère encore : nos souvenirs, à un moment donné, forment un tout solidaire, une pyramide, si vous voulez, dont le sommet sans cesse mouvant coïncide avec notre présent et s’enfonce avec lui dans l’avenir.
combien de fois il a entrepris de se raconter lui-même à l’avenir !
L’avenir est au naturalisme. […] D’autres articles hasardent des objections, discutent avec l’auteur, finissent par lui promettre un bel avenir. […] Seulement, l’avenir se fera de lui-même, en dehors de vos patronages et de vos subventions, par l’évolution naturaliste du siècle, par cet esprit de logique et de science qui transforme en ce moment le corps social tout entier. […] En un mot, nous tous qui travaillons pour l’avenir, nous demandons des comédiennes de génie. […] Cherchez plus de vérité, et vos œuvres tomberont peut-être tout de même, si vous n’avez pas les épaules assez solides pour porter la vérité ; mais vous aurez au moins tenté l’avenir.
Là-dessus Cascart, camarade et ancien amant de Zaza, pas jaloux, mais sensé, dit à la bonne fille : « Ma fille, tu perds ton avenir. […] Mais Malartot, tenancier de beuglant, et ses pensionnaires ; Mme Anaïs, mère de Zaza, une Mme Cardinal, sans aucune tenue et adonnée à la boisson ; le bon Cascart, si soucieux de l’avenir de Zaza et qui conspire si cordialement avec la mère pour sauver la fille en la livrant au bon gâteux Dubuisson ; tous ces gens-là, — dont chacun, pris à part, ne serait peut-être que comique et pourrait même exciter en nous une sorte de sympathie veule et amusée, — ne laissent pas de former, tous ensemble, une société par trop uniformément crapuleuse et autour de qui flotte pesamment une atmosphère par trop épaisse de vice tranquille.
Les erreurs de l’illustre prélat n’ôtent rien à la gloire de ces vues justes et hardies, quoique l’inquiétude et une sorte d’impatience de l’avenir y aient plus de part que la hardiesse calme et impartiale d’un esprit prévoyant, et qu’on y sente encore le chimérique dans le manque d’à-propos. […] Lui-même reconnut, avec une magnanimité qui promettait pour l’avenir d’éclatantes réparations, que, dans deux occasions capitales, il avait reçu du roi la puissance décisive, et qu’il n’en avait pas usé.
Le philosophe même, qui ne croit pas à l’avenir et qui se sait parfaitement dans la main du destin, se sentirait mal à l’aise si sa fin, dont il ne doute pas qu’elle viendra à l’improviste, lui était marquée avec tant de certitude. […] Quand la science donne six ans de vie à une jeune tuberculeuse, c’est comme si elle lui donnait l’avenir, car six ans contiennent toutes les possibilités.
Le but de son existence était clair maintenant, et l’avenir infaillible259 ! […] Jusque-là, nous planterons des plumets au bout de nos phrases, puisque notre éducation romantique le veut ainsi ; seulement, nous préparerons l’avenir en rassemblant le plus de documents humains que nous pourrons, en poussant l’analyse aussi loin que nous le permettra notre outil. » (Lettre à la jeunesse, p. 94.)
Enfin, pour en faire un dieu aux attributs sans limites, le mage gros de science et d’avenir, les universitaires l’ont accaparé : cela le classe et son génie. […] Irez-vous lui demander ce qu’il pense du temps et de l’espace, ou de l’avenir des sociétés ?
Dans Werther commença de poindre la Marguerite de l’avenir sous le nom de Charlotte, la femme élémentaire et allemande signalée déjà tant de fois en cette étude, l’éternel féminin, comme l’appelle Gœthe, et que moi j’appelle plus justement « le têtard féminin » ! […] Il l’avait trouvée trop difficile à couper, et elle était restée sur les épaules immortelles où Dieu l’avait mise, comme un phare de lumière inextinguible pour tous les envieux de l’avenir.
Bien loin dans le passé disparaissait Dante ; bien loin dans l’avenir s’enfonçait Goethe. […] Satan a des paroles de prédicant : « Dieu a failli, dit-il ; donc, quoique nous l’ayons jusqu’ici jugé omniscient, il n’est pas infaillible dans la connaissance de l’avenir. » Il a des paroles de caporal instructeur : « Avant-garde, ouvrez votre front à droite et à gauche ! […] À ce titre, ce style et ces idées sont des monuments d’histoire ; ils concentrent, rappellent ou devancent le passé et l’avenir, et dans l’enceinte d’une seule œuvre, on découvre les événements et les sentiments de plusieurs siècles et d’une nation.
Ces peuples fondent des capitales improvisées, comme Pétersbourg ; des étapes d’un moment dans des climats inhabitables, aux bords de la mer, pour surveiller de là des voisins plus avancés qu’eux-mêmes dans les arts de la navigation ; puis, lorsque le péril est passé, ils passent dans de meilleurs climats et bâtissent, comme en Crimée, aux bords d’autres mers, des capitales d’avenir, pour porter leurs yeux et attirer leurs cœurs vers des empires croulants, qui offrent à leur espoir des capitales définitives, où le soleil et l’ambition les invitent. […] Le droit divin de l’avenir respire en lui. […] Je lis beaucoup, et lorsque je suis fatiguée de lire, je rêve, je m’amuse à faire des conjectures sur l’avenir.
Dès que nous pensons l’être « le passé en un peu de cendres, l’avenir en un petit glaçon se réduisent. […] Vers un aromatique avenir de fumée Je me sentais conduite, offerte et consumée, Toute, toute promise aux nuages heureux ! […] Le Valéry poète est déposé sur un chemin par un Valéry d’amplitude plus vaste et d’un mouvement qui va ou qui irait plus loin, ce Valéry qui rêve, après Descartes et Leibnitz, d’une caractéristique universelle, d’un langage commun ou d’une algèbre qualitative valable pour toutes les disciplines, « l’algèbre et la géométrie, dit-il, sur le modèle desquelles je m’assure que l’avenir saura construire un langage pour l’intellect ».
Le soleil naissant m’enveloppe de ses rayons, une odeur d’éternelle santé me vient de la terre et je découvre au loin, parmi les rumeurs du vent robuste qui passa sur les cimes, l’avenir pareil à un grand jardin de roses rouges… Mais je t’en ai dit assez. […] Je ne plaisante pas. — Ton avenir dépend de toi seul. […] Le présent, ballotté entre les croyances héritées de vos pères et les notions de bien-être et de beauté que lui fournit la science, le présent dominé par les médiocres, le présent en travail d’un avenir radieux semble parfois se retourner avec regret vers les évolutions périmées. […] Salut, grand ciel par qui j’ai conçu l’infini… Ô musique divine, harmonie des mondes, hymne du Grand Pan, vivifie-moi. — Je sens, j’aime, je pense à l’unisson de la Réalité ; les spectres du passé s’enfuient au geste de mon bras ; et l’aube du bel avenir règne sur mon âme.
Ainsi donc, en haut, des esprits cultivés croient à la venue de plus de justice, de plus de bonté, de plus d’amour, de plus d’intelligence ; en bas, des esprits simples croient à la venue d’un bonheur tangible, réel, corporel : jamais un milieu plus favorable ne s’est offert à un poète décidé à chanter les joies de l’avenir. […] Mon enfance… tu seras la vieille servante, Qui ne sait plus bercer et ne sait plus sourire… Et ainsi jusqu’à la mort chacune de nos existences successives nous sera une belle et douce étrangère qui s’éloigne lentement et se perd dans l’ombre de la grande avenue où nos souvenirs sont devenus des arbres qui songent en silence… Il y a donc, dans ce livre de l’enfance, toute une philosophie de la vie : un regret mélancolique du passé, une peur fière de l’avenir. […] pense à cela… la vie de ta chair, à défaut de ton âme… Ce sang m’apporte un peu de ton éternité… oui de ton passé, de ton présent, de ton avenir, et c’est comme s’il accourait à moi du fond de ta plus lointaine et mystérieuse enfance… » Il n’y a peut-être pas là une seule métaphore qui n’ait été lue dans les effusions attribuées d’ordinaire aux amants ; il semble pourtant qu’on les lise pour la première fois, car c’est la première fois qu’elles sont justes. […] Dieu parle à ses fourmis préférées ; il les encourage ; il leur prédit l’avenir ; il leur dévoile les cataclysmes par quoi les méchants seront avertis et inclinés au repentir, s’il en est temps encore.
L… de mettre une sourdine à ses reproches, en lui jurant, — sur son argenterie, — qu’à l’avenir il n’aurait plus dans son établissements que des cuisiniers et des garçons chauves, ce qui serait un gage de sécurité pour la calvitie des potages. […] *** La Compagnie concessionnaire d’une des grandes lignes américaines, jalouse d’assurer la sécurité aux voyageurs, vient, dit-on, de prendre la décision suivante : « À l’avenir chacun des trains contiendra un wagon-chapelle, où plusieurs ministres du culte se tiendront à la disposition des personnes qui, par suite d’accidents, se trouveraient en danger de mort. — Un supplément de quelques dollars donnera le droit aux secours de la religion. […] Après une allocution paternelle, l’éloquent Virmaître leur fit comprendre que leur demande en augmentation de salaire n’était pas en rapport avec les bénéfices actuels du journal, mais qu’on en prenait note pour l’avenir. — Il s’engagea même, sur l’honneur, à donner les dix centimes la ligne réclamés, le jour où le Corsaire aurait cent mille abonnés : — Mais en attendant ? […] Il se montre plus exigeant, il croit à son avenir, et il parvient même à y faire croire quelques autres. […] La nôtre restera grande dans l’histoire, par les grandes choses et les grands noms qu’elle rappelle à l’avenir.
C’est à dater, de ce moment qu’il multiplie les brochures, intervient dans toutes les questions, traitant de tout à propos de l’adultère : réforme des lois, tradition évangélique, destinées de la France, avenir de l’Europe, avenir de l’humanité. […] Et s’il nous fallait voir s’effacer et se perdre, vieillir et mourir ce théâtre que nous admirons, il ne suffirait pas, pour nous consoler, d’un article nouveau inscrit dans le Code d’où les législateurs de l’avenir le feront disparaître. […] mon Dieu, élevez donc votre fils dans des principes d’honneur et de vertu, soyez donc constamment tendre et dévoué et saignez-vous aux quatre veines pour que tout, probité, honneur, avenir, aille misérablement s’engloutir aux pieds de la première femme qui passe. — Ah ! […] Partant ils ne sont pas curieux des problèmes d’où dépend son avenir ; ils ignorent ces problèmes, et vivent en dehors de l’atmosphère qu’ils font à la conscience moderne. […] Tout de même la tendance était bonne, et il est permis de croire que l’avenir lui appartiendra.
Et c’est préparer l’avenir de l’histoire que de ramener au jour les amas de documents ensevelis dans nos archives : à merveille. […] Ne prévoyait-il donc pas ce que l’avenir lui ménageait là-bas d’humiliations nouvelles ? […] À peine de loin en loin quelque plainte et quelque regret du temps passe, quelque semblant d’insouciance du présent et d’incuriosité de l’avenir trahissaient-ils le vieillard. […] Il y aurait lieu plutôt de s’étonner que dans les œuvres si nombreuses, mais pour la plupart si médiocres de cette période, on puisse distinguer et noter déjà tant de gages d’avenir et tant de promesses d’une renaissance prochaine. […] l’avenir est entrevu, la note est donnée ; c’est tout ce que l’on demande à des poètes de transition.
Mais l’avenir harmonieux sera ; Ce dont nous fûmes subsiste, Si bien que sur la lèvre des amants Le mot : Toujours renaît impérissablement, Joyeux et triste… Et le potier, devenu songeur, brise sa coupe. […] Cette apostrophe à Saint-Michel du Péril résume tout notre long développement : La victoire est en notre droite, Michel, comme ta lance vermeille L’avenir identique miroite Sur tes ailes qu’il ensoleille ; Ton pied stable foulant l’impur Est l’équilibre joyeux ; Ta stature d’or sur azur Trace l’ordre harmonieux ; Et si j’ai compris ta face, • Michel, et ton geste et tes ailes, Je puis rire à la vie qui passe Et sourire et la dire belle, Encore ! […] Je sais aussi que notre enfance chantera pour toujours dans notre avenir, et que nos jeunes années portent déjà, les mains hautes, la corbeille fleurie de notre existence future. […] L’avenir nous dira ce qu’elles valent. […] Avec elles, sans le savoir nous vivons dans l’avenir.
Ton passé momifié te barre l’avenir ! […] Son vagabondage armé du Nord à l’Orient ne trahit pas un instinct politique, pas un dessein d’agrandissement, pas une pensée d’avenir. […] A cette époque la patrie est si étroitement identifiée avec le Roi, leurs intérêts sont si mêlés, leur avenir est si bien le même, qu’il devient quelquefois diffìcile de distinguer nettement en Louis XI le mauvais homme du monarque habile. […] C’est le type de la méchanceté jeune, grandiose, florissante, pleine de génie et d’avenir. […] Le passé, le présent et l’avenir de la Bohème tiennent dans ces deux mots, Quoi qu’il en soit, on les redoute sans les haïr, ces fils de la Fatalité, ces Rois Fainéants de la solitude.
J’étais tout à fait fâché de croire que votre âme, au sortir de votre corps, ne dût pas trouver une aussi jolie demeure que celle qu’elle quittait… » — Il y en a de plaisantes, sinon comme idées, du moins comme grâce de geste, pour ainsi dire, et de mot jeté : « Il y a longtemps, Madame, que j’aurais pris la liberté de vous aimer, si vous aviez le loisir d’être aimée de moi… Gardez-moi, si vous voulez, pour l’avenir ; j’attendrai quinze ou vingt ans, s’il le faut. […] voilà surprendre en ses commencements une manie qui n’existait point à l’âge précédent, qui est un caractère assez important de tout le xviiie siècle, qui aura ses suites, bonnes, mauvaises, parfois heureuses, souvent ridicules, dans l’avenir, et dont le principe psychologique est très finement démêlé. […] Mais si par un long abus du pouvoir, si, par une grande conquête, le despotisme s’établissait à un certain point, il n’y aurait pas de mœurs ni de climats qui tinssent ; et dans cette belle partie du monde, la nature humaine souffrirait, au moins pour un temps, les insultes qu’on lui fait dans les trois autres. » — Avec la prédiction de 1793 faite en 1789 dans le Courrier de Provence par Mirabeau38, je ne vois pas d’exemple de génie politique plus habile à pénétrer l’avenir ; et Mirabeau prévoit de moins loin. […] » Et dans ses moments de pessimisme il est le plus désespéré et le plus désespérant des pessimistes ; et si dans le poème sur le Tremblement de terre de Lisbonne il laisse une place encore, restreinte et précaire, à l’espoir (Tout est bien aujourd’hui, voilà l’illusion ; tout sera bien un jour, voilà notre espérance), dans Candide éclate et largement et longuement se déploie le pessimisme absolu, celui qui n’admet ni exception, ni espoir, ni plainte même et blasphème, forme encore, sans le vouloir, de la prière, et partant de l’espérance ; ni recours à l’avenir humain, ni recours à l’avenir céleste, ni recours à rien, sinon à la résignation muette, qui n’est que le désespoir, bien plus, qui est comme la lassitude du désespoir. […] Le conservatisme sérieux et fécond n’est pas la peur de l’avenir ; c’est le respect du passé.
Ce sont là les dernières paroles d’un homme qui s’en va, dont la vue se trouble, et pour qui le livre de l’avenir est déjà clos et scellé.
Il semble y rêver pour la France dans un avenir idéal le gouvernement et le régime anglais, moins les passions et la corruption ; il se prononce contre les conquêtes et n’admet la guerre que dans les cas de nécessité ; il a, sur la milice provinciale, sur la liberté individuelle, sur le droit de paix et de guerre déféré aux assemblées, sur un ordre de chevalerie accordé au mérite seulement, et à la fois militaire et civil, sur l’unité du Code et celle des poids et mesures, sur le divorce, enfin sur toutes les branches de législation ou de police, toutes sortes de vues et d’aperçus qui, venus plus tard, seraient des hardiesses, et qui n’étaient encore alors que ce qu’on appelait les rêves d’un citoyen éclairé ; il est évident que M. de Lassay, s’il avait pu assister soixante ans plus tard à l’ouverture de l’Assemblée constituante, aurait été, au moins dans les premiers jours, de la minorité de la noblesse.
Je serai plus circonspect à l’avenir, et je ressens une vive douleur de m’en être écarté… Quand on lit la suite de ses lettres, il semble toutefois que les bonnes raisons pour la conduite qu’il tint alors ne lui ont pas tout à fait manqué.
Si, en un sens, je vous prête de mon expérience, vous me payerez, et dans un sens plus profitable, par le spectacle même de votre noble ardeur ; vous m’habituerez à me tourner plus souvent et plus volontiers avec vous du côté de l’avenir, vous me rapprendrez à espérer.
Boissonade sous d’aussi larges aspects, le montrer aussi ouvert et aussi hardi de vues qu’on le fait ici ; il avait réellement un peu peur, quoi qu’on puisse dire, des idées générales et de tout ce qui y ressemble, il s’en garait et s’en abstenait le plus possible ; on l’aurait bien étonné si on lui avait dit « qu’il préparait l’avènement de la presse philosophique » ; il avait, moins que personne, « de ces lueurs qui semblent des anticipations de l’avenir. » Tout cela est à côté et au-delà.
Ce qui dut paraître alors à quelques-uns, et certainement à Mathieu Marais, qui vivait encore, une énormité et un blasphème, devint bientôt un jugement tout simple, qui résumait le dernier mot de l’avenir.
Si l’avenir, comme il est inévitable, garde à la vertu bien des épreuves et des combats, tâchons, par le bon usage et le salutaire emploi des intervalles, que ces combats soient encore les plus humains, les plus civilisés possible.
Royer-Collard, baissant un peu le ton dans l’une des lettres suivantes, était plus dans le vrai lorsqu’il insistait sur l’action utile et prolongée de l’écrivain, sur cette vocation qui n’avait pas été la sienne, à lui, et qui était de nature moins viagère ; on ne saurait définir d’une manière plus noble toute l’ambition permise à une littérature élevée, toute sa portée dans l’avenir, en même temps que ses difficultés, ses arrêts et ses limites : « … Vous, monsieur, il vous est donné de marquer autrement votre passage sur la terre et d’y tracer votre sillon ; vous l’avez commencé ; vous le suivrez sans l’achever jamais ; car aucun homme n’a jamais rien fini.
Chardon de La Rochette, dans ses Mélanges de Critique et de Philologie, en cite une qui est piquante en effet, mise en regard de l’avenir : « Qu’est-ce que tu peux souhaiter, ô chantre Anacréon ?
Aussi bien, en ce temps-là, toute calamité pèse sur l’avenir autant que sur le présent ; pendant deux ans, en 1784 et 1785, dans le Toulousain, la sécheresse ayant fait périr les animaux de trait, nombre de cultivateurs sont obligés de laisser leurs champs en friche. — En second lieu, quand on cultive, c’est à la façon du moyen âge.
Le peuple n’en recevait que des bienfaits ; la jeunesse et la beauté de Laurent et de Julien y ajoutaient le prestige de l’avenir, et la séduction de tous les cœurs.
J’ai presque entendu dire à ce digne prêtre, qui fut ensuite si admirable, qu’il n’avait jamais rien vu de plus grand, de plus incroyable que la constance et l’imperturbabilité de Laurent en face de la mort, sa mémoire de son passé, sa façon de disposer les choses présentes, et le soin si sage, si religieux qu’il montra dans sa prévoyance de l’avenir.
Mais l’œuvre délicate de Joinville exprime surtout ce qui va périr, elle est déjà le passé ; l’œuvre grossière de Jean de Meung exprime ce qui va germer et grandir, elle contient l’avenir.
Mais les ardeurs de sa dévotion maternelle, ses sensations de la campagne, ses jugements littéraires, ses inquiétudes métaphysiques, ses tableaux de mœurs, voilà tout autant de catégories de lettres, richement fournies, et dont l’avenir ne baissera pas le prix.
Si, dans l’avenir, en France, ressurgit une religion, ce sera l’amplification à mille joies de l’instinct de ciel en chacun ; plutôt qu’une autre menace, réduire ce jet au niveau élémentaire de la politique.
Les Cygnes sont des poèmes humains, dans le meilleur sens de ce mot, puisqu’ils font vivre l’homme, l’homme d’à présent, d’hier et de demain, celui qui a toujours été, celui que nous voyons, celui-là même de l’avenir : l’homme en tant qu’être sensitif et agissant, voué à la douleur et à la joie et tenant en ses mains la force qui fait créer.
Selon qu’on est touché de l’esprit de conservation ou de progrès, ou bien le livre de Voltaire paraît un guide et un aiguillon pour des conquêtes futures à travers des ruines nécessaires, ou bien il a le tort d’exciter cette impatience de l’avenir qui fait tant d’injustes censeurs du présent, incapables d’espérances qui soient pures de haine.
En revanche, il y aura toujours une place d’honneur pour la belle et poétique intelligence qui s’inspira, au commencement de ce siècle, de tout ce qui voulait revivre du passé, de tout ce qui commençait à vivre de l’avenir.
Dans le concert des voix confuses qui résonnent en eux et où se brouillent, comme chez toute créature vivante, leur ascendance et leur postérité, ils ne savent pas démêler le passé de l’avenir.
Sa mort du moins sera vengée ; un dernier éclair de divination l’illumine, il lui fait voir Oreste, dans les ténèbres de l’avenir, marchant vers Argos, un glaive à la main. — « Notre vengeur viendra !
Pendant que le roi était chez la marquise, et que les Bernis, les Choiseul, les ministres et courtisans gouvernaient avec elle, les encyclopédistes et les économistes causaient librement de toutes choses dans l’entresol de Quesnay et disposaient de l’avenir.
Mais l’embarras de M. de Chateaubriand tient à ceci : il veut la popularité, il veut être l’idole du siècle et de l’avenir, et il s’aperçoit trop tard qu’il a heurté et insulté la grande idole populaire, Napoléon.
Le jour où la médecine, stimulée par la sentimentalité publique, aura trouvé le moyen de guérir la tuberculose ou d’enrayer sa marche, elle aura augmenté pour l’avenir, dans des proportions incalculables, le nombre de ses tributaires et fomenté peut-être des maladies nouvelles, énigmes nouvelles et nouveaux aiguillons pour la curiosité des savants.
La vraie formule d’une idée, celle qui lui permettra de se répandre et de durer, est celle qui associera la destinée du groupe mental nouveau aux destinées de groupes plus simples solidement enracinés dans l’esprit, celle qui rattachera l’idée nouvelle aux habitudes les plus anciennes de l’intelligence comme une conséquence rigoureuse à des principes indiscutés ; chacun des termes de la formule doit donc réveiller une idée élémentaire bien connue, et leur agencement forcer l’esprit à apercevoir entre ces éléments un rapport plus ou moins imprévu ; ce rapport est l’invention même à laquelle il s’agit d’ouvrir les esprits rebelles et d’assurer l’avenir.
La prudence, la prévoyance, la prévision exacte ou à peu près exacte de l’avenir en raison de l’expérience que l’on a acquise dans le passé, c’est peut-être ce que La Fontaine a le plus recommandé au monde.
En nous représentant ainsi l’activité mentale élémentaire, en faisant cette fois de notre corps, avec tout ce qui l’environne, le dernier plan de notre mémoire, l’image extrême, la pointe mouvante que notre passé pousse à tout moment dans notre avenir, nous confirmions et nous éclaircissions ce que nous avions dit du rôle du corps, en même temps que nous préparions les voies à un rapprochement entre le corps et l’esprit.
D’ailleurs, si, dans bien des cas, l’organisation économique moderne force les hommes à exercer simultanément plusieurs professions, plus souvent encore elle les forcera à les exercer successivement, D’après des observations faites sur les ouvriers anglais, qui paraissent sentir, plus promptement que les autres, les exigences du système de production actuel, le travailleur idéal, le travailleur de l’avenir serait celui qui serait, apte à changer de métier suivant les variations de la demande164.
Ce jeune Shelley, mélancolique ennemi d’une société où il était né heureux et riche, et où il vivait libre, ce poëte sceptique qui, sur le registre des moines hospitaliers du mont Saint-Bernard inscrivait ironiquement son nom de visiteur, en y ajoutant l’épithète Ἄθεος, dans son rêve du passé et sa folle anticipation de l’avenir, faisait, sous le titre antique de Promet fiée délivré, une sorte de dithyrambe pour l’âge de raison de Thomas Payne, vaine tentative méditée par des esprits faux, dès l’abord noyée dans le sang par des furieux, stérilement reprise par des plagiaires insensés, et dont l’apparente menace ne sert qu’au pouvoir absolu, qu’elle arme d’un prétexte étayé sur la peur publique !
Oui, c’est à vous que nous adressons particulièrement cet écrit, jeunes gens qui ne nous connaissez plus, mais que nous portons dans notre cœur, parce que vous êtes la semence et l’espoir de l’avenir. […] Il lui appartient de trouver dans une analyse plus profonde de la pensée les principes de l’avenir, et avec tant de débris d’élever enfin un édifice que puisse avouer la raison. […] Ce cours est à la fois un retour sur le passé et un effort vers l’avenir. […] L’histoire ne raconte pas pour raconter, elle ne peint pas pour peindre, elle raconte et elle peint le passé pour qu’il soit la leçon vivante de l’avenir. […] D’ailleurs, selon moi, toutes les chances de l’avenir sont en ma faveur : c’est là l’hypothèse que nous avons faite.
C’est d’abord le petit collégien de Brienne, dépaysé, effarouché, taquiné ou taquin, bon camarade et peu expansif, bon élève sans rien de brillant, grand liseur des Vies de Plutarque, songeant à ses parents qu’il ne voit plus, pleurant à chaudes larmes en récitant les vers de Delille sur l’Exilé de Tahiti, parce que l’image de ce Tahitien lui fait faire un retour sur lui-même, exilé loin de sa Corse natale… C’est ensuite le « cadet-gentilhomme » de l’École militaire, engoncé dans son habit, gêné aux entournures, jauni comme un polytechnicien par l’abus des mathématiques, — attristé, raidi par le caporalisme claustral de la maison, talonné par les examens, privé de vacances, songeant à son père mort, à sa mère veuve, à ses frères sans avenir, honorablement noté mais sans éclat, — estimé de ses maîtres, amicalement raillé par ses camarades, à cause de ses prétentions à la vertu et de ses tirades sentimentales sur la Corse. […] « Outre, dit-il, que les sens l’emportent parfois jusqu’à la rendre imprudente et malavisée, elle dépend de ce qu’on nomme le plaisir et de cela elle est esclave : c’est le besoin qu’ont les femmes de remuer, de voir, d’être vues, d’organiser des parties, de se montrer à des spectacles, de se trouver hors de chez elles… À cela, Joséphine sacrifiera tout : enfants, famille, amour même et bien plus les calculs d’avenir. » De page en page, à travers les mille péripéties de sentiments et de sensations qui font ressembler ce livre d’histoire à un roman psychologique, on voit paraître en traits de plus en plus surprenants cette prodigieuse inconscience d’une impératrice qui ne fut jamais que la petite femme d’un grand homme. […] Elle assura l’avenir de ce fils en le recommandant aux hommes qui eurent à se louer de ses bontés ou de ses faiblesses. […] — Il y a là de l’avenir ! […] Je ne sais ce que l’avenir nous réserve.
Et aux politiciens de circonstance, aux Thiers, il oppose Lamartine, un politique aux grandes vues, aux envolées de la pensée à travers l’avenir, et qui fut un prophète miraculeux de tout ce qui est advenu depuis sa mort, dans notre vieille société. […] » Jeudi 21 novembre Le notaire d’un de mes amis, lui disait ces jours-ci, qu’en présence des lois financières qui se préparaient, la plus grande partie des gens qui avaient de l’argent, le plaçaient à l’étranger, et qu’il regardait de son devoir d’avertir ses clients de l’effroi du capital français, devant l’avenir que lui préparait le gouvernement.
……………………………………………………… ……………………………………………………… ……………………………………………………… ……………………………………………………… Et plus loin : Non, tu ris avec moi de l’erreur où nous sommes ; Tu sais de quel linceul le temps couvre les hommes ; Tu sais que tôt ou tard, dans l’ombre de l’oubli, Siècles, peuples, héros, tout dort enseveli ; Qu’à cette épaisse nuit qui descend d’âge en âge À peine un nom par siècle obscurément surnage ; Que le reste, éclairé d’un moins haut souvenir, Disparaît par étage à l’œil de l’avenir ; Comme, en quittant la rive, un navire à la voile, À l’heure où de la nuit sort la première étoile, Voit à ses yeux déçus disparaître d’abord L’écume du rivage et le sable du port, Puis les tours de la ville où l’airain se balance, Puis les phares éteints qu’abaisse la distance, Puis les premiers coteaux sur la plaine ondoyants, Puis les monts escarpés sous l’horizon fuyants ; Bientôt il ne voit plus au loin qu’une ou deux cimes, Dont l’éternel hiver blanchit les pics sublimes, Refléter au-dessus de cette obscurité Du jour qui va les fuir la dernière clarté, Jusqu’à ce qu’abaissés de leur niveau céleste, Ces sommets décroissants plongent comme le reste, Et qu’étendue enfin sur la terre et les mers, L’universelle nuit pèse sur l’univers. […] Son salon était plein de promesses, presque toutes ont été justifiées depuis ; elle avait le tact de l’avenir d’un homme.
Ils ne se contentent pas de juger les faits du passé et du présent, mais encore ils délimitent l’action des peuples dans l’avenir ; ils posent des conclusions aussi antihumanitaires que démoralisantes. […] En parcourant récemment une revue, mes yeux se portèrent sur un article signé, je crois, par Jules Soury, et je m’arrêtai à un certain paragraphe ainsi conçu : « Quoi qu’on dise et quoi qu’on fasse, en dépit des humanitaires et des sentimentalistes, gens fort honorables mais plus pourvus de sentiments que d’esprit scientifique, la sélection la plus efficace, celle qui peut conserver les races fortes, c’est la guerre. » Et ailleurs, le même écrivain ajoute : « Depuis longtemps, nous avons démontré que la poésie et les arts étaient appelés à disparaître dans un avenir relativement prochain.
Dans la parole intérieure, il suffit que nous soyons compris de nous-mêmes : nous pouvons donc parler très bas, très vite, peu distinctement, abréger les phrases, remplacer les tournures et les expressions usuelles par d’autres plus simples ou plus expressives à notre goût, modifier la syntaxe, enrichir le vocabulaire par des néologismes ou des emprunts aux langues étrangères ; nous pouvons nous exprimer à nous-mêmes la nuance toute personnelle de nos sentiments par des termes dont nous créons le sens à notre usage, nous représenter des fragments considérables de notre passé, ou des vues d’ensemble sur notre avenir, par des expressions brèves qui reçoivent d’une convention tacite faite avec nous-mêmes cette force et cette ampleur de signification. […] L’antithèse de ces deux jugements est celle de l’espace et de la durée : la perception externe enveloppe toujours d’une façon ou d’une autre l’affirmation de l’étendue ; de même, la reconnaissance est l’affirmation du temps ; — non pas du temps, dira-t-on, mais du passé seulement ; — du passé, en effet, c’est-à-dire du temps, du temps réel, car le présent est un point indivisible, un néant de durée, qui ne peut contenir aucun événement ; l’avenir n’est qu’une hypothèse, un simple possible auquel nous croyons ; ce n’est pas une réalité dont nous ne puissions douter.
Par leur sérieux, par leur méthode, par leur exactitude rigoureuse, par leur avenir et leurs espérances, tous deux se rapprochent de la Science. » Et M. […] Comment saluer l’avenir en Cyrano de Bergerac 11 quand tout un passé s’y condense ? […] Il toucherait aux limites de l’âme humaine, du plus profond passé à l’extrême avenir. […] Alors il avoua (le préteur malade) qu’il possédait dans sa maison une chambre où était représenté tout le système des étoiles et qui lui permettait de prévoir l’avenir… Et Saint-Sébastien : « Aussi longtemps que cette chambre ne sera pas détruite, tu ne recouvreras pas la santé. » Sur cette indication de Jacques de Voragine, M. d’Annunzio devait s’en donner à cœur joie. […] Voilà pourtant ce qui menace l’avenir du jeune poète.
Et tout le honteux secret de ce que les négociateurs nous cachent, nous dérobent encore, et que peu à peu l’avenir nous dévoilera ! […] Tous ces jours-ci, pris d’une espèce de rage contre mon pays, contre ce gouvernement, je m’enferme, je me claustre dans mon jardin, tâchant de tuer ma pensée, mes souvenirs, mes appréhensions de l’avenir dans un travail abêtissant — ne lisant plus de journaux, et fuyant les gens à renseignements. […] Un aboyeur de L’Avenir national vocifère : Arrestation du général Chanzy. […] À l’instar des guerres d’animaux, cette invention doit amener la mangerie d’une race par l’autre, et cela condamne, dans un avenir prochain ; les Français ou les Allemands à disparaître de l’Europe.
Il passait ensuite, dans sa lettre, à lui-même et à son avenir : « Je m’ennuie et je suis triste, je ne te crois pas plus gai que moi, mais je n’ai pas même le courage de travailler. […] Quant à l’ennui douloureux qui le ronge, à son découragement en face de l’avenir, alors que tout s’ouvre devant lui, il n’y a rien, là dedans, qui lui soit particulier. […] Le même critique déclare dans un second article (23 février) qu’il y a « plus d’avenir » dans M. de Musset « que dans aucun des poètes de notre époque », compliment qui a trop l’air d’avoir été mis là dans le seul but d’être désagréable à Victor Hugo ; mais il faut, ajoute le journal, que l’« enfant » se mette à l’école s’il veut arriver à quelque chose. […] Il est juste d’ajouter que Musset laissait percer un dessein arrêté de marcher à l’avenir sans lisières.
Aucun. » Il en prend d’ailleurs très vite son parti : « J’entrevis que le but de ce premier voyage serait manqué… et, en attendant l’avenir, je promis à la poésie ce qui serait perdu pour la science. » Et alors au lieu de ce qu’il devait faire, voici ce qu’il fait (assure-t-il). […] Dans Obermann : L’avenir incertain, le présent déjà inutile, et l’intolérable vide que je trouve partout. […] Rouvrons le premier volume des Mémoires : De la concentration de l’âme naissaient chez ma sœur des effets d’esprit extraordinaires : endormie, elle avait des songes prophétiques ; éveillée, elle semblait lire dans l’avenir. […] Comment tracera-t-on des pages dignes de l’avenir, s’il faut s’interdire, en écrivant, tout sentiment magnanime, toute pensée forte et grande ? […] Il tiendra beaucoup à ce qu’on sache qu’il a joué, par magnanimité pure, un rôle de fidélité monarchique ; qu’il a l’esprit le plus libre ; qu’il n’eut jamais d’illusion ni sur les Bourbons, ni sur leur avenir ; et il prendra délicieusement, dans ses Mémoires, sa revanche de sa fidélité.
Donc, forcé d’éliminer bien des gens de talent ou d’avenir, j’ai pu faire place non pas à tous, mais à quelques-uns qui, pour n’être pas admis encore par le lecteur, n’en méritent pas moins comme travailleurs, leur part de soleil. […] Pris d’expansions folles, lui contait ses rêves, lui peignait Vérigny, sa maison, son avenir. […] La porte est la tomb Le sombre avenir des humains, Comme un jouet trop lourd qui tombe, Échappe à tes petites mains. […] L’un rempli du passé, l’autre de l’avenir ! […] Au temps où ses bottes de cuir Neuf lui donnaient, sur l’avenir Et sur l’espace, Un crédit presque illimité, Ainsi parlait mon chat botté… Hélas !
Il se reporte souvent en idée à ces deux mois de bonheur à Colombier, et il a l’air, par moments, de croire en vérité que son avenir est là. […] « En fouillant dans d’autres papiers, je trouvai une autre lettre d’une de mes parentes, qui, en me parlant de mon père, me peignait son mécontentement de ce que je n’avais point d’état, ses inquiétudes sur l’avenir, et me rappelait ses soins pour mon bonheur et l’intérêt qu’il y mettait. […] et par les mœurs, visant au nouveau par la tête et par les tentatives, il fut heureux qu’à une heure décisive, un génie cordial et puissant, le génie de l’avenir en quelque sorte, lui apparût, lui apprît le sentiment, si absent jusqu’alors, de l’admiration, et le tirât des lentes et misérables agonies où il se traînait.
Au contraire, lorsque j’allai voir l’abbé Lacordaire qui était dans une chambre au premier étage, je fus frappé du contraste ; celui-ci ne parlait qu’avec une extrême réserve et soumission des mécomptes qu’ils avaient éprouvés, et il employa notamment cette comparaison du grain « qui, même en le supposant de bonne nature, a besoin d’être retardé dans sa germination et de dormir tout « un hiver sous terre » : c’est ainsi qu’il expliquait et justifiait, même en admettant une part de vérité dans les doctrines de l’Avenir, la sévérité et la résistance du Saint-Siège.
Une seule direction, fut-elle même médiocre, assure l’avenir.
Ce n’est pas qu’elle portât une bien grande chaleur dans les divers sujets et dans les idées qui l’occupaient, ni aucune vue ou espérance d’avenir ; elle avait fait dès longtemps sa retraite dans la lecture et dans la pensée, n’y cherchant que le plaisir d’une réflexion solitaire.
Sur Sériosité, l’horoscope de Vaugelas est en défaut ; il lui avait prédit de l’avenir ; il croyait qu’on dirait bientôt : « Cet homme a de la sériosité », pour signifier du sérieux.
Mais le critique littéraire a un autre devoir que celui qui lit pour son plaisir ; il se préoccupe de la suite, de l’avenir de la langue et de la poésie.
Son faux Contrat social et le vrai contrat social (3e partie) I Finissons-en avec les théories imaginaires de ces législateurs des rêves, qui, en plaçant le but hors de portée parce qu’il est hors de la vérité, consument le peuple en vains efforts pour l’atteindre, font perdre le temps à l’humanité, finissent par l’irriter de son impuissance et par la jeter dans des fureurs suicides, au lieu de la guider sous le doigt de Dieu vers des améliorations salutaires à l’avenir des sociétés.
Seulement un bel hymne à l’avenir termine ce chapitre.
Mais les corps collectifs sont toujours poussés à prendre dans leurs antécédents les règles de leur avenir, M. de Lamennais fut nommé membre de la commission de Constitution: il se mit à l’ouvrage et chercha par la logique brutale du nombre à fonder sa société comme une troupe de sauvages sortis des bois ; il fonda les communes, puis il réunit toutes ces communes, et de leur réunion il fonda l’État, en sorte que l’État social matérialiste et se comptant par chiffre, et non par capacité ni par droits héréditaires et acquis, était l’expression seule du nombre et de l’impôt, abstraction faite de tout le reste, c’est-à-dire de la société tout entière.
Si nous étions à Florence, nous éprouverions quelque consolation, ne fût-ce qu’à revoir Laurent, lorsqu’il rentre chez lui ; mais ici nous sommes dans une anxiété continuelle, et quant à moi, la solitude et l’ennui me tuent ; la guerre et la peste sont sans cesse présentes à mes yeux : je déplore nos maux passés, j’anticipe sur ceux de l’avenir, et je n’ai plus à mes côtés ma chère madame Lucretia, dans le sein de laquelle je puisse épancher mes inquiétudes. » À sept ans, Jean, depuis Léon X, dont la vocation était de devenir un grand pape, recevait des bénéfices ecclésiastiques de Louis XI.
Mais Racine eût encore plus évité les expressions extatiques et mystérieuses qui remplissent, dans les drames allemands, les vides du dialogue, les exclamations prophétiques plus obscures que l’avenir même qu’elles concernent ; les descriptions indéterminées d’abîmes profonds, de forêts solitaires, de flots mugissants, de torrents impétueux, vaines syllabes, qui frappent l’oreille et n’apprennent rien à l’esprit.
Mais songez surtout à son accès de fureur prophétique, à ce qu’il a fallu de puissance poétique, de hardiesse artistique, pour concevoir et pour offrir à ce monde de raisonneurs et d’intellectuels un prophète, un vrai prophète, inspiré, délirant, dessinant l’avenir en images actuellement extravagantes.
Outre que, par les caractères des écrits qu’il a toujours aimés, comme s’y étant toujours reconnu, nous pourrions apprécier à toutes les époques ses véritables besoins, les distinguer de ses caprices, et travailler avec connaissance à régler son avenir d’après son passé.
Malherbe marqua le caractère et assura l’avenir de la haute poésie en France, le jour où il substitua au mécanisme qui permettait à Ronsard de faire deux cents vers à jeun, et autant après dîner122, un ensemble de difficultés ou plutôt un corps de lois qui devait interdire l’art aux vaines vocations, et ne le rendre accessible qu’aux poëtes vraiment inspirés.
Un papier timbré qu’il avait apporté stipulait des conditions qui me parurent étonnamment généreuses ; si bien que, quand il me demanda si je voulais que tous les écrits que je ferais à l’avenir fussent compris dans le même contrat, je consentis.
Les problèmes politiques et sociaux le passionnaient, mais en tant seulement qu’ils offraient quelque chose de saisissable, et surtout quelque rapport à l’avenir de l’art : « Nous n’aurons un art que le jour où l’on ne fera plus de politique » disait-il (IV, 377, VIII, 137. etc.) ; il était profondément religieux, mais toute théologie lui était antipathique au plus haut degré, il lui fallait voir de ses yeux le Christ crucifié et entendre de ses oreilles le soupir poussé sur Golgotha (Bayr.
Le vrai moyen de juger M. de Voltaire est donc de se transporter dans l’avenir ; de se mettre à la place de nos Descendans ; de leur supposer des lumieres, du goût, de l’honnêteté ; & de prononcer ensuite, en tâchant d’être leur organe.
Schiller et Goethe (c’était là leur crime) avaient traversé le moyen âge sans s’y emprisonner ; leur vrai domaine, c’était le présent et l’avenir.
Un moment il s’est cru, comme Mme de Staël le disait de lui, le grand promulgateur de la loi de l’avenir.
Il a semblé tout à coup, en présence du brusque élan de notre époque, que l’avenir s’éloignât désormais du passé d’une fuite trop prompte pour qu’il fût possible encore d’allonger le lien ; il a semblé qu’il le fallût briser.
En d’autres termes, si l’on conçoit sans peine que les ennemis de la vieille monarchie puissent rétrospectivement s’intéresser à ce roi, suicide de sa race, qui l’a frappée en sa personne, à cette fête de Sardanapale incendiaire qui a dévoré ses convives, à ce souper de soixante ans qu’on appelle le règne de Louis XV et qui semblait rendre après lui tout règne de ses descendants impossible, conçoit-on aussi facilement que les hommes, vassaux fidèles du passé, qui ont reconnu que ce n’était pas le passé seul, mais l’avenir pour eux, qui périssait dans un tel désastre ; puissent en parler autrement que pour le déplorer et le maudire ?
Aussi ai-je entendu sans grande émotion la sommation hautaine qui nous a été récemment adressée : « La république sera naturaliste ou elle ne sera pas. » Non, le naturalisme n’est point le jeune officier d’avenir destiné à être bientôt général.
Les Gaulois avoient des Druidesses à qui les prodiges ne coûtoient rien : elles prédisoient l’avenir, fomentoient & dissipoient les orages, excitoient & conjuroient les tempêtes.
Ainsi se prépara pour l’avenir une grande et sévère école, qui devait un jour égaler l’antiquité par de libres imitations et de fécondes différences.
Le futur absolu marque l’avenir sans aucune autre modification ; comme laudabo, je louerai ; accipiam, je recevrai. Le futur relatif marque l’avenir avec un rapport à quelque autre circonstance du tems ; il est composé du futur du participe actif ou passif, selon la voix que l’on a besoin d’employer, & d’une inflexion du verbe auxiliaire sum ; & le choix de cette inflexion dépend des différentes circonstances de tems avec lesquelles on combine l’idée fondamentale d’avenir. […] C’est la même chose dans caenavero ; ce n’est pas l’action de souper comme avenir que l’on a principalement en vûe, mais l’antériorité du souper à l’égard de l’entrée : cette anteriorité est donc en quelque sorte l’idée principale ; & le rapport à l’avenir, une idée accessoire qui lui est subordonnée. […] Il l’a appellé futur-parfait, parce qu’il y démêloit les deux idées de passé & d’avenir ; mais s’il avoit fait attention à la maniere dont ces idées y sont présentées, il l’auroit nommé au contraire prétérit-futur. […] Nous avons de plus deux futurs relatifs, qui marquent l’avenir avec un rapport spécial au présent ; & voilà en quoi conviennent ces deux futurs : ce qui les différencie, c’est que l’un emporte une idée d’indétermination, & n’exprime qu’un avenir vague, & que l’autre présente une idée de proximité, & détermine un avenir prochain, ce qui correspond au paulo-post-futur des Grecs ; nous appellons le premier futur défini, & le second futur prochain.
Tel était l’avenir rêvé par Dante, et qui tout à coup lui apparut comme réalisé dans la personne de Henri VII, qui, de concert avec le Pontife, venait revendiquer ses droits, imposer aux factions l’obéissance, remettre en Italie l’ordre et la paix, et lui rendre l’unité qu’elle avait perdue. […] Le cardinal-légat Bertrand du Poyet ou del Poggetto, envoyé par Jean XXII à Ravenne pour faire exhumer les os de Dante et jeter aux vents ses cendres, pensait exactement comme de nos jours le cardinal Pacca, chargé par Léon XII d’annoncer à l’abbé de Lamennais la condamnation du journal l’Avenir, et qui lui écrivait à cette occasion une phrase dont je me souviens mot pour mot, tant elle exprime clairement la doctrine pontificale touchant les libertés de la société civile et politique. « Si, dans certaines circonstances, dit le cardinal Pacca, la prudence exige de les tolérer comme un moindre mal, elles ne peuvent jamais être présentées par un catholique comme un bien, ou comme un état de choses désirable. » Je cite fidèlement, bien que de mémoire.
Je lui conseille d’être polie à l’avenir, et le public, sectaire ou non, la laissera mourir en paix. […] D’où je conclus que les d… auront beaucoup de mérite à l’avenir, et en même temps toute l’hilarité d’un lord anglais.
Expérience faite, je suis sûr de le retrouver quand il me plaira ; de sa présence constatée toutes les fois qu’à la lumière j’ai tourné les yeux vers lui, j’induis sa présence constante, toutes les circonstances demeurant les mêmes, en quelque moment du temps que j’aie tourné ou que je doive tourner les yeux sur lui, en un moment quelconque du passé et de l’avenir ; il les occupe donc tous. […] Nous nous rappelons que notre perception extérieure, réduite à ce qu’elle contient de vrai, n’est qu’une assertion générale, l’énonciation d’une loi, une sorte de prédiction, valable pour le passé comme pour l’avenir, la prédiction de tels événements, sensations ou équivalents de sensations, comme possibles à telles conditions, comme nécessaires aux mêmes conditions plus une condition complémentaire.
En effet, la pruderie est pour ainsi dire l’unique avenir d’une coquette. Célimène semble le pressentir ; mais, éblouie par les adorations de ses amants, cet avenir lui semble trop éloigné pour qu’elle puisse le croire redoutable.
Et maudite dans ce qu’elle entreprenait de sage, de raisonnable, comme mère de famille, perdant dans de malheureuses affaires, les placements qu’elle faisait en vue de l’avenir de ses enfants : placements faits à force d’économies et de retranchement sur elle-même. […] » Et elle me parle du mépris de Porel pour la presse, qui a éreinté tout ce qu’il a joué d’artistique. « Du reste, pour prouver l’inintelligence des journalistes, ajoute-t-elle, figurez-vous que lorsque j’ai joué Germinie Lacerteux, j’ai reçu haut comme cela de lettres — et ses deux mains dessinent la grandeur d’une cassette — pour me détourner de la jouer… et c’étaient des amis… des gens qui m’étaient attachés… et qui le faisaient, dans l’intérêt de mon avenir… Eh bien, si je les avais écoutés, je serais restée une moule !
Si nous essayons de préjuger l’avenir, nous pouvons prédire presque avec certitude que ce sont les groupes d’organismes aujourd’hui étendus et triomphants, ceux dont la série spécifique est la plus compacte, c’est-à-dire qui n’ont encore souffert que peu d’extinctions, qui continueront de s’accroître pendant une longue période. […] Nous pouvons de même prophétiser, d’après l’accroissement rapide et continu des groupes dominants, qu’une multitude de groupes inférieurs s’éteindront entièrement, sans laisser de descendants modifiés et, conséquemment, que, parmi les espèces vivantes à une époque donnée, il en est seulement un fort petit nombre qui enverront des descendants jusque dans un avenir très éloigné.
. — Blaise Cendrars est vraisemblablement un des « avenirs » de notre littérature. […] Un Paradis de lumière où des saints auréolés cheminent, vêtus de brocarts drapés et rutilants d’escarboucles, pour elle a déplacé dans l’inconnaissable avenir les splendeurs ébouissantes qu’elle ne pourra pas approcher.
Reviens, comme le sage à qui doit ton pays Le contrat immortel de ses droits envahis, Contraindre l’avenir de son pieux hommage À visiter le toit de cet autre hermitage ; Qu’il associe un jour en des nœuds éternels Votre double mémoire et vos noms fraternels, Et qu’ensemble admirés, Paris immortalise Les bois de Velléda, les vallons d’Héloïse. […] Qui voudrait à l’avenir s’aventurer auprès de toi ? […] Tu vas voir à présent, si tu me donnes confiance en toi, ce que je ferai alors pour toi aussi… Je t’en supplie, ma belle Marie, au lieu de m’effrayer et de me menacer comme tout à l’heure, ne fais plus autre chose que de me rassurer sur l’avenir, afin que je puisse penser et écrire pour toi… » Les griefs cocasses de la cabotine aboutissaient souvent à ces odieux manèges féminins, qui désespèrent en aiguillonnant. […] Ballotté entre le passé et l’avenir, il s’en allait à la dérive.
Il y a des gens, dira quelqu’un, un de ces jours, qui sont mal logés, mal couchés, mal habillés, plus mal nourris ; qui essuient les rigueurs des saisons ; qui se privent eux-mêmes de la société des hommes et passent leur vie dans la solitude ; qui souffrent du présent, du passé et de l’avenir ; dont la vie est une pénitence continuelle et qui ont trouvé ainsi le secret d’aller à leur perte par le chemin le plus pénible ; ce sont les avares. […] Déjà au début du XVIIe siècle, Fénelon, qui a toujours beaucoup d’avenir dans l’esprit, par sa manière de définir la comédie, trace le programme de la comédie élargie, c’est-à-dire du drame.
C’est ce que Verlaine constatait, quand il disait : « J’ai l’honneur de connaître nombre de jeunes poètes, dont la plupart ont le plus bel avenir ouvert devant eux, sur de toutes autres perspectives que le poète qui m’occupe si sympathiquement. […] Ce rapprochement établirait un lien durable entre ceux qui sont le passé et ceux qui seront l’avenir ; et cette union ne ferait qu’accroître la gloire et la dignité des Lettres Françaises. […] Ses premiers romans plurent à Alphonse Daudet, qui lui prédisait, sans jeu de mots, un bel avenir. […] Il n’attendait plus rien, ni des jours, ni des heures, ni du présent, ni de l’avenir, que des livres à lire et des feuilles de papier blanc à noircir. […] De toutes les qualités qui expliquent son influence, la plus personnelle, la plus précieuse, celle que nul ne lui conteste, c’est la foi patriotique, le don de vigilance et de prévoyance, le sentiment qu’elle eut toujours des nécessités que commandaient l’intérêt et l’avenir de la France.
On ne réfute pas un écrivain aussi voué, à l’avance, au mépris de l’avenir.
Pareillement, dans les derniers temps, il faut être noble pour être reçu maître des requêtes, et l’on décide secrètement qu’à l’avenir « tous les biens ecclésiastiques, depuis le plus modeste prieuré jusqu’aux plus riches abbayes, seront réservés à la noblesse ». — De fait, toutes les grandes places, ecclésiastiques ou laïques, sont pour eux ; toutes les sinécures, ecclésiastiques ou laïques, sont pour eux, ou pour leurs parents, alliés, protégés et serviteurs.
Il ne montait à la tribune que pour les voir de plus haut ; plus tard il ne vit qu’elles du haut de l’échafaud, et il s’élança dans l’avenir, jeune, beau, immortel dans la mémoire de la France, avec tout son enthousiasme et quelques taches déjà lavées dans son généreux sang.
ce présent n’a qu’un jour ; ils habitent, dans la permanence de leurs pensées, avec les immortels de l’histoire et de l’art ; ils sont contemporains de tous les passés et de tous les avenirs ; ils sont les abstractions supérieures de notre infime personnalité ; ce qu’ils habitent le moins, c’est notre terre : leur conversation, comme dit l’Apôtre, est avec les esprits invisibles ; purs esprits eux-mêmes, ils sont imperméables à nos misères de fortune ou de vanité.
… Le monde n’est pas mon endroit ; mon avenir serait fait alors, et je ne sais ce qu’il sera. » XXI On l’invite dans les environs à assister à la fonte d’une cloche.
C’était lui et sa belle fiancée agenouillés devant l’autel, le Père Buquet les bénissant et leur parlant d’avenir, la foule assistante, le chant de l’orgue, cette quête pour les pauvres où j’avais quelque embarras, la signature à la sacristie, tant de témoins de ce brillant contrat avec la mort. — La rencontre dehors d’un char funèbre ; le déjeuner à côté de vous où vous me disiez : “Que votre frère est beau !
L’un, le mystère du passé ; l’autre, le mystère de l’avenir.
Les mondes que tu répares Devant toi vont rajeunir, Et jamais tu ne sépares Le passé de l’avenir.
Elle écrit alors le Compagnon du tour de France (1840), Consuelo (1842), le Meunier d’Angibault (1845), le Péché de Monsieur Antoine (1847) ; elle crée un roman social et humanitaire, où elle expose son rêve d’un âge d’or, entrevu dans l’avenir, établi par l’égalité et la fraternité, et par la fusion des classes.
Quant aux Grecs, ils s’occupaient médiocrement de l’avenir de l’homme par-delà la tombe et pensaient que cette vie peut être à elle-même son propre but.
Il y a d’ailleurs de frappantes analogies entre les deux époques de grandes choses qui finissent, la religion et la société politique dans l’empire romain, le catholicisme du moyen âge, et la féodalité dans la France du xvie siècle ; de grands bouleversements, des révolutions, le règne de la force, qui détache les esprits méditatifs d’une société où personne n’a protection, et les ramène sur eux-mêmes ; le même doute aux deux époques par des causes différentes ; dans Rome en décadence, parce que les vieilles croyances y sont éteintes et laissent l’homme en proie à lui-même ; dans la France du seizième siècle, parce qu’on est placé entre d’anciennes formes qui disparaissent et un avenir qu’on ignore.
C’est l’occasion de retracer la naissance des arts et la définition de chacun de leurs domaines respectifs comme Wagner l’avait fait dans L’Œuvre d’art de l’avenir et Opéra et Drame.
L’Avenir sourira, limpide, dans leurs yeux Et, quand ils parleront, la foule doit se taire.
Elle est pauvre, car elle a placé sa dot, à fonds perdus, sur la tête de son père ; elle s’est dépouillée pour l’envelopper de bien-être ; elle s’est faite misérable dans l’avenir pour assurer l’aisance de ses derniers jours.
Ce siècle avait tant fait, qu’il fallait bien qu’il laissât quelque chose à faire à l’avenir.
La réflexion est ainsi incitée à se détourner de ce qui est l’objet même de la science, à savoir le présent et le passé, pour s’élancer d’un seul bond vers l’avenir.
L’avenir la résoudra, mais nous pouvons la préjuger.
L’avenir pourra bien, un jour, rogner un pan de sa trop vaste gloire, mais, pour le moment, elle subsiste encore et brille de toute la splendeur de l’esprit de ceux qui l’acceptent… Or, pour cette raison et cette unique raison, je parlerai de son Pape, de ce poème qui, par le fait de la renommée de son auteur et par les idées qu’il exprime, pourrait bien avoir le triste honneur d’être dangereux.
Seulement, avec ces dix romans de l’avenir, je ne crois point, sauf erreur, que M.
Dès lors, il doit choisir : ou bien il abandonne le sujet, n’ayant aucun goût pour des opérations matérielles qu’il sait nécessaires, mais dont il prévoit qu’elles absorberaient son activité tout entière ; ou bien il se décide à entamer les travaux critiques préparatoires, sans se dissimuler qu’il n’aura probablement pas le temps de mettre lui-même en œuvre les matériaux qu’il aura vérifiés, et qu’il va travailler par conséquent pour l’avenir, pour autrui.
Au point de vue de sa dignité, elle a satisfaction ; elle a été acceptée comme impératrice par le Sénat ; elle quittera Rome, sinon le front couronné, du moins le front haut ; mais elle craint l’avenir pour Titus. […] Il montrait que c’était une pièce qui devançait les temps, et qui contenait beaucoup d’avenir. […] Cet écueil tôt ou tard saura nous désunir : Toi, soldat du passé, moi vaillant qui prépare Le riant avenir. […] Indiana, qu’on a donné pour un plaidoyer contre le mariage et l’amour, se résout dans une affection pure et sereine, assez sûre d’elle-même pour ne craindre ni la durée ni le nombre des jours pareils, assez sainte et sérieuse pour demander à Dieu de la bénir, assez dévouée pour compter sur l’avenir. […] La majorité des opinions qui a disposé de nos destinées jusqu’à ce jour et qui n’a pas su nous donner un état social libre et logique a été médiocre, en effet, et c’est une douce punition que de la vouer au ridicule… Nous ne pouvons exiger d’un artiste qu’il nous raconte l’avenir ; mais nous pouvons le remercier de nous faire d’une main ferme la critique du passé.
Il devient un vivant exemple de ce que lui-même a si bien dit, d’après Horace, dans la description des quatre âges : L’âge viril, plus mûr, inspire un air plus sage ; Se pousse auprès des grands, s’intrigue, se ménage ; Contre les coups du sort songe à se maintenir, Et loin dans le présent regarde l’avenir. […] Quelquefois un détail suffit. — Quand notre Balzac, encore inconnu, s’essayait sous vingt pseudonymes et écrivait, pour se faire la main, une trentaine de volumes, que depuis il ne reconnut jamais, il avait, s’il faut en croire son ami Dutacq, collaboré à un petit livre intitulé : « l’Art de mettre sa Cravate de toutes les manières connues et usitées, enseigné et démontré en seize leçons ; précédé de l’Histoire complète de la Cravate depuis son origine jusqu’à ce jour ; de Considérations sur l’usage des cols, de la cravate noire et de l’emploi des folards, etc. » On faisait voir, dans ce traité, comme quoi chaque profession, chaque classe sociale a une façon particulière de se cravater, et comment d’un coup d’œil, à la cravate seule, vous pouvez deviner le caractère d’un homme, son passé, son présent, son avenir. […] l’a mise d’avance dans ce visage fatidique, comme s’il avait su l’avenir !
Il voyait dans l’avenir le pensionnaire de l’Odéon ; le pensionnaire de l’Odéon qui grille d’être pensionnaire de la Comédie-Française ; le pensionnaire de la Comédie-Française qui brûle d’être sociétaire et d’être appelé M. le semainier, et M. le sociétaire-semainier qui rêve le ruban violet, et M. le sociétaire-semainier-violet qui rêve d’avoir à la boutonnière un morceau de la robe rouge du grand cardinal ! […] Il vivait à l’avance la vie morale de toutes les générations théâtrales de l’avenir. […] N’oublions pas que Balzac, dont la partie romanesque nous frappe surtout à cette heure et nous choque, a, pour son temps, une partie réaliste très forte, très solide, et qui fait qu’il dure ; et n’oublions pas que, de lui, c’est cela qu’Augier et Dumas ont transporté dans leurs petites drôleries ; n’oublions pas, bien que, d’une génération à l’autre, ce qui était audace devienne timidité, et ce qui était nouveau paraisse vieillerie, qu’Augier et Dumas, après le conventionnel mélodramatique et le conventionnel… scribesque, ont été les créateurs ou les réparateurs du théâtre réaliste en France, et les auspices de toutes les destinées, quelles qu’elles soient, que l’avenir lui réserve. […] Le lendemain d’un jour si fortuné pour moi, Quand, le cœur plein encor d’émotions si chères, Et tout chargé de prix, j’allai voir les bons pères, Mon principal me dit avec paternité : « Vous entrez aujourd’hui dans la société ; L’avenir est à vous, le passé vous protège ; Vous fûtes, mon ami, le premier au collège : Indubitablement vous le serez partout.
. — Avenir du protestantisme en Angleterre. […] Relève ceux qui sont pénitents, selon tes promesses déclarées au genre humain par le Christ, Jésus, Notre-Seigneur, et accorde-nous, ô miséricordieux Père, pour l’amour de lui, que nous puissions à l’avenir avoir une vie pieuse, droite et sage350… Dieu tout-puissant et éternel, qui ne hais rien de ce que tu as fait, et qui pardonnes les fautes de tous ceux qui se repentent, crée et fais en nous un cœur nouveau et contrit, afin que nous déplorions, comme il convient, nos péchés, et que, reconnaissant notre misère, nous puissions obtenir de toi pardon et rémission entière351… » Toujours revient la même idée, l’idée du péché, du repentir et de la rénovation morale ; toujours la pensée maîtresse est celle du cœur humilié devant la justice invisible et n’implorant sa grâce que pour obtenir son redressement. […] À côté de lui, Chillingworth, esprit militant et loyal par excellence, le plus exact, le plus pénétrant, le plus convaincant des controversistes, protestant d’abord, puis catholique, puis de nouveau et pour toujours protestant, ose bien déclarer que ces grands changements opérés en lui-même et par lui-même à force d’études et de recherches « sont de toutes ses actions celles qui le satisfont le plus. » Il soutient que la raison appliquée à l’Écriture doit seule persuader les hommes ; que l’autorité n’y peut rien prétendre ; « que rien n’est plus contre la religion que de violenter la religion371 » ; que le grand principe de la réforme est la liberté de conscience, et que si les doctrines des diverses sectes protestantes « ne sont point absolument vraies, du moins elles sont libres de toute impiété et de toute erreur damnable en soi ou destructive du salut. » Ainsi se développe une polémique, une théologie, une apologétique solide et sensée, rigoureuse dans ses raisonnements, capable de progrès, munie de science, et qui, autorisant l’indépendance du jugement personnel en même temps que l’intervention de la raison naturelle, laisse la religion à portée du monde, et les établissements du passé sous les prises de l’avenir.
Rochambeau lui répond, et on remarque cette phrase, qui va juste à l’adresse de ce même sentiment d’honorable susceptibilité auquel nous avons vu déjà Washington répondre : « C’est toujours bien fait, mon cher marquis, de croire les Français invincibles ; mais je vais vous confier un grand secret d’après une expérience de quarante ans : Il n’y en a pas de plus aisés à battre, quand ils ont perdu la confiance en leur chef ; et ils la perdent tout de suite, quand ils ont été compromis à la suite de l’ambition particulière et personnelle. » La Fayette alors se retourne vers Washington, et sollicite de lui une certaine expédition dont il précise les bases, qui aurait de l’éclat, dit-il, des avantages probables pour le moment et un immense pour l’avenir ; qui, enfin, si elle ne réussit pas, n’entraîne pas de suites fatales. […] Au-dessus de l’utilité immédiate et disputée qu’il eût pu apporter au pays par une intervention en armes, il y avait pour lui, homme de conviction, quelque chose de bien plus considérable dans l’avenir.
Vous distinguerez dans la science les doctrines solides que la discussion n’ébranle plus, les larges idées que le choc des systèmes purifie et déploie, les promesses magnifiques que les progrès présents ouvrent à l’ambition de l’avenir. […] Wood a soin de fabriquer une douzaine ou deux de sous en bon métal, les envoie à la Tour, et on les approuve, et ces sous doivent répondre de tous ceux qu’il a déjà fabriqués ou fabriquera à l’avenir !
Elle nous dira aussi plus complètement la vraie femme de trente ans, apparue en une fuite dans la Fée des Chimères, celle qui ne sait plus sourire et qui dit, les regards brûlants : « Marchons… foulons l’avenir… Je veux vivre ! […] Ohnet, il porte le pantalon rouge de l’officier d’avenir. […] Éprise du grand Condé, elle lui conseille la lâcheté de la soumission au Mazarin plutôt que le geste orgueilleux d’une révolte que l’avenir pourrait appeller trahison. […] Il y a, en effet, trois sortes d’éducation : la bonne, celle qui ne réussit pas du tout, qui se contente de faire perdre du temps ; la médiocre, qui apaise le présent et exaspère l’avenir ; la mauvaise, qui réussit tout à fait et qui est une voleuse d’énergie.
Les anciens, dit-il, signalent des plantes qui congèlent l’eau, forcent les lions à se coucher, allument des incendies, font deviner l’avenir, font rire tant et plus qu’on ne veut, dessèchent, jetées dedans, les étangs, arrêtent l’élan d’une armée, et cent autres merveilles. […] L’accident n’est jamais une chose présente : il a été et il sera, mais il ne sera jamais, dans l’avenir, ce qu’il a été dans le passé. […] Tant de machines en mouvement, tant de mines creusées jusqu’aux abîmes, tant d’appareils de destruction imaginés et essayés par tous les Etats, assurent à l’accident un avenir incomparable. […] Il y a deux voies pour le prophète : ou annoncer un avenir conforme au passé, — ou se tromper.
Réfléchissant que d’ici là le temps était long et que bien des choses pouvaient arriver, Fromentin, en novembre 1839, partit allègrement pour Paris sans que, probablement, une future étude de maître Fromentin figurât bien vive dans ses rêves d’avenir. […] « Mon tableau a réussi au-delà de mes espérances, mon père est converti, je suis libre ; je suis peintre ; mon avenir est entre mes mains. » Cet avenir, il le voit alors dans l’orientalisme. […] Amiel ne se doutait guère de l’avenir.
Étienne Arago à son tour intervint plume en main dans la querelle ; il reprit et soutint dans son feuilleton de L’Avenir national la thèse qu’avait déjà plaidée avec son éloquence habituelle M. […] Oui, dit-il, goûtez à votre aise et justement en celle-là tant de fins mérites et de solides vertus ; mais, en songeant à son avenir de femme (comme à celui des filles que vous voulez former sur ce modèle), n’applaudissez pas trop à ce qui entre de maturité précoce et de virilité d’esprit dans cet idéal créé par le poète ; et, telle qu’elle est, ne vous promettez pas pour elle, aussi sûrement que vous le faites, un bonheur, un particulier lot de bonheur, dans le mariage, qui ferait exception au mélancolique arrêt prononcé par l’auteur des Maximes : « Il y a de bons mariages ; il n’y en a pas de délicieux7 ». […] » Eh bien, lorsque avec ce mélange d’autorité et de terreur chrétiennes, avec cette dureté froide, cette joie presque violente, l’implacable et religieux Bossuet appliquait si magnifiquement à Molière cette condamnation contenue dans le verset de l’Écriture : « Malheur à vous qui riez, car vous pleurerez », on pouvait dire que les mots de cette prédiction tombaient bien à faux, et qu’il était bien superflu de faire planer les menaces de la seconde partie du verset sur l’avenir de Molière ; elles s’étaient déjà très suffisamment réalisées dans son passé. […] ——— Timaule, né pauvre, a vingt-trois ans et du génie, mais point d’autre titre que celui de sous-lieutenant ; les filles de parvenus passent près de lui sans le regarder et pas une ne voudrait descendre jusqu’à partager son glorieux avenir.
Presque toutes les questions effleurées avec une sagacité sans pareille dans le Dialogue de Tristan et d’un ami sont de celles qui intéressent encore les philosophes et les critiques. « Je comprends, dit Tristan, et j’embrasse la philosophie profonde des journaux, lesquels, en tuant toute autre littérature, toute autre étude, trop sérieuse et trop peu divertissante, sont les maîtres et la lumière de l’âge moderne. » Déjà, de son temps, les flatteurs du populaire disaient, comme les socialistes d’aujourd’hui : « Les individus ont disparu devant les masses. » Déjà, la bêtise grave affirmait : « Nous vivons dans une époque de transition », comme si, reprend Tristan, toutes les époques et tous les siècles n’étaient pas une transition vers l’avenir ! […] Spencer renoue donc, par-dessus les siècles, la science nouvelle à la science la plus ancienne : s’il avait eu conscience de cet acte, cela aurait sans doute réduit son optimisme à des proportions modestes, car, au lieu de contempler le progrès tel qu’une ligne droite, il l’aurait vu s’enfoncer dans l’avenir selon des courbes hasardeuses qui peuvent finalement aboutir, aussi bien qu’à un épanouissement, à une régression définitive. […] Il n’en va pas de même de la croyance au bonheur futur, humain et terrestre, Quand la foi se porte vers un avenir qui tombera nécessairement sous nos sens ou ceux de nos descendants, il est bon d’y mêler quelques grains de doute et d’ironie. « L’ivrognerie du vin est un vice redoutable, dit M. […] A la vérité, une modification plus grave, s’il est possible, nous est, fort discrètement d’ailleurs, promise pour l’avenir. […] C’est le public tout entier, celui des écrivains et celui des liseurs qui est convié à donner son jugement, les fames come les homes, et même, car il s’agit de l’avenir, les anfans.
Vous serez traîné dans la boue avec votre livre, et l’on vous citera dans l’avenir comme un homme capable d’une infidélité et d’une hardiesse auxquelles on n’en trouvera point à comparer. […] Ne riez pas : c’est moi qui anticipe sur l’avenir, et qui sais sa pensée. […] Je ne vais point là pour le plaisir de voir M. l’écuyer ; s’il s’interpose à l’avenir, comme il l’a fait pendant un mois, et comme on l’a autorisé à faire pendant dix ans, il vaut mieux que je reste chez moi. […] J’ignore ce que l’avenir me prépare ; mais, pardieu, s’il m’arrive quelques-uns de ces essais scabreux où je sois forcé d’en déchanter sur mon compte, hé, pardieu, j’en déchanterai bien franchement ; et attendez-vous que je dirai comme l’abbé de La Porte : Je me croyais quelque chose ; mais j’ai découvert que je n’étais qu’un plat bougre, comme un autre. […] Il fallait bien que vous crussiez aveuglément ce que nous vous disions ; il fallait bien que vous allassiez comme je vous menais ; et je préviens tout libraire auquel je puis avoir affaire à l’avenir que je n’en userai pas autrement avec lui.
C’est dans un tel état de choses, anarchique tant qu’on le voudra, mais riche d’éléments, fécond de germes, et qui a peut-être encore son avenir, si, comme nous l’espérons, la France a le sien, — c’est dans un tel moment ou jamais que de telles œuvres peuvent avoir à la fois toute leur liberté d’exécution et leur part d’efficacité.
. — Hier signifie pour elle dans le passé, et demain, dans l’avenir ; aucun de ces deux mots ne désigne dans son esprit un jour précis par rapport à celui d’aujourd’hui, le précédent ou le suivant. — Voilà encore un exemple d’un sens trop vaste qu’il faudra rétrécir. — Il n’y a presque pas de mots employés par un enfant dont le sens ne doive subir cette opération.
Il ne s’inquiète point de l’avenir ; il pourvoit au présent, et subit le mal patiemment quand le mal le rencontre.
En plaçant sa cendre à côté de celle des apôtres et sous la consécration de l’art, il crut la consacrer deux fois au respect de l’avenir.
Plus on va, plus la décomposition s’avance et s’étale aux yeux les moins clairvoyants ; la façade, qui longtemps se maintient, ne cache plus l’effondrement interne ; mais plus aussi l’avenir mêle ses lueurs aux reflets du passé : et cependant rien ne se fonde, et le xve siècle se clôt, en laissant l’impression d’un monde qui finit, d’un avortement irrémédiable et désastreux95.
avenir !
Il s’en dédommage en construisant dans l’avenir.
Si notre temps aime le théâtre, c’est qu’il vit peu, trop occupé de faire, de fonder l’avenir.
C’est elle qui l’illumine du don prophétique, en dissipant les ténèbres qui obscurcissent l’avenir.
Une femme qu’il avait aimée, Planesia, sœur de Chrysilla, maîtresse de Périclès, s’est déshonorée devant l’avenir par les outrages qu’elle adressa à Eschyle publiquement.
Elle en épouvante, et elle avertit le présent de l’avenir qui le menace… Tout le temps, en effet, que les principes révolutionnaires tiendront dans la tête de la France contemporaine la place qu’ils y tiennent, tout le temps qu’elle se réclamera avec orgueil de ses Origines, il y aura des Jacobins… et ce que M.
Car voilà l’incroyable fascination du génie de Balzac, que ce qu’il n’a pas peint nous croyons le voir, et que nous le voyons dans ce qu’il a déjà peint, — comme on voit l’avenir dans le passé, disait Leibnitz.
Ce dieu manifeste la volonté de son père, le maître souverain des hommes et des dieux, et prédit l’avenir ; ses oracles règlent la destinée des États, des familles et des individus. » Cet enclos est en forme de quadrilatère ; il a environ deux cents mètres de longueur, du sud au nord, et cent vingt mètres de largeur. […] Si le sens de la joie apparaît moins que celui de la beauté autour de la demeure du dieu qui révèle l’avenir, il ne faut pas non plus, dit-il, se le représenter comme semblable au « dieu jaloux et féroce d’autres religions ». […] Louis XV et sa Pompadour ne furent pas plus perspicaces et ne prévirent nullement l’extraordinaire avenir de la Prusse ; ils s’allièrent à l’Autriche pour exercer des représailles contre Frédéric, qui les avait bafoués en prose et en vers, et pour reconnaître les politesses de Marie-Thérèse, qui flagornait diligemment la favorite. […] Il est vrai que Michelet a écrit : « L’ennemi, c’est le passé… » Mais voilà une formule dont le sens est très clair : il entend par là ce qu’il y a de mauvais dans le passé, le despotisme, la persécution religieuse ; et il ajoute que l’ami, c’est l’avenir, parce qu’il l’espère meilleur, plus libéral et plus humain. […] Il a foi, il veut avoir foi dans l’avenir, il se comporte en homme dont la confiance est entière.
Elle l’encourageait d’abord à la littérature, et fondait sur son avenir d’ambitieux espoirs qui furent déçus. […] Qu’à l’avenir il fasse donc revoir ses épreuves par un humaniste de moyenne force ! […] D’où les traits fameux sur le crocodile, le gorille féroce et lubrique, le diagnostic si sombre sur notre avenir national et toute cette allure de pamphlet. […] Il leur faut donc se tourner vers le passé ou l’avenir, à moins que ce ne soit vers un autre pays embelli par leur imagination. […] Maeterlinck ne cherche pas à savoir pour le plaisir de savoir, mais pour percer l’avenir, jeter un coup d’œil sur l’au-delà, pénétrer les mystères d’outre-tombe.
., même s’il y a des dames ; son avenir est vite assuré ; peu à peu il s’adoucit et quand ses vers paraissent dans une revue, c’est un mouton, de tigre qu’il était. […] Jusqu’à présent, Madame, nous avions suivi nos goûts sans nous demander s’ils étaient ce qu’il faut qu’ils soient… Mais si, à l’avenir, il doit en être autrement, Antoine m’avertira et je me conformerai exactement à ses instructions. […] La générale avait d’abord pensé qu’il n’était peut-être pas convenable de laisser prédire l’avenir dans une fête de charité. […] À quel avenir est-elle réservée ?
Il se montre effrayé pour l’avenir de la nation du célibat ecclésiastique et des biens de mainmorte et il se répand en plaisanteries sur les dogmes de la religion même chrétienne. […] Ce projet Béraud exigeait le vote d’une loi spéciale pour autoriser à l’avenir l’ouverture de quelque établissement d’enseignement privé que ce fût. […] Le présent peut nous réserver encore quelques tristesses et quelques déceptions ; mais l’avenir nous donnera raison. » La loi fut votée. […] Buisson avait donné des arguments « pour l’avenir », c’est-à-dire contre les prêtres séculiers, et des arguments démontrant très exactement le contraire de la thèse soutenue par lui. […] Cet homme-là, c’est l’homme que veulent les partisans du monopole de l’enseignement ; c’est pour eux l’homme de l’avenir.
Que si, d’autre part, à mesure que la querelle s’animait et que chacun des deux adversaires découvrait le fond de sa pensée, Bossuet a redouté pour l’avenir l’application des principes politiques de Fénelon, il n’y a rien là qui ne soit à son honneur, et en tout cas qui ne fût absolument de son droit. […] Il remarque ingénieusement que, de quelque côté que « cet infortuné tourne les yeux », il ne voit rien que d’accablant et de désespérant : 1º dans le passé, 2º dans le présent, 3º dans l’avenir. […] Trois développements, mis bout à bout, feront une division du discours ; nous aurons donc une division sur les souvenirs du passé, une division sur les accablements du présent, une division sur les terreurs de l’avenir. […] Moi, je n’en crois rien ; je crois que les Russes écraseront les Turcs par contre-coup, et ne feront qu’agrandir et réveiller le Polonais, comme Philippe II et la maison d’Autriche écrasèrent l’Allemagne et l’Italie en voulant troubler la France, et ne firent qu’ennoblir votre nation. » C’est au mois de juin 1771, à la veille des fameux partages de la Pologne, que Galiani lit si clairement dans l’avenir.
Un avenir inconnu l’attendait : la misère pouvait bien l’atteindre, mais il quittait la vie de la campagne, qu’il abhorrait. […] J’ai devant moi les ténèbres de la tombe, et non point un avenir couleur de rose. » Lavretzky eut pitié du vieillard et lui demanda pardon.
Dimanche 26 mai Une classe curieuse que les tout derniers éditeurs de l’heure actuelle, des éditeurs qui sont des commerçants, ayant fait leur fortune dans des industries ou des négoces inférieurs, et qui, sans aucune connaissance de la partie, croient se relever de leur passé, et anoblir leur avenir par le débit de productions de l’intelligence. […] Et ce soir, Daudet parlant avec moi de la surexcitation amenée dans l’humanité française par l’Exposition, se rencontre avec nous dans le noir pressentiment de l’avenir.
Avec son influence immense sur les lettres contemporaines, voilà ce que l’avenir reconnaîtra encore à Zola. […] Zola convient que son style, loin de posséder cette simplicité et cette pureté qui rapprochent, en quelque sorte, la nature de l’esprit et l’objet du sujet, cette sobriété qui exprime chaque idée par les mots strictement nécessaires et propres, est surchargé d’adjectifs, panaché, enrubanné et bariolé à l’infini, si bien que l’avenir le jugera peut-être de qualité inférieure. […] La postérité, c’est-à-dire les savants, les érudits et les critiques de l’avenir, procédant avec ordre et avec logique, mettront chaque écrivain où il doit se trouver, diviseront, classeront et considéreront les plus indiscutables génies, comme les représentants d’une époque littéraire.
Vous ne doutez pas que je ne vous le sois toute ma vie : elle ne durera pas long-temps, & bientôt la mort va me dérober au présent qui m’attriste & à l’avenir qui m’effraye ». […] « Soyez à l’avenir plus réservés dans vos articles ; apprenez à respecter la religion, l’état, le public, Scot & les cordeliers. […] Défenses furent faites à lui, à tous ses adhérans & adjoints, non médecins de la faculté de Paris, d’exercer à l’avenir la médecine, de donner des consultations, de tenir aucune conférence ou assemblée dans le bureau d’adresse ou autres lieux de la ville & fauxbourgs de Paris. […] Il eut défense de prêter à l’avenir sur gages, jusqu’à ce que la cour en ordonneroit autrement.
Il ajoutait d’ailleurs, dans un sentiment très judicieux : L’Académie, en vous adoptant si jeune, non seulement s’assure une plus longue jouissance de vos talents, mais elle donne en votre personne un exemple propre à réveiller dans notre jeune noblesse le goût des belles-lettres, qui semble s’y éteindre peu à peu ; c’est ce qui nous fait craindre pour l’avenir un temps où la noblesse ne se distinguera plus du commun des hommes que par une férocité martiale.
Ils se disputaient à l’envi le patronage des hommes éminents propres à illustrer leur nom et leur règne dans l’avenir.
C’est la famille qui est l’homme, car elle est l’homme dans les trois temps de son être : le passé, le présent, l’avenir.
Je vous prie seulement de m’adresser directement à l’avenir ce que vous pourriez avoir à me faire passer.
C’est là que gémissait Marie Stuart, opprimée sous les violences des lords presbytériens, déchirée par le remords, troublée par les fantômes du passé et par les terreurs de l’avenir. » Elle y portait dans son sein un fruit de son criminel amour ; elle y mit au monde une fille qui mourut ignorée, dans un couvent de femmes, à Paris.
Voltaire, dans le roman de l’Ingénu, fait dire à son héros, à propos de l’histoire ancienne : « Je m’imagine que les nations ont été longtemps comme moi, qu’elles ne se sont instruites que fort tard, qu’elles n’ont été occupées pendant des siècles que du moment présent qui coulait, très peu du passé, et jamais de l’avenir. » Rien n’est plus vrai de notre littérature, et en particulier de notre théâtre, jusque vers le milieu du seizième siècle.
Le soin même qu’il prend de cacher, sous la forme de conjectures, sa foi si ferme dans l’avenir illimité de la science, nous gagne à cette foi, et ajoute au plaisir d’apprendre des découvertes accomplies une féconde curiosité des découvertes futures.
Nos conceptions morales construites sur le passé et sur ce qui, dans l’avenir, ressemblera au passé, sont obligées de se transformer.
Un jour (j’avais six ans), je jouais avec un de mes cousins et avec d’autres camarades ; nous nous amusions à choisir notre état pour l’avenir : — Et toi, qu’est-ce que tu seras ?
Et attendons, espérons en l’avenir. — Un an est né en Allemagne ?
Et passant en revue les autres orateurs, il ajoute : « Par exemple, il ne faut pas les lire, ces discours, oui, ce sont des conférences, d’aimables conférences, dont l’effet ne dépasse pas le troisième jour… Et cependant, messieurs, dit-il, en se levant, l’ambition d’un orateur ne doit-elle pas être de parler pour plus longtemps que ça… de parler à l’avenir ?
On parodia ses Fables ; on réfuta son Discours sur la parodie ; on conseilla à l’auteur d’être plus conséquent à l’avenir ; de ne point écrire contre ce qu’il avoit éprouvé lui-même être un sujet d’amusement.
Progrès accomplis Deux grands esprits, deux talents plutôt égaux que semblables présidèrent à cette restauration de l’intelligence, Chateaubriande et Germaine de Staël ; l’un catholique et royaliste de cœur et d’imagination, défenseur du passé, doué de toutes les aspirations de l’avenir ; noble courtisan de toutes les disgrâces, avocat chevaleresque de toutes les grandeurs malheureuses ; l’autre, fille de la Réforme, élève de la philosophie et de la liberté, mais de la philosophie sans irréligion, et de la liberté sans souillure ; passionnée pour toutes les grandes choses, et apportant au culte des lettres la délicatesse d’une femme et la haute raison d’un homme de génie ; tous deux partis des points les plus divers de l’horizon, et réunis ou du moins rapprochés à la fin de leur carrière par la pression des temps et la pente naturelle de la pensée.
Sans chercher l’oasis ni les Kiefs d’avenir.
Plus austère, plus fier, plus roide que ses contemporains, un peu antique comme Tacite, on apercevait en lui, avec le défenseur de l’aristocratie brisée, l’interprète de la justice foulée, et, sous les ressentiments du passé, les menaces de l’avenir.
Sans elles, nos sciences n’auraient pu révéler leurs principes ; notre morale n’aurait pu préciser les lois, qui sont les conséquences des besoins de l’homme en société : les lois furent les premiers écrits, et nos premiers livres furent les dépôts nécessaires de nos connaissances : les lettres nous les ont acquises, conservées ; et ce sont elles qui légueront à l’avenir les richesses de notre esprit, richesses que nous n’eussions pas accrues sans l’héritage que les lettres nous laissèrent des travaux du passé. […] Nous aurons sujet de revoir ce qu’en pense Longin ; s’il est vrai qu’il condamne à ne s’élever jamais au sublime ceux qui n’osent envisager dans leurs travaux les suffrages de l’avenir, l’écrivain qui se sent capable de les mériter doit songer que s’il corrompt les fruits de son art, et que si l’intérêt sordide change son éloquence en vile marchandise, son éclat littéraire prolongera dans les siècles le souvenir de sa honte personnelle. […] Ainsi, préjugeant de l’avenir par les méditations du passé, et s’élançant à deux ou trois mille années le l’époque où nous parlons, il se demandera laquelle des nations rivales aujourd’hui prévaudra sur toutes les autres par les lettres ; et quelle langue, morte alors, demeurera, comme celles d’Athènes et de Rome, toujours vivante et institutrice, au milieu du silence des barbaries éteintes dans l’obscurité, malgré l’éclat de quelques talents qui auront percé les nuits de leur ignorance.
Si vous-même vous vivez retiré parmi ces tableaux, comme le vieillard de Tarente sous les murs et les tours de son opulente cité, vous reprenez quelque espoir dans l’avenir, vous méditez ces idylles robustes, et vous ne pouvez-vous empêcher de redire en vous-même vos adages classiques : « Hanc vitam veteres… ! […] Fait-il avec elle des rêves d’avenir ? […] Comme tous ceux qui se tiennent à l’écart du présent, il se réservait l’avenir ; d’autant plus sûrement que, dans ce rôle de frondeur où il se renferma alors, il y avait un sincère amour du bien, et que si le dépit personnel et l’impatience de l’ambition trompée y entraient pour quelque chose, il ne s’y mêlait du moins aucun bas calcul d’égoïsme. […] Fils d’un favori déchu, aïeul d’une sorte de prophète démocratique, il demeure incertain s’il a plus haï son temps par regret du passé que par pressentiment de l’avenir. […] Déjà ils bâtissaient des projets d’avenir, ils allaient s’épouser, quand le mari reparut, comme dans les romans, ramené des confins de l’Atlas par deux religieux mathurins à qui la charité chrétienne avait inspiré la fâcheuse idée de payer sa rançon.
Et, comme son beau-frère lui conseille de penser à l’avenir, il répond superbement : « Jamais tu n’obtiendras de moi que je m’inquiète de l’avenir : je songe à des choses plus positives. » Car naturellement la grande prétention de ce poète est d’être le plus pratique des hommes. […] Ce Raoul, beau parleur, a des idées ; il a de la sympathie pour Étienne Marcel et dit que « Marcel, c’est peut-être l’avenir ». […] Tu dois donc comprendre que je songe à mon avenir.
Cicéron vit son crédit tomber insensiblement, et sa sûreté même menacée pour l’avenir. […] Selon le flatteur Velléius, Auguste, environné des empressements de Tibère, rassuré désormais sur l’avenir, et même un moment ranimé par la présence et l’entretien de ce fils chéri, rendit au ciel son âme divine. […] Tibère, en trouvant la peine rigoureuse, approuva cependant le zèle des sénateurs à venger les injures du prince ; mais, comme si l’on eut fait tort à sa clémence, il ordonna qu’à l’avenir les arrêts de mort ne seraient exécutés qu’après un délai de dix jours. […] C’est même une chose à remarquer et à dire, que cette abondance de verve théâtrale, répandue dans toute une époque dont Shakspeare est resté pour l’avenir le seul et immortel représentant. […] Dans leurs pièces, souvent cette excessive liberté semble un moyen vulgaire ; et, malgré l’incontestable talent de quelques-uns d’entre eux, ils n’auraient pas subjugué l’imagination de leurs compatriotes et de l’avenir.
Jamais la notion de progrès ne fut pour lui autre chose qu’un thème à railleries, concurremment avec la niaiserie des positivistes humanitaires qui enseignent aux générations, mythologie à rebours, que le Paradis terrestre, superstition si on lui assigne le passé, devient, si on le place dans l’avenir, le seul légitime espoir. […] La Nébuleuse, que l’on vient de jouer, est un poème d’une belle et profonde perspective, où se voient symbolisées, par des êtres ingénus, les générations successives des hommes qui se suivent sans se comprendre, presque sans se voir, tant leurs âmes sont différentes, et toutes toujours résumées, vers le moment de leur déclin, par l’enfant, par l’avenir, par la « nébuleuse » dont la naissance enfin avérée va faire mourir, sous sa clarté matinale, les sourires fanés des vieilles étoiles.
Qu’il peut très-bien connaître l’histoire des traités et des alliances dans le passé, mais qu’il ne devinera pas les traités et les alliances contenus dans l’avenir. […] Dans ce vaste monument de la niaiserie, penché vers l’avenir comme la tour de Pise, et où s’élabore le bonheur du genre humain, il y a un très-honnête homme qui ne veut pas qu’on admire M.
Je ne sais si la Société protectrice des animaux enregistrera cet acte de charité pour une jolie petite bête, mais pour ma part j’y applaudis sincèrement ; l’homme, s’il était sage, devrait faire en sorte que le passage de toute créature sur la terre fût heureux ; il devrait s’efforcer de faire une vie de bonheur, non seulement aux hommes, mais aux animaux (peut-être même aux plantes) dans la mesure du possible, agir enfin comme si, prévoyant son retour, il devait renaître homme, animal ou plante, et profiter dans l’avenir du bien qu’il aurait préparé dans le présent. […] dans le passé, le présent et l’avenir ; voilà qui me paraît lestement jugé. […] Sa prodigieuse mémoire lui permettait sur tous les sujets d’apporter des faits nouveaux, des idées originales ; et en même temps sa riche imagination mêlait à sa conversation, avec un tour souvent paradoxal, des élans de poésie, des rapprochements inattendus, parfois même des vues prophétiques vers l’avenir. […] « Deux mois, trois cents lieues et plus de deux cent mille ennemis séparaient la pensée du résultat ; et cependant, temps, distances, obstacles divers, tout fut franchi, tout cet avenir, éclairé par le génie de notre Empereur ! […] Ces détails tant recherchés, on les trouvera à chaque page des Mémoires, dont le troisième volume nous montre, il est vrai, le maître de l’Europe, chantant faux les airs du Devin de Village, mais en revanche nous rappelle cette phrase qu’il prononça en présence de Stanislas de Girardin pendant une promenade à Ermenonville, devant le tombeau de Jean-Jacques : « L’avenir apprendra s’il n’eût pas mieux valu pour le repos de la terre que ni moi ni Rousseau n’eussions jamais existé. » Il nous le montre essayant de faire la cuisine avec Marie-Lou
Ordre vint aux Confrères de la Passion de fermer leur théâtre et de ne plus se montrer à l’avenir. […] Arrêt intervint enfin du Grand Conseil, qui rétablissait les marionnettes dans tous leurs droits, privilèges, immunités, lequel arrêt mettait à l’index les sieurs Bazu, Girault et Rozeau, huissiers au Parlement ; défense aux sieurs Pannetier et Leroux, exempts des archers du guet et de la robe courte, de prêter main-forte aux vexations précitées ; défense au sieur Pelletier, menuisier de la Comédie, et au sieur Saint-Jean, garçon de théâtre, de se chauffer à l’avenir avec les planches des tréteaux. […] Ces fortunes ne sont faites que pour le vice, et celui-là se tromperait qui voudrait y atteindre honnêtement ; ainsi, croyez-moi, esprit ou génie, ou courage, ou talent, n’usez pas votre tête et votre cœur dans les travaux de la science, gardez-vous de remporter des batailles ou d’écrire ces beaux poèmes que chante l’avenir, soyez tout simplement un comédien quelque peu aimé du public, une danseuse au tendre sourire, un bouffon amusant, un tragédien qui fait pleurer. […] Le premier n’a rien à espérer de plus ou de moins que ce qu’il a déjà ; le second peut tout demander à l’avenir ; il peut deviner, il peut comprendre ce qu’il ignore ; il peut trouver en lui-même la vie et l’accent des éloquentes paroles ; il peut réveiller la passion endormie au fond de son cœur ; il est un grand peut-être, il est un grand hasard ; tenez-vous-en à celui-là, et cependant ne comptez pas qu’il sera bon, ce soir, parce qu’il a été admirable, hier. […] (On ne parlait plus à Paris, ni de la guerre, ni de l’amour, ni des fêtes, ni des carrousels d’autrefois) que la comédie de Regnard fut acceptée et devait l’être en effet, comme le gage d’un avenir meilleur.
Bourget dans cette curieuse étude qu’il publia, à vingt et un ans et au lendemain de nos désastres, sur le roman naturaliste et le roman piétiste16 ; cherchant ce que serait le roman de l’avenir et quelles conditions il lui faudrait observer, faisait ingénument du patriotisme la première de ces conditions. […] C’est le triomphe de l’individualisme, — un vilain mot, sans doute, mais le seul propre à caractériser cette fin de siècle turbulente et confuse, et dont l’avenir déconcerte toute prévision. […] Oudinot, qu’il faudrait ranger parmi les jeunes impressionnistes d’avenir.
Et puis, après tout, qui sait l’avenir ? […] Les critiques exagérées qu’on adresse au régime actuel viennent d’esprits qui ne connaissent pas le passé et ne se doutent pas de ce qu’amènerait l’avenir qu’ils appellent. […] L’avenir est promis, dit-on, à des peuples plus jeunes, mais nous avons un long et beau passé.
En lisant ces pages pittoresques et vives, où la lumière se joue, on ne peut s’empêcher de partager les espérances de l’auteur, lorsque, vers la fin, en vue de l’avenir de l’art dans ces contrées où il n’eut point de passé, on l’entend qui s’écrie : « Toutefois, Suisse, ma belle, ma chère patrie, les temps sont venus peut-être !
L’Éléonore de Parny, naïve et facile, manque d’élévation, d’avenir, d’idéal, de ce je ne sais quoi qui donne l’immortelle jeunesse ; elle n’a jamais eu d’étoile au front.
Le lendemain, je m’éveillai dans un groupe de ruines amoncelées qui étaient Athènes à cette époque ; quelques heures après, je gravissais la voie Sacrée qui serpente autour de la montagne de l’Acropolis, dont le Parthénon forme le diadème et porte son défi à l’avenir !
Illustre Glamis, digne Cawdor, élevé encore au-dessus de ces deux titres par le salut qui les a suivis, ta lettre m’a transportée au-delà de ce présent rempli d’ignorance, et je sens déjà l’avenir exister pour moi.
Car le poète, plus que jamais, affirme sa mission : il est l’étoile qui guide les peuples vers l’avenir.
En défendant ces vérités contre les complaisances mondaines de la compagnie de Jésus, Pascal les a défendues d’avance contre tous ceux qu’elles ont gênés depuis, ou qu’elles pourront gêner dans l’avenir.
Pouvons-nous, sans folle outrecuidance, croire que l’avenir ne nous jugera pas comme nous jugeons le passé ?
Là, il s’arrête réfléchissant, et ayant mis dans l’intonation de ses dernières paroles, comme une appréhension voilée de l’avenir, comme un doute sur la fondation définitive de la République.
XXXV Je n’ai en moi de quoi sourire ni au passé, ni à l’avenir ; je vieillis sans postérité dans ma maison vide et tout entourée des tombeaux de ceux que j’ai aimés ; je ne fais plus un pas hors de ma demeure sans me heurter le pied à une de ces pierres d’achoppement de nos tendresses ou de nos espérances.
L’avenir est mort avant d’être né pour vous : voilà la perfection du supplice !
Nostradamus ou Jean de Nostradame, frere de ce fou qui lisoit l’avenir dans les astres, ouvre la liste de ceux qui ont écrit sur l’origine de notre Poésie.
Ce serait miracle s’il la créait viable dans le présent pour l’avenir. […] Qui sait si ces divers ouvrages ne prêteront pas à leur temps, aux yeux de l’avenir, une sorte d’unité factice que les manuels consacreront.
Non, quoiqu’on en dise, je n’accuserai point Homere de ces imprudences : il est bien plus vraisemblable que c’est notre ignorance de sa langue, qui fait notre embarras, et qui ne nous permet pas de discerner pour mettre encore mieux en jour notre impuissance à juger de l’expression d’Homere, transportons-nous à deux mille ans dans l’avenir ; imaginons-nous que nous parlons une nouvelle langue, et que le françois est alors ce que le grec est aujourd’hui. […] Si le goût se corrompoit ; la langue sortiroit bientôt de cet esclavage qu’on lui reproche, mais qui dans l’avenir lui méritera peut-être la préférence sur les autres.
Vous vous êtes associés, vous avez formé des compagnies et fait des emprunts pour réaliser l’idée de l’avenir avec toutes ses formes diverses, formes politique, industrielle et artistique. […] « Aucun tableau ne révèle mieux à mon avis l’avenir d’un grand peintre, que celui de M.
Il fait crédit à ces hommes en faveur de leur avenir et de leur passé ; il les attend à de nouvelles œuvres pour les compléter, en quelque sorte, par eux-mêmes. […] Mais, au-dessus du Napoléon de l’histoire, il y a celui de la peinture et de la poésie ; celui qui est proprement un héros, un missionnaire de la Providence, créé « par un décret spécial » pour étonner le monde, le bouleverser et le refaire ; ses yeux ont la profondeur de l’avenir et rien d’humain ne bat dans sa poitrine de fer, pour qu’il aille imperturbablement à sa fin, qui se confond presque avec celle d’un monde, ou tout au moins d’une nation ou d’un siècle. […] Le réalisme recueille dans le présent des documents pour l’avenir, ceux surtout qui sont le plus sujets au changement, les « documents humains148 ».
Quelque usage que l’on en fasse, l’association des idées ne permet pas de franchir l’abîme qui sépare le passé de l’avenir. […] Mais si cette réponse explique bien pourquoi je ne rapporte pas cet état de conscience au présent, il n’explique pas pourquoi nous rapportons cet état de conscience au passé plutôt qu’à l’avenir. […] Cette contradiction vient de ce qu’on a représenté Dieu dans le temps : pour lui il n’y a ni passé, ni présent, ni avenir ; il est dans un perpétuel présent.
L’esprit fier et brillant des Italiens s’indigne d’obéir à ces lourds dominateurs ; on repousse leur jargon du Nord ; et, des ruines du latin, se forme cet élégant idiome que bientôt le génie du Dante va frapper en bronze pour l’avenir. […] Une chose si grande que tout l’avenir du monde y est compris.
Ainsi parée, et tandis qu’on apprêtait le char, « la jeune fille, est-il dit, tournant çà et là dans le palais, foulait le sol dans l’oubli des maux qui s’ouvrent déjà sous ses pieds en abîmes, et de tous ceux qui vont s’amonceler dans l’avenir. » — Après un détail approfondi de l’herbe magique qu’elle prend pour donner à Jason, et des circonstances où elle l’a autrefois cueillie, le poëte, continuant de s’inspirer d’Homère, poursuit par des comparaisons enchanteresses que Virgile a ensuite imitées de tous deux : « Elle mit, dit-il, l’herbe magique à la ceinture odorante qui serrait son beau sein, et, sortant à la porte, elle monta sur le char rapide.
On le regardait comme un monument que la distance avait grandi et que l’on croyait destiné à grandir encore dans l’avenir par quelque éclatante reconnaissance de la cour de Turin.
Thiers encourage dans l’avenir par l’approbation qu’il donne trop complaisamment au passé.
Rien ne survit du temps que ce qui n’est pas du temps, c’est-à-dire la beauté propre au genre de poésie qu’on possède : les allusions sont la fausse monnaie de la gloire, l’avenir ne la reçoit pas.
Le principe de la liberté va servir à doubler un trône au pied des Alpes ; l’avenir dira si le sang français aura été versé pour des alliés reconnaissants ou pour des voisins suspects.
Ô stupidité et dureté du cœur humain, qui ne pense qu’au présent et ne prévoit pas l’avenir !
Toutefois cette ivresse avait, pour moi seulement, quelque arrière-goût de mélancolie, en songeant à Graziella, cette fleur précoce que j’avais cueillie dans la même île, et en revoyant de loin sur Procida les ruines de la cabane de son père, abandonnée aux ronces depuis la mort de la jeune fille, et marquant l’horizon d’une borne funèbre dans le passé, comme il devait l’être si souvent dans mon avenir.
ne sait pas même les respecter ; il n’y a ni passé ni avenir pour lui ; son âme impérieuse et méprisante ne veut rien reconnaître de sacré pour l’opinion ; il n’admet le respect que pour la force existante.