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1354. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

Je vais droit à la partie originale et neuve, la seule qui vit pour nous de l’intérêt et qui ajoute quelque chose qu’on savait. […] Beyle, en cela, se livrait à sa verve, à sa nature d’esprit, et aussi il avait intérêt à ce que la conversation fut des plus vives : il s’était chargé d’envoyer à je ne sais quelle Revue anglaise des nouvelles de notre littérature, et il venait s’approvisionner le dimanche dans le salon de M. 

1355. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

. — M. de Montmorency meurt vers ce temps-là ; il était de l’administration des hospices ; on célébrait pour lui un service dans chaque hôpital : « Ne manquez pas d’y aller, disait le même médecin aux élèves à qui il portait intérêt, cela fera bien. » Il n’y eut qu’un seul élève, de ceux qu’on appelle câlins, qui y assista. […] Cette partie des Mémoires d’un témoin fort peu considérable sans doute, mais dont les amis curent grande influence, n’est pas sans quelque intérêt pour l’histoire du temps. — En vérité, on rougit pour son pays de penser quelle a pu être à un moment, et à l’aide d’une active amie (Mme du Cayla), l’influence politique d’un sot panaché et d’un niais comme ce vicomte Sosthènes ; on hésiterait à, parler ainsi d’un galant homme, si lui-même il n’avait pris à tâche de se dresser son monument et comme sa pyramide ridiculement solennelle, dans ses futiles et interminables Mémoires.

1356. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

Il publiait ses Nouvelles en 1613, des Comédies et intermèdes en 1615 ; il donnait en 1614 son Voyage au Parnasse, satire en vers imitée de l’italien, et qui n’a d’intérêt pour nous qu’au point de vue biographique. […] Vous êtes venu bien mal à propos pour faire ma connaissance, car il ne me reste guère de temps pour vous remercier de l’intérêt que vous me portez. » — Nous en étions là quand nous arrivâmes au pont de Tolède ; je le passai et lui entra par celui de Ségovie.

1357. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

C’est un impuissant qui n’a pu être artiste. » Tout artiste présomptueux avait trop intérêt à cette définition du critique : il s’en est suivi, pendant des années, la pleine licence et comme l’orgie des talents. […] Taine, comme ont paru le faire ceux même qui le défendaient le mieux, j’aurais essayé, en le prenant tel qu’il s’offre, de présenter et de faire valoir, moins encore en sa faveur que dans l’intérêt de l’illustre Compagnie, une seule considération que je crois digne d’être méditée.

1358. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

. : c’est à Rarère effrayé et qui vient de tracer de la situation un tableau très sombre, qu’il répond : Avant de m’expliquer sur ces grands intérêts, Je dois de ce récit adoucir quelques traits. […] Elle lui prêtait de son rayon, et, en l’aimant, elle restait fidèle encore à son programme de jeune fille : « Dans les âmes honnêtes et délicates, l’amour ne se présente jamais que sous le voile de l’estime. » Je viens de relire les Mémoires de Buzot ou ce qu’on appelle ainsi, les pages d’apologie écrites par lui au milieu de sa proscription : elles sont assez véhémentes et animées d’une vertueuse indignation, mais ternes, sans intérêt pour nous aujourd’hui, sans un éclair.

1359. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Il disparut du monde, et l’on a même dit que le fameux masque de fer n’était autre que ce petit ministre du duc de Mantoue, qu’on avait eu grand intérêt pour lors à supprimer. […] Au reste l’intérêt de ces volumes est tout entier dans les pièces.

1360. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

Duveyrier avait, en vue et avec qui il devait s’efforcer de nouer des relations politiques et commerciales dans l’intérêt de notre colonie algérienne. […] L’Angleterre et sa famille ont intérêt à retrouver ceux de ses papiers qui n’ont pas été détruits.

1361. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

Les traits biographiques se distribuent, se combinent très heureusement sous sa plume, et il nous guide avec intérêt, sans un instant d’effort ou d’ennui, à travers ces grandes et méditatives existences. […] C’est à lui que le récent auteur de la Pluralité des Mondes a dû de citer plus d’une des curieuses pièces qui enrichissent son ouvrage et qui en font, on peut le dire, le principal et le plus sérieux intérêt.

1362. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

Sa vie publique, fort bien digérée, fort judicieusement présentée par l’abbé Millot, et avec accompagnement de pièces originales, a rempli des volumes dits Mémoires de Noailles, qui se lisent avec instruction et ne sont pas sans intérêt. […] Camille Rousset, qui a en soi beaucoup d’intérêt.

1363. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

Les détails circonstanciés qu’il donne pendant son séjour à Vienne ou à Schœnbrunn sur l’éducation et les progrès de la jeune archiduchesse destinée à être dauphine, sont une preuve suffisante de son zèle et ne manquent pas d’intérêt en eux-mêmes : « J’espère que Votre Excellence, écrit l’abbé au comte de Mercv, sera à bien des égards enchantée de Mme l’archiduchesse. […] L’observateur anonyme parle comme s’il y avait été admis ; rien de sa part ne sent le subalterne : « La reine est très-gaie et aimable dans les sociétés ; on y parle fort librement d’affaires d’État, de littérature, de nouvelles, de spectacles, d’intérêts particuliers de chacun et de beaucoup de frivolités.

1364. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « THÉOPHILE GAUTIER (Les Grotesques.) » pp. 119-143

Théophile Gautier qui vient à eux cette fois, non plus seulement comme un curieux et comme un érudit, mais comme un franc auxiliaire ; il entre dans la question flamberge au vent et enseignes déployées, ou, pour parler son pittoresque langage, il y entre « comme un jeune romantique à tous crins de l’an de grâce mil huit cent trente. » Un tel point de vue, hardiment choisi, est bien fait pour éveiller l’intérêt, quand on sait à quelle plume vive, à quelle plume effilée, intrépide et sans gêne on a affaire. […] La Remontrance du poëte captif au conseiller du parlement M. de Vertamont, qui était son juge, appelle l’intérêt par la situation et par quelques tons de fraîcheur ; il décrit à ce magistrat le retour du printemps deviné à travers ses barreaux, et il demande la clef des champs, que la nature en cette saison accorde à toute créature ; aujourd’hui, dit-il : Que l’oiseau, de qui les glaçons Avoient enfermé les chansons Dans la poitrine refroidie, Trouve la clef de son gosier Et promène sa mélodie Sur le myrte et sur le rosier… Cela fait ressouvenir de ces autres vers d’un poëte prisonnier : Soleil si doux au déclin de l’automne, Arbres jaunis, je viens vous voir encor !

1365. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

Nous croyons aussi qu’il y a intérêt et profit dans ce rapprochement, mais ce ne doit être au détriment ni de l’une ni de l’autre. […] Sa fille hérita de tout, et des intérêts accumulés.

1366. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

On conçoit l’intérêt passionné avec lequel cette jeune âme devait suivre de loin les efforts et les dangers de son père. […] L’attrait d’un intérêt nouveau, le changement des cœurs, l’inconstance, l’ingratitude, la mort, dépeuplent peu à peu ce monde enchanté dont la jeunesse faisait son idole…Aimer Dieu, c’est adorer à leur source les perfections que nous espérions trouver dans les créatures et que nous y avons vainement cherchées.

1367. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

Un singulier intérêt s’y mêlait pour Christel : évidemment ce jeune homme aimait, il était aimé. […] Cet intérêt de Christel pour une situation qu’elle devina du premier coup fut-il, un seul instant, purement curieux, attentif sans retour, et, si l’on peut dire, désintéressé ?

1368. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVe entretien. Littérature grecque. L’Iliade et l’Odyssée d’Homère » pp. 31-64

Eux, ayant entendu la lecture de ces divers poèmes, et les jugeant sans passion, sans esprit de rivalité, n’écoutant que l’intérêt de la vérité, et ne considérant que la convenance de l’art, déclarèrent unanimement que la compilation d’Aristarque et celle de Zénodote étaient les meilleures ; enfin, jugeant entre les deux, celle d’Aristarque eut la préférence. […] L’hospitalité et l’amour de Phémius, l’intérêt de l’enfant touchèrent à la fois le cœur de la jeune femme ; elle devint l’épouse du maître d’école et la maîtresse de la maison dont elle avait abordé le seuil en suppliante, quelques années avant.

1369. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Dans les Fausses Confidences, l’artifice des valets force l’attention et la pitié d’Araminte : de l’attention et de la pitié naissent l’intérêt, qui fait poindre l’inclination. […] Si le Glorieux (1772) se laisse lire encore, c’est que l’auteur, ayant renoncé à faire rire et cherchant un point d’appui pour fonder l’intérêt, s’est décidé à orienter tout à fait la comédie vers les effets sentimentaux et pathétiques.

1370. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Le père Monsabré »

Là, les individus sont plus effacés, évitent de se mettre en évidence : ils agissent sur les âmes par la direction privée plus que par la prédication publique ; ils trouvent leur plaisir dans le sentiment de l’immense force collective dont ils participent, à laquelle ils contribuent par leur obéissance même, plutôt que dans le libre gouvernement de leurs facultés en vue de l’intérêt divin. […] Franchement, c’est là une analyse sans intérêt et qui ne porte que sur des mots.

1371. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

De même, quand la sèche et sifflante Mme Astier l’attend à la fin pour lui jeter sa haine à la figure et pour lui apprendre que, s’il est arrivé à l’Académie, c’est qu’elle s’en est mêlée (… Et elle précisait les détails de son élection, lui rappelait son fameux mot sur les voilettes de Mme Astier, qui sentaient le tabac, malgré qu’il ne fumât jamais… « un mot, mon cher, qui vous a rendu plus célèbre que tous vos livres »), je cherche quel intérêt peut avoir une personne si fine à désespérer et à chasser d’auprès d’elle un mari qui ne serait rien sans elle, il est vrai, mais sans qui elle serait moins encore. […] Une telle disposition d’esprit est évidemment pour déplaire à ceux qui goûtent et essayent de comprendre les formes de la vie et de l’art dans le passé, qui y séjournent volontiers, qui y trouvent autant d’intérêt qu’au spectacle de la vie contemporaine, qui voient dans l’Académie soit une institution vénérable et salutaire, soit même une absurdité charmante  et qui ne sont pas pour cela des cuistres ni des snobs, qui ont même quelque chance d’avoir une sagesse plus détachée et plus libérale que cet éternellement jeune Petit Chose.

1372. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Émile Zola, l’Œuvre. »

Et le livre présente encore un autre intérêt, et des plus rares. […] Nous le renvoyons aux Trouilles, dans l’intérêt de son talent et peut-être, je suis affreusement sincère, pour notre plaisir.

1373. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IV. Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus. »

Délivré de l’égoïsme, source de nos tristesses, qui nous fait rechercher avec âpreté un intérêt d’outre-tombe à la vertu, il ne pensa qu’à son œuvre, à sa race, a l’humanité. […] De tout temps, cette division en deux parties opposées d’intérêt et d’esprit avait été pour la nation hébraïque un principe de fécondité dans l’ordre moral.

1374. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

Napoléon, du premier coup, a compris que la majorité de toute société est neutre et ne demande qu’à subsister et à se soumettre, si elle est garantie dans ses croyances et dans ses intérêts. En s’adressant à ces chefs arabes, à ces ulémas et docteurs révérés, à ces honnêtes gens du pays, en essayant auprès d’eux sa politique de ménagement et de réparation pour ces grands intérêts de toute société, la religion, la propriété, la justice, le jeune conquérant se faisait la main pour ce qu’il devait accomplir ailleurs de bien plus délicat.

1375. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

On était catholique et royaliste par le même train d’opinion, presque en vertu des mêmes idées et des mêmes intérêts. […] Évidemment sa personne, son talent, l’intérêt qui s’y attachait, n’avaient rien perdu, et l’on était plutôt disposé à lui passer désormais quelque chose d’extraordinaire.

1376. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

Il est impossible au critique journaliste, qui se met le plus souvent en quête pour se créer des sujets susceptibles d’intérêt, d’en éluder d’aussi importants quand ils se présentent de front. […] Quoi qu’il en soit, les deux volumes publiés de cette Histoire de la révolution anglaise sont d’un sérieux intérêt et présentent un récit mâle et grave, une suite d’un tissu ferme et dense, avec de grandes et hautes parties.

1377. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Le Chateaubriand romanesque et amoureux. » pp. 143-162

Il la plaint naïvement de n’être pas venue : « Oui, vous avez perdu une partie de votre gloire en me quittant (c’est-à-dire en ne venant pas) ; il fallait m’aimer, ne fût-ce que par amour de votre talent et intérêt de votre renommée. » Voilà, du moins, qui est sincère. […] Attendez ma mort et mes mémoires pour vous détromper. » — Un jour, on lui avait dit que quelqu’un avait parlé de lui avec intérêt, avec bienveillance.

1378. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Étienne Pasquier. (L’Interprétation des Institutes de Justinien, ouvrage inédit, 1847. — Œuvres choisies, 1849.) » pp. 249-269

Giraud sur Étienne Pasquier, et quelques pages aussi élevées que judicieuses de M. le chancelier, accompagnèrent cette publication, qui offre un intérêt sérieux pour ceux même qui ne s’occupent point particulièrement du droit. […] Les premiers livres, pourtant, sont d’un intérêt moindre ; il s’amuse visiblement à imiter parmi nous Pline le Jeune ou Politien, qui ont laissé des recueils de ce genre ; il se propose des sujets, des thèmes, auxquels il se joue.

1379. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — II. (Suite et fin.) » pp. 421-440

Ces lettres perdues, qui seraient curieuses pour l’histoire, doivent être moins regrettables en ce qui est de l’agrément et de l’intérêt. Mme des Ursins nous associe sans difficulté à ses sentiments et nous entraîne, tant que sa résistance à la paix semble chez elle l’inspiration directe, le cri du patriotisme et de l’honneur : on ne lui pardonne pas seulement cette opiniâtreté, on l’en admire ; mais, dès qu’on y soupçonne une ambition et une cupidité personnelle, l’impression devient toute contraire, et son rôle se gâte à nos yeux, Or, il est certain que, vers la fin de cette période sanglante et dans les négociations si lentes qui la terminèrent, elle fit tout pour obtenir des puissances contractantes une souveraineté en son nom dans les Pays-Bas ; le roi d’Espagne s’obstinait sur cette condition si peu convenable et si disproportionnée aux grands intérêts en litige, et il refusait de signer la paix avec la Hollande, si les Hollandais, non contents de mettre Mme des Ursins en possession de cette souveraineté, ne s’en faisaient, de plus, les garants vis-à-vis de l’empereur.

1380. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

Ce qui doit nous donner de l’indulgence pour d’Antin, dans ce métier avoué qui en lui-même n’a rien de bien honorable, c’est qu’insensiblement, et en même temps que son intérêt l’y attache, il y met son amitié, son affection, son cœur, et qu’aussi il ne fait jamais sa cour avec malignité ni aux dépens des autres. […] — J’ai pensé qu’on ne lirait pas sans intérêt cette analyse imprévue que nous a permis de faire de son caractère intime et de sa nature si particulière, le plus assidu, le plus raffiné courtisan de Louis XIV, celui qui, par une convenance heureuse, a mérité de laisser son nom au plus élégant des quartiers de Paris.

1381. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

Je rougis mille fois par jour de ces infiniment petits monuments qui sont dans notre infiniment petit Cabinet des antiques ; je rougis de l’avoir montré aux étrangers : qu’auront-ils pensé de l’intérêt que je prenais à tous ces bronzes de 7 à 8 pouces de hauteur, à ces deux ou trois têtes mutilées dont je voulais leur faire admirer la grandeur et la rareté ? […] Cette jeune femme, sur laquelle tous les portraits s’accordent, était, dès l’âge le plus tendre, une perfection mignonne de bon sens, de prudence, de grâce et de gentillesse : Mme de Stainville, à peine âgée de dix-huit ans, nous dit l’abbé Barthélemy, jouissait de cette profonde vénération qu’on n’accorde communément qu’à un long exercice de vertus : tout en elle inspirait de l’intérêt, son âge, sa figure, la délicatesse de sa santé, la vivacité qui animait ses paroles et ses actions, le désir de plaire qu’il lui était facile de satisfaire, et dont elle rapportait le succès à un époux digne objet de sa tendresse et de son culte, cette extrême sensibilité qui la rendait heureuse ou malheureuse du bonheur ou du malheur des autres, enfin cette pureté d’âme qui ne lui permettait pas de soupçonner le mal.

1382. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

On fait sortir de prison le prince de Condé, qu’elle n’avait fait arrêter que dans l’intérêt du roi, et ce prince du sang devient pour elle un ennemi actif qui va servir les mauvaises intentions de Luynes. […] Tout le monde favorise la reine de ses vœux ; elle a tous les cœurs, elle a même bien des bras, et cependant elle va être vaincue en un clin d’œil : « Dieu le permit ainsi à mon avis, dit Richelieu, pour faire voir que le repos des États lui est en si grande recommandation qu’il prive souvent de succès les entreprises qui le pourraient troubler, quoique justes et légitimes. » Parlant du rôle de Richelieu en cet instant critique, quelques hommes du temps l’ont accusé d’avoir trahi les intérêts de la reine mère et des confédérés ; le duc de Rohan, ce grand fauteur de guerres civiles, l’accuse d’avoir exprès conseillé à la reine, dans une ville tout ouverte, cette défense tremblante.

1383. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

Des cinq parties dans lesquelles se divise l’Introduction à la vie dévote, la troisième partie qui contient une analyse des vertus, et les avis sur la manière de les exercer, nous offre un intérêt plus directement moral. […] Saint François de Sales y énumère toutes les petites formes de partialité et d’injustice par lesquelles nous tirons à nous, dans la pratique de la vie, du côté de notre intérêt et de notre passion, sans vouloir l’avouer ni en avoir l’air, et sans nous croire moins honnêtes gens ; il fait toucher au doigt en quoi consistent ces défauts de raison et de charité, lesquels, au bout du compte, ne sont que de mesquines tricheries : « Car on ne perd rien, dit-il, à vivre généreusement, noblement, courtoisement, et avec un cœur royal, égal et raisonnable. » Par ce seul chapitre, où respire dans le moindre détail la vraie loi de charité, saint François de Sales s’élève en morale bien au-dessus du Montaigne et du Franklin.

1384. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre deuxième. La force d’association des idées »

. — Ce processus est, selon nous, celui qui répond à l’appétition, à l’intérêt, au désir du moment. […] En second lieu, l’intelligence finit par prendre intérêt aux ressemblances et différences pour elles-mêmes, parce que le discernement des ressemblances et différences est sa loi propre, conséquemment sa tendance normale.

1385. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

Cependant l’intérêt du drame, qui se joue dans ce palais m’attire et me fait vaguer dans les rues avoisinantes. […] Mardi 16 décembre Décidément, je n’ai plus d’intérêt à créer un livre. — Créer un massif de fleurs, une chambre, une reliure : voilà, ce qui dans ce moment, amuse ma cervelle.

1386. (1911) Jugements de valeur et jugements de réalité

Spencer a pu démontrer que la philanthropie est souvent contraire à l’intérêt bien entendu de la société ; sa démonstration n’empêchera pas les hommes de mettre très haut dans leur estime la vertu qu’il condamne. […] C’est que l’idéal n’est pas au service du réel ; il est là pour lui-même ; ce ne sont donc pas les intérêts de la réalité qui peuvent lui servir de mesure.

1387. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

Son exposé, où la prévention se cachait mal sous un air d’impartialité, fut, pendant quelque temps, l’objet d’une controverse que fit taire bientôt le fracas des événements et des intérêts politiques. […] Qu’ils y arrivent, et il sera temps alors pour nous de les combattre, de leur démontrer que ces règles contre lesquelles on se mutine, sont pourtant les seules bases sur lesquelles puisse être assis le système dramatique d’un peuple éclairé, et qu’elles sont elles-mêmes fondées sur les résultats de l’expérience, lentement convertis en axiomes ; qu’elles ne sont pas, comme on a l’air de le croire, des lois imposées à l’imagination par le caprice d’un vieux philosophe grec du temps d’Alexandre, et que l’auteur de la Poétique n’a pas plus inventé les unités, que l’auteur de la Logique n’a créé les syllogismes ; que ces lois, établies pour les intérêts de tous, font seules du théâtre un art, et de cet art une source d’illusions ravissantes pour le spectateur et de succès glorieux pour le poète ; qu’elles ont le double avantage d’élever un obstacle contre lequel le génie lutte avec effort pour en triompher avec honneur, et une barrière qui arrête l’invasion toujours menaçante de la médiocrité aventureuse ; qu’on peut quelquefois essayer de reculer les limites de l’art, et quelquefois même, comme a dit Boileau, tenter de les franchir, mais qu’il ne faut jamais les renverser ; et qu’enfin, il en peut être de la littérature comme de la politique, où quelques concessions habilement faites à la nécessité des temps, préservent l’édifice de sa ruine, et le rajeunissent, tandis qu’une révolution complète, renversant tout ce qu’elle rencontre, bouleversant tout ce qu’elle ne détruit pas, plaçant le crime au-dessus de la vertu, et la sottise au-dessus du génie, engloutit dans un même gouffre la gloire du passé, le bonheur, du présent, et les espérances de l’avenir.

1388. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

Il y a donc une autre cause des succès de Saint Simon que l’enlèvement, par le talent, de l’imagination charmée ou par l’intérêt d’un récit qu’avant lui personne n’avait su faire encore, et qu’après lui personne n’oserait recommencer. […] Ils l’ont trouvé dans ces Mémoires, que dans l’intérêt de la vérité il ne faut point appeler terribles, car on les croirait redoutables, comme ils le trouvent encore dans l’opinion d’un temps perdu de panthéisme, et qui n’a plus la vraie notion de la grandeur individuelle.

1389. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [M. de Latena, Étude de l’homme.] » pp. 523-526

… Le seul livre que j’aie constamment médité est celui qui est ouvert à tous, c’est-à-dire l’homme agissant sous les influences qui le dominent sans cesse, ses intérêts et ses passions ; et si quelquefois j’ai jeté un coup d’œil rapide sur La Bruyère et sur La Rochefoucauld, je ne l’ai fait que pour être certain de ne pas laisser de simples réminiscences se glisser parmi mes propres observations. » De cette manière de composer il est résulté quelquefois, en effet, que le lecteur, familier avec les écrits soit de Sénèque, soit de La Rochefoucauld et de La Bruyère, soit de Massillon, de Montesquieu et du comte de Maistre, sent se réveiller en lui des traces de pensées connues, en lisant tel passage de M. de Latena.

1390. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Sur Adolphe de Benjamin Constant » pp. 432-438

Après avoir reçu le livre, il écrivait à Mme d’Albany, le 14 octobre 1816, — et cette lettre est devenue désormais le jugement et le commentaire inséparables d’Adolphe : … J’ai profité du retard pour lire deux fois Adolphe ; vous trouverez que c’est beaucoup pour un ouvrage dont vous faites assez peu de cas, et dans lequel, à la vérité, on ne prend d’intérêt bien vif à personne.

1391. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « SAINTE-BEUVE CHRONIQUEUR » pp. -

Les intérêts ont changé, la plupart des hommes sont morts ou ont changé aussi.

1392. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXIII » pp. 133-140

Saint-Marc Girardin a prêchée dans ses cours avec beaucoup de suite et de piquant, c’est la petite morale, comme il l’appelait, celle de tout le monde, celle de la société et du grand chemin, celle de la religion sans doute, mais celle aussi de l’intérêt bien entendu ; il sait la dose juste dans laquelle on peut combiner la générosité et l’utilité sans compromettre celle-ci ; il a constamment raillé, et souvent avec bien de la justesse, les enthousiasmes pompeux, les désintéressements à faux, toute l’exagération lyrique d’alentour.

1393. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « SUR ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 497-504

Les plus grandes places de poëtes sont dues, à coup sûr, à ceux qui ont mis de puissantes facultés d’imagination, de sensibilité et d’intelligence, au service des intérêts et des sentiments d’un grand nombre de leurs concitoyens et de leurs contemporains ; qui les ont soutenus, animés, récréés, ennoblis ; qui les ont aidés à pleurer, à espérer, à croire, soit dans un ordre purement héroïque et humain, soit par rapport aux choses immortelles.

1394. (1874) Premiers lundis. Tome I « Deux révolutions — I. L’Angleterre en 1688 et la France en 1830 »

En Angleterre, les partis politiques qui avaient conservé leurs formes religieuses même sous la Restauration, et qui s’étaient successivement brouillés ou réunis, selon leurs intérêts, finirent par s’entendre, en haine du papisme qui les opprimait, et la Révolution de 1688 aboutit au triomphe complet de l’anglicanisme, à la tolérance pour les non-conformistes protestants, à la proscription contre les catholiques.

1395. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mort de sir Walter Scott »

, le devoir des générations nouvelles, leur piété bien entendue envers les mânes de ces hommes dont la grandeur et les vrais bienfaits ont racheté les faiblesses, consiste, au défaut du génie que Dieu seul dispense, à ne pas s’endormir dans un lâche sommeil ni dans des intérêts étroits et vulgaires, à ne pas s’égarer dans de chétives ambitions, à ne pas croupir au giron de quelque pouvoir corrompu et corrupteur, mais à marcher avec constance, développant leur pensée, défendant leur droit, n’abdiquant aucune portion de la vérité, la cherchant dans la méditation et l’étude, la répandant par la parole, et fidèles à tout ce qui relève l’homme et l’honore.

1396. (1874) Premiers lundis. Tome II « Revue littéraire et philosophique »

Nous attendons avec intérêt la suite de ces publications auxquelles nous désirons, non pas plus de goût ni de soin, mais des considérations parfois plus étendues et des points de vue éclairés par une littérature plus générale.

1397. (1874) Premiers lundis. Tome II « Deux préfaces »

Mais dans ces charmants écrits de moyenne mesure, les renseignements critiques, précieux et fins sont mis en œuvre avec intérêt et art.

1398. (1875) Premiers lundis. Tome III «  La Diana  »

» Cette confiance, cette union, cette fusion des diverses classes dans un même intérêt, dans un même sentiment, offre un spectacle qui fait du bien.

1399. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VI. De l’envie et de la vengeance. »

L’amour de la patrie l’emportait tellement chez les Romains sur toute autre passion, que les ennemis servaient ensemble, et d’un commun accord, les intérêts de la république.

1400. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre III. De la sécheresse des impressions. — Du vague dans les idées et le langage. — Hyperboles et lieux communs. — Diffusion et bavardage »

Voilà ce qui fait le fond de nos conversations et de nos lettres, et nous prenons dès le collège l’habitude d’appliquer ainsi sur tous les sujets qu’on nous propose des pensées reçues, des phrases faites, où nous n’avons aucun intérêt de cœur ni d’esprit.

1401. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Choses d’autrefois »

Ce qu’on développe chez les pensionnaires, c’est l’énergie individuelle, le sentiment de l’honneur ; et on leur apprend aussi l’immolation de soi à l’intérêt d’une caste qui est encore (pour quelques années) une institution politique et sociale.

1402. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Rêveries sur un empereur »

Je sais bien que la Conférence de Berlin n’aura été qu’une cérémonie ; qu’elle aura peu de résultats, ou que, si elle en doit avoir, ils seront indirects et inattendus ; je sais bien que les membres de la Conférence, surpris et gênés de se trouver ensemble, se borneront à constater que le sort des ouvriers est digne d’intérêt, qu’il ne faut pas faire travailler les enfants de cinq ans, qu’il est excellent de se reposer le dimanche, et autres vérités de cette force.

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