La destinée se joua d’elle en la jetant au début de la grande époque de Louis XIV, de ce règne où tant de choses galantes étaient permises, mais où il fallait, jusque dans le désordre, une certaine régularité. […] Être mal avec les Colbert, et vouloir jouer au plus fin avec Louvois, c’était se préparer un périlleux avenir.
L’unique auteur qu’il introduisait, jouait-il seul une tragédie ? […] Mais dans un spectacle qui doit peu durer, les passions vives peuvent jouer leurs jeux, et de subalternes qu’elles sont dans le poème épique, devenir dominantes dans la tragédie, sans lasser le spectateur, que des mouvements trop lents ne feraient qu’endormir.
Ce que l’homme fait si aisément en se jouant, le temps doit s’en jouer à son tour. […] Or, l’une de ces convictions, et même la plus forte, doit être assurément de croire qu’il possède, lui, Maxime du Camp, l’expression plastique, et la couleur, et la technique de l’auteur d’Émaux et Camées, et qu’il joue avec la puissance de son maître avec tout ce style, difficile à manier, d’un Dictionnaire des Arts et Métiers qui fait le beau !
Quelques remarques justes sur sa syntaxe, mais que « le verbe joue dans sa phrase un rôle capital », c’est juste le contraire de la vérité ; l’idéal de Mallarmé serait plutôt de l’éliminer. — Surtout, et bien que cela soit répété partout, il n’a pas « transposé en littérature une méthode de composition spéciale à la musique » (si ce n’est dans un coup de dés, son dernier ouvrage, dont M. […] Je ne compte pas les obstacles matériels : quand on est gros d’un chef-d’œuvre dramatique, on l’écrit sans se demander s’il sera joué.
Son hymne au Soleil Roi est une hymne au Logos, ou à l’intelligence éternelle qui joue un si grand rôle dans Platon. […] L’intérêt, qui veut traîner le peuple aux autels, peut bien se mêler aux sacrifices, dans les fêtes et les cérémonies publiques ; mais l’intérêt ne joue pas l’enthousiasme religieux, tous les jours, tous les instants, et dans tous les détails de la vie.
Tel qu’il est et dans la disette d’auteurs dramatiques, Dumas a son prix ; il a de l’entrain, de la gaieté, de la dextérité et de la charpente ; son drame a du jarret et la planche joue sous lui ; il manie et remue assez bien la comédie d’intrigue, sans pourtant jamais s’élever jusqu’à la vraie comédie digne de ce nom, à celle qui atteint et stigmatise les vices actuels, les ridicules du présent.
Je le crois ; et cependant, en publiant ce livre, avec un vif désir de faire quelque bien, je songe aussi à l’approbation des hommes : c’est contre elle que je joue mon repos », Je voudrais, d’après le peu que j’ai indiqué ici, pouvoir rassurer le digne auteur ; il a moins risqué qu’il ne croit.
J’aimerais mieux la voir jouer dans la même baraque, par les mêmes acteurs à la tête vermillonnée, avec le seau, la pendule, l’armoire à glace, le lit, tout le mobilier habituel de ce théâtre.
Le fruit sec, le cœur sec n’aime pas et n’entend pas : quand il répète, il joue faux.
Regardez comme ce long sillon de lumière éclaire cette verdure, se joue entre les brins de l’herbe, et semble leur donner de la transparence.
Les guinné passent en effet pour venir jouer la nuit avec les chevaux.
Faute d’avoir écrit pour se faire jouer, ce qui manquait le plus à ses prédécesseurs de l’école de Ronsard, c’était le sens du théâtre. […] Tantôt favorable et tantôt adverse, la fortune se joue d’eux, et tout l’emploi qu’ils font de leur volonté se réduit à revêtir les sentiments ou le caractère de leur condition. […] Mais je ne m’habituerai jamais à pallier d’une semblable excuse l’équivoque où Pascal a eu le tort de se jouer ; — et lui-même, il faut le dire, nous a rendus plus scrupuleux pour lui. […] c’est celui de Gulliver qu’il faut dire, c’est à Swift que je pense, aussi souvent que je vois jouer le Malade imaginaire, c’est au caractère hardi, cynique et violent de sa bouffonnerie. […] En quelle année les grands comédiens, ceux de l’hôtel de Bourgogne ont-ils joué le Polyeucte de Corneille ?
Ils jouent aux cartes, fument, injurient le parterre qui le leur rend bien, et par surcroît leur jette des pommes. […] Rappelez-vous votre adolescence ; pour mon compte, les plus grandes émotions que j’ai eues au théâtre m’ont été données par une troupe ambulante de quatre demoiselles qui jouaient le vaudeville et le drame, sur une estrade au fond d’un café ; il est vrai que j’avais onze ans. […] Le roi7 « s’exerce tous les jours à tirer, chanter, danser, lutter, jeter la barre, jouer du flageolet, de la flûte, de l’épinette, arranger des chansons, faire des ballades. » Il saute les fossés à la perche et manque une fois d’y périr. […] Heywood, qui joue presque tous les jours, s’impose, en outre, pendant plusieurs années, l’obligation d’écrire un feuillet chaque jour, compose à la diable dans les tavernes, peine et sue en vrai manœuvre littéraire30, et meurt laissant deux cent vingt pièces, dont la plupart se perdront. […] Involontairement, de prime-saut, sans calcul, ils découpent la vie en scènes, et la portent par morceaux sur les planches ; cela va si loin que souvent leur personnage57 de théâtre se fait acteur, et joue une pièce dans la pièce : la faculté scénique est la forme naturelle de leur esprit.
— C’est celui qui joue de la viole ? […] On la pria de jouer au piano. Elle joua un nocturne de Chopin : je n’ai jamais rien entendu de si beau. […] Qu’est-ce que tu veux que je te joue ? […] Seulement je vais jouer piano pour que la générale n’entende pas.
Le même débat éternel et le même débat capital se joue dans la vie de tous les jours, dans l’homme de tous les jours. […] Pour que la physique de la quantité, du poids, du volume, pour que l’hydrostatique joue, il faut que la première goutte ait déjà fait quelque chose, à quoi la deuxième goutte vient s’ajouter. […] Et où ils joueront toujours mieux que lui. […] C’est pour cela aussi qu’ils peuvent constamment s’affronter et ensemble jouer le noble jeu. […] Car la liberté de l’homme, qui est la plus grande invention de Dieu, a joué aussi pour lui homme, je dirai a joué pour lui entre tous, a joué pour lui éminemment.
Léon Riotor se déroule comme une longue fresque d’Holbein ; dans ce défilé mystique la mort joue le grand rôle. […] Henri Lavedan vient de faire paraître, n’est pas à proprement dire un roman, c’est une suite de saynètes dont le lit joue partout la principale scène. […] Que de scènes de vaudeville, de comédie même se jouent dans ce phalanstère improvisé ! […] Et puis, c’est la nuit ; je ne vois même pas le dernier sourire de mon amie, je ne sens pas sur ma joue la dernière caresse de sa main. […] Avant, on n’avait que le bon corps de garde où les soudards jouaient aux cartes et faisaient des contes de Merlusine.
Elle a un rôle considérable à jouer, pour peu qu’elle veuille et sache le remplir. […] Tout alentour des enfants jouent, sautent, gambadent, nagent dans l’étang. […] Non, ce serait lui jouer un mauvais tour que de l’ensevelir sous les fleurs. […] Il convient de savoir gré de la concession : mais voyez comme ce pauvre siècle joue de malheur ! […] S’il est un rôle que Rousseau se plut à jouer toute sa vie, ce fut celui d’apôtre du retour à la nature.
Ni à ce moment ni jamais l’amour, en particulier, ne joua le moindre rôle dans sa vie. […] Il nous joua tous les passages importants de ses Maîtres Chanteurs, imitant toutes les voix. […] » Les enfants jouaient avec lui comme avec un enfant. […] Lui seul, en tout cas, est de taille à le jouer. […] Pourquoi Hedda joue-t-elle toujours avec ses ; pistolets ?
Même en énumérant les qualités des talents amis, il y a un mot qu’il ne faudrait jamais perdre de vue, le circum prœcordia ludit, qu’un satirique accorde à l’aimable Horace : se jouer autour du cœur de ceux même qu’on caresse, et montrer qu’on sait les endroits où l’on ne veut pas appuyer.
., etc. » Et maintenant, quand on publiera les lettres d’amour de Benjamin Constant à Mme Récamier, quand on relira la biographie flatteuse qu’il a tracée d’elle pour lui plaire et la charmer, quand on le verra prodiguer les larmes, les soupirs, faire jouer les feux follets de l’imagination et même les légères vapeurs du mysticisme (car tout est bon pour s’insinuer), on aura le revers ; on saura ce qu’il était avant et après ; avant, tant qu’il eut le désir, et après, quand il eut cessé d’espérer.
Dans cette casemate, au milieu de ce paysage de la Turbie, où Banville lui-même chanta jadis son amour du laurier, parmi ces braves gens qui fumaient, dormaient ou jouaient aux cartes autour de moi, et que j’avais lentement appris à connaître depuis trois ou quatre mois, les mots, même les plus simples, avaient pris un nouveau sens, plus vivant, plus humain, s’étaient gonflés pour moi d’une sève nouvelle, d’une substance plus française, plus noble et plus populaire à la fois.
Il nous joue de vraies mélodies, au lieu d’exécuter des variations sur la cinquième corde, ce qui est aussi désagréable à l’oreille que peu profitable à l’esprit.
Le fondateur de ce théâtre, qui s’est réservé la difficile tâche de le fournir de pièces et de jouer celles-ci avec des amis, est M.
Le premier Ouvrage fait admirer un esprit lumineux, qui se joue de l’embarras des systêmes, procede avec dextérité à travers les contradictions, développe sans gêne les principes qu’il a établis, & fait adopter ses idées, non en faisant sentir la touche intime de la persuasion, encore moins la force de la conviction, mais par le talent de plaire & d’amuser.
Des baladins allaient de ville en ville jouer des farces qu’ils appelaient comédies, dont les intrigues sans vraisemblance et les situations bizarres ne servaient qu’à faire valoir la pantomime italienne.
Il en avait les mœurs ; il en avait l’audace désespérée et la corruption, cette audace de joueur qui à tout coup joue le va-tout de sa vie, et telle avait été la sienne.
Aurait-il pu rendre l’effet chaud et piquant de cette lumière qui joue entre leurs troncs et leurs branches ? […] Là, nous allons contrefaire un moment le rôle du sauvage, esclaves des usages, des passions, jouer la pantomime de l’homme de nature. […] Tandis que l’abbé s’amusait à causer, ses enfans s’amusaient de leur côté à jouer. […] Je jouai, je jouai mal, je fus grondé, et je perdis mon argent. […] J’arrivai à temps pour recevoir quelques plaisanteries sur mes courses, et faire la chouette à deux femmes qui jouèrent les cinq à six premiers rois d’un bonheur extraordinaire.
Que feront-ils, si je ne joue pas ? […] La salle où la pièce se joue, les décors, les costumes, les acteurs même, ne sont, encore ici, que des adjuvants. […] Jean-Louis Faure, au drame où se joue son existence. […] Les réserves n’ont joué leur rôle décisif, dans la terrible épreuve, qu’en se coulant dans l’active. […] Ce qu’il admirait, c’était la Révolution en soi, et il ne jouait pas la comédie !
Il n’y voit que des forces, des attractions, des répulsions, du bien joué et du mal joué ; l’idée de Dieu et celle du devoir n’y paraissent nulle part. […] Il fait jouer au lecteur le rôle que jouent les vieillards dans le tableau de la chaste Suzanne. […] Pour épargner un ennui à la belle Marguerite, il sacrifie les droits, il joue l’avenir de sa sœur. […] Il y a là, je l’ai dit, un jeu périlleux qu’il est imprudent de jouer. […] Ce forçat est appelé à tenir la place d’honneur, à jouer le principal rôle dans Les Misérables.
Il eût voulu jouer, dans le monde, le rôle qu’y faisoit Galilée. […] On le joua sur le théâtre de la comédie Françoise, dans la pièce des Fées. […] Il joua le général d’armée ; il feignit d’avoir également à ses ordres un détachement de soldats. […] Les picpusses ont joué pareillement, & jouent encore de mauvais tours aux capucins. […] Il joua le prophête Élie, le Jean-Baptiste, le fondateur d’un nouvel évangile.
Le chapitre VII, dans lequel il commente à sa guise le conseil d’Aristote, que celui qui veut se réjouir sans tristesse n’a qu’à recourir à la philosophie, nous le montre, au milieu de cette fougue du temps, savourant ce profond plaisir du sceptique qui consiste à voir se jouer à ses pieds l’erreur humaine, et laissant du premier jour échapper ce que, vingt-cinq ans plus tard, il exprimera si énergiquement dans le Mascurat : « Car, à te dire vrai, Saint-Ange, l’une des plus grandes satisfactions que j’aie en ce monde, est de découvrir, soit par ma lecture, ou par un peu de jugement que Dieu m’a donné, la fausseté et l’absurdité de toutes ces opinions populaires qui entraînent de temps en temps les villes et les provinces entières en des abîmes de folie et d’extravagances. » Aussi quelle pitié pour lui que la Fronde, et que toutes les frondes ! […] Que nos bibliophiles, nos chercheurs de vieux livres ou de manuscrits ne fassent pas trop les indignés ; car eux-mêmes (je ne parle que de quelques-uns) se jouent encore, m’assure-t-on, tous les tours possibles, réticences, supercheries entre amis, que sais-je ! […] Les conseils de modération qu’il y mêle ne font que mieux ressortir l’immoral du fond ; on croirait par moments qu’il se joue : c’est comme un chirurgien curieux qui assemble des exemples de tous les jolis cas, ou comme un chimiste amateur qui étiquette avec complaisance tous ses poisons, en inscrivant sur chacun la dose indispensable et suffisante. […] Il y a des tirades et enfilades de curiosités et de documents à tout propos, des kyrielles à la Rabelais, où le bibliographe se joue et met les séries de son catalogue en branle, ici sur tous les novateurs et faiseurs d’utopies (pages 92 et 697), là sur les femmes savantes (p. 81) ; plus loin, sur les bibliothèques publiques (p. 242) ; ailleurs, sur tous les imprimeurs savants qui ont honoré la presse (p. 691) ; à un autre endroit, sur toutes les académies d’Italie (p. 139, 147), que sais-je249 ? […] Cette cour était devenue sur la fin un guêpier de savants qui s’y jouaient des tours ; Naudé n’y tint guère.
Ce que j’entends par là, ce n’est pas être dégoûté comme un malade, mais juger bien de tout ce qui se présente, par je ne sais quel sentiment qui va plus vite, et quelquefois plus droit que les réflexions. » « Il faut, si l’on m’en croit, aller partout où mène le génie, sans autre division ni distinction que celle du bon sens. » « Celui qui croit que le personnage qu’il joue lui sied mal ne le saurait bien jouer, et qui se défie d’avoir de la grâce ne l’a jamais bonne. » « Pour bien faire une chose, il ne suffit pas de la savoir, il faut s’y plaire, et ne s’en pas ennuyer. » « Ce qui languit ne réjouit pas, et quand on n’est touché de rien, quoiqu’on ne soit pas mort, on fait toujours semblant de l’être. » « La plupart des gens avancés en âge aiment bien à dire qu’ils ne sont plus bons à rien, pour insinuer que leur jeunesse étoit quelque chose de rare. » Cet honnête homme que le chevalier veut former, et qui est comme un idéal qui le fuit (car l’ordre de société que ce soin suppose se dérobait dès lors à chaque instant), lui fournit pourtant une inépuisable matière à des observations nobles, délices, neuves, parfois singulières et philosophiques aussi. […] » Je fus en ce lieu deux jours dans une grande impatience de commencer le rôle que j’allois jouer. […] On fit pourtant le traité à des conditions plus douces, et le tumulte finit agréablement. » Ainsi voilà, en si beau monde, un sage mari qui, pour être en pointe de vin, se met à jouer un très-vilain jeu, et si au vif que la dame alarmée dégaine l’épée de quelqu’un de la compagnie pour se défendre. […] Cette duchesse de Lesdiguières, qui revient à tout instant sous la plume du chevalier, la Reine des Alpes, comme il l’appelle, la même qui joua un certain rôle sous la Fronde et que Sénac de Meilhan a fort agréablement mise en jeu dans ses prétendus Mémoires de la Palatine, était Anne de la Magdeleine de Ragny, fille unique de Léonor de la Magdeleine, marquis de Ragny, et d’Hippolyte de Gondi.
Sa joue basanée a la couleur de mon arc. […] Je suis de la race des braves : jamais mes ancêtres ne connurent la crainte. » « Calmar fut le premier de ma famille, il se jouait au milieu des tempêtes. […] Le vent jouait dans ses cheveux dénoués ; ses joues de rose étaient couvertes de pleurs : « Fille de la beauté, lui dis-je avec douceur, d’où viennent tes soupirs ? […] Ses voiles se jouent autour de ses mâts élevés sur les flots ; les ondes blanchissent et roulent sur les flancs du vaisseau, et l’Océan mugit alentour […] Gaul, bras invincible de la mort, jeune Oscar, qui croîs pour les combats ; vaillant Connal ; Dermid à la brune chevelure, et toi, Ossian, roi des chants, venez tous vous placer près du bras de votre père. » « Nous élevâmes le Soliflamme, le brillant étendard du roi : l’âme des héros tressaillit de joie en le voyant se jouer dans les vents ; il était parsemé d’or, comme l’azur nocturne de la voûte étoilée du ciel.
Pourtant lorsque ce grand drame est joué, qu’il a passé devant nos yeux, qu’il n’est plus qu’un tableau dans notre souvenir et un tressaillement dans notre cœur, notre âme est consolée, rassérénée ; les plaies qu’il avait ouvertes sont fermées ; les endolorissements qu’il avait causés sont calmés. […] Qu’on les voie, au travers des dialogues, marcher et jouer, beaux d’une hardie beauté, les jeunes hommes d’Athènes. Ils jouent, entourant Socrate, le seul jeu qui les séduise, la discussion, la recherche d’hypothèses, l’enfantement ininterrompu de nobles rêves logiques. […] Malten (Brünnhilde) a une voix superbe et joue avec passion ; Gudehus (Siegfried) nous a surtout plu, il cherche à éviter tout ce qui est tradition d’opéra, et joue simplement et noblement.
Admettons-le44 ; cela n’empêche pas que chacune de ces intuitions suppose la précédente et en garde quelque chose ; dès lors, dire que intuition c’est expression, c’est, non pas jouer sur les mots (M. […] Ferdinand Martini, un auteur italien sur lequel j’ai publié il y a dix ans une brève étude46, fit jouer en 1871 une comédie-proverbe intitulée Chi sa il gioco non l’insegni ; une marquise, veuve et jeune et belle, hésitant entre deux adorateurs et conquise enfin par le plus timide, voilà la situation et les personnages de ce petit chef-d’œuvre. […] Le Saint Sébastien, annoncé à coups de tam-tam, et joué récemment à Paris, est peut-être la plus agaçante et la plus grotesque de ces duperies. […] Il lui est arrivé ce qui arrive à Lorenzaccio dans le drame de Musset : à force de jouer la comédie, il se fait l’âme comédienne. […] Tout cela est parfait en théorie ; mais voilà que les conditions matérielles du théâtre jouent un tour à la théorie et ne s’accordent ni avec les épanchements lyriques ni avec les développements épiques.
Les filles aiment bien qu’on leur joue un « morceau de piano. » Ingénue amour de l’idéal. […] Mais si je suis fier d’avoir aidé à cette éclosion magnifique, il me déplairait fort qu’on accordât trop d’importance au rôle que j’y ai joué. […] Même, chez Mme de Ricard, il nous arriva de jouer la comédie. […] Qui vont la joue en feu, les bras entrelacés. […] Et moi seul sur sa joue Ai peint en vermillon de bizarres oiseaux, Ou bien, à l’ocre jaune, une charmante roue.
C’est un air de flûte qu’ils permettent qu’on leur joue. […] Un roman qu’on lit seul chez soi, les pieds sur les chenets, n’est pas une pièce qui se joue devant deux mille spectateurs. […] Le livre paraît, la pièce est jouée, c’est un grand pas. […] je voudrais qu’on fît une étude sur les auteurs de talent qui ont eu leur première pièce jouée à l’Odéon. […] On les lit comme on joue au tonneau, pour tuer une heure.
Avec une vitesse vertigineuse, cette signature sans vraisemblance jouait aux quatre coins avec mon lit, ma cheminée, mon mur. […] Elle avait en ce moment leur visage abattu et navré qui semble succomber sous le poids d’une douleur trop lourde pour elles, simplement quand elles laissent l’enfant Jésus jouer avec une grenade ou regardent Moïse verser de Veau dans une auge. […] Il faut y joindre celle-ci qui la précède immédiatement : Ces contes mensongers… nous font souffrir dans une personne que nous aimons, et à cause de cela nous permettent d’entrer un peu plus avant dans la connaissance de la nature humaine au lieu de nous contenter de nous jouer à sa surface. […] Elle joue rarement des médiocrités. […] Et puis cette voix admirable qui la sert si bien et dont elle joue à ravir, je serais presque tenté de dire en musicienne 82 !
Ce Basile Chouiski joua, dans tout cela, le rôle d’un lâche et d’un traitre. […] On sait dans quelles circonstances fut jouée la Fille d’Eschyle. […] Lucrèce fut jouée au mois d’avril 1845. […] Donnez-lui plus de saillie, et faites-le jouer par M. […] Il s’agissait d’une Manon Lescaut, jouée la veille à l’Odéon ; nous voulions savoir ce qu’en dirait M.
on en a trop joué, et on s’en est lassé. […] On dirait qu’il a trouvé le secret de polichinelle, et qu’il en joue ! […] Je ne sais pas si son domaine est bien grand, mais il joue d’un instrument bien accordé. […] Néanmoins, je l’appris sans grand étonnement : l’inconscience joue un si grand rôle dans les opérations intellectuelles ; — je crois même qu’elle joue le premier de tous, celui d’impératrice-reine ! […] Sa fine tête de Pierrot distingué le destinait à les jouer, et il en joua, avec beaucoup de succès, au Théâtre-Libre.
La caricature ici n’est plus perpétuelle comme dans les histoires fantastiques de tout à l’heure, elle entre et se joue avec proportion à travers les scènes de la nature et de la vie. […] Il a des moments sublimes, d’autres détestables ; il emporte son maître et lui joue des tours. […] En lisant ces pages pittoresques et vives, où la lumière se joue, on ne peut s’empêcher de partager les espérances de l’auteur, lorsque, vers la fin, en vue de l’avenir de l’art dans ces contrées où il n’eut point de passé, on l’entend qui s’écrie : « Toutefois, Suisse, ma belle, ma chère patrie, les temps sont venus peut-être ! […] Par bonheur, l’orgue (Charles s’en ressouvient à temps) est en réparation et ne doit pas jouer ce jour-là ; il s’y cache.
11 » Renée Mauperin, « la jeune fille moderne », spirituelle, tapageuse, garçonnière, artiste, tendre, fière et charmante, adore son père, pleure quand, voulant la marier, il lui dit qu’il ne sera pas toujours là, ne peut jouer sans pleurer la Marche funèbre de Chopin. […] Alexandre, l’artiste qui joue au Cirque « le malheureux général Mêlas » jusqu’au sergent de ville Champion, ancien gendarme des colonies ; et le paysagiste Crescent, et son excellente femme la mère aux bêtes, et tant d’autres Dans Sœur Philomène, la petite Céline ; dans Germinie Lacerteux, la monstrueuse mère Jupillon et son digne fils ; dans Madame Gervaisais, la mystique comtesse Lomanossow et le terrible père Sibilla ; dans Renée Mauperin, l’abbé Blampoix, confesseur des salons et directeur des consciences bien nées ; Henri Mauperin, le jeune homme sérieux et pratique, économiste et doctrinaire à vingt ans, « médiocre avec éclat et ténacité » (une des plus remarquables études de MM. de Goncourt, et de celles qui ont le plus de portée) ; et ce charmant Denoisel, à qui MM. de Goncourt ont évidemment prêté beaucoup d’eux-mêmes, comme à Charles et à Coriolis ; et M. et Mme Mauperin, et les Bourjot, et tout le monde enfin ! […] J’en prends une au hasard, qui n’est pas une des pires. « La joie de midi glissait et jouait sur le luisant des feuilles, le brillant des fleurs, bourdonnait dans le silence et la chaleur ; et des vols de mouches, tour à tour blanches sur le vert et noires sur le blanc, s’embrouillaient dans l’air ou bien y planaient, les ailes imperceptiblement frémissantes, ainsi que des atomes de bonheur suspendus dans l’atmosphère 49. » Les défauts sautent aux yeux d’un professeur de rhétorique : l’assonance de joie et de jouait, de fleurs et de chaleur ; ailes se rapportant grammaticalement à vols, si bien que les vols ont des ailes ; dans l’atmosphère faisait double emploi avec dans l’air ; l’ambiguïté de la construction qui fait douter si ce sont les vols ou les ailes qui ressemblent à des atomes de bonheur, ainsi que pouvant se rattacher également à l’un ou à l’autre de ces deux mots.
Pourquoi cet homme qui tout enfant jouait avec des problèmes de mathématiques, qui composait des traités à seize ans, qui plus tard dans des problèmes de physique montrait la même profondeur précoce et la même force d’invention ; pourquoi, pouvant être Leibnitz et Newton, Pascal, après quelques hésitations et sauf quelques retours passagers40, quitta-t-il la science pour la morale, et finit-il par s’abîmer dans la foi ? […] La vivacité du dialogue entre deux interlocuteurs dont l’un joue l’autre, la malice de l’homme aux scrupules et la naïveté du père, l’inattendu des incidents, un art infini poulies varier, font des cinq lettres qu’égaye cette fiction comme autant d’actes d’une petite pièce, où l’intérêt ne languit pas un moment. […] Tantôt il joue si bien l’étonné, que le père, prenant ses exclamations pour des cris d’adhésion involontaire, s’empresse de compléter la révélation qui l’a si fort ému. […] C’est là que, revenant sur tous les griefs dont il s’est joué dans les dix premières lettres, il en ôte le ridicule pour en faire voir l’odieux à nu, et s’indigne en chrétien et en moraliste de ce qu’il avait raillé en homme d’esprit.
La littérature qui a tout épuisé, l’antiquité, la barbarie, le moyen âge, la renaissance, le Louis XIV, la régence, le rococo, la révolution ; la littérature qui répugne ouvertement aux choses récentes et qui semble fuir devant la nécessité des études modernes, la littérature a dans la science un rôle magnifique à jouer. […] L’une est bien loin, sous le soleil, sapant, minant, travaillant, découvrant, grandissant, affranchissant ; l’autre est assise à cette même place où elle a posé son siège il y a dix-huit cents ans ; elle sommeille, comme les vieillards, elle joue avec des textes, elle bégaye des choses inutiles auxquelles nul ne fait attention, elle a parfois des accès de cruauté domestique, et si, levant par hasard ses yeux affaiblis, elle voit la science qui se hâte sur sa route infinie, elle lui crie : Attends-moi ! […] Il n’y a là rien qui puisse rappeler le grand drame que jouèrent l’Europe et l’Asie. […] Je connais des poëtes, de fort grands poëtes, qui sont réduits à rendre compte des vaudevilles imbéciles et des sottes pantalonnades qui se jouent sur tous les tréteaux de Paris.
Pour peu qu’il s’analyse lui-même, il se comparera à l’acteur qui joue automatiquement son rôle, s’écoutant et se regardant jouer. […] De là deux moi différents dont l’un, conscient de sa liberté, s’érige en spectateur indépendant d’une scène que l’autre jouerait d’une manière machinale. […] De là une compénétration d’états qui se fondent et même s’identifient ensemble dans la conscience immédiate, mais qui n’en sont pas moins logiquement incompatibles entre eux et que la conscience réfléchie se représentera dès lors par un dédoublement du moi en deux personnages différents, dont l’un prendrait à son compte tout ce qui est liberté, tandis que l’autre garderait pour lui la nécessité — celui-là, spectateur libre, regardant celui-ci jouer son rôle automatiquement.
. — Ou comme il le dit encore d’un air de fête : « J’ai toujours aimé à jouer de ce bâton. » La première bonne occasion où il se trouve commander n’étant qu’enseigne, et où il commence à marquer sa réputation auprès de ses camarades et de ses chefs, est sur la frontière d’Espagne, du côté de Saint-Jean-de-Luz (1523). […] Il avoue ses opiniâtretés, ses colères, qui sentent le cheval de sang et de race : « Il ne me fallait guère piquer pour me faire partir de la main. » Quelquefois aussi, chez lui, c’était méthode et tactique ; on le verra user de sa réputation terrible pour obtenir de prompts et merveilleux résultats : ainsi, à Casal, ville presque ouverte, où il se jette (1552) pour la défendre, et où il lui fallut improviser des fortifications et de grands travaux de terrassement en peu de jours, il donnera ordre à tout son monde, tant capitaines, soldats, pionniers, qu’hommes et femmes de la ville, d’avoir dès le point du jour la main à l’ouvrage « sous peine de la vie » ; et, pour mieux les persuader, il fit dresser des potences (dont sans doute cette fois on n’eut pas à se servir) : « J’avais, dit-il, et ai toujours eu un peu mauvais bruit de faire jouer de la corde, tellement qu’il n’y avait homme petit ni grand, qui ne craignît mes complexions et mes humeurs de Gascogne. » Et en revanche, sans se fier plus qu’il ne faut à l’intimidation, il allait lui-même, sur tous les points, faisant sa ronde jour et nuit, reconnaissant les lieux, « encourageant cependant tout le monde au travail, caressant petits et grands. » Ces jours-là, où il était maître de lui-même, il savait donc gouverner les esprits autant par les bons procédés que par la crainte, et il s’entendait à caresser non moins qu’à menacer.
Ce que voulait Montluc, c’était de s’illustrer par une belle, par une incomparable défense, dont il fût à tout jamais parlé ; et comme il l’a dit du marquis de Marignan : « Il servait son maître, et moi le mien ; il m’attaquait pour son honneur, et je soutenais le mien ; il voulait acquérir de la réputation, et moi aussi. » Entre le marquis de Marignan et lui, c’était donc un pur duel d’honneur, et il s’agissait d’y engager les Siennois, qui jouaient un plus gros jeu, et de s’en faire assister jusqu’à l’extrémité moyennant toute sorte de talent et d’art ; en les séduisant, en les rassurant tour à tour, et surtout en évitant, peuple élégant et vif, de les heurter par la violence ; c’eût été feu contre feu. […] De rigoureux qu’il était, âlontluc devint cruel ; il le dit nettement, il ne marchande point les termes ; avec lui, le couteau et la corde jouèrent désormais autant que l’épée, et il s’en repent encore moins qu’il ne s’en vante.
Sa manière est une manière s’il en fut jamais ; mais elle est bien à lui, et il s’y joue. […] Selon lui, en effet, il n’y a plus dans la littérature actuelle que de la forme, la pensée est absente ou sacrifiée : en architecture, en peinture, en sculpture, on ne rencontre, selon lui, que le pastiche, l’imitation du passé, une imitation confuse et entrecroisée des différentes époques, des différentes manières antérieures : « Il en est de même, dit-il, en littérature : on accumule images sur images, hyperboles sur hyperboles, périphrases sur périphrases ; on jongle avec les mots, on saute à travers des cercles de périodes, on danse sur la corde roide des alexandrins, on porte à bras tendu cent kilos d’épithètesa, etc. » Et dans ce style qui n’évite pas les défauts qu’il blâme, l’auteur s’amuse à prouver que tous, plume en main, jouent à la phrase et manquent d’une idée, d’un but, d’une inspiration : « Où sont les écrivains ?
Il aime Mme Récamier purement, platoniquement ; il tremble pour elle de la voir mêlée sans garantie à tant de mondanités, à tant d’orages, de la voir, comme une imprudente enfant, se jouer en riant sur l’écume des flots. […] L’esprit de ses amis courait donc et jouait devant elle, mais sans affectation, sans effort.