On cache les désordres secrets que peut engendrer l’infirmité humaine sous beaucoup de gravité extérieure.
On ne les consultoit qu’à certains jours, après des initiations à certains mystères qui recommandoient toujours le secret.
Si l’art faisoit l’éloquence, si le travail & la réflexion pouvoient nous en découvrir les secrets, les grands orateurs seroient-ils plus rares que les grands poëtes & les grands peintres ?
Rien ne pèse autant qu’un secret : Cette petite historiette, dont la moralité n’est pas neuve, est bien joliment contée.
Son état l’incline à la dureté, à la profondeur et au secret.
Je ne veux parler que de la musique telle que nous la connaissons, parce qu’il paraît que la musique ancienne, celle qui opéra tant de prodiges, d’après le témoignage même des plus graves historiens ; celle qui pénétrait également tous les hommes et non point quelques hommes mieux organisés que d’autres ; celle qui agissait sur l’âme au lieu de n’ébranler que les sens ; il paraît, dis-je, que la musique des âges primitifs avait le secret d’une harmonie essentielle.
L’esprit et la science peuvent n’en pas tenir un grand compte, mais toute âme vivante et mourante encore plus, comprendra qu’il y a ici un charme secret, une intime originalité.
Toujours donc à la Chine le Christianisme fut un grand et glorieux peut-être, et voilà le secret de l’intérêt qu’elle inspire !
… Quoi qu’il en soit·, du reste, de ce ménage, de ce secret de composition, le défaut du livre de M.
Or, voilà tout ce que nous savons à peine de Laïs ; voilà l’énorme découverte dont, avec l’ombre de son manuscrit grec, l’ingénieux Debay se sert pour nous ouvrir cette vie, jusque-là fermée et impénétrable, pour nous éclairer cette domination d’une femme sans mœurs qui a régné sur son époque, et qui n’a pas dit son secret !
Il a essayé de cacher le secret de son âme, le rayonnement de son opinion intime, sous une forme impartiale et dégagée, et à l’instant même le livre qu’il a écrit a perdu tout caractère, et l’ancien talent de Ranke, on se demande… où il a passé ?
… Pour notre compte, nous ne savons pas si la liberté de la presse, à fond de train et sans réserve, qui s’est dite si longtemps une institution et dont les journaux ont la prétention, avouée ou secrète, d’être les fils, aussi inviolables que leur mère, nous ne savons pas si cette liberté est la civilisation tout entière, mais, si Μ.
L’abbé Galiani fit les délices d’une société charmante qui les lui rendit, et quand, par suite d’une indiscrétion diplomatique, car ce pétulant intellectuel, cette tête à feu et à fusées, ne pouvait pas être la tirelire à serrure des petits secrets politiques qu’il faut garder, il fut forcé de quitter cette société qui était devenue la patrie de son esprit, il la quitta comme on quitte une maîtresse aimée, et la Correspondance que voici atteste à chaque page ce sentiment presque élégiaque dans une nature si peu tournée à l’élégie, mais dont l’esprit souffre de regret comme un cœur !
Ce secret, ce dernier mot des influences de la charité chrétienne sur le monde ancien et sur le monde moderne, des protestants ne pouvaient pas le dire, mais s’ils ne le disaient pas, ils mutilaient l’histoire et les faits criaient, malgré l’habileté des mutilateurs.
La sienne, à lui, est, obscure et secrète comme un chiffre qui n’a point de clef ; trente personnes peut-être dans Paris ont le sens de cette gaîté logogriphique, mais, à partir de la banlieue, tous les hommes d’esprit de la terre peuvent se mettre à plusieurs pour comprendre, ils ne seront pas plus heureux que les bourgeois de Hambourg qui se cotisaient pour entendre les mots de Rivarol !
et il associe ses bêtes à la souffrance de son âme, secret de nature surpris et que je ne blâme point encore.
Homme de style autant qu’il est peu inventeur, il se l’est composé, ce style, par je ne sais quelle alchimie secrète ; il n’a point le sui generis qu’ont les grands écrivains spontanés qui, vraiment, ont un style à eux.
Il les perdit en apprenant à leur tyran et à eux-mêmes le secret de leur faiblesse.
Voilà pourquoi nous lisons dans l’histoire romaine que tant que le gouvernement de Rome fut aristocratique, le droit des mariages solennels, le consulat, le sacerdoce ne sortaient point de l’ordre des sénateurs, dans lequel n’entraient que les nobles ; et que la science des lois restait sacrée ou secrète (car c’est la même chose) dans le collège des pontifes, composé des seuls nobles chez toutes les nations héroïques.
On a droit de s’étonner encore que ce divin poète de la tendresse et des sentiments fins, qui a su fouiller et démêler les plus secrets ressorts des passions et lire au cœur d’Hermione et de Phèdre comme à celui de Bérénice et de Monime, n’ait pas eu autour de lui plus d’échos dans des âmes féminines distinguées, qu’il n’ait pas attiré et recueilli plus de tendresses avouées et déclarées, de ces éternelles reconnaissances de femmes pour le poète supérieur qui les a une fois devinées et enchantées pour toujours. […] Elle ne pouvait s’empêcher de prendre Rousseau pour confident de sa peine secrète : « Imaginez, mon bon voisin, que votre très aimable lettre est tombée entre les mains d’une créature qui n’existait plus ; peignez-vous l’état d’une âme touchée au-delà de toute expression, qui depuis sept ans ne vit, ne respire que pour un être qui était prêt à la sacrifier au fanatisme d’un dévot. […] Je vous avoue que votre secret a été mal gardé ; il a fallu batailler pour ne pas recevoir l’argent sur-le-champ.
répondit-il ; j’ai un secret, un secret qui sera bientôt un prodige. […] « Et la Durance, cette chèvre ardente à la course, farouche, vorace, qui ronge en passant et cades et argousiers ; la Durance, cette fille sémillante qui vient du puits avec sa cruche, et qui répand son onde en jouant avec les gars qu’elle trouve par la route, etc. » XV L’une des compagnes de Mireille découvre que la jeune fille des Micocoules a causé en secret avec Vincent, l’enfant aux pieds nus ; on raille Mireille.
Ces essais, embrassant l’histoire morale du monde, se trouvaient être trop larges pour la scène toujours étroite d’un théâtre, et, de plus, mes dernières compositions en ce genre sondaient si profondément et si hardiment les plaies secrètes du cœur et de l’esprit humain que presque tout le monde se sentait blessé par mon audace. » Cette époque de sa vie fut celle de sa liaison avec le seul rival qu’on sut lui susciter en Allemagne, le poète dramatique Schiller. […] Entré dans une espèce d’université militaire à Stuttgart, Schiller, d’un extérieur alors grêle, pâle, maladif, commença sa vie par la tristesse, et conçut une révolte secrète contre la servitude disciplinaire à laquelle les élèves de cette école étaient assujettis. […] Écoutez quelques mots de ce dialogue à portes closes entre deux amis sur leurs ouvrages, et même sur leurs ébauches les plus secrètes.
J’ai eu le bonheur de résider pendant plusieurs années à cette cour, et d’assister, dans la familiarité intime du prince, à tous ses actes, à toutes ses intentions, à toutes ses pensées les plus secrètes d’amour pour son peuple et de perfectionnement pour ses institutions ; il n’y eut jamais alors plus de libéralisme sur un trône. […] Il n’est pas permis à l’histoire sommaire et rapide d’entrer dans le secret des cœurs et dans la controverse des faits, plus ou moins authentiques, qui accusent ou disculpent le prince de Carignan d’initiative et de complicité avec le carbonarisme de Turin. […] Charles-Albert n’a aucun prétexte pour déclarer la guerre à son alliée l’Autriche ; il voudrait au moins une impulsion, une autorisation, une connivence secrète de la république française.
Il nous dit donc en substance que nous avions commis un crime d’État, et que nous étions coupables de lèse-majesté ; que nous avions comploté contre l’Empereur, et qu’on en relevait la preuve dans le secret observé à son égard et à l’égard des autres cardinaux intervenus ; que nous devions cependant nous en ouvrir à lui, ministre des cultes, étant, en cette qualité, notre supérieur ; que le secret dont nous nous étions enveloppés prouvait aussi la malice de nos pensées et notre conspiration contre l’Empereur ; que nous n’avions pas voulu être éclairés sur la fausseté de notre opinion concernant le prétendu droit privatif du Pape dans les causes matrimoniales entre souverains, car si nous eussions agi de bonne foi, et si cette fausse idée eût été le véritable motif de notre conduite, nous aurions cherché à être mieux édifiés ; ce que lui et les autres auraient très facilement fait et avec succès, si nous nous étions entretenus de cela avec lui et avec eux ; que notre crime aurait de très graves conséquences pour la tranquillité publique, si l’Empereur, par sa force prépondérante, n’empêchait que cette tranquillité ne fût compromise ; qu’en agissant de la sorte, nous avions tenté de mettre en doute la légitimité de la succession au trône. […] « Quand il eut terminé je pris la parole, et je répondis que nous étions accusés à tort de complot et de rébellion, crimes indignes de la pourpre et de notre caractère personnel ; que notre conduite avait été très simple et très franche ; qu’il était faux que nous eussions fait un secret de notre opinion à nos collègues intervenus, que nous leur avions même parlé à ce sujet, mais avec la mesure qui était nécessaire afin de nous garantir de l’accusation d’avoir cherché à recruter des prosélytes pour accroître le nombre des non-intervenants ; que si, malgré notre prudence, on nous traitait de la sorte, on nous aurait blâmés bien davantage si nous avions endoctriné ceux dont l’avis était contraire au nôtre ; qu’aucun d’eux ne pouvait nier de bonne foi que nous ne lui avions pas manifesté notre opinion et les motifs sur lesquels elle se basait ; que nous n’avions pas, il est vrai, fait des ouvertures au ministre des cultes, mais que nous étions allés chez le cardinal Fesch, auquel, comme à notre collègue et à l’oncle de l’Empereur, nous avions cru pouvoir parler avec plus de liberté et moins de publicité, justement pour envelopper la chose dans le mystère ; que le plus ancien d’entre nous lui avait confié, avec abandon et sincérité, notre détermination ; que nous lui avions aussi suggéré le moyen d’empêcher tout éclat, en le priant d’obtenir de l’Empereur qu’on ne nous invitât pas, et qu’il voulût bien se contenter de l’intervention de ceux qui étaient d’un avis différent du nôtre, et qu’on n’avait pas accepté ce moyen terme.
Rousseau pénètre la pensée secrète de ce Cassius. […] « Mon occupation, écrit-il à mylord Maréchal, est d’écrire ma vie, non ma vie extérieure, comme les autres, mais ma vie réelle, celle de mon âme, l’histoire de mes sentiments les plus secrets. […] Cependant l’homme qui s’examine seul et en secret, celui qui va décharger son cœur entre les mains du pouvoir qui lie et délie, veulent sincèrement se connaître et se confesser.
Dans La Guerre et la Paix, le prince André Bolkonsky, ardent, aigu, tenace avec la sentimentalité secrète des penseurs amers, est mené du tumulte des champs de bataille à l’activité verbeuse des salons politiques, séquestré dans son bien, enlacé dans un délicat amour, perdu par le dédale de croyances abandonnées et reprises, mêlé à mille événements historiques et intimes, agité de pensées et d’émotions innombrables jusqu’à ce que, blessé mortellement, il paraisse, en sa longue agonie, dans le déchirement de tous les voiles, entrevoir la solution de toutes les détresses, pour s’éteindre comme distrait de cette terre par de formidables intuitions ; le prince Pierre, lourd, énorme, charnu et charnel comme un animal, mais sourdement miné des mêmes inquiétudes, épris et déçu des hommes, jeté hors de lui-même par les systèmes théosophiques et religieux qui l’attirent tour à tour, s’abandonne à ses poussées de foi et d’appétits, s’appesantit de la grosse sensualité de ses compagnons de club, jusqu’à ce que, dans le trouble de Moscou pris, s’affolant confondu dans la foule et frôlant la mort, il rencontre, parmi les prisonniers auxquels il s’appareille, un pauvre hère de doux soldat paysan qui le console et le met pour toujours en paix par quelques simples mots de bonté, crise dont il émerge presque guéri, heureusement marié, mais avec on ne sait quel désarroi brouillon encore dans un esprit mal dégrossi et aventureux aux hasards politiques. […] Ce sont là les secrets que Tolstoï arrache à la vie pour la reproduire ; il la conçoit active, intense, infiniment variée et expansive ; il la montre évoluant, passant par toutes les phases que lui impose l’usure de l’organisme par le temps ; il la décrit instable, réagissant capricieusement aux influences du dehors, empreinte de tout l’illogisme, le hasardeux, l’incalculable, qui proviennent de sa complexité et lui simulent son ondoyante liberté. […] Par une vertu particulière de la race slave, ou par un penchant de l’écrivain, les hommes de Tolstoï sont naturellement bons, portés d’un premier mouvement affectueux vers leurs semblables, disposés d’instinct à la confiance, à la compassion, aptes à sentir, en dépit des hiérarchies et des préjugés sociaux, les penchants secrets de fraternité qui forcent finalement les hommes à agir humainement l’un à l’égard de l’autre.
Il faut savoir Ère, particulièrement, les livres du seizième siècle ; il y a dans presque tous, à cause des menaces pendantes sur la liberté de pensée, un secret qu’il faut ouvrir et dont la clef est souvent perdue ; Rabelais a un sous-entendu, Cervantes a un aparté, Machiavel a un double fond, un triple fond peut-être. […] Toute la vie est un secret, une sorte de parenthèse énigmatique entre la naissance et l’agonie, entre l’œil qui s’ouvre et l’œil qui se ferme. Ce secret, Shakespeare en a l’inquiétude.
Les assignations secrètes se donnaient alors volontiers dans la calle de Chicarreros, qui est la rue des Orfèvres, ou dans la galerie des Merciers. […] Julien Sacaze, savant pyrénéen, pour qui les tumulus et les cromlechs n’avaient pas de secrets. […] Paul Bourget n’a pas échappé au soupçon d’aimer en secret les élégances dont il s’indigne ; tandis que les moralités de MM. […] Généreusement, il livrait au public son infaillible secret (j’allais dire son truc). […] Et puis, ce jeune poète connaissait le secret des paroles magiques.
Voilà le secret de cette élégie tragique de la Jeune Captive, qui ne ressemble en rien à cette famille d’élégies grecques que nous avons lues plus tard dans ses œuvres. […] Dans les hypogées de l’Egypte, il avait cherché à surprendre les secrets des morts ; et des vieux, persécutés par les gens de Mahom, lui avaient révélé le mystère du scorpion. […] On découvrira le motif secret de ses entreprises glorieuses que l’adulation avait exaltées, et on en exposera l’indignité et la bassesse. […] Il y a, dit-il comme préface à son Histoire, deux grands défauts qui donnent atteinte à la vérité : la fureur de louer les puissances pour leur plaire ; le plaisir secret d’en dire du mal pour se venger. […] Vous ignorez les secrets de l’homme, et vous voudriez connaître les secrets de Dieu !
C’est le secret de l’avenir, cet “enfant qui dort sur les genoux des dieux”, disaient les anciens. […] Voilà le secret de son appel angoissé à la nature. […] Dans toute action humaine, ils discernent deux éléments : une application positive extérieure, à l’homme et une signification secrète qui lui est intérieure. […] Il explique pourquoi la guerre comprise à l’allemande nous a aussitôt causé une horreur qui nous a révoltés dans nos fibres les plus secrètes. […] C’est cette dureté, si émouvante dans des génies de passion et de pitié, comme un Baudelaire et un Sully Prudhomme, qui dénonce le vice secret du système.
Aussi est-ce à la littérature de chaque peuple qu’on s’habituera de plus en plus à demander le secret du rôle qu’il a joué dans le monde. […] La louange ne vous semblerait peut-être pas assez désintéressée ; vous auriez le droit d’y soupçonner le secret désir de surprendre votre bienveillance en flattant les regrets que M. […] Figaro nous a révélé leur secret : « Ils rient de tout, de peur d’être obligés d’en pleurer ». […] Que dans les entretiens de la vie ordinaire, elle apparaisse comme une sorte d’événement mythologique, que chacun, suivant ses préférences secrètes, reste libre d’exalter ou d’injurier, soit. […] Dans ce dédale de rues, où l’on a choisi l’une des plus secrètes pour lui donner le nom du gai captif, des visages de toute couleur circulent avec des costumes de toute forme.
Louis Roche est-il en mesure de nous révéler des secrets pleins d’horreur ? […] Maeterlinck, pourquoi ne concevrions-nous pas son secret ? […] Mais on peut les admirer en toute sûreté de conscience sans être certain d’avoir pénétré tous les secrets de leur pensée. […] On y discernera même, par surcroît, des indices d’une parenté secrète avec M. […] Suarès paraît confondre avec des automates, chez un Pasteur ou un Claude Bernard, par exemple, ne faut-il point un fervent amour de la nature, une convoitise de surprendre ses secrets ?
Là, se cachent dans les sentiers secrets d’une forêt de myrtes ceux que l’amour a consumés de son poison. […] Et, comme elle-même adore en secret, et sans se l’avouer, l’un des deux frères, tout, dans la position subalterne qu’elle occupe, lui devient une occasion de souffrance et une occasion d’héroïsme. […] J’aime mieux te tuer que de n’être pas pour toi l’univers. » C’est bien là le vœu, secret ou déclaré, de l’amour-passion : absorber en soi l’être aimé. […] Il lui demande son secret : elle le supplie de ne point l’interroger et de ne plus la revoir. […] Il a su le secret de Julie par le frère de l’ancienne abbesse de Jouarre.
Et ce Dieu qu’il invoque comme autorité appuyant sa parole et sa pensée, il y croit comme à l’inspirateur secret qui a dicté sa pensée et sa parole. […] Jaurès dans un discours qui à première vue avait pu paraître étrange, mais qui, intentionnellement ou non, livrait le secret, lequel, du reste, n’était un mystère pour personne. […] Une formule assez bien trouvée, assez spécieuse, a eu beaucoup de succès et a été répétée, avec variantes négligeables, par tous les ennemis secrets ou déclarés de la liberté de l’enseignement, depuis M. […] Combes, enfin, considéré unanimement comme borné, choisi, on ne sait dans quel dessein secret, par M. […] Les idées du parti radical sur l’armée et l’organisation de l’armée sont exactement les mêmes en leur fond et dérivent exactement de la même pensée secrète.
tout ce que les hommes se disent entre eux se ressemble, les idées qu’ils échangent sont presque toujours les mêmes dans toutes leurs conversations ; mais dans l’intérieur de toutes ces machines isolées, quels replis, quels compartiments secrets ! […] Dans ces replis secrets, nous seuls nous pouvons descendre ; et encore ne faut-il pas que nous y descendions trop, parce que le vertige pourrait bientôt nous prendre. […] Quel est le secret pour vivre heureux, ou, tout au moins, pour vivre ? […] De cette façon il surprend le secret des fiançailles de la princesse Elsbeth. […] Le prétendu ouvre des yeux ébahis, l’assistance chuchote avec intelligence, et le père, rempli d’un secret contentement, regarde avec orgueil les boucles d’or de ses souliers.
Le philosophe, le moraliste, le sage, le chrétien y peuvent profiter : le poète qui, par ses conceptions puissantes, fait rivalité au monde et dont le secret est de le réfléchir dans un miroir magique immense, se sent déconcerté, découragé ; il s’arrête de désespoir à mi-chemin, s’il y a trouvé son calvaire. […] Si je sens une longue épine se tourner dans mon cœur avec tous ses piquants, je me tairai, et j’espère que mes douleurs secrètes me seront comptées dans un monde où tout est justice et vérité.
mon opinion secrète est qu’il n’y avait point d’aqueduc à Carthage, malgré les ruines actuelles de l’aqueduc. […] Ce soleil d’Afrique a eu cela de singulier que toutes nos humeurs à tous, même nos humeurs secrètes, ont fait éruption.
Je n’étais pas homme à compromettre mon secret en le communiquant. […] En attendant, il assiste sans scrupule et avec édification aux assemblées religieuses, même en y portant toutes ses réserves et ses dissentiments secrets.
Il était de l’avis d’Apulée : qu’il faut pardonner ou même applaudir à la nouveauté des termes, quand ils servent à éclaircir et à démêler les choses : « J’ai vu, dit-il, Exactitude aussi reculé que Sériosité, et depuis il est parvenu au point où nous le voyons par la constellation et le grand ascendant qu’ont tous les mots qui expriment ce que nous ne saurions, exprimer autrement, tant c’est un puissant secret en toutes choses de se rendre nécessaires ! […] Il y a de ces raisons secrètes et délicates, le plus souvent insaisissables, dans ce qu’on est accoutumé d’appeler des hasards heureux.
Le poète les écrit, dit-il en commençant, comme il écrirait un journal : Je me plains à mes vers, si j’ai quelque regret : Je me ris avec eux, je leur dis mon secret Comme étant de mon cœur les plus sûrs secrétaires. […] Bien lui a pris cette fois de ne pas lutter de sublime avec Ronsard et de ne le vouloir suivre que quand celui-ci se lasse et se rabaisse : en se contentant « d’écrire simplement ce que la passion seulement lui fait dire », il a trouvé le secret de nous intéresser.
Son secrétaire Maynard la faisait parler en vers tendres et passionnés, et lui-même, dans sa vieillesse, a trahi le secret lorsqu’il a dit : L’âge affoiblit mon discours, Et cette fougue me quitte, Dont je chantois les amours De la reine Marguerite. […] La discrétion, le choix, c’est là le secret de l’agrément en littérature, et l’esprit qui préside aux informations historiques obéit à des conditions différentes.
Il lui raconta dans ses détails secrets l’horrible conjuration à laquelle il venait d’échapper et qui l’avait privé d’un frère. […] Un jour, qu’elle écoutait furtivement un entretien secret de son mari avec son astrologue confident, elle découvrit que le prince, déjà soupçonné d’infidélité conjugale, conspirait, en outre, contre la vie de son propre père Bentivoglio.
Car je ne donne pas ici le secret du génie ; sais-je ce secret ?
Il l’obtint par l’appui de deux prélats italiens, probablement engagés en secret dans la règle de Thélème, et, ce qui était plus difficile, il l’obtint gratuitement. […] Il mourut au mois d’avril 1553, en sceptique, selon quelques anecdotes en athée, selon d’autres mais qui en a eu le secret ?
C’est dans ce style majestueux que Balzac s’en plaint à Ménandre (Costar ou Chapelain), et qu’il fait intervenir les desseins secrets de la Providence dans l’histoire de sa vanité blessée. […] L’admirable public que Balzac avait contribué à rendre plus difficile, même pour lui, ne fut pas dupe de ces secrètes caresses qu’il se faisait à lui-même, ni de ce soin laborieux de sa gloire.
Il connaît nos plus secrets, nos plus immuables instincts ; il sait ce que nous pouvons porter de joie et de peine. […] C’est au plus bel âge de la langue, et pour le plaisir secret d’une société où les mœurs générales étaient graves, que notre poète les a écrits.
En un mot, j’ai pénétré dans le secret de Sieyès, et c’est pourquoi j’ose en venir parler. […] Il vous fait ressouvenir de ce mot, qui est de lui, mais qu’au milieu de toutes ses lumières il n’a pas assez réalisé par son exemple : « Il est des sciences qui tiennent à l’âme autant qu’à l’esprit. » Pourtant sa mémoire devra gagner considérablement à la publication de ses œuvres secrètes et de ses papiers : Sieyès y apparaîtra non seulement à titre de haute puissance intellectuelle, mais à titre d’homme qui a sincèrement voulu pendant longtemps l’amélioration des hommes38.
L’attention elle-même a ses motifs et ses mobiles plus ou moins secrets ; il faudrait tout au moins découvrir ceux qui la déterminent à favoriser, entre toutes les images, la parole intérieure. […] VI, § 8], c’est aussi qu’un instinct secret nous dit qu’elle est la plus rationnelle des associations : l’âme se plaît aux sons parce qu’elle retrouve en eux sa propre essence242.
« Notre voix consacre à Vulcain les forgerons, il Mars les hommes d’armes, à Diane aux bras nus les chasseurs, à Phébus ceux qui savent les secrets de la lyre. […] L’isolement absolu, le secret prolongé des croyances et des idées hébraïques, quand l’obstacle du langage avait disparu, serait bien peu vraisemblable : il s’accorderait bien peu avec le fréquent prosélytisme que dès lors exercèrent les Juifs.