Claire surtout, plus vive, n’hésita pas à déclarer que son amie était Julie toute pure et dans la perfection, Julie avant la faute. […] qui, toujours ramené ou sous-entendu, vaguement indiqué et senti, fait le charme de ces correspondances, même les plus pures, et desquelles on n’attend rien autre chose que ce charme même.
Je prie qu’on ne confonde pas du tout ce plat volume de 1820, pure spéculation et fabrication de librairie, avec les deux volumes de 1809, les seuls qui méritent confiance, et dont je veux parler. […] Le mérite inappréciable des lettres de Mlle de Lespinasse, c’est qu’on n’y trouve point ce qu’on trouve dans les livres ni dans les romans ; on y a le drame pur au naturel, tel qu’il se révèle çà et là chez quelques êtres doués : la surface de la vie tout à coup se déchire, et on lit à nu.
En quelques endroits seulement, quand elle veut faire du sentiment pur, quand elle veut hausser le ton, elle donne un peu dans l’invocation et l’exclamation, ce qui n’est permis qu’à Jean-Jacques ; mais partout ailleurs ce sont des lettres familières, des conversations vives, naturelles, dramatiques, reproduites d’un air parfait de vérité. […] À vingt ans, elle est vive, mobile, confiante et un peu crédule, tendre, avec un front pur, décent, des cheveux bien plantés, une fraîcheur qui passa vite, et volontiers avec des larmes d’émotion dans ses beaux yeux.
Ce serait une peinture à faire que celle des journaux politiques de la Restauration, et surtout des trois principaux : le Journal des débats, organe du royalisme selon Chateaubriand, et suivant celui-ci en toutes ses métamorphoses ; Le Constitutionnel d’alors, centre du libéralisme pur ; et La Quotidienne. Celle-ci, bien que pure royaliste, se composait en grande partie de gens d’esprit, très libres de convictions et très désabusés.
Sortie de France pour la seconde fois depuis le commencement de la Révolution, elle eut l’imprudence de revenir d’Angleterre à Paris au printemps de 1794, dans l’espoir de sauver quelque partie de sa fortune qu’elle employait surtout en bienfaits, et elle périt avec tant d’innocentes victimes, mais la plus pure, la plus angélique de toutes. […] Elle s’en cachait comme d’une affection coupable, et que son mari a toujours ignorée… Elle était grande, bien faite, extrêmement fraîche ; mais de gros yeux qui n’y voyaient pas, et où il était impossible de démêler tout ce qu’elle avait de mérite et d’esprit, la déparaient un peu… Mme de Biron, pure, délicate, extrêmement timide, d’un caractère doux et sage, ne laissait voir que dans l’intimité un esprit aussi élevé qu’original.
Au contraire, tout ce que nous appellerions dans notre langue d’aujourd’hui tendance à la centralisation, tous les efforts de Louis XI, de Richelieu, qui allaient se consommer sous Louis XIV, tout ce qui devait rendre la monarchie maîtresse unique, lui semble une voie au despotisme ; et on ne peut nier que ce ne fût du pur despotisme en effet, avant que cette unité dans l’administration se fût rejointe et combinée, après 89 et après 1814, avec le régime constitutionnel et de liberté. […] D’autres fois il étend agréablement ses images ; ainsi, opposant son crédit bien enraciné à la faveur d’un jour du duc d’Elbeuf : « Le crédit parmi les peuples, cultivé et nourri de longue main, dit-il, ne manque jamais à étouffer, pour peu qu’il ait de temps pour germer, ces fleurs minces et naissantes de la bienveillance publique, que le pur hasard fait quelquefois pousser. » Indiquant les moyens qu’il avait de bonne heure employés pour fonder ce crédit, il parle de ses grandes aumônes, et des libéralités « très souvent sourdes, dont l’écho n’en était quelquefois que plus résonnant ».
Le temps et l’éloignement, en éteignant les préventions, affaiblissent malheureusement aussi l’intérêt qui s’attachait à de pures questions littéraires : cet intérêt pourtant peut se retrouver, et plus durable, dans toute étude vraie qui pénètre jusqu’à l’homme. […] Ce qui manqua donc à Le Brun pour aider son génie lyrique naturel et pour le nourrir dignement, nous le voyons, ce fut une vie chaste et pure au sens poétique, une vie studieuse et recueillie au sein de laquelle il aurait invoqué dans le silence des nuits, non les Furies, mais les Muses.
Rien de tel ne se montre dans les Mémoires de Louis XIV, non plus que dans ceux de Napoléon ; c’est de l’histoire toute pure, ce sont les réflexions d’hommes qui parlent de leur art, et le plus grand des arts, celui de régner. […] Saint-Simon, qui est venu sur la fin du règne et à une époque où l’esprit d’opposition reparaissait, n’a pas assez distingué ce premier moment d’entière et pure originalité royale chez Louis XIV.
C’était un extrême que cette première méthode adoptée par le Journal des savants, le plus ancien des journaux littéraires, et qui consistait à donner un compte rendu pur et simple, une sorte de description du livre, très peu différente souvent d’une table des matières. […] En France, il salue donc comme incomparable le siècle de Louis XIV ; et, au xviiie siècle, il ne trouve qu’une classe d’hommes supérieurs et d’une espèce particulière, la seule qui manquât au grand siècle : « Je les appellerai volontiers philosophes de génie : tels sont M. de Montesquieu, M. de Buffon, etc. » Voltaire est le seul des littérateurs purs et des poètes qui soutienne le vrai goût par ses grâces., son imagination et sa fertilité naturelle : mais, selon Grimm il ne fait que soutenir ce qui fléchissait déjà.
Et cette fois il ne s’agit pas d’une raison pure et tout abstraite comme celle de Descartes, il s’agit d’une raison mêlée à l’humeur, à la passion, à tout ce qui fait l’éloquence. […] Non sans doute, son goût naturel et pur sait bien que ce n’est pas dans la poésie de cour que Boileau est lui-même, que c’est dans la solide poésie bourgeoise, la poésie de la raison et de la conscience : là l’influence de la cour est nulle.
Il fallait, de plus, apprendre à toute la terre ce que les savants et les historiens savaient seuls, c’est que, depuis plus de cent ans, d’énormes manuscrits, laissés par un homme de génie et dont la gloire a ce côté grandiose et pur d’avoir été posthume, confisqués par l’État et traités comme de vieilles momies égyptiennes, dormaient d’un sommeil qu’on pouvait croire éternel, sous leurs tristes pyramides de cartons incommunicables, au ministère des affaires étrangères, qu’on avait bien le droit d’appeler, à ce propos, des affaires étranges ! […] Par ce côté, l’homme de race restait pur dans les souillures de l’homme individuel… Tandis que les autres rois qui suivirent, Henri II, Charles IX, Henri IV, plus coupable encore, et Louis XIV, le plus coupable de tous, mirent jusque dans le sanctuaire de l’État toutes les couvées de leurs bâtards, et c’est de toutes ces honteuses couvées que Saint-Simon a raconté l’histoire jusque dans leurs dernières générations… Histoire effroyable, dont il a fait un argument et un exemple contre la légitimation des bâtards, doublement adultérins, de Louis XIV, la plus odieuse, la plus scandaleuse, la plus exécrable de toutes ces légitimations, et qu’il a écrite pour épouvanter de celle-là !
il n’en eut jamais un second, — de pure munificence divine, l’homme le plus admirablement doué du xviiie siècle, de ce temps qui fourmillait de gens d’esprit, et dans lequel planaient ces trois hommes qu’il est convenu d’appeler des génies jusqu’à nouvel ordre, Voltaire, Buffon et Montesquieu. […] C’est l’éloquence donnée à pur don comme la beauté, existant comme la beauté, et qu’il avait comme la beauté, cet homme à qui Dieu avait tout donné et qui n’ajouta rien aux dons de Dieu, fascinant mais lâche génie !
Mais, comme on prend le taureau par les cornes, quand on n’en a pas peur et qu’on se fie à sa force, il a pris les Saints par leur auréole pour nous les montrer mieux et cela lui a porté bonheur, car il semble qu’il lui soit resté sur les mains de l’or pur de leur auréole ! […] Hello s’est élevé parce que son sujet le portait plus haut, comme l’aile gonflée d’un cygne s’enlève plus aisément dans un éther plus pur… Les Saints étant au-dessus de l’homme, Hello a été au-dessus de ce qu’il est dans l’Homme, avec les mêmes qualités, et, disons-le, les mêmes défauts.
A ne prendre même au surplus ces notices, — ces esquisses que comme de purs témoins d’une époque, elles ont encore leur importance, en ce sens qu’elles ravivent, dans le monde de la littérature et du théâtre, certains épisodes autrefois bruyants, et qui n’ont pas cessé d’être piquants.
Mais ce qui est commun à toutes deux, et ce qu’on retrouve également chez mesdames de Sévigné et de La Fayette, c’est cette franchise et cette naïveté d’un langage toujours pur, malgré ses négligences et ses familiarités.
Voix sonore et retentissante, timbre éclatant et pur, geste simple ; puis une parole facile, abondante, harmonieuse ; une manière de style étrangère à toute affectation, à toute enflure ; un laisser-aller plein de ressources ; un art heureux de diriger, de détourner sa pensée, de la lancer chemin faisant dans les questions, et de l’arrêter toujours à propos ; un penchant à s’étendre sur les moralités consolantes quand il y a jour, et, sitôt qu’on arrive aux hommes, un parfait mélange de discrétion et de loyauté, voilà ce qui nous a surtout frappé dans l’éloquent discours de M. de Lamartine.
Du plus pur modernisme quand il peint l’ataxique de nos jours99 ou formule le dernier mode de traitement de la neurasthénie100, il redevient justement médiéval et surabonde en archaïsmes savoureux s’il remonte aux époques passées101.
Par un singulier contraste, plus les mœurs particulières des Anglais sont simples et pures, plus ils exagèrent, dans leurs comédies, la peinture de tous les vices.
Dans la seconde supposition, peut-être la plus naturelle, le sentiment maternel, accoutumé par les soins qu’il donne à la première enfance, à se passer de toute espèce de retour, fait éprouver des jouissances très vives et très pures, qui portent souvent tous les caractères de la passion, sans exposer à d’autres orages que ceux du sort, et non des mouvements intérieurs de l’âme ; mais il est si tristement prouvé que, dès que le besoin de la réciprocité commence, le bonheur des sentiments s’altère, que l’enfance est l’époque de la vie, qui inspire à la plupart des parents l’attachement le plus vif, soit que l’empire absolu qu’on exerce alors sur les enfants, les identifie avec vous-mêmes, soit que leur dépendance inspire une sorte d’intérêt, qui attache plus que les succès mêmes qu’ils ne doivent qu’à eux, soit que tout ce qu’on attend des enfants alors, étant en espérance, on possède à la fois ce qu’il y a de plus doux dans la vérité et l’illusion, le sentiment qu’on éprouve, et celui qu’on se flatte d’obtenir.
Il suffit d’ouvrir le livre de La Bruyère pour rencontrer à chaque page l’antithèse dans sa pure et forte brièveté.
Je ne pense pas que personne, dans aucun temps, ait pris plus sérieusement la vie que ce petit Breton de vingt-cinq ans dont l’enfance avait été si pure, l’adolescence si grave et si studieuse, et qui, au sortir du plus tragique drame de conscience, seul dans sa petite chambre de savant pauvre, continuait à s’interroger sur le sens de l’univers, — et cela, dans un tel détachement des vanités humaines, que ces pensées devaient rester quarante ans inédites par la volonté de leur auteur.
Et il procède avec intelligence, combinant bien les faibles et les fortes ; seulement il se maintient trop dans l’atmosphère pure du lyrisme, oh détonne cet accent de prose qu’il indique pourtant expressément par la suppression de la capitale initiale, mais qu’il semble pourtant encore démentir par cette autre suppression des détails de la ponctuation.
Le cynisme prive de tous les charmes qu’elle répand dans la vie sociale à tous les degrés des liaisons et des intimités qu’elle procure, Le goût veut donc, comme la morale, que moins les mœurs sont pures, et plus on les déguise sous un langage exempt de leur souillure.
« La Philosophie, mes chers enfans, cet amour pur de la sagesse, est inséparable de celui de la vérité.
4° Par le caractère signe du mot, c’est-à-dire par le fait qu’un grand nombre de mots sont de purs signes, auxquels aucune image ne correspond : Abondance de mots indéfinis.
Si obscur et si insuffisant qu’il soit, on ne peut lui interdire, en présence des pures et éternelles conditions de la gloire, cette contemplation qui est sa vie.
Elle abjure tout art imposteur, tout faste de l’érudition, tout faux brillant des fleurs, l’inutilité des digressions, tout ce qui n’est que de pur ornement.
« Bien que, dans notre siècle, les livres ne soient guère que des objets de distraction, de pures superfluités, où l’agréable, ce bouffon suranné, oublie innocemment son confrère l’utile, il me semble que si je me trouvais chargé, pour une production quelconque, du difficile métier de critique, au moment où je poserais le livre pour prendre la plume, la figure vénérable de Goethe m’apparaîtrait avec sa dignité homérique et son antique bonhomie.
S’il ne s’est point plongé dans les idées du jour, c’est qu’il leur a été supérieur : nous prenons sa puissance pour sa faiblesse ; son secret et le nôtre sont renfermés dans cette pensée de Pascal : « Les sciences ont deux extrémités qui se touchent : la première est la pure ignorance naturelle où se trouvent les hommes en naissant ; l’autre extrémité est celle où arrivent les grandes âmes qui, ayant parcouru tout ce que les hommes peuvent savoir, trouvent qu’ils ne savent rien, et se rencontrent dans cette même ignorance d’où ils sont partis ; mais c’est une ignorance savante qui se connaît.
La diction de saint Chrysostome est pure, mais laborieuse ; il fatigue son style à la manière d’Isocrate : aussi Libanius lui destinait-il sa chaire de rhétorique avant que le jeune orateur fût devenu chrétien.
Les ouvrages de Racine, devenant toujours plus purs à mesure que l’auteur devient plus religieux, se terminent enfin à Athalie.
Il est rare que le bonheur seul amene trois succez heureux, mais lorsque ces succez sont parvenus à un certain nombre, il seroit insensé de prétendre qu’ils fussent le pur effet du hazard, et que l’habileté du géneral ou du ministre, n’y eussent point de part.
Moraliser n’est pas leur principal but et s’il leur arrive de formuler un précepte de cette sorte c’est par hasard pur et sans que le conteur ait cherché à le faire.
« Il s’agit tout le temps, dit-il, d’orages, de ruines qui croulent, de parvis, de feuilles sèches, que disperse le vent de la mort ; de la colombe qui construit son nid solitaire (pour dire le célibat) ; de volcans à peine fermés (pour dire les passions apaisées) ; du forum, pour dire, comme les avocats, la vie publique ; de l’ange de la destinée, de la lampe de la foi, de la coupe de miel offerte aux lèvres pures (pour dire une vie heureuse, bien qu’on ne mette guère maintenant du miel dans les coupes) ; des anneaux rattachés de la chaîne brisée ; du fait de la richesse, du règne de la vérité qui s’annonce à l’horizon ; du volcan, de l’éternel volcan qui vomit par ses mille cratères de la fange et de la lave, et enfin du bouclier, pour dire : le sentiment qui défend son cœur !
Nous ne l’oublions pas, Ernest Renan, lui, était un cérébral pur.
S’il est vrai que les nations sont constituées par une poussière de fellahs, cet homme savant et vénérable en prend trop aisément son parti ; il a trop peur que la raison pure intervienne et dérange ces sommeils, cette belle ordonnance animale… Mais, à peine ai-je écrit ce mot « servilité » que je l’efface et je reviens au terme exact : discipline.
Nous demanderons alors à Bodin comment ce royaume s’est trouvé soumis, comme il l’est, à une monarchie pure.
Après avoir terminé Faust dans la paisible solitude de son séjour à Rome et en avoir envoyé seulement quelques fragments à ses amis d’Allemagne, il revint à la pure épopée, son premier amour poétique. […] Pendant qu’Heine et autres sèment de fleurs charmantes, mais malséantes, l’imagination de la jeunesse lettrée, ces poètes sèmeraient des lis purs et des roses virginales dans le pot de fleurs de la mansarde, sur la fenêtre de la jeune fille et du jeune homme de nos ateliers ou de nos villages. […] , le monde physique comme le monde moral avait commencé par un état plus parfait, plus pur et plus lumineux, par un Éden dans lequel l’homme naissant avait entendu les confidences de Dieu par des révélateurs divins.
Les traits de son visage, trop arrondis et trop obtus aussi, ne conservaient aucunes lignes pures de beauté idéale.” […] Une amitié distinguée comme la vôtre offre des consolations au milieu des idées affligeantes qui naissent des dangers continuels auxquels on est exposé, et l’on regrette moins de les avoir courus quand ils excitent les témoignages d’une estime aussi pure que celle que vous nous laissez voir. […] Vous le verrez, madame, il est pur de flatterie, et, dans un temps de honte et de bassesse, c’est un mérite bien rare. — Nous allons donc bientôt voir ceux où l’âme antique de votre ami s’exprime avec toute sa fierté, toute son énergie.
Du Vergier de Hauranne, abbé de Saint-Cyran, directeur de la maison à partir de 1636, y implanta la doctrine de Jansénius avec qui il était lié, et fit de ces filles les croyantes obstinées, au besoin les inflexibles martyres de ce qu’elles regardèrent comme la pure vérité de Jésus-Christ. […] Mettant à profit la grande leçon de Malherbe, Pascal a laborieusement, lentement, patiemment amené son ouvrage à être l’expression pure et parfaite de sa pensée : il ne s’est pas contenté du premier effort de sa nature, si richement douée. […] Voilà un bien pur, complet, impérissable, tel donc que la raison l’exige pour s’y attacher.
Victor Hugo, car la critique s’en préoccupe fort, ne sont pas gens pour cacher leurs affections ou leurs idées, parce qu’elles sont sincères, pures et réfléchies. […] Estello, d’amoundaut mesclas à sa couronno Lis niau li pu bèn, li raioun li mai pur Lou pouèto immourtan trevo plus que l’azur. […] Georges Lafenestre Sur les fermes sommets des grandes Pyrénées, Plus l’amas est profond des glaces enchaînées, Plus pur est le regard qui fixe le soleil ; Ainsi d’un feu plus clair tu rayonnes, ô Gloire, Sur le front du génie, au plus haut de l’histoire, Quand la neige des ans y dort son blanc sommeil !
Je ne te promets pas un bon rang dans la course aux écus : mais tu auras la pure et profonde satisfaction d’avoir poursuivi de toutes tes forces et d’avoir traduit de façon personnelle ton rêve de beauté. […] Son poème s’intitule Lazare ; c’est le poème des misérables ; c’est la plainte des enfants, esclaves de la machine, privés d’air pur, de jeux, de sommeil ; c’est l’appel de détresse des femmes réduites à envier le sort de la vache, qui reste du moins à l’étable, oisive et paisible, lorsqu’elle a mis au monde un petit. […] Il a écrit62 : « Ô peuples des siècles futurs, lorsque par une chaude journée d’été, vous serez courbés sur vos charrues dans les vertes campagnes de la patrie ; lorsque vous verrez, sous un soleil pur et sans tache, la terre, votre mère féconde, sourire dans sa robe matinale au travailleur, son enfant bien-aimé ; lorsque, essuyant sur vos fronts tranquilles le saint baptême de la sueur, vous promènerez vos regards sur votre horizon immense, où il n’y aura pas un épi plus haut que l’autre dans la moisson humaine, mais seulement des bleuets et des marguerites au milieu des blés jaunissants ; ô hommes libres, quand alors vous remercierez Dieu d’être nés pour cette récolte, pensez à nous qui n’y serons plus ; dites-vous que nous avons acheté bien cher le repos dont vous jouirez ; plaignez-nous plus que tous vos pères ; car nous avons beaucoup des maux qui les rendaient dignes de plainte, et nous avons perdu ce qui les consolait. » Mais celui qui sentait si bien que la terre doit compenser la banqueroute du ciel, celui qui comprenait que les misérables, privés, comme a dit plus tard Jaurès, de la vieille chanson qui berçait la misère humaine, doivent nécessairement réclamer leur part immédiate de soleil et de joies, ce même Musset parlait bientôt d’un autre ton.
Puis viennent Elsa, Lohengrin, devant le roi et les guerriers… Les harmonies du premier prélude s’éveillent aux extatiques régions instrumentales, et lentement Lohengrin nous dit le Gral, la pure milice, le parvis lumineux de Monsalvat. […] Louis Besson… Le moment peut être mal choisi pour Lohengrin, mais soit ; ce qu’est Lohengrin, du pur Weber… Dans le Petit Bulletin du 8 avril, M. […] Même jour, le Soleil : « Tempête à l’horizon » par Jean de Nivelle, « … Il s’agit là d’une question d’art pur et simple… » Enfin, même jour encore, apparition de l’Anti-Wagner, ignoble factum vendu dix centimes dans les rues, et contenant avec un portrait charge de Wagner et une courte adresse aux lecteurs, deux extraits de journaux sous le titre commun de « Un sodomiste », l’un de M.
L’Angleterre elle-même, le pays de Bacon, semblait ne plus se contenter des théories littéraires fondées sur la sensation pure. […] Peu à peu le philosophe avance, le jour se lève, et la beauté longtemps attendue brille pure et calme sur toute la discussion. […] Les Allemands établissent dans l’esthétique la même distinction que nous avons faite dans les mathématiques ; ils reconnaissent l’esthétique pure et l’esthétique appliquée.
… le meilleur et le plus pur des hommes, capable d’amitié, de respect (oui ! […] corrompt autant que la richesse, répugnant également à tout servage et à toute fainéantise, resta un ouvrier aux mains pures comme son cœur, ne repoussant jamais sa besogne de misère comme indigne de son génie, quoiqu’il sentit pourtant bouillir en lui des facultés qui s’élançaient par-dessus le travail de ses mains ! […] Le taureau a les yeux purs, a dit un poète.
Ces faits : la naissance de Borgia, de vieille race royale aragonaise et dont l’élévation ecclésiastique vint de ce qu’il était le neveu du vaillant pape Calixte III ; ses premières fonctions, qui furent militaires ; son mariage avec Julia Farnèse, qui mourut après quelques années ; la légitimité, contestée et prouvée incontestable, de ses enfants ; le rétablissement dans son titre pur de belle-mère de celle-là que les historiens ont appelée, sans le comprendre, du nom familier et intime de Vanozza, et dont ils ont fait la maîtresse d’Alexandre VI jusque dans ses dernières années parce que cette belle-mère, gendre respectueux, il n’avait jamais cessé de la visiter ; les longues années sous plusieurs papes qui le conservèrent chancelier de l’Église, le firent évêque et l’envoyèrent, comme légat, en Aragon, représenter le Saint-Siège ; ses mœurs si accusées, mais garanties par la considération des papes — presque tous des grands hommes — sous lesquels il vécut, et par sa popularité dans le collège des Cardinaux, où jamais une voix ne s’éleva contre lui, mais où toutes, moins deux, s’élevèrent pour lui quand il fut nommé pape : tous ces faits sont racontés ici avec un détail dans lequel nous ne pouvons entrer, mais qui confond, par sa netteté et par son poids, quand on songe à tout ce qu’on a fait de cette simple et imposante histoire ! […] Il a commencé par innocenter l’homme dans le Borgia avant d’être pape, et cet homme-là était plus difficile à reconstituer que ne sera le pontife, vu à la lueur éternelle et pure, pour ceux qui osent le regarder, d’un irréprochable bullaire. […] Enfin, après le ridicule des détails niais et bestiolets, il y a de plus, dans ce Quatre-vingt-treize, l’odieux du pédantisme de l’érudition la plus assommante, la plus vaine et la plus déplacée, et l’odieux aussi de ce matérialisme insupportable, le fond même de la nature, je ne dirai pas philosophique, mais poétique de Victor Hugo, qui ne lui fait pas métamorphoser en or tout ce qu’il touche, comme le roi Midas, mais en matière, — même jusqu’à la langue, qu’il encombre d’images physiques et qui sous cette main épaisse perd de sa transparence, et même encore jusqu’aux sentiments les plus purs et les plus élevés de l’âme, et, par exemple, ici, la maternité !
Ce qui le prouve, c’est qu’elle ne songe plus qu’à dissimuler l’élan de l’inspiration et l’unité du plan sous la surcharge des ornements ; elle brise par des dentelures les verticales dont la rectitude élevait au ciel d’un jet si hardi et si pur les tours et les colonnes. […] Mais ensuite ils cessèrent, les uns plus tôt, les antres plus tard, de s’en tenir à cette contemplation pure. […] Il faut donc tout d’abord quitter le fictif pour le réel et renoncer aux sujets de pure fantaisie : nous entendons par là aussi bien ceux qu’on va chercher dans le passé que ceux dont notre imagination seule fait les frais. […] Plus libres déjà, ils ont encore à subir les tyrannies du corps ; — Il oublie le corps et ne met en présence que de purs esprits pour ainsi dire. […] L’art, plus généreux que la réalité envers l’homme et le traitant en pur esprit, lui épargnait les servitudes de la matière, les tyrannies du manger, du boire, ou du dormir, l’humiliation de ressentir un malaise ou même un bien-être physiques.
la vie de famille n’est malheureusement pas toujours aussi pure quelle devrait être. […] Enfin, Corneille a fait de Théodore une pure cornélienne. […] Sa vie est-elle donc si pure ? […] et, par-dessus tout, ce pur petit chef-d’œuvre : Histoire d’une âme ! […] Or, on n’aime pas une idée pure, pas plus qu’on n’aime un axiome de géométrie ; on aime une personne.
Il fonda le culte pur, sans date, sans pairie, celui que pratiqueront toutes les âmes élevées jusqu’à la fin des temps. […] De là à supprimer l’être qui, sous des noms divers, avait été le centre de toutes les religions révélées, et à lui substituer l’idée pure, il n’y avait qu’un pas, qui sera bientôt franchi. […] Les fidèles de la petite Église feront ainsi refleurir d’âge en âge ce que l’esprit humain a produit de plus pur, de plus beau, de plus désintéressé, de plus incertain et de plus discutable. […] Se croyant très fort, parce qu’il était très corrompu, mais dans le fond un pur philistin. […] Est-ce à dire que ses beaux livres, inspirés par un sentiment si pur, qui éveillent tant d’idées au milieu même des agitations de notre vie publique et de l’inconscience de notre vie morale, soient des cris jetés dans le désert, des graines qu’emporte le vent ?