On commença à César ; cet homme qui avait fait tant de mal à son pays, et qui avait commis le plus grand des crimes, celui de précipiter la corruption d’un peuple, fut loué sur cette même tribune où l’on n’aurait dû monter que pour flétrir sa mémoire. […] Néron en fit d’abord sa maîtresse, ensuite sa femme ; enfin le même homme fut son amant, son époux, son assassin. […] On sait que ce prince voulut étouffer toutes les vertus, avec tous les talents ; sous lui on publia les éloges de deux grands hommes ; c’étaient Thraséas et Helvidius. […] On avait décerné à ce prince un culte et des autels ; mais les Romains profanèrent plus d’une fois leur apothéose en l’accordant à des tyrans ; au lieu que la louange donnée par l’homme vertueux, est un honneur qui ne fut jamais prostitué au crime. […] L’orateur était Septime Sévère, qui avait cultivé la philosophie et les lettres, homme d’état, homme de guerre, aussi actif que César, aussi implacable dans ses vengeances que Sylla, enfin l’un de ces hommes qui, nés pour le malheur et la gloire de leur pays, ont été tout à la fois grands et cruels.
Il en fit presque un nouvel ouvrage, et lui donna par degrés cette étendue que la plupart des hommes ne pardonneraient pas même à une satire. […] Des Romains, dans ce panégyrique, ont l’air d’esclaves à peine échappés de leurs fers, qui s’étonnent eux-mêmes de leur liberté, qui tiennent compte à leur maître de ce qu’il veut bien ne les pas écraser, et daigne les compter au rang des hommes ; mais c’est bien plus la faute du temps que de l’orateur. […] Il se souvient qu’il est homme, il se souvient qu’il commande à des hommes29… « Les riches ont d’assez grands motifs pour donner des citoyens à l’État, il n’y a qu’un bon gouvernement qui puisse encourager les pauvres à devenir pères. […] « Prince, pour juger des hommes, rapportez-vous-en à la renommée ; c’est elle qu’il faut croire, et non pas quelques hommes : car quelques hommes peuvent et séduire, et être séduits, mais personne n’a trompé un peuple entier, et un peuple entier n’a jamais trompé personne37. […] Il importe encore plus, je crois, d’être bon citoyen, qu’excellent orateur ; et s’il est utile de ne pas corrompre le goût, il vaut encore mieux ne pas corrompre les hommes et les princes.
Nous voici à l’époque de Constantin, c’est-à-dire, un des princes qui ont eu le malheur d’être le plus loués de leur vivant, et celui de tous les hommes qui peut-être a causé les plus grands changements sur la terre. […] Toutes les fois qu’un homme à grand caractère est à la tête d’une nation, les esprits s’agitent, les âmes s’élèvent, les lettres et les arts ou fleurissent, ou renaissent, ou font effort pour renaître, ou suspendent leur chute. […] Le monde réparé, la terre réconciliée avec le ciel, un pacificateur entre Dieu et l’homme, un nouvel ordre de justice, une vie à venir et de grandes espérances, ou de grandes craintes au-delà des temps, tel était le tableau que cette éloquence présentait aux hommes. […] Plusieurs auraient cru outrager la vérité en l’ornant, et affaiblir la cause de Dieu, en recherchant trop les vains secours de l’homme. […] Rome païenne en fit un Dieu, Rome chrétienne en fit un saint ; il était le bienfaiteur de l’une, il était pour l’autre un homme tout-puissant et un prince qui avait eu de grands succès.
Nous ne savons ; mais l’homme, dans sa nuit, à travers ses rêves, a cru saisir une lueur. […] Qui peut dire Cet homme malheureux, puisqu’on le voit sourire ? […] Et c’est de ça que sort un homme ! […] L’idéal ne perd pas sa vérité et sa beauté parce qu’on cesse de lui accorder une existence en dehors du cœur de l’homme et de le personnifier dans un homme agrandi. […] Pas de milieu pour l’homme : esclave ou révolté.
Pour Töpffer, il y a une vie cachée dans tout paysage, un sens, quelque chose qui parle à l’homme ; c’est ce sentiment qu’il s’agit d’extraire, de faire saillir, de rendre par une expression naïve et fidèle qui n’est pas une pure copie. […] Là même où il s’élève jusqu’à cette troisième et haute région où tout semble écraser l’homme et où la vie sous toutes ses formes se retire, Töpffer trouve encore un sens correspondant au cœur en ces effrayantes sublimités. […] Ce n’est là pourtant ni le pittoresque, ni la demeure possible de l’homme, ni même une merveille de gigantesque pour l’œil qui a vu les astres ou pour l’esprit qui conçoit l’univers. […] Aussi, tandis que l’habituel spectacle des bienfaits de la Divinité tend à nous distraire d’elle, le spectacle passager des stérilités immenses, des mornes déserts, des régions sans vie, sans secours, sans bienfaits, nous ramène à elle par un vif sentiment de gratitude, en telle sorte que plus d’un homme qui oubliait Dieu dans la plaine s’est ressouvenu de lui aux montagnes. […] c’est là l’équilibre où il n’est donné à aucun homme d’atteindre !
Guillaume Favre eut son rôle particulier au milieu de tous ces hommes d’élite et dans ce beau quart de siècle de Genève : il fut proprement l’érudit, l’homme des recherches curieuses dans le champ de l’Antiquité, sur les points les plus obscurs de l’histoire des âges barbares, ou sur des recoins oubliés de l’époque de la Renaissance ; également et indifféremment propre à disserter sur un vers de Catulle, sur l’ancienne littérature des Goths, ou sur un ouvrage manuscrit de quelque savant du xve siècle. […] Heureux homme que ce Guillaume Favre, et que rien ne commandait dans la libre et capricieuse application de ses goûts ! […] Même dans nos conditions toutes modernes, on peut observer à l’égard du dernier grand homme de cet ordre, la facilité et la propension naturelle à ce qu’il en soit ainsi : la transfiguration populaire s’opère malgré tout et à la face de l’histoire. […] Il est bon quelquefois aux hommes de science de se sentir en présence d’un public moins sérieux, moins solide, et qui, par sa plus grande indifférence du fond, oblige les écrivains à s’évertuer. […] Moi, j’ose penser qu’un tel homme, doué de cette réunion d’avantages, serait tellement heureux que l’on ne peut se faire l’idée d’une situation plus agréable, même en paradis ; il n’y manquerait que la durée pour avoir ainsi le ciel sur la terre.
Un homme même qui est quelquefois attaqué de vertiges : cela est vrai. […] Car jusqu’à quel excès de crapule cet homme-là ne s’est-il point laissé emporter ? Mais que dis-je, un homme ? […] messieurs, on ne sait que trop que c’est le pauvre homme qui les a reçus. […] Quelle richesse d’homme !
. : homme grand. […] « J’ai le nom de l’individu, Jean, et le nom de la classe, homme ; je puis juxtaposer mes deux noms, Jean, homme. […] Pour exécuter complètement mon dessein, j’invente a une marque qui, placée entre mes marques Jean et homme, fixe l’idée que je veux exprimer », et je dis : « Jean est homme. » Dans toutes les langues, le verbe qui dénote l’existence a été employé pour répondre au dessein d’ajouter la copule dans l’affirmation. […] Ex. : L’homme est un animal raisonnable. » « Ou bien on applique à la même chose des noms ayant l’un moins, l’autre plus d’extension : L’homme est un animal. » Dans le premier cas, l’équivalence des deux mots est reconnue par l’association : homme et animal raisonnable sont deux mots pour un même état de conscience ; ils s’associent comme marques à un même groupe d’idées. […] Homme est le nom d’un groupe d’idées suggérées par association (Voir ci-dessus Classification) ; animal est aussi le nom d’un groupe, qui enferme et le premier groupe et d’autres encore.
On adopta alors cette définition qui limitait le phénomène à son expression pathologique : Le Bovarysme est la faculté départie à l’homme de se concevoir autre qu’il n’est en tant que l’homme est impuissant à réaliser cette conception différente qu’il se forme de lui-même. […] Plongé dans cette atmosphère du devenir qui enveloppe tout le réel, l’homme obéit à la loi du changement : il devient autre. […] L’efficacité de la notion repose donc sur l’existence de ce pouvoir bovaryque qui permet à l’homme de s’approprier et de s’assimiler les résultats d’un effort qu’il n’a pas lui-même accompli. […] On peut dire de ce point de vue que l’homme de génie, lorsqu’il invente, manifeste la seule action de la loi du devenir et qu’il échappe à tout Bovarysme. […] Avec son habituel souci de réforme et de redressement il mettra les hommes en garde contre les excès et les déviations du Bovarysme, et s’efforcera de régler le cours de ce pouvoir, d’en réduire l’activité à ses modalités normales.
Un homme fait une lecture intéressante à un autre. […] Je ne sais si c’est son dessein ; mais cela arrivera si cet homme ne s’éveille, et que cette femme fasse un pas de plus. […] Venge l’homme de bien du méchant, des dieux et du destin. […] Qu’il appelle deux hommes instruits qui lui expliquent séparément et en détail toute sa composition. […] C’est que ces hommes sont sans imagination, sans verve.
Mon ami, le témoignage de deux hommes suffit pour conduire sur un échafaud. Est-il donc si rare que deux méchans se concertent, que deux hommes de bien se trompent ? […] Cela n’est ni de l’homme qui croit, ni de l’homme qui ne croit rien, ni du fanatique qui doit s’accuser lui-même de son crime et s’en glorifier. […] Je serais effrayé, si je voyais à un homme de pareilles joues. […] Homme nu, à demi-couché sur une espèce de sopha dont le dossier est relevé.
Rien ne change la nature des hommes que ce qui est surnaturel à eux. […] mais comme aiment les sens dans un homme. […] Je ne veux pas mutiler l’homme ; je ne veux rien trancher dans ce que Dieu a fait en l’entremêlant de corps et d’âme avec un art, si c’en est un, si prodigieusement consommé. […] Fatalité du tempérament, du milieu, de la philosophie d’un homme ! […] Le curé de Grand-Fort a toutes les façons d’être un homme.
La première, c’est qu’il est une œuvre destinée à peindre les hommes tels qu’ils sont ; la seconde, c’est qu’il constitue une œuvre d’art extrêmement complexe. […] Où la secrète indulgence qui flatte le fond perverti de l’homme ? […] Le cadre du roman, c’est toute l’atmosphère où se déroule l’action, c’est l’entourage, la maison, le mobilier aussi bien que la campagne ou le quartier, le reflet des choses sur les hommes. […] Mais une femme ou un homme instruit, habitué à raisonner, ne s’en tiendra pas là. […] Il faut, chez un homme, ces dispositions que j’appellerai exclusives, pour qu’il perçoive et retienne chacun des détails dont se compose un paysage.
Émile Carrey nous apprend, dans l’intéressante relation de son voyage, que beaucoup de peuplades indiennes ont déjà renoncé à l’arme empoisonnée de l’homme primitif pour la remplacer par l’arme à feu de l’homme civilisé. […] Les expériences sur les animaux ont confirmé les observations faites sur l’homme. […] Chez l’homme, le cerveau doit, pour exprimer ses sentiments, avoir le cœur à son service. […] Les pathologistes ont signalé chez l’homme des faits analogues en grand nombre. […] On dit que Prométhée, ayant formé quelques statues d’hommes, déroba le feu du ciel pour les animer.
Ce saint homme était fort éloquent. […] Quel homme, ce chanoine Docre ! […] Les hommes d’épée obéissent à cet homme d’argent. […] C’était une chasse à l’homme. […] ces hommes, que M.
On sent que non seulement il n’est pas l’homme, mais qu’il est le contraire de l’homme. […] Faguet, dupe de l’homme aux manchettes. […] Giraud, l’homme d’aujourd’hui qui, avec M. […] Et l’Ame d’un homme aussi. […] La pensée est l’homme même.
N’agit-elle pas déja sensiblement sur l’esprit des hommes en rendant la temperature des climats aussi differente qu’on la voit en differens païs comme en differentes années ? […] Mais, objectera-t-on, si ces changemens que vous supposez arriver successivement dans la terre, dans l’air et dans les esprits étoient réels, on remarqueroit dans le même païs quelque changement dans la configuration du corps des hommes. […] Peut-être trouveroit-on qu’il y a des âges où l’espece des hommes va en se perfectionnant, comme il y en a d’autres où elle décheoit. […] Les personnes âgées soutiennent encore qu’une certaine cour étoit composée de femmes plus belles et d’hommes mieux faits qu’une autre cour peuplée des descendans de ceux-là. […] La race des hommes deviendroit une race de pigmées s’il ne succedoit point à ces temps de décadence, des temps où la stature des corps se releve.
Un homme est pauvre ; il envie la richesse. […] Mais Charles Barbara, qui, je vous l’assure, est un homme, n’a pas craint de mettre son pied dans ce soulier éculé, rempli de sang, et, au lieu de barboter là-dedans comme un réaliste de 1855 ou un romantique de 1832, il nous a donné une étude superbe de vérité inattendue sur le remords dans les âmes fortes, — et, comme un chirurgien retire du fond d’une plaie des os brisés, des fragments de l’homme corporel il nous a retiré une conscience, les fragments d’une âme déchirée et mutilée par le crime… Jusqu’ici, la plupart des livres qui avaient peint le remords lui avaient fait pousser quelque cri sublime ou l’avaient peint accessoirement, de côté, le mêlant au torrent des autres sentiments de la vie. […] Le livre tient dans ce repli magnifique du cœur de l’homme. […] Et comme l’ensemble d’une composition littéraire est toujours plus vaste que l’étroit espace ou l’étroite durée d’un tableau, il se trouve que L’Assassinat du Pont-Rouge n’a pas que la beauté solitaire du principal personnage, tête merveilleuse de désordre et d’anarchie depuis son crime, Satan vrai, Satan d’homme, à qui Barbara s’est bien gardé de donner même un pouce de plus que la taille humaine ! Malgré l’intelligence qu’il lui reconnaît, il n’a pas fait héroïque et fulminant cet athée qui voudrait tuer Dieu pour avoir la paix, comme il a tué l’homme pour avoir l’argent ; car on a beau se dessiner en Ajax contre le ciel, le poing dont on menace Dieu est toujours un poing canaille et qui mérite d’être abattu sur le billot !
Mais, homme de devoir, il contracte vite la religion de son noble métier. Ces natures d’hommes sont le contraire des natures légères. […] Ce brave homme, ne sachant que faire d’une somme aussi forte, demanda la permission de la porter à sa femme. […] L’autorisation demandée lui fut facilement accordée, et notre homme, enchanté, commença à me poursuivre de ses prévenances et de ses obsessions. […] La société fait bien d’honorer de tels hommes, de leur élever des statues ; car c’est par eux, en grande partie, qu’elle existe, qu’elle subsiste.
» Cette ostentation respire et s’étale dans tout ce qu’il a écrit ; on a devant soi un homme qui pérore et qui se rengorge. […] Rien ne s’y détache ; il ne vise à aucune réflexion, à aucune description ; il est le moins littéraire des hommes. […] Il y a des hommes qui causent d’une manière, qui écrivent d’une autre, qui sont plus familiers avec les amis, plus réservés dans le monde et avec les étrangers, qui ont plus d’un ton à leur usage : ce sont des esprits à plusieurs tiroirs. […] Tu vois que je suis traité en véritable personnage ; ce n’est pas que ça me touche, mais je te donne ces détails pour que tu sois sans inquiétude ; car tant de précautions sont même inutiles, la correspondance se faisant journellement avec huit hommes seulement. […] Horace Vernet a saisi et rendu à merveille cette mesure, cette proportion des hommes et des combattants entre eux.
Pour la plupart des hommes de la période précédente, les rêves éblouissants allaient s’évanouir ; les rivages d’Utopie et d’Atlantide s’enfuyaient à l’horizon : les voyages en Crimée étaient terminés. […] Le moment était arrivé où dans ce déchaînement de passions violentes et de préventions aveugles, il n’y avait certes aucun déshonneur pour les hommes sages, pour les esprits modérés, à se sentir inhabiles, et impuissants. […] Il ne croit pas pouvoir changer l’homme, il ne se pique même pas de le sonder trop à fond ; mais il le sent tel qu’il est, et il tâche d’en tirer parti. […] Mémoires tirés des papiers d’un Homme d’État, t. 1, p. 180-194. — Un adversaire et sans aucun doute un ennemi personnel du comte de Ségur, Senac de Meilhan, a écrit, à ce sujet, cette page peu connue : « … La présomption que l’homme est porté à avoir de ses talents et de son esprit faisait croire à plusieurs jeunes gens qu’ils joueraient (en 1789) un rôle éclatent ; mais la Révolution, en mettant en quelque sorte l’homme à nu, faisait évanouir promptement cette illusion, qu’il était aisé de se faire à l’homme de cour, à celui du grand monde, qui se flattait d’obtenir dans l’Assemblée les mêmes succès que dans la société. Le ton, les manières, une certaine élégance qui cache le défaut de solidité, l’art des à-propos, tout cela se trouve sans effet au milieu d’hommes étrangers au grand monde et habitués à réfléchir.
Ces discussions pourtant m’ont reporté en idée vers un homme dont le nom revient sans cesse et se trouve consacré comme exprimant le type du maître d’autrefois, le bon Rollin. […] Il fit de brillantes études au collège du Plessis, où il eut pour maître, dans les classes supérieures, un homme qu’il a fort loué et à qui il a fait un nom, M. […] et son parti préconise-t-il toujours comme un grand homme ce prolixe et inutile compilateur ? […] À peine peut-on concevoir tant de modestie dans un homme que l’on a tant loué, et que l’on loue encore tous les jours à si juste titre. […] Où sont les jeunes gens modestes et savants qui unissaient l’ingénuité de l’enfance aux qualités solides qui annoncent l’homme ?
On a un récit de sa première vie tracé par un homme qui fit auprès de lui plusieurs séjours, et qui ne paraît pas avoir été autre que l’abbé de Choisy. […] Pauvres hommes, en qui si peu d’années de plus ou de moins déplacent si fort l’importance des points de vue, et qui se souviennent si inégalement des mêmes choses, selon la diversité des âges ! […] Ce grand homme était alors à battre le pays à la tête de sa troupe. […] M. d’Aubijoux est un homme de plaisir qui lance le prince dans une suite de régals, festins, ballets, comédies. […] Cette manière de parler aux ministres se ressentait de la Fronde et d’un homme qui n’avait pas encore plié sous le régime de Louis XIV.
Des hommes peuvent parler une journée entière, et toute leur vie, sans proférer une phrase qui n’ait pas été dite. […] Des hommes voient avec génie : rien de ce qui a passé sous leurs yeux ne leur est impossible à évoquer. […] La mémoire visuelle rend les hommes indociles ; la mémoire littérale dispose à la passivité. […] Quant à l’idée historique, une et complexe, qu’évoque ce mot — succédané du mot royaume, dans les hommes de race, elle n’a pas produit de clichés. […] La phrase authentique : « Cent mille hommes égorgés à coups de fusil », est moins choquante, le mot « égorger » étant évidemment de ceux qui sont en marche vers l’abstraction.
L’homme le plus ordinaire ayant ce sentiment à exprimer, l’aurait-il énoncé en d’autres termes que Corneille ? La seule différence entre l’homme ordinaire et le grand homme, c’est que le dernier a trouvé ce sentiment dans son âme, et que l’autre aurait eu besoin qu’on le lui suggérât. […] Les hommes, dit un philosophe moderne, ont tous à peu près le même fond de pensées ; ils ne diffèrent guère que par la manière dont ils les rendent. […] Tous les hommes ont le même fond de pensées communes, que l’homme ordinaire exprime sans agrément, et l’homme d’esprit avec grâce ; une grande idée n’appartient qu’aux grands génies ; les esprits médiocres ne l’ont que par emprunt ; ils montrent même, par les ornements qu’ils lui prêtent, qu’elle n’était point chez eux dans son terroir naturel, et s’y trouvait dénaturée et transplantée. […] Que dirions-nous d’un homme qui ayant à nous entretenir sur la chose du monde qui nous intéresserait le plus, s’en acquitterait par un discours étudié, compassé, chargé de figures et d’ornements ?
L’homme qui dès lors, a l’âge de l’amour, se livre aux voluptés solitaires et s’enferme en son propre être, ne jouit que de lui-même, de son pauvre et triste moi. […] Cet homme arrête sur vous deux yeux, qui sont beaux, mais tournés au dedans : ce sont des yeux qui ne regardent pas. […] Il est absolument impossible pour moi qu’un homme sans vie produise de la beauté ; d’un être farouchement clos ne peut sortir aucune vivace mélodie, pas plus que du sol d’une cave ne peut naître une tige colorée. […] Comment comparer la vision essentiellement saine, bien que surnaturelle, de l’homme de génie, avec la vision absolument maladive et anti-naturelle du pénitent ? Il faudrait pour oser cette confusion, partager l’opinion puérile de Lombroso sur l’homme de génie.
Le citoyen de Genève défendit son sentiment en homme persuadé. […] Quels hommes que Michel-Ange, Raphaël, le Corrège, le Titien ! […] Quels hommes que la plupart de ceux qui la composèrent ! […] A son talent près pour la direction, l’abbé de Saint-Cyran étoit un homme assez ordinaire. […] Voilà les hommes inconséquens partout.
Pour quiconque connaît le cœur humain (et le parquet, ce jour-là, n’a point paru le connaître), ces hommes ne sortent pas du tribunal tout à fait tels qu’ils y sont entrés. […] Pour le vrai mérite chez un homme public, la publicité à la longue est toujours impartiale et équitable. […] Les hommes de ma génération qui sont au pouvoir, et qui furent des libéraux de ce temps-là, ont trop oublié, selon moi, les impressions de leur jeunesse. […] C’est un reste du moyen âge, un dernier anneau des chaînes pesantes dont l’homme était alors chargé. […] Un homme qui la connaît bien et qui dirige avec habileté un des plus importants recueils périodiques (la Revue des Deux Mondes) me le disait encore l’autre jour : « La littérature toute seule ne fait pas vivre son homme. » Je ne vois d’exception que pour les grands succès au théâtre.
Et ces hommes voudraient recommencer ? […] C’était un homme d’État, ce n’était nullement un homme de tribune ; il se soignait trop par excès d’amour-propre, pour se présenter à l’Europe en négligé. […] Les hommes supérieurs n’ont pas de peine à se faire pardonner le passé ! […] Je ne parle pas ici par ressentiment d’auteur, car je suis le seul poète du temps et le seul homme politique de son époque qui soit, comme poète, placé par lui dans la compagnie immortelle d’Homère, de Virgile, de Racine, et, comme homme de tribune et de hautes affaires, au rang des hommes de bon sens. […] Mais il m’a rendu bien plus qu’honneur comme poète, et plus que justice comme homme politique.
D’abord, le fait supposé par cette objection n’est pas d’une vérité rigoureuse, puisqu’un des plus beaux monuments historiques qui existent chez les hommes, le Discours sur l’histoire universelle, a été dicté par l’esprit du christianisme. […] Les Grecs ont surtout été remarquables par la grandeur des hommes ; les Romains, par la grandeur des choses. […] On voit croître l’homme et sa pensée : d’abord enfant, ensuite attaqué par les passions dans la jeunesse, fort et sage dans son âge mûr, faible et corrompu dans sa vieillesse. L’état suit l’homme, passant du gouvernement royal ou paternel au gouvernement républicain, et tombant dans le despotisme avec l’âge de la décrépitude. […] Donnons-nous de garde de nous en plaindre ; l’homme moral parmi nous est bien supérieur à l’homme moral des anciens.
Une belle fille à la maison, c’est une fin de l’homme ; la voilà mûre bientôt, et moi encore assez vert. […] — Il n’y a pas besoin, dit l’homme de loi ; appelez votre fils, votre frère et votre nièce, qui ne sont pas loin ; je vais vous lire la citation moi-même. […] nous demanda froidement, la plume en main et le papier sur le genou, l’homme de loi. […] un homme ? […] Se peut-il que la malignité des hommes aille jusque-là ?
Artaxerxès a honoré et récompensé les hommes qui l’ont délivré du rebelle ; elle attend l’occasion et guette ses victimes. […] Au milieu de l’armée détruite, qu’on vient d’étaler sous ses yeux, sa pensée ne cherche qu’un homme. […] Cependant, il faut bien que les hommes subissent les maux envoyés par les Dieux. […] Renvoie en haut celui dont notre terre n’a jamais contenu le semblable. — Cher homme ! […] — Certes jamais celui-là ne perdit les hommes dans une guerre désastreuse.
Il promène par les rues nocturnes et populeuses que passe l’homme des foules, et déploie la lumineuse hallucination d’Auguste Bedloe. […] L’homme des foules est atteint d’un mal moral que les aliénistes peuvent classer. […] Il soutint en ses dernières années cette terreur de l’isolement que concentre l’homme des foules. […] Il est sans doute de ceux qui se jouent de l’homme et le font résonner « de sa note la plus basse au sommet de sa voix ». […] Cet homme, vacillant et faible, fut imperturbable.
Ce sont les hommes d’école au contraire qui passent pour pédants et mal élevés. Dans cet état social, l’ignorance, qui chez nous condamne l’homme à un rang inférieur, est la condition des grandes choses et de la grande originalité. […] L’étude seule de la Loi passait pour libérale et digne d’un homme sérieux 132. […] Chez lui, elle tenait à une notion profonde des rapports familiers de l’homme avec Dieu et à une croyance exagérée dans le pouvoir de l’homme ; belles erreurs qui furent le principe de sa force ; car si elles devaient un jour le mettre en défaut aux yeux du physicien et du chimiste, elles lui donnaient sur son temps une force dont aucun individu n’a disposé avant lui ni depuis. […] Jésus, comme tous les hommes exclusivement préoccupés d’une idée, arrivait à tenir peu de compte des liens du sang.
Or, il arrive que chez l’homme, la conscience possède la propriété, à un degré beaucoup plus élevé que chez toutes les autres espèces, de refléter, en même temps que l’image des sentiments, des pensées, des actes individuels, l’image aussi des sentiments, des pensées, des actes étrangers. […] La conscience de l’homme, a-t-on dit, se distingue de celle de toutes les autres espèces animales par un pouvoir beaucoup plus grand de refléter des images de sentiments, de pensées, d’actes étrangers. Cela tient à un premier pouvoir, pouvoir d’abstraction qui a permis à l’homme de faire tenir en des signes extérieurs, formes sonores ou graphiques, dans les mots, des approximations des images qui se forment dans son cerveau. […] Il faudrait imaginer deux sensibilités identiques pour que le même mot suscitât exactement la même image, et c’est à peine si deux instants successifs de la sensibilité d’un même homme parviendraient à réaliser cette identité. […] Mais il y a plus, et au pouvoir d’être en réalité modifié par la notion, l’homme ajoute celui de concevoir, par son entremise, des manières d’être qu’il ne peut réaliser, des sentiments auxquels il est impropre, des buts qui lui sont inaccessibles.
— Nous avons terminé l’énoncé des raisonnements qui permettent de déduire de l’analyse d’une œuvre d’art la connaissance précise, scientifique, — c’est-à-dire intégrable dans une série de notions analogues conduisant à fonder des lois — de l’œuvre même, de son auteur, des groupes d’hommes en qui l’œuvre produit une émotion esthétique. […] Il convient d’en compléter l’explication par l’examen des procédés qui permettront, après analyse, de restaurer l’œuvre et les hommes dans leur unité totale, dans le jeu des forces naturelles et sociales qui les forment, les meuvent et les heurtent. […] Le livre sera reproduit ainsi comme un objet de lecture réelle sur lequel se seront fixés des yeux humains froids, souriants, émerveillés, hagards, ou à demi clos d’une douleur qui se contient, yeux d’hommes las de vrais spectacles, limpides ou cruels yeux de femme, yeux ternes des oisifs, yeux lumineux d’adolescent qui, se durcissant aux fictions, s’accoutument à la vie. […] L’analyse esthopsychologique aura montré ces hommes par leurs parties au repos : la synthèse biographique, utile seulement après ce travail, en aura restauré le tout, rétabli le mécanisme de la façon dont il est agissant, productif, se formant et situé. […] — Ce travail de reconstitution qui consiste à façonner un homme visible sur le schéma de son intelligence, doit être étendu également à ceux que nous avons appris à considérer comme les semblables de ce type, à ses adhérents.
Chose amère à dire pour un homme qui aime la royauté ! […] C’est un homme de peu de passion historique. […] Après un homme comme Michelet, par exemple, M. […] Les opinions des hommes ne transforment pas leur nature. […] Mais j’estime qu’un livre doit donner exactement la nature d’un homme, et je crois aux livres comme Lavater croyait à la figure humaine.
Les Études de M. le docteur Tessier n’intéressent pas, en effet, que les hommes d’une science déterminée. […] Nonobstant l’effort de ces grands hommes, — de ces grands Spirituels, — il resta au fond de l’enseignement, en s’aplatissant, il est vrai, en y rampant, en s’y coulant comme un reptile, mais il y resta. […] Or, si Broussais s’humiliait ainsi, Broussais, le plus superbe esprit qui se soit jamais posé sur des griffes entrecroisées à la guisa di leone , comme dit le poëte, on se demande ce que durent faire les hommes qui vinrent après lui et dont l’audace n’était pas comme la sienne mesurée à la grandeur de l’intelligence. […] L’immutabilité des maladies s’explique par les prédispositions morbides ; les prédispositions morbides, par une hérédité qui, elle-même, confine à un état antérieur dont l’homme n’est sorti qu’en se laissant criminellement tomber. […] Le nœud de notre condition, écrivait le penseur terrible, prend ses retours et ses replis dans cet abîme, de sorte que l’homme est plus inconcevable sans ce mystère que ce mystère n’est inconcevable à l’homme.
Il s’est rencontré de très bons esprits, peu philanthropes et ne se faisant pas grande illusion sur les puissances de méchanceté ou de sottise qui sont dans cette aimable créature qu’on appelle l’homme, qui croyaient que Suétone et même le grave Tacite s’étaient moqués de la postérité en écrivant leurs histoires. […] Il s’agit, au contraire, d’une poignée d’hommes, d’un peuple organisé d’hier, et qui n’en est encore qu’à la première marge de son progrès. […] Est-ce à cause de cette ressemblance avec les blancs dans l’insensé et dans l’atroce, que le nègre, cet enfançon vagissant et informe de la barbarie, et dont, grâce à Papa Soulouque, la tétrelle de sang est toujours pleine, pourra passer un jour de pied en cap à l’état d’homme ? […] Qui croirait, en lisant cette préface, que l’homme qui l’a écrite pût peindre Soulouque et sa race avec cette énergie de ressemblance, ou, ayant lu le livre, que l’auteur de ce livre en eût pu penser la préface ? […] La nature vraie du nègre aurait échappé à ce rude peintre, qui en fait saillir si admirablement les grimaces quand elles s’individualisent dans quelqu’un, et, comme tant d’autres, cet esprit, qui semblait n’avoir rien de commun avec les badauderies contemporaines, y échouerait… ce ne serait rien de plus qu’un homme à la mer !
Ils ne sont donc ni la vie littéraire, ni la vie politique de Lamartine » cet homme de double gloire. […] C’est la délicieuse vie obscure des hommes célèbres, la nuit charmante avant l’aurore de leur gloire, et dont lord Byron, blasé de la sienne, disait avec mélancolie : « Il n’y a dans la vie qu’un malheur, c’est de n’avoir plus vingt-cinq ans ! […] C’est, à son début dans la vie, le naturel en action de cet homme qui est bien plus que naturel, qui est tout nature, qui ne cessera jamais de l’être, et qui, quand un jour il deviendra sublime, sera, sans cesser d’être naturel, idéal. […] C’est la poésie de Lamartine qui sauve la politique de Lamartine, de cet homme qui répondit un jour, quand il fut nommé député, à ceux qui lui demandaient où il siégerait, lui, Lamartine, dans un Parlement d’imbéciles ou d’esprits plus bas que leur ventre : « Je siégerai dans le plafond ! […] D’autres poètes, d’autres écrivains, d’autres hommes de génie n’ont eu que leurs heures de génie.
Stendhal nous présente la méchanceté de l’homme. […] La bonté naturelle de l’homme : voilà Rousseau. […] Il a imaginé que l’homme était naturellement bon. […] Claudel ne soit un galant homme. […] Ce sont les hommes de progrès qui se fâchent.
— Mais les autres hommes ? […] L’homme, dit M. […] L’inégalité des hommes, qui est indestructible et utile à tous, sera ainsi consolidée, au plus grand profit des hommes. […] Lorsqu’un homme, dans la rue, accoste un autre homme, et veut l’amener à, par exemple, déjeuner avec lui, parfois il arrive que l’homme accosté regimbe devant cette aimable perspective. […] Sabatier n’est pas un homme, c’est un saint.
Beaucoup d’hommes ne cessent jamais, à cet égard, d’être enfants. […] Tout fait historique se produit en un moment du temps, en un lieu de l’espace, chez un homme ou dans un groupe d’hommes : voilà des cadres commodes pour délimiter et classer les faits. […] Les épisodes de la vie d’un homme deviennent alors des faits importants. […] On devra se représenter des hommes avec les principales conditions de leur vie. […] Les grands hommes qui enseignaient l’histoire dans cette illustre maison (J.
Si ces hommes-là n’étaient pas hommes de théâtre jusqu’aux moelles, qui l’a été ? […] Tel homme est plat, humble, soumis et rampant parmi les hommes. […] Quel homme ! quel homme ! […] Voilà un homme audacieux !
Lautréamont n’a-t-il pas dit : « La poésie peut être faite par tous, non par un. » Commentant cette phrase, Paul Éluard écrit : « La force de la poésie purifiera les hommes, tous les hommes. […] Ainsi l’homme libre dédaigneux de la conscience et de son joug aspire à la nuit, son bonheur, sa liberté. […] Des hommes en d’autres temps avaient la joie de planter des arbres qu’ils appelaient arbres de la liberté. […] Où l’on traite de la Nature de l’Esprit de l’homme, & de l’usage qu’il en doit faire pour éviter l’erreur dans les Sciences (1674-75). […] La force absolue de la poésie purifiera les hommes, tous les hommes.
Ici Villehardouin, dans son récit, laisse percer un éclair d’enthousiasme et une joie d’homme de cœur. […] Villehardouin, au moment du départ, est un homme mûr et qui a passé le milieu de la vie ; la ride s’est faite à son front ; il sait le poids des choses et les difficultés de tout genre ; il est dans le conseil des chefs, et l’un des plus prudents à prévoir ; il a peu d’illusions, comme nous dirions aujourd’hui. […] Sentiment du départ, naturel à l’homme, que chaque génération mêlée à une belle entreprise éprouve à son tour, et que chaque historien s’essaye à rendre ! […] sentiment du départ guerrier, cher à tous les hommes jeunes et vaillants, et à notre nation en particulier, Villehardouin est le premier qui a eu l’honneur de l’exprimer chez nous, il y a plus de six cents ans, dans sa prose simple, nue et grave. […] Et quant au caractère même de l’homme, du guerrier si noblement historien, je dirai pour conclure : Villehardouin, tel qu’il apparaît et se dessine dans son Histoire, est bien un homme de son temps, non pas supérieur à son époque, mais y embrassant tous les horizons ; preux, loyal, croyant, crédule même, mais sans petitesse ; des plus capables d’ailleurs de s’entremettre aux grandes affaires ; homme de conciliation, de prudence, et même d’expédients ; visant avec suite à son but ; éloquent à bonne fin ; non pas de ceux qui mènent, mais de première qualité dans le second rang, et sachant au besoin faire tête dans les intervalles ; attaché féalement, avec reconnaissance, mais sans partialité, à ses princes et seigneurs, et gardant sous son armure de fer et du haut de ses châteaux de Macédoine ou de Thrace des mouvements de cœur et des attaches pour son pays de Champagne.
L’excellent homme nous fait quelquefois sourire ; nous lui reprochons presque comme un tic ce qui n’est que l’idée fixe de sa très chrétienne amitié. Mais que surviennent des circonstances délicates et difficiles qui mettent tout l’homme à l’épreuve, comme on s’aperçoit que le caractère de M. de Montmorency gagne à ce point d’appui intérieur ! […] Ballanche, y disait-on, est l’homme le plus avancé de l’Abbaye-au-Bois. » Il n’en doutait pas lui-même, et se considérait comme ayant sa destinée particulière et grandiose, toute une mission d’initiateur à remplir. […] C’était donc un homme d’esprit, mais qui, à première vue, payait peu de sa personne : un peu bègue, très myope, toujours questionnant comme s’il n’était pas au fait, il lui fallait quelque temps avant d’être apprécié à sa valeur. […] Mais un homme dans ma position devait être exposé à bien d’autres calomnies.
— Élevons-nous d’un degré : Combien faut-il de Vauvenargues, d’André Chénier, de Barnave, pour arriver au philosophe, au poète puissant et complet, à l’orateur homme d’État, qui domine son temps, qui fait époque et qui règne ? […] Il est permis maintenant de parler du général Joubert comme de l’un des hommes que l’on connaît le mieux. […] Pour être homme de pouvoir, il faut de l’ambition et je n’en ai pas. […] Mais je préfère un poste, une position où l’homme jouit de lui-même, à l’éclat d’une grande place où l’on ne vit jamais pour soi. […] La disposition ici est trop persistante pour qu’on puisse douter de sa profondeur et de ses racines dans la nature même de l’homme.
Stahl, qui défend le merveilleux en homme d’esprit, et qui allègue, à l’appui des vieux contes, des anecdotes enfantines modernes, demi-gaies, demi-sensibles, et où il a mis une pointe de Sterne. […] J’accepte la comparaison qu’ils font de l’humanité avec un seul homme, qui a eu son enfance, son adolescence, sa jeunesse, et qui est maintenant dans sa maturité. […] On a comparé la vie de l’humanité depuis l’origine à celle d’un seul homme ; tâchons que la vie d’un seul ressemble à son tour à celle de l’humanité. […] Qu’il ne sache pas seulement, qu’il sente par où ses aïeux, les premiers hommes, ont passé. […] Qu’il ait donc été, lui aussi, l’homme naturel et naïf, l’homme crédule et enfant.