La vie réelle reprend bientôt, et nous découvre soudainement ce qu’elle a de plus pathétique : on a les embrassements convulsifs et l’effusion des deux sœurs.
Il vient ; et, bondissant, la Jeunesse animée Reprend ses jeux badins, son essor étourdi ; Et je puise l’amour à sa coupe embaumée Où roule en serpentant le myrte reverdi.
La révolution de 1830 a trouvé l’art en France à un certain état de développement qu’elle est venue du premier abord troubler et suspendre ; mais cette perturbation ne peut être que passagère : les destinées de l’art ne sont pas un accident qu’un autre accident supprime ; elles vont reprendre leur cours selon une pente nouvelle et se creuser un autre lit à travers la société plus magnifique et plus fertile.
On a beau savoir à fond la chose, et où elle se termine : on ne trouve pas l’idée et la phrase de la fin, celles qui doivent achever l’impression et conclure le discours ; on reprend son propos, on revient sur ses pas, on change un peu sa direction, sans pouvoir tomber juste au but.
Voltaire476, en conséquence, reprenait les sujets où l’amour se montre en son plus brutal excès ; il traitait le vieux sujet traditionnel de Mariamne ; il empruntait aux Anglais leur Othello qu’il habillait en Orosmane.
» — « Seigneur, lui répond cet homme, laisse-moi d’abord aller ensevelir mon père. » Jésus reprend : « Laisse les morts ensevelir leurs morts ; toi, va et annonce le règne de Dieu. » — Un autre lui dit : « Je te suivrai, Seigneur, mais permets-moi auparavant d’aller mettre ordre aux affaires de ma maison. » Jésus lui répond : « Celui qui met la main à la charrue et regarde derrière lui, n’est pas fait pour le royaume de Dieu 887. » Une assurance extraordinaire, et parfois des accents de singulière douceur, renversant toutes nos idées, faisaient passer ces exagérations. « Venez à moi, criait-il, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous soulagerai.
Par la même raison l’ouvrage qui ne touche point et qui n’attache pas ne vaut rien, et si la critique n’y trouve point à reprendre des fautes contre les regles, c’est qu’un ouvrage peut être mauvais sans qu’il y ait des fautes contre les regles, comme un ouvrage plein de fautes contre les regles peut être un ouvrage excellent.
Nul danger pour eux de tomber dans l’imitation servile, parce qu’en effet « il est aussi impossible de revenir au style d Homère que de reprendre l’arc et le bouclier ».
Mais le continuateur, qui vient après lui et reprend en sous-œuvre la création inachevée, doit faire taire en soi sa personnalité, cette personnalité toujours si vive dans les natures d’artistes, et entrer dans la pensée d’autrui avec assez de loyauté, d’intelligence et de profondeur pour y perdre entièrement la sienne.
L’Esprit de la Royauté a-t-il repris possession des anciennes races ?
Et ce n’est pas tout : il nous montre aussi la solution éclatante de ce terrible problème de l’éducation que chaque époque pose et reprend à sa manière, et qui, grâce à une femme et à des circonstances inouïes, a été résolu une fois.
Jusque-là, c’est un enfant encore, qui ne sait rien, quoi qu’il ait appris ; car on ne sait pas pour avoir déposé dans sa mémoire des notions qu’on peut y reprendre, a dit profondément un penseur.
… Spontané de génie sur mer, comme le grand Condé le fut sur terre, pour être Nelson comme l’autre fut Condé, s’étant tout simplement donné la peine de naître ; inspiré, illuminé, rapide, Nelson fut d’âme ce qu’il était de génie, tout aussi naïf, tout aussi involontaire, et tout aussi résolu à aller devant lui à travers tout obstacle, et ses fautes mêmes vinrent de cette spontanéité téméraire de cœur qui le fît se donner sans se reprendre, — candide jusqu’à l’aveuglement — à une femme qui l’a déshonoré un jour, car derrière lady Hamilton il y a Caracciolo ; derrière le vice il y a un crime ; derrière le serment profané de l’époux à l’épouse, il y a le serment militaire, le serment de l’homme aux hommes, honteusement violé !
Il y est, mais en haut comme en bas, et peut-être plus en haut qu’en bas, PARCE QUE C’EST EN HAUT… Et il s’y remue, il s’y rassied, il s’y soulève, il s’y délaisse, il s’y reprend, mais c’est inutile !
La marquise Du Deffand a beau être du monde, elle se donne à lui, mais par moments elle s’en sépare et se reprend.
… Spontané de génie sur mer comme le grand Condé le fut sur terre, pour être Nelson, comme l’autre fut Condé, s’étant tout simplement donné la peine de naître, inspiré, illuminé, rapide, Nelson fut d’âme ce qu’il était de génie, tout aussi naïf, tout aussi involontaire et tout aussi résolu à aller devant lui à travers tout obstacle, et ses fautes mêmes vinrent de cette spontanéité téméraire de cœur qui le fit se donner sans se reprendre — candide jusqu’à l’aveuglement — à une femme qui l’a déshonoré un jour ; car derrière Lady Hamilton il y a Carracciolo, derrière le vice il y a un crime, derrière le serment profané de l’époux à l’épouse il y a le serment militaire, le serment de l’homme aux hommes, honteusement violé !
À quelque temps de là, Mademoiselle de Condé alla reprendre à la cour son rang de princesse et La Gervaisais rentra dans les rangs de son régiment.
Prêché sur le Thabor, dans la lumière d’une Transfiguration prochaine, Benoit-Joseph Labre l’a repris, et, par son exemple, l’a prêché dans toutes les obscurités des mauvais chemins d’une vie dénuée et vagabonde.
Rien donc de meilleur, rien de plus approprié à l’état des choses, que de reprendre l’âme de l’homme par la base et de le conduire jusqu’au faîte, de recommencer son éducation religieuse en revenant à ces éléments sacrés qu’il a oubliés ou méconnus.
Ce n’est pas lui qui, d’une France anarchique, brutale, corrompue, avide, n’ayant, au sortir de la Fronde, comme il le dit, qu’une pistole d’Espagne à la place du cœur, a fait une France monarchique et forte, qui se reprend à sa tradition, à l’obéissance, à l’honneur, et à l’amour — revenus enfin à travers le Roi !
Mais on ne vit pas longtemps hors des habitudes de sa pensée, et où qu’on fuie, elles savent nous reprendre de leurs traîtresses mains de velours !
Dans tous les cas, on peut attendre que la gloire reprenne sa parlotte, quand on a, comme Lamartine, devant soi l’immortalité !
Catulle Mendès s’y plonge… Je sais bien qu’il n’est pas encore à l’heure de la vie où l’homme se reprend en sous-œuvre et se sent le poignet assez ferme pour mettre une martingale au cheval fou de ses facultés !
Ce talent s’appelle vingt-cinq ans, et il le reprenait !
Janin qui descend, comme on sait, de Diderot, mais du côté gauche, toutes ces influences, toutes ces dominations ont repris et enlevé au plan de leur livre, à la vérité sobre, à la nature humaine, ces messieurs de Goncourt, ces deux jeunes gens dont les uns disent : « C’est un Janin double », et les autres, « C’est un Janin dédoublé. » Évidemment, ils ont glissé dans ce qu’ils aiment.
Il avait besoin d’être dominé, et flotta sans cesse entre le désir de secouer le joug et la nécessité de le reprendre ; mais le plus grand contraste de son règne, c’est que jamais peut-être il n’y eut moins d’activité dans le souverain et jamais le gouvernement ne déploya sa force avec plus de fermeté au-dehors, et une sévérité si imposante et quelquefois si terrible au-dedans.
Il est avec elle et il se reprend à l’aimer ; il est loin d’elle et il se reprend à s’acharner contre sa propre émotion pour l’anéantir, si bien qu’Ellénore, à la fin de cette lutte singulière, presque inintelligible pour elle, éprouve une lassitude infinie qui lui fait désirer la mort. […] Il a suffi pour cela d’un prêtre assez bon connaisseur en nature humaine pour reprendre l’entretien spirituel avec le farouche incrédule précisément au point où les déchaînements de la puberté l’avaient interrompu. […] C’est aussi celui qui permet le mieux de saisir la nouveauté du genre repris ou mieux créé par l’auteur. […] Il prenait et reprenait ses lignes, infatigablement, se levait la nuit pour effacer un mot, s’immobilisait sur un adjectif. […] Il reprenait confiance.
Ce sont des mœurs anglaises et je n’ai rien à y reprendre. […] Cet homme qui est un ancien officier réformé pour accident s’est trouvé, une fois guéri, repris d’un goût si vif pour le métier militaire que le voilà à Saïda, se destinant fiévreusement au caporalat. […] Les sept merveilles Il y a quelque temps, un magazine convia les lecteurs américains à énumérer les sept merveilles du monde moderne et un journal vient de reprendre chez nous cette idée. […] Là elles reprenaient la mer jusqu’au Pérou, puis s’engageaient dans la longue voie de terre qui mène par de durs chemins vers La Plata. […] Qu’est-ce que la censure pourra bien trouver à reprendre dans ces histoires sans paroles et même sans intentions et qui dépassent en niaiserie nos films parisiens, ce qui n’est pas peu dire ?
Il n’y a donc pas une élite, il y a — je reprends le pluriel de tout à l’heure — des élites. […] » Reprenons en effet la formule : « Agis de telle manière que la maxime de ton action puisse devenir un principe de législation universelle. » Que dit le peuple allemand ? […] En tout cas, on ne comprend guère pourquoi, à l’occasion du petit incident qui sert de point de départ à cette note, on nous enfermerait dans ce dilemme : ou n’avoir plus aucun rapport avec la pensée allemande, ou reprendre avec les Allemands des relations de personne à personne. […] Un pays a beau professer avec une ardeur religieuse la foi démocratique, un patriciat — pour reprendre une formule chère à Auguste Comte — lui est nécessaire. […] Certes, nos législateurs n’oseraient pas reprendre à leur compte une pareille formule.
Et Daudet reprend que, pendant toutes ces années, il n’a rien fait, qu’il n’y avait alors chez lui, qu’un besoin de vivre, de vivre, activement, violemment, bruyamment, un besoin de chanter, de faire de la musique, de courir les bois avec une pointe de vin dans la tête, d’attraper des torgnoles. […] Je l’ai poussée à reprendre cette fin, et à l’étoffer un peu, surtout dans les années malheureuses, où la vie de l’écrivain est complètement remêlée à la sienne. […] — Ce sera bien facile, reprend le directeur, c’est moi qui suis le pharmacien. […] Tout le temps de la pièce, Daudet ne voulant pas se montrer dans la salle, — j’ai été le téléphone entre le mari et la femme. — Daudet repris à dîner bien mal à propos de ses douleurs, et qui a pris du chloral, se tient enfermé dans le cabinet de Koning, sourd aux applaudissements.
C’est ce que j’attendrai de savoir pour reprendre ce thème ; — et, en vérité, tout ce que je crains, c’est que l’on ne me fasse pas attendre assez longtemps. […] Rigal demande qu’on en reprenne jamais aucune pièce. […] et que l’influence du cartésianisme, en particulier, reprît son cours suspendu depuis cinquante ou soixante ans par l’opposition du jansénisme ? […] « Si nous devons reprendre en sous-œuvre l’édifice du maître, a dit quelque part M. […] Bengesco, ce qu’ils y trouveront à reprendre ou à critiquer, je l’ignore, et même je ne veux pas le savoir.
Dieu le donne : Si Dieu te l’a repris, va !
. — Peu après il eut l’idée un peu brusque d’être président de la Chambre, et, n’y ayant pas réussi, il reprit son vol et passa à gauche, et par delà la gauche.
Et toutefois, de même qu’après la lecture de quelque poëme humanitaire un peu vague, je me hâterai de reprendre Pétrarque, c’est-à-dire la goutte de cristal et la perle de l’art, qu’il me soit permis, après ces poésies à mille facettes et comme taillées dans le corail, de m’en revenir, tout altéré, au bon La Fontaine, à cette source naïve et courante qui s’oublie parfois, mais qui ne s’incruste jamais151.
Deplace, du 28 septembre 1818 : « Je reprends quelques-unes de vos idées à mesure qu’elles me viennent.
Ainsi Voltaire, dans son Siècle de Louis XIV, raconte d’abord toutes les guerres du règne, puis, arrivé à la paix d’Utrecht, revient à l’avènement du roi, pour raconter les anecdotes de la cour et des mœurs du temps, après quoi il reprend encore les choses au début pour développer le gouvernement intérieur, les lois, les réformes, les principes d’administration, les mesures heureuses ou funestes dans chaque département, enfin il finit par exposer chacune des principales disputes religieuses : faisant ainsi non pas une histoire générale du siècle de Louis XIV, mais une dizaine d’histoires spéciales, qui sont simplement mises bout à bout et n’ont d’unité que par le titre unique.
On a repris depuis si souvent cette forme de satire légère et qui s’excuse, par une pointe, d’être profonde, que, relu ce soir, le récit me semblerait défraîchi.
Néanmoins les Margueritte et Eugène Réal reprennent bientôt leur demi-noblesse faite de tristesse incertaine.
Il semble que ces bruits qui ne s’accelerent ou ne se retardent, quant à l’intonnation et quant au mouvement, que suivant une proportion lente et uniforme, soient plus propres à faire reprendre aux esprits ce cours égal, dans lequel consiste la tranquillité, qu’un silence qui les laisseroit suivre le cours forcé et tumultueux, dans lequel ils auroient été mis.
Alors la langue, pâle narcisse qui s’en allait mourant, reprit sur sa tige, et le naturel fut sauvé !
Il reprenait l’opinion en sous-œuvre et la chapitrait.
Il reprit, il est vrai, la Rochelle aux protestants aidés de l’étranger, mais il ne put jamais refaire, comme elle l’avait été, l’unité française.
Vous les retrouveriez, trait pour trait et presque mot pour mot, dans cette Histoire de la Révolution française maintenant terminée, si vous vouliez les y chercher… et telle est la première sensation désagréable que nous cause ce livre, fait avec un autre livre, dans lequel la pensée, devenue inféconde, se reprend à couver la coquille vidée d’un œuf éclos.
Seulement, nous voulons rappeler, nous, que le « grand citoyen » de Littré ne fut jamais, en toute rencontre, que le fils de boutiquier enragé qui répondait un jour au général d’Albignac, son chef à l’École Militaire, lequel le renvoyait pour cause d’insubordination à l’aune de son père : « Général, si je retourne à l’aune de mon père, ce n’est pas pour mesurer de la toile que je la reprendrai !
Ne l’ont-ils pas appelée : « un vol », pour, la reprendre, ces honnêtes gens ?
Et puisque ces écrits répondent, avec le calme qui est en eux, à cette lubie d’être un passionné qui le reprenait après l’avoir lâché un instant, pourquoi donc avoir voulu produire ces deux Tocqueville inconnus, — le Tocqueville de feu et le Tocqueville couleur de rose, — quand avec celui que nous connaissons il est impossible de les admettre et même de les supposer !
Il a fini par mourir joueur… Comme dans Richard III, Richard redevint lui-même… Il se reprit et il se retrouva comme il était avant la catastrophe de son amour.
Je crains bien, pour ma part, qu’il ne lui ait donné sa pensée, — comme on donne quelquefois sa vie, — de manière à ne pouvoir plus la reprendre, et, franchement, je le regretterais.
Puis, il a repris son sourire, dans lequel aucun scepticisme ne se joue.