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1806. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. Causes physiologiques et psychologiques du plaisir et de la douleur »

Il en résulte des difficultés sérieuses.

1807. (1909) De la poésie scientifique

Quant aux quelques livres de critique émanés de poètes du « Symbolisme » recueils sans liens de composition d’Articles parus à divers moments, ils n’ont vraiment une plus grande valeur, et l’étude sérieuse, l’impartialité et la vérité historique ne sont guère leur caractéristique.

1808. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

La véritable critique et la véritable œuvre littéraire doivent également rechercher le sérieux et l’impersonnel.

1809. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Les réalistes, au contraire, plus sérieux, plus moroses, tâchent moins de plaire ou d’étonner que d’émouvoir et sacrifient le beau et le prestigieux en politique.

1810. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Soyons respectueux devant le possible, dont nul ne sait la limite, soyons attentifs et sérieux devant l’extra-humain, d’où nous sortons et qui nous attend ; mais ne diminuons point les grands travailleurs terrestres par des hypothèses de collaborations mystérieuses qui ne sont point nécessaires, laissons au cerveau ce qui est au cerveau, et constatons que l’œuvre des génies est du surhumain sortant de l’homme.

1811. (1894) Textes critiques

René Ghil — Voici mon avis d’éliminer, motivé à première vue par le manque de qualité et de quantité, à la fois, d’une oeuvre littéraire sérieuse ; MM. d’Audiffret-Pasquier, de Broglie, Costa de Beauregard, de Freycinet, Gréard, Edouard Hervé, Rousse, Alfred Sorel, Thureau-Dangin, pour l’Académie Française. — Octave Mirbeau, pour l’autre.‌

1812. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

L’amusement oiseux de la césure et de la rime nous aurait dégoûté des études élémentaires et sérieuses auxquelles on appliquait nos mémoires et notre intelligence.

1813. (1926) L’esprit contre la raison

Durs, nus, révolutionnaires, ils ont fait craquer les cadres, envoyé au diable les murs, les poivrières des faux remparts ; même leur mémoire échappe à l’emprise de tel ou tel parti et il n’y a qu’un éclat de rire pour accueillir le titre choisi par un écrivain bien-pensant pour une étude sur l’auteur des Fleurs du mal qu’il baptise, sérieux comme Artaban, Notre Baudelaire ao.

1814. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

L’autre représente une femme sérieuse, pensive, en méditation, le coude posé sur un bureau, et la tête appuyée sur sa main.

1815. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Non seulement, elle garde son sérieux, mais ce sérieux est terrible. C’est le sérieux de l’humilité, de la désarmante, de l’adorable humilité, telle que pourraient la concevoir et la produire les plus magnifiques âmes du monde.

1816. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

C’est ce qui s’est passé pour la peinture impressionniste ; les découragés, les fruits secs que rebutaient les sérieuses études ont cru, à l’éclosion de cette nouvelle religion artistique, que le « grand soir » était arrivé et que c’en était fait de tous ceux qui savaient peindre, dessiner ou modeler un pied, un nez, une jambe ou un arbre. […] Le talent du conteur est de nous informer aussi bien que possible, mais sans en avoir l’air, et de prendre un ton plaisant toutes les fois qu’il aborde une question sérieuse. […] Les attaques injurieuses l’étonnaient et l’indignaient : Garde tes saintes colères, mon cher enfant, pour de plus sérieuses causes, pour de plus dignes adversaires, lui répondait ce père bien-aimé, je les trouve très naturelles et je t’en aime mieux, mais je serais désolé de te voir user ton âme à sentir et à repousser de telles sottises ; quiconque fait un peu de bien en ce monde encourt beaucoup de haines et suscite beaucoup de mensonges. » Son indignation pourtant fut bien près d’éclater lorsqu’il vit travestir par les mensonges de ses adversaires son fameux : Enrichissez-vous par l’épargne et par le travail ! […] « Et comme il y a toujours le côté-pour rire au milieu des événements les plus sérieux, la note comique fut donnée par nos maîtres de langues, de dessin et autres, qui, sortis de Paris le 28, n’avaient pas osé y retourner à cause de la bataille.

1817. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Cette loi, c’était simplement l’accord de la pensée et de l’action, celle-ci, courageuse et forte, parce que celle-là est sérieuse et réfléchie. […] En écrivant ceci, je crois revoir ce vétéran du bistouri avec sa face sérieuse et concentrée, les deux petits kystes qui pointaient à ses paupières supérieures, sa redingote dont il corrigeait la solennité, à la campagne, par un chapeau mou. […] Comme ce très grand homme était aussi un très honnête homme, et que son génie se doublait des plus sérieuses vertus bourgeoises et civiques, une voix protestait en lui, au soir de sa vie, contre la doctrine dont s’était enivrée sa jeunesse. […] Aulard et que, son camarade s’inquiétant de son écriture, il l’eût rassuré en lui disant : « Maintenant, j’ai une bonne plume. » Aucune vanité, aucune exaltation non plus sur son visage sans éclat, d’une expression réfléchie et simple dont le caractère était la fermeté sérieuse.

1818. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Mais laissons ces vaines subtilités, qui ne sont pas plus à leur place dans un discours que dans une dissertation ; passons à des observations plus sérieuses et plus solides. […] Cependant Euripide, dans sa tragédie d’Andromaque, et surtout Virgile, au troisième livre de l’Enéide, disent qu’Oreste avait voulu épouser Hermione, qu’on lui préféra Pyrrhus, et que, pour se venger, il assassina son rival, suivant sa méthode d’assassiner ceux avec lesquels il avait des affaires sérieuses.

1819. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Mais je crois que son mot final est sérieux, et qu’il n’estimait pas inintelligible, après une étude, ce qui alors lui échappait. […] En revanche, des intransigeants exaltèrent dans Mallarmé une tension d’oracle, un sérieux introublé, un pontificat hermétique. […] Ainsi son goût de l’analogie pouvait suivre et suivit en effet deux directions : l’une, qui était une impasse, de pensée pénible et sérieuse, de tendance vers cette exégèse mystique où s’usèrent sans fruit depuis les Alexandrins tant d’intelligences rares, — l’autre de fantaisie, de sourire rentré sitôt qu’esquissé, ce geste de danseuse que l’on remarquait en lui, tout ce que peut-être il retrouvait de son intelligence mobile dans le ballet qui faisait un prétexte indéfini à ses rêves. […] Et la pensée grecque aimait à se jouer autour de cette question que le christianisme embrassa d’une si sérieuse et logique passion : Qui sait si la vie n’est pas une mort et si ce n’est pas la mort qui est la vie ?

1820. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

Tu es un jeune homme de vingt-deux ans ; tu n’as par conséquent pas le sérieux de l’âge qui peut empêcher de rechercher ta connaissance ou ton amitié tant de jeunes hommes de quelque rang qu’ils puissent être, tant d’aventuriers, de mystificateurs, d’imposteurs, jeunes ou vieux, qu’on rencontre dans le monde de Paris.

1821. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

Pitt, et donne cette fois de sérieux motifs à la rupture de cette paix.

1822. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

Philippe, dont le fils Alexandre touchait à l’âge des études sérieuses, rappela Aristote à sa cour pour lui confier la dernière éducation de son fils.

1823. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

— Partez donc, dit Goethe en secouant la tête d’un air sérieux, mais je ne vous comprends pas. » Nous montâmes dans les chambres du haut avec Mlle Ulrike ; le jeune Goethe resta en bas pour préparer son père à la triste nouvelle.

1824. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVe entretien. Ossian fils de Fingal »

« — Salut, dit Cuchullin, enfants des vallons, et vous chasseurs du cerf timide : d’autres jeux se préparent ; ils sont sérieux ; ils sont terribles comme ce flot menaçant qui roule sur la côte.

1825. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Il y a quelques quinze ans Banville l’observait déjà : « Ce n’est plus un duel courtois, c’est un combat sérieux que le poète doit soutenir contre l’Isis éternelle ; il ne veut plus seulement soulever ses voiles, il veut les déchirer, les anéantir à jamais, et, privé de ses dieux évanouis, posséder du moins l’immuable nature : car il sent que les dieux renaîtront d’elle et de nouveau peupleront les solitudes du vaste azur et les jardins mystérieux où fleurissent les étoiles. » Ainsi l’art et la science restent en présence et à eux deux se proposent de rendre à l’humanité tous les biens dont les religions mortes l’ont déshéritée.

1826. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Ce fut dans des luttes plus sérieuses que Swift acquit sa première renommée en donnant des gages au parti qu’il devait abandonner plus tard.

1827. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

Un autre défaut, c’est qu’il aime à s’égayer jusques dans les sujets les plus graves & les plus sérieux.

1828. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

Je me suis un peu étendu sur l’examen de ces faits, afin de bien démontrer jusqu’où peut s’étendre l’efficacité du principe qui fait la base de mes théories, et parce qu’ils présentent la difficulté la plus sérieuse qu’on puisse leur opposer.

1829. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Que la transformation s’opère : notre vie sera plus sérieuse en même temps que plus simple.

1830. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

René Ghil doit être considéré comme le premier — ou alors l’un des tout premiers des Jeunes, et en tout état de cause le plus affirmé d’entre eux, le plus en dehors, le plus visible pour le sérieux, pour le grave, pour le poids et l’imposant de sa tentative … ». […] Préludant à de multiples activités, mais toutes choses supputées et ordonnées, ce dernier n’était point sûrement remarquable par la somptuosité de ses gilets admirés de Mallarmé lui-même, non point du rouge romantique, mais exquisement nuancés : très artiste, possédant une sérieuse culture philosophique et musicale. […] depuis la parution récente du petit livre de parodiesLes Déliquescences d’Adoré Floupette dont les auteurs étaient Henri Beauclair et Gabriel Vicaire, et que d’aucuns avaient pris très au sérieux. […] Ghil, c’est son grand sérieux, son exquise candeur. […] … Je dois d’ailleurs dire que mes « Réponses » à d’aucuns étaient tout aussitôt insérées et qu’elles prenaient, elles aussi, les voies de la plus large publicité : car, si les « Ecrits pour l’Art » et les Revues amies étaient à ma disposition, il me paraissait plus intéressant — et plus ironique, disons-le  de répondre là où s’était produite l’attaque : Jeune, « sérieux et d’exquise candeur », comme disait l’autre, mes réponses avait le tort d’être un tantinet solennelles et désireuses de tout exposer : n’importe.

1831. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Cette critique-là est du plus sérieux et du plus profond intérêt ; mais elle n’implique nullement et l’on pourrait presque dire qu’elle exclut la lecture lente, paresseuse et voluptueuse, la lecture qui savoure, qui se récrie et qui annote, la lecture à la façon des bons humanistes du temps passé. […] Comptez : cela fait cinq verbes et huit substantifs, là où un seul substantif et un seul verbe suffiraient : mais aussi cela donne l’idée d’un rideau de lierre tout à fait sérieux  Tous les sentiments simples, amour du village et de la maison, tendresse maternelle, piété filiale, amitié pour les bêtes, tristesse du retour dans la maison natale qui a changé de maître, etc… ; et les spectacles les plus généraux de l’univers physique, printemps, hiver, soir, matin, lac, plaine, montagne… ; et les travaux de la vie pastorale et agricole, tout cela y est décrit avec une ampleur, une naïve opulence d’expression, qui trois mille ans après l’Odyssée, et malgré tout ce qu’il a passé d’eau sous les ponts, sent, je ne sais comment, son poète primitif, et fait surtout songer (j’y reviens) aux descriptions de Valmiki et des bons brahmanes  Tout y est magnifié.

1832. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

Nous pourrions prendre des exemples dans le passé pour vous montrer l’heureuse influence qu’ont toujours exercée, sur la pathologie et la médecine, les découvertes physiologiques sérieuses et bien établies : nous préférons puiser ces preuves dans des faits qui datent d’hier, et que nous ferons passer sous vos yeux. […] Nous pourrions en rester là ; de telles déclarations nous suffisent pour juger dans quel esprit seront faits des travaux entrepris sous la pression de telles doctrines, mais nous voulons poursuivre l’analyse, pour vous montrer combien une idée arrêtée, dans l’étude d’une question, apporte de trouble dans la logique et dissimule, aux yeux de l’observateur prévenu, les contradictions flagrantes pour tout autre, entre ses raisonnements et les faits qu’il constate, et avec quelle facilité il oubliera les conditions d’une expérimentation sérieuse et vraiment scientifique.

1833. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Nous ne manquons pourtant ni de talents sérieux, ni de vrais courages, ni d’inattaquables honnêtetés. […] En fréquentant davantage cet ennemi héréditaire de ma race, j’acquis la triste conviction qu’il eût été fort embarrassé si la fantaisie lui était venue — elle ne lui vint pas — d’être chroniqueur sympathique ou critique éminent dans l’un de nos journaux sérieux et répandus, car il était très instruit des choses de la France, et notre littérature le passionnait. […] par pure délicatesse, et faute de preuves sérieuses… Qu’on relâche Fénéon, ou bien qu’on précise son crime.

1834. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Les Scandinaves et les Slaves sont infiniment plus sérieux. […] Elle est magnifique, en effet, et bien digne d’occuper nos penseurs, après qu’elle en a tourmenté d’autres, et de plus sérieux. […] Il fut maire, de la façon la plus sérieuse.

1835. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Il faut bien ajouter qu’en général, pour toute sorte de raisons, ces juges mondains ont l’horreur instinctive de tout ce qui est grave et sérieux. […] Ce n’est donc pas la vieillesse des mots et des expressions dans Ronsard, qui a décrié Ronsard, c’est qu’on s’est aperçu tout d’un coup que les beautés qu’on y croyait voir n’étaient point des beautés, ce que Bertaut, Malherbe, de Lingendes et Hacan qui vinrent après lui, contribuerait beaucoup à faire connaître, ayant attrapé dans le genre sérieux le vrai génie de la langue française, qui bien loin d’être en son point de maturité du temps de Ronsard, comme Pasquier se l’était persuadé faussement, n’était pas même encore sortie de sa première enfance… Au contraire, le vrai tour de l’épigramme, du rondeau et des épitres naïves ayant été trouvé même avant Ronsard, par Marot, par Saint-Gelais, et par d’autres, non seulement leurs ouvrages en ce genre ne sont point tombés dans le mépris, mais ils sont encore aujourd’hui généralement estimés, jusque-là même que pour trouver l’air naïf en français, on a encore « quelquefois recours à leur style, et c’est ce qui a si bien réussi au célèbre M. de la Fontaine. […] « Qu’on se rappelle le Globe écrivait Sainte-Beuve en 1850, c’est-à-dire quand il en était beaucoup plus près lui-même que nous ne le sommes déjà des Causeries du Lundi, — ce journal si sérieux, si distingué, qui croyait ressembler si peu à un autre et qui a eu de l’influence sur la jeunesse lettrée, dans les dernières années de la Restauration. […] Leur mère avait tout ; on ne lui conteste pas la grâce, mais à ceux qui voudraient lui refuser le sérieux et la raison, il n’est pas mal d’avoir à montrer la raison dans Mme de Grignan, la raison toute seule, sur le grand pied et dans toute sa pompé.

1836. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Klopstock vieillit déjà de son vivant d’une façon très vénérable et si foncièrement que le livre réfléchi de ses années de vieillesse, sa République des Savants, n’a été jusqu’aujourd’hui prise au sérieux par personne. […] Jeu, si l’on veut, et jeu très sérieux et honorable ; mais donner à ceux qui jouent ainsi la primauté dans l’humanité, leur confier l’humanité, il n’y a pas à cela une raison suffisante et cela a même quelque chose de ridicule : « Les adeptes de la science font l’effet de gens qui auraient projeté de creuser dans la terre un trou vertical la traversant de part en part. […] Par contre et en sens inverse, aussi utile, les fêtes. « Dans la fête il faut comprendre la fierté, l’impétuosité, l’exubérance ; le mépris de toute espèce de sérieux et d’esprit bourgeois ; une divine affirmation de soi à cause de la plénitude et de la perfection animale… La fête c’est le paganisme par excellence. » Le Christianisme l’avait partie repoussée, partie acceptée, partie subie. […] Ses digressions sont à la fois des continuations du récit et des développements du sujet ; ses sentences contiennent en même temps une ironie de tout ce qui est sentencieux ; son aversion pour ce qui est sérieux est liée au désir de pouvoir tout considérer platement et de l’extérieur.

1837. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Vous trouverez de charmants ou sérieux portraits de femmes : celui de Dora, qui reste petite fille dans le mariage, dont les mutineries, les gentillesses, les enfantillages, les rires, égayent le ménage comme un gazouillement d’oiseau ; celui d’Esther, dont la parfaite bonté et la divine innocence ne peuvent être atteintes par les épreuves ni par les années ; celui d’Agnès, si calme, si patiente, si sensée, si pure, si digne de respect, véritable modèle de l’épouse, capable à elle seule de mériter au mariage le respect que nous demandons pour lui.

1838. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

Le plus sûr des augures, c’est de combattre pour sa patrie. » Ces vers d’Homère témoignent assez qu’il y avait dès ces jours antiques une piété raisonnée et sérieuse qui dédaignait les crédulités populaires, et qui croyait à la conscience, seul oracle du patriotisme et du devoir.

1839. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

Je sentais trop qu’à ce jeu de théâtre, sans autre but que des applaudissements de parterre, les légitimistes perdaient l’honneur et ne gagnaient aucune popularité sérieuse dans le fond du pays.

1840. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

Nous sentons s’enrichir notre cœur quand y pénètrent les souffrances ou les joies naïves, sérieuses pourtant, d’une humanité jusqu’alors inconnue, mais que nous reconnaissons avoir autant de droit que nous-mêmes, après tout, à tenir sa place dans cette sorte de conscience impersonnelle des peuples qui est la littérature.

1841. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

Les moyens employés sont : 1° la suppression de tout ce qui est inutile et banal : « à tout l’univers, admirable, grand et éclatant, les yeux de l’esprit, etc. » ; — 2° une antithèse — non pas artificielle, mais tirée du fond même de l’idée — entre les deux premiers membres de la phrase, qui s’opposent mot pour mot : les yeux et les esprits, les batailles données pour la vanité ou pour les yeux et les inventions sérieuses comme la vérité même ; 3° la chute de la dernière phrase, dont la brièveté et la simplicité fait mieux ressortir la force de l’image.

1842. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Mais voyons aux conséquences sérieuses : Que chacun se reconnaisse disciple d’une école ?

1843. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre II. De la reconnaissance des images. La mémoire et le cerveau »

SÉRIEUX, Sur un cas de surdité verbale pure (Revue de médecine, 1893, p. 733 et suiv.) ; LICHTHEIM, art. cité, p. 461, et ARNAUD, Contrib. à l’étude de la surdité verbale (2e article), Arch. de Neurologie, 1886, p. 366.

1844. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

« Le dessus sérieux et froid de Champfleury, dit-il, cache un fond espiègle et malicieux qui, parfois, crève la surface : il est loustic. […] Tant de pensée sérieuse et songeuse flotte dans leurs beaux yeux !

1845. (1890) Nouvelles questions de critique

Ce que l’on attendait de lui, — la « tragédie bourgeoise » et « le drame sérieux », — bien loin de nous les donner, d’en tenter seulement l’épreuve, il s’est égaré, de parti pris, à la recherche de l’invraisemblable, dans les tueries de l’Italie du temps de la Renaissance ou de l’Espagne du moyen âge. […] Car, il est bien de se moquer du monde, et même cela passe en France pour une forme de l’esprit, mais cela ne saurait suffire toujours, et, après le temps de rire, il y a celui d’être sérieux.

1846. (1897) Aspects pp. -215

Le satanisme à la mode n’est pris au sérieux que par le Snob effaré des pourritures : M.  […] Leur fonction consiste à déposer de petites fientes le long des œuvres sérieuses que leur âme de crécelle ne peut comprendre. […] Jullien tenta de faire jouer des œuvres sérieuses et il mena campagne pour la défense de ses idées.

1847. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

Ces anciens-là plaisantaient aussi quelquefois ; seulement pour les choses sérieuses ils raisonnaient sérieusement, et je vous dis qu’ils se connaissaient mieux en bonheur que vous.

1848. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Gueston, qui était plénipotentiaire, en eût traité s’il fût venu ; mais qu’étant mort, l’envoyé ici présent n’avait d’autre ordre que de faire au roi le présent qu’il avait fait, et demander la continuation de l’octroi accordé à la Compagnie. » — Le premier ministre, se retournant vers les autres ministres, leur dit, avec un faux sérieux, « qu’il croyait que cela était vrai, y ayant toute sorte d’apparence que la Compagnie n’aurait pas fait choix pour une négociation d’importance d’une personne si jeune que l’envoyé. » — Il se retourna ensuite vers le supérieur des capucins, et lui demanda comment il accordait la réponse qu’il venait de faire avec la lettre que l’envoyé avait rendue au roi, de la part de la Compagnie, où il y a que les sieurs Gueston et de Jonchères sont égaux en qualité et en pouvoir ; et qu’elle envoie deux députés, afin que, si l’un meurt, l’autre puisse remplir la députation. » Le père capucin se trouva un peu embarrassé de cette Contradiction, et tâcha de l’éclaircir ; mais le divan en fut si mal satisfait, qu’il ne daigna pas y répondre.

1849. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Et peut-être trouverions-nous un sérieux motif d’exaspération contre vous dans cette obligation où vous nous avez mis de vous combattre, en compagnie de gens que nous combattions hier et que nous recommencerons à combattre demain, que nous combattrons toujours.

1850. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Et pour moi, ce serait un renseignement des plus sérieux pour un traitement.

1851. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

et encore celle-ci, « que la science n’a vraiment commencé que le jour où la raison s’est prise au sérieux et s’est dit à elle-même : tout me fait défaut, de moi seule me viendra mon salut » ?

1852. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

Les organes électriques des poissons offrent une autre difficulté plus sérieuse encore ; car ils s’observent seulement chez une douzaine d’espèces, parmi lesquelles il en est plusieurs dont les affinités sont très éloignées.

1853. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

Je m’en revenais donc, et je pensais que s’il y avait une morale propre à une espèce d’animaux et une morale propre à une autre espèce ; peut-être dans la même espèce y avait-il une morale propre à différens individus ou du moins à différentes conditions ou collections d’individus semblables, et, pour ne pas vous scandaliser par un exemple trop sérieux, une morale propre aux artistes, ou à l’art, et que cette morale pourrait bien être le rebours de la morale usuelle.

1854. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Il ne pouvait plus les séparer dans son esprit, et les vit mêlées aussi dans la réalité, la tendresse donnant quelque chose de sérieux et d’important à ces plaisanteries qui en retour lui faisaient perdre de son innocence 44. […] C’est que la petite phrase au contraire, quelque opinion qu’elle pût avoir sur la brève durée de ces états de l’âme, y voyait quelque chose, non pas comme faisaient tous ces gens, de moins sérieux que la vie positive, mais au contraire de si supérieur à elle que seul il valait la peine d’être exprimé.

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