Voyant que le beau naïf ne leur fait ni mal ni injure, elles rient de leur peur et passent de la gaieté à la coquetterie. […] Il sent comme un fer chaud à son cœur ; c’est la blessure d’Amfortas qui le brûle lui aussi ; il a compris son mal. Les flèches du désir qui l’ont traversé lui révèlent instantanément la profondeur du mal dont souffre le roi déchu du Graal. […] Ce fragile Saint-GraaI, toujours menacé de destruction ; cette théologie matérielle du sang où manque le sentiment de la haute spiritualité ; ce rédempteur paralysé par la faute de ses représentants terrestres nous laisse sous une impression morbide mal dissimulée par la pompe du spectacle. […] Avec des éléments jusque là mal ou non assemblés, Wagner a constitué un organisme artistique nouveau, le drame musical.
À ces maux l’on trouva le remède que voici : le prince fut déposé et remplacé par un autre prince. […] Il n’y a pas grand mal à cela, disent certaines gens. […] Et le reliquaire des divinités protectrices du palais d’été, — qui l’ont si mal protégé ! […] La toilette des femmes est, du reste, le moindre symptôme du mal que je signale. […] Il est non seulement certain que la privation de liberté n’est pas un mal égal pour tous les hommes, mais encore que la détention de tel homme peut être un fort grand mal pour beaucoup d’autres gens qui ne sont ni coupables ni même accusés.
Lorry, il est si au fait de tous nos maux, que l’on dirait qu’il a lui-même accouché. » Ce mot familièrement spirituel n’est pas, comme bien l’on pense, dans le discours de Vicq d’Azyr : celui-ci, en effet, observe les tons, respecte les nuances, fait entendre ce qu’il ne dit pas, et, répondant aux détracteurs de M. […] On dit volontiers du mal de la rhétorique, et à moi-même cela a pu m’arriver quelquefois : pourtant dans ces genres officiels et où la cérémonie entre pour quelque chose, dans ces sujets que l’on ne choisit pas et que l’on ne va point chercher par goût, mais qui sont échus par le sort et imposés avec les devoirs d’une charge, il y a un art, une méthode et des procédés de composition qui soutiennent et qui ne sont nullement à dédaigner ; si on peut les dénoncer et les blâmer par instants en les voyant trop paraître, on souffre encore plus lorsqu’ils sont absents et qu’au lieu d’un orateur on n’a plus devant soi qu’un narrateur inégal, à la merci de son sujet, avec tous les hasards de la superfluité ou de la sécheresse. […] Lorry, une description des maux de nerfs et vapeurs : ce sont là des ressources et des secours qui naissent du fonds, et qu’il appartient ensuite au narrateur habile de bien disposer et de mettre en valeur.
On ne trouva pas son mérite digne de sa réputation : son premier discours, qui était contre les libertins, et qu’il avait, dit M. de Meaux, assez mal amené à l’évangile du jour, parut faible : on loua sa piété et sa modestie, sa voix douce, son geste réglé, jusqu’à lui accorder, contre l’avis de quelques-uns, la grâce de l’élocution : on trouva de la politesse dans son discours, des termes choisis et de l’onction : il fut très bien écouté, et le roi et la Cour en furent édifiés. […] Bossuet, à qui l’on dissimula le plus longtemps possible la nature de son mal, et qui tâchait de se le dissimuler à lui-même, ne fut pas à l’épreuve de ce premier effroi, quand il n’eut plus moyen de douter : la fièvre avec un léger trouble de tête l’agita durant les jours et les nuits qui suivirent. […] Toute sa fin est du plus humble et du plus fervent chrétien, et s’il y mêle jusqu’au bout des retours et des prises d’armes du docteur et du gardien viligant des dogmes, il a aussi, quand il est réduit à lui seul et en présence de son mal, la foi simple et comme naïve du centenier de l’Évangile, et on peut le dire à l’honneur du grand évêque, il a la foi du charbonnier.
La vie ne paraît qu’un instant auprès de l’éternité, et la félicité humaine, un songe ; et, s’il faut parler franchement, ce n’est pas seulement contre la mort qu’on peut tirer des forces de la foi ; elle nous est d’un grand secours dans toutes les misères humaines ; il n’y a point de disgrâces qu’elle n’adoucisse, point de larmes qu’elle n’essuie, point de pertes qu’elle ne répare ; elle console du mépris, de la pauvreté, de l’infortune, du défaut de santé, qui est la plus rude affliction que puissent éprouver les hommes, et il n’en est aucun de si humilié, de si abandonné, qui, dans son désespoir et son abattement, ne trouve en elle de l’appui, des espérances, du courage : mais cette même foi, qui est la consolation de misérables, est le supplice des heureux ; c’est elle qui empoisonne leurs plaisirs, qui trouble leur félicité présente, qui leur donne des regrets sur le passé, et des craintes sur l’avenir ; c’est elle, enfin, qui tyrannise leurs passions, et qui veut leur interdire les deux sources d’où la nature fait couler nos biens et nos maux, l’amour-propre et la volupté, c’est-à-dire tous les plaisirs des sens, et toutes les joies du cœur… Vauvenargues avait vingt-quatre ans quand il écrivait ces lignes. […] Dieu m’a donné, pour mon supplice, une vanité sans bornes et une hauteur ridicule par rapport à ma fortune ; mais je ne suis pas assez sot pour la placer aussi mal. […] C’est à des hommes plus heureux que moi qu’il appartient de craindre le ridicule ; pour moi, je suis accoutumé, depuis longtemps, à des maux beaucoup plus sensibles.
Ce n’est pas seulement dans l’exercice du pouvoir politique, c’est dans toutes les affaires de la vie qu’il faut accepter la lutte du bien contre le mal. […] Je suis donc au pouvoir, comme vous y seriez, faisant le bien, empêchant le mal, avec toutes les ressources que me fournissent les circonstances ou mes facultés. […] Cela produit un singulier effet de se promener ainsi tranquillement au milieu des débris de tant d’agitations ; de rencontrer, à chaque pas, des maux prévus qui ne sont pas survenus, des biens espérés qui ne se sont pas réalisés, et, pour comble de misères, la trace de préoccupations violentes à propos de faits qui ne sont pas indiqués et dont la mémoire même ne reproduit rien.
L’entretien s’animant à ce sujet, et continuant de parler de cette sorte de chanson et de son influence électrique sur les nations à certaines heures, Gœthe disait qu’il fallait pour cela qu’une nation n’eût qu’une tête et qu’un cœur et, à un moment donné, qu’une seule voix : « Mais, ajoutait-il, une poésie politique n’est aussi que l’œuvre d’une certaine situation momentanée qui passe et qui ôte à la poésie la valeur même qu’elle lui a donnée. » Il reconnaissait qu’il y avait seize ans, même dans cette Allemagne si divisée, mais unie alors dans un sentiment commun contre l’étranger, un poëte politique aurait pu exercer aussi son influence sur le pays tout entier, et il ajoutait : « Mais ce poëte était inutile : le mal universel et le sentiment général de honte avaient, comme un démon, saisi la nation ; le feu de l’inspiration qui aurait pu enflammer le poëte brûlait déjà partout de lui-même. […] Mais pour moi, qui ne suis pas une nature guerrière, qui n’ai aucun goût pour la guerre, les chants guerriers n’auraient été qu’un masque qui se serait fort mal appliqué sur mon visage. […] Mais si, par hasard, j’ai nommé le bon mauvais, j’ai fait un grand mal. — Celui qui veut exercer une influence utile ne doit jamais rien insulter ; qu’il ne s’inquiète pas de ce qui est absurde, et que toute son activité soit consacrée à faire naître des biens nouveaux.
Il a failli sans doute, puisqu’il n’est pas permis de commettre le mal, même en vue du bien ; mais au moins ses fautes eurent-elles des motifs élevés. […] Fouché, on le sait, quand le mal ne servait à rien, ne le faisait pas ; il était « bon diable », comme le disait de lui l’Empereur ; il aimait à rendre service par facilité de caractère, et aussi parce qu’on né sait jamais ce qui peut arriver. […] Le duc d’Otrante reconnut que, dans la branche du gouvernement qui lui était commise, la plus grande faute est de faire un mal qui n’est pas nécessaire à la sûreté de l’État ; et ce grand principe, appliqué dans toute son étendue sous un règne despotique, toutes les fois que la volonté absolue de l’Empereur, à laquelle il a souvent osé opposer de la résistance, n’est pas intervenue d’une manière directe, ce principe a rendu son administration bienfaisante pour la France et l’a fait chérir particulièrement des classes les plus exposées à la persécution. » N’oublions pas encore une fois que cela est écrit en 1814 et avant le rôle de Fouché en 1815, rôle que les honnêtes gens d’aucun parti ne sauraient, je pense, envisager sans dégoût.
Il va rendre compte, dans ses lettres à M. de Préfontaine, du mal et du mieux, de la guérison que d’abord on croyait complète et des rechutes, de tout ce dont il est le témoin. […] Mais déjà vers cette date, et un mois à peine écoulé depuis la cérémonie nuptiale, le mal, qui n’avait jamais entièrement cessé, se faisait de nouveau sentir. […] Son mal était si pressant que lui et sa famille me souhaitant auprès de lui par amitié, je fus privé jeudi passé de la consolation de vous écrire.
Celle des deux patries qu’il retrouvait devenait vite son exil ; le mal du pays en lui ne cessait pas. […] Le temps me ramène à vos pieds ; J’ai revu le ciel de la France, Et tous mes maux sont oubliés. […] Un mal étrange le commande ; rien ne le retient ; ses amis ont beau s’opposer à un voyage que sa santé délabrée ne permet plus : il part pour Nantes, et y expire le 26 janvier 93, le jour même fixé pour son embarquement.
C’est, selon nous, bien mal le comprendre et tirer trop de parti d’un trait avant tout spirituel. […] Lemontey a cherché grande malice dans quelques mots d’elle sur l’abbé de Chaulieu, lorsqu’elle le va voir en sortant de la Bastille, et qu’elle le trouve si différent de ce qu’il était par le passé : « Il étoit déjà fort mal, dit-elle, de la maladie dont il mourut trois semaines après. […] Je vois les maux , dit-elle, et je ne les sens plus .
Il représente dans toute sa force le mal que peut faire un mauvais ordre social à un esprit énergique ; il se rencontre plus souvent en Allemagne que partout ailleurs. […] Goethe voulait peindre un être souffrant par toutes les affections d’une âme tendre et fière ; il voulait peindre ce mélange de maux, qui seul peut conduire un homme au dernier degré du désespoir. […] C’est quelquefois aussi par un désir mal entendu de plaire aux femmes, que les Allemands veulent unir ensemble le sérieux et la frivolité.
Il n’est point de passion qui doive plus entraîner à tous les crimes par cela même, que celui qui l’éprouve est enivré de meilleure foi ; et que le but de cette passion n’étant pas personnel à l’individu qui s’y livre, il croit se dévouer, en faisant le mal, conserve le sentiment de la vertu, en commettant les plus grands crimes, et n’éprouve ni les craintes, ni les remords inséparables des passions égoïstes, des passions qui sont coupables aux yeux de celui même qui s’y abandonne. […] Si l’on s’était convaincu d’un principe simple, c’est que les hommes n’ont pas le droit de faire le mal pour arriver au bien, nous n’aurions pas vus tant de victimes humaines immolées sur l’autel même des vertus. Mais depuis que ces transactions ont existés entre le présent et l’avenir, entre le sacrifice de la génération actuelle et les dons à faire à la génération future, il n’y a point eu de bornes qu’un nouveau degré de passion ne se crut en droit de franchir ; et souvent des hommes, enclins au crime, croyant s’enivrer des exemples de Brutus, de Manlius, de Pison, ont proscrit la vertu, parce que de grands hommes avaient immolé le crime ; ont assassiné ceux qu’ils haïssaient, parce que les Romains savaient sacrifier ce qu’ils avaient de plus cher ; ont massacré de faibles ennemis, parce que des âmes généreuses avaient attaqué leurs adversaires dans la puissance, et ne prenant du patriotisme que les sentiments féroces qu’il a pu produire dans quelques époques, n’ont eu de grandeur que dans le mal, et ne se sont fiés qu’à l’énergie du crime.
L’homme était devenu mal abordable et sans intérêt. […] Confrères, mal frères de moi, leur criait-il. […] Comme nous disons : « 1857, l’année de Bovary, des Fleurs du Mal, des Poésies barbares, de Fanny », on dira seulement, mais c’est quelque chose : « 1893, l’année des Trophées », et dans un tiers de siècle, j’espère, les nouveaux me permettront de mentir un peu sur ce 1893 et sur cette apparition des Trophées, avec la grâce délicate que les jeunes gens ont tant raison de garder au bon chroniqueur devenu mûr et qui se souvient tout haut.
Mal lui en prit, une décision de l’Index désapprouve le livre et le condamne au pilon. […] Tous deux s’exaltaient, surtout, à la lecture de Baudelaire et nous touchons ici la puissance d’envoûtement de l’auteur des Fleurs du Mal sur les jeunes imaginations. […] Il ambitionnait de montrer au monde, afin de lui en inspirer l’horreur et de l’en délivrer à jamais, le fantôme du mal dans son épouvantable nudité.
Baudelaire, en composant ses Fleurs du mal, a rempli son livre de parfums étranges, artificiels, raffinés, capiteux ; et les réalistes de tous les temps, attirés vers ce qu’il y a de plus grossier et de plus animal dans l’homme, par conséquent vers les sensations réputées les moins nobles, parce qu’elles intéressent moins l’intelligence, ont été particulièrement préoccupés des saveurs et des odeurs. […] Mais cette prétention est elle-même une intention curieuse à relever ; puis elle est loin d’être toujours justifiée ; et il suffit parfois de bien regarder pour découvrir dans ces peintures soi-disant impersonnelles un parti pris, un esprit de système, par conséquent une tendance assez mal dissimulée. […] Mais quand même il y aurait des ouvrages vraiment indifférents entre le bien et le mal, ils sont à coup sûr peu nombreux et cela n’empêche nullement qu’il n’y en ait une foule d’autres qui inclinent et veulent incliner les esprits dans une direction facile à reconnaître.
Elle est créole de Saint-Domingue ; orpheline, élevée avec les filles de la Légion d’honneur, mariée à dix-sept ans de son plein gré à un vieillard, savant illustre, qui n’est pour elle et ne veut être qu’un père (elle insiste très nettement sur ce point), Julie est atteinte d’un mal singulier qui la consume, et qui lui interdit, même au prix d’une faiblesse, de donner ni de recevoir le bonheur. […] Avec un mari qui n’est pour elle qu’un père, et qui, dans sa philosophie indulgente, lui permettrait beaucoup, avec des opinions et des doctrines positives comme celles qu’elle s’est formées, on est réduit à reconnaître que Julie ne peut être protégée dans ses longs tête-à-tête avec son jeune ami (et elle en convient) que par son mal même et par la singularité de sa nature. […] On a beaucoup dit de mal de Rousseau et de ses Confessions, tout en les goûtant.
ce moment indécis, qui chez Ève ne dura point et qui tourna mal, recommença souvent et se prolongea en mille retours dans la jeunesse brillante et parfois imprudente dont nous parlons ; mais toujours il fut contenu à temps et dominé par un sentiment plus fort, par je ne sais quelle secrète vertu. […] Elle courut rejoindre, au Théâtre-Français, Mme Bacciochi, qui était avec sa sœur Pauline, laquelle était tout occupée du casque de Lafon : « Mais voyez, disait-elle, comme ce casque est mal mis, comme il est de côté ! […] Elle ne croyait pas au mal.
Je ferai toutefois remarquer qu’il n’était nullement probable que Lauzun agît pour le compte de la cabale Choiseul, avec qui il était assez mal de tout temps ; mais les alentours de la reine avaient eu intérêt à le présenter sous ce jour pour le perdre définitivement. […] Au moment où elle sortait du Temple pour être transférée à la Conciergerie, elle se frappa la tête au guichet, n’ayant point songé à se baisser ; on lui demanda si elle s’était fait du mal : « Oh ! non, dit-elle ; rien à présent ne peut me faire du mal. » Mais chaque heure de son agonie a été notée, et ce n’est pas à nous à le redire.
En effet, il reconnaît que, « les plus primordiales expressions de la peine semblent n’être qu’autant d’efforts pour échapper à la cause de cette peine ; elles contiennent au moins le dessein aveugle d’échapper à un mal défini50. » N’est-ce pas là une description du mouvement appétitif, non pas seulement expressif ? […] De là une association établie dans la mémoire entre le mal et le remède. Les mouvements sont moins nombreux et diffus quand le mal reparaît ; le mouvement seul efficace devient plus distinct et est trié par sélection.
Le père de notre Horace François, parlant un jour de ses enfans, dit de Nicolas : que c’étoit un bon garçon, qui ne diroit jamais mal de personne . […] Une dame disoit : Il y a tant d’amour-propre dans tout ce qu’il a écrit, que cela fait mal au cœur. […] Ils cherchèrent à se venger ; l’un fit contre lui des couplets infâmes, & l’autre un sonnet où l’on disoit de Boileau : S’il n’eut mal parlé de personne, On n’eut jamais parlé de lui.
A mesure qu’on monte, on lit les meilleurs auteurs, on compose, on apprend les éléments de la versification latine, on fait de la prose et des vers dans cette langue, tant bien que mal ; on étudie le grec. […] L’étude du droit public du saint Empire et des lois qui ont fait subsister ce corps, tant bien que mal, jusqu’à ce jour, fait aussi une grande partie de l’occupation de la jeunesse ; et c’est cette chaire, suivant qu’elle est bien ou mal remplie, qui décide en partie de la réputation de l’université.
Combien, dit Tertullien dans son traité contre les spectacles, un pantomime est-il obligé de souffrir de maux dans son corps, afin qu’il puisse devenir un comédien ? […] Monsieur Calliachy Candiot, mort vers l’année 1708, professeur en belles lettres dans l’université de Padoüe, prétend que l’art des pantomimes fut plus ancien qu’Auguste, mais il prouve mal son opinion. […] On peut ajouter à cela ce que dit Gallien dans ses pronostics : qu’ayant été appellé pour voir une femme de condition attaquée d’une maladie extraordinaire, il découvrit par les altérations qui survinrent dans la malade quand on parla d’un certain pantomime devant elle, que son mal venoit uniquement de la passion qu’elle avoit conçûë pour lui, et des efforts qu’elle faisoit pour la cacher.
C’est un grand malheur sans doute que des esprits inquiets, des génies turbulents, aient introduit la discussion dans de certaines matières ; mais le mal est fait. […] Tant de maux étaient inévitables : ils sortaient de la force même de la situation. […] Cette pensée magnanime fut mal interprétée par les uns, ne fut pas comprise par les autres ; et nous eûmes le 20 mars, terrible rechute qui faillit coûter la vie au corps social.
Et c’est pourtant Henry qui doit mal tourner. […] Même alors je conçois mal que l’intérêt qu’on peut prendre aille jusqu’à l’émotion et jusqu’aux larmes. […] Léon Bloy l’est avec rage, comme un Père Duchêne encore plus en colère et plus mal embouché. […] Il y a des biens et des maux qui échappent aux négociations et ne seront jamais cotés en Bourse. […] Il se soumet pourtant, avec une rage mal contenue.
Flaubert se fût plus d’une fois voulu mal d’avoir débuté par Madame Bovary. […] Les souffrances d’une femme mal mariée, qu’y a t-il là qui ressemble si peu « aux gens que l’on coudoie dans les rues » ? […] Le mal n’est pas bien grand, dira-t-on. […] le roman d’observation et d’expérimentation, si l’on tient à ce mot mal appliqué ? […] Le mal se manifeste d’une façon tout à fait naturelle.
Les conquistadores reçurent pas mal de horions. […] Après quoi, saturés de poussière et fous de vanité, ils se répandent chez les gargotiers d’alentour, afin qu’on les regarde manger une entrecôte mal cuite et des pommes mal soufflées. […] En attendant, elle prodigue pas mal de menue monnaie à son cotillonneur préféré. […] Mais il n’est pas mal, après tout, ce salon. […] , on s’en moque pas mal !
Jamais peut-être on n’a plus mal écrit en vers, d’un style à la fois plus emphatique et plus plat. […] Car la méthode est infaillible, et si l’ancienne ignorance ne provenait que de ne l’avoir pas connue, l’erreur ne procédera désormais que de l’avoir mal appliquée. […] Mais ce serait mal entendre et mal poser la question. […] Est-ce peut-être les maux dont le fanatisme a été la cause dans l’histoire ? […] Sa volonté éternelle est que le bien soit préféré au mal, et le bien général au bien particulier.
Je ne puis m’arrêter devant la Tête de jeune homme, par Raphaël, sans m’attendrir pour ce charmant adolescent, qui rêve à l’entrée de la vie, dont il ignore encore les biens et les maux, et qui semble se recueillir avant l’action. […] Racine, la reçoit comme un aveu, de la conscience même de ces hommes chez qui le mal est mêlé de bien, au-dessous du nombre infiniment petit des héros, au-dessus de cette foule sans nom, qui se conduit par l’imitation, et à qui n’appartiennent ni ses vertus ni ses vices. […] Son dessein étant de montrer sur la scène les effets de la passion, et plutôt le mal qu’on se fait en y cédant que la gloire de la résistance, il dut choisir, parmi tous les cœurs sujets à ses ravages, celui où la passion est toute la vie morale, le cœur d’une femme. […] Le manque d’exactitude dans le costume ne touche que les savants ; des caractères mal développés ou incomplets, des personnages qui ne diraient pas tout ce qu’ils doivent sentir, des passions à demi exprimées, des sentiments sans nuances, choqueraient, dans un parterre moderne, tout ce qui a du cœur et de la raison. […] Il y a même un Burrhus : c’est un honnête commis placé par la mère auprès du fils, et qui prend l’intérêt de Néron plus que ne veut Agrippine. » Je fus fâché d’avoir admiré Racine si mal à propos ; mais je retins cette preuve en action de la vérité pratique de ses tragédies.
… Oui, le mal éternel est dans sa plénitude ! […] Les phrases mal faites, disait Flaubert, ne résistent pas à l’épreuve de la lecture à haute voix : « elles oppressent la poitrine, gênent les battements du cœur, et se trouvent ainsi en dehors des conditions de la vie. » Flaubert fondait donc la théorie du rythme et de la cadence sur les sympathies du physique et du moral. […] Si la nature a bien ou mal fait de briser le moule dans lequel elle m’a jeté, c’est ce dont on ne peut juger qu’après m’avoir lu. […] J’ai dit le bien et le mal avec la même franchise. […] C’est mal comprendre cette évolution que d’écrire délibérément en prose poétique, si on entend par là une prose ornementée et à la recherche des images, comme celle de Chateaubriand dans ses mauvaises pages.
C’est mal conclure. […] Il compose admirablement les œuvres d’art et très mal les œuvres de logique. […] Le bien est toujours mêlé de mal. L’extrême bien fait mal. […] Il a des idées poétiques qui aboutissent mal ; il en a qui n’aboutissent pas.
Cette notion du Bien et du Mal, d’où nous vient-elle ? […] Encore si on pouvait augmenter la somme du bien, diminuer celle du mal ! […] Qu’il y ait en effet beaucoup de mal dans le monde, et beaucoup plus de mal que de bien, tous en conviennent. […] Ils sont les auteurs de nos maux. […] Fait-elle mal ou si elle fait bien ?
Et il est bien vrai qu’on prenait en ce temps-là le mieux né, mais nous avons préféré depuis lors le plus mal élevé. […] Seulement, ils savaient ce que Massillon oublie si souvent, qu’il est inutile ou même dangereux de déclamer d’une manière abstraite et générale contre les maux inséparables de l’humaine nature ; et que tout ce qu’on peut faire, c’est d’inspirer aux hommes pris chacun à part, pour ainsi dire, les vertus qui peuvent corriger la gravité, adoucir la cruauté, diminuer l’étendue de ces maux. […] Ainsi vous voyez combien on vous a mal informé en vous disant que ce n’était point M. le chancelier, mais moi, qui avais le ministère de la littérature. […] Le mal présent rappelle le mal passé. […] « Monsieur, lui écrivait le malheureux critique, si vous saviez tout le mal que Voltaire m’a fait, tout ce qu’il a voulu me faire !
Le Demi-Monde, cette chose longtemps douteuse, équivoque mal définie, et qui a maintenant un nom, cette province aux frontière vagues et dont la géographie est comme fixée pour le moment, est-ce là un sujet qui prête à une leçon morale vivement donnée ? […] À cela il a été répondu, moins comme contradiction directe à ce que ces éloges avaient, liitérairement, de mérité, que comme correctif et au point de vue où la commission avait à juger l’ouvrage, qu’il ne paraissait point du tout certain que la peinture fidèle de ce vilain monde fût d’un effet moral aussi assuré ; que le personnage même le plus odieux de la pièce avait encore bien du charme ; que le personnage même le plus honnête, et qui fait le rôle de réparateur, était bien mêlé aux autres et en tenait encore pour la conduite et pour le ton ; que le goût du spectateur n’est pas toujours sain, que la curiosité est parfois singulière dans ses caprices, qu’on aime quelquefois à vérifier le mal qu’on vient de voir si spirituellement retracé et si vivant ; que, dans les ouvrages déjà anciens, ces sortes de peintures refroidies n’ont sans doute aucun inconvénient, et que ce n’est plus qu’un tableau de mœurs, mais que l’image très vive et très à nu, et en même temps si amusante, des vices contemporains, court risque de toucher autrement qu’il ne faudrait, et qu’il en peut sortir une contagion subtile, si un large courant de verve purifiante et saine ne circule à côté.
Camille, on le savait déjà, c’est Mme de Bonneuil, « belle et spirituelle personne dont la fille épousa depuis Regnault de Saint-Jean-d’Angely. » Au lieu d’une Daphné, inventée par M. de Latouche qui avait mal lu ou voulu mal lire le chiffre à demi mystérieux, Dr., il faut lire d’Arcy ; l’honneur d’avoir deviné le tendre hiéroglyphe revient à M.
Balzac avoit mal parlé de leur littérature. […] Mais, à cette heure qu’il y en a pour le moins une petite bibliothèque, je suis presque bien aise qu’elle se grossisse, & prends plaisir à faire un mont-joie des pierres que l’envie m’a jettées sans me faire mal. » Si cet écrivain n’eût toujours refusé de se battre en règle, cette querelle eut été bien plus terrible.
Y a-t-il plus de bien que de maux dans la vie ? Sommes-nous plus malheureux par le mal, qu’heureux par le bien ?
Qui nous peut déterminer à croire que ces mêmes spectacles auroient deplû, si des acteurs excellens, et que nous eussions été déja dans l’habitude de voir joüer avec un masque, avoient bien executé la partie de la gesticulation qu’une marionnette ne pouvoit qu’executer mal ? […] Le mal ne fit qu’aller en augmentant.
Voilà pourquoi ils s’entr’accusent si souvent les uns les autres de reciter sur des tons vitieux, et principalement de finir mal leur couplet, de maniere qu’ils mettent à la gêne, disent-ils, celui qui doit prendre la parole immediatement après eux. […] Le bon acteur qui sent l’esprit de ce qu’il chante, presse ou bien rallentit à propos quelques notes, il emprunte de l’une pour prêter à l’autre, il fait sortir de même ou bien il retient sa voix, il appuïe sur certains endroits, enfin il fait plusieurs choses propres à donner plus d’expression et plus d’agrément à son chant qu’un acteur mediocre ne fait pas ou qu’il fait mal à propos.
D’un autre côté, la Critique pourrait admettre encore que si Alexandre Dumas fils n’avait pas cette puissance de détails qu’ont les grands inventeurs dans l’ordre du roman comme Balzac, il était bien capable — lui qui passe pour l’esprit le plus dramatique de notre temps quand il s’agit de mettre en œuvre une idée quelconque, lui qui fait de l’arrangement d’un drame une espèce de création, lui, enfin, l’orthopédiste dramatique qui redresse les enfants mal venus, mal bâtis, bossus ou bancroches, et qui dernièrement a failli faire de ce talent-là une industrie, — de tailler quelque chose de grand, de profond et de nouveau, dans l’idée commune de son roman que lui ont soufflée ses habitudes de théâtre, et de se rattraper de son impuissance radicale de romancier sur son habileté de grand poète dramatique, puisqu’on dit qu’il l’est ?
Ce n’est plus, enfin, l’observation du spleenétique Graindorge — ce Stendhal qui a mal au foie — sur la société parisienne. […] On appelle communément les bavards des langues bien pendues, c’est-à-dire qui remuent beaucoup et vite ; mais ici, c’est une langue mal pendue, car elle se remue aussi lourdement que la vieille machine de Marly.
Il est évident, pour qui lit son volume intitulé : Chansons et Poésies, qu’il aurait pu, s’il s’était écoulé avec attention et se fût religieusement conservé lui-même, briller parmi les affectés et les décadents de son époque, comme un talent aussi primitif et aussi naïf qu’il est loisible de l’être à cette male heure d’une civilisation décrépite. […] Pierre Dupont est un socialiste éclairé qui croit que le mal périra sur la terre et que l’ivraie parmi le blé disparaîtra comme tous les abus.
Paul Meurice n’est pas dépourvu de talent, — et je dirai tout à l’heure le talent qu’il a, — mais entre son adoration génuflexoire pour Hugo et sa collaboration avec madame Sand, son talent est assez mal placé pour produire un grand effet et pour qu’on lui rende une justice entière. […] Ainsi, pour conclure, tout a tourné à mal dans ce roman, sous le dégât de cette ridicule théorie qui le précède.
Il n’est point sanguinaire mal à propos. […] Mais il a raisonné sa mélancolie et réduit le mal du siècle en syllogismes. […] Il a connu son mal et il l’a aimé. […] Ils se récitent l’Évangile pour s’encourager à mal faire. […] Le mal est l’unique raison d’être du bien.
Eh bien, quoique étant de moi, ça ne me paraît pas mal jugé. […] Le mal ne date pas d’hier ; il est de tradition au Théâtre-Français. […] Il a un procès qui bâte mal, et il s’aigrit. […] Nous ne voyons plus que le Don Quichotte mal en point, geignant et criant, fou grotesque ayant tenté l’impossible. […] (La scène n’est pas mal faite du tout.)
Ils n’ont pas su voir la détresse physique et morale du pauvre géant, sans cesse hanté par la terreur du redoutable mal comitial. […] La patrie, c’est eux tous, et en se faisant du mal les uns aux autres, c’est à elle qu’ils en font. […] » Le mal est le plus fort. […] Leur stock s’épuiserait à mesure et se reconstituerait mal. […] Tiendrions-nous là un remède efficace au mal de centralisation dont nous nous plaignons ?
Ajax mal propre aux délibérations, ne respire que les combats. […] S’il décrit les blessures, c’est, selon la portée de son tems, avec une précision anatomique qui refroidit l’imagination, et qui interrompt mal à propos l’intérêt qu’on prenoit à la suite des combats. […] Est-il croyable que dans une mêlée, deux soldats transformés mal à propos en orateurs, puissent achever si tranquillement leurs discours ? […] Je n’ai garde de confondre avec ces discours mal placés ceux que les chefs adressent à leurs troupes, pour les encourager. […] Enfin, les discours les plus mal placés de tous, sont ceux que les hommes adressent à leurs chevaux.
Le Plafond d’Homère est un beau tableau qui plafonne mal. […] — Le plaisir est de voir représenté sous toutes ses formes le sentiment le plus important de la nature, — et la colère, de le trouver souvent si mal imité ou si sottement calomnié. […] 3° c’est mal peint, mais c’est une composition singulière et qui ne manque pas de charme ; 4° ce n’est pas aussi mal peint qu’on le croirait d’abord ; 5° revoyons donc ce tableau ; 6° souvenir durable. […] Qui trop embrasse mal étreint. […] Que les Français ont d’esprit et qu’ils se donnent de mal pour se tromper !
Je suis pourtant revenu (non sans mal) du coup affreux que m’a porté Saint Antoine. […] Cet homme qui n’a jamais fait de mal à personne est, du même fonds, le type de l’imbécile. […] Valmont est un amant méchant et faux, mais il fait figure d’amant ; c’est, comme Néron, un artiste du mal. […] » Elle est tout de même venue, et pas mal venue. […] C’est mal tomber.