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775. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IV. Saisset »

Saisset, qui n’a jamais été une de ces supériorités qui ont, de génie, le droit de haute et basse justice sur les systèmes couverts du porte-respect des grands noms, M. 

776. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Francis Lacombe »

Il le juge en toute indépendance, et, selon nous, sa sévérité est justice : « Organe — dit-il — du droit commun vis-à-vis d’une société constituée par le monopole, M. 

777. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Barthélemy Saint-Hilaire »

mais comme on y sent l’historien tranquille et presque majestueux, avec ses fermes pondérations, sa balance, sa main de justice et ses diverses compétences, et comme on voudrait qu’il y fût encore davantage !

778. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Vte Maurice De Bonald »

Je n’en sais qu’une seule chose, c’est qu’il est juge quelque part et que, dans ce livre de juge, je reconnais l’impartialité et l’austérité de la justice.

779. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Henri Murger. Œuvres complètes. »

En France, les questions de sentiment, ce despotisme généreux, priment toutes les autres questions, mais, en fin de compte, doivent-elles primer la justice ?

780. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Auguste de Chatillon. À la Grand’Pinte ! »

qu’il y ait enfin une justice !

781. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pécontal. Volberg, poème. — Légendes et Ballades. »

Seulement notre critique, à nous, n’aurait-elle que deux minutes à vivre, elle ferait, pendant ces deux minutes, sa pauvre justice éphémère et rendrait hommage à un homme de talent méconnu, parce que dans le débordement de paganisme et de matérialisme universel, il est resté purement et incorruptiblement un spiritualiste et un chrétien.

782. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Corneille »

Et c’est particulièrement cette froideur dans la justice et jusque dans l’admiration qui m’étonne : M. 

783. (1884) Cours de philosophie fait au Lycée de Sens en 1883-1884

A. Notions préliminaires Leçon 1 Objet et méthode de la philosophie Qu’est ce que la philosophie ? Le mot est fréquemment employé. Par cela même, il donne une idée grossière, mais simple de ce qu’il signifie. Philosopher, c’est réfléchir sur un ensemble de faits pour en tirer des généralités.

784. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Ils écrivirent, ils cabalèrent, ils demandèrent justice à tous les tribunaux ecclésiastiques & séculiers. […] Elle parla beaucoup de sa générosité à remettre sa cause au jugement de ses ennemis, & du peu de justice qu’ils lui avoient rendu. […] Une justice pourtant qu’on doit rendre à ces religieux, c’est qu’ils ne mendient pas tous par besoin. […] Ses quatre facultés s’assemblent : elles présentent requête au parlement, & demandent justice de tous les attentats des jésuites. […] Alors, de peur de rien faire contre la religion & contre la plus exacte justice, sa sainteté ordonna des disputes réglées, où elle voulut assister.

785. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

Madame Récamier ne laissa jamais fléchir sa justice de femme sous ces théories de convention ; elle n’était point femme de parti ; elle n’aimait ni le napoléonisme, ni l’orléanisme : la Restauration, légitime par son antiquité et moderne par ses institutions, était le régime de son esprit tempéré et juste ; c’est à cause de cette conformité d’opinion qu’elle avait pour moi quelque préférence. […] — « Je pense, répondit-elle, qu’à l’exception de quelques couleurs trop chaudes dans certaines parties descriptives de ce vaste tableau d’histoire, c’est le livre le plus utile qui ait encore paru pour préparer le jugement dernier des choses et des hommes de la Révolution ; car c’est le livre où il y a le plus de justice pour les oppresseurs et le plus de pitié pour les victimes. » Et comme le groupe des hommes d’État debout auprès de la cheminée s’étonnait en affectant de s’indigner contre ce jugement de faveur sur ce livre, madame Récamier reprit la parole, seule contre ses amis, et me défendit avec une chaleur de discussion et une intrépidité d’amitié qui attestaient en elle autant d’impartialité que d’énergie dans le jugement. […] Et moi, comme un ouvrier levé avant le jour pour gagner le salaire quotidien de ceux qu’il doit nourrir de son travail, écrasé d’angoisses et d’humiliations par la justice ou par l’injustice de ma patrie, je cherche en vain quelqu’un qui veuille mettre un prix à mes dépouilles, et j’écris ceci avec ma sueur, non pour la gloire, mais pour le pain !

786. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

Rentré chez lui, il s’adresse au grand-duc ; mais toutes ses plaintes, toutes ses prières, toutes ses protestations sont vaines : Pierre-Léopold aimait la justice sommaire et ne rendait pas compte de ses actes. […] N’ayez pas peur que, sans un miracle évident, je n’aurais jamais le courage de vous le conseiller ; mais comme il est probable que le bon Dieu a permis ce qui vient d’arriver, pour vous émouvoir à la pratique d’une vie édifiante par laquelle la pureté de vos intentions et la justice de votre cause seront justifiées aux yeux de tout le monde, il peut se faire aussi que le Seigneur ait voulu, par le même moyen, opérer la conversion de mon frère. […] Ce ne fut pas toutefois sans des appréhensions très vives : on savait la fureur du comte, on connaissait la violence de son caractère, et il fallait bien avouer qu’il ne manquait pas de bonnes raisons en ce moment pour se faire justice à lui-même.

787. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

“J’avouerai, dit-il, pour l’amour de la justice, que le mari, le beau-frère et tous les prêtres de leur parti avaient bien les meilleures raisons pour ne pas approuver mes trop fréquentes visites dans cette maison, quoiqu’elles ne sortissent pas des bornes de l’honnêteté.” […] D’autres encore : Ce sont des nobles et des riches qui se sauvent, ramenons-les à l’hôtel de ville, et qu’on en fasse justice ! […] S’il n’y avait pas là courage, il y avait au moins justice.

788. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

Voilà tout le roman, ou plutôt c’est l’histoire ; une légende du bas peuple, pour lui apprendre à détester la guerre et à aimer la justice, la paix, le travail et l’honnête contentement. […] … Quatre jeunes femmes vont perdre leurs maris rien que dans notre village, et dix pauvres garçons vont tout abandonner, malgré père et mère, malgré la justice, malgré le bon Dieu, malgré la religion… n’est-ce pas abominable ?  […] J’entendais les sanglots déchirants de Catherine étendue à terre, et les malédictions de la tante Grédel, — ses cheveux gris défaits, — criant qu’il n’y avait plus de justice… qu’il vaudrait mieux pour les honnêtes gens n’être jamais venus au monde, puisque Dieu les abandonne !

789. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

Les principaux membres de ce sénat sont la Justice canonique, la Miséricorde, la Vérité, le Courage, la Charité, la Tempérance, et d’autres que j’omets. […] Je ne me défie pas moins de ces maîtresses sans per du xve  siècle que des Iris sans pareille du xviie , dont Boileau fit si bonne justice. […] De nouveaux larcins, dont il s’excuse sur la faim qui « fit une si rude guerre à son corps », le firent tomber de nouveau dans les mains de la justice.

790. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Heureusement justice a été faite par Montesquieu lui-même de ces froides violences contre Louis XIV, envers lequel il n’est resté que sévère, et de ses légèretés contre le christianisme que l’Esprit des lois a vengé des Lettres persanes. Justice a été faite des licences du roman par le bonheur qu’a eu Montesquieu de n’y pas réussir autant qu’il le voulait. […] Ses livres, autrefois fort lus, aujourd’hui négligés sans justice, en donnent comme un premier crayon très estimable.

791. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Ce n’est pas d’ailleurs au nom des opinions humaines que Bourdaloue condamne les riches, c’est au nom du maître commun des riches et des pauvres ; la misère de ceux-ci n’est jamais autorisée à se faire justice de l’avarice de ceux-là. […] La principale, c’était Fontenelle auquel il a grand’peine à pardonner la préférence ouverte ou secrète que tant de gens donnaient à son esprit sur « le sublime de M. de Meaux. » C’étaient ensuite les Lettres persanes dont « l’imagination » passait, dans le goût public, avant « la perfection » des Lettres provinciales, « où l’on est étonné », dit-il, « de voir ce que l’art a de plus profond avec toute la véhémence et toute la naïveté de la nature. » Toute la critique de Vauvenargues se résume en ceci : justice un peu froide pour son temps ; préférence de sentiment et de goût pour le dix-septième siècle. […] Cette justice nous paraît aujourd’hui facile ; elle ne l’était pas au temps de Vauvenargues.

792. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

« Un homme d’un vrai mérite, dit-il, est presque aussi rare dans un ministère qu’un sot à la tête d’un gouvernement républicain. » Et ailleurs : « Tout concourt à priver de justice et de raison un homme élevé pour commander aux autres. » S’agit-il des gouvernements en général, quelle qu’en soit la forme ? […] Procès n’est pas justice, et peut-être envers qui a tant souffert est-ce trop peu de n’être que juste. […] Mais autant l’indulgence pour sa personne est justice, autant la complaisance pour ses idées serait duperie.

793. (1890) L’avenir de la science « XVII » p. 357

Du reste cette réhabilitation d’outre-tombe n’est pas pour eux de vigoureuse justice ; car, comme ils sont presque toujours immoraux, ils ont trouvé leur récompense dans la satisfaction de leurs brutales passions. […] Mais quand tous seront sages, ou quand la raison publique sera assez forte pour faire justice des insensés, nulle restriction ne sera nécessaire. […] S’il y avait une classe légalement définissable de gens qui ne pussent faire ce discernement, il faudrait surveiller ce qu’on leur dit ; car la liberté n’est tolérable qu’avec le grand correctif du bon sens public, qui fait justice des erreurs.

794. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

Ils s’en iront à la Nouvelle-Calédonie, mais ils ont l’espoir de s’échapper et de revenir ; alors          . . . mort à toute la police, On les pendra, et ce sera justice, Car, pour les pègres, la vengeance avant tout305. […] La moralité, en outre, est une équivalence parfaite entre les passions, fort difficile à maintenir ; la justice dans les actions provient d’une justesse dans le tempérament : la vertu a la simplicité du diamant, qui désespère ceux qui tentent artificiellement de le reproduire. […] Enfin l’œuvre d’art la plus haute n’est pas faite pour exciter seulement en nous des sensations plus aiguës et plus intenses, mais des sentiments plus généreux et plus sociaux. « L’esthétique n’est qu’une justice supérieure », a dit Flaubert.

795. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Il habite un point donné de la création, et il s’en contente, y trouvant de quoi nourrir et gonfler son cœur de justice et de colère. […] Comme tous les hommes de progrès, il parle avec restriction de la loi écrite ; il lui préfère la grâce, de même que nous lui préférons la justice. […] Tous ceux auxquels se révélera la justice, tous les aveuglements désireux du jour, toutes les cataractes souhaitant guérir, tous les chercheurs de conviction, tous les grands aventuriers de la vertu, tous les serviteurs du bien en quête du vrai, iront de ce côté.

796. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

Minos, qui personnifie la justice divine, juge et châtie au cinquième chant les âmes coupables d’avoir cédé aux passions sensuelles. […] Ce divin commerce, cette touchante communauté, cette communion des vivants et des morts, cette violence faite à la clémente justice de Dieu par l’amour de ceux qui prient en faveur de ceux qui expient, cette parenté efficace enfin que la mort ne rompt pas entre les âmes de la terre et les âmes du Purgatoire, sont une des plus ravissantes conceptions de la poésie surnaturelle. […] déjà fatigués de vos misères, vous qui, à demi privés de la vue de l’intelligence, n’avez foi que dans les pas en arrière, — ne savez-vous donc pas que nous ne sommes que des vers de terre nés pour devenir l’angélique papillon qui vole invincible au-devant de l’éternelle justice ?

797. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

La Justice des Paysans est une étude, prise sur le vif, de ces Galiciens chez qui la Jacquerie est à l’état latent, et qui, défiants d’une justice étrangère à leurs mœurs, aiment mieux absoudre eux-mêmes ou condamner leurs coupables qu’attendre le verdict de juges de passage. […] Il faut que cette justice ne soit pas toujours bien sévère, car dans le village où se passe l’action de la Justice des Paysans, les voleurs et les volés vivent sur un certain pied d’intimité, jusqu’au jour cependant où les guet-apens et les assassinats deviennent trop fréquents. […] les v’là qui s’agitent là-bas ; ça n’va pas tarder ; les v’là apparemment qui sortent du Palais de Justice. […] Mais cette expression muette et fermée du médecin et du magistrat, cette solennité dont la science et la justice s’entourent pour cacher leur faiblesse ou leur ignorance n’avaient rien qui pût émouvoir le duc. […] Quelques renseignements, une liasse de papiers de famille tombent entre les mains du chercheur et lui révèlent un drame sanglant dont la justice n’a pas pu, il y a près de cent ans, découvrir l’auteur.

798. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

J’avoue que je ne suis point touché quand j’entends Chimène crier : Sire, sire, justice ! […] Le rhéteur Sénèque, cet écrivain si énervé, ne paraît pas digne d’avoir été choisi pour modèle par le plus énergique de nos poètes ; mais le sujet n’en est pas moins grand pour avoir été proposé dans les classes de rhétorique, et peut-être ne rend-on pas assez de justice à Sénèque. […] Quel spectacle que celui de César pleurant Pompée qu’il ne craint plus, honorant sa veuve qu’il ne craint pas, et faisant justice du crime dont il profite ! […] Ces absurdités et une foule d’autres étaient dignes d’éveiller la critique sévère de M. de La Harpe ; mais il devait respecter Corneille, qui n’a pas besoin d’indulgence, mais qui du moins a droit de réclamer la justice. […] Il faut rendre cette justice à Racine : il n’a donné ces passions insensées qu’à des femmes, dont le cœur est plus sensible, la raison plus faible, et que l’oisiveté rend plus susceptibles de mouvements déréglés.

799. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Il est donc possible que Sainte-Beuve ait cru pouvoir faire en toute justice deux parts dans les écrits de Vinet, et qu’il préférât le Vinet de la Correspondance, jamais contentieux, au Vinet de certains articles où il s’agissait de mettre le public en garde et où, par conscience, l’auteur discute, dispute et parfois gronde. […] Revenons donc à notre point de départ, et concluons que Sainte-Beuve — nonobstant l’entretien dont tous les détails ont été conservés — a bien compris Vinet et lui a rendu pleine justice. […] Mais ce qui n’est pas indifférent, c’est la justice ; s’il est odieux de dépouiller le pauvre, il n’est pas bien non plus de voler le riche, ne dût-il même pas s’en apercevoir. […] Le monde n’est, selon lui, qu’une improvisation hâtée et téméraire, une phrase mal rédigée, un non-sens, dont une rature va faire justice, un caprice que va remplacer un autre caprice peut-être ; ce qui revient à dire que ce monde n’est point l’ouvrage de Dieu ; à moins encore que tout ceci ne soit un rêve de l’esprit universel qui s’individualise en chacun de nous, que sais-je ? […] Cette double et simultanée manifestation à lieu sur la croix, unique point d’intersection de deux attributs, de deux actes qui ne paraissaient pas pouvoir se rencontrer jamais ; nouveau Sinaï, où se promulgue une loi nouvelle ; orient d’où jaillit le soleil de justice, qui, avec la justice, porte la santé dans ses rayons ; saint autel, où la loi se satisfait, s’assouvit pour ainsi dire dans les souffrances du Juste, et se tait enfin devant ce sang qui prend une voix, et crie de meilleures choses que celui d’Abel.

800. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Elle leur a donné l’esprit de justice et même à quelques-uns l’esprit évangélique ? […] un sentiment moral et religieux. — Le sillon, qui ne donne rien qu’au prix d’un labeur patient, n’enseigne-t-il pas la justice ? […] C’est comme la vision rapide d’une humanité meilleure et d’une destinée plus conforme à la justice. […] Car chacun de ses balbutiements exprime l’amour de la justice, la bonté, la charité, la foi en Dieu. […] Mais, pour cela, il faut croire que l’univers existe uniquement afin que la justice y règne un jour entre les hommes, et, pour que, en attendant, l’amour de la justice (qui implique la pitié et la charité) soit engendré dans les âmes par l’épreuve même de la vie… Croyons-le donc.

801. (1932) Le clavecin de Diderot

Retroussis de babines caduques en train de vous cracher des Montmartre — êrtre — értre…, pâles sourires dont l’agonie force la pitié, suffisances humanistes et testaments pathétiques, à quelques sauces, douce, triste, martiale, pédante qu’ils s’assaisonnent, dans cette Europe du milieu et de l’Ouest, sous tous les aveux, sous tous les masques, il y a un même et unique noyau d’inadmissible, dont l’acide prussique, à travers les fruits les mieux pétrifiés de la justice, de l’enseignement, de la médecine, de l’hygiène mentale, de l’art, filtre goutte à goutte. […] Et l’on se bornerait à la vie contemplative, à la passivité, à l’arbitraire, et au déni de justice. […] Pour la justice, si elle demeure impitoyable et impuissante, c’est que l’humain, dont elle se réclame, tout en affirmant le dominer, a perdu tout sens actif, pour n’être plus qu’un prétexte passif, une boutonnière figurée par le moins réjouissant des signes arithmétiques, celui de la soustraction (—) où se plante la fleur des parterres obscurantins, l’opportunisme. […] Ainsi, dans un Etat bourgeois, ira de soi-même à la justice, aux besognes judiciaires, ce qu’il y a de plus crétinement, abusivement bourgeois, réactionnaire, borné, obtus, sans cœur, jeunesse patriote, camelot du roi. […] Déesse de la Justice, de la loi et de l’équité.

802. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

Sismondi n’était cependant pas si absorbé par les aimables douairières qu’il ne rendît quelque justice à la génération des femmes plus jeunes. […] Ma confiance dans la parfaite bonté de Dieu, comme en sa justice, s’affermit tous les jours.

803. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

La tombe, comme le lever du vrai jour, rendra à M. de Marcellus toute la justice que l’ignorance ou le préjugé des partis lui a fait attendre. […] Mais il m’a rendu bien plus qu’honneur comme poète, et plus que justice comme homme politique.

804. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

Jean Valjean ne veut pas s’y soustraire, apparemment, sans accumuler l’indignation du peuple contre une telle justice. […] « En résumé, dit-il, mêlant en lui à une vraie faculté créatrice de civilisation on ne sait quel esprit de procédure et de chicane, fondateur et procureur d’une dynastie, quelque chose de Charlemagne et quelque chose d’un avoué. » Nous l’avons connu aussi ; nous l’avons beaucoup estimé, peu aimé ; nous ne lui devons rien ; nous pourrions le peindre impartialement, la justice ne manquerait pas au portrait.

805. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

Ils en tirent ainsi une première idée de la justice. […] C’est pour réparer les échecs du bien dans ce monde, qu’après la justice des événements humains, d’où le drame tire son principal intérêt, il en est une autre pour toutes les iniquités impunies, en laquelle l’homme croit et espère.

806. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

Il dit le bien par esprit de justice et le mal par passion. […] Mais ce n’est pas seulement par cet esprit d’opposition au gouvernement de Louis XIV qu’ils appartiennent au dix-huitième siècle ; ils en sont les précurseurs par tout ce qu’ils ont pensé et exprimé de durable sur les devoirs des gouvernements envers les peuples, et par des maximes d’humanité, de justice, de patriotisme, dont la propagation a été la gloire du dix-huitième siècle et dont l’application est la tâche du nôtre.

807. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

Cette œuvre, déjà exécutée en Angleterre, a obtenu un immense succès, et ce n’était que justice, car, bien que les idées thématiques y soient un peu courtes, elle est d’une étonnante facture, d’une merveilleuse richesse de développements. […] Elle est traduite devant une cour de justice féodale, qui la condamne à subir le Jugement de Dieu.

808. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

Il est, certes, fâcheux d’attaquer ceux qui ont, jusqu’à présent, soutenu Wagner en France, mais bonne justice a déjà été faite de ses ennemis, et il est trop tard pour parler encore d’eux. […] Soldats de justice, ils protégeaient les faibles, châtiaient les impies.

809. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XII, les sept chefs devant Thèbes. »

» — Deux figures sont incrustées sur son bouclier nouvellement forgé ; un Guerrier d’or qu’une Femme majestueuse conduit par la main ; et cette femme dit par son inscription : « Je suis la justice, je ramenerai cet homme, je lui rendrai sa ville, et il commandera dans la demeure de son père ». […] Certes l’auguste Justice serait mal nommée si elle venait en aide à cet homme ; mais elle ne l’a jamais jugé digne de son regard.

810. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Nous ferons comme les autres, et nous dirons notre mot sur l’homme d’esprit, sur l’homme de talent disparu, en tâchant d’être juste, et en adoucissant par endroits cette justice d’un peu de cette indulgence dont chacun de nous a besoin le jour où il tombe. […] Rendons-lui en ceci la justice qu’il mérite, sans rien exagérer.

811. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

La manière dont Schiller développe les motifs qu’on leur présente, et gradue l’effet que produisent sur eux ces motifs ; la lutte qui a lieu dans ces âmes farouches entre l’attachement et l’avidité ; l’adresse avec laquelle celui qui veut les séduire proportionne ses arguments à leur intelligence grossière, et leur fait du crime un devoir, et de la reconnaissance un crime ; leur empressement à saisir tout ce qui peut les excuser à leurs propres yeux, lorsqu’ils se sont déterminés à verser le sang de leur général ; le besoin qu’on aperçoit, même dans ces cœurs corrompus, de se faire illusion à eux-mêmes, et de tromper leur propre conscience en couvrant d’une apparence de justice l’attentat qu’ils vont exécuter ; enfin le raisonnement qui les décide, et qui décide, dans tant de situations différentes, tant d’hommes qui se croient honnêtes, à commettre des actions que leur sentiment intérieur condamne, parce qu’à leur défaut d’autres s’en rendraient les instruments, tout cela est d’un grand effet, tant moral que dramatique. […] Nous aurions été choqués de cet oubli de toutes les relations, de cette manière d’envisager les devoirs positifs comme secondaires ; enfin, d’une absence si complète de la soumission que nous admirons avec justice dans Iphigénie.

812. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

Venu après Villemain, et supérieur dans son Étude sur Virgile à ce qu’est Villemain dans son Étude sur Pindare, Sainte-Beuve retourna bientôt à la Critique, pour laquelle il n’était pas fait, car il faut à cette Critique les facultés qu’il n’a pas, la solidité, la profondeur, l’impartialité et la justice. […] Comment voulez-vous que ce qui n’est pas la Force soit la Justice ?

813. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIX. M. Cousin » pp. 427-462

D’ailleurs, une critique un peu large et qui se pique de justice n’a point à faire de chicanes à des facultés qui naissent tard, pourvu qu’elles naissent ; à des œuvres inespérées et qui rompent une série de travaux sur lesquels on pouvait compter, pourvu toutefois que l’œuvre nouvelle vaille ce qu’on perd dans un autre ordre. […] Mme de Longueville n’avait laissé d’elle qu’une médaille, burinée par la main de ce fin et profond ciseleur, le cardinal de Retz, et cela suffisait à l’exigence des imaginations et à la justice même de la Gloire.

814. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

Tous — même ceux qui n’ont ni le respect, ni la foi que le catholicisme inspire, c’est-à-dire ceux-là qui n’ont pas la science du catholicisme, — proclament que l’unité et l’universalité sont le but suprême de la vie sociale, et que hors d’elles il n’y a que gouvernements imparfaits, absence de justice et d’harmonie. […] Contre un tel mépris de la justice, une protestation parut dans le British Magazine, et une adresse de deux cent trente membres de l’Université non résidants à Oxford fut envoyée au vice-chancelier, qui refusa de la recevoir comme il avait refusé d’entendre Pusey.

815. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre I. Vue générale »

L’ancien régime finit en idylle, dans la persuasion où est toute cette société, que rien ne résiste plus à la raison : la diffusion des lumières est accomplie ; le règne de la vérité et de la justice va venir.

816. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre II. Précurseurs et initiateurs du xviiie  siècle »

Car la suppression du christianisme, d’un idéal religieux qui fournit une règle de vie avec une espérance de bonheur ultra-terrestre, mais infini, cette suppression seule explique la fureur de zèle humanitaire avec laquelle les philosophes veulent refaire la société pour mettre dans cette vie toute la justice et tout le bonheur.

817. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Édouard Rod »

— Je crois que l’humanité marche — quoique très lentement, avec des arrêts et des retours — vers un état meilleur où la justice sera moins incomplètement réalisée, la souffrance moindre, la vérité mieux connue, et, si vous le voulez, vers un idéal.

818. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 326-344

Il seroit aisé de donner une idée de son travail, en se le représentant dans son Cabinet solitaire, occupé à se monter méthodiquement l'imagination, à bander avec fatigue les ressorts de son esprit, à s'essoufler jusqu'à perdre haleine pour enfanter, selon Horace, des Sesquipedalia verba, qui se perdent en fumée, quoiqu'il ait la Patrie à ses côtés, la Justice & l'Humanité devant lui, qu'il soit environné des fantômes des malheureux, agité par la pitié, que les larmes coulent de ses yeux, que les idées se précipitent en foule, & que son ame se répande au dehors *.

819. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VIII. Suite du chapitre précédent. De la parole traditionnelle. De la parole écrite. De la lettre. Magistrature de la pensée dans ces trois âges de l’esprit humain » pp. 179-193

Les hommes ont beau n’être pas disposés toujours à toute justice, il se forme une conscience générale, une morale publique, qui ont besoin d’être consultées à chaque instant, et dont les arrêts sont sûrs ; à peu près comme dans un parterre composé d’hommes plus ou moins éclairés, il s’établit des jugements et même des impressions qui, en définitive, méritent toute notre estime et toute notre confiance.

820. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VIII. Mme Edgar Quinet »

je comprends la justice éternelle ! 

821. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Royalistes et Républicains »

Qu’importe cet inconséquent manque de juste milieu, dans un homme de juste milieu faisant une justice historique !

822. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La diplomatie au xviie  siècle »

ce livre, qui a la prétention d’être une revendication historique et une justice tard rendue, mais enfin rendue, à un homme dont Mazarin et Louis XIV ont confisqué la gloire, — le mot me paraît vif venant d’une plume si rassise, — n’est, par le fait, rien de plus que l’exposition, inconsciente et inconséquente, des faveurs dont Lionne fut l’objet de la part de Mazarin et de Louis XIV qui, bien loin de confisquer sa gloire, lui en créèrent une dans la leur.

823. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le comte de Fersen et la cour de France »

Elle n’était plus la Main de Justice de Dieu sur le monde qu’elle avait été autrefois.

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