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693. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

À coup sûr, Voltaire le savait par cœur et Beaumarchais l’avait beaucoup lu. […] Nous avons beaucoup lu Henri Heine dans ses vers et dans sa prose. […] Lisons les vers et respectons les secrets de l’âme. » Nous ne déchirerons pas le voile, et cela avec d’autant plus de raison, que nous n’avons recueilli, comme M.  […] » Lisez, dans les vers sur la naissance d’un prince, l’apostrophe à la nation pour la désintéresser de tout ce qui n’est pas jouissance matérielle. […] Je veux, quand on m’a lu, qu’on puisse me relire.

694. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

Gustave, au plus fort de son délire amoureux, écrit sur son journal : « J’ai avec moi quelques auteurs favoris ; j’ai les odes de Klopstock, Gray, Racine ; je lis peu, mais ils me font rêver au delà de la vie… » Remarquez Gray, et surtout Racine, après Klopstock ; cela se tempère. […] Pas une œuvre d’elles qu’on puisse lire autrement que par curiosité, pour savoir les modes de la sensibilité de nos mères. […] Quand j’ai lu ces mots qui n’ont rien de frappant : « Que de fois j’enviais ceux qui travaillaient à la sueur de leur front, ajoutaient un labeur à l’autre et se couchaient à la fin de tous ces jours sans savoir que l’homme porte en lui une mine qu’il doit exploiter ! […] On peut lire quelques détails sur le séjour de Mme de Krüdner dans le grand duché de Bade, pages 5 et suiv. de l’Éclaircissement qui précède le tome X de l’Histoire de France sous Napoléon, par M. […] Sur un tout autre ton que le nôtre, mais sans malveillance et en pleine connaissance de cause, un cousin de Mme de Krüdner, le comte d’Allonville, lui a consacré un chapitre qui est à lire (au tome VI, page 292, des Mémoires secrets).

695. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

Mais, si la gloire a quelques inconvénients inséparables des retentissements souvent importuns qu’elle donne au nom du poète, alors on n’en veut plus, ou bien on n’en veut qu’à sa mesure, c’est-à-dire une gloire commode, silencieuse, intime, pour ainsi dire, chuchotée à l’oreille de quelques amis et qui fait dire au coin du feu de la famille : « Tenez, lisez, jugez, jouissez ; mais ne faites pas de bruit de peur d’éveiller l’enfant et la mère, et surtout de peur d’éveiller la jalousie des rivaux. […] Qu’il vous suffise de savoir que je n’ai pas dormi, et que j’ai lu jusqu’à quatre heures du matin, pour relire encore. » Le reste du billet était une prophétie de succès en termes brefs, mais si exagérés que je ne voudrais pas les transcrire ici. […] IX Je relus vingt fois le billet du prince de Talleyrand, et je dis à la jeune fille qui attendait, en me regardant lire et relire, toute rouge de l’émotion qu’elle lisait de même sur mon visage sans le comprendre : « Viens que je t’embrasse, ma petite Lucy ! […] Les beaux vers qu’on va lire ne me font donc aucune vanité en ce qui me touche ; quiconque se juge est incapable de se glorifier. […] Lisez cet inventaire prosaïque, et pourtant poétique, de ma tour de travail : Tout dort dans le château plein d’ombre et de silence.

696. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Quand on les lira, personne ne saura plus que vous avez existé, vous et votre clientèle. […] Les vieilles filles poitrinaires ont le droit de faire des vers lamartiniens que nous restons libres de ne point lire. […] Quelquefois Trolliet s’excuse de tant d’esprit et de tant de grâce : « Je ne voudrais pas fonder une appréciation sur un jeu de mots pourtant je ne peux lire les vers de Rivoire, sans qu’ils me donnent l’impression d’une rivière. » Un chapitre s’intitule : Le Bataillon des Symbolistes. […] Faguet a eu bien du mal à ne pas lire dans l’Esprit des lois quelques réclames pour la candidature Syveton. […] Dans une étude sur Henri de Bornier, il nous prouve qu’il n’a même pas su lire la liste des ouvrages de son auteur.

697. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Voilà ce qu’il était juste de dire à la décharge de la société et du pouvoir : ce qui n’empêche pas tout le reste d’être vrai et tous les détails douloureux qu’on va lire de subsister dans leur amère réalité. […] Elle s’était mise au latin et était arrivée à entendre les odes d’Horace ; elle lisait l’anglais et avait traduit en vers quelques pièces de William Cowper, notamment celle des Olney Hymns, qui commence ainsi : God moves in… ; une poésie qui rappelait les Cantiques de Racine et toute selon saint Paul. Elle lisait aussi Pascal, dont les Pensées occupaient fort en ces années la critique littéraire. […] Froussard, chef d’institution à Grenoble, chez qui son fils était en pension : « J’ai lu l’article littéraire que vous m’avez signalé. […] Claude Turpault, esprit très élevé, mathématique et philosophique : « Le 7 mai (1869)… Je tiens à vous dire avec quelle vive satisfaction j’ai lu, dans les articles de Sainte-Beuve sur Mme Desbordes-Valmore, la touchante lettre par elle à vous adresser qu’il y cite, et qu’il contresigne en quelque sorte : c’est un bien précieux témoignage, et vous l’avez mérité !

698. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

L’auteur n’a jamais fait réimprimer son premier écrit, auquel il ne rend peut-être pas toute la justice qui lui est due ; il en a repris depuis et rectifié plusieurs des idées principales dans le mémoire sur la Formation territoriale et politique de la France, lu à l’Académie des Sciences morales en 1838. […] Comme archiviste, il a été conduit à publier les pièces relatives à la Succession d’Espagne sous Louis XIV, et aussi le volume récent sur Antonio Perez ; comme membre et secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences morales et politiques, il a prononcé des éloges d’hommes d’État ou de philosophes, et lu des mémoires approfondis sur certaines questions de l’histoire civile ou religieuse. […] On jouit, grâce à M.Mignet, de lire dans ces intérieurs de conseils, de percer le secret des choses et d’en pouvoir raisonner. […] Le mémoire lu en 1839, sur la Conversion de la Germanie au Christianisme et à la Civilisation pendant les viiie et ixe  siècles, offre une des plus légitimes, des plus belles applications de la méthode scientifique, telle que l’esprit de l’auteur se plaît à la déployer et à la gouverner au sein des masses de l’histoire. […] voici du reste ma remarque de lecteur dans toute sa simplicité et sa sincérité : « Je suis pour le moment en plein Louis XIV, je lis les Négociations d’Espagne publiées par M.Mignet ; je vois de près l’ordinaire et le tous-les-jours de ce grand style que nous sommes accoutumés sans cesse à glorifier d’après quelques échantillons.

699. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre premier. De l’illusion » pp. 3-31

Par une conséquence forcée, des jugements affirmatifs suivent ces images ; selon leur espèce, nous croyons avoir devant nous tel ou tel objet, « un livre ouvert imprimé en fort petit texte et que nous lisons péniblement4 un hermaphrodite, un ragoût à la moutarde d’où s’exhale une odeur forte, tel tableau de Michel-Ange, un lion, une figure verte rhomboédrique », quantité de personnages et de paysages. […] Considérons en effet nos représentations ordinaires et la population habituelle de notre cerveau, nous nous figurons telle maison, telle rue, tel cabinet de travail, tel salon, telles figures humaines, tels sons, odeurs, saveurs, attouchements, efforts musculaires, et surtout tels et tels mots ; ces derniers lus, entendus, ou prononcés mentalement, sont les habitants les plus nombreux d’une tête pensante. […] Examinons tour à tour les mots et les images qui composent nos pensées ordinaires. — À l’état normal, nous pensons tout bas par des mots mentalement entendus ou lus ou prononcés, et ce qui est en nous, c’est l’image de tels sons, de telles lettres ou de telles sensations musculaires et tactiles du gosier, de la langue et des lèvres. — Or il suffit que ces images, surtout les premières, viennent à s’exagérer, pour que le malade ait des hallucinations de l’ouïe et croie entendre des voix. — « Au milieu de ma fièvre, dit Mme C…8, j’aperçus une araignée, qui, au moyen de son fil, s’élançait du plafond sur mon lit. […] Baillarger, que d’entendre les malades se plaindre que les interlocuteurs invisibles leur racontent une foule de choses qui les concernent… Comment, pour me servir de l’expression d’une malade, peut-on lire dans leur vie comme dans un livre ?  […] Un autre avait lu, peu de temps avant de tomber malade, la relation d’un voyage dans l’Himalaya ; et c’est sur ce sujet que roulait principalement son délire. » — Les circonstances12 les plus effacées de nos premières années, les incidents les moins remarqués et les plus insignifiants de notre vie ressuscitent parfois avec cette hypertrophie monstrueuse.

700. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

Mais il n’est pas même sûr que ce découpage de Darès le Phrygien et de Benoît de Sainte-More ait jamais été joué, et qu’il y ait là autre chose qu’un roman dialogué destiné au divertissement des lettrés qui lisaient. […] Lue bouffonnerie féroce se joue du pauvre corps humain. […] On pourra, si l’on veut, lire dans les ouvrages spéciaux les analyses ou les textes de l’Assomption, de Mundus, Caro, Daemonia, de Bien advisé et Mal advisé, des Enfants de maintenant, de la Condamnation de Banquet, et autres moralités mystiques, morales, pédagogiques, qui sont toutes également traitées en lourdes allégories. […] Picot, la plus agréable à lire. […] Il y a bien quelques exceptions : parmi les pièces assez nombreuses qui font la satire des gens de guerre, tout le monde a lu ce délicieux Franc Archer de Bagnolet, qui figure toujours dans les œuvres de Villon, et que nul aujourd’hui ne lui attribue.

701. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre III. Montaigne »

Il avait l’esprit vif : dégagé des soucis pratiques et des affaires, il lut, il regarda les hommes, il se regarda lui-même, réfléchissant, conférant, ratiocinant, habile à extraire d’un fait une idée ; il fit ainsi la revue de toutes ses opinions, préjugés, croyances, connaissances, et ce faisant, il fit le tour des idées de son siècle. […] Il faut avoir lu Montaigne pour savoir jusqu’à quel point le manque de composition lui est essentiel : Montesquieu même n’en approche pas. […] De vives images, d’imprévues alliances de mots, voilà tout le secret du charme de Montaigne : je n’en cite pas d’exemples ; qu’on ouvre les Essais à n’importe quelle page, et qu’on lise. […] Nous y trouvons d’abord toute sa personne physique et morale, naïvement, complaisamment étalée, non point dessinée en pied par de nets contours : la manière de Montaigne, c’est, si je puis (lire, le pointillé, un amas de petits traits, qui s’harmonisent à distance en une forme souple, palpitante de vie. […] Qu’on lise les dernières pages des Essais : ce n’est pas la profession de loi d’un sceptique : « J’aime la vie, et la cultive, telle qu’il a plu à Dieu nous l’octroyer.

702. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Songeons, pour en comprendre l’effet, qu’elles s’adressaient à des gens qui n’avaient lu qu’Anquetil et Velly : de sèches, froides et décolorées annales, où rien ne parlait à l’imagination. […] Le vaudeville même fit une consommation inouïe de personnages historiques, et les pièces anecdotiques ou plaisantes atteignirent, parfois dépassèrent l’extravagante fantaisie du drame romantique ; qui veut s’en assurer lira les comédies de Mme Ancelot. […] Le Shakespeare de Guizot et le Schiller de Barante (cf. p. 932, n. 2) ; lu Notice de Guizot sur Shakespeare. […] (Dittmer et Cavé),les Soirées de Neuilly, esquisses dramatiques et historiques, par M. de Fongeray, in-8 (lire Malet ou une conspiration sons l’empire). […] Scènes contemporaines et scènes historiques, par le vic. de Chamilly (lire Le 18 brumaire).

703. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

1° Quand nous lisons, la parole intérieure et les idées qu’elle éveille paraissent d’ordinaire contemporaines ; si quelque intervalle les sépare, il est inappréciable ; la parole intérieure est immédiatement comprise. Les choses se passent ainsi ordinairement, parce que, ordinairement, ou nous lisons un texte facile à entendre, ou nous relisons un texte difficile qui nous est devenu familier. Mais si, au lieu de lire ou de relire, nous traduisons, nous déchiffrons, si nous nous attachons à comprendre un texte ou subtil ou profond, et nouveau pour nous, ou bien un texte écrit dans une langue étrangère, alors les mots paraissent devancer les idées ; nous nous trouvons dans la situation de l’homme qui écoute la parole d’autrui ; nous écoutons notre parole intérieure, nous la comprenons ensuite si nous pouvons ; le mot appelle la pensée ; l’idée suit et interprète le mot. […] Il est donc vraisemblable que, si aujourd’hui nous comprenons immédiatement et sans effort, c’est que nous profitons de nos efforts passés : le mot et l’idée ont été peu à peu rapprochés par l’habitude, et l’intervalle est devenu si faible qu’il est maintenant inappréciable à la conscience ; il reparaît seulement dans les cas exceptionnels où un effort d’intelligence est nécessaire pour interpréter ce que nous lisons ; mais nous sommes en droit d’induire qu’il n’est jamais absolument nul et que toujours l’idée succède au mot. […] S’agit-il, au contraire, d’un texte de notre langue maternelle, d’un texte français, par exemple, et non d’un texte ancien, que nous serions tentés de traduire en langage d’aujourd’hui, mais d’un texte contemporain, — s’il est facile à entendre, le sens immédiatement conçu sera définitif ; — s’il est difficile, pour le bien comprendre nous ne chercherons pas à le traduire : nous nous contenterons de relire après avoir lu et de relire après avoir relu ; le sens se déterminera, se précisera, se corrigera et s’enrichira peu à peu sans que l’expression varie ou s’accroisse par des commentaires.

704. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — II. (Fin.) » pp. 281-300

Lu aujourd’hui, Bourdaloue nous paraît avant tout fructueux : c’est le caractère principal qu’il eut aussi de son temps. […] Il avait de vastes connaissances, une érudition étendue et curieuse ; il lisait les Pères grecs en grec et les préférait aux Pères de l’Église latine. […] Un jour, par exemple, chez Mme de Coulanges, il se décida à lire à quelques élus, à trois ou quatre personnes en tout, un ouvrage qu’il avait composé : C’est un précis des Pères, écrit Mme de Coulanges, qu’on dit être la plus belle chose qui ait jamais été. Cet ouvrage ne verra jamais le jour, et ne sera lu que cette fois seulement de tout ce qui sera chez moi ; je suis la seule indigne de l’entendre ; c’est un secret que je vous confie au moins. […] Car La Bruyère, en parlant de Tréville d’une manière si serrée et si incisive, semble avoir quelque chose de particulier à venger sur lui : on dirait qu’il a appris que ce juge dégoûté des ouvrages de l’esprit a ouvert un jour une des premières éditions des Caractères et a jeté le livre après en avoir lu quelques pages, en disant : « N’est-ce que cela ? 

705. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

On ne s’attendait guère que Chapelle dût nous introduire dans ces considérations philosophiques et qu’on peut lire plus au long dans la lettre datée de Chiras : c’est lui pourtant qui, par ses questions à Bernier, les avait provoquées. […] À qui lira de près cet endroit du Voyage en regard de la satire de Boileau, il paraîtra même qu’il y a ici quelque avantage sur cette satire : outre le mérite d’être antérieur par la date et d’avoir indiqué le tour, c’est plus finement venu et moins composé. […] J’ai lu cette après-midi un article du voyageur Dampier, qui observe que, lorsque le soleil disparaît vers les trois heures après midi, et se cache derrière une bande de nuages fort élevés et fort épais, c’est signe d’une grande tempête. […] [NdA] On m’écrit (et ce sont deux officiers d’Afrique qui se souviennent d’Horace et qui lisent au bivouac) pour me rappeler certains traits du Voyage à Brindes, qui ne sont point précisément sérieux et graves, ni même élégants : mais je n’ai entendu parler que du sérieux dans les descriptions de la nature ou dans les indications des sites. […] Chapelle, qui a si peu écrit et dont l’opinion avait une telle autorité sur les plus grands hommes de son temps, me représente assez bien une classe d’esprits peu nombreuse parce qu’elle est très distinguée : c’est celle des hommes d’un goût singulièrement fin, délicat, difficile, qui ont tout lu, qui savent toutes choses, et qui décrivent rien ou presque rien, parce que la volupté du repos est bien grande et que le sentiment très vif de la perfection décourage de produire.

706. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

Oui, même en sortant de lire, hier encore, l’intéressant et lumineux rapport de M. de Rougé sur les antiquités égyptiennes et sur ces quelques noms de plus arrachés à l’oubli, je ne pouvais m’empêcher de me redire cette parole. […] Ses premiers maîtres furent insignifiants ; ce fut lui qui s’éleva lui-même ; à douze ans il apprenait le latin et le grec, concurremment, et presque sans maître ; à quinze, il résolut d’aller à Londres, d’y apprendre le français et l’italien, de manière à lire les auteurs. […] En même temps que les poètes, il lisait les meilleurs d’entre les critiques et se préparait à dire son mot après eux. Il eut de bonne heure du goût pour Homère et le lisait dans l’original ; après Virgile, c’était Stace entre les Latins qu’il aimait le mieux. […] Il le réveillait sans pitié, en sursaut, pour lui montrer et lui lire dare dare ce qu’il venait de produire tout chaud encore et tout fumant.

707. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

Et puis, quand on a lu, qu’on a été saisi, choqué, attiré, secoué et repris de mainte manière et par bien des fibres, il vient un moment où la rébellion cesse, où l’on rend les armes et où, tout rempli des qualités évidentes d’un auteur honnête, hardi, piquant, pittoresque, cordial et généreux, on se plaît à ajouter ce trait qui vient le dernier et qui manquerait à tout éloge de femme, s’il ne le couronnait pas : « Elle doit être vraiment aimable !  […] Entre les modernes, l’une a lu et préfère à tout Lamartine et, comme la vigne de l’Évangile « entourée de haies », à laquelle elle se compare, elle s’est gardée de la contagion des romans ravageurs et troublants. Elle craignait même de lire en sa nouveauté Notre-Dame de Paris. […] Comme on voit bien qu’elle n’a pas lu Vert-Vert, pas plus qu’elle n’a lu Béranger !

708. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

Il a lu, —  ce qui s’appelle lu, — les savants ouvrages des La Place et des La Grange, les mémoires des Clairaut, des d’Alembert, des Poinsot ; il y a ajouté peut-être sur quelques points, et il sait par cœur Voltaire et Alfred de Musset. […] Jeunes, la poésie nous ravit ; les Étoiles de Lamartine, ces fleurs du ciel dont le lis est jaloux , suffisent à peine à symboliser nos imaginations, nos visions d’amour et de tendresse : à l’âge où le sang se refroidit dans les veines, il est doux, d’une douceur sévère, de connaître par leurs noms, d’épeler quelques-uns des astres qui roulent sur nos têtes, de distinguer ceux qui errent véritablement de ceux qui sont fixes par rapport à nous, de s’orienter, de se démêler à travers les cercles brillants ou les traînées lumineuses, de soupçonner dans ces abîmes d’en haut, dans ces profondeurs étincelantes où nous sommes plongés, tout ce qui peut se produire à l’infini d’étranger à nous, de différent de nous ; de ramener nos passions, nos désirs, nos gloires à ce qu’elles sont, de se dire le peu qu’on est, mais de sentir aussi que ce peu a réfléchi un moment, la puissance créatrice universelle, éternelle, — l’infini presque ou du moins l’incommensurable et l’immense24. […] Trouessart n’est pas nommé, et il ne paraȋt même pas avoir été lu par l’auteur qui en a si bien profité : les pièces et documents qu’il avait eu le soin de réunir et qu’il avait mis le premier en circulation seraient, nous assure-t-on, arrivés à d’autres par voie indirecte et de seconde main : Sic vos non vobis… M.  […] Il faut lire aussi, de M. 

709. (1892) Boileau « Chapitre VI. La critique de Boileau (Fin). La querelle des anciens et des modernes » pp. 156-181

Aristote et Horace d’abord, et Quintilien et Longin, tous ceux qui, en grec ou en latin, avaient donné les règles de la poésie ou de l’art d’écrire : Boileau les avait lus, médités, s’en était nourri ; Quintilien et Longin l’avaient aidé à se former un idéal de style et d’élocution. […] Singulière idée, d’abord, quand on veut se faire lire des femmes, d’aller donner pour titre à son ouvrage : Réflexions critiques sur quelques passages du rhéteur Longin ! […] Nous entendons traiter Perrault d’ignorant à chaque page : nous lisons qu’il a commis, ici, « une grossière faute de français », là « une ineptie ridicule », là « cinq énormes bévues ». […] Rappelez-vous encore ce « Vous n’avez pas failli, Messieurs », que Boileau lisait dans son Démosthène, au fameux endroit du serment par les morts de Marathon. […] Lisez la Septième Réflexion sur Longin et la Lettre à Perrault, vous y verrez Boileau, pressé d’échapper à l’argumentation de Perrault, introduire dans sa doctrine une notion nouvelle et bien inattendue, celle du temps et du développement successif et continu des formes littéraires, et chercher s’il n’y a pas quelque explication rationnelle de la richesse des genres et de la beauté des œuvres, en dehors et à côté du génie individuel, imprévu, indéterminé, inexplicable.

710. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Émile Zola, l’Œuvre. »

« Angélique lisait souvent la Vie des saints, et les miracles la ravissaient, mais ne l’étonnaient point. […] Lisez le Rêve, et vous verrez que ce conte ingénu sue l’impureté (parfaitement !) […] C’est dans le cloaque Rougon que ce lis plonge ses racines et le mysticisme d’Angélique n’est qu’une forme accidentelle de la névrose Macquart. […] Il n’en est pas moins vrai que, malgré ses efforts, la préoccupation de la chair est peut-être, à qui sait lire, aussi sensible dans le Rêve que dans ses autres romans. […] Zola a lue tout exprès, il a versé, pêle-mêle, tout au travers du récit des irréelles amours de Félicien et d’Angélique, un Manuel du chasublier.

711. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

Avez-vous jamais lu la première édition d’Atala, la première édition même du Génie du christianisme ? […] J’ai pensé me casser le cou en voulant grimper sur une montagne… » Maintenant lisez dans les Mémoires le passage où il raconte ce pèlerinage à la fontaine : Pétrarque et Laure en ont tous les honneurs ; ce ne sont que citations de Pétrarque et hymnes à l’amant de Laure : « On entendait dans le lointain les sons du luth de Pétrarque ; une canzone solitaire, échappée de la tombe, continuait à charmer Vaucluse d’une immortelle mélancolie… » Le crime n’est pas bien grand, mais c’est ainsi que la littérature se met en lieu et place de la vérité première. […] Voici encore un jugement qui n’est pas de moi, mais que je dérobe à l’un des maîtres d’aujourd’hui : Je lis les Mémoires d’outre-tombe, et je m’impatiente de tant de grandes poses et de draperies. […] Je ne veux pas dire par là qu’il soit immoral, mais je n’y trouve pas cette bonne grosse moralité qu’on aime à lire même au bout d’une fable ou d’un conte de fées. […] Notez, encore une fois, que l’écrivain dont on vient de lire le jugement est un des plus puissants en talent et des plus célèbres de nos jours23.

712. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Je ne sais comment j’appris à lire ; je ne me souviens que de mes premières lectures et de leur effet sur moi… Ma mère avait laissé des romans ; nous nous mîmes à les lire après souper, mon père et moi. Il n’était question d’abord que de m’exercer à la lecture par des livres amusants ; mais bientôt l’intérêt devint si vif, que nous lisions tour à tour sans relâche, et passions les nuits à cette occupation. […] Nous lisions l’autre jour ensemble Mme de Caylus et ses Souvenirs : mais de quels souvenirs d’enfance nous parle-t-elle ? […] Voilà ce que ressentait à Annecy l’enfant de Genève en l’année 1734, pendant qu’on lisait à Paris Le Temple de Gnide.

713. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

Il la lui lisait aussi en manuscrit, et il ne tenait qu’à elle de croire qu’elle était, à peu de chose près, l’original de l’innocente bergère. […] Il faut lire Estelle à quatorze ans et demi. […] Même à Trianon, on trouvait que c’était là beaucoup trop de bergerie : « Quand je lis Numa, disait la reine Marie-Antoinette à M. de Besenval, il me semble que je mange de la soupe au lait. » M. de Thiard disait : « J’aime beaucoup les bergeries de M. de Florian, mais j’y voudrais un loup. » Mettant en épigramme le mot de M. de Thiard, le poète Le Brun disait : À l’auteur d’une fade et ennuyeuse Pastorale. […] On ne retrouve rien dans ses écrits de cette vivacité de ton qui lui faisait dire, au sujet de la place de gentilhomme qu’on sollicitait pour lui : « Il y a trop longtemps que je suis, laquais (c’est-à-dire page) pour vouloir devenir valet de chambre. » Car le doux Florian s’exprimait ainsi en causant ; on ne s’en douterait point à le lire. […] Lisez Le Songe d’un habitant du Mogol ; ce sera de même : la fable n’y est rien ; elle se rattache par un fil des plus légers à la réflexion, à la rêverie finale où s’égare le poète.

714. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

Un mot charmant qui exprime bien cette passion de d’Aguesseau pour les lettres, c’est ce qu’il dit un jour au savant Boivin avec qui il lisait je ne sais quel poème grec : « Hâtons-nous, s’écria-t-il ; si nous allions mourir avant d’avoir achevé !  […] Il vit beaucoup dans sa jeunesse Racine et Despréaux ; il mérita une place honorable dans les vers de ce dernier ; il donnait quelquefois au poète vieillissant, qui lui lisait ses vers, des conseils de prosateur un peu timide et auxquels Despréaux ne se rendait pas. […] Ainsi pour les sciences : « Un homme d’esprit, dit-il, veut tout lire et tout savoir ; il y goûte pendant longtemps un plaisir infini : mais après avoir bien lu, plus il a de lumières, plus il fait aussi de réflexions qui corrompent, pour ainsi dire, et qui empoisonnent pour lui toute la douceur de la science. » Et cet homme passe à un excès contraire, et il se met, de dépit, à condamner toutes les sciences en général, comme le misanthrope condamne tous les hommes. […] De la modération, du ménagement en toutes choses, une intelligence vaste et tempérée, un sincère et ingénu désir de conciliation, une mémoire prodigieuse, immense, une expression pure, élégante et soignée, cette politesse affectueuse qui naît d’un fonds d’honnêteté et de candeur, c’est ce que témoignent tous ses écrits, et ce qu’on lirait aussi, jusqu’à un certain point, dans les traits de son noble et beau visage, dans ce sourire discret, dans cet œil fin, bienveillant et doux, et jusque dans ces contours si ronds et sensiblement amollis, où rien n’accuse la vigueur.

715. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

Mais lorsque, plus tard, dans sa chaire du Lycée, ayant trouvé sa fonction et sa vraie place, il lisait avec physionomie, avec feu, ses leçons en général judicieuses et élégantes, on s’étonnait de sentir en lui le maître, on le reconnaissait et on l’applaudissait sans effort, sans révolte. […] Je dis cela de tous les ouvrages de La Harpe en vers, soit qu’ils s’intitulent Warwick ou Mélanie, soit même qu’ils aient, comme dans Philoctète, une intention de goût plus sévère, mais à laquelle la vraie simplicité savante a manqué ; soit que l’auteur se joue d’un air plus léger, et qui vise au gracieux, dans des poèmes tels que Tangu et Félime, genre de poésie dans lequel Voltaire est à la fois, chez nous, le seul maître et le seul supportable ; car on ne peut lire que lui. […] Il en indiquait les défauts, il en montrait les beautés toutefois, et remarquait que Voltaire, qui s’était essayé sur un sujet à peu près semblable dans Zulime était loin d’avoir réussi à égaler Racine : « C’est donc une terrible entreprise, concluait-il, que de refaire une pièce de Racine, même quand Racine n’a pas très bien fait. » Que La Harpe, lié comme il était à Voltaire par les liens d’une reconnaissance presque filiale ; à qui Voltaire écrivait : « Mes entrailles paternelles s’émeuvent de tendresse à chacun de vos succès » ; que La Harpe eût pu choisir un autre moment et une autre circonstance pour parler de Voltaire dans cette trêve de silence qui s’observait depuis sa mort, on le conçoit aisément : mais, quand on a lu le judicieux et innocent article dans le Mercure même, on a peine toutefois à comprendre la colère et l’indignation factices qu’il excita au sein de la coterie voltairienne. […] Je ne lui connais plus, à présent, qu’un seul ennemi, c’est le public en corps qui se réunit en ce seul point, et qui ne veut ni écouter ses apologies ni lire ses ouvrages. […] [NdA] Ceux qui prendront la peine de lire l’original de cette lettre à la Bibliothèque nayionale, trouveront ici un autre mot (pousse-c…) que j’ai remplacé par un équivalent.

716. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Elle a beaucoup écrit, et, en ce moment, je n’ai guère moins d’une quarantaine de volumes d’elle rangés sur ma table, romans, contes, comédies, esquisses de société, souvenirs de salons, et tout cela se fait lire, quelquefois avec un vif intérêt, toujours sans ennui. […] J’ai lu d’elle de très spirituels et très mordants couplets de cette époque, et qui emportaient la pièce, sur des ennuyeux et des ennuyeuses qui n’étaient pas de son monde : on ne les disait que portes closes. […] C’est censé écrit par une espèce de valet de chambre très instruit et très lettré, qui, au besoin, est homme à citer Horace en latin, Shakespeare en anglais, et à avoir lu Corinne. […] À celles-ci il faut des idées avant tout, des sentiments, je ne sais quoi de métaphysique et de raffiné ; elles ont lu les Méditations de Lamartine, et elles soupirent ; elles aiment l’esprit, et elles s’en vantent ; elles s’éprennent et se passionnent pour des orateurs ; elles sont femmes à se trouver mal si elles ont rencontré, sans être prévenues à l’avance, le grand poète de leur rêve. […] Qui a lu Le Moqueur amoureux (1830), Un mariage sous l’Empire (1832), La Duchesse de Châteauroux (1834), ne s’est aperçu en rien que ce ne fût pas à un auteur du moment, et du dernier moment, qu’il ait eu affaire.

717. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Prosper Mérimée »

, cet homme compliqué avait un cœur dont on ne se doutait pas, — disent les colleurs d’affiches de Michel Lévy et les critiques qui voient des cœurs dans les livres qu’ils ne lisent pas… Oui ! […] Je viens de lire ces Lettres qui tapagent, et, d’honneur ! […] Mais il veut à toute force qu’elle sache le grec et qu’elle lise Hérodote, pas moins ! […] C’est toujours le même Mérimée, mais, comme je l’ai déjà dit, il est ici tout son roman, il est ici tout son sujet à lui-même, et je le lis, pour cette raison, avec moins de plaisir que le Vase étrusque ou Carmen. […] Quand elles ont paru, on s’est jeté à ces lettres d’un caractère intime et qui semblaient promettre des révélations d’autant plus sûres qu’elles étaient posthumes… Mais, une fois lues, ces lettres sont tombées des mains stupéfaites et on ne les ramassera point !

718. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre X : M. Jouffroy psychologue »

L’homme ordinaire, apercevant un lis, ne voit qu’une grande fleur blanche dont le calice évasé contient des fils jaunâtres ; le botaniste distingue la corolle, les six pétales, l’ovaire, le style, le stigmate, les étamines, les anthères, le pollen, les divers changements et les divers rapports de toutes ces parties depuis leur naissance jusqu’à leur mort. […] Pour tout dire en un mot, il est le seul qu’on puisse lire après l’Esthétique de Hégel. […] Mais lisons-les en naturalistes, amateurs de faits ; voici ce que nous répondrons : « La sensibilité s’épanouit. » Nous n’entendons pas cela. […] Parfois les naturalistes lisent la description d’une plante dans un poète scolastique ; impossible de l’entendre. […] J’en savais autant avant de les lire.

719. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  second article  » pp. 342-358

Ce qui me paraît demeurer bien évident et sauter aux yeux quand ils lisent au naturel et sans les lunettes des systèmes, c’est que le sujet et le héros de l’Iliade, c’est Achille. […] Plutarque indique des précautions minutieuses pour faire lire les poëtes aux jeunes gens, et l’on sait les réserves de Platon. […] Un philosophe fameux de nos jours, et qui n’oubliait pas pourtant qu’il était né gentilhomme, se faisait réveiller tous les matins par son valet de chambre qui lui disait : « Monsieur le comte, vous avez de grandes choses à faire. » Pour qui lirait tous les matins une page de Thucydide ou d’Homère, cela serait dit mieux encore que par le valet de chambre, et d’une manière, j’imagine, plus persuasive. […] Après avoir lu, au réveil, une page de l’Iliade, on n’irait pas pour cela conquérir l’Asie ; mais il est de certaines pensées d’abord qui ne naîtraient pas, il en est d’autres qui viendraient et fructifieraient d’elles-mêmes.

720. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

J’ai sous les yeux la magnifique édition exécutée à Londres en 1792, avec les nombreux portraits gravés ; je vois défiler ces beautés diverses, l’escadron des filles d’honneur de la duchesse d’York et de la reine ; je relis le texte en regard, et je trouve que c’est encore l’écrivain avec sa plume qui est le plus peintre : Cette dame, dit-il d’une Mme de Wetenhall, était ce qu’on appelle proprement une beauté tout anglaise ; pétrie de lis et de roses, de neige et de lait quant aux couleurs ; faite de cire à l’égard des bras et des mains, de la gorge et des pieds ; mais tout cela sans âme et sans air. […] Je lis dans les Anecdotes littéraires de l’abbé de Voisenon, un mot sur Hamilton, qui aurait besoin d’éclaircissement : « Le comte de Caylus, qui le voyait souvent chez sa mère, dit cet abbé, m’a certifié plus d’une fois qu’il n’était point aimable. » Se peut-il qu’Hamilton n’ait point été aimable en société, et, malgré toutes les attestations du monde, le voudra-t-on croire ? […] [NdA] On peut lire un agréable article sur Hamilton au tome II de l’Histoire de la littérature française à l’étranger, par M.  […] [NdA] Pour l’explication du conte du Bélier, par exemple, il faut lire les Mémoires de Saint-Simon, t. 

721. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

Ceux-là ont voyagé, lu, médité, ils se sont fait une opinion personnelle. […] Rien n’est plus faux. » Lisez pendant une semaine le Standard, la Tribuna et le Berliner Tagblatt, vous trouverez plus d’une fois la preuve de ce que je dis là… Sur le point des relations avec l’étranger, ne croyez donc point les décourageurs. » C’est donc à l’intérieur uniquement que réside le mal. « Le péril est chez nous. […] Lire les textes étrangers, les traduire et les commenter, voilà ce qui importe au premier chef. […] Lire, c’est beaucoup, mais rien ne remplace la vision oculaire.

722. (1894) Études littéraires : seizième siècle

La plupart se lisent encore avec beaucoup de plaisir. […] On y pouvait rire, on y pouvait ne rien faire, on y pouvait même travailler, j’entends lire. […] Il lut. Il lut du latin, il lut du grec. […] Dieu n’a-t-il pas ordonné que ce signe lut engravé en notre chair ?

723. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les petites revues » pp. 48-62

La nouvelle série s’ouvre par un manifeste : la Décadence, où on lisait ceci : « Notre époque, fleurie de crimes habilement forfaicturés, de cabarets et de tavernes aux prétentions littéraires et aux vitraux peints, de prostitution étonnamment raffinée, de perversité cruelle et de blasement général, nous est l’image fidèle de l’ère des derniers Césars… Notre fin de dix-neuvième siècle, en notre Paris fait un peu de Rome, s’écartant de l’ornière creusée par le Roi-Soleil, dans les lettres, devait être taxée de Décadence. […] René Ghil, un chercheur persévérant, et quelques autres. » Au sommaire, je lis les noms de Léon Cladel, Édouard Dubus, Maurice de Faramond, René Ghil, Louis Le Cardonnel, Jean Lorrain, Stéphane Mallarmé, Victor Margueritte, Stuart Merrill, Paul Morisse, Rachilde, Jules Renard, Laurent Tailhade, Paul Verlaine. […] Jean Moréas et Paul Adam y publièrent le Thé chez Miranda où on lisait des truculences de ce genre : « C’est l’hiémale nuit et ses buées et leurs doux comas.

724. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Corneille, et le cardinal de Richelieu. » pp. 237-252

Tout Paris avoit lu cette brochure avant que Corneille sçût qu’on l’eût faite. […] De toutes les critiques, c’est peut-être la seule bonne & qu’on puisse lire avec fruit. […] Nous avons de Corneille l’Imitation de Jésus-Christ mise en vers ; traduction trop peu lue.

725. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « II »

Lisez ses volumes d’Epilogues. […] Je suis ravi que ma tentative fisse réfléchir mes adversaires ; pour moi, ce sont les auteurs classiques, lus pendant dix ans, qui m’ont fait réfléchir, et c’est pour cela que je crois avoir dit les seules choses qu’il y avait à dire et qu’on n’avait pas dites. […] Je suis ravi que ma tentative fisse réfléchir mes adversaires ; pour moi, ce sont les auteurs classiques, lus pendant dix ans, qui m’ont fait réfléchir, et c’est pour cela que je crois avoir dit les seules choses qu’il y avait à dire et qu’on n’avait pas dites.

726. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XIV »

Ceux qui nous font l’honneur de nous lire s’étonneront qu’on nous objecte comme arguments des constatations que nous avons pourtant faites en propres termes dans nos ouvrages. […] Brunetière n’a pas attendu notre dernier livre pour apprendre tout cela ; et n’eût-il lu que ce livre, le nombre de nos exemples et de nos citations eût suffi à lui faire constater l’unanimité des mêmes efforts, des mêmes procédés, des mêmes méthodes à travers les âges et les écoles. […] Pour s’excuser d’avoir cité des exemples de mauvais style, il demanda la permission de lire une page de prose, qu’il présentait comme un modèle, et qui est exquise, en effet.

727. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « De Cormenin (Timon) » pp. 179-190

I Je viens de lire ces deux volumes, y cherchant… ce qui n’y est pas, et j’en sors, comme on sort de la mer, avec des gouttes d’eau salée dans les yeux ; car c’est une mer de mots que ces deux volumes : des mots, des mots, des mots ! […] je n’avais pas lu Baruch ! […] Le pamphlétaire Cormenin serait donc menacé du sort du journaliste Carrel, qui a fait aussi son grand effet d’un jour, mais qu’à présent on ne lit plus et même qu’on a pas voulu lire ; car je ne crois pas que l’édition de Μ. 

728. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Lefèvre-Deumier »

, comme on disait après avoir lu Gall et s’être rasé les tempes pour faire une place plus grande à la couronne. […] Il avait lu et il connaissait bien les grands poètes anglais, qui sont certainement les plus grands poètes de la terre pour la profondeur de l’inspiration et la solennité de la rêverie. […] Qu’on lise par hasard, aux pandectes du ciel, Que, le temps étant mort, la voix de l’Éternel Doit, dans un coin obscur de l’obscure Judée, Traduire en jugement la terre décédée !

729. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « J.-J. Ampère ; A. Regnault ; Édouard Salvador »

Ampère, est un écrivain qui n’avait pas besoin, du reste, de s’en aller en Amérique pour en revenir avec un livre et se faire lire du public français. Il était lu sans cela. […] Après avoir lu J.

730. (1886) Le roman russe pp. -351

Quand on en est là, on l’invente de soi-même, sans avoir lu Schopenhauer. […] Ceux qui ont lu, dans la traduction de M.  […] Il ne faut pas le répéter trop haut, on pourrait être lu dans les collèges. […] On fit défense à Chamékof d’imprimer et de lire à haute voix ses vers, « sauf à sa mère ». […] En Russie, la petite élite d’en haut a atteint depuis longtemps et dépassé peut-être notre dilettantisme ; mais les classes inférieures commencent à lire, elles lisent avec fureur, avec foi et espérance, comme nous lisions le Robinson à douze ans.

731. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Écoutez cet homme subtil : Je me moque, en long et en large, de la plupart des choses que respectent mes contemporains, et ce dont ils se moquent, je le vénère… Quand je suis seul, je lis, je lis, je lis. […] Les jeunes filles pourront donc lire ça ? […] L’enfant meurt… Lisez le reste. […] Il fait bon lire, dans cette spacieuse « librairie ». […] Ils ont lu tout ce qu’on a écrit d’important sur l’objet de leurs études.

732. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Combien l’ont lu qui venaient de lire un poème de Baudelaire, et en lui demandant une même sorte d’excitation ? […] Ceux qui ne savent pas lire déchirent les livres. […] Emma et Frédéric ont lu des romans et des poètes. […] Notez qu’elle m’a avoué n’avoir pas lu ses livres. […] Il écrivit beaucoup et ne fut guère lu.

733. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXI » pp. 87-90

Comme correctif essentiel du feuilleton de Janin, il vous faut lire et consulter l’article de la Revue des Deux-Mondes du 1er août, signé P. […] Or, voilà que le 20 juillet, dans son Rapport lu à la séance publique de l’Académie, M.

734. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Barbey d’Aurevilly, Jules (1808-1889) »

Et vous reconnaîtrez tout de suite, dans celui qui parle, celui que vous aurez lu. […] — titre digne de ce hautain, indifférent et méprisant, — ce volume, dis-je, étonnera bien des lettrés, qui n’ont jamais lu les Premières poésies publiées à Caen, chez Hardel, par les soins de G. 

735. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 303-308

L’Auteur n’a point écrit, comme il l’annonce lui-même, pour repaître la vaine curiosité de ceux qui ne recherchent que des faits nouveaux & extraordinaires ; il s’est encore moins proposé d’amuser les Esprits oisifs, qui ne lisent que superficiellement ou pour se désennuyer. Il a écrit pour des Esprits solides, pour des Chrétiens jaloux de connoître leur Religion dans son origine, dans ses progrès, dans ses vrais caracteres ; pour les ames droites qui lisent dans la vûe d’acquérir des connoissances utiles & de devenir meilleures ; pour les hommes de toutes les conditions qui n’ont ni le loisir, ni la facilité, ni le talent de puiser dans les sources & d’en écarter ce que la prévention, l’ignorance & la superstition ont pu y mêler de faux, d’excessif & d’indigne de la divinité du dogme & de la sainteté du culte.

736. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 309-314

Quoique la force & l'élégance ne soient pas son caractere dominant, elle ne manque ni d'esprit, ni d'imagination ; elle est d'ailleurs quelquefois gaie, toujours honnête, & ne s'est attachée qu'à des sujets que tout Poëte peut traiter sans honte, & tout Lecteur lire sans remords. […] Je l'ai lu & relu avec un très-grand plaisir.

737. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Paul Nibelle »

Les Légendes de la Vallée se composent de trois nouvelles que nous conseillerons de lire, mais que nous n’analyserons pas, par la raison que plus les fleurs sont veloutées, moins il faut froisser leurs calices. […] Nous avons rarement lu quelque chose de plus froid, de plus exsangue, que ces récits dans lesquels traînent, au milieu de leurs roses éternelles, ces vieilles idées communes de bonheur tel que les Anciens le concevaient, et l’ennui, l’horrible ennui que ce bonheur, qui ne prenait pas le fond de l’âme, devait nécessairement engendrer !

738. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Il aimait, disait-il, à lire le Dictionnaire de la langue française. […] — Mais je n’ai pas d’éducation : à peine sais-je lire et mal ! […] Mais pouvons-nous lire ainsi ? […] Il lut les livres de ce Ruskin dont M.  […] Que lisez-vous à la première page ?

739. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Car les fragments trop courts qu’il a livrés au public donnent envie de lire le reste. […] On a pu lire ici plusieurs de ses poèmes si exquis et si charmants. […] Quels romans n’ont-elles pas lus ? […] Il a lu des réclames affichées dans des voitures électriques. […] Mais lisez ce récit au second volume d’Outre-Mer.

740. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Et dire que les critiques qui me liront critiqueront encore ma critique ! […] Il ne manque pas d’honnêtes gens qui n’ont pas vu ni lu, qui ne verront ni ne liront la comédie du jour et qui seraient pourtant bien aise d’en parler dans le monde. […] Je lui répondrai : « Lisez et voyez vous-même. » Je n’ajouterai qu’un mot. […] Brunetière ne peut admettre qu’avec difficulté que ces hommes exceptionnels aient eu rien de commun avec leurs contemporains : « Lire Fléchier, c’est lire ce qu’applaudissait la société précieuse ; lire Bossuet, c’est lire Bossuet. » Inclinez-vous, mais n’essayez pas d’expliquer. […] Vous avez bien lu.

741. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Malgré tout, lisez Rosny. […] Lisez ou relisez les Lettres de ma chaumière. […] L’auteur a lu Balzac ; il s’en souvient quelquefois. […] Dans un article de La Caravane du 10 novembre 1889, je lis sous la signature P.  […] On a lu de M. 

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