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907. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre II. Signes de la prochaine transformation »

Et voici le prince de Ligne écrivant à une marquise française : d’un haut promontoire de la Crimée, le soir, il regarde la mer immobile, il reporte sa pensée sur tous les hommes, tous les peuples qui sont venus par cette mer, ont passé sur cette côte, ont vécu dans ces villes dont il vient de fouler les ruines.

908. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baudelaire, Charles (1821-1867) »

Émile Verhaeren Hugo régnant, quand tous n’étaient que son reflet, Un soir, tu les quittas et leurs routes battues.

909. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

comme c’est grec, me disait un voisin le soir de la première représentation !

910. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

Jean-Jacques, au hasard de ses courses vagabondes, arrive un soir, mourant de faim, chez un paysan français qui commence par lui dire qu’il n’a rien à lui donner ; puis, petit à petit, son hôte tire d’une cachette du pain, du jambon, du vin ; il avoue qu’il avait dissimulé tout cela par crainte des collecteurs d’impôts.

911. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

Le soir venu, il entre dans une auberge, et, pendant que le souper s’apprête, il demande une plume, de l’encre et du papier, il s’accoude à l’angle d’une table, et il écrit.

912. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

Faisons-nous difficulté de profiter des lumières qui le soir éclairent nos rues, par haine ou par mépris de ceux qui les allument ?

913. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

Si les philosophes du salon de madame Necker reconnaissaient, un soir, « qu’un caractère est toujours simple quand une seule chose l’intéresse », comment un missionnaire, qui n’a que l’idée fixe de sa foi à propager, pourrait-il manquer, quoi qu’il fasse, de cette simplicité qui est la plus haute expression humaine dans l’ordre de l’intelligence ou de la vie ?

914. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte Gaston de Raousset-Boulbon »

Des jours que tu rêvais, Des soleils appelés par ton âme ravie, Peut-être les rayons luiront-ils sur ta vie ; Peut-être vers le soir, lorsque la trahison, La faim, la soif, le feu, le fer et le poison Se seront émoussés sur ton corps et ton âme, Alors si ton grand cœur n’a pas perdu sa flamme, Si, mille fois trompé, tu conserves ta foi, Si tu luttes encore… enfant, tu seras roi !

915. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VIII. Du mysticisme et de Saint-Martin »

Fleur rêveuse de mysticité, il ressemblait à une de ces fraxinèles, à une de ces capucines, timidement phosphorescentes comme on en trouve parfois le soir sur les murs disjoints des vieilles chapelles.

916. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « L’Abbé Prévost et Alexandre Dumas fils » pp. 287-303

Cette fille de dix-sept ans, qu’il faudrait surveiller, car elle a des accrocs déjà à son tour de gorge, et qu’on envoie au couvent pour lui dompter le tempérament, s’en va par les coches, avec un domestique, parle avec le premier venu dans les cours d’auberge, et soupe avec ce premier venu, le même soir !

917. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Gustave Flaubert » pp. 61-75

Il combine sa fable de manière à ouvrir ce château à son héroïne et à la mêler un soir aux fêtes et au luxe d’une société entr’aperçue seulement dans les livres à couverture jaune qu’elle a lus.

918. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Ce soir-là on parlait de l’art du roman. […] Au soir de ses jours avait-il gardé cette espérance de voir jamais la France prospère sous un tel régime ? […] Il ne peut sortir de l’établissement que d’une heure à trois heures de l’après-midi et le soir depuis le souper jusqu’à neuf heures trois quarts. […] Le 31, au soir, il était foudroyé par une attaque, laissant inachevées et ces pages et tant d’autres ! […] Elle rentre, et suppliante, presque à voix basse : « Fuyez, fuyez avant demain soir… » ; et elle se sauve.

919. (1888) Impressions de théâtre. Première série

J’ignore ce qu’il y eût fait peindre par le mystique Willette, mais c’eût toujours été plus amusant que l’espèce de lavis d’architecte qu’on nous a montré l’autre soir. […] J’ai constaté, ce soir-là, que Polyeucte est, de toutes les pièces de Corneille, celle qui a gagné le plus à vieillir. […] Mounet-Sully a su faire vivre l’autre soir. […] J’avouerai franchement que les deux derniers, n’étant plus remplis par Hamlet, m’ont paru, l’autre soir, fort ennuyeux. […] Le soir où commence le drame, il doit aller retrouver Rosalie au bal de l’Opéra.

920. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

mais que ce phénomène de coucher de soleil régulier se répète tous les soirs, la génération prochaine sera ravie en extase. […] Ce ne fut que le soir qu’il fut mis à la porte avec horreur. […] Sonnantes sur le tablier, de chambres en escaliers, elles vont, elles courent du matin au soir par la maison. […] Elle fait comme elle a dit et dès le lendemain du mariage, peut-être le soir même, elle tire de son côté, laissant M.  […] Du bord de mon navire, les regards attachés sur l’étoile du soir, je lui demandais du vent pour cingler plus vite, de la gloire pour me faire aimer.

921. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Et l’une, dont les cheveux blonds avaient la pâleur calme des soirs, lui dit qu’elle était la Vertu, qu’elle le conduirait aux lieux cruels hantés par les hydres, et qu’elle lui donnerait la victoire des luttes, les fatigues mortelles qui glorifient. […] Quoi, le soir va réduire en fumée tout orgueil, pareillement à ce feu dans la cheminée de marbre ; et jamais la triomphale bouffée de sa flamme ne voudra surseoir à cet abandon ! […] parce que serait venu le soir meurtrier. […] Mais, un soir, tandis que scintillent les infinies étoiles, voici qu’une révolte a saisi ce noble cœur ignoré. […] Un dimanche soir, au collège, mon voisin d’étude me dit qu’il avait rencontré une jeune fille rousse, nommée Sylvie, mais qu’il ne savait pas ce qu’il devait en faire.

922. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Elle écrivait à son fiancé qu’un soir, au fond des bois, elle était tombée à genoux en regardant la lune, qui brillait à travers les arbres, et elle l’entretenait des vagues épanchements d’un besoin d’aimer qu’Herder aurait eu le droit de trouver un peu trop prodigue. […] Vendredi 3 avril 1780, à sept heures du soir. […] Je songe à ceux qui, le matin de leurs jours, ont trouvé leur éternelle nuit ; ce sentiment me repose et me console, c’est l’instinct du soir. » Il examine alors les objections qui s’élèvent contre le suicide : les devoirs envers l’amitié, la patrie, l’humanité. […] Enfin à dîner et le soir vifs sentiments de plaisir et joie complète d’exister. […] Le soir j’ai dîné chez Edmond ; il a fallu parler avec Mme Morel de papiers peints et d’appartements.

923. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

comme il vibrait hier soir ! […] Ce soir une partie et l’autre après-demain. […] N’a-t-on pas vu ce peuple enfin, Subsistant comme par miracle, Pendant le jour mourir de faim Et le soir courir au spectacle ? […] Au Théâtre-Français, le 9 thermidor précisément, le soir, quelques instants après la chute de Robespierre et avant que le couperet fût tombé sur lui, Epicharis et Néron fut applaudi par application jusqu’à une heure du matin et au-delà. […] Je n’ai pas besoin d’ajouter que Casimir Périer, riant lui-même, s’excusa de tout son cœur auprès de son collègue, qui riait, lui aussi, comme le public des Variétés lundi soir.

924. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Le soir elle alla au Louvre jouer la même pièce pour le Roi. […] Celle-ci, irritée de recevoir un tel compliment d’un tel homme, se troubla, se retira outrée, et alla le soir même instruire le Roi de l’indiscrète félicitation de Fouquet et des propositions qu’elle avait précédemment reçues de lui. […] « Je me souviens toujours, dit Élise, du soir que Célimène eut envie de voir Damon, sur la réputation qu’on lui donne et les choses que le public a vues de lui. […] Accoutumé dans ses campagnes à ne faire qu’un repas le soir, le prince se disposait à se mettre à table un jour d’abstinence. […] Un soir qu’on s’était réuni chez lui pour souper, Racine et Despréaux, en raillant le fabuliste, poussèrent un peu loin la plaisanterie.

925. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

La marquise (Mme de Villette) m’écrit de Douvres : elle y est arrivée vendredi au soir, après le passage du monde le plus favorable. […] J’ai vraiment bien mieux à faire, madame : je chasse, je joue, je me divertis du matin jusqu’au soir avec mes frères et nos enfants, et je vous avouerai tout naïvement que je n’ai jamais été plus heureux, et dans une compagnie qui me plaise davantage. » Il a toutefois des regrets pour celle de Paris ; il envoie de loin en loin des retours de pensée à Mmes de Mirepoix et du Châtel, aux présidents Hénault et de Montesquieu, à Formont, à d’Alembert : « J’enrage, écrit-il (à Mme du Deffand toujours), d’être à cent lieues de vous, car je n’ai ni l’ambition ni la vanité de César : j’aime mieux être le dernier, et seulement souffert dans la plus excellente compagnie, que d’être le premier et le plus considéré dans la mauvaise, et même dans la commune ; mais si je n’ose dire que je suis ici dans le premier cas, je puis au moins vous assurer que je ne suis pas dans le second : j’y trouve avec qui parler, rire et raisonner autant et plus que ne s’étendent les pauvres facultés de mon entendement, et l’exercice que je prétends lui donner. » Ces regrets, on le sent bien, sont sincères, mais tempérés ; il n’a pas honte d’être provincial et de s’enfoncer de plus en plus dans la vie obscure : il envoie à Mme du Deffand des pâtés de Périgord, il en mange lui-même92 ; il va à la chasse malgré son asthme ; il a des procès ; quand ce ne sont pas les siens, ce sont ceux de ses frères et de sa famille. […] Brue à onze heures du soir, la veille de son départ, et le prier de faire en sorte de se rendre maître de l’esprit de M. de Ferriol et de le ramener en France, afin de le détourner d’aborder en Italie. » Il en fut de ce chapeau de cardinal comme de la beauté de Mlle Aïssé que convoitait également le malencontreux ambassadeur ; il n’eut pas plus l’un que l’autre, — ni la fleur, ni le chapeau.

926. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Elle fabrique, comme Ruth, un objet utile, très-utile, puisque demain elle vendra dix sous ; mais cet objet est une rose épanouie, dont les frêles pétales s’enroulent sous ses doigts comme sous les doigts d’une fée, dont la fraîche corolle s’empourpre d’un vermillon aussi tendre que celui de ses joues, frêle chef-d’œuvre éclos un soir d’émotion poétique, pendant que de sa fenêtre elle contemple au ciel les yeux perçants et divins des étoiles, et qu’au fond de son cœur vierge murmure le premier souffle de l’amour. […] Si l’on veut maintenant se figurer d’un regard cette imagination si lucide, si violente, si passionnément fixée sur l’objet qu’elle se choisit, si profondément touchée par les petites choses, si uniquement attachée aux détails et aux sentiments de la vie vulgaire, si féconde en émotions incessantes, si puissante pour éveiller la pitié douloureuse, la raillerie sarcastique et la gaieté nerveuse, on se représentera une rue de Londres par un soir pluvieux d’hiver. […] Votre génie d’observateur et votre goût pour les détails s’exerceront sur les scènes de la vie domestique : vous excellerez à peindre un coin du feu, une causerie de famille, des enfants sur les genoux de leur mère, un mari qui le soir veille à la lampe près de sa femme endormie, le cœur rempli de joie et de courage, parce qu’il sent qu’il travaille pour les siens.

927. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

« J’étais dans ma campagne de Cumes (près de Baïa et de Naples), en compagnie de mon cher Atticus, quand Varron me fit annoncer qu’il était arrivé de Rome la veille au soir, et que, sans la fatigue de la route, il serait venu immédiatement nous trouver. […] Elles sont du consul, de l’orateur, du lutteur romain contre Catilina, du sauveur de la patrie, du maître de Brutus, de l’ami de Pompée, de l’amnistié de César, de la victime d’Antoine, se reposant au soir d’un jour agité, à quelques jours de sa mort, résigné à l’ombre de son jardin de Tusculum, au murmure de l’Anio, qui murmure encore tout près des ruines de sa maison de campagne. […] — Hier, lui dis-je, dès que les jeux furent commencés, je quittai la ville et j’arrivai le soir chez moi.

928. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Il y a des soirs où je vais à leur rencontre lyrique comme à un rendez-vous d’amour. […] Mais les soirs d’austère solitude, où je sens peser sur moi toute la gravité de la vie et les noirs nuages du destin, j’aime Vigny religieusement. […] On n’a pas un poète ; on a tous les poètes, tour à tour, selon les années, selon les soirs.

929. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

« Vous étiez là hier soir, m’écrivait le lendemain de cette représentation un de mes correspondants habituels ; avez-vous remarqué ces deux familles qui étaient aux stalles de second rang ? […] Et cependant, l’autre soir, sauf ces quatre ou cinq personnes que je ne blâme pas d’ailleurs, tout le public a pris sa part de ce rire honnête et sain que provoquent les joyeusetés de Molière. […] Il n’y a guère que Paris où l’on puisse réunir, un soir, un si grand nombre de personnes instruites, et qui aient un goût si vif de nos vieilles œuvres. […] Heureux qui, le soir, rentrant chez soi, après avoir recueilli le sourire moqueur des gens du monde ou la compassion hautaine des hommes en place, peut ouvrir son Molière et se dire : « Alceste l’honnête homme, Alceste le fier républicain, Alceste aurait agi comme moi !  […] Il a beaucoup fait rire encore le soir messieurs les abonnés du mardi.

930. (1940) Quatre études pp. -154

Un soir, à neuf heures, en me rendant à mon cours, je me trouvai suivre et rejoindre deux étudiantes qui allaient aussi vers l’amphithéâtre, robes blanches dans la nuit qu’elles semblaient fleurir ; je saisis sans le vouloir un lambeau de leur conversation. […] Les forêts de sapins, vert et sombre manteau des collines ; la mer grise qui souffre éternellement, et qui se plaint ; le soleil qui renouvelle chaque soir la fête éclatante de ses adieux, lui étaient chers : à moins qu’il ne préférât le tumulte des villes, les salons, les cafés, et même la poussière du boulevard. […] Voici le commencement de l’hallucination : Du temps que j’étais écolier, Je restais un soir à veiller Dans notre salle solitaire. […] Comme des rayons de lune qui, derrière quelque montagne couverte de pins, tombent en pluie lumineuse — ce pouvoir visite, avec un éclat inconstant, chaque cœur humain — comme les nuances et les harmonies du soir — comme les nuages largement épandus sous la lumière des étoiles — comme le souvenir d’une musique qui s’est écoulée — comme quelque chose qui peut être cher pour sa grâce, mais qui est plus cher encore pour son mystère… (Hymn to Intellectual Beauty. […] Ces données que lui ont fournies ses yeux de chair, il les enrichit de telle sorte, il les doue d’une grâce si variée et si profonde, il les anime de tant de vie, il leur enlève si poétiquement leur matière, que nous avons devant nous une forêt de rêves et d’enchantements, où les essences se mêlent, où les fleurs s’étoilent, où voguent le Soir et le Silence, où l’âme enfin se dissout.

931. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Morris, au sujet de la tapisserie21 Hier soir, M.  […] Néanmoins le public, réuni hier soir à l’Exposition des Arts et Métiers, parut fort intéressé ; du moins il fut très attentif, et M.  […] Emery Walker sur le texte et l’illustration, faite hier soir aux Arts et Métiers. […] Walter Crane, Président de la Société des Arts et Métiers, a été accueilli hier soir par une assemblée si nombreuse qu’à un certain moment le secrétaire honoraire a été en souci sur le sort des cartons et que bien des gens n’ont point réussi à entrer. […] camarades, dinons gaîment : Ce soir nous souperons avec Platon !

932. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Dont l’acier clair et les éclairs Foudroient la nuit impure ; Doux chevalier pour les très doux enfants Dont vous baisiez les têtes De cette bouche au loin tonnante aux ouragans Et aux tempêtes ; Noir chevalier songeur par les soirs merveilleux Dont les feux immobiles Brûlaient dans la parole et dans les yeux Des soudaines Sybilles ; Clair chevalier et moissonneur d’azur Tantôt sur terre ou bien là-bas parmi les nues Où vous glaniez des phrases inconnues Pour définir te Dieu futur ; De par ton œuvre ouverte ainsi qu’une arche Devant l’humanité tragique ou triomphante, Poète en qui songeait l’hiérophante, Tu fus le rêve autour d’un monde en marche… [La Plume (1898).] […] Les sirènes, jadis, aux soirs de l’île heureuse, Ont charmé le passant ailleurs, mais l’Exilé D’ici n’a vu jaillir de la mer douloureuse Que, seule à tel Destin farouche et flagellé, La Muse véhémente avec l’âme en sa chair Du vent mystérieux et de toute la Mer.

933. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

Son secret c’est bien d’aller toujours dans le même sens et, le soir, d’arriver quelque part. […] Tout, plutôt que n’avoir pas de gîte ce soir.

934. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

La Valkyrie continue à faire salle comble chaque soir. […] Lynen, qui se vend au théâtre de la Monnaie les soirs de la Valkyrie 31.

935. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

douze cents francs de rente, une chambre cirée, une demi-tasse, le soir, au café Turc, et, le dimanche, une matelote, mangée en famille, sous les tonnelles de Bougival ! […] On l’a rencontré ce matin, on le rencontrera ce soir, et Gavarni eut signé de son meilleur crayon cette figure d’un tour si moderne et si dégagé.

936. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

Au lieu de cela, placez-vous à la frontière, dans un pays encore français, n’ayez nulle chance de rencontrer dans un salon le soir l’écrivain que vous avez jugé le matind, de le rencontrer, lui ou l’un de ses amis intimes, de ses proches par le sang ou par le cœur, et vous pouvez avec convenance en parler comme d’un ancien, comme d’un mort, sans embarrasser votre pensée dans toutes sortes de circonlocutions, en appelant faux ce qui est faux, puéril ce qui est puéril, en entrant dans le vif de la pensée à tout coup.

937. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Parny poète élégiaque. » pp. 285-300

Un soir qu’on lisait à haute voix et qu’on essayait cette pièce devant quelques personnes, parmi lesquelles une jeune fille spirituelle et pas trop lettrée, que cette poésie mélodieuse avait d’abord ravie : « Mais, s’écria-t-elle tout à coup, savez-vous que ce monsieur est fat ?

938. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite.) »

Un soir de samedi saint, il lui était arrivé des huîtres toutes fraîches : dans sa joie il courut vers la grande-duchesse pour la convier à en manger : elle venait de se mettre au lit, harassée des exercices de dévotion de la semaine sainte, et ayant à être debout à minuit pour les matines de Pâques.

939. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

Produit dans le monde, à l’hôtel Guénégaud, même à l’hôtel Rambouillet, il avait prêché dans ce dernier salon un jour, un soir, vers onze heures ; ce qui provoqua le mot connu de Voiture : « Je n’ai jamais entendu prêcher ni si tôt ni si tard. » C’était un sermon improvisé.

940. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

La philosophie ne lui apparut point un matin ou un soir comme une Minerve tout armée ; elle ne s’annonça point par un coup de tonnerre, comme cela arriva, je me le figure, pour Lamennais, et un peu pour Jouffroy.

941. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

Croyez-vous qu’un jeune incrédule qui vous verrait à cheval serait tenté, le soir, de se mettre à genoux devant vous et de vous découvrir les misères de son cœur ?

942. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MADAME TASTU (Poésies nouvelles.) » pp. 158-176

Et maintenant, un soir, si le hasard rassemble Quelques amis encor du groupe dispersé, Qui donc reconnaîtrait ce que de loin il semble, Sur la foi du passé ?

943. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre II. L’homme »

Je suppose qu’il allait se promener à Vaux, regardait les cygnes et les beaux parterres, et revenait le soir content d’avoir si bien travaillé.

944. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXI. Dernier voyage de Jésus à Jérusalem. »

Après avoir passé la journée aux disputes du temple, Jésus descendait le soir dans la vallée de Cédron, prenait un peu de repos dans le verger d’un établissement agricole (probablement une exploitation d’huile) nommé Gethsémani 951, qui servait de lieu de plaisance aux habitants, et allait passer la nuit sur le mont des Oliviers, qui borne au levant l’horizon de la ville 952.

945. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

« La reine, dit-elle, dut se coucher hier au soir assez contente du mari qu’elle a choisi.

946. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

Le roi la reçut pour la seconde fois en particulier, lui demanda ses soirs pour ses enfants, et elle devint leur gouvernante.

947. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

Le soir même du mariage, qui s’était célébré à grande pompe, et où la reine avait fait à la mariée l’honneur de lui donner la chemise (style du temps), à peine tout ce monde retiré, Sidonia comprit dès les premiers mots qu’elle avait affaire, dans M. de Courcelles, à un homme grossier et vil, et elle le méprisa.

948. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Ce que tout le monde sait sur l’expression, et quelque chose que tout le monde ne sait pas » pp. 39-53

Grâce à Raphael, au Guide, au Baroche, au Titien et à quelques autres peintres italiens, lorsque quelque femme nous offre ce caractère de noblesse, de grandeur, d’innocence et de simplicité qu’ils ont donné à leurs vierges, voyez ce qui se passe alors dans l’âme ; si le sentiment qui nous affecte n’a pas quelque chose de romanesque qui tient de l’admiration, de la tendresse et du respect, et si le respect ne dure pas encore, lors même que nous savons à n’en pouvoir douter que cette vierge est consacrée par état au culte de la Vénus publique qui se célèbre tous les soirs aux environs du Palais Royal ?

949. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

Ce sont les lettres qu’on peut montrer à tout le monde sans inconvénient, les lettres blanches, les innocents billets du matin ou du soir, qui n’ont rien de piquant, pas même la manière dont ils sont tournés !

950. (1888) Poètes et romanciers

Je le vis, un soir dans ses derniers temps, avant les derniers coups qui vinrent frapper et abattre sa vie déjà languissante. […] Ce fut, ce soir-là, pour ceux qui l’entendirent, une véritable fête d’esprit. […] Et faut-il qu’à jamais pour moi, quand vient le soir, Au lieu de s’étoiler le ciel se fleurdelise ? […] que de soirs d’hiver radieux et charmants, Passés à raisonner langue, histoire, grammaire ; Mes quatre enfants groupés sur mes genoux, leur mère Tout près, quelques amis causants au coin du feu ! […] De votre éclat, vite, égayez l’aurore, De vos parfums, vite, embaumez le soir… Fleurir demain serait trop tard peut-être : Pour les vieillards tout flot cache un écueil.

951. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

A cette minute précise, et tandis que j’écris cette ligne, un adolescent, que je vois, s’est accoudé sur son pupitre d’étudiant par ce beau soir d’un jour de juin. […] Ses heures de délices sont les heures du soir, quand le ciel se colore, comme dans les fonds des tableaux lombards, des nuances d’un rose mort et d’un vert agonisant. […] D’autres ont vécu les longues années de l’émigration en Angleterre, ou sur les bords du Rhin, dans les villes qui sentent le tilleul, comme Coblence aux soirs d’été, auprès des châteaux écroulés des hauts barons du moyen âge. […] Taine, « un homme ayant fait ses classes et voyagé, avec un habit noir et des gants, bien vu des dames et faisant le soir cinquante saluts et une vingtaine de bons mots dans le monde, lisant les journaux le matin, ordinairement logé à un second étage, point trop gai, parce qu’il a des nerfs, surtout parce que, dans cette épaisse démocratie où nous nous étouffons, le discrédit des dignités officielles a exagéré ses prétentions en rehaussant son importance, et que la finesse de ses sensations habituelles lui donne quelque envie de se croire Dieu ? […] Ainsi parlait Beyle lorsque, dans ses soirs de mélancolie, il se grisait de son propre esprit «  pour mettre des événements entre son malheur et lui », — ou dans ses soirs de gaieté un peu folle, quand il jouait à la raquette avec un partner de conversation au milieu de cette atmosphère sociale qui l’enchantait : « Un salon de huit à dix personnes aimables, où le bavardage est gai, anecdotique, et où l’on prend du punch léger à minuit et demi… » Dans un fragment inachevé, il s’est dépeint sous le nom de Roizard en une ligne saisissante : « Lorsqu’il n’avait pas d’émotion, il était sans l’esprit. » Et c’est bien cet esprit, en effet, toujours teinté d’émotion, — cet esprit qui est une façon de sentir plus encore qu’il n’est une façon de penser, — cet esprit, amusé à la fois et passionné, curieux et mobile, vivant surtout, et personnel comme la vie même, qui court à travers ces pages sans correction, écrites, comme au bivouac, sur le coin du genou.

952. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

1796 En 1796, un assez grand nombre de sourimonos dont les plus remarquables, deux longues bandes, sont une réunion d’hommes et de femmes sur ces tables-lits aux pieds plongeant dans la rivière, et sur lesquelles on prend le frais, le soir. […] Quant au jeune protégé, très légèrement blessé, et rappelé à la vie par un prêtre que tue aussitôt une flèche, il ne songe pas à mourir et se met à la recherche de sa femme et de ses deux filles, en cette contrée pour le moment pleine de combats, du matin au soir et du soir au matin. […] Une apparition à faire peur, regardée le soir à la lueur d’une lampe. […] Le soir du pont Riôgokou, vu du quai des Écuries. […] À la fin du volume, Hokousaï ajoute : L’idée qui m’a fait faire ce volume vient de ce que, un soir, chez moi, Yû-yû Kiwan nom fantaisiste m’a demandé : Comment peut-on apprendre à faire un dessin d’une manière rapide et facile ?

953. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Dès le soir même, une certaine indécision et impuissance se manifestait chez les ordonnateurs de la grande scène du lendemain. […] Le soir même, Mme de Staël donnait un dîner en l’honneur de Constant : en quelques heures, elle reçut dix lettres d’excuses. […] Les admirateurs de Dumas lui font gloire d’avoir ce soir-là fondé le drame moderne. […] Il s’imagine être persécuté par la police, signe ses billets les plus insignifiants des pseudonymes les plus baroques ; un soir, dans un salon, il se fait annoncer sous le nom de Cotonnet. […] triste, triste était mon âme ce soir-là.

954. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

En dépit de l’envie, il avait donc tous les titres qu’il faut pour être la parure du banquet que l’on célébrera ce soir, à Saint-Mandé, dans le « Salon des familles », ad majorent scientiæ gloriam  ; et je comprends qu’on le lui ait offert ! […] * Parmi les membres du « comité d’honneur » sous les auspices duquel on banquettera ce soir, je me rappelle avoir vu le nom du docteur Clemenceau. […] Depuis trois mois, en effet, que j’ai publié l’article que l’on « conspuera » ce soir, à défaut de moi-même, on m’a reproché sur tous les tons qu’il était de « la personne la plus étrangère à l’esprit scientifique » ; et, en effet, je ne me rappelle pas avoir publié le moindre travail de thermochimie.

955. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Thiers, aspirant académicien et ministre de l’intérieur par intérim, faisait, en vertu de son pouvoir discrétionnaire, disparaître de l’affiche du Théâtre-Français le drame d’Antony, annoncé pour le soir. […] François Buloz nous mènerait trop loin pour ce soir ; d’ailleurs le commissaire du roi actuel mérite bien une lettre à lui tout seul. […] Or, il ne fallait, pour faire un théâtre unique, splendide, magnifique, un théâtre qui réunît en lui les qualités de tous les autres théâtres enfin, que reprendre l’œuvre d’édification où M. le baron Taylor l’avait abandonnée ; il fallait dire au roi : « Sire, la grandeur des souverains n’est pas toujours en eux-mêmes, mais quelquefois aussi dans les hommes qui les entourent. » Il fallait dire aux ministres : « Excellences, dans une époque où l’on demande et où l’on obtient des chambres cent vingt millions pour les monuments publics, et deux cents millions pour les fortifications de Paris ; demandez donc de temps en temps un demi-million pour l’art. » Il fallait dire au peuple : « Peuple, écoute et regarde », car toutes les idées politiques, philosophiques, sociales, contemporaines, sont dans ce théâtre, ce journal qui se lit à haute voix chaque soir à Paris devant quarante mille spectateurs ; en France, devant cent mille.

956. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

Le soir, à l’auberge, nous voyons danser la jota aux sons de la guitare et des castagnettes, et en nous endormant nous avons quelque peine à retrouver dans notre mémoire les souvenirs tragiques qui semblaient devoir se dresser de toutes parts autour de nous. […] La course est de sept heures environ : autant pour revenir et au moins deux heures de repos là-haut, c’est-à-dire qu’il faudrait partir à quatre heures du matin pour être rentrés à huit heures du soir, et passer les seize heures dans la brume. […] » Giovanni dit : « Où voulons-nous arriver ce soir ?  […] J’avais peur que les planches de ma maison, qui était petite et vieille, ne rompissent, et je dis ma crainte à tous, en ajoutant : « Ce soir il ira loger ailleurs. » Ils attendirent alors patiemment l’heure où il devait sortir, pour le voir, et il arriva une si grande multitude de gens que toute la place des Alberti et toutes les rues se remplirent. […] « Au matin et au soir. » 254.

957. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Jusqu’au soir il officiait. […] Le Moigne prêche chaque soir. […] L’église est pleine ; c’est donc qu’il y a dans cette population misérable des hommes et des femmes pour préférer, le soir après la journée laborieuse, l’église au cabaret. […] Il prêche le jeudi soir à Saint-Ambroise, le mercredi à Saint-Honoré-d’Eylau ; c’est là que je l’ai entendu. […] Un soir, il se promenait.

958. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Aux soirs de bataille, je me reposerai à disséquer quelques cadavres. […] Elle termine par cette phrase le récit de ce dîner dont nous l’avons vue si troublée : « Edmée est charmante ce soir et très admirée dans ses courtes apparitions au salon et à table. » La grâce des enfants entrevus la séduit plus que toutes les beautés du voyage. […] Un bon cheval, un soir embaumé, vaporeux, Un charmant tête-à-tête obtenu par surprise, Un horizon lointain qui pâlit et s’irise, Et la rouge bruyère au bord du chemin creux. […] Tournons des pages… Je rencontre ce final : Viens chaque soir, Ô bel œil noir, A mes yeux bleus Ouvrir les cieux ! […] Le soir tombe et j’ai fini ma journée.

959. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Cela viendra, je l’espère ; alors plus d’Harmonies du cœur, de Larmes et Sourires, de Soupirs et Langueurs, de Souffrances et Plumes arrachées, de Brises du soir, plus de Méditations, de Contemplations, de Satires, de Primevères, de Chroniques rimées, de Poèmes antiques ou antédiluviens, de Chercheurs d’or, de Gabrielle, d’Honneur et d’Argent. […] vingt salles de spectacle s’ouvrent tous les soirs pour recevoir la foule avide d’entendre des acteurs aimés. […] Le théâtre vit, et très bien ; il y avait une queue du diable hier à l’Ambigu et je ne sais pas comment je ferai ce soir pour trouver une place au Marin de la Garde. […] Des effets d’Étoile du Soir permettent d’opposer des noirs à des jours qui vont en dégradation, aspects chéris des peintres ; — mais pourquoi les noyés vont-ils exclusivement au ciel, dans la composition qui représente Notre-Dame-de-Bon-Secours ? […] Tous les soirs on met son bonnet de coton pour dormir, voilà une chose qui se passe souvent.

960. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Le 17 février 1873, à dix heures du soir, il y avait juste deux cents ans que Molière était mort, âgé de cinquante et un ans, un mois et deux jours. […] » Il était affreusement pâle, et Armande Béjart et Baron voulurent l’engager à ne point jouer ce soir-là son rôle d’Argan. […] Écoutez : Chez le grand Scaramouche il va soir et matin. […] Ledit Moliere estoit décédé le vendredy au soir, 17 février 1673. […] Devant un rideau nouveau, représentant le Parnasse de Raphaël, on vit défiler, ce soir-là, toutes les célébrités du moment, précédées de la grande Rachel elle-même, vêtue de draperies blanches, une branche d’olivier à la main, pour représenter la muse antique de l’histoire.

961. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

Ses odes ne sont que ses billets du matin ou du soir à ses amis et à ses amies de Rome et de Naples. […] « Et moi, l’homme qui se parait naguère à Rome de toges fines et légères, et dont les cheveux luisants embaumaient d’essences ; l’homme célèbre, tu le sais, pour avoir été préféré à tous par l’avide courtisane Glycère ; l’homme qui s’humectait du matin au soir du cristal liquide du vin de Falerne, il ne se délecte maintenant que d’un court repos, d’un sommeil sans couche dans l’herbe auprès du ruisseau.

962. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Joachim et la reine montèrent en voiture, parcoururent la ville et furent accueillis par d’enthousiastes acclamations ; le soir, au Grand-Théâtre, ils se montrèrent dans leur loge, accompagnés de l’ambassadeur extraordinaire d’Autriche, négociateur du traité, et du commandant des forces anglaises, et ne recueillirent pas de moins ardentes marques de sympathie. […] Quand, tout essoufflé, après avoir grimpé trois étages, j’entrais dans la cellule aux approches du soir, j’étais ravi : la plongée des fenêtres était sur le jardin de l’Abbaye, dans la corbeille verdoyante duquel tournoyaient des religieuses et couraient des pensionnaires.

963. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

Peut-être s’étaient-ils évadés de quelque corps de garde entrebâillé ; peut-être aux environs, à la barrière d’Enfer, ou sur l’esplanade de l’Observatoire, ou dans le carrefour voisin dominé par le fronton où on lit : Invenerunt parvulum pannis involutum , y avait-il quelque baraque de saltimbanques dont ils s’étaient enfuis ; peut-être avaient-ils, la veille au soir, trompé l’œil des inspecteurs du jardin à l’heure de la clôture, et avaient-ils passé la nuit dans quelqu’une de ces guérites où on lit les journaux. […] Misères d’un métier horrible, et cependant nécessaire, pour ces milliers d’hommes mourant de faim, de froid, de nudité, de défaillance, si le mineur, pour gagner sa vie et celle de ses petits, ne s’enfermait pas, son pic à la main, dans ces labyrinthes souterrains de la mine pour en rapporter le soir le morceau de pain pour sa famille, le calorique pétrifié pour les autres !

964. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

En ces choses vous monstré-je que celi est bien fol hardi qui se ose mettre en tel peril, à tout autrui chatel ou en péchié mortel ; car l’en se dort le soir là où en ne scet se l’en se trouverra ou fons de la mer3. » Il est fort douteux que ce dernier trait soit une réminiscence classique de l’Illli robur et ces triplex d’Horace, quoique Joinville semble avoir quelque souvenir de l’antiquité, et qu’il compare Louis IX à Titus. […] Est par là vous fais-je voir que celui-là est bien fou hardi qui s’ose mettre en tel péril avec le bien d’autrui, ou en péché mortel ; car on s’endort le soir sans savoir si l’on ne se trouvera pas au fond de la mer. » 4.

965. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

Si la nuit où nous sommes tient à leur silence, il y a longtemps déjà qu’il fait soir.

966. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

« Si demain je suis aussi heureux qu’aujourd’hui, disait-il le soir en soupant dans une auberge de village en compagnie de ses maréchaux, dans quinze jours j’aurai ramené l’ennemi sur le Rhin, et du Rhin à la Vistule il n’y a qu’un pas ! 

967. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Mémoires du duc de Luynes sur la Cour de Louis XV, publiés par MM. L. Dussieux et E. Soulié. » pp. 369-384

» Ce discours étonna extrêmement tous les spectateurs, et dès le soir même toute la Cour vint faire des compliments à Mme la maréchale de Rochefort (grand-mère de M. de Nangis) et à M. de Nangis.

968. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Lettres de Madame de Sévigné »

Elle y va, on remmène le soir.

969. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

En poésie, au théâtre, en tout comme à la guerre, les uns n’ont qu’un jour, une heure brillante, une victoire qui reste attachée à leur nom et à quoi le reste ne répond pas : c’est comme Augereau, qui aurait mieux fait de mourir le soir de Castiglione.

970. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte. »

qu’il fallait donc à ce Cervantes âgé pour lors de cinquante-huit ans, touchant au soir de la vie, et dont nous venons d’indiquer, bien légèrement encore, les opiniâtres infortunes, qu’il lui fallait d’imagination puissante et flexible, de ressort de caractère, de bonne humeur toujours prête et inaltérable, d’expérience variée, amassée de toutes parts naïvement et sans calcul, richement diversifiée et abondante, pour savoir ainsi instruire en se jouant et railler sans amertume !

971. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

De l’aube au soir, un brouillard gris ferme les horizons.

972. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite.) »

Cependant je lui ai écrit deux mots le soir de la bataille sur le cul d’un chapeau, et tous les autres jours ensuite le petit sauteur (probablement le petit comte de Billy) s’est escrimé aussi de détails qui doivent être parvenus à cette heure.

973. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

En rentrant chez elle hier soir, elle a trouvé sous enveloppe le testament de son évêque, qui la fait son héritière.

974. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

« J’étais sorti le matin pour chasser le sanglier, et je suis rentré le soir ayant pris beaucoup de cigales. » Mais les cigales sont harmonieuses. — Eh bien, l’école poétique moderne, au pis, peut se dire comme ce chasseur-là.

975. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Il apprend que son élève a certain rendez-vous pour le soir même, à minuit : il se rend au lieu indiqué, et trouve une échelle appuyée au balcon de la demoiselle.

976. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

(Le nom platonicien de dialogues s’évoque peu à ces soirs où le dialectique est volontiers lâche.)

977. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

Le jeudi soir, Guaita rompt sa solitude et ouvre la porte à ses amis.

978. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

L’arbre, le lac, le ciel n’ont plus le soir le même aspect que le matin.

979. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Raphaël, pages de la vingtième année, par M. de Lamartine. » pp. 63-78

Raphaël n’a entendu d’abord que sa voix : Elle résonnait, dit-il, entre les dents à demi fermées, comme ces petites lyres de métal que les enfants des îles de l’Archipel font résonner sur leurs lèvres, le soir, au bord de la mer.

980. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

Il faut noter deux époques très distinctes dans la vie de Mme Récamier : sa vie de jeunesse, de triomphe et de beauté, sa longue matinée de soleil qui dura bien tard jusqu’au couchant ; puis le soir de sa vie après le soleil couché, je ne me déciderai jamais à dire sa vieillesse.

981. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

Chaque soir, l’hôtel de Chevreuse, ou quelque autre distraction clandestine, le consolait de ses propres ennuis du jour et de la perte de l’État.

982. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Walckenaer. » pp. 165-181

Il a les noms de tous ceux qui ont visité Mme de Sévigné tel jour et tel soir ; il a les noms aussi de ceux qui sont allés chez les bonnes amies de Mme de Sévigné, chez Mme de La Fayette, chez Mme de Coulanges, ou même chez une simple connaissance, chez Mme Pelissari.

983. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Les romans de M. Edm. de Goncourt » pp. 158-183

Dans un cheval blanc promené le soir aux lumières dans un manège, il saisit « un flottement de soie au milieu duquel s’apercevaient des yeux humides ».

984. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Essai, sur, les études en Russie » pp. 419-428

En Allemagne, il y a, matin et soir, des heures fixes pour l’instruction publique, où tous les enfants assistent gratuitement ; mais, après ces heures publiques, le maître d’école en tient encore une privée pour les enfants des citoyens plus aisés, qui lui payent pour ces soins particuliers une modique rétribution.

985. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

dire que tu vas ce soir au Ranelagh, tandis que moi je reste assis plein de tristesse dans ma solitude, comme le prophète quand la voix lui parla et lui dit : Que fais-tu donc, Élie ?

986. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

  Un soir, — il y a bien quatre ou cinq ans de cela, — le hasard nous conduisit dans un Divan fameux de la rive droite, à quelques pas du boulevard. […] Voyant le mal du siècle empirer, et les hommes s’enfoncer de plus en plus dans le bourbier du matérialisme (style Weill), Jean Journet consacrait ses modiques ressources, — il empruntait quand elles étaient épuisées, — à faire imprimer de petites brochures sur les fléaux qui menaçaient la société ; les brochures imprimées, avec des titres sinistres, il les fourrait dans sa poche ; puis, le soir venu, il allait de théâtre en théâtre, gravissait avec les ailes de la foi, les cimes les plus inaccessibles du paradis, et sitôt la toile tombée, son apostolat commençait. […] Elle se sera déguisée, un soir, en caballero, et sa moustache postiche, en rentrant dans l’armoire, aura laissé à sa lèvre ce souvenir velouté mais imperceptible. […] J’en entamai la lecture un soir, en me couchant, et, par une imprudence qui pouvait avoir les suites les plus fâcheuses, je ne tardai pas à m’endormir. […] L’Odéon la lui prêta amicalement ; et, depuis ce jour, elle se donne tous les soirs une indigestion de ces mêmes pommes refusées par mademoiselle Marquet, pour celles plus substantielles et plus nourrissantes du général Guédéonoff.

987. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

— Précisément  Et l’on ne parla plus d’aïeux ce soir-là. […] Elle vivait le matin à Versailles, cette oasis de tranquillité, et le soir à Paris, ce volcan d’agitation. […] Rien de plus sinistre que l’arrivée d’un télégramme à la campagne, le soir. […] Le soir, en revenant du palais Florian, nous causions encore sur notre balcon jusqu’à ce que le fallot de la dernière gondole eut disparu à l’angle du canal. […] Dimanche, mais il ne le voulut pas, et la France eut ce spectacle triste du poëte vieillissant, courbé depuis l’aube jusqu’au soir sous le joug de la copie productive.

988. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

combien différent de tant d’esprits de nos jours qui n’ont jamais fait autre chose dans leur vie qu’aller à la promenade soir et matin !   […] » Ainsi donc ce jeune magistrat, si opposé par sa nuance religieuse à notre vieille race parlementaire et gallicane des L’Hôpital et des de Thou, si supérieur par la gravité des mœurs à cette autre postérité plus récente et bien docte encore de nos gentilshommes de robe, de Brosses ou Montesquieu, M. de Maistre était autant versé qu’aucun d’eux dans les hautes études ; il vaquait tout le jour aux fonctions de sa charge, à l’approfondissement du droit, et il lisait Pindare en grec, les soirs. […] Logé avec sa femme et ses deux enfants dans une seule pièce du rez-de-chaussée à l’hôtel du résident d’Autriche, qui n’avait pu lui faire accepter davantage, il s’y livrait encore à l’étude, à la méditation, et le soir, quand son hôte (le comte de Kevenhüller), le cardinal Maury et d’autres personnages distingués, venaient s’y asseoir auprès de lui, il les étonnait par l’étendue de son coup d’œil et sa vigueur d’espérance : « Tout ceci, disait-il, n’est qu’un mouvement de la vague ; demain peut-être elle nous portera trop haut, et c’est alors qu’il sera difficile de gouverner. » Après diverses fluctuations résultant des événements, M. de Maistre fut mandé en Sardaigne par son souverain et nommé régent de la Grande-Chancellerie de ce royaume ainsi réduit. […] Un soir, à Pétersbourg, le prince Viasemski entra chez M. de Maistre, qu’il trouva dormant en famille, et M. de Tourguenef, qui était venu en visite, voyant ce sommeil, avait pris le parti de dormir aussi ; le prince, homme d’esprit et poëte, rendit ce concert d’un trait : « De Maistre dort, lui quatrième (à quatre), et Tourguenef à lui tout seul. » Cela fait une jolie épigramme russe, mais les épigrammes sont intraduisibles ; il faut nous en tenir à notre La Fontaine : Son chien dormait aussi, comme aussi sa musette.

989. (1922) Gustave Flaubert

Il lui écrivit le soir même sa première lettre, dès son retour à Croisset. […] Homais, avec ses bocaux rouges et verts qui font le soir une flamme de bengale. […] on voudrait habiter la ville, danser la polka tous les soirs ! […] J’ai passé, jeudi soir, deux belles heures, la tête dans mes mains, songeant aux enceintes bariolées d’Écbatane. […] Le soir où il reçoit sa première invitation des Arnoux, Deslauriers arrive de Nogent pour s’installer chez lui.

990. (1890) Dramaturges et romanciers

Un soir qu’il assistait à une représentation des Funambules, il lui a semblé qu’on n’avait pas compris jusqu’à lui le type de Pierrot, et il a trouvé une explication nouvelle, pleine de profondeur immorale, de ce personnage perfide, malicieux et discret. […] Un soir, sur les planches des Funambules, où il s’est engagé pour complaire à sa maîtresse et où il obtient les plus grands succès, Servieux coupe le cou à son rival. […] Un jeune chasseur aperçoit du haut d’une montagne une troupe de bohémiens qui se sont arrêtés dans la vallée pour prendre leur repas du soir. […] Un soir, lorsqu’elle était enfant, et avant même qu’elle pût parler, on la vit pleurer en levant les yeux au ciel, et en étendant la main vers quelque chose de lointain ; Sibylle demandait une étoile. […] Un soir que la société est réunie près du Parthénon, la marquise, qui s’ennuie plus que de coutume, propose une joute oratoire en l’honneur de ce cheval bien-aimé ; chacun des concurrents vient donc à son tour célébrer les louanges de ce favori.

991. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Combien y a-t-il de filles qui foulent chaque soir les pavés de Londres ? […] L’aristocratie y séjourne toute l’année ; les riches commerçants de la Cité, leurs affaires finies, vont retrouver chaque soir leurs familles, qui habitent souvent à plusieurs lieues de Londres. […] Pendant son premier séjour en France, lord Herbert allait fréquemment à la cour de la reine Marguerite, la première femme de Henri IV, et voici ce qu’il y vit un certain soir. […] Qui donc connaît aujourd’hui l’Ode au soir, de Collins ? […] La race emplumée t’appartient tout entière, et avec elle une musique qui ne doit rien à l’art commencera bientôt à saluer joyeusement tes promenades du matin et du soir.

992. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Annonçant au roi son mariage et celui de son frère, il lui dit : « Nous nous marions tous les deux jeudi soir. […] Je montais à sept heures du soir vers la poste, où j’allais chercher le bonheur de ma soirée. […] Chaque soir tu nous donnes la chasse. […] Je t’haïs    le matin et je t’haïs le    soir. […] qui, sans s’être prosternés dans la poussière sacrée des chemins d’Athènes, sans avoir vu, dans la lumière pourpre des soirs, passer les grandes ombres dont le défilé solennel anime les cimes de l’Hymette et les plaines de la mer de Salamine, sans avoir vu cette terre d’Hellas où les Dieux, les Dieux éternels vivent encore, vivent à jamais dans leur gloire et dans leur beauté, sans être sortis de la boue de leur ville ténébreuse, se sont permis de peindre les héros, se sont permis de faire parler les filles de Sparte et d’Argos, se sont permis de corriger Euripide et d’apprendre à vivre à Sophocle ! 

993. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Hier soir vous m’avez montré une lettre qui vous est adressée par un de vos amis classiques. […] Il se tourne vers moi, et d’un air fâché : « Je ne vois pas, dit-il, ce que ce tableau vanté a de si sublime. — À propos, lui dis-je, savez-vous ce que la rente a fait hier soir fin courant ?  […] Perlet n’a pas voulu, un soir, imiter la bassesse des histrions de 1780, et pour avoir été un Français de 1824, tous les théâtres de Paris lui sont fermés.

994. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

Nul ne sait ; ce serait une douleur à ajouter aux autres ; mais ne le plaignons pas… ; il sourirait, héroïque comme au soir de sa mort. […] nous avons combattu avec l’épée… ») révèlent à Augustin Thierry sa vocation d’historien ; et c’est une chaîne ininterrompue qui va de Thierry à Guizot, à Tocqueville, à Michelet, à Fustel de Coulanges, à Taine et à Renan ; c’est aussi par une intuition d’abord toute poétique que Gregorovius, un soir, sur un pont du Tibre, conçoit son Histoire de Rome. […] Il serait oiseux d’accumuler ici des témoignages, des preuves ; je préfère un simple fait divers : je flânais l’autre soir dans les rues de Paris, observant et réfléchissant ; passent deux ouvriers, et je surprends ces mots de l’un à l’autre : « Vois-tu, il faut se faire une logique, et dire : va comme je te pousse ! 

995. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

Mme de La Fayette écrit cette lettre à Mme de Sablé, ancienne amie de M. de La Rochefoucauld, la même qui eut tant de part à la confection des Maximes, et qui, depuis quelque temps, s’était tout à rait liée avec Port-Royal, par intention de réforme et peur de la mort, à ce qu’il semble, plutôt que par conversion bien entière : — « Ce lundi au soir. — Je ne pus hier répondre à votre billet, parce que j’avois du monde, et je crois que je n’y répondrai pas aujourd’hui, parce que je le trouve trop obligeant. […] En juin 1672, quand un soir, la mort de M. de Longueville, celle du chevalier de Marsillac son petit-fils, et la blessure du prince de Marsillac son fils, quand toute cette grêle tomba sur lui, nous dit Mme de Sévigné, il fut admirable à la fois de douleur et de fermeté : « J’ai vu son cœur à découvert, ajoute-t-elle, en cette cruelle aventure ; il est au premier rang de ce que j’ai jamais vu de courage, de mérite, de tendresse et de raison. » A peu de distance de là, elle disait de lui encore qu’il était patriarche et sentait presque aussi bien qu’elle la tendresse maternelle.

996. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre troisième. La connaissance de l’esprit — Chapitre premier. La connaissance de l’esprit » pp. 199-245

. — Un paysan dont la sœur était morte hors du pays m’assura qu’il avait vu son âme, le soir même de cette mort ; examen fait, cette âme était une phosphorescence qui s’était produite dans un coin, sur une vieille commode où était une bouteille d’esprit-de-vin. — Le guide d’un de mes amis à Smyrne disait avoir vu une jeune fille apportée en plein jour à travers le ciel par la force d’un enchantement ; toute la ville avait été témoin du miracle ; après quinze heures de questions ménagées, il fut évident que le guide se souvenait seulement d’avoir vu ce jour-là un petit nuage dans le ciel. — En effet, ce qui constitue le souvenir, c’est le recul spontané d’une représentation qui va s’emboîter exactement entre tel et tel anneau dans la série des événements qui sont notre vie. […] Quand, aujourd’hui soir, je prévois que le soleil se lèvera demain, ce que j’ai actuellement dans l’esprit, c’est la représentation plus ou moins expresse du soleil à son lever, d’un cercle d’or surgissant au bord oriental du ciel, de rayons presque horizontaux qui éclairent d’abord la tête des collines, tout cela résumé dans un mot, dans un lambeau ressuscitant de sensation visuelle, en d’autres termes, dans une image présente.

997. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

Ces sonnets sont empreints de cette triste et poignante sérénité des heures du soir de la vie des grands hommes, où, à mesure que leur soleil baisse, leur âme semble grandir avec leur génie. […] Les hameaux que nous comptions tout à l’heure, disséminés dans les vallées inférieures, s’évanouissaient à l’œil dans les vapeurs et dans les fumées du soir et de la distance.

998. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

« Il était à peu près neuf heures du soir ; le soleil se couchait par un temps superbe ; le faible vent qui nous poussait expira dans la voile que nous vîmes badiner. […] Ces Bourbons, auxquels vous aviez tant de fois prédit une possession éternelle du trône de Louis XIV, relevé par la main de Dieu, se sont précipités eux-mêmes de ce trône pour avoir eu trop de foi dans des théories semblables aux vôtres, et leur dernier descendant, sans descendants, erre exilé de ses palais, comme un hôte d’un soir dans l’hôtellerie de Venise.

999. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

Le matin, pensez que vous n’atteindrez pas le soir ; le soir, n’osez pas vous promettre de voir le matin.

1000. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Est-ce besoin incessant de l’écho et de l’applaudissement de ces salons qui lui renvoyaient tous les soirs la gloire et l’enthousiasme pour chaque phrase ? […] En approchant de la demeure de mon père, un de mes amis me montra sur la montagne des nuages qui ressemblaient à une grande figure d’homme qui disparaîtrait vers le soir, et il me sembla que le ciel m’offrait ainsi le symbole de la perte que je venais de faire.

1001. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

Sur les murs ensuiés, des lignes retraçant la plage familière et la mer sempiternelle fixées en leurs traits les plus décisifs, une vision de la plage et de la mer ; puis, aux soirs de feu dans la hutte, parmi la famille assemblée, une voix exprimant en paroles longues et parfois précipitées l’intelligence de la mer tant parcourue et de ces plages connues, et des mots disant les qualités par l’âme abstraites du spectacle invétéré, et des mots pour tout ce qu’elle est d’immense et de fatal, cette incessante mer sur les plages immobiles ; enfin, par les grèves, menant ses courses hallucinées, l’homme, soit que dans quelque coquillage ou quelque corne ou quelque métal grossièrement forgé il voulût exagérer son chant, soit que de sa simple voix il modulât, dans l’harmonie des bruits conjoints, les rythmes et les mélodies, il s’épandait en ululements, et dans ses cris il imitait, variait, et à l’infini transformait et subtilisait les répondantes clameurs des vents et des flots contre les roches, afin qu’en ses vaticinantes vociférations s’exhalassent les innommables et informes et multiples et exubérantes sensations de la mer sur les plages ; et c’eût été des terreurs, des pitiés, des menaces, des désespérances, des amours et des innombrables angoissements d’âme, des innombrables véhémences du cœur poigné, qu’eût alors vécu le chant de l’artiste préhistorique. […] Kundry : Je suis le Parsifal féminin ; le désir et l’erreur… Ich sah ihn… je l’ai vu, lui, l’amant, et j’ai ri… « Moi Hérodias, Gundryggia, Kundry, L’Innommée, l’Eve, Femme de tous les temps, j’ai fait ceci : par les antiques villes très joyeuses et tranquilles des âges omni-historiques, fille errante et nubile d’amour, j’allais les attentes de l’Amant ; et vint l’instant des destinées : c’était en d’incertaines occurrences, à l’exemple de soirs d’automne, et dans la ville ; des plus éloignés lointains sortait-il ?

1002. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

Dans une des plus belles pages de l’écrivain, quand les Micawber, Peggotty et la malheureuse Émilie s’embarquent à Gravescend, sur un navire d’émigrants, le soir, au couchant, tous les minces agrès profilés sur le ciel éclatant, c’est non ce grand spectacle que décrit Dickens, mais la tristesse du départ, l’espoir de nouvelles destinées ; une antre de ses meilleures scènes, le récit du sinistre où Steerforth perdit si bravement la vie, agitant son bonnet rouge au-dessus des grandes lames vertes, paraîtra à tout lecteur moderne bien peu pittoresque et trop rempli des sensations d’effroi et de compassion du narrateur. […] Que l’on joigne à ces livres le fantastique plus grossier des Contes de Noël, l’étrangeté parfois puissante de certaines nouvelles, comme ce Hunted down (Chassé à mort), où l’on finit par traquer un être sombre et farouche appliqué à tuer lentement les parents qu’il a d’abord fait s’assurer ; que l’on prenne encore l’effrayant suicide de Nicolas Nickleby et les réflexions mortelles qui le hantent quand, revenant le soir dans la noire maison où il a décidé de se rendre, il longe le mur du cimetière abandonné qui l’avoisine ; les scènes où cette percluse, fière et bigote négociante, Mme Clennam, languit morosement, toute vêtue de noir, dans un fauteuil à oreillettes, si semblable à un cercueil, autour duquel tourne la vieille Affery avec ses airs de somnambule effarée ; on aura un ensemble de récits terrifiants où Dickens ne touche plus que respectueusement aux vices qu’il déteste et où il parvient presque à créer les êtres complexes et réels, fantomatiques sans doute et entourés de mystère, mais recelant dans leur esprit, que l’auteur laisse deviner sans l’analyser, ces profondeurs et ces crises contradictoires qui constituent l’homme véritable.

1003. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Gustave Flaubert. Étude analytique » pp. 2-68

Aux endroits éclatants de ses œuvres, dans les scènes douces ou superbes, quand le paragraphe lentement échafaudé va se terminer par une idée grandiose ou une cadence sonore, Flaubert, usant d’habitude d’un « et » initial, balançant pesamment ses mots, qui roulent et qui tanguent comme un navire prenant le large, pousse d’un seul jet un flux de phrases cohérentes : « Trois fois par lune, ils faisaient monter leur lit sur la haute terrasse bordant le mur de la cour ; et d’en bas on les apercevait dans les airs sans cothurnes et sans manteaux, avec les diamants de leurs doigts qui se promenaient » sur les viandes, et leurs grandes boucles d’oreilles qui se penchaient entre les buires, tous forts et gras, à moitié nus, heureux, riant et mangeant en plein azur, comme de gros requins qui s’ébattent dans l’onde. » Et cette autre période, dans un ton mineur « Maintenant, il l’accompagnait à la messe, il faisait le soir, sa partie d’impériale, il s’accoutumait à la province, s’y enfonçait  et même son amour avait pris comme une douceur funèbre, un charme assoupissant. […] Chacun de ses doigts était pour lui plus qu’une chose, presqu’une personne… Il l’appelait Marie, adorant ce nom là fait exprès, disait-il, pour être soupiré dans l’extase et qui semblait contenir des nuages d’encens, des penchées de roses. » D’aussi, belles pages marquent encore la sensualité contenue de ces deux êtres mûrs pour l’amour, et exacerbant leurs nerfs malades ; la promesse de son corps accordée et ce sacrifice empêché par la maladie de son fils tandis que dehors l’émeute se déchaîne  puis la séparation des deux amants, jusqu’à cette scène effroyablement aigüe où Frédéric, se trouvant un soir chez elle pâle et en larmes, est emmené par sa maîtresse, tandis que les rires délirants de Mme Arnoux sonnent dans l’escalier, et en trouent l’ombre ; la ruine de cette femme, cette chose intime et presque obscène, la vente de ses effets : enfin cette suprême et dure entrevue, où éclairée tout à coup par la lampe, elle montre à son amant vieilli, et travaillé de concupiscences, la froideur pure sur ses doux yeux noirs, de ses cheveux désormais blancs, dont, déroulés, elle taille une mèche, « brutalement à la racine »… Par ce type de femme de la grâce la plus haute, Flaubert se compensait de toutes les brutes que son souci de la vérité le forçait à peindre.

1004. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le Roman de Renart. Histoire littéraire de la France, t. XXII. (Fin.) » pp. 308-324

La femme gardienne du ménil, comme c’était le soir, vient appeler ses poules et s’aperçoit du malheur ; maître Costant arrive à son tour : on court sus de tous côtés à Renart ; on le poursuit de menaces et de huées.

1005. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. (1853.) » pp. 413-430

C’est là qu’en accostant, dit-il, le paysan qui descend la chaussée, ou en s’asseyant le soir au foyer des chaumières, on a le charme encore d’entendre le français de souche, le français vieilli, mais nerveux, souple, libre et parlé avec une antique et franche netteté par des hommes aussi simples de mœurs que sains de cœur et sensés d’esprit ; … — en telle sorte que la parole n’est plus guère que du sens, mais franc, natif, et comme transparent d’ingénuité.

1006. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

Devant la maison natale était suspendu une sorte de dôme, également formé de guirlandes naturelles et qui produisait un effet charmant ; enfin, on y avait déjà disposé les mâts vénitiens et les lanternes de papier de couleurs vives et variées pour l’illumination du soir.

1007. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Enfin, à force de constance et d’adresse, la lunette mieux dirigée un soir, et par un ciel parfaitement serein, vers le sommet au loin soupçonné, laissa bientôt voir de nuit le point lumineux et presque imperceptible qu’on avait vainement cherché jusque-là dans un champ trop indéfini.

1008. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

On sait que, prôné à l’hôtel de Rambouillet par le marquis de Feuquières, qui avait connu son père à Metz et qui étendait sa bienveillance sur le fils, le jeune Bossuet y fut conduit un soir pour y prêcher un sermon improvisé.

1009. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

Et encore, lorsque le jeune Alsacien s’écrie dans une pièce intitulée Le Soir :     Élève-toi, mon âme, à la voûte azurée ;         Prends des deux la route ignorée.

1010. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

Préface dont une moitié est charmante, et qui ressemble à une conversation vive, abondante, inattendue ; allant tout droit devant elle, et comme en a matin et soir cet esprit si fertile et si en train à toute heure.

1011. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Le jour, je me promène sous des hêtres pareils à ceux que Saint-Amant dépeint dans sa Solitude ; et depuis six heures du soir que la nuit vient, jusqu’à minuit qui est l’heure où je me couche, je suis tout seul dans une grosse tour, à plus de deux cents pas d’aucune créature vivante : je crois que vous aurez peur des esprits en lisant seulement cette peinture de la vie que je mène.

1012. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

Faites-les commander, prenez les officiers que vous voudrez ; et, en suivant l’armée ennemie pendant trois ou quatre jours, vous verrez ce qu’elle deviendra, et ce que vous pourrez faire sans vous commettre. » Le lendemain soir, au retour, Villars ramenant bon nombre de prisonniers qu’il avait enlevés, le maréchal lui dit : « Nous aurions été brouillés ensemble, si je ne vous avais pas donné un détachement pour suivre vos amis que vous ne sauriez perdre de vue. » En 1677, à la bataille de Mont-Cassel près Saint-Omer, commandant une réserve de cinq escadrons, Villars conseilla sur la droite des ennemis une charge qui, faite à temps, eût rendu la victoire décisive ; mais un ordre précis, apporté par l’aide de camp Chamlay, homme de confiance de la Cour, le força de s’abstenir et de se diriger ailleurs.

1013. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

Pourvu qu’il passât ses après-midi et ses soirs à entretenir Mme de Mazarin, il n’avait pas perdu sa journée et il était content.

1014. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

À peine le précédent abbé avait-il rendu le dernier soupir, que Marolles, alors sur les lieux, en donna avis en toute hâte à son père, grâce à l’obligeance d’un maître de poste qui par un très mauvais temps, à dix heures du soir, expédia un courrier qui devança tous les autres.

1015. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — I » pp. 1-17

Témoin ces vers datés de la roche d’Onelle, qui se rapportent à l’automne de 1832 : Les siècles ont creusé dans la roche vieillie Des creux où vont dormir des gouttes d’eau de pluie, Et l’oiseau voyageur, qui s’y pose le soir, Plonge son bec avide en ce pur réservoir.

1016. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet »

vous vous trompez : il le fera encore ce soir, pour s’en moquer demain sans se corriger. » Il était difficile de présenter au jeune prince un portrait de lui en laid plus saillant et plus ressemblant, — un portrait à faire peur et qui le forçait cependant à sourire.

1017. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourg, par M. Michelet. (suite.) »

., il prit une résolution qu’il a toujours gardée depuis, de ne prendre le soir que des fruits cuits ou crus, et les jours qu’on lui faisait manger de la viande en carême, il n’usait que des viandes les plus communes, ainsi qu’il me l’a témoigné lui-même. » Oh !

1018. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poème des champs, par M. Calemard de Lafayette (suite et fin) »

Mais il est de ces fragments, de ces accidents heureux d’art et d’étude, qui, n’ayant rien à démêler avec les œuvres triomphales, n’en existent pas moins sous le soleil : — un rien, un rêve, une histoire de cœur et d’amour, une vue de nature, une promenade près de la mare où se baignent des canards et qu’illumine un rayon charmant, — et ce que je voyais l’autre jour encore à l’exposition du boulevard des Italiens, une vue de Blanchisserie hollandaise, par Ruisdaël, le Moulin d’Hobbema, ou un simple chemin de campagne regardé et rendu à une certaine heure du soir par un pauvre diable de paysagiste français nommé Michel, qui avait le sentiment et l’amour des choses simples.

1019. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

Et puis, quand je rentre dans mes quartiers non lettrés et tout populaires, quand je m’y replonge dans la foule comme cela me plaît surtout les soirs de fête, j’y vois ce que n’offrent pas à beaucoup près, dit-on, toutes les autres grandes villes, une population facile, sociable et encore polie ; et s’il m’arrive d’avoir à fendre un groupe un peu trop épais, j’entends parfois sortir ces mots d’une lèvre en gaieté : Respect à l’âge !

1020. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Sainte-Hélène, par M. Thiers »

… Ils viendront à ma rencontre… ils ressentiront encore une fois l’ivresse de la gloire humaine… Nous parlerons de ce que nous avons fait, nous nous entretiendrons de notre métier avec Frédéric, Turenne, Condé, César, Annibal… » Puis, s’arrêtant dans son rêve des Champs Élysées, dans sa vision d’Ossian, il ajoutait avec le sourire de l’homme qui, même tout près de l’agonie, sait maîtriser l’illusion : « À moins que là-haut comme ici-bas on n’ait peur de voir tant de militaires ensemble. » Il mourut le 5 mai, à six heures et demie du soir, au moment où le canon de l’île donnait le signal de la retraite et où le soleil se couchait dans l’océan.

1021. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Dès l’enfance, elle s’annonce comme un prodige : encore dans les langes, et comme on avait placé son berceau, un soir d’été, près d’une fenêtre ouverte, elle pleure et crie jusqu’à avoir des convulsions : c’est qu’elle voyait une étoile au ciel et qu’elle la voulait.

1022. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

Il est singulier, quand on revient de visiter Mégare, ou en descendant de l’Érymanthe, d’entendre le maître proposer à l’un de ses gens de « faire un culte » le soir.

1023. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

C’est certainement un gentil motif d’idylle, charmant peut-être dans l’original, que celui qui se présente à nous, ainsi traduit : Mona Sur le bord de la rivière, les pieds dans l’eau, assise sur le gazon frais, un soir Mòna Daoulas était dans la prairie, sous les aulnes verts.

1024. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

— Un moi mystérieux Nous pousse ; alors on prend la vie au sérieux : Plus de jeux dans les prés, plus de frais sous le saule, Le soir plus de moments perdus en doux propos ; Il faut douze combats, et puis, pour le repos, La peau de lion sur l’épaule !

1025. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

. — Troubles organiques : À l’embarras de la parole viennent s’ajouter les mouvements incertains décrits à la date du 11 juin : « Ce soir j’ai été douloureusement ému.

1026. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

disait-elle, il est mort ce soir à six heures ; sans cela, vous ne me verriez pas ici. » Sous ce régime continu de distractions et d’amusements, il n’y a plus de sentiments profonds ; on n’en a que d’épiderme ; l’amour lui-même se réduit à « l’échange de deux fantaisies »  Et, comme on tombe toujours du côté où l’on penche, la légèreté devient une élégance et un parti pris301.

1027. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Puis, un beau soir, mourez sur la scène subitement, dans un grand cri tragique, car la vieillesse serait trop dure pour vous.

1028. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

La bonne-maman d’Athis et le grand-papa Sallé se rencontraient tous les soirs au coucher de leur petit-fils ; le vieux braconnier, son bout de pipe noire rivé au coin de la bouche, l’ancienne lectrice au château, avec ses cheveux poudrés, son grand air, regardaient ensemble le bel enfant qui se roulait devant eux sur le tapis et l’admiraient autant tous deux89.

1029. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

Aussi l’habitude de jouer chaque soir Hector ou Crispin avait rétréci le talent des comédiens, circonscrit leur horizon ; leur unique tâche étant de faire rire, Tartuffe fut joué comme valet, et, peu à peu, ce grand rôle ne fut plus qu’un sournois plaisant et cynique dont les charges et les paillardises égayaient le public.

1030. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

N’a-t-il bu que de l’eau, quand il revient chez lui le soir, amenant avec soi des femmes d’une vertu délabrée ; et qu’il maltraite celle pour qui je suis, de paroles et de coups ?

1031. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre onzième. »

On disait que tous les matins il faisait une brouillerie, et que tous les soirs il travaillait à un rhabillement.

1032. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Oscar Wilde à Paris » pp. 125-145

Certes les poètes romans avaient repris de leurs ancêtres de la Pléiade la cordiale coutume de se saluer en vers, mais ils s’en abstinrent ce soir-là.

1033. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « La Religieuse de Toulouse, par M. Jules Janin. (2 vol. in-8º.) » pp. 103-120

Sur un brouillard du soir, sur un violoniste qui passe, sur une danseuse qui s’en va, sur une bouquetière qui meurt, il a écrit des pages délicieuses qui méritent d’être conservées.

1034. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

Après quoi le précepteur emmène son élève, et lui montre l’état du ciel qu’ils avaient également observé la veille au soir avant de se coucher ; il lui fait remarquer les différences de position, les changements des constellations et des astres, car chez Rabelais, l’astronome, celui qui avait publié des almanachs, n’est pas moins habile que le médecin, et il ne veut considérer comme étrangère aucune science, aucune connaissance humaine et naturelle.

1035. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

Eugène, est aussi le plus dangereux pour la belle Louison, qu’il ne regarde au passage qu’en rougissant, et qu’il écoute chaque soir quand elle chante.

1036. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Un jour (20 avril 1793) le misérable Hébert, avec quelques municipaux, arriva dans la prison à dix heures du soir ; les prisonniers venaient de se coucher : Nous nous levâmes précipitamment, dit Madame Royale.

1037. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

Je vais aux Académies, en très peu de maisons, quelquefois aux promenades les plus solitaires, et je dis tous les soirs : Voilà encore un jour de passé.

1038. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Hippolyte Babou »

Hippolyte Babou, fils de ces contrées, ayant été bercé de légendes païennes, a été ramené, par la rêverie de son talent, vers les impressions de ses premières années, et les Païens innocents sont sortis, un soir ou un matin, de cette rêverie.

1039. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

À cette époque, il était amoureux fou de madame de Buffon, la menait tous les jours promener en cabriolet et le soir à tous les spectacles. […] Quand celui où nous sommes tirera à sa fin, dans la petite chambre que nous avons visitée, et dans des milliers d’autres, il y aura un calendrier sur lequel tous les soirs on effacera en soupirant un jour — un jour de vacances passé, — ou bien, pour établir un système de calcul encore plus navrant, il y aura un petit tas de cailloux dont on retirera un chaque soir. […] Il s’endort le soir, en se demandant ce qu’il fera le lendemain pour se rendre agréable à lui-même ; il s’étudie à se plaire. […] UN MONSIEUR (le journal du soir à la main). […] Le matin, ce sont les ventes des commissaires-priseurs ; le soir, ce sont les journaux qui rendent compte des séances des Chambres.

1040. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Elle veut se servir du livre qu’elle lit, de la pièce qu’elle entend Pauvre foule, si obscure et qui va se quêtant une conscience, inquiète et qui mendie un apaisement : « Donnez-moi une parole dont je fasse usage demain, ce soir, quand je devrai me décider, diriger les miens, conduire ma pensée. […] Des femmes qui n’étaient que déclassées ont achevé de se perdre en causant, vers les cinq heures du soir, comme dans le monde, sur les dos-à-dos de cet honnête salon… C’est ici encore la toile tendue, et l’araignée est tapie, qui veille. […] Réfléchissez en effet que, pendant des siècles et des siècles, nos aïeux, ces hommes dont les énergies s’additionnent dans notre énergie présente, se sont agenouillés matin et soir pour adorer la cause inconnue. […] Cela pourrait s’appeler sur un catalogue : Un Effet de soir à Paris […] Le vœu que je découvre en moi est d’un ami, avec qui m’isoler et me plaindre… Le soir, tous soirs, sans appareil, j’irais à lui.

1041. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Le soir, à la Scala de Milan, comme au San-Carlo de Naples, on en voit, de ces couples, qui s’adorent et n’ont pas et n’auront jamais l’idée d’y renoncer, etc. […] Le cardinal Sadolet remarque avec un peu d’inquiétude : « Comment maintenir un établissement à la sainteté duquel nous déclarons du matin au soir que nous ne croyons pas ?  […] Il fut, en ce soir d’un beau jour, aussi bon chrétien qu’il avait été païen convaincu. […] Il en a même créé, comme celui de cette Hespéris, déesse du soir, qu’il a nommée et chantée le premier. […] Elle avait des après-midi mallarméens, sans préjudice des matins et des soirs.

1042. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Ce soir-là, il envoie à Busnach un regard attendri, quand il croit que personne ne l’observe. […] Il ira le soir à Mabille ! […] Le public des premiers soirs était froid et semblait fatigué avant la fin. […] la vie paisible du foyer, le coin du feu le soir, entre le mari qui lit et la fille qui brode. […] Elle lui a fait avoir une mission en Orient, d’où, ce soir précisément, il revient.

1043. (1927) Des romantiques à nous

Cette dénigrante doctrine, présentée par Nietzsche avec la plus virulente verve, le spectacle de l’autre soir m’en apportait la réfutation expérimentale. […] C’est là que nous nous rencontrâmes un soir de décembre 1892. […] Que de beaux moments de jeunesse passés sur ce balcon, en particulier les soirs d’été, dans les entr’actes des séances de musique, consacrées à l’exécution branlante, mais enflammée, de trios et quatuors classiques, ou bien au chaleureux massacre d’un acte de Wagner. […] La veille de la Pentecôte, vers le soir, il avait eu affaire à la gare de l’Est. […] Le soir même des noces, Gillet sentit les premiers signes d’une fièvre typhoïde qui, peu de jours après, l’emportait.

1044. (1925) Portraits et souvenirs

Ce fut là que Stendhal rencontra, un soir, à Milan, au théâtre de la Scala, celui qu’un rapport de police, qui nous est parvenu, qualifiait « d’homme de génie, très froid et très fin ». […] Je le revois, comme il m’apparut, pour la première fois, un soir d’hiver, chez Stéphane Mallarmé. […]   Ce fut ce soir-là que j’entendis pour la première fois causer Villiers. […] Pourquoi ces feux follets de vanité gâtaient-ils donc ainsi le soir de cette noble vie d’écrivain ? […] Le fait est qu’un soir où il était en train de dîner en famille un coup de fusil fut tiré du dehors sur les convives.

1045. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Vers six heures et demie du soir, après un frugal repas, il se met à l’ouvrage, et depuis plusieurs années, notamment depuis 1859, il ne s’est jamais couché avant trois heures du matin. […] Il a mené tous ses grands travaux dans le plus humble et le plus étroit logis, ne s’isolant même pas de sa famille, attentif à suivre son idée et sa composition, tandis que la causerie du soir se fait à voix basse tout à côté.

1046. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Il nous en lisait, à son neveu et à moi, des passages le matin ; le soir il écrivait, sur un gros livre blanc qu’on appelait le livre du fou rire, les anecdotes les plus niaises et les plus bouffonnes recueillies de la vie ou de la bouche de tous les sots d’Italie ou de Savoie pour dérider innocemment les plus austères soirées. […] Cette conversation mémorable a duré, avec une véhémence incroyable, depuis sept heures du soir jusqu’à deux heures du matin.

1047. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

L’avenir jugera ce procédé diplomatique dont Machiavel lui-même eût été étonné : un ambassadeur s’immisçant, à l’abri du droit des gens, dans les affaires du prince auprès de qui il représente l’alliance et l’amitié de son maître ; et cet ambassadeur remplaçant, le soir même de la révolution, le souverain qu’il a éconduit du trône, du palais et du pays ! […] Je n’ai pas besoin de dire que je refusai la visite, et que je me rendis le soir même au palais Pitti pour présenter mes respects au royal exilé.

1048. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. Causes physiologiques et psychologiques du plaisir et de la douleur »

« Il n’y a qu’une réponse : c’est que, depuis d’innombrables générations, la vue du soleil couchant est associée au sentiment de la fin du travail, du repos, de la satisfaction. » C’est trop dire, sans doute ; les teintes mêmes du soir et sa fraîcheur ont un effet psychologique qui entre comme élément dans notre émotion ; nos souvenirs personnels y sont aussi associés, et non pas seulement les réminiscences ancestrales ; pourtant il est plausible d’admettre que le calme des heures de repos goûtées par le genre humain depuis des siècles descend en nous avec les ombres du soir.

1049. (1909) De la poésie scientifique

Catulle Mendès qui s’est accru superbement, a commencé du soir (1897), où, sous le patronage de Stéphane Mallarmé, Sully-Prudhomme, François Coppée et Hérédia, présents et étrangement réconciliés, un Banquet en son honneur réunit sous son sourire parnassien, la plupart des apaisés poètes du « Symbolisme ». — Et le triomphe n’était pas pour eux, qui ainsi ont donné l’exemple de la régression, et presque sanctionné par avance la réaction7… Or, sans insister, de cette « réaction » organisée et non exempte de petitesse morale, il ressort ceci : C’est que les habiletés, les emprunts déguisés et incohérents, les demi-assertions, le tout ouvertement ou occultement patronné par des hommes d’étroite conception philosophique et artistique (qui donc, soutiennent encore dogmatiquement la persistance de l’Énergie en de mêmes modes ou son retour à d’antérieurs états), ont seulement démontré que les idées émises et les œuvres des Devanciers sont viables et nécessaires, puisqu’ainsi l’on s’en avoue maladroitement tes prisonniers incapables d’apport personnel. […] Elle représente toute une doctrine, à développement philosophique, sociologique, et d’éthique, et supporte une métaphysique… C’est en 1885, que, autour de Mallarmé, dans le petit salon de la rue de Rome où il recevait dès lors le mardi soir, le premier groupement s’opéra, avant toutes Ecoles.

1050. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Le Comte Léon Tolstoï »

C’est au début la scène légère des agitations, des amourettes et des jeux de la nursery, puis cet incident étourdissant, le soir où Natacha hésitant entre ses prétendants, court se blottir dans le lit de sa mère au coucher et lui raconte joyeusement ses peines ; où encore la vie de mascarades, de veillées, de folles courses en traîneau, de chasses et d’innocentes intrigues tout l’hiver à Otradnoé ; la sympathie, le plaisant et réconfortant intérêt pour la joie de ces bonnes gens, seront profonds et bienfaisants. […] L’irréparable mort de sa femme, l’impossibilité d’expier ses duretés envers cet être frivole, le replongent dans son amertume et ses agitations, et c’est encore par un calme soir de givre et de ciel clair qu’il entend et accepte presque des paroles du prince Pierre, la promesse d’une vie future, l’existence d’un dieu personnel qui réveillent en lui la force de vivre et d’espérer.

1051. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Une feuille du soir, à court de vocables, représenta sur sa première page, le soleil plongeant dans l’océan. […] Il publia pour répondre aux engouements du public et pour satisfaire ses goûts, des études sur le théâtre Espagnol, une édition du Romancero, une brochure sur le Guano, sa valeur comme engrais, un guide perpétuel de Paris : Tout Paris pour 12 sous, un mémoire sur la période de Disette, qui menace la France, une Histoire de France illustrée ; il composa un vaudeville en collaboration avec Romieu ; il étudia L’Afrique au point de vue agricole, créa le Journal du Soir, inventa les publications illustrées, par livraison, etc.

1052. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Tel fut cet empereur sous qui Rome adorée Vit renaître les jours de Saturne et de Rhée, Qui rendit de son joug l’univers amoureux, Qu’on n’alla jamais voir sans revenir heureux ; Qui soupirait le soir si sa main fortunée N’avait par des bienfaits signalé sa journée. […] XIX Boileau avait trouvé au petit village d’Auteuil, alors isolé de Paris, l’abri que tout homme sensible ou las cherche au soir de sa vie.

1053. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

Henry Bordeaux est un des maîtres de ce soir. […] Ils sont souples et gracieux comme des palmes, nuancés en d’infinies harmonies L’auteur d’Yvelaine aime les soirs d’enchantement, les palais de songe, les sources maléfiques envoûteuses des fleurs, les mystères des nuits d’orage où crient les voix sous les gibets, les souvenirs qui dorment au fond des mémoires et qui font frissonner les enfants.

1054. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

À l’entrée solennelle qui se fit le 15 septembre aux flambeaux, il était huit heures du soir quand le roi à cheval passa sur le pont Notre-Dame, accompagné d’un gros de cavalerie et entouré d’une magnifique noblesse : Lui avec un visage fort riant, et content de voir tout ce peuple crier si allègrement Vive le roi !

1055. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — II. (Fin.) » pp. 495-513

On ajoute « qu’elle était d’une assiduité opiniâtre au travail et ne sortait pas six fois l’an de chez elle, ou du moins de son quartier : mais, après avoir passé toute la matinée à l’étude, elle recevait le soir des visites de tout ce qu’il y avait de gens de lettres en France ».

1056. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — II » pp. 71-89

Montluc, au désespoir et dans son irritation, eut d’abord l’idée de désobéir, de se dérober le soir même du lendemain, de crever les chevaux et de se rompre le cou plutôt que de ne pas apporter lui-même le premier la nouvelle.

1057. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — II » pp. 254-269

Ce témoignage moins connu que d’autres a cela de particulier qu’il porte précisément sur le charme de la manière de Montaigne, en ce qu’elle a de plus opposé à la méthode de Charron : « Dans mon innocente et fortunée solitude, écrivait Jean de Muller (1784-1785), je travaille dix ou onze heures par jour à mon livre (sa grande histoire helvétique) ; vient ensuite une heure donnée à la correspondance, le reste à la société ; ma société du matin, c’est Moïse ou Paul, celle du soir Cicéron, Métastase et Montaigne ; parfois, quand l’horizon se trouble, vient un certain ami bien cher qui ne me quitte guère, nommé Horace ; il me dit : « Deme supercilio nubem… » Et à son frère, dans une lettre du 4 décembre 1788 : « Je te conseille de composer souvent ; cela est indispensable à un esprit comme le tien ; écris tes pensées sur les choses, les livres, les hommes ; qu’il sorte de là une collection à la Montaigne.

1058. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

On l’emmène, il s’enivre de sa parole, il ne s’appartient plus ; et en même temps il met tout en train autour de lui, il fait le divertissement et les délices de la table qui l’accueille et qui le retient, que ce soit celle d’un bourgeois, d’un magistrat ou d’un prince ; et il s’en revient le soir à son couvent comme il peut.

1059. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

Mais voici une jolie page datée de Paris même et qui en est digne : Une nouvelle pièce a-t-elle paru, l’on va chez Mme Geoffrin, Mme Necker ou Mlle de Lespinasse ; on retient ce qu’en ont dit Diderot, d’Alembert, Marmontel, Thomas ; on fait des visites ce même soir, on voit au moins soixante personnes, à qui l’on répète la même chose.

1060. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

Henri IV aimait le bonhomme, comme il disait ; il venait volontiers à ses assemblées, et y amena un soir le duc de Savoie, avec tous les princes et princesses.

1061. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

Il n’en est pas de plus propre à faire respecter l’esprit français à l’étranger (ce qui n’est pas également vrai de tous nos chefs-d’œuvre domestiques), et en même temps il y a profit pour chacun de l’avoir, soir et matin, sur sa table de nuit.

1062. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

sous les yeux de Jésus-Christ nous pouvons faire descendre quelques rayons de soleil pour éclairer, ranimer, réchauffer le soir de notre vie. » Elle a remarqué pourtant que Jésus-Christ n’a pas laissé d’enseignement direct et d’exemple pour la vieillesse ; « qu’il n’a pas sanctifié cet âge en le traversant », qu’en un mot il a voulu mourir jeune et n’a pas daigné vieillir.

1063. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Une monarchie en décadence, déboires de la cour d’Espagne sous le règne de Charles II, Par le marquis de Villars »

L’on ne peut assurément se mieux gouverner, ni avec plus de douceur et de complaisance pour le roi… » La duchesse de Terranova a établi une étiquette si maussade que, le repas du soir fini, à huit heures et demie, tous les jours, le roi et la reine se couchent « le moment d’après qu’ils sont sortis de table, ayant encore le morceau au bec.

1064. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

Toute cette brillante société s’en était allée passer une journée à Chambéry, et l’on s’en revenait à Aix vers le soir, en deux carrosses.

1065. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français »

Moland, c’est cette même arrière-pensée de miséricorde, terminant la sentence divine qui-a-inspiré plus tard à Milton de faire descendre, pour juger l’homme déchu, non le Père, mais le Fils, le futur Rédempteur en personne, le « doux juge et intercesseur à la fois », venant porter la sentence avec une colère tranquille « plus fraîche que la brise du soir » ; et même temps qu’il condamnait les coupables en vertu de la loi de justice, les revêtant incontinent, corps et âme, dans leur nudité, les aidant en ami, et faisant auprès d’eux, par avance, l’office du bon serviteur, de celui qui lavera un jour les pieds de ses disciples : admirable et bien aimable anticipation du rachat évangélique et des promesses du salut !

1066. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

« Cependant, nous dit Foucault, étant partie le lendemain de Saint-Jean-Pied-de-Port à quatre heures du matin, notre petite troupe n’arriva qu’à dix-heures du soir, ayant trouvé trois pieds de neige à deux lieues de Roncevaux.

1067. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

On ne peut se lever si matin, ni rentrer si tard le soir, qu’on ne le voie occupé à bêcher, à labourer, à porter des fardeaux.

1068. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

Cette Iliade, qui avait été le livre de chevet d’Alexandre durant ses conquêtes, et la veille ou le soir des victoires, servait encore, après deux mille ans, à redonner du ton comme dans un dernier breuvage, à remettre un éclair de vie et de flamme au cœur, déjà à demi glacé, du fier et patriotique insulaire.

1069. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset. »

La plaisanterie, d’ailleurs, portait à faux, Louvois n’ayant pas couché dans la place ce soir-là.

1070. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

Ce résumé, on peut le croire, ne terminait rien : la cohue d’opinions subsistait ; il y avait en ces jeunes têtes si doctes, si enivrées de leurs idées et si armées de la parole, excès d’intolérance, d’outrecuidance, c’était inévitable ; on s’injuriait, mais on ne se détestait pas ; les récréations, avec leur besoin de mouvement et d’exubérance physique, raccommodaient tout, et quelquefois le soir on dansait tous ensemble tandis que l’un d’eux jouait du violoncelle et un autre de la flûte.

1071. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

Le 18 décembre (1725), sur les six heures du soir, au moment où le roi était en entretien avec M. de Fréjus, la reine envoya le marquis de Nangis, son chevalier d’honneur, prier Sa Majesté de vouloir bien passer chez elle.

1072. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

Le matin on a suivi Rob-Roy en son Écosse ; on se fait Klepte tout un soir, et l’on se jette dans le mâquis du fond de son fauteuil.

1073. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

L’influence de la terre, la douceur des choses, les parfums, la beauté de la nature et la beauté des corps, les brises attiédies du soir y conseillent si clairement et si invinciblement l’amour qu’elles l’absolvent par là même et qu’on ne songe point à y attacher une idée de souillure.

1074. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

Ne pas croire en Dieu, c’est nier le mystère de la vie et de l’univers et le mystère des instincts impérieux qui nous font placer le but de la vie en dehors de nous-mêmes et plus haut ; c’est nier le plaisir que nous fait cette chose insensée qui est la vertu ; c’est nier le frisson qui nous prend devant « le silence éternel des espaces infinis » ou le gonflement du cœur par les soirs d’automne, et la langueur des désirs indéterminés ; c’est déclarer que tout dans notre destinée et dans les choses est clair comme eau de roche et qu’il n’y a rien, mais rien du tout, à expliquer.

1075. (1890) L’avenir de la science « XVI »

Fichte, qu’en France, bien entendu, on eût appelé un impie, faisait tous les soirs la prière en famille ; puis on chantait quelques versets avec accompagnement de piano ; puis le philosophe faisait à la famille une petite homélie sur quelques pages de l’Évangile de saint Jean, et, selon l’occasion, y ajoutait des paroles de consolation ou de pieuses exhortations.

1076. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

À dix heures du soir, avant de se coucher, le roi ajoutait en post-scriptum : Plus je vois la princesse, plus je suis satisfait.

1077. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

Quand le soir approchait, nos soldats, après avoir fait leur provision de bois pour la nuit, faisaient celle des postes ennemis, et traînaient des fagots entre les vedettes des deux armées.

1078. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Le hasard, ou plutôt ma curiosité naturelle, veut que j’aie précisément écrit pour moi, le soir même, le récit de ma rencontre et de ma conversation avec M. de Lamartine ; je me garderai bien d’en faire part au public, qui est rebattu pour le moment de ces sortes de confidences.

1079. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

Et elle ajoute naïvement en y mêlant son érudition chrétienne : « Il eut volontiers dit comme saint Pierre : Faisons ici nos tabernacles, si le courage tout royal qu’il avait et la générosité de son âme ne l’eussent appelé à choses plus grandes. » Pour elle, on conçoit qu’elle y serait volontiers restée, prolongeant sans regret l’enchantement ; elle eût arrangé volontiers la vie comme ce beau jardin de Nérac dont elle nous parle encore « qui avait des allées de lauriers et de cyprès fort longues », ou comme ce parc qu’elle y avait fait faire, avec des promenoirs de trois mille pas de long au bord de la rivière, la chapelle étant tout près de là pour la messe du matin, et les violons à ses ordres pour le bal tous les soirs.

1080. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

À sa campagne de Sorcy près de Void, aux environs de Commercy, on l’a vu quelquefois le matin, en robe de chambre dans son verger au pied d’un arbre, et le soir il y était encore.

1081. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

C’est au retour d’une de ces petites fêtes, un soir où, après dîner, on avait bu du rhum dans des bols à café, que Beauvoir prononça cette mémorable phrase dans l’omnibus de Neuilly.

1082. (1912) Le vers libre pp. 5-41

Il avait accumulé sur un seul héros toutes les extravagances, les dandysmes, les manies, les afféteries qu’on allait nous reprocher à nous, soi-disant décadents, à nous les simples, les bons bûcheurs ou les bons flâneurs qui vivions bien tranquilles à l’instar de la plupart de nos aînés parnassiens : à la bibliothèque le jour, au café le soir.

1083. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

Cette austérité des habitudes républicaines, cette aridité du régime constitutionnel, sont peu à notre usage : nous aimons à pouvoir nous occuper de la chose publique, comme de tout, et en nous jouant, si j’ose parler ainsi ; car tout ce qui nous intéresse, tout ce qui fait le sujet de nos études ou de nos méditations, nous aimons à en parler, le, soir, dans la chambre des dames, comme disaient nos anciens chevaliers sur le champ de bataille ou sur la brèche d’une forteresse ouverte par leur vaillance.

1084. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

Les plus simples des choses, les plus banales, les plus chères choses que vous pouvez voir chaque soir d’été le long de mille milliers de cours d’eau parmi les collines basses de vos vieilles contrées familiales.

1085. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Nés le soir d’un complot, comme nous sommes nés nous autres entre deux émeutes, ils avaient entendu conter à leurs pères les cabales de La Rochelle et les chevauchées du temps du roi de Navarre. […] Le dernier et pur reflet du xviie  siècle les illumine l’un et l’autre comme le soir d’un beau jour. […] Qu’on se souvienne des pièces d’Achard et de Bouffé, courues, chaque soir, pendant dix ans, par toutes les classes de la population parisienne ! […] On a vu en 48, le soir du 16 avril, trois à quatre mille gardes nationaux en guenilles, de la 12e légion, défiler le long de la rue Saint-Jacques, aux cris unanimes de Vive la propriété ! […] Celui-ci, chaque soir, portes closes, après la longue et douloureuse contrainte de la journée, semblable à un animal carnassier, échauffé et surexcité par la poursuite des chasseurs, qui, rentré dans sa tanière, rugit encore et bondit, et du museau fouille la terre, ravageait, la gloire du roi réel.

1086. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Pour y pénétrer jusqu’au fond, le squatter n’a besoin que de sa Bible ; il emporte avec elle sa foi, sa théologie et son culte ; tous les soirs il y trouve quelque application à sa condition présente ; il n’est plus seul ; Dieu lui parle, et fournit à sa volonté la matière d’un second travail pour soutenir et compléter le premier. […] Boswell le suit à la trace, note ses phrases et le soir en remplit des in-quarto. […] Ainsi entouré, il « déclame » jusqu’à l’heure du dîner, va à la taverne, puis disserte tout le soir, sort pour jouir dans les rues de la boue et du brouillard de Londres, ramasse un ami pour converser encore, et s’emploie à prononcer des oracles et à soutenir des thèses jusqu’à quatre heures du matin.

1087. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Un peintre, qui s’est moins préoccupé d’ailleurs de nouvelles impressions que de bonne vieille réclame, montre le soir, dans un salon profondément crépusculaire, son tableau qui représente tant bien que mal Mozart mourant travaillant à son Requiem, tandis qu’un aveuglant rayon de lumière électrique habilement dirigé tombe sur le tableau, et qu’un orchestre invisible joue doucement le Requiem. […] Voici la première strophe : « La damoiselle bénie se penchait en dehors sur la rampe dorée du ciel ; ses yeux étaient plus profonds que la profondeur des eaux, que le soir apaise. […] Vers 1880 il y avait, dans le Quartier latin, un groupe d’ambitieux à peu près du même âge, qui se rassemblaient chaque soir dans le sous-sol d’un café du quai Saint-Michel ; ils y buvaient des bocks, fumaient et faisaient des calembours très tard jusque dans la nuit ou même jusqu’au matin, se répandaient en abominations sur les écrivains reconnus et faisant de l’argent, et vantaient leurs propres talents, encore inconnus du monde. […] Dans le Crépuscule du soir mystique reparaît deux fois, sans nécessité organique, ce vers : « Le souvenir avec le crépuscule », et celui-ci : « Dahlia, lys, tulipe et renoncule ». […] Il s’approche du soir de sa vie et n’a encore publié, en dehors de quelques plaquettes, telles que Les Dieux de la Grèce et L’Après-Midi d’un Faune, et quelques vers et comptes rendus de livres et de pièces dispersés dans des revues, — en tout à peine un maigre volume, — que quelques traductions de l’anglais et quelques livres scolaires (M. 

1088. (1932) Le clavecin de Diderot

Et même ceux qui prétendent ne point tomber dans le piège des confusions mélomaniaques, les disciples modernes de M. de Voltaire, après avoir consenti à répéter la phrase célèbre : « Si Dieu a fait l’homme à son image, l’homme le lui a bien rendu m » ces professionnels de l’ironie s’autoriseront de la vieille boutade2 pour continuer à tolérer, c’est-à-dire encourager, de toute leur fielleuse bonasserie, les idées, les idées chrétiennes que le monde se fit au soir angoissé de l’empire romain. […] Dieu, chacun a vu un papillon, une grappe de raisin, une de ces écailles de fer-blanc, en forme de rectangle curviligne, comme les chaos des rues mal pavées en font tomber, le soir, de certains camions et qui ressemblent à des hosties retournées, retournées contre elles-mêmes. […] Le soir venu, il remerciait Dieu d’avoir métamorphosé son devenir en rester là. […] Une lourde pelote de laine qui perd sa chaleur, sur une route, au soir tombant, jamais je ne pourrai plus, sous un autre aspect, me figurer la mort.

1089. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

« Madame cependant a passé du matin au soir, ainsi que l’herbe des champs. Le matin elle fleurissait ; avec quelles grâces, vous le savez : le soir nous la vîmes séchée, et ces fortes expressions, par lesquelles l’Écriture Sainte exagère l’inconstance des choses humaines, dévoient être pour cette princesse si précises et si littérales. […] Le soir le voyageur se réfugie dans quelque trou de rocher, dont il chasse l’aigle marin, qui s’envole avec de grands cris. […] Après de longues journées de marche, au travers des buissons et des halliers, tantôt exposés à un soleil brûlant, tantôt inondés par de grandes pluies, le soir ils s’endormaient paisiblement au chant des Indiens. […] Sorti de son terrier, le lapin imprudent Vient tomber sous les coups du chasseur qui l’attend ; Et, par l’ombre du soir, la perdrix rassurée, Redemande aux échos sa compagne égarée.

1090. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Je souhaiterais que la ballade de Pierre Dupont fût chantée tous les soirs ; elle le mérite ; et puis, elle finirait par s’intercaler en quelque sorte dans Claudie elle-même, et elle serait très loin de la déparer, et elle passerait ainsi à la postérité. […] Émile de Girardin est donc là, très affairé comme toujours et très calme dans l’agitation, comme il affectait toujours d’être, et il s’attend à être nommé ministre le soir même. […] — C’est ce soir, cette nuit, qu’il faut qu’il parte ! […] Il se croit vaincu, peut-être avec un vague espoir que d’ici à ce soir… car il se passe tant de choses en trois heures… Enfin il rend au prince Jean sa liberté. […] Mme de Mégée ne se rend pas ce soir à l’invitation de Formont, le mariage est rompu !

1091. (1876) Romanciers contemporains

Gabriel Ferry Dans un de ses voyages à travers le Mexique, Gabriel Ferry se rendant, en 1832, d’Arispe à Bacuache, faisait un soir, avec son guide, halte au milieu des bois. […] De là deux descriptions, celle d’une paye dans une usine, celle de la gare de Lyon, le soir, qui non seulement sont parfaites en soi, mais ont encore le mérite de se confondre intimement avec la pensée du personnage qui est en scène, par conséquent avec la pensée du lecteur. […] D’heure en heure, on se disait : « Maintenant ils sont à Eyguières, maintenant au Paradou. » Puis tout à coup, vers le soir, un grand cri : « Les voilà !  […] Dès le premier chapitre du livre, on l’aperçoit se plaçant le soir à sa fenêtre et regardant cette ville où il vient d’arriver inconnu, où il a été raillé dès le premier jour, qu’il veut soumettre et qu’il soumettra. […] Il murmura : Et ces imbéciles qui souriaient, ce soir, en me voyant traverser leurs rues !” 

1092. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — III. (Fin.) » pp. 175-194

Il n’a rien d’ailleurs du soldat laboureur qui met lui-même la main à la charrue ; mais il est bien pour nous le représentant de la haute noblesse militaire et rurale, je l’ai dit, ménageant et administrant admirablement ses terres, bâtissant et fortifiant ses châteaux, les embellissant, se promenant sur des terrasses ou dans de longues allées de grands arbres le long d’un canal, les jours où il ne se promène pas de préférence dans les grandes halles pleines de canons qui étaient entre l’Arsenal et la Bastille ; et le soir, même quand il est aux champs et dans la tranquillité, aimant à rentrer dans un château flanqué de six tourelles, comme l’était la Bastille encore, ou comme l’était son château de Villebon, et à dormir derrière les fossés et les ponts-levis.

1093. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — II. (Fin.) » pp. 213-233

On sait la célèbre réponse du premier président Achille de Harlay au duc de Guise, qui lui vient demander son concours dès le soir même du triomphe des Barricades : « C’est grand pitié quand le valet chasse le maître, etc. » Faisant quelque mention de cette réponse, Mézeray ajoute : Toutefois ceux-là sont plus croyables qui racontent que ce sage magistrat, usant d’un procédé plus convenable à un temps si dangereux, écouta patiemment ses excuses et les offres qu’il lui fit pour le maintien de la justice, le remercia de la bonne intention qu’il lui témoignait de ne s’éloigner jamais du service du roi, et l’exhorta de la confirmer par de bons effets, afin de rejeter tout le blâme de cette journée sur le front de ses ennemis.

1094. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

On manœuvrait soir et matin ; on avait l’émulation d’égaler les troupes régulières, et dans les revues générales on ne les déparait pas.

1095. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

En face de cette nature « où le climat est le plus grand des artistes », ses Promenades ont le mérite de donner la note vive, rapide, élevée ; lisez-les en voiturin ou sur le pont d’un bateau à vapeur, ou le soir après avoir vu ce que l’auteur a indiqué, vous y trouvez l’impression vraie, idéale, italienne ou grecque : il a des éclairs de sensibilité naturelle et d’attendrissement sincère, qu’il secoue vite, mais qu’il communique.

1096. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

Je voulus, comme son serviteur, lui en faire quelque remontrance ; je n’en tirai d’autre réponse que : Ou buvez avec nous, ou allez, etc… J’acceptai le premier parti et en sortis à six heures du soir quasi ivre-mort.

1097. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

Le roi lui ayant demandé le soir comment il se trouvait à Marly : — « À Marly, Sire ?

1098. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

Parlant quelque part d’un homme d’un esprit étroit et faux qui mettait son orgueil à déplaire, et qui méprisait par principe la bonté et la douceur des gens véritablement grands : « Il n’admire du fer, dit-il, que la rouille. » Parlant du caractère des Français qu’il a si bien connus, qui sont portés à entreprendre et à se décourager, à passer de l’extrême désir et du trop d’entrainement au dégoût, il dit : « La lassitude du soir se ressent de l’ardeur du matin. » Enfin, voulant appeler et fixer l’attention sur les misères du peuple des campagnes dont on est touché quand on vit dans les provinces, et qu’on oublie trop à Paris et à Versailles, il a dit cette parole admirable et qui mériterait d’être écrite en lettres d’or : « Il nous faut des âmes fermes et des cœurs tendres pour persévérer dans une pitié dont l’objet est absent. » Si ce n’est pas un écrivain, ce n’est donc pas non plus le contraire que d’Argenson : sa parole, livrée à elle-même et allant au courant de la plume, a des hasards naturels et des richesses de sens qui valent la peine qu’on s’y arrête et qu’on les recueille.

1099. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

Le soir, M. 

1100. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — I » pp. 249-267

Il ne réussit pas seulement à ces âpres lambeaux de paysage, il a toutes les fraîcheurs et les légèretés pour décrire la vapeur matinale qui revêt les montagnes, « cet air bleuâtre enfermé dans les gorges et qui redevient visible le soir » (pages 39 et 127).

1101. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

. — Rien, disait-il encore en ouvrier amoureux de son ouvrage, rien n’est mieux conduit ni plus beau que toute cette maçonnerie ; l’on n’y voit pas le moindre défaut. » La maçonnerie était belle, mais on menait les maçons un peu rudement : « Pour empêcher la désertion des maçons, qui me faisait enrager, j’ai pris, sous votre bon plaisir, deux gardes de M. le maréchal (d’Humières), des plus honnêtes gens, qui auront leurs chevaux toujours sellés dans la citadelle, avec chacun un ordre en poche et un nerf de bœuf à la main ; les soirs, on verra ceux qui manqueront ; après quoi, dès le matin, ils les iront chercher au fond de leur village, et les amèneront par les oreilles sur l’ouvrage. » Est-il besoin d’avertir qu’il y a quelque plaisanterie dans cette rudesse un peu grossière ?

1102. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

L’idée de ma personnalité se confondait dans ma tête avec celle de mon bien-être… Tout le jour, je me remplissais de mûres, de raiponces, de salsifis des prés, de pois verts, de graines de pavots, d’épis de maïs grillés, de baies de toutes sortes, prunelles, blessons, alises, merises, églantines, lambrusques, fruits sauvages ; je me gorgeais d’une masse de crudités à faire crever un petit bourgeois élevé gentiment, et qui ne produisaient d’autre effet sur mon estomac que de me donner le soir un formidable appétit.

1103. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

Rousseau, le reconduisant et prenant congé de lui sur le palier, lui dit : « Nous venons de passer ensemble des moments bien agréables ; il serait tout naturel que je vous retinsse à dîner ; mais, si vous étiez malade ce soir, on dirait que je vous ai empoisonné. » — Ducis avait raconté l’anecdote à M. 

1104. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

Quand il fait une critique, il se représente ce qu’il dirait à l’auteur en personne, « Pourquoi, remarque-t-il, écrire le matin sur un honnête homme ce que l’on ne dirait pas, lui présent, le soir à dîner ?

1105. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

On rapporte que, sur la fin de sa vie, pour éviter ses créanciers, il ne sortait que le soir, et on le comparait à un oiseau de nuit.

1106. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Admis, le soir, à lui baiser la main, selon l’étiquette, et rarement le visage, il lui arrivait, lorsque cette dernière faveur lui avait été accordée par hasard, de se frotter la joue en sortant de la chambre « comme s’il avait approché d’un pestiféré », avouant à son valet de chambre favori qu’il savait et désapprouvait de tout son cœur les actions et déportements de sa mère.

1107. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

» — Le prince Toufiakine expirant dit pour dernière parole : « Mlle Plunkett danse-t-elle ce soir ? 

1108. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Dès que je suis libre, je remonte au cabinet commencer ou continuer d’écrire ; mais, quand le soir arrive, le bon frère nous rejoint ; on lit des journaux ou quelque chose de meilleur ; il vient parfois quelques hommes ; si ce n’est pas moi qui fasse la lecture, je couds modestement en l’écoutant, et j’ai soin que l’enfant ne l’interrompe pas, car il ne nous quitte jamais, si ce n’est lors de quelque repas de cérémonie : comme je ne veux point qu’il embarrasse personne ni qu’il occupe de lui, il demeure à son appartement ou il va promener avec sa bonne et ne paraît qu’à la fin du dessert.

1109. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

La nuit du 4 août racontée par elle est d’une vivacité pittoresque ; quelques jours après, elle écrit ; « Samedi au soir, il a été décidé que l’on porterait au roi l’arrêté du 4 août, pour qu’il y campât sa sanction. » Les journées des 5 et 6 octobre sous sa plume se dessinent en traits d’une exacte et parlante réalité : ce qu’elles ont d’atroce y est montré, mais sans rien de chargé ; ce qu’il y a eu de bien s’y entremêle ; tout se succède et court.

1110. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

— Ces hommes, les Touareg, tu les prends pour des lâches ; — cependant ils savent voyager et même guerroyer ; — ils savent partir de bon matin et marcher le soir ; — ils savent surprendre dans son lit tel homme couché ; — surtout le riche qui dort au milieu de ses troupeaux agenouillés ; — celui qui a orgueilleusement étendu sa large tente ; — celui qui a déployé en leur entier et ses tapis et ses doux lainages ; — celui dont le ventre est plein de blé cuit avec de la viande, — et arrosé de beurre fondu et de lait chaud sortant du pis des chamelles ; — ils le clouent de leur lance, pointue comme une épine, — et lui se met à crier, jusqu’à ce que son âme s’envole

1111. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. »

Il recourut à la mère du prince, Madame la Duchesse, pour l’empêcher de faire ce pas de clerc qu’il lui épargna en effet ; mais il y perdit la faveur, et un soir qu’il rentrait chez son prince, le suisse lui apprit que l’hôtel lui était dorénavant fermé.

1112. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

C’était le soir, il y avait réception.

1113. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

Et le soir, un cercueil avec des fleurs passait au même chemin ; le De Profundis avait remplacé les chansons, et, dans la double rangée de jeunes filles en blanc, chacune maintenant semblait dire : Les chemins devraient gémir, Tant belle morte va sortir ; Devraient gémir, devraient pleurer, Tant belle morte va passer !

1114. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « THÉOPHILE GAUTIER (Les Grotesques.) » pp. 119-143

Elles commencent par un grand traité, vers et prose, paraphrase et parodie du Phédon ; Théophile le composa durant son premier bannissement pour réfuter les imputations d’athéisme et d’épicuréisme auxquelles il avait prêté, et pour racheter certain Hymne à la Nature dont les échos du Louvre avaient, un soir, retenti.

1115. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

Si elle se montre un peu vaine et glorieuse quand le roi danse un soir avec elle, ou quand il lui adresse un compliment à Saint-Cyr après Esther, quelle autre de son sexe eût été plus philosophe en sa place ?

1116. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Il y avait un hôpital annexé au couvent ; avec quelques pensionnaires les plus sages, et comme récompense, elle allait à cet hôpital tous les lundis soirs servir les pauvres et leur faire la prière.

1117. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIIe entretien. Tacite (1re partie) » pp. 57-103

C’est le résumé d’une longue vie publique dans une haute intelligence touchant aux limites de la vie, et jugeant le passé, le présent, l’avenir, avec le calme du soir et le sublime désintéressement du lendemain.

1118. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

Le soir vint : l’orgue en deuil se tut dans le saint lieu.

1119. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Le père Monsabré »

Celui qui, étant entré là le matin, s’en va le soir à l’Éden-Théâtre après avoir flâné sur les boulevards a pu, s’il sait voir, apprendre des choses qui ne sont pas dans les manuels.

1120. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IV. Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus. »

Ain-el-Haramié, la dernière étape 200, est un lieu mélancolique et charmant, et peu d’impressions égalent celle qu’on éprouve en s’y établissant pour le campement du soir.

1121. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

L’objection a surgi dès le premier soir ; elle n’a fait depuis que grandir.

1122. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

Napoléon, au Caire, avait lu le Coran ; une fois en Palestine, il ouvre la Bible : « En campant sur les ruines de ces anciennes villes, on lisait tous les soirs l’Écriture sainte à haute voix, sous la tente du général en chef.

1123. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

Le soir, on éteignait la lumière de bonne heure par économie, et le pauvre écolier devenait ce qu’il pouvait, heureux lorsque la lune favorisait par un éclat plus vif la prolongation de sa veillée.

1124. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

… J’admirais hier au soir la nombreuse compagnie qui était chez moi ; hommes et femmes me paraissaient des machines à ressort qui allaient, venaient, parlaient, riaient, sans penser, sans réfléchir, sans sentir ; chacun jouait son rôle par habitude : Mme la duchesse d’Aiguillon crevait de rire ; Mme de Forcalquier dédaignait tout ; Mme de La Vallière jabotait sur tout.

1125. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

Le trait final est aussi le plus perfide et le plus humiliant ; on l’y montre comme s’attachant à tout prix à la célébrité de M. de Voltaire : « C’est lui qui la rend l’objet de l’attention du public et le sujet des conversations particulières ; c’est à lui qu’elle devra de vivre dans les siècles à venir, et, en attendant, elle lui doit ce qui fait vivre dans le siècle présent. » Pour compléter la satire, il faut joindre à ce portrait de Mme du Châtelet, par Mme Du Deffand, les lettres de Mme de Staal (de Launay) à la même Mme Du Deffand, où nous est représentée si au naturel, mais si en laid, l’arrivée de Mme du Châtelet et de Voltaire, un soir chez la duchesse du Maine, au château d’Anet : « Ils apparaissent sur le minuit comme deux spectres, avec une odeur de corps embaumés. » Ils défraient la société par leurs airs et leurs ridicules, ils l’irritent par leurs singularités ; travaillant tout le jour, lui à l’histoire, elle à Newton, ils ne veulent ni jouer, ni se promener : « Ce sont bien des non-valeurs dans une société où leurs doctes écrits ne sont d’aucun rapport. » Mme du Châtelet surtout ne peut trouver un lieu assez recueilli, une chambre assez silencieuse pour ses méditations : Mme du Châtelet est d’hier à son troisième logement, écrit Mme de Staal ; elle ne pouvait plus supporter celui qu’elle avait choisi ; il y avait du bruit, de la fumée sans feu, il me semble que c’est son emblème.

1126. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

Il faut tout dire : quelques années après, Frédéric communiquait, un soir, de ses vers au professeur Thiébault, bon grammairien et académicien que lui avait procuré d’Alembert, et il se laissa aller par mégarde à montrer une épigramme très mordante qu’il avait faite contre d’Alembert lui-même : ce roi caustique n’avait pu se refuser au malin plaisir de noter quelque ridicule qu’il avait saisi dans ce caractère honorable.

1127. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

On disait tout haut de lui à la Cour : « M. le procureur général est un séditieux. » Mandé un jour à Marly avec les autres membres du parquet, il crut que l’orage allait enfin éclater sur sa tête, et qu’il pourrait bien aller coucher le soir à la Bastille.

1128. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Nouveaux documents sur Montaigne, recueillis et publiés par M. le docteur Payen. (1850.) » pp. 76-96

Pour nous tirer de l’émotion présente, pour reprendre un peu de lucidité et de mesure dans nos jugements, relisons chaque soir une page de Montaigne.

1129. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

Plus grande, je fus mise dans des couvents : vous savez combien j’y étais chérie de mes maîtresses et de mes compagnes, toujours par la même raison, parce que je ne songeais, du matin au soir, qu’à les servir et à les obliger.

1130. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

Rulhière était d’avis que, dans un cercle, il ne fallait jamais se presser de demander quel était l’homme qu’on voyait entrer et qu’on ne connaissait pas : « Avec un peu de patience et d’attention, on n’importune ni le maître ni la maîtresse de la maison, et l’on se ménage le plaisir de deviner. » Il avait là-dessus toutes sortes de préceptes, de menues remarques très fines, très ingénieuses, dont il faisait la démonstration quand on le voulait, et il ne se trompait guère : Il en fit en ma présence l’application chez Mlle Dornais, raconte Diderot : il survint sur le soir un personnage qu’il ne connaissait pas ; mais ce personnage ne parlait pas haut ; il avait de l’aisance dans le maintien, de la pureté dans l’expression, et une politesse froide dans les manières

1131. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Né à Paris le 12 janvier 1628, dans une famille de bonne et riche bourgeoisie, sa mère lui apprit à lire ; il eut son père pour premier précepteur et répétiteur ; il fit ses études au collège dit de Beauvais, et il revenait le soir à la maison paternelle.

1132. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

On entendait sonner ses pieds secs sur les dalles ; Puis, soudain, attiré par les forêts natales, Il partait, défiant tous les chiens du manoir, Et se faisant par eux chasser jusques au soir ; Alors, les flancs battants, et l’écume à la bouche, Il rentrait en vainqueur, caressant et farouche.

1133. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

elle vous avait déplu. » On ajoute que Mme de Maintenon ne put s’empêcher de dire en partant qu’elle se trouvait heureuse de n’avoir pas déplu au roi le soir, car elle voyait bien, de la façon dont y allait M. d’Antin, qu’elle aurait risqué d’aller coucher sur la grande route.

1134. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

Il était temps que je finisse le mien ; ma vue se trouble le soir, je vois les objets doubles, surtout ceux qui sont élevés ou à l’horizon ; mais ma confiance est en Celui qui a fait la lumière et l’œil. » Il est dans le coup de feu de ses tableaux ; l’enthousiasme le prend lui-même en se relisant, et il jouit le premier des beautés qu’il va introduire : « Il y a eu des moments, s’écrie-t-il, où j’ai entrevu les cieux, éprouvant, à la vérité, dans ce monde, des maux inénarrables. » Il sent qu’il a le charme ; le vieux censeur théologien qu’on lui a donné est séduit lui-même, et n’a pu s’empêcher de dire que c’était divin, délicieux : « Je sais combien il faut rabattre de ces éloges, mais ils me font plaisir.

1135. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

L’abbé y sera-t-il ce soir ? 

1136. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

Il y en a qui sont fertiles en inventions et abondants en pensées, mais si variables en leurs desseins, que ceux du soir et du matin sont toujours différents, et qui ont si peu de suite et de choix en leurs résolutions, qu’ils changent les bonnes aussi bien que les mauvaises, et ne demeurent jamais constants en aucune.

1137. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — II. (Fin.) » pp. 476-495

De même il fera l’année suivante à la bataille de Chotusitz ; cette fois le roi écrit à son ami du champ de bataille même, le soir de la victoire (17 mai 1742) : Cher Jordan, je te dirai gaiement que nous avons bien battu l’ennemi.

1138. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre III. L’art et la science »

Quelques instants après, je ne voyais plus rien, je n’entendais plus rien, j’étais submergé dans le poëte ; à l’heure du dîner, je fis signe de la tête que je n’avais pas faim, et le soir, quand le soleil se coucha et quand les troupeaux rentrèrent à l’étable, j’étais encore à la même place, lisant le livre immense ; et à côté de moi, mon père en cheveux blancs, assis sur le seuil de la salle basse où son épée pendait à un clou, indulgent pour ma lecture prolongée, appelait doucement les moutons qui venaient l’un après l’autre manger une poignée de sel dans le creux de sa main.

1139. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une préface abandonnée » pp. 31-76

. — La Bohême sans dignité dans sa conduite et sans hauteur dans ses idées ; — la Bohême soupant tous les soirs, et ne se levant du souper, si elle se lève, qu’ivre et chancelante ; écrivant à la hâte de petits articles pour de petits journaux malsains, sur les genoux d’une danseuse, et invoquant la chaste muse dans les coulisses des théâtres ; faisant de l’art un moyen comme la première en fait un piédestal ; n’ayant pas de maîtresses (toujours comme la première), mais des intrigues d’une nuit, dont elle est souvent lasse avant que le matin soit venu.

1140. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

… Il y eut, au commencement de ce siècle, une jeune fille, peut-être moins phénoménale, qui avait sur l’azur de deux beaux yeux bleus le nom de Napoléon Empereur, écrit en lettres d’or, le jour, et, le soir, en lettres de feu.

1141. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

Quelles que soient les taches de ce livre, qui a ses taches, comme le soleil, je dis qu’il n’en est pas moins la production d’un génie poétique qui, dans le poète, peut un de ces soirs s’éclipser ou disparaître, mais qui, dans ce livre-là, a immobilisé un rayon qu’on n’éteindra pas.

1142. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre III : M. Maine de Biran »

J’habitais porte à porte avec un jeune médecin rue Mazarine, et depuis six mois, presque tous les soirs, nous philosophions ensemble.

1143. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

« Un soir où tu allais chercher de l’eau à la fontaine, je te rencontrai ; le ciel, au soleil couchant, était tout rouge là-haut et bien sûr il annonçait l’aurore sereine de notre amour. — Bonsoir, te dis-je, vous allez donc à la fontaine toute seulette ? […] Quand au soir d’une belle journée d’été, avant que les oiseaux ne chantent et que sur le matin le rossignol ne donne ses notes d’adieu, s’il n’a point déjà perdu la voix, grillons, cigales des prés, chouettes du mur lointain, crapauds des buissons et grenouilles des bassins commencent leur concert, monotone peut-être, mais délassant. […] Et le soir je m’en vais, sur la rivière poissonneuse, pêcher au filet ou au plomb, à la ligne ou à la nasse. […] Mais tant de secousses l’ont brisée, et sa raison s’envole un beau soir de printemps, quand la griserie de la nature lui rappelle les beaux jours d’autrefois. […] C’est le fils d’un de ces bohémiens qui viennent le soir demander asile pour la nuit et un morceau de pain.

1144. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Le pierrot des Funambules a fait, ce soir-là, en quelques gambades, ce que Napoléon, avec, toute sa gloire et ses quinze ans de toute-puissance, avait à peine osé rêver : une fusion entre les deux faubourgs. […] » Sur cet avis pressant, vous vous précipitez, dès neuf heures, au bureau de location, où une dame souriante vous offre la primeur d’une feuille encore vierge de toute écriture, mais qui, avant le soir, sera noircie de croix. […] C’est là aussi que dorment et qu’on peut réveiller, pour une lecture en famille, le soir, les comédies de Picart et les proverbes de Carmontelle. […] Quatre-vingts représentations consécutives ne lassèrent pas la curiosité du public, et ce furent les acteurs fatigués qui finirent par en avoir assez, malgré une salle comble tous les soirs pendant près de six mois. […] Guizot, dans sa maison de campagne, cultiver son jardin, travailler à ses Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps, et, le soir, s’isoler à une table de jeu où il concentrait toute son attention à faire avec des cartes une patience ou une réussite.

1145. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Les corps pourris de Cromwell, d’Ireton, de Bradshaw furent déterrés le soir, et les têtes plantées sur des perches au haut de Westminster-Hall. […] Au retour, elle continue par des lettres qu’on écrit le soir, par des madrigaux ou des épigrammes qu’on lira le matin, par des tragédies de salon ou des parodies de société. […] Ce soir, nous nous divertissons, rien de plus. […] VIII Il y a d’abord le butor, le squire Sullen637, ou sir John Brute638, sorte d’ivrogne ignoble « qui, le soir, roule dans la chambre de sa femme en trébuchant comme un passager qui a le mal de mer, entre brutalement au lit, les pieds froids comme de la glace, l’haleine chaude comme une fournaise, les mains et la face aussi grasses que son bonnet de flanelle, renverse les matelas, retrousse le drap par-dessus ses épaules et ronfle639. » — On lui demande pourquoi il s’est marié ? […] Imaginez les demi-charges qu’on improvise vers onze heures du soir dans un salon où l’on est intime.

1146. (1902) Le critique mort jeune

Dans son roman de « Sixtine », coupé d’intermèdes en vers, comme celui-ci, où l’imitation de Baudelaire est presque parfaite : Mais ses cheveux tombant en innombrables boucles Ondulaient sinueux comme un large flot noir Et ses grands yeux brillaient du feu des escarboucles Comme un double fanal dans la brume du soir. […] Chères montagnes, tantôt voilées dans les nuages, tantôt couchées au ras des flots, tantôt groupées comme des Mauresques au cimetière, mais jamais sèches ni dures, et que vers le soir, les ombres vêtent des plus souples velours ! […] Il a d’ailleurs trouvé de bonnes raisons pour blâmer les programmes ridicules et prétentieux de ces nouveaux cours du soir. […] Mais il faut croire que Poccancy n’était pas né courtisan et n’eût jamais avancé beaucoup ses affaires à Versailles puisqu’il n’avait pas compris, en ce soir décisif, le regard que son maître avait jeté sur son amie. […] Un soir qu’il est parti dîner seul — l’invitation n’étant point pour l’obscure auxiliaire — elle s’abandonne à des réflexions assez âpres.

1147. (1881) Le roman expérimental

Et, brusquement, du matin au soir sa figure se dressait sur la France, avec le profil terrifiant de l’Antéchrist. […] du bon La Fontaine, rêvant sous les arbres, s’asseyant le soir à la table des grands seigneurs, en payant son dîner d’une fable. […] Jeoffrin deviendrait impossible, si Paris, derrière lui, ne fumait pas dans les vapeurs du soir. […] » Cependant, il dîne le soir chez Brébant. […] Je citerai aussi la description du Cirque, le soir où Nello se casse les jambes ; le silence du public, après la chute, est superbe d’effet.

1148. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

. —  Il y aura de l’hypocras, du vin doux, des vins de Grèce, du muscat, du vin clair, du vin du coucher, des pâtés de venaison, et les meilleurs oiseaux à manger qu’on puisse prendre. » Quand elle aura chassé avec le lévrier et le faucon, et qu’elle sera de retour au logis, « elle aura fêtes, danses, chansons, des enfants, grands et petits, qui chanteront comme font les rossignols ; puis à son concert du soir, des voix graves et des voix de fausset, soixante chasubles de damas brillant, pleines de perles, avec des chœurs, et le son des orgues. —  Puis elle ira s’asseoir à souper, dans un bosquet vert, sous des tapisseries brodées de saphirs. […] Puis elle demandera le vin aromatisé du soir, avec des dattes et des friandises. […] Figurez-vous ces braves esprits, ces simples et fortes âmes, qui commencent à lire le soir, dans leur boutique, sous leur mauvaise chandelle ; car ce sont des hommes de boutique, un tailleur, un pelletier, un boulanger qui, côte à côte avec quelques lettrés, se mettent à lire, bien plus à croire, et à se faire brûler174.

1149. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

. —  Mes joies, mes peines, mes passions, mes facultés — me faisaient étranger dans leur bande ; je portais leur forme, —  mais je n’avais point de sympathie avec la chair vivante… —  Je ne pouvais point dompter et plier ma nature, car celui-là — doit servir qui veut commander ; il doit caresser, supplier, —  épier tous les moments, s’insinuer dans toutes les places, —  être un mensonge vivant, s’il veut devenir — une créature puissante parmi les viles, —  et telle est la foule ; je dédaignais de me mêler dans un troupeau, —  troupeau de loups, même pour les conduire1290… —  Ma joie était dans la solitude, pour respirer — l’air difficile de la cime glacée des montagnes, —  où les oiseaux n’osent point bâtir, où l’aile des insectes — ne vient point effleurer le granit sans herbe, pour me plonger — dans le torrent et m’y rouler — dans le rapide tourbillon des vagues entre-choquées, —  pour suivre à travers la nuit la lune mouvante, —  les étoiles et leur marche, pour saisir — les éclairs éblouissants jusqu’à ce que mes yeux devinssent troubles, —  ou pour regarder, l’oreille attentive, les feuilles dispersées, —  lorsque les vents d’automne chantaient leur chanson du soir. —  C’étaient là mes passe-temps, et surtout d’être seul ; —  car si les créatures de l’espèce dont j’étais, —  avec dégoût d’en être, me croisaient dans mon sentier, —  je me sentais dégradé et retombé jusqu’à elles, et je n’étais plus qu’argile1291. » Il vit seul, et il ne peut pas vivre seul. […] Rien de plus solide qu’un ferme propos étayé de logique, appuyé sur la crainte du monde, sur la pensée de Dieu, sur le souvenir du devoir ; rien ne prévaudra contre lui, excepté un tête-à-tête en juin, à six heures et demie du soir. […] Ce sont ses opinions, ses souvenirs, ses colères, ses goûts qu’il nous étale ; son poëme est une conversation, une confidence, avec les hauts, les bas, les brusqueries et l’abandon d’une conversation et d’une confidence, presque semblable aux mémoires dans lesquels le soir, à sa table, il se livrait et s’épanchait.

1150. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

» mot qui portait et dont mon amour-propre national était tout douloureux… quand, un soir, Wihl fait irruption dans ma chambre : « Enfin, voilà quelqu’un !  […] un soir de rêverie, la préférée de votre imagination. […] Car la foule qui, l’autre soir, assistait à l’Œdipe-roi, était cette foule lettrée, naturellement ouverte aux belles choses, la foule des premières représentations. […] Ils l’oublient ; — elle se venge en infirmant leur succès d’un soir. […] Et, d’ailleurs, qui vous empêche d’être indépendant, le soir, au café ?

1151. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Et ceci me rappelle en effet que, dans ces années de début, un soir que, sur un des sujets de conversation politique à l’ordre du jour, M. […] Il étudie Laplace, Lagrange, il les étudie plume en main, en s’éprenant des hauts calculs et en les effectuant ; il trace des méridiens à sa fenêtre ; il arrive, le soir, chez ses amis, en récitant d’un accent pénétré cette noble et simple parole finale du Système du Monde : « Conservons, augmentons avec soin le dépôt de ces hautes connaissances, les délices des êtres pensants ; » et il l’admire comme il fera tout à l’heure pour telle parole de Napoléon.

1152. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

Ses dernières pièces ne réussissaient point. « Si vous attendiez plus que vous n’avez eu ce soir, disait-il dans un épilogue114, songez que l’auteur est malade et triste… Tout ce que sa langue débile et balbutiante implore, c’est que vous n’imputiez point la faute à sa cervelle, qui est encore intacte, quoique enveloppée de douleur et incapable de tenir longtemps encore115. » Ses ennemis l’injuriaient brutalement, raillaient « son Pégase poussif », son ventre enflé, sa tête malade116. […] qui chaque matin balaye la salle à manger des dieux, et remet en place les coussins qu’ils se sont jetés le soir à la tête164 ? 

1153. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

Quand le temps est contraire, nous passons les journées et les longues heures du soir à écouter de la musique et des canzones ; car un de ses plus vifs plaisirs est d’entendre nos improvisateurs rustiques, dont il envie la facilité à versifier, la nature, à ce qu’il prétend, ayant été moins prodigue envers lui à cet égard. […] Il savourait au sein de l’amitié ces heures plus calmes du soir que la Providence semble réserver aux grands hommes malheureux comme une compensation de leurs traverses, et comme une aube de leur immortalité.

1154. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

D’accord sur ce point, nous nous disions en marchant : Que vont dire, ce soir, nos vieux parents ? […] Le pape ayant nommé le seigneur Santa-Croce chef de son artillerie, il entra dans le fort sur le soir, au moment où l’armée entrait dans Rome par le quartier des Transtéverins.

1155. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Vous pouvez lui dire de ma part que, s’il ne me ramène pas Ascanio d’ici à ce soir, il aura affaire à moi, et que je traiterai de même le garçon, s’il ne sort pas de sa boutique. […] « Je sortis du couvent de Viterbe avec mes compagnons de voyage, marchant tantôt devant, et tantôt derrière le train du cardinal ; de manière que nous arrivâmes le jeudi saint, vers le soir, à une poste en avant de Sienne.

1156. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Les vaisseaux étaient prêts et un grand nombre de guerriers se trouvaient là ; on chargea tout ce qu’ils avaient de vêtements ; on travailla jusqu’au soir. […] Avant le soir, le Roi et la Reine firent en sorte que les guerriers Hiunen pussent tenter l’assaut avec plus de succès.

1157. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Wolfram resté seul après qu’elle s’est retirée, s’adresse à l’étoile du soir qui monte à l’horizon, et la charge de porter une mystérieuse consolation à celle qui ne voulait point être consolée. […] Et l’une, dont les cheveux blonds avaient la pâleur calme des soirs, lui dit qu’elle était la Vertu, qu’elle le conduirait aux lieux cruels hantés par les hydres, et qu’elle lui donnerait la victoire des luttes, les fatigues mortelles qui glorifient.

1158. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

Selon Huber, qui avait en Suisse de nombreux moyens d’observation, les esclaves travaillent habituellement avec leurs maîtres à construire la fourmilière ; elles seules en ouvrent les entrées le matin et les referment le soir ; mais, d’ordinaire, leur principale occupation serait la chasse aux Aphis. […] Un soir que j’allais visiter une autre communauté de Fourmis sanguines, j’en trouvai une troupe qui revenait au logis.

1159. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

Et le soir de ces journées haletantes et cruelles, et quand il saigne encore, qui sait ? […] Et il respire, chaque soir, cette rose qui le désinfecte de sa journée.

1160. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

Il ne s’agit pas d’ombrer du reflet d’or des matins ou des soirs d’Italie le sombre pourpoint de satin du beau Prince Noir d’Elseneur, pour avoir cette pompe de la vie enivrée, dans le diamant de sa beauté, qui n’a pas besoin de parure pour être l’éclatant et le rayonnant Roméo ! […] Il est vrai qu’immédiatement après l’avoir lâché, Hazlitt, comme Trissotin qui ne peut pas souffrir qu’on aille, de maison en maison, trimbaler ses vers, et qui tire, sans point ni virgule, les siens de sa poche, fait immédiatement son petit speech sur le Roi Lear… Nous aussi nous croyons, comme Hazlitt, que raconter un drame du vieux Shakespeare, dont la première représentation n’est pas d’hier soir et qu’on peut lire dans le premier cabinet de lecture venu, est une impertinence.

1161. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

En ce qui est de l’harmonie, je ferai remarquer ce que d’autres ont déjà remarqué avant moi : il y a de temps en temps chez Bernis, et par exemple dès la fin de cette première pièce, ou encore dans celle du Soir ou dans celle de La Nuit, quatre ou cinq vers de suite qui, à l’oreille, donnent déjà le sentiment de la stance de Lamartine : L’ombre descend, le jour s’efface ; Le char du soleil qui s’enfuit Se joue en vain sur la surface De l’onde qui le reproduit.

1162. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Quand Tallemant des Réaux, par exemple, s’appuyant du manuscrit d’un ancien secrétaire de Du Plessis-Mornay, c’est-à-dire d’un témoignage ennemi, s’amuse à nous conter que tous les soirs, à l’Arsenal, jusqu’à la mort de Henri IV, Sully, déjà arrivé à la cinquantaine, continuait d’aimer si fort la danse « qu’il dansait tout seul avec je ne sais quel bonnet extravagant en tête, qu’il avait d’ordinaire quand il était dans son cabinet », une telle anecdote, qui n’a aucun rapport prochain ni éloigné avec les actes publics de Sully et qui ne saurait être contrôlée, est indigne d’être recueillie par un historien et n’est propre (fût-elle exacte à quelque degré) qu’à déjouer et à dérouter le jugement général, bien loin d’y rien apporter de nouveau.

1163. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

Mardi dernier, 11 novembre, après avoir bien pesté et vous être tourmenté toute la matinée autour de quelque affaire de votre fertile invention, vous êtes allé à la Chambre des communes et vous avez passé l’après-midi, le soir et peut-être la nuit, sans dormir ni manger, suffoqué à huis clos par la respiration échauffée de six cents politiques qu’enflammaient l’esprit de parti et la passion, et assommé par la répétition des lourds non-sens qui, dans cette illustre assemblée, l’emportent si fort en proportion sur la raison et l’éloquence. — Le même jour, après une matinée studieuse, un dîner d’amis et une gaie réunion des deux sexes, je me suis retiré pour me reposer à onze heures, satisfait du jour écoulé, et assuré que le suivant m’apportera le retour du même repos et des mêmes jouissances raisonnables.

1164. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Une terrasse de la maison de son grand-père d’où l’on avait une vue magnifique sur la montagne de Sassenage, et qui était le lieu de réunion les soirs d’été, fut, dit-il, le théâtre de ses principaux plaisirs durant dix ans (de 1789 à 1799).

1165. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

— Soupez-vous ce soir chez le président ? 

1166. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Il ne sait pas qu’elle était une des premières à qui ils avaient fait part en novembre 1785 du mariage de leur fille avec l’ambassadeur de Suède : « Je n’ai jamais rencontré Mme de Staël que deux fois dans ma vie, lui fait-il dire, et c’était premièrement à l’hôtel de Bouliers, où j’arrive un soir au milieu d’une belle conversation de Mlle Necker avec M. 

1167. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

Je pars jeudi, demain au soir, avec M. et Mme la maréchale de Villars.

1168. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

. — Un soir que Fontenelle s’était endormi au coin du feu, une étincelle vola sur sa robe de chambre ; il ne s’en aperçut pas, et, quand il fut couché, le feu prit par la robe de chambre à toute la garde-robe.

1169. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Il ne se borna point, dans sa confiance envers le jeune séminariste, à des préceptes de vie facile ; il n’hésita pas, se voyant seul avec lui, à reprendre ses habitudes intérieures : « Deux belles paysannes de dix-huit à vingt ans, l’une brune et l’autre blonde, que je n’avais pas même aperçues jusque-là, vinrent se placer le soir à la table du maître.

1170. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

Un jour, un soir d’été, que M. 

1171. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

C’est à elle que le bon vieux roi disait un soir en la quittant et en lui baisant plusieurs fois la main, devant son chancelier qui passait pour en être lui même amoureux : « Mon chancelier vous dira le reste. » On citait de sa façon maint couplet, des impromptus de société, des épigrammes, et peu de personnes, nous dit La Harpe, ont mis dans ces sortes de bagatelles une tournure plus piquante.

1172. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

On racontait aussi qu’un soir que l’archevêque rentrait seul de l’île Saint-Louis (où logeait Mme de Bretonvilliers) par le Pont-Rouge, ou plutôt une nuit qu’il s’en revenait en chaise de la rue de Grenelle, c’est-à-dire de chez La Varenne, vers la Croix-Rouge, il avait été attendu par huit hommes munis de flambeaux, lesquels, sous prétexte de lui faire honneur, l’avaient accompagné en pompe jusqu’à l’archevêché, non sans le haranguer au préalable et lui adresser tout le long du chemin mille compliments dérisoires.

1173. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

Nous n’avons rien vu, et avant-hier soir, y fûmes jusques après minuit, où M. de Gourgues se trouva ; mais rien ne vint.

1174. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

Les tristes présages se déclarent pourtant ; la journée du mariage ne se termine pas à Versailles sans un orage affreux qui fait fuir tout le monde des jardins et qui noie les illuminations du soir.

1175. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

On a le récit que Catinat adressa à M. de Louvois le soir même de la bataille (18 août).

1176. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Adieu, mon cher frère ; c’est vous en dire assez sur ce sujet triste. » Il écrivait encore à son frère le lendemain 23, après avoir vu le nouveau général arrivé de la veille au soir : « Je vous ai déjà écrit, par l’ordinaire, sur l’arrivée de M. le maréchal de Villeroy ; je vous répéterai que je m’y mettrai jusqu’au cou pour contribuer au rétablissement de la réputation des armées des deux couronnes en Italie.

1177. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

Il a l’habitude, on rentrant le soir, de noter brièvement ce qu’il a entendu de plus remarquable ; il nous livre aujourd’hui ces notes ; il y joint les lettres qu’il a reçues de ces personnages célèbres ou de ces femmes d’esprit.

1178. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

Malouet, qui avait volontiers le premier mouvement circonspect et la répulsion un peu prompte, ne dissimula point sa répugnance à recevoir chez lui l’équivoque personnage ou à l’aller visiter : rendez-vous fut pris pour le soir en maison tierce, chez les négociateurs mêmes.

1179. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

« Je quitte Bourbon ce soir.

1180. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

Soult était accusé par ses propres soldats d’avoir voulu se faire roi en Portugal : « L’Empereur traita cela de niaiserie ; cependant il fit appeler Jomini le soir même, lui fit répéter l’aventure en présence de Masséna et du prince Eugène, et leur dit : « Pensez-vous qu’il y ait un maréchal de France assez fou pour se proclamer roi indépendant ?

1181. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

Mais le soir même, quand tout le monde est retiré, quand la maison entière repose, et que Mlle de Liron, après avoir fait son inspection habituelle, entre dans sa chambre, non sans songer à ce pauvre Ernest qu’elle craint d’avoir affligé par sa dernière brusquerie, que voit-elle ?

1182. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Non, il n’est pas indispensable, pour provoquer en nous cette vive et profonde intelligence des choses naturelles, de s’en aller bien loin, au-delà des mers, parcourant les contrées aimées du soleil et la patrie des citronniers, se balançant tout le soir dans une gondole, à Venise ou à Baïa, aux pieds d’une Elvire ou d’une Guiccioli.

1183. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre III »

Six jours plus tard, au-delà du Puy, et malgré son passe-port, la garde bourgeoise vient à onze heures du soir le saisir au lit ; on lui déclare « qu’il est sûrement de la conspiration tramée par la reine, le comte d’Artois et le comte d’Entragues, grand propriétaire du pays ; qu’ils l’ont envoyé comme arpenteur pour mesurer les champs, afin de doubler les taxes »  Ici nous saisissons sur le fait le travail involontaire et redoutable de l’imagination populaire : sur un indice, sur un mot, elle construit en l’air ses châteaux ou ses cachots fantastiques, et sa vision lui semble aussi solide que la réalité.

1184. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Un petit cénacle d’hommes et de femmes distingués s’y réunissait tous les soirs.

1185. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

, fierté des gloires militaires de la Révolution et de l’Empire, rêve d’une France libre, glorieuse et honorée parmi les hommes », cela composait une sorte de religion civique, commune alors à un très grand nombre de Français, et faite de très antiques bons sentiments, mais qui, naturellement, revêtaient les formes accidentelles propres à cette époque : on n’était pas clérical dans la maison ; on était de ces Parisiens qui, à l’endroit des « capucinades » officielles de la Restauration, retrouvaient les propos de la Satire Ménippée ; et, le samedi soir, on se réunissait entre amis, sous la tonnelle, pour chanter les premières chansons de Béranger.

1186. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

À la porte du Grand Café, tout l’été, stationne une foule avide de saisir les notes aigrelettes d’approximatives tziganes ; — en face du passage des Panoramas, un autre groupe approuve chaque soir la succession d’annonces d’un transparent ; — place du Théâtre-Français, à minuit, une haie respectueuse admire la sortie des sociétaires ; — dans la rue, un cheval glisse, deux cochers se querellent, un agent paraît : c’est assez pour retenir les passants amusés… D’abord, on aime les spectacles et leur cuisine (à preuve, dans les journaux obséquieux, le développement de la rédaction théâtrale : critiques, soireux, échotiers, indiscrétionistes) : au besoin, on se contente du spectacle de tout ce qui se laisse écouter ou regarder.

1187. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

À la porte du Grand Café, tout l’été, stationne une foule avide de saisir les notes aigrelettes d’approximatifs tziganes ; — en face du passage des Panoramas, un autre groupe approuve chaque soir la succession d’annonces d’un transparent ; — place du Théâtre-Français, à minuit, une haie respectueuse admire la sortie des sociétaires ; — dans la rue, un cheval glisse, deux cochers se querellent, un agent paraît : c’est assez pour retenir les passants amusés… D’abord, on aime les spectacles et leur cuisine (à preuve, dans les journaux obséquieux, le développement de la rédaction théâtrale : critiques, soireux, échotiers, indiscrétionistes) : au besoin, on se contente du spectacle de tout ce qui se laisse écouter ou regarder.

1188. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

Le soir, à la fin du jour, nous fûmes promener, elle, Adélaïde et moi.

1189. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

Combien de fois ne l’ai-je pas rencontré l’après-midi, le soir, aux boulevards, sous les arcades Rivoli, toujours seul, jouissant incognito de son empire !

1190. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

Fontenelle fait semblant de vouloir parler d’autre chose : « Non, répliquai-je, il ne me sera point reproché que dans un bois ; à dix heures du soir, j’aie parlé de philosophie à la plus aimable personne que je connaisse.

1191. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Le duc de Lauzun. » pp. 287-308

Elle soupait un soir chez Mme Du Deffand, elle l’en avertit.

1192. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

Au moment de se mettre à table, l’archevêque de Reims (M. le cardinal Gousset), le consécrateur de l’église rebâtie, dit à Jasmin : Poète, on nous a parlé de votre pièce sur la circonstance ; nous serons heureux si vous voulez nous la confier ce soir, avant de partir, à quelques-uns. — À quelques-uns, monseigneur !

1193. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

On dit que le soir, faute d’avoir de quoi acheter une lumière, il lisait à la lueur des charbons embrasés : on a raconté la même chose du jeune Drouot, lisant, enfant, près du four de son père.

1194. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

« Je vais applaudir ce soir vos Templiers, lui dit un matin quelqu’un qui les avait vus sur l’affiche. » — « Vous n’irez pas et vous ne les verrez pas, répliqua-t-il à l’instant : je ne suis pas si sot, et je ne veux pas qu’on me siffle. » Et après cette boutade première comme il en avait, il donna sérieusement ses raisons.

1195. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Mme Lebrun, qui attendait ce soir-là de fort jolies femmes, imagina de costumer tout son monde à l’antique pour faire une surprise à M. de Vaudreuil : « Mon atelier, dit-elle, plein de tout ce qui me servait à draper mes modèles, devait me fournir assez de vêtements, et le comte de Parois, qui logeait dans ma maison rue de Cléry, avait une superbe collection de vases étrusques. » Chaque jolie femme qui entrait était à l’instant même déshabillée, drapée, coiffée en Aspasie ou en Hélène.

1196. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

L’Empereur, qui a fait sa nuit depuis six ou sept heures du soir, n’est point pressé ; il garde avec lui son lieutenant jusqu’après l’heure du déjeuner qui a lieu à six heures du matin.

1197. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

Je passe la nuit sans m’éveiller, et le soir, quand je vais au lit, une espèce d’engourdissement m’empêche de faire des réflexions.

1198. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

Grimm et Diderot causaient un soir ensemble, le 5 janvier 1757 ; Diderot était dans un de ces moments d’exaltation et de prédiction philosophique qui lui étaient familiers : il voyait le monde en beau et l’avenir gouverné par la raison et par ce qu’il appelait les lumières ; il exaltait son siècle comme le plus grand que l’humanité eût vu jusque-là.

1199. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Ivan Tourguénef »

Que l’on relise la merveilleuse scène des Mémoires d’un seigneur russe, où le chasseur parvenu le soir à un taboun de bêtes, couché à quelque distance du feu, voit les flammes illuminer, au hasard de leur danse, le groupe de pâtres, les chevaux qui s’ébrouent, les chiens, les hautes herbes, tandis que le ciel déploie au-dessus sa voussure piquée d’étoiles, et que le murmure des légendes chuchotées vaguement lui parvient par lambeaux ; l’on aura là une représentation achevée de l’art de M. 

1200. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre VI. Le beau serviteur du vrai »

Le soir on croit voir dans cette chaise une forme accoudée ; — c’est le fantôme, — disent les pêcheurs du clan des Mackinnons ; et personne n’oserait, même en plein jour, monter jusqu’à ce siège redoutable ; car à l’idée de la pierre est liée l’idée du sépulcre, et sur la chaise de granit il ne peut s’asseoir que l’homme d’ombre.

1201. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Doyen » pp. 178-191

Allez voir le tableau de Doyen, le soir en été, et voyez-le de loin ; allez voir celui de Vien, le même dans la même saison, et voyez-le de près ou de loin, comme il vous plaira ; restez-y jusqu’à la nuit close, et vous verrez la dégradation de toutes les parties suivre exactement la dégradation de la lumière naturelle, et la scène entière s’affaiblir comme la scène de l’univers, lorsque l’astre qui l’éclairait a disparu.

1202. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre I. »

C’est le soir, aux lueurs vacillantes du feu près duquel les noirs attardent leurs veillées, sinon dans le flou laiteux d’une nuit lunaire, qu’on les entend narrer le plus volontiers.

1203. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

Est-ce du socialisme pour ce soir ou de la morale pour demain ?

1204. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Saint-Simon »

Ce n’est plus le désespéré qui serait mort chaque jour si, chaque soir, en prenant la plume, il n’avait pas tenu sa vengeance !

1205. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

Sardanapale d’un nouveau genre, couronné des roses des succès d’un jour, le malheureux brûla son génie tout entier sur le bûcher du monde, fait, comme l’autre, de bûches entassées, ces sots que son esprit savait animer tous les soirs !

1206. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

Les siens, à la moindre impression, se tordaient et résonnaient, comme ces cordes à violon sur lesquelles le Diable semblait jouer des sonates, plus enragées que ce fameux trille qu’il joua, un soir, sur le violon de Tartini !

1207. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

Leurs amis considéraient avec curiosité l’opposition parfaite de leurs natures, et un soir, dans la petite maison, on s’amusa fort en écoutant Pope, cervelle bizarre, qui, par un jeu d’imagination, transformait M. 

1208. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XX. Le Dante, poëte lyrique. »

Cette fois, ce n’est plus le chant profane et travaillé des troubadours, cette poésie artificielle lors même qu’elle est passionnée, qui aura précédé le grand poëte, lui ouvrira la route, et, par cela même, pourra souvent égarer son mâle et fier génie : ce sera la religion même, par les voix les plus candides et les plus simples ; ce sera le spectacle de la piété populaire, au milieu de la belle nature de l’Italie, alors que, dans la tiède sérénité du soir, après un jour brûlant de Toscane, un humble religieux, frère Pacifique, faisait doucement retentir de simples paroles italiennes, répétées en chœur par le peuple agenouillé dans une vaste plaine des bords de l’Arno.

1209. (1894) Critique de combat

Mais la raillerie de l’auteur va plus avant, témoin cette démonstration imprévue de l’existence de Dieu : Un jeune abbé s’éprend d’une maritorne et l’épouse provisoirement le soir même dans un grenier. […] Le conquérant s’étonne et s’indigne de n’être pas obéi le soir même. […] Un soir il brise sa montre, en disant qu’il brisera ainsi la Pologne, si l’on s’obstine à le faire languir. […] Impossible de rentrer chaque soir ! […] Que pensez-vous que fasse Malauve, le soir de cette journée tragique ?

1210. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Mais un soir, Tullio, étant resté auprès de lui, ouvre une fenêtre, l’expose à un courant d’air glacé, appelle sur lui la mort. […] Elle part au soir vers un but inconnu, entraînant après elle la chevauchée galante et joyeuse de ceux que l’amour force à la suivre. […] Le soir, dans l’obscurité, des maisons apparaissent marquées d’une tache de lumière. […] Le premier soir André lui a dit : « Vous devez être faite comme la Danaé du Corrège. » Elle ne s’est pas offensée de ce propos. […] Un soir il l’entraîne au bord d’un précipice hérissé de rochers.

1211. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Le rapporteur exact en détache un fragment ; puis il se souvient de trois paroles qui furent dites le même soir dans une chambre de la maison, utiles peut-être pour l’éclaircissement général de la cause, mais sans lien avec ce qui précède. […] Que deviendraient-ils, si je leur exposais par le détail la délicieuse vie de professoresse allemande qu’a rêvée Élisabeth, le matin à sa cuisine, l’après-midi aux fleurettes esthétiques des jeunes privat-docents, le soir au clavecin, le dimanche au prêche, et si j’entreprenais de leur faire entendre bon gré, mal gré, pourquoi il manque quelque chose d’essentiel à cette longue suite de bonheurs tranquilles, tant qu’il reste dans le cerveau de son mari une seule abstraction qu’elle ne comprend pas ! […] Un changement de paroisse, la rivière à traverser, deux ou trois maisons qu’il trouve, un soir, fermées devant lui : il n’en faut pas davantage pour tuer l’abbé Birotteau, et il était nécessaire que cela le tuât. […] Un soir, Hippus tombe chez Itzig, haletant, effaré, regardant derrière lui avec des yeux hagards, comme s’il avait un spectre sur les talons : il vient de rencontrer la justice dans sa rue. […] Le soir, à partir de sept heures, tu seras ton maître. » Veitel accepta cette condition avec la même docilité.

1212. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Après le repas du soir, il lisait avec son fils l’Astrée, le Grand Cyrus ou Plutarque. […] Qui ne se rappelle l’escapade à Toune, près d’Annecy, Mlles Galley et de Graffenried, les deux jolies friponnes, prenant en croupe l’enfant de chœur rencontré dans la campagne, la gaieté de cette aimable jeunesse tout le jour, et, le soir, le retour silencieux, grave de désir ? […] « ce regard sec, ardent, moqueur et prolongé » que celui-ci tenait sur Rousseau, les soirs ; au coin du feu ! […] Il a fatigué « la cime des bois » et l’« étoile du soir » de ses stériles embrassements. […] Et quand dans ce nouveau genre d’édification quelque page plus incomparable vous arrête, ô âmes dévotes, quand vous pensez avec l’auteur qu’« il eût été bien de plaindre celui qui, dans ce spectacle (le soir en mer, la prière commune à bord d’un vaisseau) n’eût point reconnu la beauté de Dieu88 », prenez garde, c’est peut-être du poison que vous savourez.

1213. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

Point : nous avons vu notre littérature se peupler tout à coup de vieillards de quarante ans, échevelés le matin, chauves le soir, et qui, une fois leur première chanson écrite et leur premier air noté, n’ont jamais su que répéter le même air et la même chanson. […] « Un soir, Armand trouva M. l’abbé Gondrand, directeur de la conscience de madame de. […] Vous vous promenez le soir dans la campagne : vous jouissez pleinement de ses beautés ; vous savourez par tous les sens ces mille choses charmantes qui composent l’ouvrage de Dieu. […] le jour arrive… et, le soir de ce jour, tout le monde va à Châtelaine… c’était comme une procession !  […] Un soir, ce public, si bénévole d’ordinaire et si facilement enthousiaste, se montrait d’assez maussade humeur.

1214. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

— Mais, c’est que je doute que Camille divertisse personne, ou plutôt, quant à moi, j’y aurais volontiers pleuré l’autre soir. […] Léon Hennique, l’auteur d’Amour, nous contait donc à l’Odéon l’autre soir ? […] Et voici que, par un soir d’hiver, s’introduisant dans ce château où ils se sont passionnément aimés, ils assassinent leur mari et leur frère. […] D’une manière si simple qu’elle en parut ce soir-là puérile, ou écolière. […] J’en faisais encore la remarque à l’Odéon, il y a plus d’un mois, et l’autre soir, au Théâtre-Libre.

1215. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

« Quand le soir approchait, je descendais des cimes de l’île et j’allais volontiers m’asseoir au bord du lac, sur la grève, dans quelque asile caché ; là le bruit des vagues et l’agitation de l’eau, fixant mes sens et chassant démon âme toute autre agitation, la plongeaient dans une rêverie délicieuse, où la nuit me surprenait souvent sans que je m’en lusse aperçu. […] Vous vous les racontez en montant les marées, Et c’est ce qui vous fait ces voix désespérées Que vous avez le soir, quand vous venez vers nous ! […] Supposons un tableau composé sur ce thème : un étang, le soir. […] Mais cela, ce n’est pas un étang le soir ; ce n’en est que l’apparence visible fixée en un instant de la durée. Pour que cette scène de la nature à laquelle nous nous souvenons d’avoir assisté nous fût rendue dans sa réalité, il nous faudrait encore le dernier appel des oiseaux de rivage, le froissement des roseaux qu’écartait quelque bête invisible, l’eau qui clapotait sous un bond brusque, la brise du soir qui s’élevait et faisait passer des moires sur cette nappe grise ; la senteur de l’eau stagnante, la fraîcheur humide qui peu à peu nous pénétrait, la descente lente de la nuit, et ce sentiment de solitude qui commençait à nous serrer le cœur.

1216. (1914) Une année de critique

Le soir, en me retirant, je passai devant la chambre des maîtres de la maison ; je les y vis entrer ensemble : je gagnai tristement la mienne, et ce moment ne fut pas pour moi le plus agréable de la journée. […] Les roses d’hier soir sont mortes dans le verre, Leurs pétales tombés ont glissé sur mes mains. […] Sur la mer le bateau lointain qui diminue, Dans la chambre l’éclair vacillant d’un flambeau, Dans le jardin la fleur fanée et le ruisseau Offrant au soir qui vient sa fuyante avenu J’aime l’heure d’attente et de mélancolie Où s’apaise le cœur, où l’âme se délie, Où l’on rentre à pas lents en se donnant la main : J’aime l’heure où les bruits comme des chants lointains Semblent porter vers nous dans leur calme murmure L’adieu mystérieux d’une ancienne aventure. […] « N’en doute point : quand luira le crépuscule du grand soir, un des premiers, tu monteras dans la charrette, comme ton ami Brotteaux. […] Chaque soir, il se retire dans son poêle ; il y oublie complètement sa femme et son enfant ; il s’y sent à l’aise ; prêtre de la Spéculation idéologique, il y exerce son sacerdoce.

1217. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Mais Renaudot n’était pas facile à émouvoir sur ce point ; il croyait à l’utilité de ses diverses innovations et de ses établissements, à celle de sa Gazette entre autres, et il s’en faisait gloire : Mon introduction des Gazettes en France, écrivait-il en 1641, contre lesquelles l’ignorance et l’orgueil, vos qualités inséparables, vous font user de plus de mépris, est une des inventions de laquelle j’aurais plus de sujet de me glorifier si j’étais capable de quelque vanité… ; et ma modestie est désormais plus empêchée à récuser l’applaudissement presque universel de ceux qui s’étonnent que mon style ait pu suffire à tant écrire à tout le monde déjà par l’espace de dix ans, le plus souvent du soir au matin, et des matières si différentes et si épineuses comme est l’histoire de ce qui se passe au même temps que je l’écris, que je n’ai été autrefois en peine de me défendre du blâme auquel toutes les nouveautés sont sujettes.

1218. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Marianne vers le soir, au retour de chez le bon religieux, voit à la porte d’un couvent l’église encore ouverte, et y entre pour prier et pour pleurer.

1219. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

Le prince de Ligne, dans une lettre détaillée, achève et complète à merveille ce portrait de M. de Meilhan ; il le confirme ou le corrige sur les points essentiels : Sans en avoir l’air, lui dit-il, vous êtes plus occupé des autres que de vous ; vous ne vous aimez qu’un moment ; vous êtes fou de ce que vous avez écrit le matin, et le soir vous n’y pensez plus.

1220. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Plus d’une fois, le soir, Villon en fuite, traqué par les gens du guet, se sera souvenu tout d’un coup, en voyant la lampe briller à la fenêtre du studieux jeune homme, qu’il avait là un admirateur, un ami, et il lui aura demandé abri et gîte pour une nuit ou deux, en prétextant quelque belle et galante histoire ; et, toute la nuit durant, pour le payer de son accueil, il l’aura charmé de ses récits, ébloui de ses saillies et de sa verve.

1221. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Je le vois encore, sur les derniers temps de la Restauration, avec son visage fin, amaigri, de jeune vieillard, ses longs cheveux négligés et pendants, sa taille de peuplier, avec son pas traînant et son attitude délabrée, exhalant de toute sa personne je ne sais quelle senteur de musc qui rappelait l’ancien muscadin ; cherchant dans les salons du général La Fayette (moins remplis alors qu’un ou deux ans plus tard) quelqu’un avec qui causer, et ne le trouvant pas toujours, ou faisant le soir à l’Athénée une lecture déjà cent fois redite et qu’il essayait d’animer ; écrivant pour le Courrier français des séries d’articles qu’on ne lisait plus.

1222. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Rien n’était plus intéressant pour moi que ces bivacs en arrivant le soir et en partant le matin.

1223. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

Une autre fois, c’est un simple portefaix, l’honnête Miccalion, qui fait son offrande aux dieux : « Cette statue, ô Passant, est une consécration du portefaix Miccalion ; mais elle n’a pas échappé à Mercure, la piété du portefaix qui, dans son pauvre métier, a trouvé moyen de lui faire une offrande : toujours et partout l’homme de bien est homme de bien. » Mais la fleur des épigrammes de Léonidas en faveur du pauvre monde me paraît être l’épitaphe qu’il composa pour la bonne ouvrière Platthis, morte à quatre-vingts ans : « Soir et matin, la vieille Platthis a bien souvent repoussé le sommeil pour combattre la pauvreté ; elle a chanté aussi sa petite chanson à la quenouille et au fuseau, son compagnon d’ouvrage, jusqu’au terme de la blanche vieillesse ; se tenant à son métier jusqu’à l’aurore, elle parcourait avec les Grâces le stade de Minerve, dévidant d’une main tremblante, autour de son genou tremblant, l’écheveau qui devait suffire à la trame, l’aimable vieille !

1224. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

— Quant à l’Imitation, je l’ai beaucoup lue et goûtée, mais il ne nuirait nullement à mon amour pour cet admirable petit livre de savoir quand, comment il est né, dans quelle cellule, sous quelle lampe du soir ou quelle étoile du malin.

1225. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

nous faisions, ma rose et moi, une fort triste figure… Au moment où la parure commence, l’amant n’est plus qu’un mari, et le bal seul devient l’amant. » Dans ce charmant chapitre, je relèverai une des taches si rares du gracieux opuscule : redoublant sa dernière pensée, l’auteur ajoute que, si l’on vous voit au bal ce soir-là avec plaisir, c’est parce que vous faites partie du bal même, et que vous êtes par conséquent une fraction de la nouvelle conquête : vous êtes une décimale d’amant.

1226. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Au reste, ce que les recueils qui se publient sans relâche (quatre ou cinq peut-être chaque mois) contiennent d’agréables vers, de jets brillants, de broderies heureuses, est incalculable : autant vaudrait rechercher ce qui se joue chaque soir de gracieux et de charmant sur tous les pianos de Paris.

1227. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

Cette toile de Pénélope, dans la science et la philosophie, amuse les amants de l’humanité, qui s’imaginent toujours que le soleil ne s’est jamais levé si beau que ce matin-là, et que ce sera pour ce soir à coup sûr le triomphe de leur rêve.

1228. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

Molé, cette brillante et courte union d’un moment à l’entrée du siècle, avant les systèmes produits, les renommées engagées, les emplois publics, tout ce qui sépare ; cette conversation d’élite, les soirs, autour de madame de Beaumont, de madame de Vintimille : « Hélas !

1229. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

Au sortir d’un duel où l’on avait blessé un ami, on arrivait au déjeuner de l’abbé Raynal pour y guerroyer contre les préjugés ; on était le soir du quadrille de la Reine après avoir joui d’une matinée patriarcale de Franklin ; on courait se battre en Amérique, et l’on en revenait colonel, pour assister au triomphe des montgolfières ou aux baquets de Mesmer, et mettre le tout en vaudeville et en chanson.

1230. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

J’en aurai mérité le châtiment ici-bas, je n’aurai pas protesté contre la peine, et j’ai toujours considéré les angoisses et les humiliations qui assiègent depuis dix ans le soir de mon existence comme une juste expiation d’une de ces témérités d’esprit par lesquelles l’homme le mieux intentionné ne doit jamais, selon l’expression des moralistes religieux, tenter la Providence quand il s’agit du sort et du sang d’un peuple.

1231. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

« L’autorité a déchargé ma conscience, écrivait-il le soir même de ce jour ; il ne me reste plus qu’à me soumettre et me taire, et à porter en silence mon humiliation.

1232. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

Voyez la netteté de ces traits, quand Mme Tardieu réforme sa maison : Le pain bis, renfermé, d’une moitié décrût ; Les deux chevaux, la mule, au marché s’envolèrent ; Deux grands laquais, à jeun, sur le soir s’en allèrent : … Deux servantes déjà, largement souffletées, Avaient à coups de pied descendu les montées.

1233. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Alors, pour se venger, elle se compromet avec un officier de chasseurs très fort à l’épée, l’affole en lui tendant, un soir, après dîner, un cigare qu’elle a mouillé de ses lèvres, et fait embrocher son mari par le chasseur.

1234. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Elle avait de la sorte l’avantage de ne point renvoyer ses spectateurs sur une impression triste : ceux-ci appréciaient fort cette attention, car quelques francs éclats de rire étaient une bonne préparation au repas qui les attendait au sortir du théâtre, la comédie se terminant alors vers sept heures du soir.

1235. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VIII. L’antinomie économique » pp. 159-192

On se rend maintenant très bien compte, à l’aspect du travail — c’est-à-dire de cette dure activité du matin au soir — que c’est là la meilleure police, qu’elle tient chacun en bride et qu’elle s’entend vigoureusement à entraver le développement de la raison, des convoitises, des envies d’indépendance.

1236. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Cette dame de Maintenon ou de Maintenant passe tous les soirs, depuis huit heures jusqu’à dix, avec S. 

1237. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

Tel humaniste couronné qui, le matin, commandait une fresque, ou se faisait expliquer Homère par un philologue byzantin, assassinait ses ennemis le soir, ou leur servait un souper assaisonné de cantarella.

1238. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

Frantz a invité toute la gentilhommerie du voisinage à la fête de ses fiançailles ; le soir vient, la nuit s’écoule, et les salons restent vides, et les valets promènent ironiquement leurs plateaux d’argent sous les plafonds étoilés, offrant du punch aux chaises et des sorbets aux fauteuils.

1239. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

Point de réplique, c’est son dernier mot : et, ce soir même, elle reviendra chercher la fillette.

1240. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

Patin, qui le visitait, le soir d’un jour où Lamartine avait failli être élu membre de l’Académie française. — Est-ce assez de misères ?

1241. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

Il avait vu le matin Lamartine, qu’il avait su malade, et à qui il avait conseillé, m’a-t-il dit, le quinquina : « Mais Lamartine se croit médecin, ajouta-t-il ; il croit tout savoir parce qu’il est poète, et il ne veut pas entendre parler de quinquina. » Je souriais tout bas de penser que Béranger, lui aussi, se croyait médecin, et qu’il ne s’apercevait pas que sa remarque s’appliquait à lui-même ; il venait de conseiller Lamartine sur le quinquina, comme, la veille au soir, il avait conseillé Lamennais sur je ne sais quelle succession qu’il n’aurait pas voulu lui voir accepter.

1242. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Le soir de ce jour-là ou le lendemain, Bettina revit Goethe chez Wieland, et, comme elle faisait la jalouse d’un bouquet de violettes qu’il tenait à la main et qu’elle supposait qu’une femme lui avait donné, il le lui jeta en disant : « Ne peux-tu te contenter que je te les donne ? 

1243. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Il veut sans cesse paraître amusant, étincelant, et il n’est pas tous les jours en veine : « Je suis bête ce soir… Je n’ai rien de drôle à vous mander d’ici… Je ne suis pas gai aujourd’hui, et ma lettre ne sera pas à imprimer. » Cela revient perpétuellement sous sa plume et nuit au naturel.

1244. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

Il a bien soin d’ajouter : « Mais l’horreur de leur crime passe encore l’horreur de leur supplice. » Il exalte en un autre endroit le procédé de justice expéditive du savetier de Messine, cet homme « dévoré du zèle du bien public », qui se chargeait d’exécuter lui-même le soir, à l’aide d’une arquebuse à vent, les coupables que lui et ses ouvriers avaient condamnés à huis clos dans la journée.

1245. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

À dix heures du soir, rien ne la distinguait plus d’un jour ordinaire.

1246. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Jouée pour la première fois au Théâtre-Français, le 13 novembre 1847, cette tragédie eut quelques soirs de succès, j’étais à cette première représentation, et j’en jouis encore, ainsi que de toute cette salle brillante, de cette foule d’élite, de cette jeunesse élégante et empressée à un triomphe que personne n’avait le mauvais goût de contester.

1247. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

Le soir, il y avait cercle ; on y raisonnait sans qu’il y fût plus question de cartes qu’au fameux hôtel de Rambouillet, tant célébré par Voiture et Balzac.

1248. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Je ne sais pas quel mets nous eût paru meilleur que nos raves et nos châtaignes ; et en hiver, lorsque ces belles raves grillaient le soir à l’entour du foyer, ou que nous entendions bouillonner l’eau du vase où cuisaient ces châtaignes si savoureuses et si douces, le cœur nous palpitait de joie.

1249. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Comme au soir d’une chaude journée d’été, une foule d’insectes bourdonnaient dans l’air et harcelaient de leur bruit les honnêtes indifférents.

1250. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

Toute une histoire avait été préparée pour motiver une intrusion aussi imprévue : « On arrivait de Paris, on avait un service pressant à demander, on n’avait pu se décider à attendre au lendemain, etc. » Bref, M. de La Harpe, le soir, se retire du salon et monte dans son appartement.

1251. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

Après que les événements sont accomplis, quand les révolutions ont eu leur cours et se sont chargées de tirer toutes les conséquences, ces choses d’un jour, dont la portée ne se sentait pas, prennent une signification presque prophétique, et nous pouvons dire aujourd’hui : L’ancienne société n’aurait pas mérité, à ce degré, de périr, si elle n’avait pas assisté ce soir-là, et cent fois de suite, avec transport, à cette gaie, folle, indécente et insolente moquerie d’elle-même, et si elle n’avait pas pris une si magnifique part à sa propre mystification27.

1252. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

Hennin ont été supprimées ; que ce digne ami qui ne répond pas toujours agit plus qu’il ne parle ; qu’il y a des moments où les lettres qu’il reçoit coup sur coup de Bernardin le prennent au milieu d’un travail accablant : « Votre troisième lettre, lui écrivait-il (18 novembre 1780), est la soixante-dix-neuvième à laquelle je doive réponse aujourd’hui, et il y en a qui roulent sur des affaires pressées. » Et en post-scriptum : « J’avais écrit neuf heures hier soir lorsque j’eus fini la minute de cette lettre.

1253. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

Ce curé, qui était toujours celui du village de Moëns, avait eu, il paraît, un tort grave, en faisant bâtonner par des paysans apostés le fils d’un habitant notable, un soir que le jeune homme sortait de chez une femme de mauvaise vie.

1254. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

Presque nulle part (excepté une fois sous la tente de l’Arabe) il ne rend hommage à cette fidélité des tableaux et des scènes bibliques qu’ont sentie d’abord tous les voyageurs en Orient, et dont il est dit dans le récit de Napoléon sur la campagne de Syrie : « En campant sur les ruines de ces anciennes villes, on lisait tous les soirs l’Écriture sainte à haute voix sous la tente du général en chef.

1255. (1889) L’art au point de vue sociologique « Introduction »

Il s’est peint lui-même et il a peint le véritable artiste, en disant : « Pour comprendre un rayon de soleil, il faut vibrer avec lui ; il faut aussi, avec le rayon de lune, trembler dans l’ombre du soir ; il faut scintiller avec les étoiles bleues ou dorées ; il faut, pour comprendre la nuit, sentir passer sur nous le frisson des espaces obscurs, de l’immensité vague et inconnue.

1256. (1694) Des ouvrages de l’esprit

Le nouvelliste se couche le soir tranquillement sur une nouvelle qui se corrompt la nuit, et qu’il est obligé d’abandonner le matin à son réveil.

1257. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

Accours, jeune Chromis, je t’aime, et je suis belle, Blanche comme Diane, et légère comme elle, Comme elle grande et fière ; et les bergers, le soir, Lorsque, les yeux baissés, je passe sans les voir, Doutent si je me suis qu’une simple mortelle,.

1258. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

Il fait noir comme dans un four ; Le ciel s’est habillé ce soir en scaramouche, Et je ne vois pas une étoile Qui montre le bout de son nez.

1259. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

Rappelez-vous ces quelques chansons du Cromwell, — La Chanson du Fou, par exemple, — ces gouttes de rosée frémissantes, rouges du soir, qui suffisent pour noyer toute une tête humaine dans un infini de rêveries !

1260. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

C’était une chaste harmonie, mélodieuse sans art, émue sans passion terrestre, presque monotone et toute charmante ; c’étaient les premiers et les délicieux vers de M. de Lamartine : l’Isolement, le Soir, le Vallon, le Lac, la Foi, le Temple, les Étoiles ; tous ces échos de douce rêverie, dont nuls sons ne pouvaient être détachés et retentir dans les vastes auditoires des cours publics, sans faire éclater les mille applaudissements d’une jeunesse idolâtre.

1261. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Il est certain que parmi ceux qui s’y promenent ; il y en a beaucoup qu’on peut ainsi qualifier, & que le matin comme le soir des personnes occupées de la littérature, ou versées dans les affaires, viennent y promener leurs loisirs. […] On rapporte que le Dante eut une imagination si exaltée, que tous les soirs il faisoit mettre deux couverts, l’un pour Euterpe & l’autre pour Uranie, qu’il aimoit à la fureur, qu’en soupant il leur adressoit la parole, comme si elles eussent été présentes, & qu’il buvoit à leur santé. […] Leurs entretiens sont poétiques, tant elles y mettent d’agrémens & d’imagination, & il n’est point étonnant que dans la société, l’on prolonge à Rome comme à Madrid, les conversations du soir, jusqu’à deux heures après minuit, surtout l’été, où débarrassé de la chaleur, l’on goûte une fraîcheur délicieuse, sous le dais du plus beau ciel. […] Où soupez-vous ce soir t Cet entretien ne tarda point à nous amener cent historiettes plus plaisantes les unes que les autres sur ces aimables chevaliers. […] avec cela l’on peut fronder la société la plus redoutable du côté l’esprit ; avec cela l’on a le talent de parler sans rien dire, du matin au soir.

1262. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Le Louis d’or, la Véronique, le Repos du soir, sont de charmantes inspirations, ainsi que d’autres morceaux peignant la vie des champs avec une sincérité de couleur qui n’exclut ni la grâce ni la poésie. […] Pour emprunter une comparaison à l’écrivain dont nous essayons de caractériser le talent, c’est la différence de la lumière crue, blanche et directe du midi écrasant toutes choses, à la lumière horizontale du soir incendiant les nuées aux formes étranges de tous les reflets des métaux en fusion et des pierreries irisées. […] Elle est vierge cependant, la fille du docteur, et languit dans la solitude ; l’amour essaye en vain de s’acclimater à cette atmosphère hors de laquelle elle ne saurait vivre. » La muse de Baudelaire s’est longtemps promenée dans ce jardin avec impunité ; mais un soir, faible et languissante, elle est morte en respirant un bouquet de ces fleurs fatales. […] Les esprits qu’on est convenu d’appeler pratiques peuvent mépriser ces rêveurs qui suivent la Muse dans les bois, cherchent tout un jour la quatrième rime d’un sonnet, le vers final d’un terzine, et rentrent contents le soir de quelques lignes dix fois raturées sur la page de leur calepin. […] Dans les Contemplations, la partie qui s’appelle Autrefois est lumineuse comme l’aurore ; celle qui a pour titre Aujourd’hui est colorée comme le soir.

1263. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Le paysan qui évoque, le soir, au coin du feu, les légendes naïves du terroir ou les souvenirs familiaux, fait œuvre d’artiste au même titre que le poète, le musicien et le peintre qui s’inspirent des grandes traditions de l’humanité et cherchent à en traduire avec relief le sens émotif. […] À ce propos, je rappellerai une bien piquante boutade attribuée à Tchen-Ki-Tong, ce diplomate chinois qui fut, il y a quelques années, l’une des physionomies les plus populaires du boulevard parisien. « En Chine, disait un soir dans un salon ce mandarin ironique, on choisit les professeurs parmi les candidats qui ont échoué. » Comme on se récriait autour de lui, comme on lui demandait : « Que faites-vous donc avec les candidats qui ont réussi ?  […] Et un soir, j’ai éclaté. […] Dans Bach, il y a encore trop de christianisme cru, de germanisme cru, de scolastique crue ; il est sur le seuil de la musique européenne (moderne), mais, de ce seuil, il se tourne encore vers le moyen âge. » « Hændel. — Hændel, hardi dans l’invention de sa musique, avide de nouveauté, sincère, puissant, tourné vers l’Héroïque et apparenté à lui, autant qu’un peuple peut l’être, devient souvent froid et incertain dans l’exécution, et, même, il se fatigue : alors, il a recours aux méthodes éprouvées de développement, il écrit vite et beaucoup, heureux d’en avoir fini, — mais non pas heureux de la même façon que Dieu et d’autres créateurs, au soir de leur journée d’œuvre. » « Haydn. — Le génie autant qu’il peut s’allier avec la bonhomie, Haydn l’a possédé. […] Un soir, elle prononça à Wahnfried le nom de Nietzsche.

1264. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

La veille de sa mort et comme il se sentait si malade, Baron le conjurait, les larmes aux yeux, de ne pas jouer ce soir-là. […] Dans un projet de sermon sur le péché d’habitude, Bossuet l’a dit magnifiquement : « Il faut remédier à toutes les plaies de l’âme par la douleur et, par conséquent, tout connaître. » Le livre premier du Traité de l’Oraison par Nicole a pour titre : « Que les pensées seules ne sont point oraison. » De quel regard des gens de cette formation eussent-ils considéré un des leurs qui fût venu leur raconter : « Chaque soir je me mets à ma table pour anatomiser par le menu mes moindres sensations de la journée. […] Parlez-leur du « Grand soir », d’un universel abatis d’où procédera inévitablement une universelle renaissance, celui-ci par millénarisme, celui-là par haine, accepteront cet évangile de démolition, tout en ignorant complètement sur quel plan rebâtir la maison rasée et à quel prix. […] Mais que ce voyageur achète chaque matin et chaque soir un journal, et qu’il y lise attentivement les faits divers, comment ne serait-il pas frappé de la multiplication des attentats et de leur caractère meurtrier ? […] « La séance », dit Henri Martin avec une émotion naïve, « avait commencé à 8 heures du soir.

1265. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Paris enfin et ses Champs-Élysées offrent, certains soirs, des spectacles glorieux, et la vie moderne et les « hétaïres » ne sont point dépourvues d’élégance. […] Pour sûr, ce n’est point la Grande Ourse qui lui a fait examiner, à lui, ses prières du soir ; et la ronflante apostrophe à Voltaire, volontiers citée par les ecclésiastiques, ne part pas d’un grand logicien. […] Le délice éternel que le poète éprouve, C’est un soir de durée au cœur des amoureux ! […] Le « bon fils », employé le jour dans un bureau, joue du violon le soir dans un petit café-concert de la barrière : Dans les commencements qu’il fut à son orchestre, Une chanteuse blonde et phtisique à moitié Sur lui laissa tomber un regard de pitié ; Mais il baissait les yeux quand elle entrait en scène. […] Le jour à son bureau, le soir à son pupitre, Il revient donc s’asseoir résigné, mais vaincu, Et, libre, il vit ainsi qu’esclave il a vécu.

1266. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Littleton, celle du juge de paix de Middlesex ; Peter Bathurst et Rigby conduisirent l’autre soir chez lui un domestique qui avait voulu tuer ce dernier. […] Il défierait la critique comme Paganini ou madame Malibran, qui improvisent presque chaque soir de nouvelles variations sur le thème qu’ils nous livrent. […] Mais au bal, dans le premier acte, il a des paroles comme nous pouvons tous les soirs en entendre, en pressant un gant de femme. […] Le soir même de la bataille, il mit un genou en terre, et se fit armer chevalier par Bayard. […] Je suivrai d’un œil assuré les feuilles dispersées de mes espérances, si vertes et si humides au matin, et si rapidement séchées avant l’heure du soir.

1267. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

Je suis sorti ce soir dans le parc, au soleil couchant ; je marchais dans la neige douce : au-dessus de moi, à droite, à gauche, tous les buissons, toutes les branches des arbres étincelaient de neige, et cette blancheur virginale qui recouvrait tout prenait une teinte rose aux derniers rayons du soleil : c’étaient des scintillements sans fin, une lumière d’une pureté incomparable ; les aubépines semblaient en pleines fleurs, et les pommiers fleurissaient, et les amandiers fleurissaient, et jusqu’aux pêchers qui semblaient roses, et jusqu’aux brins d’herbe : un printemps un peu plus pâle, et sans verdure, resplendissait sur tout. […] Supposons que le mont Athos ait été sculpté, selon le plan d’Alexandre, en une colossale statue humaine. « Les paysans qui eussent ramassé les broussailles dans son oreille n’eussent pas plus songé que les boucs qui y broutaient à chercher là une forme aux traits humains ; et je mets en fait qu’il leur eût fallu aller à cinq milles de là pour que l’image géante éclatât à leurs regards en plein profil humain, nez et menton distincts, bouche murmurant des rythmes silencieux vers le ciel et nourrie au soir du sang des soleils ; grand torse, main qui eût épanché perpétuellement la largesse d’un fleuve sur les pâturages de la contrée.

1268. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

Le soir vint où s’accrut la distance angulaire des deux astres. […] À certaines heures, les soirs de juin, les nuits d’hiver, à travers la campagne, au bord des océans, dans le silence de la chambre éteinte, tombent sur l’âme errante comme des gouttes de mystère.

1269. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

On conçoit un poème que le poète se réciterait du matin jusqu’au soir et qu’il tairait aux autres hommes. […] On prendra les hommes en état de crise, dans la phase la plus aiguë de la crise qui sera exposée, exaspérée et résolue entre l’aube et le soir. […] En partie seulement ; ils ne suffiraient pas à remplir chaque soir même une salle minuscule.

1270. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Ne venez donc pas, à moins que votre ministre ne vous le dise cordialement. » Et quelques jours après, reprenant plus en détail cette distinction dans les divers degrés d’amitié, Mme de Staël lui écrivait en des termes charmants, qui sont l’expression comme ingénue de sa nature, et qui nous rendent un peu le mouvement de sa conversation même : « Ce vendredi soir (fin d’été de 1801). […] Thierry en revenant avec charme sur ses travaux de l’année 1821, toute passion véritable a besoin d’un confident intime ; j’en avais un à qui, presque chaque soir, je rendais compte de mes acquisitions et de mes découvertes de la journée. […] Je me rappelle encore, après treize ans, nos promenades du soir, qui se prolongeaient en été sur une grande partie des boulevards extérieurs, et durant lesquelles je racontais, avec une abondance intarissable, les détails les plus minutieux des chroniques et des légendes, tout ce qui rendait vivants pour moi mes vainqueurs et mes vaincus du xie siècle, toutes les misères nationales, toutes les souffrances individuelles de la population anglo-saxonne, et jusqu’aux simples avanies éprouvées par ces hommes morts depuis sept cents ans et que j’aimais comme si j’eusse été l’un d’entre eux. » A ces récits de l’éloquent et sympathique historien pour les Anglo-Saxons vaincus, Fauriel pouvait répondre par d’autres récits non moins attachants sur ses pauvres vaincus du Midi, sur ces Aquitains toujours écrasés et toujours résistants, toujours empressés de renaître à la civilisation au moindre rayon propice de soleil. […] Voici le petit billet d’envoi : « Vous avez promis de vous occuper de l’affaire de M. de Narbonne, monsieur, car vous êtes inépuisable en bouté. — Je vous envoie mon livre. — Venez me voir un moment ce soir, vous me ferez un sensible plaisir.

1271. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Les fondateurs du Collège des ouvriers, s’ils étaient socialistes, étaient chrétiens encore plus, et ils firent entendre à leurs cours du soir presque autant de sermons que de leçons. […] Un soir qu’il se trouvait seul avec le médium dans le bureau du secrétaire, Eusapia se mit à faire des sortes de passes magnétiques des deux côtés du verre du bec de gaz, sans le toucher aucunement et le verre, mal serré dans les griffes, allait et venait, suivant les mouvements des mains. […] Un soir qu’il était assis au foyer et fort tranquille, quoique auprès de Mlle Gaussin, un célèbre financier vint dire à l’oreille de cette actrice, assez haut pour qu’Helvétius l’entendît : « Mademoiselle, vous serait-il agréable d’accepter six cents louis en échange de quelques complaisances ? […] Cette femme aurait-elle déchaîné la passion qui fait son bonheur si sa robe, ce soir-là, avait été rose et non mauve ? […] J’ai connu un athée qui voulait aller dans une église, le soir, échanger des serments avec sa maîtresse ; elle refusa par scrupule.

1272. (1900) Molière pp. -283

— Le bon sens c’est la petite fleur bleue de la bruyère, elle croît aux champs, où on la foule aux pieds ; les bonnes gens de province la mettent à leur boutonnière, le soir, quand ils reviennent de goûter le frais dans les prairies d’alentour, et cela les expose à la risée des élégants qui ont vu la capitale. […] Dans les derniers mois de l’année 1865, on voyait, en certains soirs de la semaine, arriver et se réunir un nombre considérable de personnes sur la place de l’Opéra, au coin des rues Scribe et des Mathurins. […] Cette folle ne sait pourquoi elle l’aime, et moi je sais pourquoi je le méprise. » Eh bien, au lieu de Lauzun, qui offusquait Bussy-Rabutin, supposez Molière, le soir du jour où il vient de jouer Mascarille en province, songeant à l’auteur de Don Japhet d’Arménie, ou de toute autre comédie analogue qu’il sait qu’on applaudit à outrance dans Paris, et vous aurez le même mal, ressenti par Molière bien plus violemment que par Bussy-Rabutin, parce que Molière avait le tempérament bien plus violent, et bien plus puissant. […] Cet avocat gentillâtre de Limoges, en arrivant à Paris, tombe dans les mains de Sbrigani et d’Éraste, qui cherchent à se moquer de lui et le font causer : il n’a pas plus tôt parlé, que vous voyez, non seulement le personnage lui-même, de pied en cap, mais tout son entourage, mais toute sa ville, toute sa province ; Limoges tout entier est là, non seulement Pourceaugnac, mais derrière lui son frère le Consul, son cousin l’Élu, son cousin l’Assesseur, sa tante qui est morte il y a six mois, et son neveu le chanoine, qui a pensé mourir de la petite vérole ; la promenade des Arènes, où l’on va se promener le soir à Limoges, et le restaurateur Petit-Jean, chez qui l’on va faire des parties fines : tout le croquis d’une ville de province, ressuscitée et peinte, vous saute aux yeux dans une seule scène. […] Pour cela vous pouvez vous en détacher, si je chante ce soir… Où est-il donc ce maître que vous craignez de renvoyer !

1273. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Avertissement Ceux qui chercheront un livre de critique dans ces pages seront déçus : déçus aussi ceux qui penseront y trouver le manifeste d’une École nouvelle. Il n’y a plus d’écoles littéraires, il n’y a que des manifestations individuelles. Trois écrivains d’accord sur les principes, voilà ce qu’on ne verra plus, —   et parvinssent-ils à s’entendre, ils ne constitueraient point une école, car l’entreprise, toujours un peu théâtrale, manquerait d’une galerie en ce temps d’indifférence et serait d’ailleurs trahie même par ses acteurs qui sauraient tous le même rôle et ne sauraient que celui-là,   — le rôle du protagoniste. On n’engage donc ici que la responsabilité de l’auteur. Son nom ne cache aucun groupe.

1274. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

C’est d’ordinaire sur les six heures du soir que Chamillart vient travailler avec moi, et pendant plus de trois mois il ne m’apprenait que des choses désagréables.

1275. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

Dacier… » Ce culte d’Horace s’est conservé intact et ininterrompu jusqu’à nos jours, et je me rappelle qu’un soir que nous étions chez feu le chancelier Pasquier, dans le temps où M. 

1276. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

On sait l’affreuse histoire de Mme de Tencin, cette femme d’esprit et d’intrigue, qui a fait des romans de pur sentiment : un jour, le soir du 6 avril 1726, un de ses anciens amants, un M. de La Fresnaye, à qui elle avait voulu (il paraît bien) extorquer ou soustraire des sommes considérables, va chez elle furieux, hors de lui, se met sur un canapé et se loge quatre balles dans le cœur, dont il meurt sur le coup ; « Le canapé en frémit ; la dame en gémit : on avertit le premier président et le procureur général du Grand-Conseil, qui le font enterrer, la nuit, en secret, et le lendemain chacun conte l’histoire à sa manière, et il y en a cent.

1277. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

Hier au soir, je l’ai prié comme un saint ; j’espère qu’il a entendu ma voix et qu’il a vu que ses bienfaits n’avaient point été tout à fait perdus… » Cette mort d’un vieillard, à laquelle il semble qu’il pouvait s’attendre, assombrit pour le jeune voyageur les spectacles auxquels il va désormais assister ; il le dit et le redit à toutes les personnes de sa famille avec des accents d’une sincérité profonde, et qui mettent à nu, à n’en pas douter, l’état contristé de son âme : « (A Mme de Grancev, 10 octobre 1831)… Bien des gens croient que nous n’avons fait qu’une perte ordinaire ; mais vous savez que c’est presque un père que nous pleurons.

1278. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

— Il racontait que, sous la Restauration, étant allé un soir assister chez le vicomte Sosthène de La Rochefoucauld à je ne sais quelle séance de ce qu’on appelait la Congrégation, il y avait entendu tant de sottises qu’il n’y put tenir, et en sortant il fut pris d’un fou rire à se tenir les côtes, tellement qu’il avait dû s’asseoir sur un do ces bancs de pierre comme il y en avait alors dans le faubourg Saint-Germain à la porte des hôtels, jusqu’il ce qu’il eût fini de rire tout son soûl.

1279. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Elle écrivait à ce sujet à un ami : « En rentrant le soir, j’ai trouvé votre lettre et Pascal que je n’ai point quitté depuis.

1280. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

Le souffle et le parfum de l’amour expirent dans ces pages de la jeunesse, comme une brise le soir s’alanguit sur des fleurs : on s’en aperçoit et l’on ne veut pas se l’avouer.

1281. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Et certes, il la connaît mieux cette cité de transition qu’il a laissée en arrière, et qu’il ne voit aujourd’hui que comme un amas de tentes mal dressées, il la connaît mieux que nos myopes turbulents qui, logés dans quelque pli, s’y cramponnent et s’y agitent ; qui, du sein des coteries intestines de leurs petits hôtels, s’imaginent qu’ils administrent ou qu’ils observent, savent le nom de chaque rue, l’étiquette de chaque coin, font chaque soir aux lumières une multitude de bruits contradictoires, et avec l’infinie quantité de leurs infiniment petits mouvements n’arriveront jamais à introduire la moindre résultante appréciable dans la loi des destinées sociales et humaines. 

1282. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Mme Claës nous touche encore quand, voyant dans les premiers temps son mari qui lui échappe, sans en comprendre la cause, « elle attend un retour d’affection et se dit chaque soir : — Ce sera demain !

1283. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

Quand sur les champs du soir la brume étend ses voiles ; Lorsque, pour mieux rêver, la Nuit, au vol errant, Sur le pâle horizon détache en soupirant Une ceinture d’or de sa robe d’étoiles ; Lorsque le Crépuscule entrouvre aux bords lointains Du musical Éther les portes nuageuses, Alors, avec les vents, les âmes voyageuses Vont chercher d’autres cieux dans leurs vols incertains.

1284. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

Je le vois s’asseoir dans cette chaire, qui n’était pas sans quelque illustration alors, que décoraient les souvenirs de La Harpe, de Garat, de Chénier, et qu’entouraient à certains soirs plus d’un représentant debout du xviiie  siècle, Tracy, Lacretelle aîné, Daunou.

1285. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

. — On a imprimé dans je ne sais quel livre d’Ana, que Prévost étant tombé amoureux d’une dame, à Hesdin probablement, son père, qui voyait cette intrigue de mauvais œil, alla un soir à la porte de la dame pour morigéner son fils au passage, et que celui-ci, dans la rapidité du mouvement qu’il fit pour s’échapper, heurta si violemment son père que le vieillard mourut des suites du coup.

1286. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

« Monsieur le baron, « J’ai reçu hier soir la lettre que vous me faites l’honneur de m’adresser et qui en renfermait une autre de M. 

1287. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre premier. De l’illusion » pp. 3-31

« Un soir, au moment où elle se couchait, l’appartement étant éclairé par une pâle lueur, elle voit son mari s’approcher d’elle avec précaution ; elle l’entend prononcer quelques paroles à voix basse, et sent sa main pressée par celle du défunt. » Pleine de doute et de surprise, elle retient sa respiration, le fantôme disparaît, et elle reconnaît qu’elle a été dupe d’une hallucination. — « Deux individus, dit Griesinger, peu de temps avant l’explosion de la folie, s’étaient beaucoup adonnés à la chasse ; chez eux, le délire roula longtemps sur des aventures de chasse.

1288. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Ces Captives du roi des morts deviennent de pauvres ouvrières qu’un patron avare exploite : Toujours tisserons draps de soie, Jamais n’en serons mieux vêtues : Toujours serons pauvres et nues, Et toujours aurons faim et soif… Nous avons du pain à grand peine, Peu le matin et le soir moins… Mais notre travail enrichit Celui pour qui nous travaillons !

1289. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

Tous les soirs, à neuf heures, le souper, que la causerie prolonge jusqu’à minuit : Voltaire y est étincelant.

1290. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

Mais Sévéraguette a deux amoureux, Fumat et Pancol ; et, comme ce ne sont pas des paysans de bergerie, Pancol, une belle nuit, se débarrasse de Fumat ; peu après, voyant les écus de Sévéraguette fondre à la cure, il guette un soir le curé et s’apprête à l’envoyer rejoindre Fumat ; mais le pauvre saint homme, qui a le poing lourd, assomme son agresseur en se défendant.

1291. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

Fagus — Ces soirs nous ont voués, gens de lettres à voir Charles-Ernest ou Souday brandir, pantins sinistres Leurs noirs ongles plus noirs que leurs âmes de cuistres !

1292. (1894) Propos de littérature « Chapitre V » pp. 111-140

Quant à la voix nouvelle de M. de Régnier, elle a des inflexions spécialement rares et pures, avec parfois une sorte de chaleur interne qui, pour les Sites, les Épisodes, les Poèmes anciens, l’Alérion et la Gardienne, demeurait étrangement inconnue ; on l’entendra chanter en tous ses derniers vers, et surtout en ceux-ci qui sont des plus proches de la perfection et s’orientent vers un mystère émouvant et discret : J’ai vu fleurir, ce soir, des roses à ta main, — Ta main pourtant est vide et semble inanimée — Je t’écoute comme marcher sur le chemin, — Et tu es là pourtant et la porte est fermée — J’entends ta voix, mon frère, et tu ne parles pas ; L’horloge sonne une heure étrange que j’entends Venir et vibrer jusques à moi de là-bas… L’heure qui sonne est une heure d’un autre temps.

1293. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

Nous n’aimons pas qu’un poète se prenne à railler la passion, l’idéal, la rêverie, la nature, et se moque du clair de lune et des soirs d’été.

1294. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

Jean s’attendrit, ses bons sentiments lui reviennent, il promet de renoncer aux pompes et œuvres du monde interlope, et de repartir avec elle pour la Bretagne, le soir même.

1295. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

Il y a bal, illumination, le soir, à la façade de tous les hôtels des philosophes, et le tout finit le lendemain par un Te Deum solennel, — non, je me trompe, — par un Te Voltarium !

1296. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

En vertu d’une ordre du comité de sûreté générale du quatorze vantose qu’il nous a présenté le dix-sept de la même anée dont le citoyen Guenot est porteur de laditte ordre, apprest avoir requis le membre du comité révolution et de surveillance de laditte commune de Passy les Paris nous ayant donné connaissance dudit ordre dont les ci-dessus étoit porteurs, nous nous sommes transportés, maison quaucupe la citoyene Piscatory ou nous avons trouvé un particulier à qui nous avons mandé quil il était et le sujest quil l’avoit conduit dans cette maison11 il nous à exibée sa carte de la section de Brutus en nous disant qu’il retournaist apparis, et qu’il étoit Bon citoyent et que cetoit la première foy quil renoit dans cette maison, quil étoit a compagnier d’une citoyene de Versaille dont il devoit la conduire audit Versaille apprest avoir pris une voiture au bureaux du cauche il nous a fait cette de claration à dix heure moins un quard du soir à la porte du bois de Boulogne en face du ci-devant chateaux de Lamuette et apprest lui avoir fait la demande de sa démarche nous ayant pas répondu positivement nous avons décidé quil seroit en arestation dans laditte maison jusqua que ledit ordre qui nous a été communiquié par le citoyent Genot ne soit remplie mais ne trouvant pas la personne dénomé dans ledit ordre, nous lavons gardé jusqua ce jourdhuy dix huit.

1297. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

Un soir Vitellius malade voit une maison pleine de lumière ; on se réjouit là.

1298. (1913) La Fontaine « III. Éducation de son esprit. Sa philosophie  Sa morale. »

Approche-t-il du but, quitte-t-il ce séjour, Rien ne trouble sa fin : c’est le soir d’un beau jour.

1299. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XI. »

Et cependant, grâce aux dieux, nous eûmes tout chassé vers le soir.

1300. (1864) Le roman contemporain

Ce sont, chaque matin, et souvent chaque soir, des terreurs indicibles. […] Plus de plaisirs, plus de fêtes, plus de mouvement dans les rues sauf le galop des ordonnances qui passaient portant des nouvelles au quartier général et rapportant des ordres, et les bataillons des gardes nationales départementales accourues à Paris au secours de la société, et qui défilaient devant la salle des séances de l’Assemblée en acclamant la république et en jurant de défendre les lois et l’ordre social menacé ; le soir, à la tombée de la nuit, le vide se faisait dans les rues où l’on n’entendait que le pas mesuré des patrouilles, et si quelque passant attardé rentrait chez lui passé dix heures du soir, bientôt le qui-vive ? […] Il y eut un moment où les journaux dans lesquels il écrivait se virent obligés d’augmenter leur tirage de plusieurs milliers d’exemplaires, le soir où le feuilleton était enrichi de sa prose. […] Puis, quand leur dernier écu est mort et enterré, ils recommencent à dîner à la table d’hôte du hasard, où leur couvert est toujours mis, et, précédés d’une meute de ruses, braconnant dans toutes les industries qui se rattachent à l’art, ils chassent du matin au soir cet animal féroce qu’on appelle la pièce de cent sous. » Ce tableau est peint de main de maître, de la main d’un homme qui ne connaît pas les choses par simple ouï-dire. […] la toilette avec son principal et ses accessoires, la toilette du matin, de l’après-midi, du soir, des visites, des dîners, des concerts, des bals, des sermons même ; la toilette avec tout ce que ce mot comporte, et Dieu sait tout ce qu’il comporte !

1301. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Ce que voyant le bon Janot, mon père, Voulut gager à Jacquet son compère Contre un veau gras deux agnelets bessons Que quelque jour je ferais des chansons… Aussi le soir quand les troupeaux épars Étaient serrés et remis en leurs parcs, Le bon vieillard après moi travaillait, Et à la lampe assez tard me veillait, Ainsi que font leurs sansonnets ou pies Auprès du feu bergères accroupies. […] Mais un débat au soir entre eux s’émeut ; Car maître abbé toute la nuit ne veut Être sans vin, que sans secours ne meure ; Et son valet jamais dormir ne peut Tandis qu’au pot une goutte demeure. […] Un docteur très savant, très laborieux, très grave dans l’exercice de sa profession et dans la suite persévérante de ses études, de bonne santé du reste, de bonne conscience et partant de naturel gai, a fini sa journée commencée à cinq heures du matin ; il est huit heures du soir ; il vient de dîner intelligemment mais largement ; ses amis sont là qui aiment à l’entendre causer ; il cause, il se détend, il raconte des histoires, quelquefois grasses et en mots crus, car sa profession, depuis les dîners d’internat, lui a fait perdre la pudeur du mot ; il égrène ses souvenirs, cite des anecdotes, rappelle des farces d’écolier, souvent se lance dans des imaginations énormes et des fantaisies plantureuses, fait des calembours, sème des brocards, rit le premier à gorge déployée et à panse redondante de ses bons mots et de ses folies ; entre temps, laisse comme échapper sa science qui est prodigieuse, ou, à propos de n’importe quoi, montre sans y songer son bon sens ferme, sa raison lumineuse, point élevée, point distinguée, mais solide, droite, puissante et généreuse comme le coup de bistouri assuré et triomphant qu’il donnait ce matin de sa poigne robuste pour sauver un malade ; et il renvoie son monde avec de bonnes tapes amicales, l’écoute un instant descendre avec des rires le grand escalier sonore, dit une parole affectueuse et cordiale au bon Dieu, et s’endort à poings fermés d’un gros sommeil de bon géant. — Il n’y a rien de très compliqué dans ce brave homme, et à bien peu de chose près, il me semble que c’est Rabelais. […] Je vous souhaite de l’acquérir en lisant mon livre ; et c’est le sens de ces mots que je répète soir et matin : Vivez joyeux et portez-vous bien. » Et ce n’est pas si peu que d’avoir donné ce traité-là, avec de belles illustrations dans le texte.

1302. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Quand je passe devant une bibliothèque, je crois entendre le bruissement lointain d’une multitude dont chaque individualité parle, chante ou rugit au nom d’une multitude, et c’est un trouble analogue à celui que procure le soir la contemplation des nébuleuses et des systèmes d’étoiles. […] Ce prodigieux effort à redresser les pierres, à ranimer les ossements n’a pas été perdu si nous avons le soir, sous la lampe, l’intime sentiment d’un grand passé mort auquel un peu de nous désormais participe, auquel nous prêtons le nom de Carthage. […] » Voici le marin aux paumes calleuses, au cœur jusqu’alors intrépide : « Mais un soir j’ai vu Skylla… Comme je tournais le gouvernail, j’aperçus au milieu de l’eau une tête de femme qui avait les yeux fermés ; ses cheveux étaient couleur d’or ; elle semblait dormir. […] Ce sont de singuliers ou de touchants discours que prononce la douloureuse héroïne, à la tombée du soir, dans la plaine de notre vie.

1303. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Je prends un autre livre, je tombe sur ce passage : « Ce même jour, 3 mai, sur les dix heures du soir, j’eus le malheur de perdre mon père… J’en appris la triste nouvelle en revenant du coucher du roi, qui se purgeait le lendemain. […] Ce n’est pas seulement chaque âge, c’est chaque saison et chaque journée, et chaque matin et chaque soir, qui a ses goûts et son humeur. En votre propre moi, ne distinguez-vous pas l’homme du matin et l’homme du soir, l’homme de la raison et l’homme de la sensation, l’homme des affaires et l’homme des plaisirs, l’homme d’étude et l’homme du monde, l’homme de sang-froid et l’homme d’enthousiasme (après qu’il a pris un peu de café et entendu un peu de bonne musique), l’homme des livres et l’homme des théâtres, l’homme de la solitude et l’homme de la foule, l’homme en robe de chambre et l’homme en habit ?

1304. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Il s’accordait vingt minutes de repos et de jeu en rentrant de la classe du soir, et une heure de piano après le dîner ; tout le reste du jour était donné au travail. […] Il passait ses journées dans les églises et dans les musées, lisait beaucoup, prenait des notes sans nombre, et allait le soir dans le monde, étudiant l’Italie moderne, sociale et politique, avec autant de soin qu’il étudiait l’Italie ancienne dans son histoire et ses monuments45. […] Il ne travaillait jamais la nuit, et sauf en quelques rares occasions, se retirait pour dormir vers dix heures ou dix heures et demie du soir. […] Je le vois encore assis dans son fauteuil, à sa réception du soir, la taille serrée dans une redingote sur laquelle on n’aurait pu trouver une tache ni un grain de poussière ; ses pantalons à sous-pieds bien tirés sur ses souliers vernis, tenant un mouchoir blanc dans la main, qu’il avait délicate, nerveuse et soignée comme celle d’une femme, et la tête encadrée dans ses cheveux blancs, longs, légers et soyeux. […] Le soir, le jeudi, le dimanche, il trouvait encore quelques heures à donner à la lecture, et il avait pris l’habitude d’emporter toujours avec lui un livre pour lire en marchant.

1305. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

dit Gérard en riant, c’est facile : je vais commander en face le souper, et ce soir nous irons tous les trois. […] Au matin bois le vin blanc, le rouge au soir pour le sang. […] Il y a, entre autres choses, un exemple de cette logique naïve habituelle aux enfants, et qui souvent les fait regarder comme de petits génies : « L’imagination de l’enfant s’empara de ce mot, et le soir même : “Tout, qu’est-ce que c’est ?” […] Il n’est pas nécessaire d’être exact, on invente facilement la petite romance des quatre saisons ; avec les feuilles vert tendre, les rayons obliques, le pourpre du soir, on fait un délicieux petit tableau : malheureusement pour eux, ils font toujours le même. […] Un quatrième peindra une barque avec quatre jeunes gens et autant de femmes à l’air bête et roide, et voilà la poésie du soir !

1306. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

Si on se réunit le soir pour faire de la musique, on se réunit aussi pour prendre le thé, pour dîner, pour causer politique ou affaires. […] Les poèmes meurent avec les langues, et les poètes, comme l’a écrit l’un d’eux, ne peuvent espérer pour leurs œuvres « qu’un soir de durée au cœur des amoureux » ; les toiles des peintres s’usent, et, dans quelques centaines d’années, Raphaël ne sera plus qu’un nom ; les statues et les monuments tombent eu poussière : seule, semble-t-il, l’idée dure, et celui qui a ajouté une idée au lot de l’esprit humain peut vivre par elle aussi longtemps que l’humanité même. […] « L’art est condamné, dit aussi M. de Hartmann, à n’être pour l’âge mûr de l’humanité que ce que sont le soir, pour les petits boursiers de Berlin, les farces des théâtres de notre capitale. » Dans les raisonnements de ce genre, on oublie trop que le peuple a eu de tout temps comme de nos jours son art inférieur à lui, ses « farces », ses contes qui le charmaient à l’égal de certains romans contemporains. […] Le charme indéfinissable du soir, c’est de ne montrer les objets qu’à demi. […] : Hier le vent du soir, dont le souffle caresse, Nous apportait l’odeur des fleurs qui s’ouvrent tard ; La nuit tombait ; l’oiseau dormait dans l’ombre épaisse· Le printemps embaumait, moins que votre jeunesse ; Les astres rayonnaient, moins que votre regard...

1307. (1802) Études sur Molière pp. -355

La Princesse d’Élide fit l’amusement de la seconde journée ; Les Fâcheux reparurent dans la cinquième ; le soir de la sixième, on essaya les trois premiers actes du Tartuffe ; et le dernier jour, la comédie du Mariage forcé fut représentée, non comme nouveauté, ainsi qu’on l’a prétendu, mais comme ayant amusé la cour quelques mois auparavant. […] En se mettant à table, la maîtresse de la maison disait, avec une petite mine tout à fait agréable : mes amis, mes chers amis, soupons, je vous en prie, sans parler de comédie. — Tu as raison, ma toute belle, rien de plus maussade ; convenons cependant que le Festin n’a pas été mal rendu ce soir. — Sganarelle m’a fait plaisir, il n’a pas trop chargé. — Il a pourtant retourné la salade à pleines mains, et mordu à une cuisse de volaille, ayant de la servir à son maître. — Je souffre de voir des lazzis pareils sur la scène française […] Dès le même soir, je me trouve à côté de lui à une représentation du Tartuffe ; et la pièce finie, nous voilà aux prises dans le foyer.

1308. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

En effet, c’est le sujet le plus agréable, le plus propre à faire couler doucement les heures du soir, entre la coupe de vin épicé et les parfums qui brûlent dans la chambre. […] Il ressemble au vieux secrétaire d’une cour d’amour, André le Chapelain ou tout autre, qui passerait le jour à enregistrer solennellement les arrêts des dames, et le soir, appesanti sur son pupitre, verrait dans un demi-songe leur doux sourire et leurs beaux yeux.

1309. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Henrik Ibsen, un soir, nous ont aussi séduits. […] Ce soir-là, on se crut mûr pour une révolution.

1310. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Ce lieu sans air est inondé d’air ; les yeux ne rencontrent que des bois et des eaux dans ce lieu sans eau et sans bois ; le soleil se couche chaque soir au bout de la nappe d’eau lointaine qui termine ce lieu sans vue. […] Seigneur, dès ce jour, sans sortir de l’Epire, Du matin jusqu’au soir qui vous défend de rire ?

1311. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

L’idée du sommeil, par exemple, quand elle nous vient naturellement le soir, est bien un ensemble de sensations de fatigue, mais c’est aussi un ensemble d’appétitions de repos. […] Le lendemain, elle soignait encore son bras avec des compresses d’eau fraîche ; « et le soir, dit M. 

1312. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

C’est un plaisir qu’on goûte sans besoin de compagnie le soir, quand la corvée est finie, la distraction est là, sous la main, sans dérangement, sans aucun frais. […] Discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 Messieurs, Mesdames, La matière que je me propose de traiter devant vous ce soir n’est pas étrangère à l’objet de cette réunion elle se rattache, au contraire, par un lien étroit à l’éducation.

1313. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Il est vrai, ma journée n’est point encore au soir, et pourtant, et déjà semblable au céleste, à l’ineffable regard des femmes, ton regard, ô Dieu, s’est posé sur moi pour jamais. […] Citons-en au moins les lignes suivantes : « Ce soir, dans le silence de la nuit, j’entends une petite voix qui sort des rideaux blancs du berceau.

1314. (1898) Essai sur Goethe

Que de fois le crépuscule du soir a délassé mes yeux fatigués d’explorer l’édifice dans sa paix amicale, alors que les innombrables parties se fondaient en une seule masse qui, grande et simple, se dressait devant mon âme ! […] Un soir — c’était le 28 octobre 1772 —, en prenant le café chez sa bien-aimée, il lui dit : Chère Frau Secretarin, voilà le dernier café que je bois avec vous ! […] Minona s’avançait « dans sa beauté, les paupières baissées et les yeux pleins de larmes » ; Colma, assise sur un rocher, appelait son Falgar ; les héros et les poétesses invoquaient l’étoile du soir, pleuraient dans la nuit, gémissaient dans le vent. […] Mais, surtout, parcourez le journal où Goethe notait chaque soir l’emploi de sa journée. […] Le soir, dans le salon du bon libraire, on récitait des sonnets : il en composa toute une série, sur le livre de Pétrarque, en l’honneur de la nouvelle Laure.

1315. (1927) Approximations. Deuxième série

Elle se leva et l’entraîna dans le cloître : le soir d’été tombait tiède et doux ; les roses embaumaient l’air calme, et le crépuscule s’assombrissait sous les blancs arceaux. […] Pour l’avoir saisi d’instinct, — avec cette sensibilité si jeune et si sûre qui dans tous ses rôles la guide, — Mme Ludmilla Pitoëff fut l’autre soir une inoubliable figure de la Chasteté, — petite-fille non indigne de ces figures allégoriques des Vertus que nous ont léguées les grands artistes italiens. […] Mais c’est précisément parce que le dernier lien avec la vie s’est délié que Shelley pour la première fois l’éprouve dans toute sa douceur ; « Nous naviguons le long de cette baie délicieuse au souffle du vent du soir sous la lune d’été jusqu’à ce que la terre apparaisse comme un autre monde. […] La guitare tintait, mais les notes ne furent pas douces avant qu’elles n’eussent passé par ton chant. — De même que la lune sur le faible et froid étincellement du ciel verse sa bénigne splendeur, de même ta voix si tendre, aux cordes sans âme a donné la sienne. — Les étoiles se réveilleront, quoique la lune dorme toute une heure de plus, ce soir ; nulle feuille ne remuera tandis que le serein de ta mélodie éparpille son enchantement. — Bien que le son anéantisse, chante encore, chante avec ta chère voix qui porte jusqu’à nous un accent de quelque monde loin du nôtre, où la musique et le clair de lune et le sentiment ne sont qu’unbg. […] Vous pouvez le nier (le dogme du péché originel) avec des mots, avec des rires : mais le soir, au moment de se coucher, l’homme fatigué regarde sa journée et il voit un manque en toutes ses actions, un vide entre ce qu’il a fait et ce qu’il avait résolu de faire.

1316. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

. — À quoi bon, dira-t-on, et n’est-ce pas là une peine bien placée, écrire avec tant de zèle et tant d’ardeur une feuille éphémère, une chose qui dure à peine une heure et qu’emporte le vent du soir ? […] Non, mais par hasard il passe devant la tombe du Commandeur ; il s’arrête, encore tout chaud du combat qu’il vient de livrer, et très heureux d’avoir un nouveau rendez-vous d’amour pour le soir. […] Un soir, le roi entend la jeune fille qui parle d’amour ; à ces propos d’amour son nom est mêlé, et lorsqu’à la dérobée il jette un coup d’œil sur cette jeunesse si bien emparlée et si tendre, il reconnaît la belle personne dont le portrait l’a frappé chez le surintendant Fouquet ; aussitôt ce roi égoïste se sent ému jusqu’au fond de l’âme ; c’est quelque chose de mieux que les sens, c’est presque le cœur qui lui parle, et de ce jour qui la devait plonger, vivante, dans un abîme de supplices et de repentirs, madame de La Vallière préside à ces fêtes, à ces spectacles, à ces miracles de la poésie et de la peinture, à ce beau siècle, à ce théâtre ou Molière et Lulli semblent lutter à qui produira les amusements les plus aimables.

1317. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Son âme chrétienne s’épanchait devant Deleyre avec un mélange et une plénitude de douceur et d’amertume dans les larmes : « Je l’ai embrassée pour la dernière fois à cinq heures et demie du soir, le 30 du mois dernier (juillet 1787), sans qu’elle ait pu me voir ni m’entendre.

1318. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

Je Fai lue hier soir, et je la relis ce matin.

1319. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

Les idées religieuses de sa femme, protestante éclairée et sincère, agirent sur lui plus qu’il ne le pensait ; il n’était pas du même avis qu’elle, mais, tout en causant et en discutant, il s’en rapprochait : « Nous avons parlé ce soir de l’efficacité de la prière : ma femme, Jessie, est persuadée qu’on ne peut prendre l’habitude de prier tous les jours sans devenir meilleur.

1320. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

Et cet homme avait mille qualités sensibles, profondes, compatissantes, et par moments l’éloquence sublime du cœur, comme le prouvent ses lettres adressées au conseil des prud’hommes qu’il avait fait élire à ses vassaux ; il avait des accents de morale riante ; il appelait La Fontaine son vrai père de l’Église ; il aimait les champs, la vie agreste et simple, les coups de chapeau des fermiers, la gaieté diligente des faneuses, ou la mélancolie des automnes prolongés ; et chaque soir, en mettant la main au premier bouton de son habit pour se déshabiller, il se disait : « Voilà la démission d’un des jours qui te furent donnés : qu’en as-tu fait ? 

1321. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

Que gagne la gloire du grand Frédéric à tant de mauvais vers (même quand ils seraient un peu moins mauvais), griffonnés la veille ou le soir d’une bataille, à chaque étape de ses rudes guerres ?

1322. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre II. De la rectification » pp. 33-65

Sans aucun doute, le soir du jour où je l’ai appris, je me rappelais la grammaire ou le dictionnaire où je l’avais lu, mon bouquin d’écolier, l’endroit précis, telle ligne d’une page froissée et tachée d’encre.

1323. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

» me disait l’autre soir un des cinq de Médan.

1324. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

Quant il venait me voir, le soir, à la rue de l’Abbé-de-l’Épée, nous causions pendant des heures ; puis j’allais le reconduire à la tour Saint-Jacques ; mais, comme d’ordinaire la question était loin d’être épuisée quand nous arrivions à sa porte, il me ramenait à Saint-Jacques du Haut-Pas ; puis je le reconduisais et ce mouvement de va-et-vient se continuait nombre de fois.

1325. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Souvenirs wagnériens Ce n’est jamais sans émotion que je pense à l’époque de ma vie où j’ai vécu, pour ainsi dire, en communauté absolue avec l’œuvre de Wagner, allant presque chaque soir l’entendre à l’Opernhaus, aux concerts de Bilse, à l’Académie de chant où la jalousie des Berlinois siffla madame Materna, ou à l’une des auditions du « Wagner-Verein » dans lesquelles le grave talent de Betz interprétait des fragments de la tétralogie encore inconnue dans l’Allemagne du Nord ; — déchiffrant tant bien que mal, sur un mauvais piano de louage, les partitions que je ne connaissais jamais assez ; — lisant ses écrits qui venaient d’être réunis en édition définitive ; — causant surtout de lui avec quelques jeunes musiciens enthousiastes comme moi.

1326. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Un jour, le 25 janvier 1791, après un dîner chez Mme de Staël, l’Américain Gouverneur Morris, qui était des convives, écrivait le soir dans son journal : À trois heures, je vais dîner chez Mme de Staël.

1327. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre troisième. La reconnaissance des souvenirs. Son rapport à l’appétit et au mouvement. »

Quand l’enfant voit le soir, dans sa chambre, l’obscurité s’éclairer tout à coup, il pense qu’en tournant les yeux il reverra la bougie souvent admirée : l’image renaissante appelle pour ainsi dire son objet et tend à s’y superposer.

1328. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

Nos goûts littéraires eux-mêmes varient sans cesse ; l’un chasse l’autre, et dans la même journée : ce matin George Sand, ce soir Balzac.

1329. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

qu’il faut bien que la critique ait desséché votre cœur et corrompu votre esprit, pour que, dans ce lamentable spectacle d’hier soir, vous n’ayez vu en effet qu’une petite comédienne de seize à dix-sept ans, qui joue une comédie en vers, qui imite à s’y méprendre mademoiselle Mars ; une belle personne en sa fleur qui étale de son mieux sa main, son pied, son sourire, son doux regard, et qui circule lestement à travers les vieux hommes qui l’entourent.

1330. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIX. M. Cousin » pp. 427-462

Tous les soirs, on trouverait chez Mabille (qu’on nous passe le mot et l’endroit !)

1331. (1887) Essais sur l’école romantique

Dans ce temps-là, M. de Norvins, se sentant de l’esprit, des moyens, instruit à l’école de Delille à faire facilement des vers faciles, se mit à chercher le sujet d’un poème qu’il pût rimer dans les loisirs de sa place, à bâtons rompus, après avoir reçu son monde, ou, le soir, quand il n’était ni du spectacle, ni du bal ; d’un de ces poèmes comme en faisaient les fonctionnaires lettrés de l’Empire, bien innocents, bien traditionnels ; car il ne fallait alors ni du hardi, ni du neuf, et le nombre des sujets, convenons-en, était très limité. […] La foule a pris cela au vol ; et il y a tous les soirs des conversations, dans Paris et la province, où ces trois mots sont retournés de toutes façons, et transformés en jugements réfléchis et en opinions consciencieuses. […] Il demande au matin d’où lui vient sa fraîcheur et sa grâce, qui fait tressaillir les forêts avant l’heure du bruit, qui relève les calices des fleurs penchées par la rosée du soir, qui éveille les vents de leur mystérieux sommeil, et les oiseaux du ciel sous l’humide feuillée ; pourquoi ces indicibles murmures, au retour de la lumière ; pourquoi le soleil ne se lève jamais sur le silence et la solitude. […] Oui, le drame est condamné à nous donner, dans l’année, non pas un lit seulement, mais une scène de lit ; non pas l’accouchement, mais la conception, sous peine de ne plus faire recette, et de perdre cette gloire dont les receveuses et le caissier du théâtre font tous les soirs le relevé. […] Victor Hugo se met à la suite des écrivains populaires ; il plaide, dans un morceau original, pour un prisonnier qui a assassiné d’un coup de ciseau le directeur de la prison, et il altère imprudemment un fait de cour d’assises, un fait de notoriété publique, pour donner tort à la société et raison au prisonnier assassin ; il plaide en beaux vers pour les malheureuses qui rôdent le soir dans les environs de l’hôtel de ville, contre les belles dames parées qui vont danser au bal que la ville de Paris donne au roi.

1332. (1888) Portraits de maîtres

Ces pièces, inouïes dans la poésie française, révélatrices du Lyrisme, et qui suffisaient à constituer un grand poète novateur et créateur, c’étaient l’Isolement, le Soir, le Vallon, le Lac, l’Automne. […] L’hymne de la nuit, l’hymne du matin coulent dans leur mélodieuse facilité comme un ruissellement de fraîcheur : Toi qui donnes sa voix à l’oiseau de l’aurore Pour chanter dans le ciel l’hymne naissant du jour, Toi qui donnes son âme et son gosier sonore À l’oiseau que le soir entend gémir d’amour ; Toi qui dis aux forêts « Répondez au zéphyre !  […] « Le soir, lorsque le jour avait baissé sans disparaître encore, je posais la plume et marchais en long, en large, au milieu d’eux. […] Il apprit de sa mère à respecter l’humanité dans le travail de la campagne, à acquérir la saine notion de l’égalité pratique fondée sur les égards mutuels entre honnêtes gens / « Combien je respectais le sillon couvert d’épis de seigles, les prés rares, jonchés de fleurs, et à plus forte raison le bouvier qui le soir ramenait sa charrue. […] « L’éloquence qu’elle mettait dans ces prières, toutes conçues au moment même, était surprenante, lorsqu’à voix basse, partout où l’émotion la saisissait, mais le plus souvent le soir, avant qu’on eût apporté la lumière, elle s’élevait en esprit vers le Père commun.

1333. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Ainsi, quand sa femme et Baron remontèrent, ils le trouvèrent mort. » C’était le vendredi 17 février 1673, à dix heures du soir, une heure au plus après avoir quitté le théâtre, que Molière rendit ainsi le dernier soupir, âgé de cinquante et un ans, un mois et deux ou trois jours. […] Le 21 février, au soir, le corps, accompagné de deux ecclésiastiques, fut porté au cimetière de Saint-Joseph, rue Montmartre.

1334. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre II. La perception extérieure et l’éducation des sens » pp. 123-196

… Le soir, elle pria son frère de lui montrer sa montre… et la regarda un temps considérable en la tenant près de son œil. […] Le soir de l’opération, la dame de Waldrop, regardant une montre, remarqua le chiffre 12, le chiffre 6 et les aiguilles, mais simplement comme taches dans une tache, sans savoir ce que c’était.

1335. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Dès son entrée en scène, à dix-sept ans, accueillie avec la bonté la plus rare par une honnête famille, elle ment depuis le matin jusqu’au soir, et, par des provocations grossières, essaye d’y pêcher un mari. […] Vous êtes comme un chirurgien d’armée qui, après une journée de combats et d’opérations, s’assiérait sur un tertre et contemplerait le mouvement du camp, le défilé des équipages et les horizons lointains adoucis par les teintes brunes du soir.

1336. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

    Le cheval doit être manichéen : Arima ne lui fait du mal, Ormus du bien ; Tout le jour, sous le fouet il est comme une cible ; Il sent derrière lui l’affreux maître invisible, Le démon inconnu qui l’accable de coups ; Le soir, il voit un être empressé, bon et doux, Qui lui donne à manger et qui lui donne à boire, Met de la paille fraîche en sa litière noire, Et tâche d’effacer le mal par le calmant, Et le rude travail par le repos clément ; Quelqu’un le persécute, hélas ! […] J’ai des ailes, j’aspire au faite,     Mon vol est sûr ; J’ai des ailes pour la     Et tempête pour l’azur ; Je gravis les marches sans nombre,     Je veux savoir ; Quand la science serait sombre     Comme le soir !

1337. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Et maintenant, au soir tombant, sous les voûtes inquiétantes qui se perdent dans l’obscurité du crépuscule, dans l’ombre mystérieuse traversée à peine par la lumière irisée des vitraux, alors que, les grandes orgues s’étant tues, le glissement des pas les plus légers se prolonge indéfiniment à travers les chapelles et les nefs recueillies, l’âme, toute pénétrée d’une mélancolique espérance, monte vers Dieu d’un mystique élan. […] Ce qu’il aime à nous peindre, c’est l’allégresse d’un rustre qui se porte bien : « N’estimez-vous en rien cela que, au matin, … étendant vos nerveux et muscleux bras (après avoir ouï votre horloge, qui est votre coq, plus sûre que celle des villes), vous levez sans plaindre l’estomac, ou la tête, comme ferait je ne sais qui, ivre de soir. » C’est le courage d’un bon manant qui s’en va au champ bravement, chantant à pleine gorge, « exerçant le sain estomac, sans craindre éveiller ou Monsieur ou Madame ». […] « Dans notre enquête moderne, après nos dissections de la journée, les féeries seraient, le soir, le rêve éveillé de toutes les grandeurs et de toutes les beautés humaines143. » Proudhon ne se montre pas d’aussi bonne composition : il n’est pas homme à donner ainsi un demi-congé aux artistes et aux poètes : il les veut à tout prix pour collaborateurs. […] Quand j’aurai à peu près épuisé la matière, j’irai au Muséum rêvasser devant les monstres réels, et puis les recherches pour le bon Saint Antoine seront finies. » Le soir il lit la Critique de la raison pure traduite par Barni, et « repasse » son Spinosa, ou bien encore « il dévore » les Mémoires ecclésiastiques de Le Nain de Tillemont, tout cela pour s’instruire des tentations qui pouvaient assiéger l’esprit d’un anachorète. […] Il faut se dérober pour un instant au souvenir de L’Angélus, du Parc à moutons, de ces œuvres où respire la poésie des heures crépusculaires : car Millet, un de ses amis nous le dit, « a toujours bien compris les mélancolies du soir et l’heure silencieuse où s’allument les premières étoiles201 ».

1338. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Il est même des peintres qui dédaignant tout aide-mémoire s’en iront aux champs, regardant le semeur qui chemine dans les sillons, l’homme à la houe qui péniblement relève son échine lasse, les glaneuses penchées vers la glèbe, et ne noteront que le soir, en rentrant chez eux, les scènes qui les ont frappés. […] Ainsi le vert frais peut sembler une couleur d’espérance (pour mon compte je verrais plutôt l’espérance en bleu), par souvenir des feuillages printaniers ou surtout des beaux tons limpides dont le ciel se teint vers le soir, après une journée pluvieuse ; que ce vert s’aigrisse un peu, il prendra une expression équivoque et perfide par un vague rappel de saveurs acides, d’odeurs vireuses et de poisons. […] Personnifier la brise du soir en un petit génie ailé, c’est là une idée qui a pu être gracieuse au temps jadis, mais dont l’art a tellement usé qu’il semble bien difficile d’en rien tirer de nouveau. […] Le soir, il va contempler son œuvre à la lampe, et revient découragé : « En quittant mon travail, écrit-il, je m’aperçois que tous ces procédés ne valent pas la simplicité avec laquelle j’ai ébauché sur papier ces mêmes dessus de porte. […] Épris, lui aussi, des mystères du clair-obscur, il aimait à reprendre ses compositions le soir, dans l’atelier assombri, comme le musicien qui revient plus volontiers à certaines mélodies quand la nuit tombe ; et il achevait ainsi de fondre ses tableaux dans l’accord sourd des bruns, des rouges et des noirs.

1339. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Un soir que les flots mariniers Apprêtaient leur molle litière Aux quatre rouges timoniers Qui sont au joug de la lumière, Je penchais mes yeux sur le bord D’un lit où la Naïade dort, Et regardant pêcher Silvie, Je voyais battre les poissons À qui plus tôt perdrait la vie En l’honneur de ses hameçons. […] — Ce que vous dites est fort vrai, repartit Acante (Racine) : mais je vous prie de considérer ce gris-de-lin, ce couleur aurore, cet orangé et surtout ce pourpre qui environnent le roi des astres… En effet, il y avait longtemps que le soir ne s’était trouvé si beau… On lui donna (à Acante) le loisir de considérer les dernières beautés du jour ; puis, la lune étant en son plein, nos voyageurs et le cocher qui les conduisait la voulurent bien pour leur guide. […] Cependant, elle les surveille, suit Bajazet en barque et, sous un déguisement, constate la trahison ; et, un messager d’Amurat apportant à ce moment l’ordre de mettre à mort Bajazet, Roxane répond que le sultan est maître absolu ; et dès le soir Bajazet est étranglé. […] Donc, on lit dans le Journal de Dangeau (dimanche 5 novembre 1684) : « Le soir, il y eut comédie française ; le roi y vint, et l’on choisit Mithridate, parce que c’est la comédie qui lui plaît le plus. » Mithridate fut joué très souvent à la cour : à Saint-Germain, à Fontainebleau, à Chambord, à Versailles, — et à Saint-Cloud (1680) pour la dauphine nouvellement mariée.

1340. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Non, c’est que ces sentiments, qui seraient parfaitement à leur place dans le cœur d’un Cid Campeador ou d’un don Juan d’Autriche, sont vraiment grotesques chez un mince hidalgo qui soupe tous les soirs d’une vinaigrette et dîne le dimanche d’abatis de bœuf. […] En lui elles vivront, en lui toutes leurs discordes seront apaisées, et, lorsqu’elles se réuniront avant leur travail de chaque matin ou leur repos de chaque soir, elles pourront vraiment s’édifier en commun par la lecture de ses mystiques pages et tirer leurs prières du livre de ses poésies. […] Je sais, madame, d’où vous viennent ces belles couleurs ; c’est la récompense de cette longue promenade hygiénique que vous fîtes il y a un mois, ou de cette sagesse qui vous fit préférer tel soir le repos et le sommeil aux fatigues du monde. […] C’est alors qu’un soir, après avoir fait tous les efforts qu’il était en mon pouvoir de faire pour l’engager à rebrousser chemin dans la voie où il était engagé et à rentrer brusquement dans la vie, je reçus en réponse à mes conseils ces tristes confidences, que j’essayerai de reproduire telles qu’elles me furent faites, sans amplification ni développement inutile, et dans leur concision cruelle et ironique. […] Un beau soir de printemps, un frisson le saisit.

1341. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Comme ses ancêtres (immédiats) (anciens et immédiats) (lointains et immédiats) travaillaient dans les vignes et dans les moissons des seize, dix-huit heures par jour, dans les pleins jours d’été, dans les grands jours de juillet, d’août et de septembre, de la première aube qui est presque à deux heures du matin jusqu’au dernier crépuscule qui est presque passé neuf heures du soir, ainsi il voudrait continuer, il voudrait en faire autant, lui aussi il voudrait faire des coups de force. […] Il nous a laissé le matin et le midi et le soir et la longue journée. Il nous a laissé le soir et les vieillissements du soir. […] Elle était au matin pareille aux autres, ni plus brave, ni moins brave ; et au soir elle est différente. […] Et qu’il n’était pas le même homme au soir des Oliviers qu’il était ce premier jour qu’il quitta la maison de son père.

1342. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Or, le soir même de cet événement, d’une importance historique, j’eus la stupeur d’entendre désavouer ce glorieux et malheureux Syveton (mon ancien condisciple de Louis-le-Grand), par presque tous ses amis et partisans, qui lui reprochaient ce beau soufflet comme impolitique… Impolitique ! […] Qu’il s’estime heureux, celui qui n’est pas mort d’une balle au front, obscurément, de 1914 à 1918, et qui peut encore manger la soupe baudelairienne, « au coin du feu, le soir, auprès d’une âme aimée !  […] Ce médecin de haute envergure, et, par certain côté, génial, raisonnait, comme un produit de l’école du soir, des choses de la politique et de la religion. […] Je l’ai entendu un soir, dans ma jeunesse et sa vieillesse, chez Charcot, marquer, en quelques traits durs et sûrs, à propos précisément de l’Evolution, son scepticisme total. […] C’est un dévot des contradictions et âneries imprimées, dont il se régale chaque soir.

1343. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Enfin représentée le 2 février 1852 sur le théâtre du Vaudeville, la Dame aux camélias eut dès le premier soir un éclatant succès. […] Il ouvrait devant le public l’appartement d’Alphonsine Plessis, et le restituait tel qu’il l’avait vu un soir qu’il y avait été introduit. […] C’est la petite Comtesse montant à cheval un soir, en robe de bal, cela va sans dire, et sous une pluie battante, pour s’en aller mourir d’une fluxion de poitrine près d’un homme qu’elle s’est mise à aimer depuis qu’elle s’est aperçue qu’il la dédaignait. […] Je les hèle, je leur fais signe, j’essaye de me tenir en communication avec tous, car tous, suivants et devanciers, les mêmes dangers nous menacent, et pour chacune de nos barques, les courants sont durs, le ciel traître, et le soir si vite venu126 !  […] Il part chaque matin, bat le pavé de Paris en quête d’un gagne-pain, et le soir invente des histoires sur le « bureau » où il ne va plus.

1344. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

Avant la tombée de la nuit, cette chambre, plus qu’encombrée pendant toute la journée, avait été abandonnée aux serviteurs de la tombe, et, lorsque j’y entrai le soir, je trouvai ce même fauteuil, d’où le prince avait si souvent lancé en ma présence une plaisanterie courtoise ou une piquante épigramme, occupé par un prêtre loué pour la circonstance et marmottant des prières pour le repos de l’âme qui venait de s’envoler. » Les propos de chacun en sortant étaient curieux à noter.

1345. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

Au plein cœur de la Restauration, les échos des salons les plus monarchiques ont longtemps répété ce vers de Mlle Delphine Gay, dans le Bonheur d’être belle : Comme, en me regardant, il sera beau ce soir !

1346. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

La partie profonde de son âme était (pour me servir d’une expression de Valérie) comme ces sources dont le bruit se perd dans l’activité et dans les autres bruits du jour, et qui ne reprennent le dessus qu’aux approches du soir.

1347. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

Nous le quittâmes le soir, pleins de reconnaissance pour son accueil et pleins des souvenirs vivants que nous emportions de ses entretiens.

1348. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

Son journal, colporté le soir dans les lieux publics et crié avec des sarcasmes dans les rues, n’a pas été balayé avec ces immondices du jour.

1349. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

Le soir, quand le Pape était couché et que les heures de loisir avaient sonné pour lui, sa voiture le ramenait régulièrement, de dix à onze heures, chez la duchesse environnée alors d’une étroite société d’artistes ou d’hommes politiques étrangers, composée de cinq ou six personnes agréables au cardinal.

1350. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (3e partie) » pp. 365-427

« Un soir que je considérais, comme à l’ordinaire, la voûte céleste dont l’aspect m’est si familier, je vis avec un étonnement indicible, près du zénith, dans Cassiopée, une étoile radieuse d’une grandeur extraordinaire.

1351. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

C’est le soir ; ils rentrent dans la ville avec leurs femmes et leurs troupeaux,     Suants, échevelés, soufflant leur rude haleine     Avec leur bouche épaisse et rouge, et pleins de faim Le tombeau de Kaïn est au sommet de la plus haute tour.

1352. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

Goethe, qui apprit le français en même temps que sa langue maternelle ; qui, à dix ou douze ans, pendant l’occupation que les Français firent de Francfort, assistait tous les soirs aux représentations des drames français, et faisait lui-même à cet âge, génie précoce qu’il était, des pièces écrites en français ; qui, durant toute son éducation, achevée en France, lut et dévora avidement tous les écrits de la France ; Goethe, dis-je, appartient par mille liens à l’esprit général de la France et du Dix-Huitième Siècle.

1353. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Lecture d’une tragédie Dans un riant château, dont je dois à vos yeux Cacher discrètement le nom mystérieux, Par un beau soir d’été se trouvait réunie Ce qu’on nomme, je crois, la bonne compagnie.

1354. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

Pendant dix ans il enseigna l’un chaque matin, et l’autre chaque soir à l’université de Bourges.

1355. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Conclusion »

Il y a, dans ces livres, assez de force pour soulever les questions, pas assez pour les résoudre ; assez de talent pour sortir du commun, pas assez pour être de l’élite ; un style qui brille sans éclairer ; outre le travers filial d’un publiciste pour qui la plus belle époque de l’histoire de France est celle du ministère de Necker, et qui voit dans le Directoire un gouvernement modèle, parce que les salons rouverts faisaient fête chaque soir à la brillante conversation de Mme de Staël.

1356. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

On sait que Stambouloff lisait presque tous les soirs le Prince et le Discours sur Tite-Live.

1357. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

le soir, devant le foyer paisible, elle, la jeune âme ingénue, elle a songé toujours, pendant que le vent de mer aboyait au dehors, elle a songé à l’exilé de l’amour qui se lamente dans la tempête ; elle voudrait, fut-ce au prix de la vie, être la rédemptrice promise au damné, et, parce qu’elle est un ange, elle est dévorée de miséricorde pour le démon. « Oh !

1358. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

… L’illusion longtemps caressée était devenue réalité ; l’impatience longtemps contenue s’apaisait un soir et renaissait le lendemain.

1359. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

Le soir du 23 janvier 1883, la place de la Monnaie retentit tout à coup du thème fulgurant de l’Épée !

1360. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

On sait l’orage du premier soir ; il s’est calmé dès le troisième jour : la comédie marche maintenant sans obstacle, et les applaudissements couvrent les murmures.

1361. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

Du lieu où nous regardions ces statues, on voit à droite une fort longue pelouse et ensuite quelques allées profondes, couvertes, agréables et où je me plairais extrêmement à avoir une aventure amoureuse ; en un mot de ces ennemies du jour tant célébrées par les poètes : à midi véritablement on y entrevoit quelque chose, Comme au soir, lorsque l’ombre arrive en un séjour, Ou lorsqu’il n’est plus nuit et n’est pas encor jour.

1362. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

Jules Véran me raconte qu’un soir, au Mort-Homme, quand l’heure de l’attaque approchait pour un régiment provençal et que les chefs inquiets d’un bombardement effroyable se demandaient si leur signal serait entendu, une voix entonna la Coupo santo de Mistral… C’est un hymne religieux, vous savez de quelle beauté, à la gloire de la terre et des traditions, et qui réunit dans l’enthousiasme tous les fils du génie provençal… Une voix entonna, tous s’y joignirent et, la minute sonnée, c’est aux accents de cette Marseillaise de Maillane que les soldais du 15e corps conquirent la citation dont ils sont aujourd’hui si fiers…

1363. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Ainsi sourit la rose, dans les parfums du soir. […] Mais il fut très superficiel, et il disparut un jour aux yeux qui le cherchaient encore, comme instantanément, et ne fut plus du soir au lendemain que quelque chose qui paraissait très ancien, très effacé et très oublié. […] Le soir tombe. […] Les Goncourt étaient passionnément curieux et, par suite, curieux perpétuellement, du soir au matin, à toutes les minutes de leur vie.

1364. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

monsieur, je viens de lire ceci : « L’autre soir, le Mage Papus convoquait au 29 de la rue de Trévise les Mages de Paris. […] Pour tuer le temps, de jeunes littérateurs ont accoutumé d’aller dépenser une heure ou deux, les mardis soirs, à écouter les anecdotes charmantes que raconte en se jouant M.  […] tenez, voyez cette fraxinelle, les soirs d’été, quand elle a grandi, elle secrète des gaz et s’en enveloppe comme d’une atmosphère ; il n’y a qu’à en approcher une allumette, cela s’enflamme, et ce sont nos feux d’artifice multicolores, nos feux de bengale, à nous autres de Pont-de-l’Arche. […] Geffroy ralentit un instant le pas, me fit remarquer ce tableau, cette foule, les silhouettes qui passaient sur les ponts et au long du canal, dans la lumière du soir, et ajouta : — Tenez, voilà la vie et l’art. […] Que de soirs nous avons conquis Paris… Notre ambition à tous, c’était d’écrire dans les grands journaux.

1365. (1885) L’Art romantique

Mais le soir est venu. […] Vers le soir, le courrier emportait vers Londres les notes et les dessins de M.  […] Berlioz (9 février 1860). « Le foyer du Théâtre-Italien était curieux à observer le soir du premier concert. […] Pendant plusieurs jours, pendant longtemps, je me dis : « Où pourrai-je bien entendre ce soir de la musique de Wagner ?  […] Bientôt, comme il en est de toute nouveauté, des morceaux symphoniques de Wagner retentirent dans les casinos ouverts tous les soirs à une foule amoureuse de voluptés triviales.

1366. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

« Dimanche soir. » Mme de Staël avait à peine attendu la réponse de Junot127 : elle considérait la partie comme perdue. […] — Je vous attends ce soir jusqu’à dix heures. — Il faut absolument que je parle avec vous. — Vous n’oubliez pas que vous dînez chez moi samedi.

1367. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre V. La philosophie. Stuart Mill. »

Il me conduisait le soir au nouveau muséum, tout peuplé de spécimens : on y professe de petits cours, on met en jeu des instruments nouveaux ; les dames y assistent et s’intéressent aux expériences ; le dernier jour, pleines d’enthousiasme, elles chantèrent God save the Queen. […] Je m’en plaignais à mon ami, et le soir, sous sa lampe, dans ce grand silence qui enveloppe là-bas une ville universitaire, nous en cherchions tous deux les raisons.

1368. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

Il me conduisait le soir au nouveau muséum, tout peuplé de spécimens : on y professe de petits cours, on met en jeu des instruments nouveaux : les dames y assistent et s’intéressent aux expériences ; le dernier jour, pleines d’enthousiasme, elles chantèrent God save the Queen. […] Je m’en plaignais à mon ami, et le soir, sous sa lampe, dans ce grand silence qui enveloppe là-bas une ville universitaire, nous en cherchions tous deux les raisons.

1369. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome II

À cinq heures du soir, je retirai de nouveau de la petite vessie 8 grammes juste de suc pancréatique bien alcalin et offrant les caractères précédemment indiqués. […] Nous avons recueilli, depuis sept heures et demie du malin jusqu’à cinq heures du soir, 16 grammes 7 décigrammes de suc pancréatique, ce qui fait en moyenne presque 2 grammes par heure. […] Le lendemain soir (trente heures environ après l’opération), la sécrétion pancréatique était devenue excessivement abondante, et il s’écoulait avec rapidité par le tube d’argent des gouttes d’un liquide incolore, dépourvu de viscosité, fluide comme de l’eau, et offrant une réaction très franchement alcaline au papier de tournesol.

1370. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

Par exemple, dans la Chanson de Roland, ces chevaux si las, si recrus le soir d’une bataille, qu’ils mangent l’herbe couchés par terre et étendus.

1371. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

Un poëte moderne, un homme comme Alfred de Musset, Hugo, Lamartine ou Heine, ayant fait ses classes et voyagé, avec un habit noir et des gants, bien vu des dames et faisant le soir cinquante saluts et une vingtaine de bons mots dans le monde, lisant les journaux le matin, ordinairement logé dans un second étage, point trop gai parce qu’il a des nerfs, surtout parce que, dans cette épaisse démocratie où nous étouffons, le discrédit des dignités officielles a exagéré ses prétentions en rehaussant son importance, et que la finesse de ses sensations habituelles lui donne quelque envie de se croire Dieu.

1372. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

IX On accusa le général de perfidie envers le gouvernement, qu’il voulait, disait-on, remplacer en se rendant nécessaire, pendant que ce général, coupable seulement d’imprévoyance et de lenteur dans le rassemblement des troupes qu’on lui avait prodiguées, voyait avec désespoir tomber ses braves lieutenants, et se prolonger l’inexplicable conflit de toute une nation contre une émotion de faubourg, mal réprimée le matin, formidable le soir.

1373. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

En 1455, le 5 juin au soir, prenant le frais après souper, il fut attaqué, blessé par un prêtre, tira sa dague et le tua.

1374. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Un soir qu’il ne peut plus avancer, les serre-file le fusillent sous un pin, dans la neige, et l’homme reçoit la mort avec indifférence, comme un chien malade ; disons le mot, comme une brute.

1375. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

Non ; car, le soir même de l’apparition de la Vierge, par une imagination digne de Victor Hugo, il entend converser entre eux les pics pyrénéens.

1376. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

Le soir, quelques-uns des jeunes allaient dans la chambre du vieux supérieur pour lui tenir compagnie pendant une heure.

1377. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, le 8 décembre 1885. »

… Quel était votre chemin, délicat artiste, subtil et charmeur, caressant, si moderne en vos sensualités et vos mysticismes attifés ; de vous sont les sensations mièvrement féminines, et très nôtres, très actuelles, très parisiennes : des rêveries, des poèmes d’un songe printannier, une chanson de passant, des poèmes d’amours, une fête napolitaine, un soir d’Alsace que vous avez rêvé en votre esprit d’affiné, des danses de bayadères-pierrettes, des soupirs de Madeleines en satins et soies, une sensation ; et quelque action imaginaire et impossible, que l’on suive, yeux demi clos, dans le confort d’une heure joyeuse ; quelque chimérique action où s’enrouleraient les chœurs et les belles cavatines, les marches, les ballets qui de votre pensée diraient mieux les gentillesses, — un moderne opéra, Papagena ou Manon, — les fines émotions d’une vie légère, légèrement créée, — et jamais Wotan, ni Tristan, ni Kundry.

1378. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

« La reine, dit Mademoiselle, alla le soir au salut pour remercier Dieu de cet avantage.

1379. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

Le Messager dit d’abord la ruse de l’esclave envoyé par Thémistocle à Xerxès, pour lui porter le faux avis de la fuite des Grecs, le roi affermi dans sa présomption, et donnant l’ordre à sa flotte de cerner les passes du détroit ; puis le repas du soir, les exercices nocturnes des équipages, et la tranquille évolution des navires perses étendant, le matin, leurs lignes, pour capturer dans une étreinte la flotte adversaire.

1380. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

Après la fameuse toilette de Salammbô, qui devint un soir la toilette des princesses de ce temps de débordements de toilettes, il était tout simple que nous eussions la toilette de la reine de Saba, et nous l’avons eue « avec sa robe de brocart d’or à falbalas de perles, son corset zodiacal, ses patins dont l’un noir avec lune d’argent, l’autre blanc avec soleil d’or, ses ongles en aiguilles, sa poudre bleue, son scorpion allongeant la langue entre ses deux seins, etc., etc. ».

1381. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

Voyez cette page, par exemple, sur une danseuse (un des personnages du roman), une espèce de danseuse composite, faite de deux réverbérations de ces deux êtres évaporés, Fanny Elssler et Taglioni, et qui, vieillie, brisée, anéantie, le spectre charmant d’elle-même, se remet un soir à danser sous l’influence d’une impression heureuse, et demandez-vous si ce poète, qui a chancelé un moment du côté du Réalisme, a eu jamais davantage ce que le Réalisme, cette brosse qui se croit un pinceau, a le moins :   la nuance opalisée, la transparence, la grâce, l’immatérialité !

1382. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

D’ailleurs, Malherbe lui-même en a d’encore plus beaux, ne serait-ce que celui-ci, qu’on n’apprécie sans doute à sa valeur qu’en approchant du soir : Tout le plaisir des jours est en leur matinée. […] L’intrépide Max Muller regarde le siège de Troie même comme celui de l’Orient, fait tous les jours par les puissances solaires, dépouillées tous les soirs par l’Occident. […] Clément Vautel pour mes opinions littéraires, les dreyfusards que j’ai rencontrés ce soir-là m’ont paru atterrés. […] comme il est beau, ce soir bleu sur Padoue ! […] Le Soir, qui se termine par le vers célèbre : Le geste auguste du semeur.

1383. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Julien, amoureux de Mme de Rénal, se hasarde un soir à prendre sa main. […] L’idée d’un devoir à accomplir… éloigna sur-le-champ tout plaisir de son cœur43. » — « Quand la présence de Mme de Rénal vint le rappeler au soin de sa gloire, il décida qu’il fallait absolument qu’elle permît ce soir-là que sa main restât dans la sienne… L’affreux combat que le devoir livrait à la timidité était trop pénible pour qu’il fût en état de rien observer hors lui-même… Julien indigné de sa lâcheté se dit : Au moment précis où dix heures sonneront, j’exécuterai ce que pendant toute la journée je me suis promis de faire ce soir, — ou je monterai chez moi me brûler la cervelle44. » Enfin, au dénouement, voici la morale du livre. […] À ces œuvres principales, il faudrait ajouter ces innombrables pièces auxquelles on a donné le nom commun de Théâtre du Boulevard, où l’extravagance le dispute souvent à l’horreur, et dont les scènes hideuses attiraient chaque soir une foule avide et palpitante : Trente ans ou la vie d’un joueur, Richard d’Arlington, Térésa, Dix ans de la vie d’une femme, Victorine, La Cure et l’Archevêché, La Tour de Nesle, La Nonne sanglante, La Vénitienne, Ango, Les Sept Infants de Lara, La Dame de Saint-Tropez, Les Nuits de la Seine 161… Combien d’autres dont la trace est restée dans les mémoires comme le souvenir d’un cauchemar, tristes débauches du talent, honteuses orgies de l’art dégradé, dont on pourrait dire ce que disait Tertullien des spectacles romains : « Tragediæ scelerum et libidinum actrices, cruentæ et lascivæ. » (De spect.) […] Comparez cela à l’influence du théâtre qui, chaque soir, en mille lieux à la fois, parle à une multitude toujours nouvelle et toujours attentive ; et qui, montrant partout la nature humaine dégradée et avilie, avilit et dégrade l’homme dans sa propre pensée et dans sa propre estime !

1384. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Et quand nous nous en sommes aperçus, au lieu de hâter le retour, nous avons décidé de rester ici jusqu’au soir. […] À la bonne heure ; mais enfin, même au temps où elles régnaient, on eût trouvé extravagant que Mme de Staël, je suppose, ce grand orateur, qui, chaque soir, haranguait dans son salon les hommes d’État, les publicistes, les diplomates des deux mondes, fût montée à la tribune de l’Assemblée pour y exposer, avec sa vive éloquence, ses vues et ses idées politiques. […] L’humiliation des juifs, renfermés chaque soir dans leur quartier boueux et puant, n’étonnait pas moins son âme candide. […] Un jour que Wolfgang s’en allait de Wetzlar à Coblentz vers une femme aimable qui préoccupait alors sa pensée, cheminant par un beau soir d’été sur les bords de la Lahn, il songe à son destin. […] Chaque soir il place sous son chevet un poignard ; dans les ténèbres de la nuit, il en essaye à son cœur la pointe acérée.

1385. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

« Sîfrit céda aux désirs du roi Gunther et de sa cour, et chaque soir il vit Kriemhilt la belle. » V Ici le poëme se sent des nouvelles orientales des Mille et une Nuits et des talismans surnaturels qui jouent un si grand rôle dans le Tasse et dans l’Arioste. […] « Soir et matin cette idée occupait son âme : comment on avait pu l’amener, elle, innocente, à épouser un homme païen.

1386. (1930) Le roman français pp. 1-197

Influence de Bossuet, mais aussi de Chateaubriand — le Chateaubriand d’Atala, celui, magnifique, des Mémoires d’outre-tombe — influence encore du romantisme et de la grande strophe — transposée en prose — de Hugo : grandiose, grandiloquent, même… Dans Salammbô : « As-tu vu ses grands yeux, sous ses grands sourcils, comme des soleils sous des arcs de triomphe… Tous les soirs, n’est-ce pas, elle monte à la terrasse de son palais : Ah ! […] … Une femme de lettres, éperdument éprise d’un amant et dont la dernière œuvre était manquée, le sachant, car elle est supérieurement intelligente, me disait un soir : « Que voulez-vous : le bonheur ne sert pas mon talent. » La foi de Jammes, ardente, naïve, et qui surtout veut naïvement s’exprimer, n’a pas servi son talent. […] Avant tout, Duvernois est un conteur : et Morte la Bête, Un soir de pluie, sont des chefs-d’œuvre du genre. […] Auparavant, elle était libérale, elle associait son idéal aux revendications des classes populaires, alors qu’elle s’en effraie aujourd’hui, et qu’à l’ancien épouvantail socialiste qui faisait déjà que certains de ces bourgeois, bien avant la guerre, entassaient des boîtes de conserves et élevaient des veaux dans leur cave dans la prévision apeurée du « grand soir » d’un premier mai, a succédé l’épouvantail du communisme.

1387. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Jaloux du bonheur de Timbrée, il ne songe plus qu’à le traverser, et met dans ses intérêts un autre jeune homme qui, affectant pour Timbrée un zèle officieux, va le prévenir qu’un de ses amis faisait de fréquentes visites nocturnes à sa fiancée, et offre de lui donner le soir même les preuves de sa perfidie. […] je suis plus à vous qu’à moi-même. » Roméo s’étant rendu plusieurs fois dans une petite rue, sur laquelle donnaient les fenêtres de Juliette, un soir elle le reconnut à « son éternuement ou à quelque autre signe », et elle ouvrit la fenêtre. […] Avec la Vie infortunée d’Edgar, Fils et Héritier du Comte de Glocester, et son Déguisement sous le nom de Tom de Bedlam : — Comme elle a été jouée devant la Majesté du Roi, à White Hall, le soir de Saint-Étienne, pendant les Fêtes de Noël, par les Acteurs de Sa Majesté, jouant ordinairement au Globe, près de la Banque. » Notice sur Cymbeline Œuvres complètes de Shakespeare, traduction de François Guizot, nouvelle édition entièrement revue, avec une étude sur Shakspeare, des notices sur chaque pièce et des notes, Paris, Didier, 1862, tome V, p. 127-128. […] Il est nécessaire cependant pour l’histoire de l’art de faire connaître ses premiers efforts, et, pour l’histoire du goût, d’apprécier ces ébauches informes qui étaient applaudies chaque soir, dans leur temps, et imprimées in-4º, comme Périclès, avec le titre d’admirable tragédie.

1388. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

La pudeur, comme le vêtement, est une invention et une convention400, il n’y a de bonheur et de mœurs que dans les pays où la loi autorise l’instinct, à Otaïti par exemple, où le mariage dure un mois, souvent un jour, parfois un quart d’heure, où l’on se prend et l’on se quitte à volonté, où, par hospitalité, le soir, on offre ses filles et sa femme à son hôte, où le fils épouse la mère par politesse, où l’union des sexes est une fête religieuse que l’on célèbre en public  Et le logicien poussant à bout les conséquences finit par cinq ou six pages « capables de faire dresser les cheveux401 », avouant lui-même que sa doctrine « n’est pas bonne à prêcher aux enfants ni aux grandes personnes »  À tout le moins, chez Diderot, ces paradoxes ont des correctifs.

1389. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

La scène est au Pirée, petit port d’Athènes, à quelques stades de la ville, le soir d’un jour de fête en l’honneur de la Diane de Thrace.

1390. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIe entretien. Vie du Tasse (2e partie) » pp. 65-128

Un soir, dans l’appartement de la duchesse d’Urbin, au palais, il tira son poignard du fourreau et le lança contre un des serviteurs de la duchesse, dans lequel il crut reconnaître un traître ou un ennemi.

1391. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

Il expira enfin dans cette temporisation intérieure et dans cette négociation apparente avec les ministres de la religion, mais il expira en réalité dans son théisme, le 30 mai 1778, à onze heures du soir.

1392. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Il en eut de si étranges dans la nuit du 10 novembre 1619, qu’au dire du même Baillet, si Descartes n’avait déclaré qu’il ne buvait pas de vin, on eût pu croire qu’avant de se coucher il en avait fait excès, « d’autant plus, ajoute naïvement le biographe, que le soir était la veille de Saint-Martin20. » Après quelques années passées soit dans des voyages, où il étudiait les mœurs, et par la vue de leur diversité et de leurs contradictions, se fortifiait dans son dessein de chercher la vérité en lui-même, soit à la guerre, où il s’appliquait tout à la fois à étudier les passions que développe la vie des camps, et les lois mécaniques qui font mouvoir les machines de guerre ; après quelque séjour à Paris, où il cacha si bien sa retraite que ses amis même ne l’y découvrirent qu’au bout de deux ans, il se fixa en Hollande, comme le pays qui entreprenait le moins sur sa liberté, et dont le climat, selon ses expressions, lui envoyait le moins de vapeurs.

1393. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

L’entretien a lieu le soir, dans un beau parc, à la clarté de ces mondes lumineux dont Fontenelle va lui dévoiler discrètement le mystère.

1394. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

Le soir, il me prit à part.

1395. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Les représentations wagnériennes commencent à quatre heures du soir pour finir à dix heures, — six grandes heures de jouissances sans pareilles, — vous supprimez toute promenade à la campagne ou ailleurs, ce qui est banal, pour aller respirer l’air si salubre de l’intérieur du théâtre, commodément assis à votre place.

1396. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

Il semble qu’au déclin des années les littératures, comme les hommes, aiment à se replier sur elles-mêmes : le soir est l’heure des souvenirs.

1397. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Il n’était chez lui et dans son domaine que le soir, les verrous tirés, seul, sous sa lampe, libre avec le papier, assez refroidi par le demi-oubli et par l’absence pour noter ses sensations.

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