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484. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

Parmi les pièces séparées, des acteurs et des scènes théâtrales, dont l’une représente Daïkokou faisant pleuvoir des pièces d’or sur une femme puisant de l’eau. […] L’illustration de cette pièce par Hokousaï est intéressante. […] Une pièce qui serait, au dire des Japonais, une étude psychologique de la femme très intéressante. […] Une pièce où les femmes nettoient des plateaux de laque et enferment dans des coffres des bols et des assiettes. […] Citons encore six pièces capitales faisant partie de la collection Vever.

485. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Waller, Buckingham, Dryden, sont obligés de refaire les pièces de Shakspeare, de Fletcher, de Beaumont, pour les accommoder à la mode. […] Ouvrez la première venue de ses pièces à la première scène venue ; au bout de trois réponses, vous êtes entraîné ou plutôt emmené. […] On verra bientôt Steele écrire une pièce morale intitulée le Héros chrétien. […] L’art de bâtir les pièces est capable de progrès comme l’art de faire des horloges. […] Voir toutes les pièces historiques de Shakspeare.

486. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

  Je disais plus haut qu’il fallait soumettre les pièces de conviction aux yeux du public. […] Il avait rapporté ce couteau d’Espagne, comme beaucoup d’autres armes qui traînaient un peu partout dans les diverses pièces où il habitait. […] Et parfois Miserey voyait la jument se mouvoir tout d’une pièce, sans plier les genoux et sans lever les jambes. […] Je suis de la première pièce et je me dépêcherai. […] Stéphane Mallarmé par cette pièce, qui est complète, que par la précédente, que j’ai été obligé de couper comme je le fais pour les suivantes.

487. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Beaucoup de pièces de Shakspeare sont fondées sur des impossibilités, ou du moins si bassement écrites, que la partie comique n’excite point notre rire, ni la partie sérieuse notre intérêt. […] On se taille en pièces, on prend des villes, on se poignarde, et on déclame de tout son gosier. […] Je vois, dès le titre de la pièce, pourquoi Dryden a amolli Shakspeare ; Tout pour l’amour, ou le Monde bien perdu. […] La corporation de Hall, haranguée un jour par le duc de Monmouth, lui fit cadeau de six pièces d’or, que Monmouth donna à M.  […] Il y a d’étranges chansons et des prologues plus que hasardés dans les pièces de Dryden.

488. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXXIII » pp. 332-336

D'autres petites pièces ont bien du relief et de la tournure. […] Voici de ce volume une des jolies pièces, une de celles qui se peuvent citer (car toutes à beaucoup près ne sont pas dans ce cas) ; le poëte qui l’a intitulée Fatuité ne fait qu’y exprimer bien sincèrement sa manière d’être le plus habituelle, sa façon de vivre, de porter la tête et de respirer ; on y sent déborder à chaque mot l’orgueil de la vie.

489. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Aubanel, Théodore (1829-1886) »

» C’est ce poète passionné qui va se révéler dans les Amertumes ; son recueil, espèce de romancero de la douleur, est composé de pièces distinctes et unies cependant par une chaîne invisible, si bien que toutes les phases de la passion s’y développent, comme les péripéties d’un drame. […] J’y trouvais, moi, pauvre homme du Centre, plus d’assent » que d’accent, c’est-à-dire plus de Midi que d’Humanité ; trop de « poivrons » et de « fromageons », trop de « mas », de « nouvelets » et de « Gabrielous »… Et je ne sais pas bien encore, à l’heure qu’il est, si la tragédie d’Aubanel est shakespearienne ou tartarinesque… La légende est belle ; et si, comme on me l’a affirmé, c’est Aubanel lui-même qui l’a inventée de toutes pièces, il l’en faut louer grandement, car elle offre tous les caractères des légendes populaires… Pour trouver de ces choses belles et obscures, pour inventer un symbole qui semble vieux de plusieurs centaines d’années et qui a l’air d’avoir subi les déformations et les additions de plusieurs siècles, certes il ne faut pas être un médiocre poète, et je n’ai pas dit que Théodore Aubanel en fût un.

490. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pottecher, Maurice (1867-1960) »

. — Le Diable marchand de goutte, pièce en trois actes (1895). — Morteville, drame en trois actes (1896). — Le Sotrè de Noël, farce rustique en trois actes, en collaboration avec Richard Auvray (1897). — Liberté, drame en trois parties. — Le Lundi de la Pentecôte, comédie en un acte (1898). — Chacun cherche son trésor, comédie en trois actes, en vers et en prose, musique de Lucien Michelot (1899). — Le Théâtre du Peuple, renaissance et destinée du théâtre populaire (1899). — L’Exil d’Aristide, conte (1899). — Le Chemin du repos, poèmes (1890-1900) [1900]. […] Le fondateur de ce théâtre, qui s’est réservé la difficile tâche de le fournir de pièces et de jouer celles-ci avec des amis, est M. 

491. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

C’était le seul sentiment assez fort pour l’arracher aux peines individuelles, et il en a consacré, dans quelques pièces, l’expression amère et généreuse. […] Puis vient une série de pièces en vers où respire un souffle à la fois antique et moderne. […] Excepté dans la Jeune Captive, pièce teinte avec son sang au pied de l’échafaud, André Chénier me paraissait un pastiche du Grec plus qu’un Français. […] Mais la première pièce des Consolations qu’il avait lue un jour manuscrite chez Victor Hugo, sur la marge d’un vieux Ronsard in-folio qui nous servait d’album, l’avait tout à fait conquis. Je le connus personnellement dans l’été de cette année 1829, et, en souvenir d’une promenade et d’un entretien au Luxembourg, je lui adressai la pièce qui est la VIe des Consolations.

492. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les poëtes français. Recueil des chefs-d’œuvre de la poésie française »

Et pourtant il y a de charmantes pièces dans les recueils de M. de Belloy, notamment celle-ci, un petit chef-d’œuvre, que Brizeux savait par cœur et qu’il aimait à réciter. […] » Pourquoi cette pièce a-t-elle été omise dans notre Anthologie, dont elle était si digne ? […] Voici une pièce, par exemple (omise encore, je ne sais pourquoi, dans notre recueil), qui me semble exquise et parfaite à tous égards, et qui unit composition, grâce, malice.

493. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre V. Des personnages dans les récits et dans les dialogues : invention et développement des caractères »

Un écrivain dramatique de notre temps, qui certes a su donner à ses caractères une rectitude et une consistance merveilleuse à travers les surprises de l’intrigue et les incohérences de la passion, nous a fait quelque part la confidence qu’il se faisait la biographie de chaque personnage qu’il voulait introduire dans une pièce, qu’il le dotait d’une existence antérieure, d’un long passé, où son tempérament et ses habitudes étaient minutieusement décrits. […] Ils seront raides et tout d’une pièce. Vous viserez seulement à l’unité : que l’assemblage très simple des passions et des idées que vous imaginerez, soit bien joint ; et que tout soit lié à une maîtresse pièce du caractère.

494. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Elle les déchire, les broie, les met en pièces. […] Quand on a façonné pièce à pièce l’étrange macédoine, ou assaisonne, on saupoudre d’une main experte, et il ne reste qu’à servir. […] Un tel est chargé du scénario ; tel autre confectionnera les portraits du traître ou du meurtrier ; un tel encore aura pour tâche spéciale de coudre les pièces détachées, traits, situations, incidents. […] J’ajoute que pour le succès de la publication des feuilletons, on doit éviter les longueurs : rien d’inutile ; de la mise en scène, et comme dans les pièces de théâtre, marcher toujours vers le but, car dans les romans aussi bien que dans les pièces de théâtre ayant une portée morale ou sociale, le but ou dénouement doit toujours être la synthèse, la preuve de l’idée qui l’inspire. […] Mais, pour le faire entendre du public, M. de Curel a dû recourir à un art que beaucoup de bons esprits considèrent comme inférieur : il a dû faire une pièce !

495. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Alors Shakespeare réfléchit que la pièce qu’il destine à la clôture de sa carrière, à laquelle il met la dernière main, répond par quelques-uns de ses caractères à la pièce qu’on lui demande. […] Il y a plus de sûreté et en même temps moins de souffle que dans les pièces précédentes. […] S’il en était ainsi de la plus classique des pièces du grand poète anglais, que serait-ce des autres ? […] Émile Deschamps, pour rendre la pièce possible à la représentation, a été obligé de la réduire d’un bon tiers. […] La pièce est amusante, mais il y a là une légèreté qui fait mal.

496. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

Voilà des rimes et un rhythme qui, ce semble, suffiraient à dater la pièce à défaut d’autre indication. […] Voici pourtant une charmante pièce naturelle et simple, où s’exprime avec vague le seul genre de sentiment tendre, et bien fantastique encore, que le discret poëte ait laissé percer dans ses chants : LA JEUNE FILLE. […] Un jour pourtant il revint, et ne trouvant pas l’éditeur au gîte, il lui laissa pour memento gracieux la jolie pièce qui suit : A M.  […] Si j’avais à choisir entre les pièces pour achever l’idée du portrait, au lieu des joujoux gothiques déjà indiqués, au lieu des tulipes hollandaises et des miniatures sur émail de Japon qui ne font faute, je tirerais de préférence, du sixième livre intitulé les Silves, les trois pages de nature et de sentiment, Ma Chaumière, Sur les Rochers de Chévremorte, et Encore un Printemps. […] On peut rapprocher celle page de Bertrand de la pièce célèbre du poëte Burns : Le Samedi soir dans la chaumière.

497. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

La maîtresse pièce de l’homme, pour lui. c’était la volonté, et l’amour n’était que l’élan dont la volonté se portait au bien aperçu par la raison. […] Il est frappant que ses plus longues pièces portent le titre de Discours, et ce qu’il appelle Hymne de saint Louis est un « panégyrique » en vers du saint roi, orné d’abondantes moralisations. […] Si l’on excepte quelques pièces de commande, il ne sut qu’écrire à sa fantaisie, selon l’impérieuse impression du moment. […] Ses chefs-d’œuvre sont les Satires d’où l’abstraction et le raisonnement sont éliminés, et qui sont purement et simplement des images de la vie, qui en décomposent et fixent le mouvement : c’est cette pièce du Fâcheux, où il a surpassé Horace par la richesse de l’observation morale ; c’est cc Repas ridicule, dont Boileau n’a pu, tant s’en faut, égaler la chaude couleur et la verve comique ; c’est cette Macette, l’hypocrite vieille, que Tartufe ne fait point pâlir. […] Après le grand effort de la Pléiade pour créer de toutes pièces une littérature artistique, nous constatons sous le règne de Henri IV un retour au naturel.

498. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

» — Certes, j’en vois : dans Les Perses, dans Œdipe roi, dans Les Nuées, dans Sacountala, dans La Jeunesse du Cid, dans Polyeucte, dans Esther, dans Le Misanthrope, dans Macbeth, dans Ce qu’il vous plaira, dans Le Jeu de l’Amour, dans Le Mariage de Figaro, dans La Belle Hélène… Et parce que j’admire l’art dans ces pièces d’il y a trente siècles ou d’il y a trente ans et que je le cherche en vain dans celles d’aujourd’hui, je veux trouver le secret de cette esthétique spéciale et diverse, pour apprendre si sa formule est, ou n’est plus, pour nous réalisable. […] Chaque semaine nous voyons éclore ces pièces dont la valeur, commerciale, ne saurait être expertisée à la répétition générale, et dont le succès fou ou le four noir dépend de la moyenne des digestions des spectateurs de la première. […] On ne conçoit pas des auteurs produisant et des acteurs interprétant une pièce sur une scène devant laquelle, au lieu d’un rideau, s’élèverait un mur. […] Les pièces étaient reçues par une sorte de comité national du goût public. […] La Folle Journée et la folle soirée de son succès montrent la dernière œuvre dramatique comme le dernier public de l’ancien régime : c’était la ruine prochaine que la pièce présageait et que la société acclamait.

499. (1921) Esquisses critiques. Première série

Telle qui, dans un recueil, est donnée pour une pièce de théâtre, apparaît dépourvue de ce titre dans un autre. […] Bourget en fait des personnages d’une seule pièce, exempts de complication ou de nuances psychologiques. […] (C’est là que, pour ma part, je trouve ceux des morceaux de ses pièces que je goûte le plus.) […] Toute pièce de ces auteurs en rappelle d’autres, d’autres auteurs. […] Dans l’Amour veille, première grande pièce qu’ils aient, si nos souvenirs sont exacts, fournie à la Comédie-Française, dans cette pièce dont M. 

500. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

Il garde et promène les chevaux des spectateurs pendant que ceux-ci regardent la pièce. […] En 1589, il écrivit sa première pièce Periclès, qui frappa quelques lecteurs ; en 1597 il écrivit Roméo et Juliette, copie exacte d’un libretto italien, solennisé et éternisé par une touchante et sublime déclamation de Shakespeare. […] Il ne livrait point de manuscrit, il écrivait chaque rôle de la pièce sur des feuilles détachées qu’il distribuait à ses acteurs. […] Mort obscur quelques années après, il ne ressuscita un peu que sous la Restauration, et donna alors, sous le nom de Davenant, réputé son fils, ses pièces. […] Examinons juste ce qu’il mérite ; prenons ses pièces, et voyons qui juge mieux de Hugo ou de Voltaire.

501. (1914) Boulevard et coulisses

Il était très connu, d’abord parce qu’il appartenait au Figaro et ensuite parce qu’il était l’amant d’une actrice qui venait de créer une pièce avec éclat. […] C’est de lui que date cette expression : « Commander une pièce. » Il commandait des pièces aux auteurs et quand il les avait commandées, il ne restait plus qu’à les faire. […] Un de mes articles lui avait plu et il me commanda une pièce, à moi, chétif. […] Et la profanation, c’était qu’un romancier, qu’un journaliste, ou qu’un poète se permît d’écrire une pièce qui ne fût pas conforme aux règles de l’art. […] Le théâtre, c’est l’ensemble des artistes, des décors, des histoires de coulisses, des circonstances qui précèdent l’apparition d’une pièce, des potins de la « générale », des recettes, de la réclame, des duels de l’auteur avec les critiques, des différends de l’étoile avec sa couturière et de ses querelles avec son amant, et du sujet de la pièce par-dessus le marché.

502. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte. »

Un de ses maîtres, Lopez de Hoyos, régent de collège, publiant en 1569 un recueil de vers funéraires, inscriptions, allégories, devises, composées pour les obsèques de la reine Élisabeth, femme de Philippe II, donna plusieurs pièces de la composition de Cervantes qu’il appelait « son cher et bien-aimé disciple. » Cervantes avait alors vingt et un ans. […] Dans cette première période de sa vie littéraire, Cervantes se mit donc pendant quelques années à composer bravement des pièces de théâtre, et il les fit représenter avec plus ou moins de succès par les troupes nomades qui desservaient alors les théâtres en plein vent des diverses capitales de l’Espagne4. De ces pièces aucune ne fut imprimée dans le temps ; mais lui-même nous a donné les noms de neuf d’entre elles, dont deux ont été recouvrées depuis. […] En 1590, découragé apparemment ou bien tenté par la fortune, il eut l’idée de s’expatrier et adressa au roi une requête pour obtenir quelque place en Amérique, dans cette contrée qu’il appelle quelque part « le pis aller et le refuge des désespérés d’Espagne. » Il énumérait à l’appui de sa requête ses longs services, ses aventures, ses souffrances en Alger ; et cet ensemble de pièces et d’attestations, longtemps enseveli dans des archives, est devenu un document inappréciable pour ses biographes.

503. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

Sa première pièce — que plus de cent autres allaient suivre, — s’appelait Seligo ou le Nègre généreux. […] Quant à Scribe, non moins fécond en drames et en comédies, il fit un jour la gageure de pouvoir mettre le titre d’une pièce au moins sous chaque lettre de l’alphabet. […] Citons cependant ce fait assez peu connu que la pièce de Tolstoï, la Puissance des Ténèbres doit être complétée comme il suit : ou si l’oiseau s’est une fois englué le bout de la griffe, toute la bête y passera. […] En attendant, on nous donne de véritables charades, même pour les pièces qui ne participent en rien des petits proverbes de salon.

504. (1936) Réflexions sur la littérature « 6. Cristallisations » pp. 60-71

Parmi les autres, les exceptions sont rares, toutes confirmeraient la règle ; passez en revue les grands artistes du XIXe siècle, dont on extrait pièce à pièce les correspondances et les confidences. […] Il y a dans les contemplations une admirable pièce, Cerigo, où Victor Hugo rend sensible comme une palme d’étoiles cette cristallisation de l’amour dans le temps. […] Cette pièce de Hugo, M. 

505. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Le capitaine de vaisseau Bourbonne contait, hier, que dans une batterie de Sébastopol, un canon ayant une roue qui tournait mal, par suite du recul de la pièce à chaque tir, il avait commandé à un soldat de marine qui desservait la pièce, de graisser la roue. […] Un peu à droite est la pièce de marine du rempart. […] Une moitié de vieille porte Louis XV m’introduit dans l’unique pièce du rez-de-chaussée. […] Je l’attendais longtemps dans une immense pièce, remplie de porcelaines de Saxe. Cela m’intriguait de trouver une si grande pièce dans sa petite maison, et encore de découvrir au critique un goût que je ne lui connaissais pas.

506. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Baudelaire.] » pp. 528-529

J’aime plus d’une pièce de votre volume, ces Tristesses de la lune, par exemple, délicieux sonnet qui semble de quelque poète anglais contemporain de la jeunesse de Shakespeare. […] Pourquoi cette pièce n’est-elle pas en latin, ou plutôt en grec, et comprise dans la section des Erotica de l’Anthologie ?

507. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Appendice. »

Gérusez comme une pièce authentique, omise à dessein par Vignon, dans un sentiment de patriotisme exagéré ; la voici « Où me cacher, sans que Amour ne voye ? […] Gérusez lut la pièce du ton grave dont il nous disait dans la Chanson de Turold : « Compaing Rolland, sonnez votre olifan ! 

508. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Objections d’un moraliste contre l’exposition de 1900. » pp. 162-167

Deux « styles » : celui des gares, et surtout celui des pièces de pâtisseries montées. […] La comédie a déjà bien de la peine à vivoter : vous verrez qu’en 1900 il n’y aura place dans les théâtres que pour les vaudevilles acrobatiques et pour les pièces où l’on étalera de la femme.

509. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bataille, Henry (1872-1922) »

Bataille et d’Humières représente la pièce mondaine par excellence ; c’est travaillé par un peintre de salon et un officier de cavalerie, c’est du pathos convenable, policé, élégant, très étoffe de chez Liberty ; il y a des vers pâles et des phrases pour tous les goûts snobs. […] Maurice Beaubourg Cette pièce (L’Enchantement), d’Henry Bataille, l’auteur de la Belle au bois dormant , de Ton sang et de la Lépreuse, est, à mon avis, la plus belle et la plus forte qu’il ait écrite.

510. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bouchor, Maurice (1855-1929) »

. — Les Mystères d’Éleusis, pièce en quatre tableaux, en vers (1894). — Les Symboles, nouvelle série (1895). — Les Chansons de Shakespeare (1896). — Conte de Noël, un acte, en vers (1897). — Chants populaires pour les écoles (1897). — Aux femmes d’Alsace (1897). — Lectures et récitations (1898). — La Chanson de Roland, traduction en vers (1898). — Vers la pensée et vers l’action (1899). […] Bouchor annote les pièces de théâtre, les poèmes dont il propose la lecture, retranchant les hors-d’œuvre, expliquant brièvement les passages dont la lecture fatiguerait, facilitant ainsi à la fois la tâche du public et du lecteur.

511. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre X » pp. 83-88

Corneille lisait toutes ses pièces à l’hôtel de Rambouillet, avant de les mettre au théâtre. […] Il attribue le succès de la pièce aux rôles admirables de Sévère et de Pauline.

512. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre VIII. La Fille. — Iphigénie. »

La pitié et la terreur s’appuient donc uniquement, dans cette situation, sur l’intérêt naturel ; et si vous pouviez retrancher la religion de la pièce, il est évident que l’effet théâtral resterait le même. […] Certes, la religion n’est pas inutile ici ; et qui la supprimerait, anéantirait la pièce.

513. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Soumet si haut parmi ses rivaux de gloire : ces deux pièces sont encore des sujets refaits ; un seul ouvrage entièrement neuf survivra aux critiques et aux éloges qu’il a reçus ; c’est le Paria de M.  […] On y trouve des scènes admirables, mais on cherche vainement une pièce. […] Ce fut aussi un tribut que le grand homme a payé au mauvais goût de son temps ; mais tel est l’art qu’il a mis dans ces monstruosités mêmes, qu’elles peuvent s’enlever toutes, sans rien déranger à l’échafaudage de ses pièces et à la marche de l’action ; cette épuration, commencée par lui-même et continuée depuis en Angleterre, souvent avec peu de goût et de discernement, fait nécessairement partie du travail d’un traducteur français qui ne doit pas rejeter ou garder tout ce qu’ont gardé ou rejeté les arrangeurs anglais ; mais la traduction n’en sera pas moins littérale, en ce sens, que si elle ne donne pas tout Shakespeare, du moins elle ne contiendra rien qui ne soit de Shakespeare. […] Certes, si un théâtre nouveau pouvait s’ouvrir, sous la direction d’un entrepreneur intelligent, sans comité de lecture ni d’administration, sans cet encombrement d’ouvrages reçus depuis trente ans et vieillis avant de naître, avec des acteurs jeunes, disposés à jouer tous les rôles, en étudiant la pantomime expressive et la déclamation naturelle des grands acteurs anglais, les seuls qui, depuis Talma, nous aient fait éprouver des émotions tragiques ; avec la ferme volonté de ne représenter en fait de pièces nouvelles que des pièces vraiment neuves, et d’un caractère homogène ; certes, un pareil théâtre n’aurait pas besoin d’autres secours que son travail et sa bonne organisation, et il y aurait dans tout cela quelque chose de fort et de vital qui ne ressemblerait guères à la végétation expirante, à la fécondité caduque qui poussent et se perpétuent encore aux quinquets de nos coulisses. […] Jules de Rességuier me l’a demandé dans une des plus charmantes pièces de ses Tableaux poétiques, l a Bayadère, composition pleine d’harmonie, de couleur et de nouveauté : on concevra qu’il m’était plus aisé de lui obéir que de lui répondre.

514. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Il a l’habitude d’antidater ses pièces pour nous faire croire qu’il a eu du génie de très bonne heure. […] Et quant aux pièces philosophiques, il n’y a pas à dire, c’est tout autre chose que les « discours » de Voltaire. […] C’est dans une pièce adressée à Mme Victor Hugo « en souvenir de ses noces » (Recueillements poétiques). […] Ce sont éminemment « pièces de circonstances », comme Goethe voulait que fussent toujours les poèmes lyriques. Pièces d’humbles circonstances, souvent.

515. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre IV. Unité et mouvement »

Je pourrais faire voir cette unité dans Othello ou dans Macbeth : j’aime mieux la rendre sensible dans une des pièces où l’on s’attendrait le moins à la trouver, dans un de ces drames que sa fantaisie découpait dans les vieilles chroniques, et où il ne semblait guère songer à mettre un autre ordre que l’ordre historique des événements : dans Richard III. […] qu’il les garde jusqu’à ce que tes crimes soient mûrs, et qu’alors il précipite son indignation sur toi, le perturbateur de la paix du pauvre monde … » Voilà le lien de la pièce et comme l’âme : cette malédiction, qui porte avec elle une puissance fatale, ira s’accomplissant à travers le drame, jusqu’à ce que, toutes les victimes marquées par elle étant épuisées, leurs spectres se présentent au seul qui reste, à leur assassin, Richard III, et l’avertissent que son heure est venue. […] Alors on abaissa dessus les paupières avec leurs longs cils, et Sylvestre redevint très beau et calme, comme un marbre couché6…… » L’unité d’un roman pourra être plus lâche, ou plus idéale que l’unité d’une pièce de théâtre : celle-ci sera plus étroite et comme plus matérielle.

516. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre neuvième. »

Je ne sais comment La Fontaine a pu faire une aussi mauvaise petite pièce sur un sujet de morale si heureux : tout y porte à faux. […] Les deux animaux qui sont les acteurs de la pièce, y sont peints dans leur vrai caractère. […] Il y a, dans la pièce, plusieurs vers que tout le monde a retenus, tels que celui-ci : V. 3.

517. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

— Je trouve cela plus curieux que la pièce même ! […] — Ça se soutient, la pièce ? […] Préface et pièce, je viens de relire tout. […] Jouvin se trompait ; la pièce a été conçue, exécutée, lue et représentée avec le même dénouement. […] Jouvin, c’est ce qui s’est passé à la répétition générale de la pièce.

518. (1887) Essais sur l’école romantique

Ce n’est pas la plus belle pièce de M.  […] La pièce adressée à MM.  […] Car pourquoi signent-ils leurs pièces avant la première représentation ? […] Toutes les autres pièces ont été réimprimées. […] Le sujet de la pièce était : les Avantages de l’étude.

519. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Ainsi, il proclame hardiment cet homme de mérite mort à trente-deux ans, et qui n’avait été promu qu’à des charges locales et aux dignités de son quartier, il le proclame le plus grand homme, à son avis, de tout le siècle : il a connu, dit-il, bien des hommes qui ont de belles parties diverses, l’un l’esprit, l’autre le cœur, tel la conscience, tel autre la parole, celui-ci une science, celui-là une autre ; « mais de grand homme en général et ayant tant de belles pièces ensemble, ou une en tel degré d’excellence qu’on le doive admirer ou le comparer à ceux que nous honorons du temps passé, ma fortune ne m’en a fait voir nul40 ; et le plus grand que j’aie connu au vif, je dis des parties naturelles de l’âme, et le mieux né, c’était Étienne de La Boétie. […] On a trois pièces de vers latins que La Boétie adresse à Montaigne. […] On aura pu remarquer d’ailleurs, en lisant cette pièce, à quel point La Boétie, quand il l’écrivait, devait être revenu de ses idées de La Servitude volontaire. […] Les deux autres pièces en vers latins qu’il adresse à Montaigne sont pour l’exhorter et l’affermir dans son effort vers la vertu. […] Tout son soin, dans l’amitié, est de n’en point flétrir en lui l’image par des vices ; mais c’est moins de lui-même à cet égard qu’il s’inquiète que de son ami ; car, lui, il se considère comme moins propre aux grandes perfections, et moins sujet par là même aux grandes maladies morales : « Pour toi, au contraire, dit-il à Montaigne, il y a plus à combattre, toi, notre ami, que nous savons propre également aux vices et aux vertus d’éclat. » Toute la pièce d’où ceci est tiré a pour but de montrer les inconvénients du libertinage et du plaisir.

520. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Aujourd’hui tout cela n’existe plus ou vient se briser contre les faits, les pièces authentiques, les papiers d’État qui sortent tôt ou tard de leur poussière. […] Gachard, ce savant et modeste archiviste de Bruxelles, qui s’est borné longtemps à publier des pièces capitales, fondement de l’histoire, et qui n’a lui-même abordé qu’assez tard ces fonctions et ce ministère d’historien dont il est si digne. […] En égard à son âge de dix-sept ans75, il s’entend très-bien aux choses du monde, et quoique les Espagnols, qui ont coutume d’exagérer leurs faits et de s’émerveiller de tout, exaltent quelques questions qu’il adresse indistinctement à tous ceux qui l’approchent, d’autres, avec plus de fondement peut-être, tirent de l’inopportunité de ces questions un argument peu favorable a son intelligence. » Voilà la triste vérité que notre bon compagnon et compatriote Brantôme vient confirmer et relever de sa manière gaillarde et piquante, ne fut-ce que par ce seul petit trait : « Moi, étant en Espagne, il me fut fait un conte de lui, que son cordonnier lui ayant fait une paire de bottes très mal faites, il les fit mettre en petites pièces et fricasser comme tripes de bœuf, et les lui fit manger toutes devant lui, en sa chambre, de cette façon. » Quand un prince de dix-neuf ans en est là, il me semble qu’il est jugé à jamais et que son avenir est écrit plus clairement que dans les astres. […] En même temps le roi faisait clouer les fenêtres de sa chambre, enlever toutes les armes et pièces de fer, y compris les chenets. […] A l’intérêt que le roman et le théâtre avaient jeté sur l’infortuné don Carlos, à cet amour partagé qui aurait fait deux victimes, à cet enthousiasme de philosophie et de liberté dont le prince espagnol aurait été le complice et le martyr, est substitué, d’après des pièces authentiques, le récit d’une longue démence et d’une maladie terminée par la mort.

521. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre premier »

La langue, jusque-là un peu monotone et lourde, se mouvant tout d’une pièce, comme un chevalier sous son armure, se dégage, s’articule, devient libre et variée, comme une conversation entre personnes d’humeurs très-diverses, mais qui toutes se ressemblent par le don d’exprimer leurs pensées avec esprit. […] Dans les quelques pièces de Marot, d’où l’on a tiré le roman de ses amours avec Marguerite, celle-ci serait désignée sous le nom d’Anne. […] De son exil il adresse à la reine de Navarre, en réponse à quelque envoi de vers, cette pièce touchante que lui inspirent les chagrins domestiques de Renée de France : Car en mon cueur, si secours on luy nie, Veu la façon comment on la manye, Diray qu’elle est de la France bannye Autant que moy, Qui suis iey en angoisseux esmay, En attendant secours promis de toy Par tes beaulx vers, que je me ramentoy Avecques gloire ; Et bien soulvent part moy ne puis croire Que ta main noble ait eu de moy memoire, Jusqu’à daigner m’estre consolatoire Par tes escriptz. […] Aussi, à l’exception de quelques vers d’un style élevé perdus dans des pièces bizarres, partout où il s’inspire de la Réforme, il est sec et prosaïque. Dans la pièce d’où sont tirés les vers qui précèdent Christine la Bergerette, c’est la primitive Église ; Simonne, c’est l’Église romaine.

522. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

Augier est toujours le poète qui, dans Gabrielle, a raillé la rêverie, la mélancolie, l’idéal, et qui, dans la même pièce, s’est moqué de la lune par-devant notaire. […] Les pièces ont leurs fortunes comme les livres. […] Le héros du livre, séduit un moment par la fortune, revenait bien vite demander à la pauvreté ses inspirations et ses rêves ; il se pervertit dans la pièce ; il s’endurcit, il se déshonore ; et vous allez voir dans quels excès et dans quelles ignominies vraiment incroyables il va s’enfoncer. […] Arrache les fibres de ton cœur et les cordes de ta lyre… Et le misérable y consent ; bien plus, il chasse, avec le bâton ignare de Gorgibus, les musiciens que ce brave Spiegel, qui jouissait d’avance de sa surprise, avait engagés pour jouer sa symphonie, et il enlève des mains de son ami cette partition, chef-d’œuvre de sa pauvreté et de sa jeunesse, et il la déchire en mille pièces, et il piétine sur les lambeaux. […] Il en résulte bien des tiraillements, des détonations et des discordances ; mais, en somme, la pièce marche, elle arrive, elle se retrempe, après avoir langui, pendant deux actes inutiles, dans une dernière scène pleine d’émotion et de chaleur, et ce dénouement achève le succès que le premier acte avait commencé.

523. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

Ayant perdu son oncle, elle hésitait entre Rouen et Paris ; mais son frère, qui prenait rang alors parmi les auteurs dramatiques et dont les pièces réussissaient à l’hôtel de Bourgogne, la décida à venir s’établir dans la capitale. […] Le roman de d’Urfé, les lettres de Balzac, le grand succès des pièces de théâtre, de celles de Corneille et des autres auteurs en vogue, la protection un peu pédantesque, mais réelle et efficace, du cardinal de Richelieu, la fondation de l’Académie française, toutes ces causes avaient développé une grande curiosité, surtout chez les femmes, qui sentaient que le moment pour elles de mettre la société à leur niveau était venu. […] Il y en a pourtant qui s’en sont plaintes… Une de celles qui s’en plaignirent était l’une des femmes les plus spirituelles du temps, et qui disait le plus de ces bons mots qui emportent la pièce et qui sont restés. […] Ce dernier, qui désola et supplanta Conrart, devint, comme on sait, l’amoureux en titre de Mlle de Scudéry, son adorateur platonique, et il l’a célébrée en vingt pièces galantes sous le nom de Sapho. […] Cousin y a réussi sans peine, mais comme on n’avait pas eu l’idée ni la patience de le vérifier à ce degré avant lui, on s’assure que Mlle de Scudéry qui faisait flèche de tout bois, avait reçu de l’hôtel de Condé des documents que, moyennant un déguisement léger, elle introduisit au long dans son livre ; la bataille de Rocroi, celle de Lens, le siège de Dunkerque sous le nom de siège de Cumes, y sont décrits avec toutes leurs particularités ; elle imprima ses notes et pièces toutes vives : cela flattait les Condés, et cela lui épargnait à elle-même des frais d’invention, cela faisait de la copie pour l’imprimeur, sorte de considération qu’il ne faut jamais oublier quand on parle de Mlle de Scudéry.

524. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXI » pp. 237-241

Il a débité, indépendamment de ses autres poëmes, une pièce de vers sur la circonstance : Un prêtre sans église, qui a électrisé l’auditoire. […] Il avait récité la veille cette pièce au banquet des évêques, avant de la dire à la séance publique.

525. (1874) Premiers lundis. Tome II « Revue littéraire »

On sent dans toute cette ballade des traces certaines, énergiques ou gracieuses, d’une antique rédaction : il faut lire la pièce en entier. […] Dans une dernière pièce, intitulée les Bluets, il compare ses vers à cette simple fleur, qui suffit à la bergère : De même il en advient pour tes vers, ô poète !

526. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Je souhaiterais pour Marivaux que, des trente-trois ou trente-quatre pièces qu’il fit jouer, le temps en eût discrètement détruit… j’ose dire bravement une vingtaine. […] Et Marivaux fait toujours la même pièce ? […] Si j’avais destiné ma pièce au théâtre, les comédiens la joueraient sans ce retranchement. […] Telle toile de Poussin lui-même est ordonnée, répartie, distribuée comme une pièce littéraire, comme un sermon de Bourdaloue, par exemple, ou de Massillon. […] Là-dessus, n’allez pas croire que ce soient toutes pièces d’actualité, comme nous disons.

527. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Des menus événements d’une vie sans éclat imprévu, d’une pièce à faire représenter, d’un roman à écrire, du rôle de châtelaine de Nohant à remplir. […] Beaucoup n’ont écrit que des pièces d’anthologie, mais d’exquises, comme celle-ci que je cite au hasard de mes souvenirs et qui est signée du nom de M.  […] Il a un brave cœur tout d’une pièce et un esprit en morceaux, comme un morceau de verre tombé par terre. […] Il n’en va pas ainsi lorsqu’il s’agit d’une pièce de théâtre, à tout le moins d’une pièce composée en vue de la scène. […] Ecrire une pièce de théâtre, c’est donc établir comme une moyenne des opinions du public pour lequel on l’écrit.

528. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

Pour moi, une pièce qui me paraît touchante de forme et de sentiment est celle que M.Luzel a consacrée à la mémoire de Brizeux, l’amoureux de Marie, le barde qui s’est écrié en l’un de ses meilleurs chants, voulant exprimer d’un mot sa terre natale : Ô terre de granit, recouverte de chênes ! […] Valéry Vernier, avec ses Filles de minuit : une pièce de ce dernier, Vingt ans tous les deux, serait assurément connue et célèbre, si par impossible on la supposait transmise de l’Antiquité et retrouvée à la fin de quelque manuscrit de l’Anthologie ; on y verrait une sorte de pendant et de contrepartie de l’Oaristys. — J’aurais certainement pu, si je les avais reçus à temps, joindre les Printemps du Cœur de M.  […] Luzel rappelle une jolie pièce de M.  […] Ils n’ont fait autre chose qu’imiter en vers français ou bretons la jolie pièce, leRuisseau, du poëte suédois Runeberg, qu’on peut lire traduite par M. 

529. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — II »

Un de nos amis les plus chers, qui, pour être romantique, à ce qu’on dit, n’en garde pas moins à Racine un respect profond et un sincère amour, a essayé de retracer l’état intérieur de cette belle âme dans une pièce de vers qu’il ne nous est pas permis de louer, mais que nous insérons ici comme achevant de mettre en lumière notre point de vue critique. […] Les derniers sentiments exprimés dans cette pièce ne furent point étrangers à l’âme de Racine. […] Par exemple, l’Avare est moins mal écrit que les pièces qui sont en vers : il est vrai que la versification françoise l’a gêné ; il est vrai même qu’il a mieux réussi pour les vers dans l’Amphitryon, où il a pris la liberté de faire des vers irréguliers. […] Lope de Vega eut aussi une fille, et la plus chérie, qui se fit religieuse ; il composa sur cette prise de voile une pièce de vers fort touchante, où il décrit avec beaucoup d’exaltation les alternatives de ses émotions de père et de ses joies comme chrétien (Fauriel ; Vie de Lope de Vega).

530. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

En 1848, à la fatale journée du 15 mars, où le peuple fit invasion dans l’Assemblée constituante et la dispersa par un acte de démence, j’y rentrai avec un bataillon de gardes mobiles et nous dispersâmes les séditieux, maîtres du palais de la Chambre ; je haranguai les députés au son d’un tambour, et je montai à cheval pour marcher contre l’Hôtel de ville, occupé par six cents hommes et six pièces de canon braquées sur nous. […] Le duc, pour ne pas perdre l’habitude féodale de ses ancêtres, s’y fit apporter un sac de monnaie par le concierge, et jeta une poignée de pièces d’argent à quelques mendiants qui nous avaient suivis, et qui étaient entrés avec la voiture dans la cour ; puis nous passâmes dans les appartements : c’était une suite de pièces décousues, composées de salle des gardes, de salle à manger, de salons, de chambres de lit ouvrant sur le penchant de la montagne récemment plantée en jardins pittoresques. […] IV Une autre aile du château était occupée par une chapelle vaste, décorée, desservie par des aumôniers, et dont on sentait que le duc faisait ou comptait faire la pièce principale de son palais.

531. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Qu’est-ce qu’un classique ? » pp. 38-55

C’est un homme à part ; ses pièces touchent au tragique, et personne n’a le courage de chercher à les imiter. Son Avare, où le vice détruit toute affection entre le père et le fils, est une œuvre des plus sublimes, et dramatique au plus haut degré… Dans une pièce de théâtre, chacune des actions doit être importante en elle-même, et tendre vers une action plus grande encore. […] L’exposition dans telle pièce de Lessing qu’on pourrait citer est fort belle : mais celle du Tartuffe n’est qu’une fois dans le monde. C’est en ce genre ce qu’il y a de plus grand… Chaque année je lis une pièce de Molière, comme de temps en temps je contemple quelque gravure d’après les grands maîtres italiens.

532. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

Il y a quelques années, un Russe de distinction, le prince Alexandre Labanoff, s’est mis à rechercher avec un zèle incomparable, dans les archives, dans les collections et les bibliothèques de l’Europe, toutes les pièces émanant de Marie Stuart, les plus importantes comme les moindres de ses lettres, pour les réunir et en faire un corps d’histoire, et à la fois un reliquaire authentique, ne doutant pas que l’intérêt, un intérêt sérieux et tendre, ne jaillît plus puissant du sein de la vérité même. […] Mignet fit paraître, de 1847 à 1850, dans le Journal des savants, une série d’articles où, non content d’apprécier les documents produits, il introduisait pour sa part de nouvelles pièces jusque-là inédites, et apportait de nouvelles lumières. […] Ceux-ci ont consigné leurs regrets dans maintes pièces de vers qui nous peignent au vif Marie Stuart à cette heure décisive, la première heure vraiment douloureuse de sa vie. […] Le crime eut de l’écho par-delà les mers : L’Hôpital, ce représentant de la conscience humaine en un siècle affreux, apprit, dans la retraite de sa maison des champs, l’égarement de celle dont il avait célébré le premier mariage et la grâce première ; il consacra son indignation par une nouvelle pièce de vers latins, dans laquelle il raconte les horreurs de cette nuit funèbre, et ne craint pas de désigner l’épouse et la jeune mère, meurtrière, hélas !

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