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657. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Madame Vien » p. 232

Si elle suspend par les pattes un oiseau mort, elle en détachera quelques plumes qui seront tombées à terre, et sur lesquelles on serait tenté de souffler, pour les écarter.

658. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « en tête de quelque bulletin littéraire .  » pp. 525-535

La forme et le style poétique sont encore une fois tombés, en quelque sorte, dans le domaine public ; il coule devant chaque seuil comme un ruisseau de couleurs ; il suffit de sortir et de tremper. […] et ses amours ; le nuage tombe : le sens critique reparaît.

659. (1874) Premiers lundis. Tome I « J. Fiévée : Causes et conséquences des événements du mois de Juillet 1830 »

Que cent couronnes soient tombées sur la tête du duc d’Orléans et l’aient écrasé avant qu’il eût accepté cette fonction ! […] « En effet, avec notre résistance légale, notre refus de payer l’impôt, dernier refuge des libertés, nous n’en restions pas moins isolés, et la lenteur du moyen ne produisant sur le travail qu’une diminution progressive, il était à craindre que ce qui vit d’un travail journalier tombât dans le découragement, et qu’un ministère d’un peu de capacité ne tournât contre nous des ressentiments naturels à la misère.

660. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Alexandre Dumas. Mademoiselle de Belle-Isle. »

M. de Maistre, qui, dans admirables pages sur l’art chrétien, s’est pris à regretter que Molière, avec sa veine, n’ait pas eu la moralité de Destouches, est tombé, contre son ordinaire, dans une inadvertance ; il a demandé là une chose impossible et contradictoire. […] » Le duc, tout ému qu’il est lui-même en ce moment, a dû sourire à ce brevet de meilleur ami qui lui tombe dans une bénédiction nuptiale, peut-être y aurait-il un petit acte purement comique à ajouter au drame : Deux Ans après.

661. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Conclusion » pp. 355-370

Mais, faute d’y penser, faute de comprendre assez l’importance de cette remarque, notre critique tombe à chaque instant dans l’injustice ou dans la banalité. […] L’élargissement du goût est facile à comprendre ; à mesure que nos préjugés tombent, beaucoup de nos répugnances doivent céder et disparaître.

662. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Abailard, et saint Bernard. » pp. 79-94

On grava sur sa tombe cette épitaphe*, de la façon de Pierre le vénérable :         Pierre est caché sous cette pierre. […] Sa tombe fut encore honorée d’une épitaphe* dans le goût du temps.

663. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre III. Mme Sophie Gay »

Je doute fort, en effet, que la postérité, même celle-là qui commence, pour chacun de nous, à quatre pas de la tombe, s’occupe beaucoup de Mme Sophie Gay, dont le nom serait déjà oublié, si, sous ce nom, Mme Émile de Girardin n’avait commencé sa renommée. […] Sentait-elle que tout était fini de ses œuvres comme d’elle, et se gendarmait-elle, en grognant, contre le néant dans lequel elle allait tomber ?

664. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XII. Mme la Princesse de Belgiojoso »

Sous sa forme simple, détachée, élégante, tombée d’une plume oisive dans un jour d’amabilité sans bruit, il y a le désenchantement et sa nuance la plus délicate, et le désenchantement tout seul ! […] Dante a dit, avec sa science de la vie et de sa misère, que le souvenir du bonheur passé était plus triste que celui du malheur lui-même, et il en est quelquefois ainsi du soleil Qui n’a pas éprouvé qu’il est des jours où il nous tombe d’autant plus lourdement sur le cœur, qu’il est plus pur et plus splendide ?

665. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Deux diplomates »

Il ne sera qu’un heureux hasard, un homme de génie tombé dans la diplomatie, comme il pouvait très bien tomber ailleurs !

666. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Pélisson et d’Olivet »

Écrite pour le temps où Pélisson avait vécu, elle n’avait pas duré davantage, et c’est inutilement, nous le croyons, que Livet, dans son désir d’être agréable à l’Académie d’aujourd’hui, a tiré cette histoire de l’oubli dans lequel elle était tombée. […] Il savait bien, le grand ministre, qu’elle ne serait jamais, dans l’avenir comme dans le présent, autre chose qu’une moyenne d’intelligences distinguées de différent degré, avec, de temps en temps, l’aérolithe de quelque homme de génie qui lui tomberait du ciel, quand elle aurait l’esprit de le ramasser.

667. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Paul de Saint-Victor » pp. 217-229

Il a tout fait pour être absolument insupportable à une époque où la distinction est honnie comme une aristocratie outrageante ; où, par exemple, le grand Lamartine est oublié pour les Lilliputiens du Parnasse, et où ce Flaubert, qui vient de mourir en emportant dans sa tombe la tête d’une littérature qui ne laisse plus derrière lui que ses parties honteuses, mugissait de son vivant, comme un bœuf qu’il était : « ce gueuloir de Chateaubriand !  […] De l’organisation la plus heureuse, fait essentiellement pour les lettres, il y débuta en se jetant éperdument dans le feuilleton dramatique, alors florissant, et malgré tous les Mentors, — il en avait plusieurs, — qui craignaient les Eucharis du théâtre pour ce Télémaque en plein feu d’imagination et de jeunesse… La grande littérature du milieu du dix-neuvième siècle était morte ou allait mourir : Balzac et Stendhal n’étaient plus ; Gozlan vivait encore, mais les deux plus grands poètes du siècle, de Musset et Lamartine, étaient tombés, l’un des bras d’une indigne femme dans le désespoir enivré qui devait le tuer, l’autre dans la vie politique, qu’on pourrait appeler la mort littéraire, où il s’engloutit, la lyre à la main, comme Sapho, qu’il avait chantée, dans la mer !

668. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Μ. Eugène Hatin » pp. 1-14

Les pamphlets, qui ne sont pas le journalisme, quoiqu’ils s’y soient souvent mêlés avec une tartufferie d’impartialité qui ne les a rendus que plus redoutables, les pamphlets, quand ils n’étincellent pas de génie ou de talent, ne sont, dans tous les temps et dans toutes les littératures, que des injustices ou des injures, et cette poussière de la poussière, laissons-la où elle est tombée ; il convient de ne plus la remuer. Or, parmi les injures qui salissent l’histoire, il n’en fut peut-être jamais de plus ternes — parce que la grande passion, qui anime tout, n’y était même pas, — que celles-là qui tombèrent un jour sur le cardinal Mazarin, dont elles tachèrent à peine la pourpre.

669. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Sismondi, Bonstetten, Mme de Staël et Mme de Souza »

Il y rencontra cette Madame de Vintimille si aimée de Joubert, de Joubert, un érudit aussi, mais dont l’érudition s’éclairait de lueurs platoniciennes, et qui différait de l’épais et plat Sismondi à peu près comme une poétique lune, réfléchie dans l’azur d’une mer de Grèce, différerait d’un fromage de Gruyère tombé dans un puits ! […] Les huit piètres lettres adressées à Madame d’Albany que Taillandier publie à la suite de celles de Sismondi, quoique moins pataudes, ne se recommandent ni par le fond, ni par la forme, à une Critique saine et robuste, qui ne passe point son temps à compter, loupe en main, les grains de tabac tombés sur un jabot jauni !

670. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Barthélemy Saint-Hilaire »

Bayle, le sceptique, avait été moins injuste, et Voltaire, plus tard, superficiel et détraqué, avait, dans son Essai sur les Mœurs, relevé son bonnet, tombé dans la titubante ivresse de la haine… Du reste, encore une chose à remarquer de la part de ces philosophes, qui ont été bien heureux que Molière eût inventé Tartufe pour avoir une injure à jeter à toute l’humanité religieuse ! Dans l’impossibilité de comprendre la croyance parce qu’ils étaient incrédules, ils s’en tiraient en disant qu’on mentait, et ce n’était pas particulier à Mahomet, le mensonge qu’ils inventaient, mais c’était particulier à tout homme qui tombait à genoux devant Dieu !

671. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Maurice Bouchor »

Faust et Don Juan sont comme deux jougs, deux inévitables jougs, qui tombent sur le cou de la pensée moderne quand elle y touche. […] Eh bien, c’est cette même voix qui circule et qu’on entend dans les poésies de Bouchor, de ce poète athée qui pleure son dieu, comme Hécube pleurait ses enfants perdus, et que son athéisme rend tour à tour morne ou effaré… Seulement, le tableau effrayant de Jean-Paul ne dure que l’instant d’une page, zigzag de feu terrible qui tombe dans le gouffre sans fond du néant et nous éclaire ce trou vide !

672. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Mistral. Mirèio »

Grec, comme André Chénier, par le génie, l’auteur de Mirèio a sur André, tombé de son berceau byzantin dans le paganisme de son siècle, l’avantage immense d’être chrétien, comme ces pasteurs de la Provence dont il nous peint les mœurs et nous illumine les légendes. […] Aussi en gardait-il entre les sourcils une balafre, — pareille à la nuée que la foudre déchire, — et les salicornes et les traînasses, de son sang ruisselant s’étaient teintes jadis. » IV Encore une fois, — ne nous lassons pas d’y revenir, — le caractère de cette poésie, divinement douce ou divinement sauvage, est le caractère le plus rare, le plus tombé en désuétude, dans les productions de ce temps.

673. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Henri Heine »

Qu’importent ces laideurs morales passagères chez les poètes, où tout est de passage ; chez les poètes, ces innocents coupables lorsqu’ils sont coupables, pour qui, en raison même des facultés qui font leur génie, la liberté humaine est moins grande que pour les autres hommes dans ce malheureux monde tombé ! […] C’est un Goethe, sans l’ennui de Goethe, le Jupiter Olympien de l’ennui solennel et suprême, qui l’a fait tomber cinquante ans comme une pluie d’or sur l’Allemagne ; sur l’Allemagne, cette Danaé de l’ennui heureuse, qui se jetait par terre pour le ramasser !

674. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Feuillet de Gonches »

., étaient tombés dans le domaine commun littéraire. […] Il a voulu aussi les instruire, et il a jeté dans leurs mémoires, aussi grand ouvertes que leurs yeux, des tournures de langue oubliées, de charmantes choses tombées en désuétude, des mots divins que La Fontaine, qui n’était pas fier, ramassait, et qu’il faut rapprendre à l’enfance, si on ne veut pas qu’elle périsse, l’ancienne langue française, exténuée dans les maigreurs du xviiie  siècle.

675. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

À l’âge de neuf ans, sans étonner personne, Dante tombait éperdument épris d’une enfant de même âge. […] Elle tombait, elle se flétrissait sur le sable, si, d’un mouvement plus prompt que la pensée, Élie ne l’avait retenue. […] Le vent soufflait de l’ouest ; les nuages s’amoncelaient, bas et lourds ; par intervalles, une pluie fine tombait. […] La langue de Luther, si populaire, si forte et si poétique tout ensemble, était tombée en désuétude. […] Ils tombent dans l’accablement.

676. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — E. — article » p. 250

Les services qu’il a rendus aux Lettres, sont tombés sur deux objets très-importans : il a d’abord perfectionné l’Imprimerie, & le Tresor de la Langue Latine étoit, pour son siecle, & même pour le nôtre, le meilleur présent qu’il pût faire au Public.

677. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Turquety, Édouard (1807-1867) »

Les stances tombent avec mollesse et harmonie ; son style est imagé et facile ; sa muse se drape d’armements qui peuvent éblouir les yeux, mais la cambrure n’y est pas.

678. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » p. 359

Son éloquence, pour être trop féconde, tombe quelquefois dans le puéril & dans le froid.

679. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Alaux, Jules-Émile (1828-1908) »

Je n’en veux pour preuve que cette série de courtes élégies intitulées : Sur une tombe… Ce sont de purs, d’harmonieux sanglots, et l’accent de cette douleur est doux et profond comme une prière.

680. (1767) Salon de 1767 « Dessin. Gravure — Lempereur »

Attache, attache tant que tu voudras, pauvre génie si vilement employé ; je te réponds que le clou manquera et que le médaillon tombera dans la boue.

681. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

Il rentra à Weimar avec son souverain, et reprit, comme après une distraction légère, le cours de ses travaux d’esprit et de ses fonctions politiques, au bruit à peine entendu de la monarchie qui croulait en France et des têtes qui tombaient par milliers sur les échafauds de la Terreur. […] L’atmosphère est brûlante comme dans la gueule d’un four ; les solives tremblent, les poutres tombent, les fenêtres éclatent, les enfants pleurent, les mères courent égarées, et les animaux mugissent sous les débris. […] Elle m’écoutait, appuyée à la fenêtre, et me disait de temps en temps : “Bettina, ne tombe pas ! […] Si un de ces petits oiseaux, précipités du nid par terre, et suspendus au-dessus d’un ruisseau rapide, allait y tomber, il se noierait infailliblement à l’instant même ! […] Dans la tombe ou dans le silence.

682. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

Un prêtre, frère du maître de poste, me prêta un Tite-Live dont les œuvres ne m’étaient pas tombées dans les mains depuis l’académie, où je ne l’avais ni compris ni goûté. […] “C’était une couronne qu’on lui présentait, dit M. de Reumont, une couronne tombée assurément, mais si brillante encore de l’éclat que lui avaient donné plusieurs siècles sur un des premiers trônes de l’univers, une couronne illustre autrefois et consacrée de nouveau par la majesté de l’infortune, par le dévouement de ses serviteurs, par le hardi courage de l’homme qui avait essayé de la ressaisir tout entière.” […] Ce bruit, cet éclat, ce concours du peuple, tout cela ne valait point pour Charles-Édouard un simple mot tombé de la bouche du pape. […] Enfin, on tomba d’accord sur le plan ; chacun apprit son rôle, et au jour fixé, à l’heure dite, la petite comédie fut enlevée avec un merveilleux ensemble. […] Un soir, au tomber de la nuit, une voiture sortit du cloître des Dames-Blanches, emportant la belle réfractaire ; une escorte de cavaliers armés galopait à ses côtés ; sur le siège étaient Alfieri et M. 

683. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

Je lui témoignai aussi que si son discours me semblait très fondé en ce qui regardait l’envoi d’un cardinal, je ne pouvais cependant pas tomber d’accord avec lui sur le choix de ma personne ; que je faisais volontiers abstraction de mon manque de talents et de qualités nécessaires ; mais qu’il existait un autre obstacle majeur qui m’empêcherait d’être désigné pour cette mission ; que si le proverbe si vis mittere, mitte gratum , si vous voulez envoyer, envoyez qui sera agréable, était vrai (comme il l’est du reste), je n’étais pas aimé, et cela apparaissait bien dans les lettres adressées de Paris et dans les conversations que tenaient les amis de la France à Rome. […] « Ce mémoire, dit le prince de Talleyrand, fait reculer la négociation beaucoup plus loin que tous les écrits précédents. » Après vingt-cinq jours on tomba d’accord, le rendez-vous pour la signature fut assigné chez Joseph Bonaparte. […] Il m’avouait qu’il comprenait parfaitement que j’avais raison de ne pas trahir mes devoirs, mais qu’il s’étonnait qu’on ne pût pas découvrir quelque moyen de conciliation, et tomber d’accord, quand il n’y avait plus qu’un seul article en litige. Je lui répliquai qu’il était impossible de tomber d’accord, et de se concilier, lorsqu’on prétendait obstinément ne pas retrancher ou ajouter une seule syllabe à l’article débattu, comme s’en exprimait le premier consul, puisque dès lors on ne pouvait réaliser ce qui a coutume de se dire et de se faire en toute négociation, à savoir, que chacune des parties risquant un ou deux pas, on finissait par se rencontrer. […] Le cardinal Erskine, très souffrant depuis longtemps, s’était rendu à Saint-Cloud la veille, ayant un pied dans la tombe, comme on a l’habitude de le dire.

684. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

Les bombes éclatant en l’air, ne tombaient pas et demeuraient éternellement éclatantes. […] Puis tout à coup au milieu de cela, un homme athlétique en blouse, arrivant sur le jeune homme blond, frêle, échigné, se plaçant froidement en face de lui, et lui donnant, de toute la volée de ses poings terribles, des coups en pleine figure, sans que l’autre riposte, et jusqu’à ce qu’il tombe à terre. […] 18 mai Henri Monnier tombe chez nous. […] Pour se punir elle-même, quand elle avait fait quelque chose de mal, elle allait embrasser les latrines… puis recommençait… Vers les douze ans, elle tombe en puissance d’une tireuse de cartes du pays, une ci-devant vivandière, parcourant le Morvan, en quêtant avec une besace et un panier. […] Des oiseaux de proie tombent avec leur vol étoupé sur les branches des grands arbres, faisant le bruit de gros flocons de neige… Le ciel n’a plus de jour ni de teinte, et sur cette plaque neutre, les arbres dessinés, en leurs infinies ramures, se lèvent comme d’immenses feuilles de Gorgone.

685. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Et la résolution allait être prise définitivement, et j’allais vous demander, ainsi qu’à Zola, la somme de 500 francs, lorsque dans un autre dîner chez Daudet, où se trouvait Porel, on parlait de la représentation du Théâtre-Français, tombée dans l’eau. […] … » Lundi 10 octobre Je tombe sur un article de La Liberté contenant un compte rendu du livre de Paulowski et de ses conversations avec Tourguéneff. […] Jeudi 20 octobre Ce soir, me promenant sur le boulevard, indécis sur le restaurant où je dînerai, je tombe sur Scholl, qui m’emmène à la Maison d’Or. […] C’est la première fois que je manque, pendant cette semaine des Morts, à la visite sur la tombe de mon frère. […] Il aimait beaucoup sa mère, et quand sa mère vint à mourir, il eut l’idée de forger, pour mettre sur sa tombe, un petit saule pleureur.

686. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

La dispute, tombée avec elles dans l’oubli, y fût restée éternellement, si La Barre ne l’eût relevée quelques années après. […] Quiconque oseroit, ajoute-t-elle, entreprendre de le faire sans cela, verroit bientôt la plume lui tomber des mains à mesure qu’il liroit l’original, & qu’il en connoîtroit toute la beauté. […] Enfin, la plus grande dispute que l’Énéide ait occasionnée, tombe sur la comparaison qu’on fait de la moitié de ce poëme avec l’autre. […] Il déplora le sort de la France d’être inondée de tant de frivolités, & n’oublia rien pour les faire tomber. […] Quelle leçon que l’exemple de Clarice, fille de condition, riche, sage, spirituelle, qui périt par l’imprudence qu’elle a de se soustraire à une famille injuste, à la vérité, mais dont la révolte n’aboutit qu’à la faire tomber entre les bras d’un scélérat.

687. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

Puis, en quelques strophes rapides comme l’écroulement d’une maison ou d’une tente qui s’abîme coup sur coup sur Job, ses bergers et ses troupeaux sont enlevés par les ennemis de sa race ; la foudre tombe et brûle ses récoltes ; les Chaldéens tuent ses chamelles ; le Simoun, le vent du désert, renverse sa tente sur ses fils et ses filles et les étouffe sous ses débris pendant un festin. […] Celui de Job s’aggrave ; il tombe malade et languit sur sa litière comme un animal immonde, objet de dégoût même pour sa femme. « Mourez donc !  […] L’homme vit un jour sur la terre Entre la mort et la douleur ; Rassasié de sa misère, Il tombe enfin comme la fleur. Il tombe ! […] Le soulever depuis le berceau jusqu’à la tombe, c’est le fardeau et l’effort de l’homme.

688. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

L’excès de travail le fit tomber dangereusement malade. […] À force de le répéter, l’article s’est comme usé et est tombé en chemin. […] Je me trompe pourtant d’appeler cela un règne, ce fut une anarchie continuelle : d’autant qu’il vint à la couronne à treize ans ; il fut sous des régents plusieurs années, et puis, étant venu en âge, tomba sous la captivité de ses favoris, et à vingt-six ans en cette longue maladie qui mit presque cette monarchie au tombeau… Si bien que toute sa vie n’a été qu’une folie ou de cerveau ou de jeunesse, et, ni sain ni malade, il n’a jamais eu une once de bon conseil et de forte résolution, mais a toujours été hors de lui-même, ayant été en tout temps possédé par ceux qui l’obsédaient, et ferme seulement en un point, qui était de se changer à l’appétit de tous ceux qui se saisissaient de lui.

689. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

Quand elle tombe juste, elle emporte nettement la pièce comme Saint-Simon. […] C’est donc en France qu’elle fit son apprentissage ; sa pétulance le lui rendit assez dangereux ; elle tomba jusqu’à vingt-six fois de cheval, sans s’effrayer pour cela en rien ni se décourager : « Est-il possible que vous n’ayez jamais vu de grandes chasses ? J’ai vu prendre plus de mille cerfs, et j’ai fait aussi des chutes graves ; mais sur vingt-six fois que je suis tombée de cheval, je ne me suis fait mal qu’une seule. » Elle s’était démis le coude ce jour-là.

690. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Et nous aussi, nous avons vu comme on tombe dans une révolution, et comme on en sort ; comment tous, et les derniers, et les plus distingués, y poussent à l’envi, comment plusieurs même aimeraient à y rester, mais comment un seul, inspiré de plus haut, vous en retire. […] Frappé des abus de quelques institutions et des vices de quelques hommes, je suis tombé jadis dans les déclamations et les sophismes. […] A-t-il prévu que je tomberais, que je serais à jamais malheureux ?

691. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — I. » pp. 409-426

Noblesse et vérité, c’est là toute la poétique de Léopold Robert, et qu’il ne songea à s’exprimer à lui-même que successivement et après l’œuvre : « La noblesse sans la vérité, pensait-il, n’est plus qu’une singerie qui ne peut plaire aux véritables connaisseurs. » La vérité sans noblesse est un autre écueil : Si je copie juste ce que je vois, je sens que je ferai un tableau plat… Si on se contentait de faire vrai, on se contenterait aussi de copier servilement le modèle que l’on a sous les yeux ; mais, aussitôt que l’on veut ajouter à cette qualité de l’élévation et de la noblesse, c’est une difficulté bien plus grande ; on peut tomber dans la manière, qui est l’opposé de ce qu’on doit chercher. […] La nécessité le lui commandait, et sa précaution, pour ne pas tomber en cela dans le métier et dans la fabrique, était de se servir continuellement de la nature. […] Il me pardonnera dans tous les cas, je l’espère, d’avoir laissé trace de ce léger et si passager froissement, en faveur de l’hommage qui lui est ici rendu par un noble artiste près de tomber au milieu de sa course, et qui, même au moment où il cueillait sa dernière palme, le saluait du fond de l’âme comme le premier maître de notre âge et comme un ami.

692. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

L’abbaye de Saint-Victor, comme presque toutes les fondations et observances religieuses, était peu à peu tombée dans un complet relâchement et ne présentait plus même une ombre de ce qu'elle avait pu être au Moyen Âge, au temps de ses grandes lumières, Hugues et Richard de Saint-Victor. […] Comme il ne prétendait partir de Dijon que le jeudi suivant, nous devions, le jour qu’il tomba malade, dîner, lui et moi, chez M. le président Le Gouz-Maillard ; j’y allai à midi et demi, et fut bien surpris en y arrivant d’apprendre que Santeul, pour qui la fête se faisait, ne viendrait pas. […] Il paraît de plus, par une lettre de M. de La Garde, autre témoin, que M. le duc, la veille du jour où Santeul tomba malade vers onze heures du matin, n’avait pas soupé chez lui au logis du roi où soupa Santeul, mais était allé chez l’intendant.

693. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — I » pp. 298-315

En France, on fait trop souvent les choses par veines et par accès : l’accès du jour, en ce quart d’heure, est de réhabiliter tout ce qui tombe sous la main et ce qui vient à la portée de chacun. […] Et cependant, à une année de là, devait tomber la tête de Biron. […] Ses gouvernements de Poitou tombèrent au pouvoir des armées royales ; il organisait la résistance dans le Midi.

694. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

— j’ai pensé souvent à ces deux noms, à ces deux jeunes hommes bien regrettables, si tôt enlevés, un peu trop vantés sans doute, mais qui, en vivant, eussent justifié une bonne partie des louanges ; et ces louanges anticipées ou exagérées s’expliquent naturellement par la mort, par l’impression d’une perte soudaine et sensible, et parce que, tous deux, ils sont tombés entre les bras de leurs amis qui sont tout un parti et tout un corps, — le corps universitaire, le parti religieux. […] C’est le temps où Agrippa d’Aubigné savait quatre langues et traduisait le Criton de Platon « avant d’avoir vu tomber ses dents de lait. » Aujourd’hui les mœurs scolaires sont plus douces, et vos maîtres s’en applaudissent les premiers ; la place du grand fouetteur Tempête est supprimée dans l’Université, et le délicat Érasme vanterait les bons lits et la bonne chère de la jeunesse moderne. […] Dans cette voie de critique moralisante, Rigault, au moment où la plume lui tomba des mains, rencontrait souvent, mais il cherchait encore.

695. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Il n’eut besoin que de montrer les troupes, en déclarant que le roi ne voulait plus souffrir qu’une seule religion dans ses États ; et l’hérésie parut tomber à ses pieds. […] Le roi l’en loue ; puis on en vient au premier détail du plan proposé pour, faciliter les conversions : « Je lui montrai, dit Foucault, la carte que j’avais fait faire du Béarn, avec la situation des villes et des bourgs où il y avait des temples ; je lui fis voir qu’il y en avait, un trop grand nombre et qu’ils étaient trop proches les uns des autres, qu’il suffirait d’en laisser cinq, et j’affectai de ne laisser subsister que les temples, justement au nombre de cinq, dans lesquels les ministres étaient tombés dans des contraventions qui emportaient la peine de la démolition du temple, dont la connaissance était renvoyée au Parlement, en sorte que, par ce moyen, il ne devait plus rester de temples en Béarn. Le roi approuva donc le retranchement des temples et la réduction à cinq. » Foucault ne dit point s’il avertît le roi de cette ruse et de cette arrière-pensée insidieuse qui consistait, en réduisant les temples de la province de vingt à cinq, à ne désigner tout exprès, comme devant subsister, que ceux qui, par suite de contraventions déjà connues de lui, allaient tomber le lendemain sous le coup de la loi et être eux-mêmes démolis.

696. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Œuvres de M. P. Lebrun, de l’Académie française. »

Je tombe le soir harassé, tant j’ai marché et déclamé tout le jour ! […] Et rend visible aux yeux une éternelle nuit ; Et d’instant en instant la goutte d’eau qui tombe De cette immense tombe Est seule tout le bruit.

697. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

Le malheur de la reine (qu’on hésite à appeler la jeune reine, puisqu’elle avait six ou sept ans de plus que le roi), ce fut de voir tomber, presque en arrivant, le prince ministre qui l’avait appelée, à qui elle devait reconnaissance, et de voir succéder celui qui la craignait avec une jalousie de vieillard et qui devait tout faire pour établir une glace entre les époux. […] Avant l’exil du duc de Bourbon et le renvoi de Mme de Prie, la reine avait pu voir dans quel monde de cabales, de médisances et de noirceurs elle était tombée, et quel jeu croisé se jouait autour d’elle. […]  » — Le crédit et la considération ; de la reine parurent tomber dès ce moment ; d’autres observateurs encore que ; Voltaire, et très attentifs à tous les changements d’air de la Cour, en ont fait la remarque.

698. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

Il les combat, il les réfute ; il évoque contre eux, de même qu’il le faisait contre les précédents adversaires, et sous une forme à peine différente, le péril de la ruine sociale, le spectre du néant, de l’athéisme, son incompatibilité profonde avec l’esprit humain, avec la société humaine, l’abîme de l’irresponsabilité morale où tomberaient les âmes… ; en un mot, la fin du monde civilisé, tel qu’il a été conçu jusqu’ici et qu’il a existé depuis la première cité et le premier autel. […] Personne ne saurait dire à quel degré d’abaissement et de dérèglement tomberait l’humanité. […] Boutmy dans la Presse , du 27 août 1864. incompatibilité profonde avec l’esprit humain, avec la société humaine, l’abîme de l’irresponsabilité morale où tomberaient les âmes… ; en un mot, la fin du monde civilisé, tel qu’il a été jusqu’ici conçu et qu’il a existé depuis la première cité et le premier autel.

699. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

Puis l’ombre, laissant presque tomber sa ligne vaine, tord ses bras inanes, et elle crie, — avec aussi peu de bruit qu’en un cauchemar : « Ô nuit désastreuse ! […] Malheureusement, l’effort dont il croit, titanique, dresser de l’impossible en montagnes infranchissables aboutit à quelque misérable boursouflure de taupinée et, quand il pense montrer sa grâce à gravir de si pénibles obstacles, il tombe sur le nez lourdement. […] Suzanne et Guillaume commencent par la seconde puérilité, tombent ensuite dans la première.

700. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

Pour se faire d’avance aux jours des grands supplices                    Un cœur plus fort, Ils essayaient leur tombe et voulaient par prémices                    Goûter la mort ! […] Un peu plus loin, voici une tombe dans laquelle il y a une lutte entre la force qui fait le squelette et la force qui fait la poussière : la première se défend, la seconde gagne, mais lentement. […] Rappelez-vous, à chaque loterie, Que tous nos jours sont un frivole jeu, Si l’on ne gagne, au soir de cette vie, Un lot tombé du grand trésor de Dieu.

701. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

On arrive à Arles dans la famille de la dame, et les deux amants sont prêts à y célébrer leurs noces, quand tout à coup celui qui passait pour mort depuis plus de huit mois, délivré très mal à propos de captivité par des religieux, tombe des nues comme un revenant et un trouble-fête. […] Les femmes, selon lui, n’étaient que des victimes et ne faisaient que leur rendre la pareille bien faiblement : Ce sexe plein d’attraits, sans secours et sans armes, Peut assez se défendre avec ses propres charmes ; Et les traits d’un critique affaibli par les ans Sont tombés de ses mains sans force et languissants. […] Ces prétendus amis le fuyaient, il courait après eux pour éviter la solitude, et, quand il en découvrait quelques repas, il y tombait comme par la cheminée, et leur faisait une sortie de s’être cachés de lui. » Il n’est pas à croire que Regnard fût de ces prétendus amis qui fuyaient M. le Duc, mais il était de ces connaissances familières et encore obscures que celui-ci recherchait, et on conviendra que ce n’était pas une des moins bien choisies.

702. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre III. Zoïle aussi éternel qu’Homère »

Ce Dante va tomber ! […] Ils ont des échappées de révélation, et subitement, et sans crier gare, à l’instant où l’on s’y attend le moins, ils crèvent la nuée, font au zénith une trouée d’où tombe un rayon, et ils éclairent le terrestre avec le céleste. […] Avez-vous besoin de croire, d’aimer, de pleurer, de vous frapper la poitrine, de tomber à genoux, de lever vos mains au ciel avec confiance et sérénité, écoutez ces poëtes, ils vous aideront à monter vers la douleur saine et féconde, ils vous feront sentir l’utilité céleste de l’attendrissement.

703. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

Il faudra des curieux et des travailleurs comme il l’était, des espèces de Tallemant des Réaux dans l’avenir, pour pouvoir parler, en science de cause, de cet homme qui fut un très éblouissant feu follet littéraire, lequel, comme les feux follets, errait et ne se fixait pas, et qui a oublié de laisser derrière lui le livre un, profond et complet, qu’il était très capable de faire, — le livre qui eût été un fût de colonne sur sa tombe effacée, et qui en eût marqué la place aux yeux de la Postérité ! […] Car je ne pense pas que l’influence de l’âme d’un père tombe impunément sur l’âme de son fils. […] Sainte-Beuve, qui ne voyait que le petit fait, Sainte-Beuve, l’entomologiste littéraire, positiviste de nature bien avant que la philosophie positiviste fût inventée, — bien avant de tomber dans cette croyance qu’il descendait d’un poisson métamorphosé en singe, pour culbuter de cette belle croyance dans le trou final, fait pour les bêtes, où il a voulu qu’on le mît, — Sainte-Beuve se vantait de n’avoir point de principes en critique, et même il prétendait qu’il n’en fallait pas.

704. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIV : De la méthode (Suite) »

Si la vérification me dément, je prendrai tour à tour les faits généraux qui se rencontreront alentour, jusqu’à ce qu’en tâtonnant je tombe sur ceux qui sont des causes. […] Nous avons ainsi transformé la multitude disséminée des faits en une hiérarchie de propositions, dont la première, créatrice universelle, engendre un groupe de propositions subordonnées, qui, à leur tour, produisent chacune un nouveau groupe, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’apparaissent les détails multipliés et les faits particuliers de l’observation sensible, comme on voit dans un jet d’eau la gerbe du sommet s’étaler sur le premier plateau, tomber sur les assises par des flots chaque fois plus nombreux, et descendre d’étage en étage, jusqu’à ce qu’enfin ses eaux s’amassent dans le dernier bassin, où nos doigts les touchent. […] Dépourvus de notations exactes, privés de l’analyse française, emportés tout d’abord au sommet de la prodigieuse pyramide dont ils n’avaient pas voulu gravir les degrés, ils sont tombés d’une grande chute ; mais dans cette ruine, et au fond de ce précipice, les restes écroulés de leur œuvre surpassent encore toutes les constructions humaines par leur magnificence et par leur masse, et le plan demi-brisé qu’on-y distingue indique aux philosophes futurs, par ses imperfections et par ses mérites, le but qu’il faut enfin atteindre et la voie qu’il ne faut point d’abord tenter.

705. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

Les marchands, sur leurs enseignes, invitaient les gens à venir s’enivrer pour deux sous ; pour quatre sous, on avait de quoi tomber mort ivre ; de plus, la paille gratis ; le marchand traînait ceux qui tombaient dans un cellier où ils cuvaient leur eau-de-vie. […] Tout à l’heure peut-être, tel pécheur, le plus envieilli, le plus endurci, sans l’avoir voulu, sans y avoir songé, va tomber pleurant, le cœur fondu par la grâce. […] Beaucoup pleuraient sans bruit, d’autres tombaient comme morts… En face de moi, il y avait un jeune homme, un paysan vigoureux, frais et bien portant ; en un moment, quand il paraissait ne penser à rien, il s’abattit avec une violence inconcevable. […] Rarement, je crois, dans ce monde la spéculation est tombée plus bas. […] Au lieu d’un orateur, homme public, prenez un écrivain, simple particulier ; voyez ces lettres de Junius861 qui, au milieu de l’irritation et des inquiétudes nationales, tombèrent une à une comme des gouttes de feu sur les membres fiévreux du corps politique.

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